Redresser l'Alonnan [Solo]

Pour Info:

Calimehtarus, IIIe ennéade de Favriüs, An XIX, Cycle XI
Alonna-les-trois-murs, Alonna, Péninsule

La Dame de Lodiaker entra finalement dans la pièce, alors que les autres grands Seigneurs la saluèrent. Cela faisait un moment que ce conseil devait arriver, et le moment était finalement venu. Tous les grands Seigneurs étaient finalement de retour en Alonna après la révélation de la Damedieu. Tous semblaient relativement de bonne humeur, il fallait dire qu’aucun d’entre eux n’avait réellement été prévenu du pourquoi la Dame de Lodiaker avait demandé au conseil de se réunir. Bien entendu, le régent avait acquiescé, non sans volontairement prendre son temps pour organiser la rencontre. L’air sérieux, habillé élégamment comme à son habitude, l’alonnaise alla prendre sa place, faisant face au régent, Fulcran. Les deux chevaliers qui l’entourèrent prirent doucement leurs places près des autres. Alors que le frère de son ennemie prit finalement la parole;


« Toutes mes félicitations pour votre mariage ma dame. J’ai entendu dire que c’était une cérémonie des plus touchantes… »
« Je vous remercie, Messire. Mais je crois qu’il y a des événements plus importants à discuter, si vous me le permettez.»


Fulcran d’Entiane eut un rire amusé avant de reprendre la parole; « Mais allez-y Ma Dame! Après tout, cela doit être d’une importance capitale… » Adélina ne répondit rien, se doutant bien que ce dernier tentait de la faire sortir de ses gonds. Elle expira doucement, tentant de rester en parfait contrôle de ses émotions, et pourtant elle était nerveuse. Son estomac s’était serré aussitôt qu’elle avait appercu l’un des murs de la ville. Incapable de manger, incapable de dormir, les dernières heures furent un véritable calvaire. Mais malgré toute cette frénésie, elle savait que trop bien ce qu’elle avait à faire. C’était le moment. Le moment qu’ils avaient attendu si longtemps. C’était le moment qui ferait changer l’histoire, celui qui créerait une nouvelle ère. Sans attendre plus longtemps, Adélina se releva, son visage sembla se redresser, alors que son regard balayait la pièce, rencontrant celui de chaque Seigneur qui se trouvait parmi elle. Tous semblait sérieux, du moins, tous sauf le régent qui était assis d’une façon plutôt nonchalante sur sa chaise. Mais elle ne fit pas attention à ce dernier, après tout, elle avait toujours cru que ce dernier ne prenait pas son rôle au sérieux ou du moins, qu’il ne se souciait que de sa propre personne.


« Messire, je me permets de croire que tous sont au courant des événements qui sont arrivés à Diantra. La bienveillante a fait son apparition, nous éclairant de sa volonté. Cela semble avoir réveillé la foi dans le cœur d’innombrables hommes. Mais soyons honnête, l’alonnan a toujours été au service de la bienveillante, cette baronnie ayant été bâtie sur notre dévotion envers la Damedieu. » Son regard se dirigea doucement vers le Seigneur de Jersada qui acquiesçât fermement, après tout, ce dernier avait comme vavasseur Val-Néera. Les autres hommes se contentèrent d’approuver fermement d’un signe de la tête, ce qui l’incita silencieusement à continuer son discours. « Mais il me semble mes Seigneurs, que ce n’est pas tout le monde qui partage cette idéologie. » Des murmures s’élevèrent dans la pièce alors que Fulcran d’Entiane se redressa dans son siège, jetant un regard suspicieux à la jeune Dame de Lodiaker. Cette dernière soutint son regard mais fut interrompu avant qu’elle ne puisse continuer.


« Que voulez-vous insinuer? Qui sont ses hérétiques? » demanda le Seigneur de Jersada.
« Mes Seigneurs, ceci n’est que des ouïes-dires, des enfantillages… » Rétorqua Fulcran d’Entiane, qui tentait de reprendre le contrôle de la situation.  


