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| [Fernel]Ombres en miroir / Louise | |
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Auteur | Message |
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Dante Corvac
Humain
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| Sujet: [Fernel]Ombres en miroir / Louise Jeu 18 Juin 2020 - 21:39 | |
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3ème jour de la 2ème ennéade Hiver, Verimios de l'An 17 du 11ème XI après Aveux
Le temps passe... Immobilité... Le temps passe et les ombres bougent et s'épaississent. L'assiette au sol ne recoit même pas la visite de cancrelat. L'odeur d'urine se refroidi et rancit. La lumière de la torche vacille, crachote et fume, avant de s'éteindre tout à fait.
Le temps passe et les ténèbres règnent en maître absolues dans le cachot. L'air, immobile et lourd de tant de noirceur, pèse sur les épaules du captif.
Libre à lui d'avoir mangé ou non pendant l'absence de son bourreau
Libre à lui d'avoir utilisé ou non le seau pour se soulager de ses besoins primaires
Libre à lui d'avoir testé ses chaînes ou non pendant son temps seul.
Libre à lui d'avoir réfléchi sur ses méfaits ou d'avoir ourdi une vengeance qui n'arrivera peut-être jamais.
La vie, ce Souffle si fragile, qui peut s'arrêter en une fraction de seconde. Quand il ne reste que la torture de l'immobilité et du manque de stimulis, seulement rompu par le fer chaud des entraves à ses poignets et la chaine qui serpente au sol, glissant au sol dans un bruit qui semble tonitruant lors de ses mouvements.
Combien de temps avant que l'air ne bouge, qu'un infime bruit ne se fasse entendre. Celui d'une torche que l'allume, révélant le vieux visage de son némésis, les flammes mouvantes l'éclairant de façon fort inquiétante, se reflétant dans les verres de ses lunettes et déformant son ombre sur le mur qui prend ses formes effrayantes. .
-Bon matin chéri… Je t'ai manqué?
Dernière édition par Dante Corvac le Ven 19 Juin 2020 - 17:29, édité 1 fois |
| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel]Ombres en miroir / Louise Ven 19 Juin 2020 - 13:14 | |
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Douleurs. Tout n’est que douleurs. A chaque articulation, sous chaque centimètre de peau, là où il a frappé sans retenir ses coups, à ses poignets meurtris et cerclés de violet, à sa gorge bleuie, contrainte par une ceinture transformée en laisse. Tout n’est que souffrances. A chaque mouvement, à chaque inspiration, à chaque contraction musculaire dans le bas de son dos, comme si son corps protestait encore, bien longtemps après les assauts répétés de l’homme en habit rouge. Impossible de satisfaire le moindre besoin naturel, impossible de bouger, il n’a pas bougé de l’endroit où Elazar l’a abandonné la veille. Il s’est tout simplement pissé dessus, sursautant au moindre bruit. Tout n’est que haine et vengeance. A chaque pensée dirigée vers cette petite traînée d’Anaëlle. Vers cette usurpatrice de Louise. Vers ce monstre aux yeux gris. A chaque souvenir d’aiguille plantée dans son corps. A chaque rappel de ces paroles susurrées à son oreille. A chaque pensée pour ces souffles rauques qui accompagnaient les mouvements brutaux de ce Redinem…Une haine et un esprit de vengeance sourds, mijotant sous la braise d’un esprit si profondément malmené qu’il en reste totalement immobile et pétrifié, comme si accepter une telle réalité était totalement insupportable. Il n’a pas faim. Il n’a pas soif. Il n’a pas dormi suffisamment. Il ne veut rien. Juste…qu’on le laisse là et qu’on le laisse en paix, le temps que son corps cicatrice. Le silence et le froid le réconfortent, la lumière également. Lorsque la torche s’éteint, il ferme simplement les yeux, trouvant un plaisir presque malsain à prendre appui d’une épaule sur le mur glacé du cachot, la tête posée sur la pierre, sans pouvoir réellement utiliser ses bras pour se protéger. Il sent mauvais, il s’en fiche. Il n’est plus un homme, il n’est plus rien. Lorsque le petit bruit qui accompagne la venue de l’homme en habit rouge se fait entendre, Elazar ne verra qu’un dos courbé et des membres recroquevillés. A ce petit bruit, Geoffroy vient de faire bouger les chaînes, les yeux toujours clos. La voix d’Elazar provoque un affreux frisson le long de sa colonne vertébrale. Tout autant que la sienne qu’il n’a plus entendue depuis la veille lorsqu’il se contente de répondre un tout petit : - Non.
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| | | Dante Corvac
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel]Ombres en miroir / Louise Ven 19 Juin 2020 - 17:27 | |
| Au non infime de Geoffroy, Elazar a un sourire. Il est encore combatif mine de rien... Il y a encore du plaisir à prendre avec.
Ne t'ai je pas ordonné hier de manger et de te rendre présentable d'ici mon retour sous peine d'encourir plus avant mon déplaisir, je t'avais même emmené du linge ropre? Tss.tsss... Vilain. Je te pensais plus sensé que cela. Je vois que ton assiette est pleine et que tu ne t'es pas changé. Cela mérite sanction.
Dit le vieil homme en déposant la torche neuve dans son socle. puis retournant au fond de la cellule pour actionner le mécanisme, forcant Geoffroy à se remettre debout, les bras en l'air et fixé au mur comme la veille, quand tout a commencé. El revient, humant l'odeur rance du captif à pleins poumons, les lèvres minces s'animant d'un léger sourire.
Et tu t'es pissé dessus? Demande t'il aimablement. Et bien, nous attendons de la grande visite aujourd'hui et tu n'aimerais pas qu'elle te voit dans cet état, j'en suis conscient et dans ma grande bonté, je vais t'aider. tu n'aimerais pas qu'on te vois comme tu es réellement , non?... Remarque, tu es très mignon comme cela aussi... Mais laisse moi te rendre service... Une toilette sommaire t'aidera et je vais te passer les vêtements propres que je t'ai déniché hier... Enlevons cela et il faut te mettre propre pour la visite. Je vais le faire avec grand plaisir.
La main du vieil assassin finit de déchirer les braies déjà bien entamées, avant de caresser l'outillage de l'ancien conseiller avec un art certain, dédié à susciter la réaction physiologique masculine du désir. Si geoffroy essaye de se dérober, un changement d'angle et de pression le rappelle vivement à l'ordre, avant qu'il ne reprenne ses caresses illicites.
Je crois que tu devrais me remercier, femme, de te permettre de laisser croire au monde que tu es encore un homme propre et fier... Qu'est ce qu'on dit à son maitre?
