Des champions de la DameDieu, du Destin de Son Royaume.

Les rayons nacrés d’un soleil matinal perçaient au travers des immenses vitraux aux origines ancestrales de la Cathédrale, se teintaient de la couleur de la verroterie et faisaient du parterre une peinture évoluant au rythme de la journée.
Les prêtres et prêtresses s’affairaient silencieusement à leurs tâches quotidiennes en ces heures matinales, bien que certains parmi eux préparaient assidument l’arrivée de leurs champions. Ceux qui, lors des affrontements du grand tournoi, eurent été désignés vainqueurs, par leur adresse, leur force et leur courage. Ceux-là même qui, depuis la fin de ce tournoi, furent nourris et logés au cœur de la Cathédrale, entendirent les sages conseils de l’Église, devinrent témoins de révélations quant à leurs missions à venir.

Ne leur restait qu’une dernière réponse à apporter à leur hôte, une vérité personnelle et intrinsèque à chaque Souffle. La prêtresse en charge de leur réception les attendait dans la croisée du transept. Les saluant à leur arrivée, elle se fendit d’un sourire affable, révélant un visage ridé et buriné par de nombreuses années.

- Enfants de la DameDieu, l’un après l’autre vous me suivrez jusque dans le chœur situé derrière le jubé et m’apporterez votre réponse ainsi que sa justification à cette simple question… Portant un index l’adepte de la Déesse continua avec un timide sourire sur les lèvres. Imaginez... Vous vous trouvez au beau milieu d’une assemblée de pairs et, tous autant que vous êtes, écoutez un discours de la plus haute importance de la part d’un Marquis. Ses mots soulignent l’urgence et la gravité d’une situation inédite et inquiétante, cependant les pleurs d’un enfant viennent l’interrompre. Le petit est là, dans un coin de la salle, braillant si fort qu’il suspend le cours de cette pressante réunion Ô combien primordiale. Que faites-vous ?

L’ancienne dressa un index rabougri et abîmé devant ses lèvres, de l’autre main, elle invitait le premier champion à la suivre derrière le jubé.

Les rayons du soleil éclairaient magnifiquement la cathédrale, lui donnant un aspect bien différent. Aubry Lourbier regardait les prêtres qui s’affairaient autour du trio de vainqueurs, attendant avec impatience la raison de leur présence dans ces lieux sacrés. Le chevalier avala difficilement sa salive, lui qui généralement avait un air si souriant, si vivant, semblait étrangement nerveux. Il avala difficilement sa salive avant de jeter un coup d’œil à Théodoric. Son suzerain – et cousin – semblait tout aussi solenne que ce dernier. Jamais il n’aurait pensé se démarquer ainsi, et jamais il n’aurait pensé qu’un jour – il se trouverait dans cette étrange position. L’alonnais se retourna finalement vers la porte pour suivre la prêtresse dans le jubilé. Lorsqu’ils furent seuls, Aubry redressa finalement la tête, fixant la femme qui lui faisait face. Elle n’eut pas besoin de répéter sa question, le nordien prit rapidement la parole; « La vie tu respecteras et protégeras. » Récita-t-il avant de rajouter; « La déesse nous a enseigné à protéger nos familles, les enfants. Si le petit pleure, c’est que quelque chose l’a perturbé et c’est notre devoir d’y veiller. » Il se gratta la tête, l’air confus pendant un moment, se demandant ou est-ce que la prêtresse voulait en venir. Puis, voyant que cette dernière ne répondit rien, il se releva avant de faire un mouvement de tête, tentant tant bien d’être respectueux, avant de sortir de la pièce. Il avait la vague impression d’avoir complètement échoué cette épreuve.