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| L’Œil frémit, mais jamais ne se ferme | Piégé dans les ténèbres | Nehril | |
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Dante Corvac
Humain
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| Sujet: L’Œil frémit, mais jamais ne se ferme | Piégé dans les ténèbres | Nehril Mer 19 Mai 2021 - 0:58 | |
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An 18 du Cycle 11 Mois de Bàrkios, second mois de printemps, quatrième ennéade, Arkuisa,
D’abord vient la sensation, froide et horrible, de la pierre humide sur la peau. La pulsation lancinante sur son occiput d’un coup professionnellement placé. Ensuite vient l’odeur d’humidité et de moisi, couplé à la pisse et à de la merde… jouâ. Par chance, il n’a pas de lumière dans les yeux.
— Eh bien… Deuxième fois en quinze ans… — Super. Comme un bleu… Comme on s’éclate. Tiens le fort, le temps que je me remette les idées en place. — je fais ce que je peux, mais ils nous ont pas loupés.
Ensuite vient la sensation horrible des fers sur ses poignets, avec la douloureuse réminiscence du Voile. Le contrôle de l’assassin sur sa colère lui permet d’avoir une rage froide tandis qu’il finit par se relever douloureusement pour regarder sa cage. Les prunelles de bois clair et de vert blanc analysent l’endroit. Tout son être passe automatiquement en mode survis.
Un cri de douleur, lointain, lui fait tendre l’oreille. En ce moment, il gronde bas, tellement bas qu’il en est presque inaudible, comme un fauve entravé. Ce qu’il est.
— Tu voulais avoir le fin mot de l’histoire, ça l’air qu’on nage dedans mec. — Tu crois que toute cette arnaque c’était pour nous ? — TU vois autre chose ? — C’est quasiment aussi flatteur que la demi-ost et les félins à pointes.
Dans sa tête, son alter ego sourit de toutes ses longues dents. C’est qu’il est blagueur aujourd’hui.
— Maintenant. Comment on s’en sort ? — On observe… Et si ça fait pas, on crèvera en en amenant le plus d’imbéciles au passage. — Dignement parlé, mon héraut. Ricane La Bête.
Attentive, la conscience dans son crâne se roule en boule, restant derrière son œil vert, oreille tendue et griffes prêtes. Le second hurlement ne perturbe que peu notre homme qui se retranche derrière un silence digne de lA Mort elle-même. Faisant un pas, puis deux, il se rend compte qu’il est soigneusement entravé. Sérieusement ? Il leur fait si peur ?
Bon point pour lui, erreur pour eux, il a un pagne. Ça pourra servir. Prenant son temps, dans un cliquetis de chaînes, il fait jouer ses muscles secs pour les réchauffer. Les cicatrices de la boucherie lui ornant le haut du corps le symbole des esclaves de Zhak'Bar brûlé sur sa cuisse bien visible. C’est le cadet de ses soucis en fait.
— Apparemment ils t’ont eu aussi, fait une voix dans l’ombre.
Se tenant soigneusement hors de portée du filet de lumière qui éclaire ses pieds sales, l’homme ricane. Le regard inhumain de l’Ombre tombe sur deux pieds sales. il se doutait bien, avec l’odeur de pisse et de merde, qu’il n’était pas seul. D’ailleurs, un cancrelat passe dans le rai de lumière. Sans se démonter, Dante se penche pour le choper, avant de croquer à pleines dents dans la tête qu’il recrache avant d’aspirer le reste, le tout avec une étrange dignité. Qui sait, il aura sûrement besoin de toutes ses réserves.
Dante, méfiant à raison, se demande ce qu’il lui veut celui-là. Ami ou ennemi ? Que lui veut cette saleté d’Œil ? Ils l’ont en si haute estime que ca ? Outre les questions qu’il se pose, il lui faut gagner du temps avant que ses propres gars ne débarquent. En même temps, il pourrait apprendre des trucs. Dante a bien identifié l’entrée bloquée, ses gars le trouveront. Oh, bien sûr qu’il se pourrait que l’Œil les anéantisse tous, mais au prix de lourdes pertes.
Derrière le visage inexpressif aux yeux dépareillés, qui sait ce qui se trame cependant. Il a toujours été reconnu comme un solitaire notoire, un électron libre, aussi est-ce là sa meilleure chance.
Dans sa tête, Zhak'Bar gronde. Le vent tourne et il sent le sang.
Dernière édition par Dante Corvac le Mer 28 Juil 2021 - 16:32, édité 3 fois |
| | | Nehril Sang-mêlé
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| Sujet: Re: L’Œil frémit, mais jamais ne se ferme | Piégé dans les ténèbres | Nehril Mer 19 Mai 2021 - 12:05 | |
| Le bruit des chaînes qui se frottent contre les murs résonne, lourd et strident. Le prisonnier semble vouloir briser ses entraves à force de les râper contre les pierres coupantes de la cellule. Cette tâche est pourtant vouée à l’échec, étant donné l’épaisseur de vos liens, mais cela ne l’empêche pas d’y mettre du cœur et de l’entrain.
— N’escompte pas la venue de quelqu’un pour te tirer de là, reprend l’homme de sa voix grave. Je suis ici depuis plusieurs ennéades… enfin je crois… c’est difficile de jauger le temps qui passe dans ce trou. Il hésite avant de poursuivre. Mais j’ai jamais vu un seul de ces types depuis qu’ils m’ont emmené ici.
Ah, bien sûr… on essaye de faire parler en jouant le gentil allié. Ça sent le réchauffé… Laissant tomber la carapace vidée, Dante se met à examiner ses fers plus avant, derrière ses mèches d’encre avec une attention certaine. Derrière son attitude nonchalante, la majeure partie de son attention est tournée vers son colocataire extérieur, l’autre vers les grilles.
Son compagnon de cellule cesse son vacarme un moment avant de soupirer. Il semble plutôt heureux de deviser avec quelqu’un, même si celui-ci ne lui répond pas.
— Je suppose qu’on a tous les deux offensé cet Œil par nos actions, continue-t-il en reniflant. À vrai dire j’ai tué certains de ces chiens chez Trianna. J’espère que ces enfoirés l’ont bien senti passer. C’est ce qu’ils méritaient après avoir massacré ces hommes de la princesse Irohivrah.
Extérieurement, la posture de Dante devient plus coulante, il lui semble perdre quelques centimètres. Malheureusement, ses prunelles ne peuvent pas pâlir plus avant. Détendant ses muscles du poignet, il assouplit sa main droite, se préparant à se déboiter le pouce si nécessaire. Il se rongerait les membres plutôt que de rester ainsi entravé. S’accroupissant hors du cercle de lumière, il ferme les yeux et les détourne, pour ne pas se retrouver aveuglé.
— Ma mère m’a déjà dit de pas parler aux étrangers.
Rétorque la voix grave, rauque d’avoir jadis trop hurlé. Les murs ont des oreilles, ne crains pas les ombres, mais ce qui s’y cache. QUi sait qui les écoute et les regarde… Qui a osé s’en prendre à la favorite de son dieu ? Avec cette seule phrase, il l’encourage mine de rien à répondre. À l’affût du frisson caractéristique de la magie, ou du courant d’air indiquant une porte ouverte. Les pieds, bien posés à plat au sol, pour ressentir la vibration de pieds bottés. Il utilise son hypersensibilité à son plein potentiel pour aiguiser ses sens.
Le prisonnier s’esclaffe. Son rire chaleureux est rapidement étouffé par une quinte de toux. À moitié nu, son corps transi de froid, il était fort probable pour qu’il soit malade.
— Ainsi tu n’es pas muet, remarque-t-il en croisant ses mains. Ni sourd, les dieux soient loués. Ah, mais je me suis pas présenté, ainsi nous ne serons plus étranger l’un envers l’autre.
Son visage émerge de l’ombre. Ses traits sont tirés et son teint, cireux. Sale, sa chevelure brune tombe sur ses épaules nues, et sa joue ainsi que son œil droite sont tuméfiés. Plusieurs cicatrices parsèment son front ainsi que son menton, montrant les sévices liés à sa captivité. Néanmoins, son regard bleu vibre avec intensité alors qu’il poursuit d’une voix claire.
— Mon nom est Celmar, et toi ?
De l’autre côté de la cellule, un bref grondement agressif de bête fauve se fait entendre. Le prisonnier doit être content que Dante soit entravé, parce qu’il n’aurait plus de gorge à cet instant. Dans le noir, la voix se fait plus grave, plus grondante et plus impérieuse. Dénuée de toute humanité.
— V'zêtes combien coudonc ?
L’expression du dénommé Celmar s’assombrit. Ses yeux dévisagent lentement Dante.
— Comment cela ?
Un silence de mort accueille la question, avant que la voix rauque ne s’élève de nouveau avec cette fois, un calme glacial, professionnel.