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel]Ombres en miroir / Louise Ven 19 Juin 2020 - 19:24 | |
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Le prisonnier ne voit pas le sourire, il entend juste la voix, il entend la menace. Et Geoffroy ne dit rien, il rentre la tête dans les épaules…C’est vrai, il a reçu tout ce qu’il faut pour manger, se vêtir – quoique sur ce point il se demandait comment il aurait bien pu enfiler une chemise propre les deux poignets encerclés par les fers – et se soulager. Il n’en a rien fait parce qu’il n’en a pas la moindre envie, il n’en ressent pas le besoin. Tout ce qu’il veut, c’est qu’on le laisse souffrir en silence. Et Elazar ne l’entend pas de cette oreille. Le bruit du mécanisme le fait se raidir, la soudaine traction sur ses avant-bras le fait gémir de douleur avant de lui faire implacablement reprendre sa place de la veille. C’est un Geoffroy malodorant, les cheveux sales et les vêtements souillés qui se tient debout face à un Elazar tout sourire. Le souffle court, il garde les lèvres scellées, préférant regarder le plafond humide que son tortionnaire qui a tout le loisir de l’observer et de commenter sa pestilence avant qu’il n’évoque une…une toilette ? Une visite ? De qui ?? Geoffroy baisse alors la tête afin de regarder Elazar pour la première fois depuis son entrée et sursaute au bruit de ses braies totalement déchirées, cette fois. L’habit rouge est si proche que Geoffroy peut en humer toute la fragrance avant de secouer la tête, le souffle court. Une main masculine et autoritaire vient de commencer des caresses totalement indécentes sans qu’il ne puisse rien faire pour s’y dérober. D’ordinaire, ce sont de bien plus douces et bien plus petites mains qui s’occupent de le flatter de la sorte. Là…C’est totalement différent, directif, insupportable. Et pourtant… Le corps humain n’étant qu’une machine et Elazar un brillant mécanicien, il semble que toute la technique de l’habit rouge soit des plus efficaces. Geoffroy serre les poings à nouveau, des poings immobilisés contre la pierre froide du mur, privé de tout libre arbitre comme de volonté. Si son esprit hurle un « non », son corps, lui, cède à l’expérience inédite. Un intense sentiment de honte l’envahit au fur et à mesure que son sang semble converger vers un unique but : sous les doigts expérimentés d’Elazar qui se relâche pas la cadence ni la pression, tout en lui disant des horreurs. C’en est trop pour Geoffroy. Cette honte, couplée à ce plaisir violent qu’il n’a jamais éprouvé et toutes les douleurs de la veille, le font craquer. Il est en train de se tordre sous les mains de son bourreau, les yeux fermés laissant toutefois échapper des larmes. Le conseiller déchu émet des sons plaintifs lorsque Elazar le rappelle à l’ordre, de sorte qu’il ne bouge plus. - Pitié…Arrêtez…Il ne répond rien d’autre parce qu’il ne sait pas quoi répondre, tout simplement. Cette demande claire est la seule chose compréhensible qui s’échappe de sa gorge, entre tous les gémissements plaintifs qui sortent de la bouche de la proie entravée. Une proie qui semble à présent vouloir rentrer de toutes les forces qui lui restent dans le mur qui la soutient alors que les doigts d’Elazar laissent la place à autre chose. Une chose qui le fait trembler comme une feuille tant ceci est d’un absolu dégoût pour lui. Même ses femmes ne lui ont jamais fait cela. Jamais. Et pourtant…Ne serait-ce point un gémissement de plaisir qui vient de s’élever dans la pièce, en provenance de sa propre gorge ?
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| | | Dante Corvac
Humain
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| | | | Louise de Fernel
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| Sujet: Re: [Fernel]Ombres en miroir / Louise Sam 20 Juin 2020 - 20:31 | |
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Que peut bien ressentir le noble conseiller déchu alors qu’il subit une seconde fois un de ces actes dont il s’est, en tant que mâle viril et fier de l’être, toujours moqué ? Il y a eu la peur, évidemment. La peur de voir cet homme approcher et l’effroi de sentir sa main caresser tout ce qui symbolise cette virilité qu’il chérissait. Il y a eu la crainte qu’Elazar, en bourreau raffiné, ne s’amuse à le torturer à cet endroit précis, sensible entre tous. Puis, quand il s’est avéré que la torture serait différente de ce à quoi il s’attendait, il y eut la stupeur. La stupeur de ressentir quelque chose alors que toute sa volonté se cabrait sous l’affront, la stupeur de voir son corps réagir à une caresse nouvelle malgré le non désir exprimé. Il y eut ensuite la honte. La honte totale et absolue de ressentir du plaisir alors même qu’il était contraint de rester immobile, la honte de savoir qu’un homme est en train de lui apporter cela. Un homme qu’il hait et qu’il tuerait s’il en avait l’occasion. Et enfin…il y eu la jouissance. Une jouissance intense, bruyante et rauque, une de ces jouissances qu’il n’avait jamais ressenties et qu’il recherchait pourtant si avidement auprès de ses jeunes, très jeunes partenaires féminines. Le corps secoué de spasmes qui faisaient trembler les chaînes, Geoffroy est abandonné à son sort, le cœur battant à tout rompre, les jambes chancelantes et le souffle court. L’esprit du vieux conseiller est en ce moment si confus qu’il ne sait même plus quoi penser. Ce qu’il sait, par contre, c’est que c’était…terriblement délicieux. Et c’est probablement cet aveu secret qui le torture le plus. Il a aimé. Il a ai-mé. Cela étant, il ne dit rien, pas même quand Elazar revient pour le laver, apposant sa marque sur lui de cette façon nouvelle, il ne le regarde pas, il évite de croiser ses yeux gris, il se laisse faire parce qu’il sait que cela ne servirait à rien de protester. Propre, habillé, peigné, Geoffroy s’obstinait à regarder ailleurs, la porte, le plafond, les murs, cette goutte de semence oubliée là bas, luisant sous les flammes vacillantes de la torche et cela même alors que son bourreau s’obstinait à le traiter en femme. Il n’a rien à dire à Elazar. Rien de pertinent ni de poli. Donc il se tait. Jusqu’à ce qu’une horrible pensée traverse son esprit. Il en pâlit d’ailleurs, avant d’oser regarder Elazar cette fois. Si à chaque fois qu’il déplaît, il reçoit ceci…Mais non, que vient-il de penser ??? - Je n’ai rien à vous dire. Rien de poli en tout cas. Laissez moi tranquille. Vous avez eu ce que vous vouliez non ?Il regarde à nouveau ailleurs. Il est encore sous le choc d’une révélation qui le perturbe grandement. - Ont-elles ressenti cela aussi ? pense-t-il. Impossible, je l’aurais su…Qu’est-ce qui ne va pas chez moi…Quelle est cette sorcellerie ?
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| | | Dante Corvac
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel]Ombres en miroir / Louise Sam 20 Juin 2020 - 23:12 | |
| Le pâle Geoffroy enchainé sous l'oeil acéré de son bourreau semble pâlir encore plus. il aime ca le sale porc. Il aime et il déteste, il l'affiche franchement en plus et ca plait au vieil assassin. Eugène lui a toujours eu des tendances même si les rudesses de son maître lui font peur. Dante, avant le Voile était carrément indifférent à la chose même si le moindre toucher le heurtait plus que la pus violente des claques, pensant que c'était LA façon de payer son apprentissage. Son mentor ne l'a jamais détrompé sur ce point. IL n'y avait jamais eu de terreur comme Eugène, juste une indifférente résignation quand il a comprit que de toute manière il n'y couperait pas. Il n'a jamais posé de questions sur le sexe d'ailleurs. Elazar avait essayé d'aborder le sujet des femmes avec lui, pour ne recevoir que le même regard dépareillé rendu terne par l'ennui le plus profond. Et après le Voile... bref. Jamais il ne saura ce qui lui est arrivé, mais les cicatrices parlent d'elles-mêmes.
Mais ce regard de Geoffroy. Fasciné et terrifié à la fois. Le comble d'aise. C'est ce qu'il aime voir chez ses amants. Un homme en plein dressage qui commence à comprendre les choses. le sourire bienveillant ne quitte pas les lèvres minces du vieil assassin. Il ne pensait pas le conseiller déchu si facile à modeler, aussi reste t'il méfiant.
Le mécanisme des chaines s'actionnent, redonnant une certaine liberté de mouvement au captif. Tranquillement, du bout du pied, le bourreau pousse t'il l'assiette de fromage et de pain devant ce dernier, avant d'y déposer le gobelet de la veille empli de vin coupé d'eau. A la limite de la portée de l'ancien guerrier qui devra se contorsionner un peu pour atteindre les aliments. Mais tout est possible.
-Mange tout et ne laisse rien belle chienne... Et tu es chanceux d'être tombé sur un maitre patient comme moi. Tes écarts de langage commencent cependant sérieusement à me lasser, je ne t'ai aps tué après tout, je m'attends à une certaine déférence et gratitude de ta part... Reformule le tout sur un ton et avec une formulation socialement acceptable je te prie. Je crois que tu n'es pas prêt pour de la visite, nous devrions rester seuls encore un peu, toi et moi...
Les yeux gris se plissent, chafouins derrière les lunettes du maitre assassin qui s'est tranquillement assis sur la malle d'Anaëlle.
