Une bien curieuse rencontre [Charles de Prademont]

Elenwënas , 4ieme ennéade de Verimios, An XVIII, Cycle XI
Port d'Isgaard, Isgaard, Comté d'Odélian, Péninsule

« Le capitaine veut à tout prix faire un arrêt à Isgard. Il a une première livraison à faire avant de continuer sa route. »


La jeune femme soupira avant de porter son regard azuré sur son cousin, Aubry. « Je croyais qu’il allait directement à Langehack? »
« Et moi donc, mais apparemment qu’il faut absolument s’y arrêter. »


L’alonnaise haussa les épaules. Que pouvait-elle réellement faire? User de son autorité était totalement hors de question, après tout il était nécessaire que ce voyage reste secret. Du moins, encore pour quelques jours, jusqu’à ce que le reste de la délégation de Lodiaker entreprenne à son tour le voyage jusqu’à Diantra pour le couronnement du jeune roi.


« Combien de temps d’arrêt? »
« Quelques heures, tout au plus! »
« Ah! Mais ça va alors, rien de très grave en soi. Nous pourrons profiter des quais d’Isgaard. Ce n’est qu’un petit arrêt. »


Aubry hocha la tête avant de tenir compagnie à la Dame de Lodiaker. Cela ne prit qu’une petite heure avant que le navire accoste au port, et les deux cousins en profitèrent pour mettre leurs pieds sur la terre ferme, sachant pertinemment ce qui les attendaient une fois sur la mer Olienne. Ils se promenèrent un moment, avant qu’un étale rempli de tissus de couleurs variées attira le regard de la nordienne. Adélina observa silencieusement les étoffes venues tout droit d’Ithri’Vaan avant que l’un des marchands s’approche finalement de la jeune femme.


« Alors, ma p’tite dame? On est intéressée par les soieries venues tout droit d’Estrévent? » Le bedonnant personnage avait un accent très particulier, rien qu’elle avait déjà entendu. Le marchand n’était certainement pas un suderon? À moins qu’il venait d’Ydril? Ah! Qui pourrait vraiment le dire! « Votre accent est très différent, M..Monsieur. » Aubry la regarda un moment, comprenant que cette dernière avait presque failli trahir ses origines. « Vous venez d’Estrévent aussi? » Le marchand eut un large sourire avant d’essuyer la poussière qui ornait son front. Sa peau était hâlé, comme grillé epar le soleil alors que ce dernier s’inclinait d’une façon presque noble. « En effet! De Ashai plus particulièrement. Nous avons les meilleurs tissus du monde! Si le cœur vous en dit, j’attends un nouvel arrivage à la prochaine ennéade. Des soieries dignes des Princes Marchands! Si jamais vous êtes intéressé, je crois que l’on pourra négocier un prix d’ami! » Ce dernier s’arrêta avant d’avoir un sourire qui se voulait probablement enjôleur et répliqua; « Bien entendu avoir des jolies jeunes femmes qui portent mes étoffes est la meilleure des publicités! » Aubry haussa un sourcil alors que l’alonnaise ne put s’empêcher de rougir devant le compliment de l’homme. Remarquant finalement le cousin de la rose, le marchand se retourna vers lui; « Ah mais ne vous inquiétez pas mon cher monsieur! Votre fiancée est totalement adorable! » Le chevalier hocha la tête sans dire un mot avant de prendre doucement sa cousine par le bras. « Merci à vous messire, mais je crois que nous devrions partir. La route sera longue. Allez venez, ma mie. »


Adélina haussa un sourcil en regardant son cousin, et alors que les deux jeunes gens s’éloignaient du commerçant, l’alonnaise ne put s’empêcher d’éclater de rire. « Ma mie? » demanda-t-elle avant d’essuyer doucement une larme qui perlait sur le coin de son œil droit. « Il m’a mis au pied du mur! Qu’est que tu voulais que je lui dise? » Ce dernier avait un sourire taquin aux lèvres, mais il devait bien avouer que cette discussion l’avait particulièrement mis mal à l’aise. Après tout, il avait toujours considéré Adélina comme sa petite sœur. Il l’aimait… vraiment. Mais jamais il ne traverserait la ligne de l’amour familiale. Soudainement, la jeune femme s’arrêta net, alors que ses yeux s’écarquillèrent. Devant elle, le Comte d’Odélian, accompagné de quelques gardes inspectaient les quais. Sans attendre, la jeune femme remonta son capuchon, avant de se tourner dos à ce dernier, ignorant si Charles de Prademont l’avait vu. « Est-ce qu’il vient de ce côté? » Aubry se mordilla la lèvre, cherchant du regard ce qui venait de faire paniquer sa cousine. Mais de quoi parlait-elle?