— Je veux savoir combien de Celmar j’aurai encore à égorger.
Un éclair de lucidité traverse le regard de son compagnon de cellule. Il replonge lentement dans les ombres. Il comprend. Comprends que quelqu’un dans l’Œil s’est fait passer pour lui, s’est servi des informations qu’on lui avait extorquées sous la torture. Comprends finalement qui est la personne qui lui fait face. Sa voix n’est plus qu’un chuchotement, comme s’il craignait que quelqu'un les entende.
— Oh non, c’est toi Dante Corvac pas vrai ?
Seul le silence lui répond. IL faut croire qu’il est une sommité finalement. C’est ça la nouvelle manipulation de l’Œil ? Aussi bien jouer le jeu. S’il cafte trop vite, ça sera suspect.
— Par les dieux, ça veut dire que toi aussi tu as échoué. Nehril pensait que tu parviendrais à sauver la gamine si jamais les choses tournaient mal. Il reste un instant silencieux, comme s’il redoutait la réponse à sa prochaine question. Elle est morte, c’est ça ?
UN reniflement de dérision.
— Bien oui que je vais tomber dans le panneau, Celmar mon chou. Je présume que l’Œil veut des détails ? C’est qu’un sac à viande comme un autre, elle a quoi de si spécial cette gamine pour qu’on m’ait engagé pour lui sauver le troufion ?
Celmar pousse un long soupir. La nouvelle de l’échec de Dante semble l’avoir lourdement impacté. Il met un certain temps pour répondre, plongé dans ses pensées.
— Elle n’a aucune importance pour nous, répond-il en basculant sa tête en arrière. Mais elle en a pour celui qui est derrière l’Œil. Celui-là même qui la pourchasse depuis tant d’années.
Il souffle le reste de sa phrase avec une grimace.
— Elle en a pour Valkorna… Soryngar.
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| | | Dante Corvac
Humain
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| Sujet: Re: L’Œil frémit, mais jamais ne se ferme | Piégé dans les ténèbres | Nehril Dim 23 Mai 2021 - 16:24 | |
| Plus ça va, plus Dante en a sa claque, ce qui se reflète par le ton de plus en plus posé et pro qu’il a. Soryngar et Soryngar, oui, bon, ils sont de la même famille. Faut croire que c’est une tendance le fratricide. Il aura le l'temps d’éclaircir la situation plus tard. IL y a du "qui", mais la palette du "pourquoi" est toujours aussi vaste.
— Tu t’enlèves les doigts du cul et tu m’expliques clairement?. J’ai ni le temps ni la patience pour les devinettes.
Celmar ricane, comme si ce que venait de dire Dante était sujet à plaisanterie. Il semble enclin à vouloir raconter son histoire, même si ses doutes concernant l’identité de son compagnon de cellule n'étaient pas tout à fait levés. Mais peu lui importe. Après tout, l’Œil connaît déjà l’histoire qu’il s’apprête à raconter.
— Parce que tu crois que j’ai toutes les réponses ? réplique-t-il en laissant à nouveau la lumière éclairer son visage. On avait pour mission avec Nehril de trouver qui était derrière l’organisation qui le traquait, lui et la gamine. Et à force de remuer la merde, de fendre des crânes, on a trouvé. Il crache au sol. C’était ce Valkorna Soryngar ! Ce Val-putain-de-Korna !
Il tire sur ses entraves avec hargne. Son calme apparent semble avoir déserté au profit de la colère. Dans son recoin, Dante a un sourire intérieur. Il y a maintenant un nom sur cet ennemi. On progresse.
— Nehril m’a demandé de l'aider, je lui en devais une après le contrat de Keibourg. Il m’a clairement dit qu’il devait crever cette enflure et m’a envoyé ensuite trouver le camp de Valkorna afin qu’on lui fasse la peau. J’étais avec Nehril, au début. Je l’accompagnais lorsqu’on a appris que c’était cet homme qui dirigeait l’Œil. J’ai vu son expression. J’ai vu qu’il comptait lui-même l’éliminer.
Ah ben, manifestement, le bon samaritain a manqué son coup. Crétin. S’ils avaient travaillé en équipe comme en Aduram ils auraient eu de meilleures chances. Mais non, on dit rien au pauvre Dante. Il est bon qu’à se saouler avec. Ce n’est pas le temps de se laisser aller, focus mon grand. Immobile, l’assassin est tout ouïe pendant que Celmar tire à nouveau sur ses chaînes avec plus de force. L’ancien allié de Nehril reste un moment silencieux.
— Oh j’ai appris comment trouver le campement, poursuit-il en évitant sciemment de lui révéler par quel moyen. Mais je me suis fait choper en cours de route. Ils m’ont torturé, longuement. C’est le sort qui t’attend aussi. J’ai tout avoué, naturellement. Ton nom, ce que je savais sur Nehril, mais jamais… jamais je n’ai dit quelque chose sur Ceralyn.
Celmar pointe un doigt accusateur sur Dante qui ne cille pas. Pourquoi il a donné le nom d’un gars qu’il ne connaît pas ?
— Mais t'as tout fait foirer. Tu devais la protéger bordel ! Pas courir après cet Œil pour te faire choper ! Maintenant… tout… TOUT ce qu’on a fait n’a servi à rien.
L’assassin ne le détrompe pas. La meilleure protection de la jeune femme est ce qu’il a fait et SI elle l'écoute. Ce qui lui donnerait deux ennéades, mais sa désobéissance reste une possibilité non négligeable. S’il met la patte sur un Nehril vivant, il va sentir passer sa torgnole.
— Tu louvoies, tu esquives, mais tu ne me réponds pas. Soryngar lui voulait quoi ?
La colère de Celmar semble s’apaiser. Ses ressentiments à l’égard de Dante ne sont là que pour trouver un exutoire à son propre échec. Une autre personne sur qui rejeter la faute. Il le sait. Il serre les dents avant de répondre.
— Je ne sais pas. Seul Nehril le sait. Nehril et ce bâtard de Naevyn. Mais le premier est sûrement mort quand le second est piégé avec nous dans une autre cellule.
Il y a un moment de silence. IL ne sera pas capable de se déprendre de ses fers sans s’handicaper. IL aura besoin de ses mains et de ses pieds. Réfléchissons à autre chose.
— D’où tu sais mon nom au fait, je t’ai jamais vu, j’ai la mémoire des visages.
— Tu poses beaucoup de questions, rétorque l’autre, mais moi non plus je ne sais pas si tu es vraiment ce que tu prétends être. Comment savoir que tu ne bosses pas pour l’Œil ou pour quelqu'un d'autre afin que je te révèle où se cache Ceralyn ?
— Je vois qu’on est sur la même longueur d’onde. T’es en état de te battre ?
— Si c’est pour aller casser quelques têtes dans un ultime baroud d’honneur, j’en suis, répond son compagnon de cellule. Tout plutôt que rester moisir ici. Mais je pense que t’oublies un détail le génie, ajoute-t-il en désignant ses chaînes.
Dante ne répond pas. Les chaines se font entendre pendant qu’il farfouille à la recherche d’un truc qui lui permettrait de crocheter ou briser les serrures de ses fers. IL a rien d’autre à foutre de toute façon.
— Le seau à merde, il est où ?
— Un seau ? répète Celmar avec un air sombre. Non mon pote, ici c’est chambre de luxe. On défèque et on se couche sur nos propres déjections. Ça tient au chaud, crois-moi.
— Trouve-moi quelque chose de droit, d’étroit et de dur, fouille dans ton coin, vérifie les fixations de tes fers, les coins de murs et de plancher…
Ordonne Dante d’un ton qui ne tolère aucune protestation.
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| | | Nehril Sang-mêlé
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| Sujet: Re: L’Œil frémit, mais jamais ne se ferme | Piégé dans les ténèbres | Nehril Dim 23 Mai 2021 - 16:46 | |
| — Cette description me fait étrangement penser à quelque chose de mon anatomie, ironise Celmar avec l'ombre d'un sourire aux lèvres, mais je présume que ce n’est pas le moment pour les blagues salaces.
Il se penche en arrière et saisit un lourd récipient cubique. Les hommes de l’Œil s’en étaient servi pour le droguer durant sa captivité. L'Œil était sournois, le tentant avec ce pot rempli d'une substance qu'il savait hallucinogène. Il n'avait pas eu le choix : périr déshydraté ou boire.
Et le récipient était vide depuis bien longtemps.
— Tiens, attrape, le prévint-il en lui lançant l’objet.