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel]Ombres en miroir / Louise Dim 21 Juin 2020 - 6:38 | |
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Lorsque les chaines lui permettent de bouger, un souffle de soulagement s’échappe de sa poitrine. Ce traitement est rude. Il est somme toute assez âgé et, même s’il a du s’accommoder de choses peu confortables lors de combats et autres sièges menés dans sa jeunesse, il n’y parvient plus aujourd’hui, rendu à un âge où la plupart des hommes restent chez eux au chaud, dans le confort moelleux et douillet d’un intérieur chauffé. Il regarde ses poignets devenus violets sous les pressions répétées des fers et plisse les lèvres, avant de se laisser glisser au sol, pour reprendre un peu ses esprits, soutenu par le mur glacé. La tête appuyée contre la pierre, il passe un doigt sur la peau fragile et douce de ses avant-bras et grimace légèrement. Lorsque Elazar pousse l’assiette du bout du pied, il a un regard morne pour le repas et la coupe, sachant pertinemment que même en se tordant dans tous les sens, il ne parviendra jamais à attraper ce dont il a besoin. Il le sait parce qu’il a déjà utilisé cette façon de faire avec Anaëlle, avec ses épouses et bien d’autres encore, au long de sa vie. Il sait. Il sait qu’Elazar veut le voir se tordre au sol comme un chien misérable qui réclame sa pitance en implorant son maître d’un couinement tragique. C’est une des choses qui lui plaisait le plus. Les voir implorer. Il adorait ça, quand elles demandaient d’un regard, sans oser parler… Or, même s’il vient de faire une découverte malaisante pour son orgueil, Geoffroy n’en reste pas moins un homme de guerre, tout entier dédié au combat. Le viol est une arme de guerre, il le sait pour l’avoir pratiqué largement en son temps. Mais ça…c’est différent. Il s’agit d’abattre toute résistance, de réduire la volonté à rien, d’éteindre toute velléité de rébellion, de détruire pour reconstruire, de guider comme il l’a fait lui aussi. Demander quelque chose à Elazar reviendrait à céder. A TOUT lui céder. Cela reviendrait à laisser entre ses mains la direction absolue de sa vie et il s’y refuse. Alors il ne bouge pas, il se contente de regarder l’assiette d’un air résigné avant de baisser la tête, fatigué : - Mes bras sont endoloris. Et l’assiette est trop loin. Le vieil homme de guerre prit son temps pour reformuler des paroles qui, dans sa tête, sont en train de danser avec la violence de toute une rage contenue. - Qu’est-ce qu’une formulation socialement acceptable pour vous, exactement, Redinem ? N’ai-je pas été courtois ? L’esprit de Geoffroy a un blocage. Il ne comprend pas où veut en venir Elazar. La politesse se limite, chez l’homme de guerre, à ne pas utiliser de mots grossiers et à ne pas hurler des insanités à celui qui est en train de le torturer. Donc quels ont été ses écarts de langage ? L’habit rouge pourra observer qu’il s’agit d’une réelle question et pas d’une figure de style qui lui permettrait de gagner du temps. Geoffroy est sincère, il ne comprend pas parce que son esprit le refuse, tout simplement. - Que dois-je faire pour que vous cessiez de me tourmenter ?
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| | | Dante Corvac
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel]Ombres en miroir / Louise Dim 21 Juin 2020 - 12:34 | |
| Ah, tiens, il n'est pas encore mûr pour la ceuillette.... Il le savait! Elazar a un léger sourire en coin, sagement assis sur sa malle. Il ne doit pas y aller trop fort, il n'est plus de prime jeunesse et la rigidité d'esprit qui vient avec l'âge ne doit s'effriter ni trop rapidement, ni trop lentement, pour laisser la place à la reconstruction de l'individu selon son désir.
Seule la mort pourra libérer Geoffroy de ce tourment. Et si il est pour le lui faire payer pour le reste de son vivant à lui, ca sera une vengeance bien douce pour avoir osé lui enlever Elisabeth et Louise.
C'est simple, Geoffroy... je cesserai aujourd'hui de te tourmenter une fois que tu aura mangé ton repas et le suivant qui arrivera plus tard. J'ai bien calculé, c'est exactement là ou reposait ta tête hier... Donc je sais que tu te rendra sans peine. Te laisser mourir de faim n'est pas une option et tu le sais pertinemment que je vais te gaver carrément si besoin... Ce qui me déplaira tout autant. Donc je m'attends à ce que, faim ou non, tu mange et t'hydrate correctement. Et que tu utilise le seau d'aisance. Et que tu t'adresse à tout ceux et celles qui viendront te voir avec respect et déférence... Pour ma part, je désire que tu m'appelle maitre dans l'intimité... Ca sera, notre petit secret petit coquin...
Termine t'il avec un léger sourire de connivence, laissant le temps au captif d'assimiler les directives avant de poursuivre.
Maintenant, dis moi. Comment as tu présenté Dame Elizabeth et Dame Louise aux seigneurs voisins? Comment leur as tu expliqué les troubles que tes machinations ont causées à Fernel? Ne me mens pas, parce que je vais vérifier, sois en certain. Je ne serai plus irrité alors, mais carrément en colère...
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel]Ombres en miroir / Louise Dim 21 Juin 2020 - 14:59 | |
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Les paroles de l’habit rouge résonnent en son esprit comme autant de coups invisibles et pourtant totalement efficaces. La mâchoire serrée, il regarde la porte et ne répond rien, rien dans l’immédiat en tout cas. Il lui faut quelques secondes pour bien appréhender ce qu’il vient d’entendre. Il n’y a aucun espoir. Et s’il y en a un, il passera par une obéissance à ce que Elazar exige d’une voix si tranquille. Or il sait très bien que même en essayant d’atteindre cette assiette, il n’y parviendra pas parce qu’elle est placée trop loin. Tout ce que souhaite le bourreau aux yeux de métal, c’est le voir se tordre au sol. Tout comme il exige être appelé « Maître »… A-t-il réellement le choix ? Le souvenir de ces aiguilles fichées dans son corps ne lui donne aucune envie de réitérer l’expérience. Mais il y a des choses…des paroles…des gestes qui lui sont totalement insupportables. Et ça…cela en fait partie. Appeler quelqu’un d’autre de cette façon, c’est ne plus avoir d’existence à soi. C’est…devenir un objet, un serviteur voire même un esclave. Le meilleur moyen de tuer Geoffroy, lentement, mais sûrement. Il préfère répondre aux questions, ne daignant pas le regarder pour se concentrer sur la porte. Un fin sourire hypocrite apparaît aux coins de ses lèvres, tandis qu’il se surprend à rêvasser. Cela a été si facile, si simple de les convaincre. De les berner tous. De faire en sorte d’avoir le contrôle sur pratiquement tout. Personne n’a rien vu. Personne n’a jamais rien soupçonné. Il était si proche du but… - A la mort d’Eudes. Tout a commencé là. C’était simple, il suffisait de convier tout le monde aux funérailles. Les seigneurs se sont empressés de venir, évidemment, Fernel est une terre riche même si elle ne brille pas par sa superficie. Il m’a suffi de présenter deux ou trois d’entre eux à Elisabeth pour ensuite envoyer de faux courriers en leurs noms. Vous avez tout sur le document que je vous ai donné, tout y est inscrit. Ces deux ou trois seigneurs sont de parfaits crétins en plus d’être des seigneurs célibataires. Il m’a suffi d’entretenir un semblant de flamme épistolaire pour que tout s’embrase. Découper des sceaux au crin de cheval…Vous savez déjà tout cela, pourquoi me le demander à nouveau ?Il penche la tête sur le côté jusqu’à ce qu’un « crac » sinistre se fasse entendre en provenance du haut de son dos, un bruit qui provoquera un soulagement immédiat à Geoffroy. - Il me suffisait de justifier les embrasements par les refus d’Elisabeth, par des bandits de grands chemins, par des paysans payés pour répandre de fausses rumeurs, des moins que rien appatés par une vie meilleure et des pièces. Ils venaient ici jouer une comédie à laquelle personne ne répondait jamais rien puisque Fernel ne possède pas assez de soldats…Donc personne ne vérifiait. Et quand c’est arrivé, j'étais automatiquement informé, il a suffi de brûler une grange ou deux. De quelques paysans en larmes pour que les dames ne cherchent pas plus loin…C’était facile.Tellement facile. Mais bon… Il s’extirpe du mur, trainant ses chaînes derrière lui, approchant en silence de l’assiette et tend les mains, les doigts, pour tenter de l’atteindre. Les fers l’en empêchent évidemment, même s’il peut presque la toucher du bout du doigt. Alors il renonce, il recule à nouveau contre le mur, s’appuyant contre les pierres, les jambes repliées contre son torse, tout en regardant la porte, dépité. Il ne dit rien. Au moins, il ne pourra le punir de ne pas avoir tenté. Il a essayé… °°°°° °°° ° Dans une autre partie du château, deux étages au-dessus, dans la chambre seigneuriale, une demoiselle vient de terminer la lecture des quelques feuillets donnés par son père un peu plus tôt. Assise à son bureau, elle s’enfonce dans son siège, laissant tomber la confession au sol, avant de joindre ses mains et de les placer sous son menton. Exprimer en mots choisis l’état d’esprit de Louise est presque impossible…mais tentez d’imaginer une casserole de lait en train de chauffer, mousser, tant et si bien que la mousse brûlante finit par bouillonner en dehors de la casserole pour venir tâcher tout ce qui se trouve sous elle. Elle quitte son bureau, après de longues minutes de réflexion, et se dirige vers un coffre dans lequel elle fouille afin d’atteindre un tissu somptueux, un velours cramoisi orné de motifs dorés. Une absolue merveille au corsage très ajusté qui souligne sa taille, épouse ses hanches à la perfection et met tous ses atouts de femme en valeur. La jupe ample balaye le sol, nimbant ses jambes et toute sa silhouette d’une aura de séduction et de mystère. La coupe est ancienne, plus à la mode du tout, mais qu’importe, cette robe lui sied. Elisabeth était plus menue que Louise, mais ce n’est pas grave. Les coupes ajustées ont toujours été le petit péché de Louise. Et sa mère n’en saura rien. Cela lui prendra un temps considérable mais elle parviendra à s’habiller seule, le regard toujours fixé sur un point inexistant. La robe de deuil reste sur sa chaise. Tout comme la tiare de Fernel. A son cou, le rubis auréolé de diamants scintille plus que jamais, parfaitement accordé à sa tenue. Elle passe un peigne à larges dents dans ses boucles, en silence, tout en regardant toujours dans le vide. Elle est pâle. Très pâle.