Depuis sa prise de fonction, Charles de Prademont avait passé le plus clair de son temps hors du Comté, comptant sur son épouse et son beau-père qu'il avait nommé bailli afin de gérer les affaires courantes à la capitale en son absence, un homme droit et respecter de ces semblables sur qui Charles pouvait aisément compter. Une inquiétude pourtant venait assombrir ce tableau, celui de son épouse, souffrante suite à la naissance de l'héritier de la lignée. Pour autant, il ne pouvait se porter indéfiniment à son chevet et devait affirmer son rôle de haut seigneur, c'est ainsi qu'il entreprit différentes visibles au coeur même de ces terres, privilégiant des places-forts clés de son territoire. Evidemment, Isgaard, ancien fief missédois, rattaché à Odélian par décret du régent Aymeric de Brochant en l’An 10 du XIe cycle, sous gouvernance militaire via la tutelle de la forteresse de l’Etau, était l'une des destinations prioritaire dans son calendrier avant de prendre la route pour Diantra qui se préparait à couronner l'enfant-roi.

Cet accès unique à la mer Olienne et gardien du delta de la Sirilya est devenu un vrai carrefour commercial qui profite à l'économie de tout le comté. Le fief est un véritable havre pour effectuer une escale en évitant de passer à proximité de Nelen et de ses dangers draconiques et les successifs dirigeants du comté ont énormément investi dans son port qui voit arriver des navires d'Ithri Vaan et des autres territoires péninsulaires en grand nombre. L'endroit était donc aussi symbolique que nécessaire pour ce séjour ayant pour objectif de consolider sa cote de sympathie auprès des influents vaisseaux de la région sud du domaine. Une petite inspection des quais du fameux port qu'abritait Isgaard transpirait l'évidence et ainsi, il ne fut donc pas surprenant de voir parader Prademont, sous bonne escorte afin de s'imprégner de quelques "sensations locales".


Mais rien n'allait présager de cette prochaine rencontre aussi cocasse que paradoxalement importante. Entouré de pas moins d'une demi douzaine de sentinelles, le blondinet inspectait donc les docks quand soudain le sergent de la patrouille, un gradé local d'une bonne quarantaine d'année, le regard vif et ne nez affûté, détecta un mouvement bien étrange à une dizaine de mètre de la position du groupe. Vétéran, comptant de nombreux hauts faits en Isgaard, il était homme à connaître les comportements des riverains tout comme ceux des voyageurs et des marchands. Ainsi, lorsqu'on rebroussait chemin non sans dissimuler soudainement son identité, on se risquait à éveiller l'attention d'un tel individu. Fronçant les sourcils, l'homme qui portait quelques pièces d'armures métallique sous un chapeau à plume et un plastron de cuir piqué de pointes, releva le menton, posant une main sur l'épaule d'un de ces hommes. Immédiatement le groupe armée se désintéressa d'un des pêcheur sous le regard interloqué du Comte qui alors, suivi la manœuvre de la patrouille portuaire que l'on pouvait apparenter à une forme de milice.

Le sergent, main gauche sur la garde de son épée, solidement attaché à son flanc, interpela d'une voix rauque l'homme se tenant à hauteur de la silhouette encapuchonnée qui venait de soudainement tourner le dos à la scène.

- Vous, halte là ! Déclinez vos identités.

S'avançant vers ses cibles, ses hommes se déployèrent dans la foule pour former un arc de cercle se réduisant à mesure de leur progression, tandis que derrière eux, le Comte observait la scène entourés de deux hommes restant à sa sécurité personnelle. Dans un tel environnement, tout pouvait arriver très vite et on était jamais trop prudent. Il ne restait plus qu'à savoir si ce petit déploiement allait dissuader le duo de fausser compagnie à ce qui s'apparentait être un contrôle d'identité suite à une réaction soupçonneuse?