Adélina, l’air neutre reprit la parole, coupant volontairement le régent; «  Ce ne sont guère des enfantillages, Messire. Mais des faits. » Ce dernier tenta de rétorquer pour l’intimé au silence, mais une autre voix vint se joindre au débat; « S’il y a des hérétiques parmi nous, c’est notre devoir d’y remédier. » Conclut le Seigneur d’Azrit. À ce moment, tous les autres seigneurs approuvèrent d’un signe de tête.


Adélina, l’air neutre reprit la parole; «  Il y a quelques ennéades, nous avons arrêté un prêtre errant d’un culte qui s’appelle le Karamstra. »  Les murmures choqués reprirent de nouveau avant qu’il ne soit enterré par la voix de la Dame de Lodiaker; « Nous l’avons interrogé et avons trouvé une lettre des plus particulières sur lui. » Sortant la lettre de sa poche, elle la leva, laissant le temps à chacun de voir le sceau qui s’y trouvait. Tous, sans exception le reconnurent et tous semblèrent sur le choc. Ce fut le régent qui réagit en premier, se levant de sa chaise avant de donner un coup sur la table de bois avant de regarder l’alonnaise avec colère. « Sotise! C’est un pauvre coup monté! Combien de fois les Lourbier ont-ils tenté de discréditer ma sœur et son ex-époux? Dois-je vous rappeler mes seigneurs que c’est l’oncle de cette dame qui a tué notre Baron! ».


« Taisez-vous. » La voix de la Dame de Lourbier sembla résonner dans la pièce, semblant surprendre pendant un moment le régent d’Alonna et tout les autres hommes présents dans la pièce. Elle était née pour régner, et elle savait pertinnement qu’elle en avait les capacités, suffisait de voir comment elle intimait au silence ce régent imbu de lui-même. « Contrairement à vous messire, je n’accuse pas des gens sans preuve. Croyez-vous qu’un sceau est suffisant pour vous incriminer? N’importe qui aurait pu prendre ce dernier, le voler et le mettre sur le dos de la Marquise de Sainte – Berthilde, comme n’importe qui aurait pu prendre un anneau d’or d’un corps. » La nordienne pouvait voir la colère bouillir à l’intérieur du Seigneur d’Entiane alors que ce dernier serrait les poings. La remarque ne lui avait pas échappé, et il se doutait trop bien que le vent ne tournait pas en sa faveur à ce moment précis. La dame de Lodiaker et le Régent d’Alonna semblait se vouer une guerre d’un côté et de l’autre de la table, chose qui n’était pas nécessairement inhabituel… Mais celle-ci semblait bien particulière… Fulcran d’Entiane était nerveux, il n’était pas prêt à défendre ce sujet et Adélina jouissait intérieusement de le voir prit ainsi au dépourvu. «  Je n’ai accusé personne. Je n’ai montré qu’un sceau, et je dois vous avouer que votre réaction ne fait que confirmer le résultat de mes recherches. » Elle put voir la mâchoire de ce dernier se resserrer alors que son cousin, le seigneur d’Azrit reprit finalement la parole pour tenter de calmer le jeu; « La dame de Lodiaker a raison Messire. Elle n’a point accusé la Marquise ou n’importe qui dans votre famille. Laissez-là dévoilez ses découvertes. » Fulcran jeta un regard menaçant vers la Dame de Lodiaker, alors que cette dernière reprit la parole, ouvrant doucement la lettre pour finalement commencer à la lire.


« À celui qui guide dans la torpeur de l'hiver,
Ne blasphémant ni sa famille ni les dieux,
D'Alanya de Broissieux, Baronne d'Alonna et enfant perdue.


Entendez ma crainte et mon désespoir. Je ne savais vers qui tourner mon horreur et mes larmes de sang, aussi ai-je pensé que vous pourriez m'aider à trouver la lumière.
Les temps sont troubles, d'épais nuages noirs planent sur ma tête et je ne sais quelle direction prendre. M'aiderez-vous?


Il y a tant de distances, de chemins et champs que je brûle d'envie de parcourir, mais dont la noirceur de l'avenir m'empêche d'y penser. Je suis perdue, Ô Guide, dans les méandres profonds du doute. Aidez-moi à supplicier le Mal, à mettre à genoux la Vermine, et ensemble, nous construirons quelque chose de neuf, de grand, de beau, où je pourrais alors chasser d'un revers de la main ce temps instable. J'aimerais avoir l'appui des Puissants, ceux qui veillent en silence.