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| | | Dante Corvac
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| Sujet: Re: [Fernel]Ombres en miroir / Louise Dim 21 Juin 2020 - 17:01 | |
| Elazar, mine de rien, est satisfait. il voulait voir si la version de Geoffroy avait changé. Le vieil assassin pourrais effectivement pousser le bouchon mais en ce jour, en cette heure, serait hors de propos et inutile. Ils en ont de besoin vivant pour le procès ou l'exécution. Et, de plus, il n'a pas fini de s'amuser avec lui.
Il y a un bruit de mouvement, puis avec aisance le petit homme s'avance d'un pas tranquille, avant que l'assiette et le gobelet ne soit avancés d'une dizaine de centimètres.
Par ce simple geste, il marque sa satisfaction et son approbation des efforts de son jouet pour lui plaire. Il ne le touche pas, se contente de reprendre sa place sur le coffre qui lui sert de trône.
Mange…
Ordonne t'il simplement, bon prince, le laissant ensuite se sustenter sans l'interrompre. La conversation pourra reprendre après.
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel]Ombres en miroir / Louise Dim 21 Juin 2020 - 18:26 | |
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Il prendra l’assiette sans dire un mot, se contentant de manger en silence, ne ressentant absolument aucun plaisir à devoir se sustenter devant lui. Quoiqu’il en soit, il prend tout son temps. Autant pour retarder la conversation qui risque de suivre que pour ménager son estomac qui semble se rebiffer sous l’apport de nourriture. Il prend de petites pauses en mangeant, les yeux obstinément rivés sur la porte. Quand il aura fini, il déposera le tout devant lui, avant de s’appuyer à nouveau contre le mur, les jambes contre son torse nu. °°°°° °°° ° Elle jette un regard dans le miroir à main qu’elle tient d’une main fébrile. Là où elle est toujours affichée avec une certaine dignité, les cheveux relevés et toujours impeccablement coiffés, il n’en est absolument rien aujourd’hui. La châtelaine a laissé ruisseler ses longues boucles brillantes sur ses reins, sans aucun autre ornement que son visage pâle et fermé. Elle sort de ses appartements et avise la chambre d’Efren, dans laquelle se repose Anaëlle. Elle croise un serviteur, puis un autre, elle ne les salue pas, elle est concentrée sur un seul et unique objectif. Descendant les marches du grand escalier principal, elle se rend ensuite vers le chemin menant aux cachots. Jacques, le geôlier, aura une réaction stupéfaite en voyant arriver la Dame de Fernel telle qu’il ne l’a jamais vue. Telle que personne ne l’a jamais vue, en fait. - Madame…Il s’incline. Il lui cède le passage et les clés. Des clés dont elle se saisit, sans remercier, et entame alors les derniers mètres qui mènent au cachot de Geoffroy. Ils entendront ses pas, sans aucun doute, même si elle se déplace doucement, d’un pas lent et contrôlé. Mesuré.
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| | | Dante Corvac
Humain
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| | | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel]Ombres en miroir / Louise Dim 21 Juin 2020 - 20:08 | |
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Il redresse la tête. Elle arrive, il le sait. Il reconnaîtrait son pas entre tous dans ce château. Et lorsque la porte s’ouvre, le sourire qu’il a un instant esquissé s’affaisse avant de disparaître sous un faciès totalement fermé et penaud. Il l’avait toujours trouvée belle, elle est désormais splendide et totalement inaccessible. Et pour la première fois depuis son arrivée à Fernel, Elazar pourra voir de la crainte dans le regard de Geoffroy. Une étincelle de peur qu’il dissimule de son mieux. °°°°° °°° ° J’ouvre la porte en grand, me laissant tout l’espace pour pénétrer dans le cachot, le nez vaguement heurté par une odeur étrange dont je ne cherche pas à en deviner l’origine. Je ne suis pas là pour ça. Mon père est là. Il semble quelque peu surpris mais dissimule bien vite sa stupéfaction sous une habile révérence à laquelle je réponds d’un hochement rapide de la tête. - Monsieur Redinem…Droite, les deux mains jointes modestement sur le devant de cette robe magnifique portée autrefois par ma mère, je regarde à présent l’homme qui est à terre. C’est la première fois que je le vois torse nu. Je le regarde froidement, notant ici et là les bleus qui n’y étaient probablement pas la veille avec une totale indifférence et dit enfin, d’une voix glaciale : - Elazar. Auriez-vous l’amabilité de faire relever cet…homme grâce au mécanisme que vous connaissez, je vous prie ?Je tourne la tête vers mon père, le regard luisant de quelque chose qui n’y a jamais brillé. - Ensuite, vous vous assurerez que le prisonnier ne puisse pas bouger. Peu importe le moyen que vous utiliserez, je veux qu’il soit immobile.Je reste là à attendre, sans donner un début d’explication. Brique après brique, le petit mur se construit autour de mon cœur. Des briques composées d’encre, de mots, ses mots, ses aveux. - J’ai tout mon temps, faites votre office.
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| | | Dante Corvac
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel]Ombres en miroir / Louise Lun 22 Juin 2020 - 12:18 | |
| Les différences notables, tant dans la posture que dans l'expression que dans la vêture de la noble dame sont dûements observés, analysés. Outre cette robe très distrayante pour l'oeil. IĿ la reconnait. C'est la robe qu'elle portait lorsqu'il l'a délacée pour la première fois, timidement, délicatement, succombant à l'appel de la chair et de l'amour. Il n'était pas encore l'homme qu'il est aujourd'hui. Il y avait un noeud que la camériste était supposément incapable de défaire... Quand Elisabeth s'est pointée sans gêne à sa porte après un banquet qui s'était fini fort tard.
C'était, aussi, celle qu'elle portait pour ses fiancailles. Quand elle a rompu avec lui... Rouge profond, rouge rubis, rouge sang, rouge destin... Cette tenue l'émeut.
Elazar pourrait discuter les ordres établis, mais ce n'est pas le moment dirions nous. Ca gâcherait cette ambiance électrique. Il préfère attendre et voir. Une chose est certaine cependant, il ne laissera pas ces mains se tacher de sang, mais salira volontier les siennes pour que celles de sa fille restent blanches. De plus, le changement d'expression de Geoffroy est des plus fascinant.