L’attrapant, Dante l’examine à la faveur du trou de lumière. Dans la faible clarté, le côté ravagé de son visage et son œil vert blanc sont éclairés d’une façon fort inquiétante. Mais qu’est-ce que c’est que ce truc par Zhak'Bar ? Ok, en bois et… en métal ? Et… ça, c’est un clou ? Retournant dans les ténèbres, Dante amène sa trouvaille. Pendant plusieurs minutes, il y a le bruit du récipient impitoyablement malmené. Par deux fois il revient dans la lumière regarder son avancée.
Puis, pendant une dizaine de minutes, il n’y a que le silence entrecoupé par d’infimes bruits de chaînes pour Celmar. Puis, encore du silence, avant qu’une silhouette silencieuse ne se matérialise à côté de Celmar, lui ordonnant silencieusement de lui montrer ses menottes qu’il crochète avec célérité.
Celmar observe Dante s’affairait avec incrédulité, se demandant comment il a réussi à s’extraire de ses chaines. Mais ce n'était pas le moment. Ses menottes défaites, l’homme se frotte les poignets avec vigueur pour en chasser les démangeaisons. Ses yeux bleus se plantent ensuite sur la porte de leur cellule et il se redresse avec difficulté. Il fait quelques pas maladroits, prenant progressivement ses marques après de longues ennéades passées accroupies dans l’obscurité.
— Bien, commence-t-il en avançant vers la grille. Je suppose qu’on n’a pas d’autre choix que de se faire confiance pour sortir d’ici en un seul morceau. Je dois trouver la cellule de Naevyn Faël. Lui seul connaît l’emplacement du campement de Valkorna. Une fois la tête du chef coupée, l’Œil devrait se dissoudre rapidement. Il plante son doigt dans le torse de Dante. On est plongé dans cette affaire jusqu’au cou désormais. L’Œil nous a vus, il ne nous lâchera plus. C’est notre meilleure chance. Il secoue la tête, comme pour rassembler ses pensées. De ce que j’ai appris, ce Naevyn était autrefois l’un des proches de Valkorna avant d’avoir tenté de l’assassiner.
Une fois la tête de l’Œil coupée, il en faudra une autre en effet.. C’est une opportunité qui pourra être intéressante. S’il survit.
— T’es trop bavard.
Commente succinctement Dante qui se recroqueville sur lui-même, laissant son hypersensibilité faire le boulot.
Celmar craque les jointures de ses doigts.
— Et toi pas assez, rétorque-t-il en lui jetant un regard sombre. Il va ensuite falloir trouver Nehril. C’est lui qui verra s’il peut te faire confiance ou non.
Le mercenaire tournant le dos à l’assassin, il ne peut voir l’éclair qui traverse le regard dépareillé. Celmar va crever avant d’amener l’ennemi aux portes de Nehril, c’est certain.
L’ancien détenu saisit rapidement les clous extraits du récipient lancé à Dante plus tôt et s’en sert pour crocheter la serrure. Cela ne lui prend guère de temps, étant particulièrement adroit avec ce genre d’outils. Apparemment les hommes de l’Œil vouaient une plus grande confiance envers les chaînes qui entravaient les prisonniers qu’envers la sûreté des portes de cellules. Peut-être pensait-il que personne ne pouvait s’échapper de ces geôles ?
Une fois la porte ouverte, Dante reprend les précieux outils et Celmar lui désigne le couloir.
— La voie est libre, on bouge.
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| | | Dante Corvac
Humain
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| Sujet: Re: L’Œil frémit, mais jamais ne se ferme | Piégé dans les ténèbres | Nehril Mar 25 Mai 2021 - 11:03 | |
| Les deux hommes progressent silencieusement dans les ombres, prenant garde à ne croiser personne au détour d’un couloir. L’Ombre se fait de plus en plus petite, frôlant le mur et posant régulièrement la main au sol, reniflant l’air et écoutant. Il n’aime pas ça. Le poil de sa nuque se hérisse, tout est trop calme, aucun garde ne semble surveiller l’endroit. Le mercenaire n’aime pas ça non plus et redouble de vigilance.
Dante, après un moment, décide de crocheter et d’ouvrir une porte de cellule vide. Un claquement de langue et il enjoint son allié du moment de le rejoindre et de se plaquer contre le mur un moment. Ils doivent prendre une pause. Et il chuchote, à peine audible.
— On ira pas loin à poil.
L’autre acquiesce.
— Il faut prier pour qu’ils ne se soient pas débarrassés de notre équipement, commente-t-il en jetant un coup d’œil dans l’embrasure de la porte. Toujours aucun signe des gardes. Ça me plaît pas, mais il faut continuer à bouger.
Il ouvre la porte lentement, prenant garde à ne pas faire grincer les gonds. Les deux hommes retournent dans le couloir et le longent dans toute sa longueur. Dante, en apparence collaboratif, est de plus en plus méfiant. Celmar semble un peu trop en savoir, pour ce qu’il en sait, il peut s’agir d’un test. L’endroit est toujours aussi sombre, mais quelques filets de lumière vinrent éclairer le sol pour qu’ils puissent se repérer. Leur pied frappe la pierre froide, et une brise glaciale vient leur caresser l’échine.
Étrange constat, autant l’endroit a l’air grand, autant c’est vide. La disposition des lieux lui rappelle étrangement le temple souterrain de Zhak'Bar à Thaar. Prenant la peine de regarder la pierre des murs, il essaye de voir si elle est Thaari aussi. Au fil de leurs pérégrinations, il devine aisément que non, ils ne sont plus au camp.
Après de longues minutes à écumer les environs, les deux évadés finirent par tomber sur une pièce éclairée. La seule. Celmar échange un regard avec Dante avant de se glisser près de l’ouverture. Il jette un coup d’œil à travers la serrure et enjoint son compagnon à faire de même.
L’intérieur est bien trop lumineux pour quelqu’un ayant évolué un temps dans les ombres, mais la vision de l’assassin s’éclaircit après un moment. La chance lui sourit. Il voit ses effets personnels, ses vêtements et ses armes qui trônent sur la table du centre. À leur côté gît également une longue lame dentelée appartenant probablement à Celmar. Et derrière la table, une grille derrière lequel est assis en tailleur un elfe.
Tout ce dont ils ont besoin, commodément réuni en une seule pièce. Si c’est pas mignon !!!!
— Naevyn Faël, confirme Celmar en hochant la tête, se récoltant un regard torve de l’assassin : mais est-ce qu’il va la fermer sa putain de gueule ?
Tout paraît presque trop beau pour être vrai. Presque. Une ombre passe devant la serrure, ainsi qu’une seconde puis une troisième. Vêtues de larges capes, les silhouettes décrivent des cercles dans la pièce. Elles ne parlent pas entre elles et gardent leurs mains sur leurs armes : de longs couteaux acérés qu'elles semblent avoir l’habitude de manier.
Un deux trois, nous allons au bois....
Fermant les yeux, Dante pose une main au sol, laissant l’autre sur le battant. Il tourne la tête à gauche, puis à droite, en haut et en bas. Examinant le corridor. Silencieusement, il fait signe à Celmar de le surveiller à son tour. Son compagnon acquiesce et repli légèrement son corps en avant avant de guetter les environs. L’assassin y lit une posture de combat. Apparemment, Celmar semble capable de se défendre par lui-même. Il reporte alors son attention sur la serrure, se tordant le cou pour mieux analyser l’environnement. Il y a possibilité de deux adversaires supplémentaires de chaque côté de la porte, et ça, c’est s’il n’y en a pas de cachés dans les pièces annexes.
C'est qu'il a l’air joueur le Soryngar! Un pleutre joueur se cachant derrière ses hommes. Prévisible...
Quatre cinq six, pour manger de la saucisse…
Sans aucune considération pour sa nudité, Dante enlève son drap d’autour de ses reins et le tord jusqu’à en faire un genre de corde qu’il garde dans ses mains, il regarde de quel côté la porte s’ouvre. Penchant légèrement la tête de côté, les couilles à l’air, il a un regard en coin, animal, de son œil vert, pour Celmar, avant de lui faire signe silencieusement d’ouvrir la porte de ce piège. Quand il l’a libéré, non, ce n’était pas gratuit. Celmar retire son pagne pour imiter Dante et le serre autour de ses poings.
Sept huit neuf, pour chasser le bœuf…
La porte semble solidement enchâssée dans le mur, rendant la tâche de la défoncer risquée. Mais peut-être est-elle simplement ouverte ? Les yeux de l’assassin observent également les alentours, tâchant de percevoir une imperfection dans la roche, un interstice, une ouverture, même une simple fenêtre. Mais rien de tout cela n’attrape son attention.
À moins que… levant la tête, Dante aperçoit une ouverture à plusieurs mètres au-dessus du sol. L’une des poutres soutenant l’endroit traverse la pièce où l’attendent ses armes et les hommes de l’Œil. De ce qu’il en voit de sa position, le passage est particulièrement serré et il devra probablement forcer pour se faufiler dans la salle. Mais ça c'est s'il arrive déjà à atteindre la poutre qui s’élève à quatre mètres du sol.