Voyez, en toute chose il faut voir l'inactivisme et le mouvement. Trop de temps sans rien faire, reste-le pas en avant, la douce conquête. Je suis perdue, aidez-moi, alliez votre sagesse à ma puissance, utilisez votre ruse quand moi j'utiliserais la mienne. Montrez-moi la Voie, celle que l'on empreinte, mais dont seules la victoire ou la défaite peuvent expier tous nos péchés.


Aidez-moi. »


Un silence s’installa dans la pièce. Tous les seigneurs semblaient sous le choc, alors que la Dame de Lodiaker déposait doucement la lettre sur la table. Le seigneur de Jersada attrapa cette dernière, parcourant la missive de ses yeux, relisant encore et encore les mots gravés sur le vélin usé. Cela prit quelques longues secondes avant que ce dernier ne reprenne finalement la parole;  « Je suppose que vous avez enquêté sur cette missive. Qu’avez-vous trouvé? »

Pour Info:

Adélina fit un signe d’approbation, calme, fière, la jeune femme avait un parfait contrôle de ses émotions. Si la nervosité bouillonnait en elle, rien ne le laissait paraître à l’extérieur.  Son ton était assuré, sa démarche ne la trahissait pas, la Damedieu lui avait donné une mission, et aujourd’hui elle accomplirait sa destinée. « Bien entendu, mon Seigneur. J’ai lancé une opération dans le plus grand secret, ne sachant pas si cela était un complot contre la famille baronniale. Après tout, une telle missive est déjà assez incriminante, mais comme je l’ai dit, tout le monde aurait pu forger l’écriture de la Marquise pour traîner son nom dans la boue. Après quelques ennéades, j’ai trouvé trois personnes qui confirmèrent ce récit. » Adélina fit un mouvement de la main, avant qu’un des chevaliers qui l’accompagnaient allât ouvrir les portes, laissant place à un petit groupe d’hommes. Trois chevaliers Néerites accompagnaient un prisonnier, suivi de près par un prêtre bien connu de la baronnie. Les fers aux mains et aux pieds, bâillonné, le prisonnier avait une mine horrible, mais cela ne l’empêchait pas de jeter un regard défiant aux grands seigneurs alonnais. Le grand-prêtre s’avança finalement vers les seigneurs avant de prendre la parole; «  Meseigneurs, il y a trois ennéades, j’ai reçu un terrible message de la Dame de Lodiaker. Je me suis rendu sur les lieux expressément pour en voir la tenure et les nouvelles qui sont parvenues à mes esgourdes sont les plus horribles qui m’est jamais été donné d’entendre. » Il jeta un regard à la dame de Lodiaker qui s’assit dans sa chaise, laissant le prêtre parler. « Nous avons interrogé de multiples témoins, dont la voix du Karamstra qui est derrière moi. » dit-il en désignant d’un vague mouvement de la main le prisonnier. « Il se trouverait qu’Alanya de Broissieux a rencontré ce dernier une première fois dans le grand temple d’Alonna. Soumise à ces enseignements, elle lui aurait accordé toute sa confiance, lui donnant expressément l’ordre d’informer et de propager le culte dans la Baronnie. »


Les seigneurs alonnais eurent tous un air horrifié. C’était une chose d’apprendre la nouvelle, mais de la voir confirmer par un grand-prêtre qu’ils connaissaient tous, en était une autre. « Nous avons arrêté une dizaine de ses hérétiques à travers la baronnie avec l’aide de la Dame de Lodiaker. Et tous, disent la même chose, et porte la même lettre. » Il déposa une lettre sur la table, frapper par le sceau des Broissieux avant de reprendre la parole; « Tous donnent l’ordre de propager le culte, tous signé par la baronne. »  Adélina ferma doucement les yeux, alors que ses lèvres bougèrent légèrement, récitant une prière silencieuse pour la Damedieu. « Mais ce n’est pas tout… Les confessions de la baronne… sont probablement ce qui nous a marqués le plus. » Adélina ouvrit rapidement les yeux, haussant un sourcil alors que le prêtre regardait Fulcran d’Entiane. «  La baronne a avoué qu’elle avait tué son mari. »  Adélina porta sa main à sa bouche, clairement surprise. Il fallait croire que les interrogatoires de néerites avaient donné des nouvelles encore plus surprenantes qu’elle avait imaginées.