Sans un mot actionne t'il lentement le mécanisme, remettant Geoffroy dans sa position initiale, avant de lui ligoter les chevilles ensembles. Alors prend t'il place sur le côté du prisonnier, prêt à intervenir si besoin. Et ce, sans un mot. Il y a des situations qui se passent de palabres.
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel]Ombres en miroir / Louise Lun 22 Juin 2020 - 13:46 | |
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Mon père ne discute pas ce que je lui demande, il s’exécute sans un mot, actionnant alors le mécanisme qui redresse Geoffroy contre le mur. Il grogne. Il semble souffreteux et douloureux, ce qui m’amène à observer ses bras, sans que cela ne provoque le moindre sentiment de compassion pour lui. Elazar termine de faire ce que je lui ai demandé en ficelant les chevilles de mon prisonnier. Il prend alors place aux côtés de mon conseiller déchu et n’en bouge pas, sans doute pour surveiller l’entravé de plus près. En ce qui me concerne, je reste là à regarder ce spectacle durant de longues secondes, fixant mon regard sur celui du captif qui finit par baisser la tête.
Pas une seule seconde je n’ai un regard pour Elazar. Pas même quand j’approche d’un pas lent et contrôlé vers Geoffroy, si proche de lui désormais que mon prisonnier doit pouvoir capter l’odeur délicate qui se dégage de mes boucles, de cette huile parfumée qui me permet de les coiffer et de les entretenir. Une odeur totalement enivrante, capiteuse et veloutée, une odeur puissante de femme. Un flacon hérité de ma mère, tout comme ma robe. J’entends son souffle s’accélérer.
- C’est ainsi que vous m’aviez imaginée dans vos rêves, Geoffroy, n’est-ce pas ?
Je lève la main pour saisir son menton et lui relever la tête pour l’obliger à me regarder.
- Comment avez-vous écrit cela déjà ? « Une idiote à la semblance de sa catin de mère, une idiote aux courbes voluptueuses et irrésistibles, que j’aurais fait mienne pour la guider de manière à en faire une femme sublime » ?
Sous ma main, je sens Geoffroy trembler. Il. Tremble. J’ignore pourquoi mais cela me fait sourire. Il est peut-être effrayé. Tant mieux.
- Oui…, répond-t-il.
Ma main glisse de sous son menton, je laisse mon index souligner la peau flasque de sa gorge avant que mes doigts ne se posent sur son torse nu, là où palpite son cœur, à un rythme si effrayant que j’en souris plus encore. Je franchis l’espace qui nous sépare encore pour venir m’appuyer contre lui, ma tête posée sur son épaule, ma main toujours sur son cœur, câline comme un petit chat.
- Vous l’avez tant voulu, tant désiré, cet instant-là n’est-ce pas...Celui qui aurait fait de moi votre petite perle, votre épouse, votre nouveau jouet, susurre-je à son oreille, provoquant immédiatement un frisson sur nuque et un autre que je sens très clairement plus bas malgré l’épaisseur de ma jupe.
Geoffroy ne répond rien. Une joie féroce, atroce, obscurcit mon esprit en comprenant que j’ai touché juste. Je lui tendrais une main pleine de miettes de pain qu’il les mangerait comme un affamé, j’en ai la certitude.
- Je serais entrée dans votre chambre, vêtue d’une somptueuse robe, à la semblance de celle-ci, les cheveux défaits, soumise et curieuse à la fois, vous auriez dénoué les lacets de ma robe, en murmurant des choses à mon oreille qui m’aurait fait rougir, vous auriez fait glisser cette robe sur le sol, pour me laisser là, vulnérable en chemise, inquiète et un peu effrayée, tandis que vous auriez défait vos habits devant moi. J’aurais pudiquement regardé ailleurs, avant que vous ne reveniez vous saisir de moi. Peut-être pour me guider dans des choses que vous savez nouvelles pour moi…
La main qui était posée sur son cœur glisse à nouveau jusqu’à atteindre ses braies et atteindre cette énorme excroissance qui ne cesse d’enfler sous mes doigts. Plus rien ne pourra m’arrêter, pas même la présence de mon père. J’ai besoin de cela, pour exorciser ce que je viens de lire.
- …des choses comme celle-là.
Je sens tout le corps de mon ancien conseiller se raidir, un grondement rauque s’exhale de sa gorge, tandis qu’il me regarde, l’œil luisant de quelque chose que je n’ai jamais vu chez personne, probablement un désir intense. Ou une envie de meurtre. Peut-être bien les deux, je ne sais pas, quoiqu’il en soit, je le tiens sans exercer de pression, je me contente de laisser mon souffle rouler dans sa gorge avant de m’approcher de son visage, une main toujours au même endroit, immobile et chaude.
- Vous auriez sans doute voulu que je vous embrasse…
Geoffroy ferme les yeux et se penche pour venir prendre mes lèvres, dans un gémissement de frustration semble-t-il. C’est le moment que j’attendais. D’un geste sec porté à ma gorge, j’arrache le bijou autrefois offert à ma mère et profite de sa faiblesse pour le fourrer dans sa bouche, avec la dernière violence.
- Pour ma mère.
Simultanément, ma main quitte cette bosse obscène pour laisser la place à un coup violent porté par mon genou.
- Pour toutes celles qui ont souffert à cause de vous.
Geoffroy a eu si mal qu’il grince ses dents sur les pierreries logées dans sa bouche, le bruit de ses vieilles dents crissant sur le rubis est tout simplement immonde. Ma main attrape sa tignasse peignée et l’oblige à relever le visage vers moi, alors qu’il peine à retrouver sa respiration.
- Cela n’arrivera jamais. Vous êtes un mort en sursis. Profitez du temps qu’il vous reste à vivre pour vous repentir, Hansfelt. Vous êtes abject.
Je recule enfin, le cœur battant, les joue roses, le regard brillant, sans sourire. C’est seulement là que j’ai un regard pour mon père. Je ne cherche ni son approbation ni quoi que ce soit d’autre. Apaisée d’avoir pu faire ce que je ruminais de faire depuis de très longues minutes, j’esquisse enfin un sourire, tout petit en disant :
- Je n’ai pas encore déjeuné, m’accompagnez-vous ?
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| | | Dante Corvac
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel]Ombres en miroir / Louise Lun 22 Juin 2020 - 23:41 | |
| Loin d'être novice en la matière, il y a de ces évidences que même le plus féministe des hommes ne peut nier. En fait de manipulation et de torture, quand une femme s'y met, une femme en colère qui plus est, aucun homme ne lui arrive à la cheville. Une femme et ses courbes, et son odeur, sa voix et le velours de ses yeux. Une femme et ses lèvres et la soie de sa peau. Un homme c'est bien pour la couchette, mais rien n'égalera une femme…
Oh, dieux divins, jamais les mots "morts en sursis" n'avaient eu une telle consonnance qui se sont répercutés du bout des poils de sa barbe jusqu'aux creux de ses vieux reins. Derrière les lunettes, les yeux gris brillent de fierté et, brièvement, de cette lueur animale caractéristique.
Mais bien sûr, dame. Je suis honoré.
Alors s'avance t'il galamment pour aller ouvrir la porte de la geôle à Louise, la laissant sortir avant de la quitter à son tour, oubliant son jouet dans sa position des plus inconfortables, sourd à d'éventuelles suppliques du condamné. Il y verra… Plus tard.
************************ Après être sorti de la cellule et avoir reverrouillé la porte, Elazar a demandé un léger délai. Ses habits rouges ne seyant pas du tout à un déjeûner, il s'éclipse dans sa chambre.
Un peu plus tard, après être passé chercher sa canne et s'être changé pour quelque chose de propre, rouge sombre et de jais brodé d'argent pour s'assortir à son hôtesse sans l'éclipser, loin de là, c'est un vieil homme qui se rend dans la salle à diner pour répondre à la charmante invitation de la non moins charmante dame qui règne sur ce château.
Le coeur cogne dans sa poitrine au même rythme que la canne claque légèrement au sol.
Il est quand même inquiet. Son bouton de Marguerite serait il plutôt un Lys tigré ou une Rose Noire? Et c'est le même effet qu'elle lui fait quand il entre dans la pièce. Elle est superbe, mise en valeur ainsi. La poitrine rehaussée par le corset… Cette robe…Ce parfum… Son coeur se gonfle dans sa poitrine. Les femmes, c'est si dangereux.