Pensez-vous que ça va décourager notre homme ? Sûrement pas ! D’un signe, il stoppe le mercenaire avant de pointer en l’air. Le plus rapide pour atteindre la hauteur serait de lui ordonner de le hisser. Mais est-ce que ledit Celmar serait capable d’un tel exploit après ces ennéades ? Il a l’air encore bien vert en tout cas.
Interrogatif, Dante pointe le compagnon d’infortune, lui, puis en l’air. Puis trois fois dix doigts, en espérant qu’il sache compter jusqu’à trente, avant de pointer la porte et de mimer une simple poignée qu’on tourne. Les clous retrouvent la main du mercenaire.
Celmar répète le geste, imitant les trois fois dix doigts avant de mimer l’ouverture de la porte. Puis il lève le pouce en l’air en hochant la tête. Il met ensuite ses mains jointes vers le bas afin de l’aider à lui procurer l’impulsion nécessaire pour atteindre la poutre. Il semble confiant en sa force.
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| | | Nehril Sang-mêlé
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| Sujet: Re: L’Œil frémit, mais jamais ne se ferme | Piégé dans les ténèbres | Nehril Ven 28 Mai 2021 - 20:10 | |
| On a deux gus flambants nus et crasseux qui jouent aux acrobates en plein milieu d’un corridor. Eh bien, ce n’est pas banal du tout. La vie d’assassin est une succession de trucs improbables d’ailleurs. Le drap est déroulé, déplié et replacé de façon à ce que son anatomie ne traine pas partout dans le passage. En espérant qu’il ne se plante pas, sinon, et bien, ça fera un superbe perchoir pour les surprendre ou se planquer en attendant.
Ni une ni deux, les grands doigts agrippent la poutre. Avec sa flexibilité naturelle, nullement entravé par son équipement, Celmar peut voir l’humain se tortiller comme un chat, s’enrouler et se stabiliser autour du montant, avant de passer par dessus, couché.
Le regard vairon analyse le passage étroit. En temps normal, avec son équipement, il ne passerait pas. Tendant les bras vers l’avant, il découvre que nu, il passe de justesse.
En l’air, une main apparaît. Dante la flashe pour signifier de compter jusqu’à quarante à la place. Dante ne sait pas si son compagnon l’a bien vu. Il l’espère.
Un œil à gauche, puis à droite. Toujours personne dans le passage. L’Estreventin se met alors à ramper au travers de l’étroit trou, jusqu’au-dessus de ses cibles. Toujours couché sur le bois, il prend la peine d’évaluer la situation de sa place privilégiée, sans trop se cacher du prisonnier.
Trois silhouettes encapuchonnées décrivent des cercles autour d’une table, leur longue cape traînant sur le sol, entraînant poussière et suie dans leur sillage. Elles ne discutent pas entre elles, ne s’accorde même pas un regard, mais l’assassin sent la tension qui se dégage d’eux. Les armes de Celmar et de Dante sont délicatement posées sur la table, comme un dragon protégeant son trésor. D’un bond, il pourrait s’en saisir… si les hommes de l’Œil lui en laissent l’occasion.
En dehors de la prison et de la table, la pièce en elle-même est presque nue. Aucune chaise, aucun mobilier ne la garnit. Les yeux de l’assassin glissent sur le feu ronflant qui s’élève de l’âtre, mais ne repère aucun tison ou autre outil nécessaire pour l’attiser. La moitié du temps est écoulé. Celmar jaillira bientôt de l’autre côté de la porte.
Un regard vert émeraude se plante soudainement dans celui de Dante. L’elfe l’a enfin remarqué, mais demeure impassible. Son visage est comme ceux de sa race, sans âge. Contrairement à Dante et Celmar, les hommes de l’Œil ne l’ont pas dépouillé de sa dignité. Il porte ainsi des vêtements de factures simples, mais élégants, qui lui confèrent un charme certain. Ses cheveux sont longs et noir jais, tombant négligemment sur ses épaules. Dante ne l’a jamais vu, il en est certain. Néanmoins, son apparence lui dit quelque chose. C’était comme s’il l’avait déjà vu, mais à une autre époque…
Il y verra plus tard. Pour le moment, il s’attend à moitié que toute cette merde ne soit qu’une vaste fumisterie. S’attendre au pire, toujours, comme ça on est jamais déçu.
L’elfe reste calme. De ses yeux il fait l’aller-retour entre Dante et les hommes de l’Œil, comme pour lui passer un message. Il se redresse légèrement. Puis se met à frapper violemment les barreaux de sa cellule. Les hommes de l’Œil cessent aussitôt leur aller-retour pour se tourner dans sa direction.
Celui qui est le plus près de l’elfe se fait tomber littéralement sur le râble, la nuque cassant net sous l’impact. Les cuisses puissantes de l’Ombre se mettent en mouvement, sans attendre, le faisant bondir comme un ressort sur le deuxième. Pour le moment, la table le protège à demi du troisième gus.
Le spectacle est étrange, cet homme nu qui se bat avec un simple drap et la hargne d’un fauve contre un adversaire en avantage manifeste. Un mouvement savant du tissu désarme le garde. La porte s’ouvre avec fracas, repoussant le troisième homme de l’Œil qui allait se jeter sur Dante. Celmar jaillit dans la pièce, ses bras saisissant l’arme de son adversaire avant de le projeter au sol en le faisant basculer par dessus son épaule. D’un geste du talon, il frappe ensuite la nuque du malheureux qui ne lâche qu’un grognement rauque en sombrant dans l’inconscience.
Un coup de reins qui lui fait éviter l’arme adverse, deux trois esquives plus tard et le dernier corps tombe dans un étrange gargouillis. L’assassin se tourne alors vers Celmar qui finit le sien et lui fait un signe silencieux de verrouiller derrière. Ce dernier hoche la tête pour saluer sa prestation avant de s’exécuter. Sans attendre, Dante torche rapidement les saletés sur son corps tout en examinant rapidement son matos d’un œil expert, cherchant tout ce qui pourrait indiquer qu’on l’a trafiqué. Dédaignant sa propre chemise et pantalon parce qu’il aurait été facile de mettre une toxine sur le tissu et de le laisser sécher. Dante ne prend aucune chance. C’est un peu trop ample et ca gratte, mais ca va faire le job. Vérifiant ses bottes avec un soin maniaque et célérité avant de les enfiler il ne porte pas attention à l’elfe, mais c’est un leurre. Il surveille les interactions. Pour l’instant, ce dernier ne fait que le fixer silencieusement.
En un tournemain, la sacoche de cuisse trouve sa place et sa ceinture d’arme s’appuie de nouveau sur ses hanches étroites. Il a laissé ses cheveux dénoués, ce qui lui donne un air sauvage.
Alors, enfin, accorde-t-il son attention au duo. Celmar quant à lui ne prend pas de telles précautions. Il enfile à nouveau ses vêtements, ajustant son gilet indigo et son pantalon en cuir noir ainsi que ses bottes souples. Il examine un instant son épée dentelée et la parcourt tendrement de la paume de sa main. Dante roule intérieurement des yeux devant ce manque de professionnalisme. Il se contente de fixer froidement le mercenaire en finissant d’ajuster son bracelet de force.
— Vous vous retrouverez plus tard, on a du boulot, claque la voix rauque d’un ton neutre tandis qu’il finit de placer Surprise.
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| | | Dante Corvac
Humain
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| Sujet: Re: L’Œil frémit, mais jamais ne se ferme | Piégé dans les ténèbres | Nehril Mar 29 Juin 2021 - 22:58 | |
| — Naevyn Faël ? demande Celmar en rengainant son épée suite à la remarque de l'assassin.
L’elfe plisse les yeux. Il détaille attentivement les deux intrus avant d’opiner.
— C’est moi, fait l’intéressé. Sa voix est onctueuse, grave et mélodieuse. Les deux hommes constatent les accents magnétiques, presque envoûteur de son timbre. À qui ai-je l’honneur ?
Les prunelles pâles de l’Estreventin se plissent jusqu’à devenir quasi incandescentes. Sa grande bouche garde son pli neutre. Si ce n’était des yeux, il pourrait être un golem.
— T’es mage ? Coupe-t-il de son ton égal, sans émotion. Et, surtout, sans répondre.
— En effet, répond simplement l’autre qui avait sans nul doute détaillé les cicatrices et marques de Zhakbar qui ornent son corps.
Celmar soupire avec agacement.
— On n’a pas le temps pour ça, intervient-il en fouillant le corps des gardes. Tu sais où se trouve le campement de Valkorna ? Et je te parle pas de ce faux campement que l’Œil utilise pour piéger les p’tits nouveaux. Je te parle de son vrai repaire.