Nerveuse? Cela n’était pas le mot. L’alonnaise n’avait pas peur du Comte. Bien qu’elle l’ait particulière rabrouée lors de leurs dernières rencontres, elle ne tenait pas nécessairement à le voir. Cela n’attirerait que des ennuis et des questions supplémentaires. Pourquoi était-elle seule avec son cousin? Pourquoi tentait-elle de rester anonymes. Tant de questions qu’elle ne voulait pas nécessairement répondre à l’homme derrière elle. Le regard du chevalier sembla soudainement s’arrêter avant qu’il ne le pose finalement sur sa cousine; « Décidément, il faudra retravailler tes capacités à ne pas attirer l’attention. » Adélina eut un air ennuyé, dos au Comte, elle avait au moins tenté quelques choses, mais voilà que son – disons – plan venait de prendre une toute autre tournure.  Aubry releva doucement le regard, un sourire chaleureux aux lèvres alors que sa cousine sembla se crisper alors qu’elle entendit la voix rauque d’un homme qui les interpellait. « On ne peut leur mentir… » lui chuchota-t-elle alors que sa tête s’inclinait légèrement vers l’homme armé. Protecteur, ce dernier fit rapidement un pas vers l’avant, se mettant volontairement devant sa dame alors que sa main gantée dévoilait, à son tour l’épée qui pendait à sa ceinture. Bien que les hommes semblaient vouloir protéger leur Comte, Aubry ne les laisserait définitivement pas rudoyer sa dame. Après tout, il lui avait fait le serment de protéger elle, et le Lodiaker. Et l’on ne menaçait pas les Lourbiers. La voix de l’alonnais s’éleva alors, attirant l’attention de quelques passants alors que son ton révélait qu’il n’avait guère affaire à un vulgaire mercenaire; une voix ferme, autoritaire, digne d’un chevalier nordien.


« Bien le bonjour Messire, mon nom est Aubry Lourbier, chevalier de Lodiaker et voici ma cousine, Sa seigneurie, Adélina de Lourbier, Dame de Lodiaker et de Bransat. Je vous demanderais de décliner vos identités à votre tour. »


La rose de Lodiaker se retourna finalement, dévoilant son visage pour la première fois aux gardes qui s’étaient déployé autour d’eux d’une façon quelque peu menaçante. Son regard azuré se porta sur chaque homme, étudiant chaque réaction. Si certains d’entre eux semblaient s’adoucir, ce n’était guère le cas de l’homme au chapeau. Sa main sur le pommeau de son épée lui fit hausser un sourcil. Si cette dernière avait eu un air particulièrement bienveillant, cette dernière changea rapidement d’expression alors qu’elle se sentit menacée; « Est-ce ainsi que les soldats d’Odélian traite leurs voisins? En les menaçant, main sur la garde de leurs épées? » Oh non, elle ne plierait pas devant ce pauvre individu. Il pouvait la menacer comme il voulait, elle ne reculerait certainement pas devant lui. Relevant fièrement la tête, la jeune alonnaise enleva doucement sa capuche, se dévoilant à tous, avant de tourner son regard vers le Comte. L’expression n’était guère hautaine, plutôt neutre, mais le Comte pourrait rapidement voir que la Dame n’était guère heureuse de la tournure de la rencontre. Certes, elle aurait été facilement évitable, mais disons que leurs dernières rencontres avaient loin été des plus courtoises. Aubry serra doucement le pommeau de son épée, si ce dernier avait toujours un sourire aux lèvres, cela ne lui empêchait pas de fixer le sergent avec une certaine intensité. « Ma Dame vous a posez une question, vous lui devez une réponse, soldat. »

L'intervention soudaine de la patrouille portuaire venait de créer sans le savoir un micro-conflit dès lors que le nom de Lourbier fut prononcé. Tenant position, l'escorte du Comte, par la voix de son sergent, ne broncha nullement face à l'intervention du cousin de la Dame de Lodiaker et de Bransat puis de cette dernière. Face à l'insistance de Ser Aubry, Charles perça son cordon de sécurité pour venir s'interposer entre ces hommes et le duo de sang bleu venu d'une contrée voisine.

- Au repos soldats !

Annonça de Prademont avant que ses sentinelles ne s'exécutent, lâchant le pommeau de leurs armes. Un regard vers son sergent et ce dernier s'inclina face au Lourbier pour se formuler en excuses.

- Vous m'en voyez désolé, seulement nous sommes confrontés régulièrement à des faits de larcins. Recevez mes plus plates excuses, cela ne se reproduira pas.

D'un geste de la main, Charles intima l'ordre à ces hommes de reculer de quelques pas non sans sécuriser la zone avant d'approcher d'Aubry dans un premier temps.

- Messir, c'est un plaisir que de faire la connaissance du cousin de la Rose de Lodiaker. Mes hommes n'ont hélas fait que leur devoir en ces temps où les troubles commencent à s'estomper. Ne leur en tenez point rigueur plus que de raison, je vous prie.

Il reporta son attention sur Adélina avant de s'exécuter à une subtile révérence d'usage.