« MENSONGE! » hurla Fulcran d’Entiane avant de dégainer son épée. Adélina voyant la scène se releva immédiatement de sa chaise, alors que les chevaliers derrière elle imitaient le seigneur d’Entiane. Son cousin d’Azrit, se leva à son tour, se mettant devant la Dame de Lodiaker, la protégeant d’un autre éclat de colère de la part du régent.


« CALMEZ-VOUS FULCRAN! » hurla le seigneur de Jersada visiblement horrifié par les actions du régent d’Alonna.  Le seigneur d’Azrit ne quitta pas le Seigneur d’Entiane alors que ce dernier jetait un regard noir à la Dame de Lodiaker. À son sens il devenait de plus en plus certain que les dires de sa lointaine cousine étaient véridicte. Adélina releva la tête, avant de faire un pas vers le côté, fixant son ennemi par-dessus l’épaule du Seigneur d’Azrit. «  De toute façon messire, le sort de la Marquise de Sainte-Berthilde n’est guère entre nos mains, mais entre celles du clergé de Néera qui a déjà commencé une enquête. » Dit-elle en désignant le prêtre Néerite qui accompagnait les chevaliers ainsi que les prisonniers. Ce dernier inclina la tête avant d’approuver; « La haute-prêtresse de Néera est déjà au courant de ces allégations et des conclusions de notre enquête. Nous attendons ces instructions. »


Le seigneur de Jersada se laissa tomber sur sa chaise, soupirant avant de passer sa main sur son visage, l’air complètement dépassé par ce qu’il venait d’apprendre. Ce fut le Seigneur de Kreskan qui congédia le prêtre ainsi que les chevaliers néerites qui emportèrent leur prisonnier. « Je n’aurais jamais cru que l’Alonnan tomberait si bas… », murmura-t-il.


« Hélas, ce n’est guère la seule nouvelle que j’ai apprise dans mes recherches. » Un chevalier s'avança vers Adélina avant de lui donner un dernier vélin, qu’elle tendit au Seigneur d’Azrit afin que ce dernier puisse la lire. D’abord hésitant, ce dernier observa le faucon figé sur le sceau brisé avant de s’éclaircir la voix, prenant ainsi la parole; « Neuvième ennéade de Favrius, An 8.

Au Roi Blanc, de sa reine.

Je viens vous quérir d'une nouvelle que je ne sais ni bonne ou mauvaise. Prenez-la comme il vous plaira, mais vous serez alors prévenu. Mon ami, je porte en moi la vie. Une vie que vous avez fait naitre. J'ai l'espoir qu'il s'agira d'un garçon, un énième pour vous, mais pour moi, le premier d'une dynastie. L'Alonnan grâce à vous s'offre un enfant qui saura apaiser son peuple et mes vassaux. Il sera présenté comme vestige de feu le baron, mais ne vous y trompez pas. Lorsqu'il sortira de mon ventre, c'est des cheveux d'or qui garniront sa tête.

J'entends que cela scelle pour de bon notre amitié et notre alliance, dans l'espoir qu'un jour, vous le traiterez comme votre chair et votre sang.

Car je veillerais qu'il soit aussi féroce que le Dragon, mais aussi habile que le Faucon.

Alanya »


On aurait pu entendre une mouche volée dans la pièce, tellement le silence était pesant. Tous semblaient sur le choc, semblant incapables de prendre la parole. Il n’y avait pas une seule personne en Alonna qui ignorait les rumeurs qui circulaient au sujet d’Alanya de Saint-Aimé et d’Arichis d'Anoszia. Tous avaient entendu parler des rumeurs de leurs rencontres dans les bains du castel, et même Fulcran, qui avait tant défendu sa sœur jusqu’à maintenant, semblait bouche bée devant cette preuve accablante. Le seigneur d’Azrit déposa la lettre sur la table, montrant de nouveau l’écriture reconnaissable de la baronne. Les trois lettres avaient la même écriture, les mêmes traits inégaux sur les mêmes lettres. Il n’y avait aucun doute, ces missives avaient été écrites par la même personne. Adélina expira doucement, laissant à tous les hommes autour de la table le temps de prendre une énième mauvaise nouvelle. «  Cette lettre a été trouvée dans la chancellerie langecine… Nous avons été  trompés mes seigneurs… »