Les yeux verts de l’elfe se tournent vers le mercenaire. Il le jauge un instant avant de répondre.
— Oui, je sais où il se trouve.
— Tu peux nous y conduire ? reprends Celmar en faisant tinter les clefs de la prison qu’il vient de récupérer dans l’une des poches du cadavre sur lequel il est penché.
Dante l’interrompt, il faut savoir bien formuler les demandes.
— Changement de plan. Mène-moi à Valkorna. Et briefe-moi sur le connard en chemin. Je veux aussi savoir si tu es responsable des zombis contre lesquels je viens de me battre.
Le regard émeraude scrute à nouveau le visage de l’assassin.
— Vous souhaitez donc que je vous mène au manoir où il se terre, comprend l’elfe en rentrant ses mains dans ses longues manches. Fort bien. J’ai également un compte à régler avec ce scélérat.
Il désigne d’un geste de la tête les cadavres qui gisent au sol.
— Quant à ces hommes… la foi aveugle qu’il voue en leur maître en a fait de parfaits pantins. Ignorant la peur de la mort et la douleur. La drogue obscurcit leur esprit. À leurs yeux, l’Œil n’est plus seulement une organisation, il est un dieu omniscient qu’ils révèrent. Je ne suis pour rien dans leur déchéance. Leur faiblesse en est la seule cause.
Dante a un léger rire. Première manifestation d’une émotion humaine. UN rire qui ne se rend pas aux yeux. Au manoir… tiens donc, un voisin de Rutsi ? Cela se pourrait-il ? À droite il a une veuve avec ses morveux, à gauche un papi sans descendance…
— Super ! Je suis tout ça, mais bien à jeun. T’as ton catalyseur ?
Naevyn l’observe silencieusement. L’ombre d’un sourire naît sur son visage avant de disparaître tout aussi subitement.
— Pensez-vous que je demeurerais sciemment entre ces murs si tel était le cas ? répond simplement l’elfe en dévoilant à nouveau ses mains. Bornez-vous à réfléchir avant de proférer de telles sottises, humain.
Le regard dépareillé se teinte d’une lueur indéchiffrable. Dans sa tête, les rouages fonctionnent à plein régime. Un mage… Peu importe la branche, pourrait être un atout non négligeable. SI il n’est pas un traître, SI il n’est pas le chef de l’Œil.
— Prochain catalyseur, prend quelque chose d’avalable au moins. Il est dans bâtisse ?
Naevyn hausse les épaules.
— Ces hommes devraient probablement le détenir, lui confie-t-il en désignant l’un des cadavres. Une bague, ornée d’une pierre bleue.
Celmar se penche à nouveau sur le corps. Il le fouille un instant avant d’en saisir une bague qui paraît bien familière aux yeux de Dante…
— Celle-ci ? le questionne le mercenaire en l’examinant un moment.
— Celle-ci, confirme l’elfe d’un ton monotone.
— Donne-moi ca.
Ordonne soudainement Dante d’un ton bas, grave, portant sans forcer une autorité tranquille. Légèrement grondante. La grande main aux gants sans doigts se tend. Un test pour Celmar qui la lui donne. Après l’avoir examinée, il la range en sûreté. Il y a des explications qui se doivent, cette impression qui lui colle à la peau. Il ne sait pas d’où, mais il le connait et Dante déteste cette impression.
— On débarrasse… On fera la causette plus tard. Celmar, rajoute-toi une dague, ta Fille en espace clos sera pas bien.
— Bien vu, acquiesce le mercenaire en saisissant l’une des dagues des hommes de l’Œil. Oh, jolie pièce de métal.
Il la fait un instant virevolter dans sa main avant de la coincer à sa ceinture sous le regard impassible de son compagnon d’infortune. Puis, il fait tourner les clés entre son index avant d’aller déverrouiller la cellule de Naevyn. Ce dernier reste un instant immobile avant de sortir. Il continue d’observer ses sauveurs avec un air impassible. Comme qui dirait, la confiance ne règne pas en maître.
— On peut pas dire que la gratitude t’étouffe mon vieux, remarque Celmar en ouvrant lentement la porte de la pièce. La voie semble libre. On bouge ?
L’elfe se tourne vers Dante. Il ne fait aucun geste pour se saisir d’une arme qui repose à même le sol.
— Tu te bouges et tu viens ? Ou je t’égorge pour couvrir nos traces ? Demande ce dernier d’un ton pince-sans-rire. En fait, il est très sérieux. Si le mage n’est d’aucune utilité, il ne laissera aucun témoin.
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| | | Nehril Sang-mêlé
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| Sujet: Re: L’Œil frémit, mais jamais ne se ferme | Piégé dans les ténèbres | Nehril Mar 29 Juin 2021 - 23:13 | |
| Naevyn n’en prend pas ombrage. Il dévisage même Dante avec une plus grande intensité, ses yeux émeraude scintillant faiblement sous la lueur des torches. Il finit par les suivre lorsqu’ils quittent la pièce.
— Allez, maintenant il faut trouver la sortie, grommelle Celmar en les conduisant au premier embranchement. On vient de la gauche c’est ça ?
— C’est à droite, leur révèle l’elfe en le dépassant tranquillement pour emprunter la galerie.
Celmar jette un regard à Dante qui hausse les épaules en lui faisant un léger signe de rester vigilant avant de suivre Naevyn, la main sur sa dague. Les deux hommes progressent lentement, contrairement à l’elfe qui semble faire preuve d’une grande insouciance, ou d’une confiance particulièrement forte, en évoluant de manière décontractée dans les artères de la prison ennemie. Subitement, leur compagnon pénètre dans l’une des salles qui jouxtent le couloir principal. Cette dernière est remplie de papiers, livres et chaises qui s’entassent jusqu’à atteindre le plafond. Le sol est poussiéreux et l’air humide.
— Hmm, fait simplement Naevyn en consultant l’un des volumes qui sont à demi ouverts sur une table d’étude.
Il le dépose après un moment puis désigne l’une des bibliothèques qui tapissent les murs.
— Veuillez renverser cette étagère, je vous prie, leur dit-il en ne leur accordant aucun regard.
Celmar plisse les yeux puis finit par hausser les épaules et s’exécute. S’arc-boutant, il pousse le meuble en appuyant ses pieds contre le mur avec un grognement. Dans un craquement effroyable, la bibliothèque s’écrase au sol, malgré les tentatives du mercenaire pour la faire s’écrouler le plus calmement possible. Naevyn laisse tomber le papier qu’il lisait avant de s’engouffrer dans le tunnel désormais révélé.
— Bordel, jure Celmar en passant sa main sur les murs vétustes de la galerie, comment saviez-vous qu’un tel passage existait ?
— Un tel passage existe toujours, explique Naevyn en croisant ses mains dans son dos. Bandits et assassins n’ont que peu d’imagination, ils répètent sans cesse les mêmes schémas, les mêmes rouages en pensant que cela les rend suffisamment malins. Cette paresse d’esprit nous est une fois de plus salutaire.
Dante ne marque aucune réaction devant l'avertissement ? Le reproche ? La menace ? Implicite du mage. Le mercenaire renifle. Les trois hommes poursuivent leur chemin pendant de longues minutes qui finissent par devenir des heures. Le sol commence à devenir spongieux sous leur pas, mais Naevyn ne ralentit toujours pas l’allure. Ses mains toujours dans le dos, il avance avec fermeté et détermination. Puis, à un embranchement, la lumière finit par crever l’obscurité et par inonder le tunnel. Ils arrivent face à une large ouverture, à demi dissimulée derrière une lourde roche.
— Il n’y a pas d’hommes qui surveillent l’accès à cette prison ? s’indigne Celmar en jetant des coups d’œil autour de lui.
Dante est déjà parti un peu plus loin, pour évaluer le terrain... Ils doivent bouger, et vite.
— Les hommes de Valkorna ont commencé à se déployer, révèle l’elfe en faisant un geste impérieux pour que ses compagnons dégagent le chemin. Leurs pions sont en place. Cette prison n’offre plus aucun intérêt à leurs yeux. Le manoir Rutsi a été attaqué hier. Des mercenaires zurthans à leur service ont commencé à bouger. Ils ne le savent pas encore, mais ils ne sont que des outils. Des esclaves serviles qui seront exécutés une fois leur mission achevée.
Le rocher finit par basculer en arrière dans un bruit mat. La lumière les éblouit tous un moment avant que les trois hommes ne sortent du tunnel. Ils se situent à l’ombre d’un pin, ses épaisses racines noueuses masquant l’entrée de la prison. Autour d’eux quelques oiseaux piaillent, le vent souffle légèrement dans leurs cheveux. Le soleil en revanche est sur le point de se coucher.