- Mademoiselle, je n'aurais cru vous revoir si tôt, après nos échanges en votre si accueillant domaine. Ce léger incident ne se serait produit si vous aviez annoncé votre halte en Isgaard. Seulement je puis comprendre au vu de notre précédente rencontre, à préserver votre anonymat. Ainsi, puis-je sollicité votre bienveillance en m'accordant votre compagnie ? J'imagine que vous êtes arrivé ici par navire ? J'aimerais en effet revenir sur nos échanges.

Les soldats ne bougèrent pas tout de suite, comme incertain de croire réellement la dame de Lodiaker. Ce fut finalement le cygne qui brisa son mur de protection pour s’interposer entre les soldats et les alonnais. Ils lâchèrent finalement le pommeau de leurs épées, et Aubry fit de même aussitôt que l’un des soldats, celui qui les avait interpellés s’excusa à son tour. Sourire aux lèvres, c’est ce dernier qui brisa l’ambiance peu attrayante qui s’était installée. « Mais il n’y a aucun problème, Messire. Mais je doute qu’un chevalier et une dame commettent quelconques larcins. » Il n’y avait pas de double sens à sa phrase, au contraire, l’air taquin de l’alonnais semblait pardonner sans équivoque l’erreur des odélians. Sans attendre, Aubry s’inclina devant le Comte, prenant finalement la parole; « C’est un honneur de vous rencontrer, Votre Grandeur. » Impassible, la dame de Lodiaker resta droite, faisant face au Comte.


Dire qu’elle avait eu une bonne impression du Comte d’Odélian aurait été un mensonge particulièrement insultant. Elle n’avait définitivement pas aimé leur échange, qui lui avait révélé assez sur la personnalité de ce dernier. Adélina faisait face à un intriguant, quelqu’un qui tournait autour du pot. Un diantrais en soi… Une expression que la nordienne détestait utiliser, mais Charles de Prademont semblait bien loin de tous les stéréotypes des nordiens, et bien qu’elle soit ouverte à découvrir de nouveaux horizons, cette façon de négocier l’avait personnellement énormément dérangé. Serrant doucement les dents, la jeune femme inclina doucement la tête après le Comte, écoutant attentivement les mots qui sortaient de sa bouche. Si le début de son discours ne la surprit point, elle ne put s’empêcher d’hausser un sourcil en entendant la suite. Revenir sur leurs échanges? Adélina échangea un discret regard avec son cousin, qui, lui, haussa rapidement les épaules avant d’acquiescer. « Nous n’avions guère prévu un arrêt à Isgard pour être honnête avec vous, Votre Grandeur. Le capitaine de notre navire avait omis de nous mentionner qu’il devait y faire un arrêt, et ce même si cela n’est que pour quelques heures. » Elle s’arrêta un moment, observant silencieusement le comte. Avait-elle simplement envie de passer du temps avec ce dernier après leur dernière conversation? Peut-être que ce dernier avait réalisé qu’il avait fait une erreur? Soupirant silencieusement, la jeune femme acquiesçât, s’approchant du Comte alors que ce dernier se mit en marche, entouré par ses innombrables gardes. Aubry se tenait derrière sa cousine, l’air soudainement très grave. Il n’aimait pas réellement cette situation, et espérait que sa cousine saurait mettre de côté son caractère pour ne pas leur attirer d’ennui. « Avez-vous décidé de changer d’idée et de proposer quelques choses à votre tour? »

La tension était donc retombée et aucun incident diplomatique ne semble à présent poindre à l'horizon. Face aux mots d'Aubry, nul besoin d'attiser quelques nouvelles maladresses. En effet, il aurait été tout à fait louable et légitime d'indiquer à ce dernier qu'une femme encapuchonnée accompagnée d'un homme en arme pouvaient raisonnablement être viser par quelques soupçons de larcins. Non, Charles semblait décidé à couper court à ce fâcheux évènement mais qui avait eu le mérite de recroiser le chemin de la Rose de Lodiaker. Et ce fut fort de cette rencontre impromptue que le nouveau Comte d'Odélian s'offrit l'opportunité de réaliser en quelque sorte son meaculpa.

Prademont n'était clairement pas parti du bon pied dans ses relations politique et diplomatique avec la nordienne. Sa proche voisine avait écourté sa venue à Alonna et Charles semblait conscient d'avoir quelques peu tirer sur une corde sensible. Certes nordien, il avait passé le plus clair de son temps à la capitale ces dix dernières années, perdant ainsi de son caractère natal et il se devait de rectifier ce qu'il jugeait être une erreur. Alors que le groupe se mettait en mouvement, Adélina se formula en propos des plus honnête et face à cette attitude, Charles ne voulait manquer au change. Si le cordon de sécurité était rassurant, cette balade sur les quais allait produire des notes de second acte dans leurs pourparlers et le blondinet ne souhaitait que ne s'ébruite la moindre information, surtout en un lieu comme Isgaard, épicentre de mouvements commerciaux et de brassage de populations.