Dame de Fernel, dit il en faisant une profonde révérence comme s'ils ne s'étaient pas vu depuis quelques jours , je vous remercie de tout coeur pour cette charmante invitation. |
| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel]Ombres en miroir / Louise Mar 23 Juin 2020 - 8:16 | |
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Je n’ai pas un regard pour mon prisonnier en sortant de la geôle.
Je ne dis pas un mot à mon père tout le temps que dure notre trajet commun jusqu’au rez-de-chaussée. Il demande un délai afin de se changer, un délai que je lui accorde, bien sûr, le laissant rejoindre l’étage tandis que je me dirige vers la seconde salle à manger, toujours en silence. La salle à manger principale est bien trop grande pour un déjeuner. Je préfère de loin cette petite pièce située juste derrière une double porte, inutilisée ces derniers jours.
Le temps que mon père arrive, un serviteur apporte de quoi nous restaurer, des boissons chaudes et quelques petits fruits achetés à prix d’or avant de me laisser totalement seule. Et c’est très précisément ce dont j’ai besoin, un peu de solitude. Après ce que je viens de faire et ce que je viens de dire, je sens plusieurs choses s’agiter en moi, avec une fureur nouvelle, des choses qui m’embarrassent et me plaisent en même temps et cette totale confusion m’effraye.
Debout à la fenêtre, je pose la main sur ma gorge, dans un geste habituel qui ne trouve rien, pour la première fois depuis des années. Plus de collier. Il n’y a plus que ma peau nue. Inspirant profondément, je croise les mains sur ma jupe, tout en observant le paysage fabuleux qui s’offre à mon regard. De la neige, des rochers, des arbres toujours verts sous la poudreuse qui scintille sous un pâle soleil…Quelques taches rouges ici et là, des taches qui attirent mon attention, avant de me faire brièvement sourire. Les carmines. Il faudra que j’aille en cueillir bientôt…
J’entends alors le bruit distinct d’une canne heurtant le sol avant que ne s’ouvre la double porte, laissant passer mon père. Je me tourne vers Elazar et salue d’un élégant geste de la tête avant d’apostropher directement le serviteur qui l’a accompagné.
- Que personne ne nous dérange. Ne venez que si je vous appelle.
La porte fermée, je reste un instant face à la fenêtre avant de le regarder. Il y a tant de choses à dire, à expliquer, à demander, mais je ne trouve pas mes mots tout de suite. L’horreur de ce que j’ai lu, de ce que j’ai fait là en bas…Mes propres sentiments chamboulés et bousculés en tous sens…Tout cela me dépasse. Non, je ne trouve pas mes mots. Alors je regarde à nouveau ce paysage, toute droite dans cette robe magnifique autrefois portée par ma mère. Il n’a rien fait pour m’en empêcher. Il n’a pas dit un mot sur ce qu’il vient de se produire. Il n’a pas eu le moindre commentaire. Aurais-je mal agi ?
- Jamais je n’ai eu envie de tuer quelqu’un. Jamais, de toute ma vie. Sauf aujourd’hui. Est-ce que cela fait de moi une personne mauvaise ?
Ma main droite caresse mon bras gauche, tout en observant les écuries, là en bas, dans ce besoin de toucher quelque chose de rassurant, un souvenir radieux, ma mère.
- Mère aurait désapprouvé. Totalement désapprouvé, j’en suis certaine. Elle n’aimait pas la violence, mais…Je n’ai pas pu me contrôler. Je n’ai pas pu. Pas après ce que j’ai lu…Père…Ce qu’il a fait….Ce qu’il voulait faire…Je n’ai pas pu me contrôler. Il est heureux pour lui que je ne sache pas utiliser une arme…J’espère de tout mon cœur qu’il a eu mal. Et qu’il aura mal encore, et encore, jusqu’à ce qu’il finisse à genoux, brisé de toutes parts…
Je me tourne vers lui, l'oeil luisant d'une légitime inquiétude.
- Cela m’a procuré un plaisir infini de faire cela. Je pourrais recommencer sans la moindre hésitation. Est-ce que cela fait de moi une personne déviante ?
Le souvenir de cette virilité sous mes doigts me fait pourtant grimacer et frotter la main qui l’a tenue contre ma manche, avec un air de dégoût. C’était vraiment dégoûtant. Et…énorme.
- C’était immonde. Cette chose, dans ma main. Et le bruit de ses dents contre la pierre…
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| | | Dante Corvac
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel]Ombres en miroir / Louise Mar 23 Juin 2020 - 19:46 | |
| - Jamais je n’ai eu envie de tuer quelqu’un. Jamais, de toute ma vie. Sauf aujourd’hui. Est-ce que cela fait de moi une personne mauvaise ?
Tranquillement, le vieil homme s'avance pour rejoindre la châtelaine. Se contentant d'énoncer avec pragmatisme.
Non. La grande majorité des gens ont eu envie de tuer quelqu'un à un moment ou à un autre de sa vie et ils ne sont pas mauvais pour autant.
- Mère aurait désapprouvé. Totalement désapprouvé, j’en suis certaine. Elle n’aimait pas la violence, mais…Je n’ai pas pu me contrôler. Je n’ai pas pu. Pas après ce que j’ai lu…Père…Ce qu’il a fait….Ce qu’il voulait faire…Je n’ai pas pu me contrôler. Il est heureux pour lui que je ne sache pas utiliser une arme…J’espère de tout mon cœur qu’il a eu mal. Et qu’il aura mal encore, et encore, jusqu’à ce qu’il finisse à genoux, brisé de toutes parts…
Oh, si tel est le souhait... de toute façon c'est déjà en cours.
Répond il succintement, sachant pertinemment qu'elle n'en a pas finit. Elle se tourne d'ailleurs vers lui, inquiète et superbe.
- Cela m’a procuré un plaisir infini de faire cela. Je pourrais recommencer sans la moindre hésitation. Est-ce que cela fait de moi une personne déviante ?Il ne répond pas, la laisse finir avec une patience infinie. - C’était immonde. Cette chose, dans ma main. Et le bruit de ses dents contre la pierre…
Elle a besoin de se faire rassurer comprend t'il. Encore... Il en veut un peu à ceux et celles qui l'ont modelée comme cela. Il n'y a rien d'irrécupérable cependant juge t'il. Et tant qu'à y être, aussi bien commencer cette éducation tout de suite.
Cette "chose" dans ta main s'appelait un pénis en érection et il va idéalement dans ta "chose" à toi. C'est comme cela que les enfants se font depuis que Miradelphia est Miradelphia. Et non, ce n'est pas immonde mais naturel. Et la grosseur de cette chose est proportionnel au pouvoir que tu as sur cet individu. Il savait que tu allais le châtier, pourtant ca ne l'a pas empêché de vouloir t'embrasser. instinctivement, tu as su comment user et comment lui faire mal. plus mal qu'aucun travail que j'aurais pu faire sur lui... Il ne me reste plus qu'à réagencer les morceaux maintenant. Allons manger, j'ai faim.
Le père se détourne et va tirer galamment la chaise pour que la fille puisse s'asseoir. Ensuite prend il place à la droite de la jouvencelle et place sa serviette de table sur ses genoux avant d'envisager un des fruits frais avec curiosité... En cette saison? Belle façon de détourner les fonds pour faire croire le domaine en difficulté pense t'il. Néammoins, il prend quand même la fraise en pensant qu'il lui faudra ramasser ce bijou... Il appartient au domaine après tout.
Pour reprendre, les circonstances te font dire que c'est immonde, mais je t'assure que ce n'est pas le cas. Ce n'était pas le bon individu voilà tout. Le château est il encore en alerte?
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel]Ombres en miroir / Louise Mar 23 Juin 2020 - 22:28 | |
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- C’est l’impression que j’ai eue, Père. C’était immonde.
Mais comme il explique cela…J’inspire longuement avant de regarder le plafond. Un pénis en érection. D’accord.