C’est à ce moment précis que les grandes mains d’Odias de Wacume percutèrent la table, avant de se lever d’un bon, sa chaise volant derrière lui alors qu’il prit la parole; « Comment osez-vous!? » Adélina se leva à son tour, sa voix sembla résonner dans la pièce alors que son regard brûlait de colère. « J’ose mon seigneur, car cela fait des années que l’on nous ment. Des années que nous sommes dirigées par une famille qui n’a pas sa place sur le trône. Non seulement la jeune fille qui est sur le trône est une bâtarde, mais sa mère est une hérétique! Cette famille n’a rien fait de bon pour l’Alonnan. Qu’est-il arrivé à notre indépendance? Qu’est-il arrivé à notre fierté? Qu’est-il arrivé aux efforts qu’Hanegard Kastelord a déployés pour sécuriser l’Alonnan? Nous qui il y a quelques années ne répondions au Roy et non pas à Serramire! Allons-nous rester prosternés devant le Duc? Ou allons-nous finalement redevenir le peuple fier que nous étions? »


« Vous n’êtes qu’une perfide enfant! Vous parlez de fierté alors que vous avez marié le fils d’un supposé Marquis qui est passé à un doigt de provoquer une guerre! Nous ne lui faire confiance et encore moins à votre jugement! » renchérit-il en pointant la jeune femme. Cette dernière déposa ses mains sur la table, plongeant son regard dans celui d’Odias de Wacume, avant de renchérir; « Le fils ne saurait être jugé à l’aune des crimes de son père. Ou avez-vous déjà oublié les paroles de la Damedieu? » Sans le vouloir, elle referma son poing, plantant ses ongles dans la paume de sa main, tentant tant bien que mal de contrôler la colère qui s’emparait d’elle; «  Ou n’avez-vous aucun respect pour cette dernière? » La dame de Lodiaker porta son regard vers l’assemblée, avant de reprendre la parole; « Il n’y a pas une seule personne ici qui a le droit de parler contre le Seigneur de Lodiaker. Puis-je vous rappeler mes Seigneurs, que ce dernier est en mission pour retrouver notre Roi? Combien d’entre vous sont devenus champions de notre Roy? Et combien d’entre vous sont partis pour cette quête de la plus haute importance? Le dévouement et la fidélité de Théodoric de Langehack, Seigneur de Lodiaker, ne sont point à prouver.  Nous ne pouvons guère dire la même chose de plusieurs personnes dans cette salle! »  Adélina se redressa finalement, semblant reprendre son calme avant de reprendre la parole; « Les alonnais méritent mieux. Ils méritent un suzerain qui les respecte, qui respecte les dogmes néerites. Ils ont besoin d’un suzerain qui les écoutera et qui les libéra du mal qui les alentours. » Elle n’avait pas besoin d’en dire plus, ils sauraient tous de qui elle parlait…


« Qu’est-ce qu’une jeune femme comme vous pourrait faire pour servir l’Alonnan? »


Adélina retourna son regard vers de le Seigneur de Rodem. Le vieillard, toujours assit dans sa chaise n’avait pas bougé depuis le début du conseil. « Je viens de le faire, Messire. Je les ai libérés de l’hérésie, du mensonge. Et je les guiderais vers la prospérité. Quiconque doutera de mon courage, de ma détermination seront déçus. » Se retournant vers Fulcran d’Entiane, elle rajouta; « Je suis un adversaire redoutable pour quiconque essaie de me faire taire. »

Pour Info:

On aurait pu entendre une mouche voler dans la pièce.