— Je vais m’infiltrer dans le manoir de Valkorna ce soir, lance Naevyn d’une voix claire en se tournant vers Celmar au moment où Dante réapparaissait. M’accompagnerez-vous ?
— Pour un prisonnier, je te trouve pas mal au jus…
Rétorque Dante, placide comme ce n’est pas permis.
— Rappelle-toi qu’il était dans les confidences de l’Œil avant d’être emprisonné, intervint Celmar en se massant ses épaules endolories. Ne devrions-nous pas reporter l’attaque contre Valkorna à demain, Naevyn ?
Dante le regarde comme s’il était fou. L’elfe joint ses mains comme pour prier.
— D’ordinaire une trop grande précipitation causerait notre chute, les prévint-il en levant les yeux vers le ciel. Mais l’Œil comprendra rapidement que nous nous sommes échappés. Si nous voulons prendre Valkorna par surprise, nous devons le faire ce soir. Demain, il sera trop tard.
— Décarrons d’ici. On causera à couvert. T’as beaucoup à nous dire mon mignon.
— Je parlerai, consent Naevyn, si vos questions méritent d’être entendues. Mais vous avez raison, partons à présent. Êtes-vous capable de nous diriger dans la direction de Thaar ou devez-vous compter encore une fois sur mon aide ?
Pour toute réponse, l'assassin lui lance un regard indéchiffrable. Il a arpenté l'Estrevent en long, large et en travers. Bien sûr qu'il a une idée générale de où ils sont. Mais il ne veut pas trop en montrer.
— Je devrais pouvoir nous diriger, intervint Celmar en jetant un regard agacé vers Naevyn. Je connais cette région. Nous sommes à quelques heures de Thaar. Venez, il nous faut trouver des chevaux pour gagner au plus vite la cité.
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| | | Dante Corvac
Humain
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| Sujet: Re: L’Œil frémit, mais jamais ne se ferme | Piégé dans les ténèbres | Nehril Mar 29 Juin 2021 - 23:46 | |
| Les trois hommes sont réunis autour d’un feu de camp, leurs chevaux piaffent derrière eux alors qu’ils prennent quelques minutes de repos pour se sustenter. Les branches, rassemblé par Celmar se noircissent rapidement, mais cela suffit à faire griller la chair des lapins qui sont suspendus au-dessus des braises. Dante les avait brillamment attrapés avant de les remettre à Naevyn qui s’était chargé de les préparer pour le repas.
Quant à lui, il les aurait préférés crus, mais c'est une autre histoire.
Le vent souffle, faisant virevolter leurs capes, mais le silence pesant qui s’est instauré entre les trois hommes finit par se briser.
— Parle m’en plus de ce dieu omniscient, lance subitement Dante. Ça sort d’où cet Œil ?
— Nul dieu n’est omniscient, même si certains se plaisent à le penser, corrige Naevyn sur un ton paternaliste qui a le don de faire hérisser les poils de votre assassin favori. [color:33f5=66ff00]Valkorna est un chef charismatique et ceux qui l’entourent sont influençables. Dans ces conditions, il n’est guère difficile pour lui d’imposer un dieu fictif dans le but d’accroître son autorité sur ses membres.
— Développe sur le dogme.
— L’Œil prône la satisfaction des désirs personnels par l’accomplissement de diverses tâches, explique l’elfe en dardant son regard émeraude sur Dante. Votre esprit limité, trop humain, ne pourrait comprendre les ramifications d’une pensée aussi profonde et particulière. Je vais devoir vulgariser afin de la rendre intelligible à vos oreilles. Mettons que ce qui vous définit, vos désirs, vos aspirations sont enfermés dans une bouteille scellée. Vous n’êtes que l’enveloppe de vos désirs, mais vous ne les connaissez pas véritablement. Vous ne faites que les tâtonner, les deviner. L’Œil prétend voir ces désirs qui sont enfermés en nous.
Naevyn croise ses mains.
— Avez-vous des questions jusqu’ici ou puis-je poursuivre ?
Dante, assis sur un tronc, se penche vers les oreilles pointues, avec des airs de matou. Un air neutre soulignant la grande bouche.
— Oui j’en ai une, c’est l’apanage des elfes de nous prendre pour des cons ? Ou c’est juste toi ?
Le sarcasme semble glisser sur l’elfe qui préfère l’ignorer. Celmar glousse et saisit l’un des lapins les plus cuits avant de le mordre à pleines dents.
— Bord… borfel, ché chaud ! s’exclame-t-il en levant la tête vers le haut en soufflant.
— Vous avez raison, répond Naevyn à Dante en contemplant Celmar avec un air circonspect, il est vrai que votre espèce brille de par son intelligence. Mais poursuivons voulez-vous.
Définitivement, cet imbécile condescendant est en train de creuser sa tombe sans le savoir, Dante ne relève pas la vanne. Il se réserve ça pour plus tard. Naevyn, quant à lui, se penche en avant pour poursuivre son récit.
— En étant prisonnier de ce carcan de glace, refrénant désirs et pulsions, vous n’êtes plus à même de comprendre qui vous êtes réellement. L’Œil prétend être capable de briser cette prison glaciale en ingérant diverses concoctions et drogues, et rappelle que l’obéissance à ses préceptes est une nécessité pour l’obtention de la vraie connaissance de soi. Son but est d’ouvrir les yeux à tous ceux qui ne voient pas. À les forcer à assumer leurs désirs refoulés. Mais ne vous y trompez pas, ce dogme est uniquement là en guise de façade, un outil commode pour contrôler les masses. La drogue entraîne la dépendance, et une armée dépendante est une armée des plus fidèle. Valkorna l’a bien compris.
Le mage peut soudainement se rendre compte que ce qu’il dit semble être très ludique pour son interlocuteur. La connaissance de soi par l'obéissance. Donner des dents aux moutons, ah les belles foutaises. . La fidélité s’arrête là où est la drogue. Une cage, d'un tout autre genre, mais quand même une cage.
— Je présume que tu veux sa place pour contrôler ces masses ? Tu retires quoi à le tuer ?
— Une pensée naïve, mais compréhensible, remarque Naevyn en secouant la tête. Le contrôle des masses ne présente aucun intérêt du moment que ces dernières sont privées de leur libre arbitre. Ce qui m’intéresse, l’esprit lorsqu’il est confronté à différents stimulis, ne peut aucunement exister dans ce type d’organisation.
Les cheveux sur la nuque de Dante se hérissent. Même s’il le cache, il n’aime pas la tournure. Dans le fond, ce n'est qu'une expérience qui a mal tourné. Le visage de l’elfe demeure toujours aussi impassible.
— Ce que je retire à le tuer est tout à fait compréhensible. Je déplore la transformation qu’il a opérée de cette organisation. À l’origine, elle n’avait pas dessein à devenir une vulgaire secte d’assassins fanatiques. Qui plus est, mon enfermement dans ces geôles mérite une punition des plus exemplaires.
C'est qu'il ne se prend pas pour n'importe qui non plus le trou de cul...
— Et le rapport avec la gamine dans votre petit règlement de compte ?
— Ah…
Pour la première fois, une émotion visible traverse le visage pâle de l’elfe.
— Ceralyn Soryngar…, fait-il en insistant sur chacune des syllabes qui composent son nom. Une simple fillette pleine d’énergie. Elle est l’obsession de Valkorna. Mais elle et lui partagent le même sang après tout… C’est regrettable. Lorsque les sentiments parasitent la raison, plus rien ne prend de sens. Elle a son rôle à jouer dans cette lugubre histoire, et elle le jouera. Elle n’a pas d’autres choix.
— Tu sais faut arrêter de répondre à côté de la plaque et abouler. T’as compris sûrement que chaque détail est important. Je sais que tu me connais depuis un bail alors tu sais que j’ai la patience limitée pour tes niaiseries condescendantes.
L’encourage Dante du ton le plus civil. Bluff ? Parfaitement. L’elfe plonge son regard dans celui de le sien. Le vert de ses yeux est terne : il n’y a ni flamme ni lueur qui y brille.
— Que t’importe son sort ? le questionne Naevyn avec un sourire doux. Tu n’es rien pour elle et elle ne sera jamais rien pour toi. Cette histoire de famille ne te concerne pas. Tu n’es que le spectateur de cette tragédie, et jamais tu n’en deviendras l’acteur. Tu n’en as pas le droit. Tu n’en as pas le pouvoir. Ceralyn a fermé les yeux. Elle ne voit plus. Elle a choisi de ne plus voir.
Aux côtés de Dante, Celmar renifle, s’attirant un regard torve du maitre assassin.
— Même s’il parle par énigme, il n’a pas complètement tort, remarque-t-il en tendant une cuisse de lapin à Dante qui la prend sans y toucher. Ceralyn est morte à présent, son sort ne nous intéresse plus.