- Je devais avoir beaucoup de pouvoir sur lui, alors, si je suis ton raisonnement. Ça n’a aucun sens…Quel est le rapport entre cette masse et le pouvoir, enfin…C’est lui qui cherchait à en avoir sur moi. Il voulait m’épouser pour me réduire à un état tel que j’aurais certainement fini par ne plus penser par moi-même. J’en aurais été incapable.
Je me mords le pouce, distraitement, en ajoutant :
- De toute façon, cela ne se peut. Comment veux-tu que…enfin…non…anatomiquement, c’est compliqué enfin. Et tu m’as expliqué ce matin que cela ne serait pas douloureux ? Impossible !
L’idée même que cette chose aille se loger…là. Un frisson secoue mes épaules. Oui, peut-être est-ce préférable de manger. Même si je n’ai pas très faim. Assise à la gauche de mon père, je me sers une tasse d’infusion bien chaude, et attrape un morceau de pain que je mange distraitement, plongée dans des pensées graveleuses et techniques qui achèvent de m’embrouiller.
- Le bon individu…Evidemment ! Il n’a jamais été question de prendre du plaisir, enfin, c’était une façon de lui rappeler qu’il n’est jamais qu’un homme. Je voulais lui faire mal, j’ai réussi et tant mieux mais je me sens…totalement imbécile. Je ne parviens pas à expliquer.
Buvant une petite gorgée d’infusion, je prends appui sur ma chaise, la tasse à la main. Trouver les mots pour expliquer les choses qu’on ne connait pas ou qu’on ne connait que par ouïe dire est toujours complexe. Ici, on touche à un domaine dont j’ignore presque tout et pourtant, j’ai agi avec instinct, visiblement.
- Quant au garde, non, ils sont toujours en alerte, j’irai la lever après avoir mangé. Geoffroy n’a cité que trois noms dans ses aveux. Etienne, qui est mort. Sylvie, qui sera bientôt emprisonnée au sous-sol à son tour. Et Anaëlle qui devait nous espionner. Etant donné qu’ils sont tous les trois immobilisés, Fernel ne craint plus rien.
Je dépose la tasse sur la table et renonce au pain, avant de le regarder enfin, pensive.
- J’irai la voir plus tard dans la journée. Je sais qu’il la traitait horriblement mal. Elle va avoir besoin d’affection et de soins constants. Je pense qu’une petite visite de ma part, avec des excuses sont le minimum. Tout ceci se passait sous mon nez et je n’ai rien vu, rien fait pour l’aider, pauvre gamine…Enfin bref.
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| | | Dante Corvac
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel]Ombres en miroir / Louise Mer 24 Juin 2020 - 1:46 | |
| Par chance, les fraises existent en cette saison. Aussi parvient t'il à camoufler parfaitement son cheminement de pensée sous une énorme bouchée juteuse dont la serviette de table vient éponger délicatement le jus écarlate tachant les lèvres minces.
Elle est Dame de Fernel. Aussi prend t'il le temps de bien mastiquer et d'avaler, prenant le temps de réfléchir à la tournure de phrase qu'il va employer en cet instant précis. Ce n'est pas le temps de l'effrayer plus qu'elle ne l'est.
- Le bon individu…Evidemment ! Il n’a jamais été question de prendre du plaisir, enfin, c’était une façon de lui rappeler qu’il n’est jamais qu’un homme. Je voulais lui faire mal, j’ai réussi et tant mieux mais je me sens…totalement imbécile. Je ne parviens pas à expliquer.
Il se sert alors une infusion qu'il sirote tranquillement, l'oeil gris hésitant entre un friand et une autre fraise.
Ca se discute… Je pourrais te montrer ultérieurement quelques notions d'anatomie… Si tu le souhaite bien sûr. Il m'est inconcevable que quelqu'un d'instruit comme toi soit tenue dans une telle ignorance de la mécanique de base de la vie. Les Estreventins sont beaucoup en avance sur nous à ce sujet…. Le savoir est le Pouvoir ma fille, rappelle t'en. Et comme tu dis, il n'est qu'un homme, tu l'a comprise instinctivement. Je t'en félicite. Tu te sens imbécile parce que tu as été conditionnée toute jeune à cela. Je crois que je vais faire venir quelque ouvrages de Diantra. Cela te sera fort instructif...
Ensuite écoute t'il les deux autres points à l'ordre du jour.
Tu devrais en parler à Aaron. C'est lui ton conseiller. Mais je te dirais que non, le danger n,est pas totalement écarté. Nous avons les coupables, mais il faut qu'ils soient jugés. Les voisins doivent être avisés de ce qui s'est passé parce que c'est toujours lui qui a traité avec eux... Pour Anaëlle, ma suggestion de base a encore matière d'être. Je devrais aller la voir aussi... Quel traitement a t'elle recu?
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel]Ombres en miroir / Louise Mer 24 Juin 2020 - 9:14 | |
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Me servant à nouveau une petite tasse d’infusion j’écoute mon père, pensive.
- Je ne suis jamais allée au-delà de Serramire, Père, il y a tellement de choses, de gens, de villes, de paysages dont j’ignore tout et que je voudrais découvrir. Comprends que toute cette ignorance me dessert. Même si Eudes et Mère m’ont enseigné l’art et la manière de gérer un domaine, il n’en reste pas moins qu’ils ont failli sur tous les autres points. Fernel n’est pas un monde à part, le domaine est entouré d’autres qui, eux, ont l’avantage de l’expérience. Je suis entourée de personnes d’expériences, certes, mais il n’empêche que j’aimerais pouvoir posséder un libre arbitre sur tous les plans au lieu de devoir me reposer sur tout le monde, pour tout.
Je sirote une petite gorgée de mon infusion, reprenant un morceau de pain que je mâche lentement avant d’ajouter :
- Fais venir tes livres. Fais-en venir plein que je sache à quoi m’en tenir. Quand ils seront là, tu m’expliqueras. Je n’ai personne d’autre à qui demander, pas de fratrie, pas d’ami, tu es mon seul parent, le seul qui puisse entendre ce genre de choses. Je n’ose même pas en parler à Aaron…Il a deux fois mon âge, il est déjà parent et j’ose à peine le prendre dans mes bras alors imaginer tenir ce genre de conversation avec lui…
Ce serait carrément indécent. Il l’a dit lui-même, il a besoin de temps, chose que je respecte infiniment. J’ai cependant un besoin urgent de confier tout ceci à quelqu’un. Quelqu’un de proche. Elazar est le dernier parent proche qu’il me reste, en parler avec lui me semble tout à fait correct, même si le sujet est quelque peu épineux et malaisant, du moins en ce qui me concerne. J’avance en terrain inconnu, il y a des choses que je dois savoir. J’aurais aimé avoir au moins une amie, peu importe son rang, avec laquelle j’aurais pu discuter de ce genre de choses, mais à Fernel…Il en va de ces propos comme de la magie : on n’en parle pas. On évite soigneusement les sujets qui fâchent et on reste sur le droit chemin, même si on est tenté par les petits sentiers de traverses qui semblent si intéressants.
- …nous ne nous sommes même pas embrassés. Jamais. J’en ai tellement envie, pourtant. Mais… Je ne veux pas le brusquer ou l’embarrasser donc je me tais. C’est un homme probe et fier, avec des principes nobles. Je ne peux décemment lui parler de ce dont on parle présentement, il me prendrait certainement pour une…pour…pour une femme que je ne suis pas.
Je regarde le fond de ma tasse et dit, dans un murmure :
- Merci de me conseiller et de me proposer ton aide sur ce point. J’en ai besoin.
Rassurée, je lui adresse un gentil sourire avant d’enchaîner sur la garde et le cas d’Anaëlle.
- J’en parlerai avec Aaron, il est d’excellent conseil et voit les choses sous un autre angle que le mien, souvent bien meilleur d’ailleurs quant à Anaëlle…
Je dépose la tasse sur la table et triture mes doigts, quelque peu embarrassée par cette question :
- Tu n’as pas lu la confession de Geoffroy?? Père…Cette petite est maltraitée par lui depuis son arrivée ici. Il en a fait son esclave et elle ne faisait pas que lui apporter ses pantoufles. Il l’a battue, il l’a affamée, il l’a violée. Plusieurs fois. Il l’obligeait à m’espionner, à espionner tout le monde en échange de nourriture et de vêtements… Que la Dame en soit témoin, père, cette petite a souffert un martyre atroce entre ses mains…Tout ça parce qu’il ne pouvait pas m’avoir moi. Quand je l’ai vue, si petite et si fragile, sur le lit d’Efren…J’ai eu honte de ne pas avoir ouvert les yeux. Elle ne m’a jamais rien dit, personne ne m’a rien dit…Comme souvent.