Le silence était rare dans cette pièce, généralement les grands seigneurs alonnais tentaient tant bien que mal de faire valoir leurs points. Les voix se mariant dans une cacophonie hors du commun. Mais là, en ce jour si étrange, les grands seigneurs alonnais étaient tous silencieux, le regard fixé sur la jeune femme qui se tenait, droite, fière devant eux. Rien ne semblait vouloir interrompre ce silence. Un silence, qui n’était guère vide, mais plein de questionnement, plein de raisonnement. Elle leur avait montré une horrible façade de l’alonnan. Une façade, qui depuis des années qui cachaient des secrets honteux, horribles. Qui aurait pu penser que l’ancienne baronne irait si loin? Qui aurait pu penser que celle qui les représentait n’était pas légitime? Et pourtant tous avaient eu des doutes à un moment ou à un autre, et ils avaient tous fermés les yeux… Jusqu’à maintenant. Le mur s’était finalement écroulé, et au travers de l’écran de poussière qui les avaient aveuglés pendant si longtemps, se trouvait une figure féminine, forte et rassurante. Une figure qui était restée cachée, patiente en Lodiaker. Une famille qui avait fait leur marque de façon positive, et ce, même avec une Baronne tyrannique qui tentait de les éliminer. Adélina de Lourbier venait de leur prouver que celui qui dirige les autres est peut-être puissant, mais celui qui s’est maîtrisé lui-même avait encore plus de pouvoir. Les Lourbiers avaient encaissés pendant des années, et ils avaient finalement montrés qui ils étaient réellement. Peut-être avaient-ils commis une erreur en faisant un serment aux Broissieux… Pourtant à ce moment-là, tout leur avait semblé si sûr. Constante de Lourbier n’avait guère été la plus diligente des baronnes, même Adélina et son père l’avaient admis à de multiples reprises. Mais la nouvelle branche de cette famille semblait plus droite, plus juste et maintenant tout leur semblait plus clair.


Ce fut le vieux seigneur de Kreskan qui se leva le premier, lui-même, qui avait jeté un défi à la jeune femme. « J’ai toujours eu un très grand respect pour votre père, Ma Dame. Il était un homme bien, droit et juste. Quelqu’un que l’on pouvait toujours compter sur sa dévotion pour l’alonnan. » Sa voix sembla résonner dans la pièce, alors que ce dernier dominait la jeune femme de sa taille. Adélina eut un léger sourire, alors que les souvenirs de son père semblaient raviver son esprit. Pendant un moment, elle baissa même les yeux, semblant vouloir reprendre le contrôle d’elle-même. C’était évident que le deuil avait laissé des marques. Un deuil qui était loin d’être terminé. L’alonnaise releva rapidement les yeux vers le Seigneur de Kreskan alors qu’il se racla de nouveau la gorge. Elle devait avouer, elle ne s’attendait guère à ce que ce dernier ne prenne son parti. Après tout, c’était Desmond et Alanya de Broissieux qui l’avaient nommé Seigneur. Il leur était redevable d’une certaine façon. « À mon âge, on apprend vite à déchiffrer les gens, à voir leurs vraies couleurs. Et les vôtres, Ma Dame… Ne pourrait être plus alonnaise. » Adélina haussa un léger sourcil alors qu’Odias de Wacume et Fulcran d’Entiane semblèrent ébahi. Soudainement, le vieillard mit une main sur son cœur, avant de reprendre la parole et de mettre un genou à terre. « Il n’y a pas de personne dans cette pièce qui mérite plus ce titre que vous, Votre Honneur. » Adélina ne put cacher sa surprise, comme la plupart des hommes dans la pièce. Son regard azuré se fixa sur le vieillard alors qu’il baissait la tête devant celle qu’ils déclaraient comme sa nouvelle suzeraine. Ce fut au bout de quelques secondes que d’autres hommes imitèrent finalement le Seigneur de Rodem. Azrit, Jersada, Kreskan et même Ansfild d’Eskil l’imitèrent. Saluant la nouvelle tête qu’ils avaient choisis pour diriger l’Alonna.