- C'est donc un chance et surtout un coup du destin que votre capitaine de navire ait fait halte en Isgaard. J'ai murement réfléchi à la tournure de ma visite en vos terres et je crois volontiers avoir commis des erreurs. Ce heureux hasard pourrait alors bien nous faire renouer avec la confiance et une relation durable. Je vous l'accorde, j'ai sans doute chercher à négocier à outrance de par ma position et celle d'Odélian, des plus avantageuse dans la région.

Il glissa vers l'alonnaise un regard entendu et sincère de son émeraude le plus parfait.

- Peut-être l'intimité ou tout du moins la quiétude de votre cabine sur votre navire serait un meilleurs endroit pour évoquer ce que je pourrais vous accorder comme mon "meaculpa", mademoiselle Damoiselle de Lodiaker et de Bransat ? Si vous me le permettez. Je crois nécessaire qu'un traité doit être trouvé et conclu. Je suis navré de devoir vous importuné alors que vous faisiez voyage vers d'autre horizon, je pourrais comprendre que vous voudriez remettre nos échanges à une autre ennéade.

Une fois n'est pas coutume, le Comte d'Odélian se formulait en excuses. Malgré son rang enviable, il savait être capable d'auto-critique et de jugement, capable d'envoyer aux oubliettes toute arrogant et orgueil de soit. Mais rien ne disait s'il serait force de persuasion auprès de la charmante demoiselle de sang Lourbier qui puis est étroitement surveiller par son cousin que Charles ne connais que trop peu.

La tête haute, le regard au loin, semblant fixer un point devant elle, la jeune femme écouta attentivement les paroles du Comte. Si au moins ce dernier avait reconnu avoir une erreur – ce qui était en soi un bon début – l’alonnaise ne lui faisait en aucun cas confiance. Et pour cause!  Elle avait eu l’impression que ce dernier avait tenté de se jouer d’elle, et des autres alonnais. D’ailleurs, elle se demanda bien si ce dernier avait réussi à faire une quelconque alliance politique ou commerciale avec la baronne et son régent… Adélina pouvait sentir le regard de ce dernier, mais froide, l’alonnaise ne bougea pas une seconde, continuant plutôt à écouter les explications du Comte. Elle ne pouvait le nier, il n’y avait pas un seul péninsulaire qui aurait craché sur sa mère patrie. Pas un seul n’avouerait que sa contré n’était meilleur que l’autre. Mais ces paroles ne tombèrent guère dans l’oreille d’une sourde. Position avantageuse? Réellement? Adélina n’était pas sous surveillance constance du Duc, elle. Du moins, pas officiellement. Tous savaient que la seule raison pour laquelle le Comte était sur le trône d’Odélian était due aux actions douteuses d’un de ses cousins qui assassina son propre frère. Il y avait tellement de rumeurs, tellement de doute, qu’Adélina avait bien du mal à voir la position avantageuse du Comte. Pour le moment, il n’avait que le titre, et il tardait à avoir le soutien de ses paires.


L’alonnaise pouvait sentir le regard du Comte alors que ce dernier se tourna vers elle, lui demandant un moment d’intimité. L’air légèrement choquée, la jeune femme s’arrêta net, tourna finalement son regard azuré vers ce dernier; « Dans ma cabine, Messire? Il n’en n’est pas question. J’ai une réputation à entretenir. » Jouait-elle la comédie? Non pas réellement… « Que diraient les gens s’ils apprenaient qu’un Comte à visiter ma cabine? » S’il y avait une part de vérité dans ses dires, il fallait aussi avouer que la jeune femme ne voulait pas réellement que le Comte apprenne qu’elle voyageait incognito. Si le capitaine avait été grassement payé pour tenir sa langue, elle ne pouvait en dire de même pour son équipage. « Si vous avez une offre à ma faire, je vous prierai de le faire ici, de toute façon vous œuvrez aux bien-être de ces gens non? Il n’y a donc rien à cacher… » S’arrêtant un moment, un léger sourire aux lèvres, la jeune femme reporta son attention devant elle, levant légèrement le menton avant de reprendre la parole; « Alors, quelle est votre offre, messire? » finissa-t-elle alors que derrière eux, son cousin leva les yeux aux ciels, savant pertinemment ce que sa cousine pensait.