Je regarde ailleurs, les larmes aux yeux. J’ai une dette envers cette enfant. Une dette morale et une autre encore que je compte bien rembourser à ma façon.
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| | | Dante Corvac
Humain
Nombre de messages : 1697 Âge : 46 Date d'inscription : 09/07/2018
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 29? Taille : 1.80 m Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: [Fernel]Ombres en miroir / Louise Mer 24 Juin 2020 - 16:11 | |
| Oh douce damoiselle inexpérimentée en tout les domaines et si peu sûre d'elle... Finalement, c'est le friand qui a sa préférence. Elazar croque avec délice dans la pâte feuilletée au coeur de fromage de bouzon. Délicieux. Silencieux parce qu'occupé à mastiquer, il ne l'interrompt pas. Il n,est jamais de bon ton de couper les gens lorsqu'ils exposent leur pensée. Ca enlève la spontanéité et l'impression de ne pas être écouté coupe l'échange qui reste alors superficiel.
Certes, je tenterai de t'expliquer la chose du mieux que je le peux. Pour ton libre arbitre, tu es en retard, mais tu l'a déjà en cet instant précis. Entoure toi de gens compétents, écoute les, apprends d'eux et, surtout, si des troubles se présentent à tes frontières, va voir de visu. Le point de vue de sire Aaron ne vaut pas mieux, ni moins que le tiens soit en assurée. Vérifie tes sources entoure toi de gens loyaux et fidèles mais ne fait donne jamais une confiance aveugle à personne ma fille. Anaëlle sera l'une de ces personnes, j'en suis certain... J'ai le nez pour cela.
Avec aplomb, le vieil homme s'en prend un autre. C'est que torturer les gens lui a toujours ouvert l'appétit. Et mieux vaut avoir la bouche pleine en ce moment, ca empêche de dire des sottises. Parce qu'en ce moment, il est sur des charbons ardents... et il adore ça!
Personne ne t'a rien dit, parce que Geoffroy s'est arrangé pour. Il vous a isolées, ta mère et toi et s'est posé en intermédiaire incontournable. La peur peut autant sceller qu'ouvrir bien des bouches. Les choses tournerons carrées ici un moment ma belle fleur. Il y aura des choses dont tu devra t'occuper mais que tu ne savais pas. Prenons par exemple cette fraise, là. Qui a eu l'idée saugrenue mais délicieuse de la commander en plein hiver? As tu l'idée du prix demandé pour cette petite merveille? Non? C'est parce qu'il ta tenue dans l'ignorance. Diviser pour mieux régner Louise. Maintenant, à toi de réunir tout ce monde. Ce sont TES terres et TES gens, pas les siens. Il est temps que ca soit rappelé à tes gens. Ils t'aiment, ils comprendront
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| | | Louise de Fernel
Humain
Nombre de messages : 1064 Âge : 42 Date d'inscription : 09/02/2020
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| Sujet: Re: [Fernel]Ombres en miroir / Louise Mer 24 Juin 2020 - 19:13 | |
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J’écoute religieusement les paroles de mon père et ne peux que lui reconnaître beaucoup de sagesse. Depuis longtemps je cherche à m’entourer de gens en qui je peux avoir confiance, mais ces personnes-là sont rares et gagner une confiance est facile. La garder est, par contre, une toute autre histoire. Personne ne peut dire ce qui se trame dans l’esprit des autres et la personne la plus loyale un jour peut se transformer en ennemi le lendemain. Geoffroy en est le plus parfait exemple, quoique pour ce dernier, je doute qu’il ait été un seul jour parfaitement honnête envers notre famille.
- Je verrai le cas d’Anaëlle quand elle sera remise sur pieds. J’ignore son état actuel mais je suppose que s’il lui était arrivé un malheur cette nuit, Efren ou Aaron m’en aurait déjà averti. Quant au reste…
J’ai un regard pour un Elazar, observant mon père de façon plus appuyée cette fois. Ce genre de détails, l’achat des denrées, tout l’aspect commercial et de gestion domestique ne m’est aucunement familier. Tout au plus puis-je lire et relire les longues listes fournies par Geoffroy, les listes de dépenses qui m’importent à peu près autant que ma première chemise. Peut-être ai-je été en effet d’une coupable négligence en ce domaine. Lorsqu’il attire mon attention sur les fraises, je finis par soupirer. Evidemment…Ce genre de détails ne m’a jamais vraiment inquiété puisqu’il en a toujours été ainsi à Fernel. Des fraises. En plein hiver. Je ne veux même pas imaginer leur prix. Il doit être scandaleusement élevé.
- Tout ceci relève de l’intendance générale de ce domaine et c’est une chose que je n’ai jamais vraiment gérée. Tout au plus ai-je vu passer les longues listes de prix, de fournitures et de denrées qui entraient au château.
Je n’ai décidément pas très faim. Mon père, lui, semble manger de bon appétit, ce qui me fait sourire. Certaines paroles de mon conseiller me revinrent alors en mémoire, tandis que j’observais le plus tranquillement du monde mon père dans son bel habit rappelant le mien, assis à table avec dignité et élégance. Aaron m’a suggéré plusieurs fois d’apprendre à déléguer ce qui, en soi, est une merveilleuse idée mais encore faut-il pouvoir trouver les personnes de confiance à qui déléguer les tâches. J’ai en Aaron un conseiller merveilleux et bienveillant, ce qui m’ôte pas mal de soucis sur certains points mais…Il reste toutes les tâches gérées par Geoffroy. Maintenant qu’il est hors course, il me faut quelqu’un d’intelligent et de fûté pour reprendre les rênes de ce poste ingrat qu’est l’intendance.
- Père…
Je lui décoche un sourire entendu, me penchant vers lui pour saisir sa main.
- Tu as dit que je devais m’entourer de personnes loyales et fidèles. Et cette loyauté, tu me l’as montrée en sauvent ce domaine des griffes d’un homme ignoble. Tu m’as sauvé la vie.
Je serre ses doigts dans les miens, pleine d’espoirs.
- Voudrais-tu rester à Fernel et m’aider dans la gestion de ce domaine ? Je sais que tu as ta propre vie et des choses qui t’attendent en dehors de ces murs mais…tu es la seule autre personne en qui j’ai confiance. Resterais-tu ici, avec moi, papa ?
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| | | Dante Corvac
Humain
Nombre de messages : 1697 Âge : 46 Date d'inscription : 09/07/2018
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| Sujet: Re: [Fernel]Ombres en miroir / Louise Mer 24 Juin 2020 - 21:03 | |
| Elazar ne retire pas sa vieille main de l'étreinte de la jeune femme... Mastiquant lentement jusqu'à s'arrêter, devant la demande de la jeune femme. Les prunelles grises sont interrogatrices derrière les verres.
Je suis vieux Louise, tu devrais te prendre un intendant de ton âge qui te suivrais tout le long de ton règne...
L'autre main repose son friand et se place sur celle de sa fille, délicatement.
Il reste un bon moment pour la fin de l'hiver. La parfumerie fonctionnera bien sans moi, les huiles sont distillées et les recettes sont écrites. De plus, je n'aime pas voyager en cette saison. Ca me coince les articulations. Ensuite... Je présume que je pourrais très facilement partager mon temps entre ici et là bas sans mal,... Pourquoi ne pas former Eugène tiens? Je crois qu'il se plait ici, et il est capable. Il présente bien et il est discret. Et, entre toi et moi, il n'a pas les qualités requises pour mon domaine et je crois que ca le soulagerait en fait de ne plus avoir à manipuler de fioles dangereuses.
Il resserre sa poigne, rassurant
Mais ne t'inquiète pas, jeune fille. Avant de former un intendant, il faut que je comprenne le fonctionnement de Fernel. Ne crains tu pas que tes ouailles ne s'offusque que maintenant deux étrangers soient tes plus proches serviteurs?
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