La jeune femme ne put empêcher sa respiration de s’accélérer alors que son regard balaya la pièce, observant tous ces gens qui s’était agenouillé devant elle. Même les chevaliers derrière elle avaient imités leurs seigneurs. Se retournant vers le prêtre Néerite, ce dernier s’inclina à son tour, main sur son cœur avant de répondre par un « Votre Honneur. » Tout ceci lui semblait surréaliste, elle avait réussi. Elle avait finalement mis la main sur ce qu’elle et son père avaient travaillés si fort pour. Adélina se retourna finalement vers Odias de Wacume ainsi que Fulcran d’Entiane qui bouillonnait de rage. Si un regard avait pu tuer, la jeune femme aurait été foudroyée sur le chan. Tandis qu’Odias de Wacume, lui, non sans serrer les dents, s’agenouilla à son tour. Inutile de dire qu’il était clairement en désaccord, mais la majorité avait parlé, et il savait trop bien que pour le moment, mieux valait encaisser la nouvelle pour prendre sa vengeance éventuellement. Fulcran d’Entiane cogna rageusement ses poings sur la table, avant de lever le doigt vers la jeune Dame. « Je peux te garantir que tu vas regretter tout cela. » Les chevaliers de la Dame se relevèrent, prêt à intervenir, avant qu’elle ne les interrompre d’un geste de la main. « Je crois, Mon Seigneur, qu’un peu de temps à Entiane en compagnie de votre sœur vous calmerons les esprits. Qui plus est, cela nous permettra de continuer notre enquête pour nous assurer de votre innocence. Car après tout, vous n’avez rien à voir avec toutes ces histoires, n’est-ce pas? » Une menace voilée? Oui clairement. Fulcran l’avait bien compris. Sans attendre, il sortit de la pièce, faisant vibrer la porte derrière lui.


Sans attendre, la jeune femme se mit à marcher, contournant les hommes agenouillés, avant de s’asseoir doucement sur la chaise finement décorée avant de faire signe aux seigneurs de se relever. Tous s’exécutèrent, observant la jeune femme, se demandant quel serait les premiers ordres de la nouvelle Baronne. « Nous avons du travail Mes Seigneurs… Mon père. » Le prêtre releva la tête vers la baronne avant que cette dernière ne reprenne la parole; « La sécurité de Pénélope de Broissieux est importante. J’imagine que lorsque le mot fuira éventuellement sur sa famille. En attendant que sa mère nous donne une quelconque indication, je crois qu’elle sera plus qu’en sécurité au temple. C’est notre devoir de veiller à notre prochain. Rappelez-lui les valeurs de la Damedieu. »


« Cela sera fait, Votre Honneur. »
« Votre honneur, si vous me le permettez, je pourrais personnellement la raccompagner à Val-Néera. »


Adélina acquiesça avant de reprendre la parole; « Une enquête approfondie devra avoir lieu dans la Baronnie. Nous ne pouvons permettre à ces hérétiques de circuler librement sur nos terres. Mon père, vous aurez toutes la liberté de faire dans ce sens. Si vous avez besoin d’autres ressources, n’hésitez pas à me le faire savoir. Je m’en occuperais personnellement. »


Le prêtre fit un rapide mouvement positif de la tête avant de reprendre la parole; « La Grande-Prêtresse de Néera a déjà avisée Diantra. Ce n’est qu’une question d’ennéade avant que nous soyons conviés à venir faire part des résultats de notre enquête. Néanmoins, je réviserais avec vous dans quelques jours, car cela sera une rencontre des plus capitales. »


La jeune femme releva la tête, portant de nouveau son regard vers ses vassaux, avant d’inspirer profondément, avant de conclure; « Nous redresserons l’Alonnan. Pilier par pilier s’il le faut. Mais il est maintenant temps de passer à une nouvelle ère. À une ère droite, juste et pieuse. Nous brillerons à nouveau mes seigneurs, et cette fois, personne ne pourra ternir notre réputation. » dit-elle en fixant les seigneurs devant eux. Elle savait qu’elle avait des preuves à faire, qu’à la moindre maladresse, certains s’en prendrait à son pouvoir. Mais elle y irait une étape à la fois, se redresserait après chaque chute. La route devant elle était loin d’être parfaite, mais Adélina de Lourbier ferait tout en son pouvoir pour la redresser. Après tout, cela n’était que la première partie de son plan.


L’alonnan avait une nouvelle baronne. Un nom que tous connaissaient très bien. Un nom qui avait déjà marqué l’histoire et qui n’avait guère fini de laisser sa marque.