Le visage de Naevyn demeure impassible à cette nouvelle. Jouant la comédie à la perfection, l’assassin calque une expression vengeresse sur son visage tandis qu’il garde le même ton civil.
— Le sang réclame le sang. Une vie pour une vie, telle est la loi immuable. Continue a pas me répondre, à tester les limites de mon pauvre petit esprit d’humain et je jure sur la tête de mon dieu que je vais commencer l’éradication de l’Œil en te grignotant.
La menace ne fait pas mouche. L’elfe garde son expression imperturbable.
— Je ne suis pas ton ennemi, répond-il en joignant ses mains. Conserve ta rage envers ceux qui la méritent. Mais cette curiosité à son égard m’intrigue. Pourquoi chercher venger un cadavre ? Qui est-elle pour toi ?
Tant qu’ils la pensent morte, la gamine est en sûreté. SI elle obéit.
— Quoi, vous avez jamais su qu’elle avait un tonton ? Raille l’humain doucement. Il n’y a d’œil plus aveugle que celui qui ne sait voir. Tu comptes me faire chier combien de temps encore si t'es pas l’ennemi ?
Naevyn observe Dante avec un air étonné. Ah mais c'est qu'il y a des émotions sous ces dehors finalement. — Je ne pensais pas que son sort te concernait à ce point, avoue l’elfe d’une voix anormalement calme. Je ne la pensais pas apte à s’attacher à quiconque hormis Virn'dwel.
Son interlocuteur ne relève pas. Mieux vaut qu’ils le prennent pour un ignare. Il sait qu’il parle de Nehril. C’est fou comment il leur manque des bouts importants. D’un mouvement de menton, il l’intime de continuer.
Un sourire étire les lèvres de Naevyn, un sourire inquiétant.
— Même en étant son « tonton », elle ne t’a rien dit, continue-t-il d’une voix glaciale en passant une main sur son front. C’est elle. C’est elle qui a massacré sa famille il y a sept ans. Le feu, les hommes de l’Œil venant tuer les siens. Tout cela est faux. Elle a tué son père et sa mère, mis le feu à sa propre maison. Ceralyn est l’arme que l’Œil s’est forgée il y a sept ans, une arme qu’il veut désormais récupérer.
Le sourire inquiétant de l’elfe se reflète chez son pendant humain. En apparence le mercenaire est oublié, tout se jouant entre les deux qui se font face. Elle a tué père et mère, et son autre père veut la tuer. Elle a foutu le feu à sa propre piaule. Y a t'il plus grande ode à la Destruction?
La Bête, dans sa tête, ronronne de fierté.
— Il a réussi. Parce que même clamsée, elle a réussit à attirer l'attention sur vous.
Il penche la tête de côté et demande à brûle-pourpoint
— Quel dieu suis-tu ? Et tu vas enfin me dire d’où j’ai déjà vu ta gueule ?
— Nulle part, répond celui-ci en finissant par saisir une broche de lapin qui était désormais noirci. Nous ne nous sommes jamais vus. Quant au dieu que je suis… pourquoi devrais-je avoir foi en quelque chose qui n’a jamais rien fait pour moi en retour ?
À cette phrase, les yeux de Dante font le rapprochement avec des souvenirs lointains. Alors qu’il échangeait un verre avec Nehril la veille de son voyage à Nisétis, l’assassin lui avait posé la même question. Et la réponse de Naevyn était étrangement similaire. De même que son visage, ses traits, parfois même sa façon de s’exprimer.
Tiens ? Il a un frangin ou un papounet ? Parce que même si les elfes se ressemblent tous, il y a quand même des limites.
— Tiens donc… Maintenant que tu le dis, ya vraiment un air de famille en fait… Il est au courant ?
L’elfe hausse les sourcils, mais ne répond rien. Dante ricane.
— Bon allez mon glaçon… Dis-moi tes deux premiers plans prévus que je t’en sorte un troisième. Parce que si tu tiens du bon samaritain, ya des bonnes chances que ça soit aussi prévisible que ton air de bœuf. Je t’avertis, je garde l’Œil et ses ressources si on gagne. Je m’occuperai de la bande de drogués.
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| | | Nehril Sang-mêlé
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| Sujet: Re: L’Œil frémit, mais jamais ne se ferme | Piégé dans les ténèbres | Nehril Mar 29 Juin 2021 - 23:49 | |
| Naevyn observe longuement Dante, tâchant de comprendre ce qu’il entend par là. Il finit par abandonner et croise à nouveau ses doigts. Celmar jette son os rongé derrière son épaule et se rapproche des deux hommes avec une mine sombre. Le temps des révélations était fini. Il était temps pour eux d’établir un plan d’action.
— Commençons par les bases, débute Celmar en jouant avec la dague de l’Œil. Qu’est-ce qu’on risque en cas d’assaut frontal ?
— Très probablement la mort, fuse aussitôt la réponse de l’elfe. Valkorna n’est pas seul entre ces quatre murs et nous devons donc nous attendre à affronter une vingtaine d’hommes, si ce n’est plus, avant de l’atteindre.
S’étendant sur le tronc, yeux clos, Dante écoute et laisse les variables danser dans son crâne.
— Dommage, grogne le mercenaire en plantant sa lame dans le sol. On peut escalader les toits ? Notre camarade m’a l’air suffisamment souple pour s’infiltrer par une vitre ou un balcon…
Il désigne Dante d’un doigt. Naevyn secoue à nouveau la tête.
— C’est une erreur encore une fois, réplique-t-il, les toits du manoir sont gardés. Et même si nous parvenons à tromper la vigilance des guetteurs, je doute d’être capable de parvenir à me glisser dans l’une des ouvertures donnant accès à la demeure. Si tant est qu’elles existent.
— Moi non plus.
L’elfe extirpe la dague du sol et se met à dessiner sommairement les lieux. Un carré représentant le manoir, une enceinte gardée, une toiture fine et penchée rendant difficile l’escalade, peu de balcons et tous hors portée. Il plante finalement l’extrémité de la lame dans un petit rectangle à côté.
— Ce passage est gardé par un homme qui m’est loyal, explique-t-il. C’est l’un des pires postes de gardes : il est généralement assigné à ceux dont Valkorna méprise. Ses liens avec moi sont ce qui l’a conduit à occuper cette place depuis mon emprisonnement. J’ai vérifié les tours de garde dans les carnets de la prison tout à l’heure. Cet homme, Kieran, sera en poste juste après le coucher du soleil jusqu’à l’aube. De cet endroit, nous pourrons accéder à la cave et jaillir à l’intérieur du manoir, juste derrière les cuisines. Nous pourrons ensuite nous faufiler jusqu’aux appartements de Valkorna et mettre un terme à sa vie.
— C’est juste ça ton plan ? Autant se balader avec un drapeau rouge. Trop de variables qui vont mal tourner, si l’homme t’est loyal, pars du principe qu’ils le savent et qu’ils ont une longueur d’avance. Ils t’attendent assurément. T'as rien d’autre ?
Dante réfléchit.
— Et si on le faisait sortir de son trou plutôt ?
— Peu probable, rétorque très calmement Naevyn en faisant tinter la lame contre la paume de sa main plusieurs fois. Valkorna ne sort pas de son manoir. Il y attend patiemment Ceralyn et tant qu’il n’aura pas son cadavre sous les yeux, il ne bougera pas.
— Et en nous faisant passer pour des fanatiques venus demander une audience à l’Œil ? tente Celmar en se grattant le crâne.
— L’Œil sait à quoi vous ressemblez, il faudrait que votre déguisement soit des plus convaincants. C’est un risque inutile à prendre alors qu’il nous reste d’autres options à prendre en considération…
Le mercenaire baisse les yeux sur le plan.
— D’autres options…, répète-t-il en essayant d’en trouver une dans les tracés élégants de Naevyn. Mettre le feu au manoir et attendre qu’il sorte ?
L’elfe lève les yeux au ciel et préfère ne pas répondre.
— Infiltrer les rangs de l’Œil est exclus, nous serons trop vite démasqués. Néanmoins, les hommes de Valkorna se fournissent en drogue et en herbes alchimiques auprès de différents fournisseurs. Ces derniers passent par la route qui relient Thaar au manoir Soryngar. En les prenant par surprise et en remplaçant ces marchands noirs, nous serons capables de pénétrer dans l’enceinte sans attirer l’attention.
Dante se redresse et descend de son perchoir avant de se mettre à regarder le plan
— De nouvelles têtes vont attirer l’attention, encore plus quand il s’agit de drogue. Ils ont des clebs ? C’est quoi la procédure de chargement ?
— Les nouvelles têtes n’attirent pas l’attention dès lors qu’elles sont masquées, éclaircit Naevyn en faisant virevolter avec une adresse impressionnante la dague entre ses doigts. L’Œil se fournit auprès de différents fournisseurs qui préfèrent l’anonymat pour des raisons propres aux guerres qu’elles se livrent entre eux. Il suffira de récupérer les masques et de les afficher une fois à l’entrée du manoir.
La voix de l’elfe est fluide et claire. Les deux hommes sentent qu’il a l’habitude d’établir de tels plans et d’en dessiner les contours. Son raisonnement est méthodique, froid et calculateur.
— Concernant les procédures de chargement, elles demeurent simples. Simples, parce que les hommes qui transportent ces cargaisons sont la plupart du temps de véritables imbéciles. Aucun animal ou molosse ne les accompagne, mais l’un des hommes est porteur d’un mot de passe qu’il doit révéler au portier. Une fois révélé, ils sont introduits dans la cave pour y déposer et stocker la marchandise. La surveillance est assurée par quelques hommes de l’Œil, mais nous n’aurons aucun mal à nous en défaire.
— Ce mot de passe, relève Celmar, comment peut-on l’obtenir ? Se peut-il que ces hommes le conservent sur un morceau de papier ?
Les lèvres de l’elfe s’étirent en un sourire moqueur.
— Impossible, ces imbéciles ne savent probablement pas lire.
Le plan se tient, et c’est ce qui l’agace. Tout semble déjà décidé d’avance. Comme une ruelle qui se rétrécit autour de lui. Son instinct lui hurle de ne surtout pas faire ça.
— Tout s’emboîte trop bien. Ça sent l’entubage à sec et je le verrais venir à huit milles à la ronde être à sa place. T’as beau être de son sang, donne moi une bonne raison de jouer au larbin, de te faire confiance et foutre mon cuir dans tes mains sur ce coup-là.
— D’être de son sang ? reprend Naevyn en haussant les sourcils. De quoi parles-tu ?
Dante hausse les sourcils en miroir. Et c’est lui le crétin. Il commence à en avoir sérieusement sa claque. La seule raison pour laquelle il est encore là c’est qu’il ne sait pas où est le manoir. Il n’a aucune envie de travailler avec ce mage menteur et manipulateur en particulier.
— Qu’est-ce que tu nous caches ? Tout est trop beau pour être vrai.
L’elfe se redresse pour croiser le regard de l’assassin.
— Mon seul et unique but est de tuer Valkorna Soryngar, assène-t-il d’une voix glaciale. N’en doutez pas. Jusque là nos intérêts coïncident. J’ai longuement réfléchi à ces plans durant les longues ennéades qu’ont durées ma captivité.
Naevyn efface le dessin du manoir de Valkorna d’un geste du talon.
— Si vous ne me faites pas confiance, partons chacun de notre côté, je ne vous en tiendrai pas rigueur. Mais quoiqu’il advient, seul ou accompagné, je pénétrerai dans ce manoir, ce soir.
Dante lui fait face. Il a le goût de le tuer, mais il en a besoin vivant.
— La confiance, ça se gagne mon mignon. Tu nous demandes de te faire confiance les deux yeux fermés alors qu’on te connaît que depuis cet après-midi, que tu ai été bien traité en captivité. Si tu avais été un traitre, tu aurais à peine pu respirer. Avec notre matos bien présenté dans la même pièce que toi et ton catalyseur à portée de main ce qui est fort commode non ? Tu sais par où passer, on a pas de gardes, tu sais que Rutsi a été attaqué, tu parles de ce supposé œil omniscient comme si c’était le tien et qu’on te l’a usurpé. Tu l’avoueras pas, mais tu me connais plus que tu me le dis et t’as été, ou tu es encore proche du grand Nehril. Ton air blasé peut cacher bien des choses mon glaçon. Je sais que tu retiens des informations. Tu mens mal. Alors soit tu reprends du début et tu fais tes phrases simples sujet, verbe et complément, soit tu va te faire prendre c’est obligé. Je suis pas à une journée près de mon côté.
Celmar jette un regard surpris à Dante, mais ne commente pas. Il attend la réponse de Naevyn qui ne tarde pas à fuser.
— Votre manque de foi à mon égard me consterne, répond l’elfe d’une voix toujours aussi égale. Mais votre raisonnement est encore une nouvelle fois faillible. Quel intérêt aurais-je de vous amener dans les bras de Valkorna alors que ce dernier vous détenait déjà dans ses geôles ? Quel intérêt aurais-je à vous berner alors que j’ai besoin de votre aide afin d’assassiner celui qui m’a fait prisonnier ?
Dante ne fait que le regarder de face. Jouer avec ses proie est un sport pratiqué par beaucoup de gens. Lui, entre entre autre. Patiemment, il le laisse tirer ses conclusions. Le mage, quant à lui, joint à nouveau ses mains.
— Vos autres questions sont légitimes, mais encore une fois totalement hors de propos. J’étais auparavant un membre de l’Œil avant qu’elle ne se transforme en cette secte d’assassins. Valkorna a besoin de moi et de mes connaissances pour continuer à faire vivre cette organisation. Voilà qui justifie ma bonne condition physique. Concernant vos effets personnels qui étaient dans la même cellule que la mienne, qu’en sais-je ? Cette prison a été faite pour y être oublié, non pas pour y garder des prisonniers vivants : c’est pour cela qu’il y avait peu de gardes.
AH ben oui, oublié tiens... Bref, ca ne colle pas. Naevyn lâche le lapin qu’il n’avait pas touché avant de poursuivre son raisonnement.
— La vérité, c’est que vous avez peur. Peur parce que vous avez été plongé dans quelque chose qui vous dépasse et que vous ne trouvez aucune solution qui vous convienne. Vous avez peur parce que l’on joue avec des règles qui diffèrent de celles que vous avez l’habitude d’user. Ce n’est pas en sombrant dans la paranoïa que nous tuerons Valkorna Soryngar, mais avec un plan clair, méthodique et efficace.
Dante se tourne vers Celmar, ne relevant pas l’insulte ajoutée aux injures incessantes de l’elfe. Plus tard, il festoiera sur sa chair.
— Tu veux le suivre ? demande-t-il simplement au mercenaire.
Son compagnon grimace. Ses traits se crispent à mesure qu’il réfléchit à la question.
— Non, finit-il par dire en regardant Dante. Mais je ne pense pas que nous devons faire cavalier seul non plus. Aucun d’entre nous n’a confiance en l’autre. Je veux dire… je ne connais même pas ton nom, mon gars. Tout ce que je sais c’est que tu as aussi été emprisonné par l’Œil. Nous avons tous été emprisonnés par l’Œil. Cela nous fait un point commun. Il serait stupide d’oublier cette évidence.
— Brillamment parlé Celmar, commente Naevyn en hochant la tête.
Le mercenaire arrache la dague de l’Œil des mains de l’elfe.
— Cela ne veut pas dire que je vous fais confiance à vous aussi.
— C’est naturel, opine l’autre en frottant ses mains l’une contre l’autre. Mais souhaitez-vous vraiment que nous perdions notre précieux temps dans un débat stérile pour savoir qui est digne de confiance et qui ne l’est pas ? Comme vous l’avez dit si justement, nous avons le même but, le même dessein. Pourquoi ne pas mettre nos hésitations de côtés pour œuvrer ensemble à s’assurer que Valkorna soit éliminé ?
Celmar joue lentement avec un brin d’herbe qu’il arrache du sol.
— Je ne vois qu’une solution, finit-il par trancher en désignant Dante d’un geste de la main. Tu vas choisir notre plan d’action. Trouve-nous quelque chose pour entrer dans ce manoir et on te suivra. Comme ça nous serons tous rassurés. Cela vous convient Naevyn ?
L’elfe se contente de hausser les épaules.
— Mon but est d’éliminer Valkorna Soryngar, répète-t-il une nouvelle fois. Dante se retient de rouler des yeux et de lui arracher la langue. UN geste leste, rapide, et on en parlerait plus. Rien d’autre ne m’intéresse. Soit nous nous mettons d’accord sur un plan, soit nous partons chacun de notre côté. Je ne souffrirai pas d’échouer aussi près du but.
— Faut que je vois les lieux physiques avant de me prononcer. Il y a un point en surplomb ?
Naevyn lève les yeux au ciel.
— Et dire qu’il trouvait mon propre plan bancal…, relève-t-il en époussetant sa cape. Mais soit, oui, je devrais pouvoir nous trouver une position légèrement surélevée pour que l'on puisse improviser un plan qui nous convienne.
— Etablir un plan sur une baraque que j'ai pas vu, c'est plus que bancal, c'est de l'amateurisme.
Dante sourit, un sourire inhumain propre à glacer le sang dans les veines. Juste avant d’inspirer et de laisser l’Ombre prendre du service.
— En route.
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