[Solo] Les p'tits papiers !

1ère ennéade de Favriüs – Premier mois de l’Automne de l’an XIX.
Au sein des Mille-Caves – Dans la dernière Cave.

Au fond des tréfonds de cette partie du monde, vivent les élites des Nains des Mille-Caves. La dernière Cave était aussi calme que d’ordinaire. Les colonnes et le marbre froid resplendissaient les lumières blanches aux éclats bleutés des runes disposées à intervalles réguliers. Gravées dans les colonnes, dans les plafonds, au sol aussi, la dernière Cave du Maître des Caves était affriolante de beauté, de richesse et de luxe.

Immense, elle revêtait deux rangées de colonnes de marbres rose venus du confins du monde. Au sol, et au plafond, de larges plaques de marbre blanc réhaussaient la couleur des colonnes, et celles des meubles. Des tapisseries fines, faites de velours, de soie, de satin et de cachemires, habillaient les murs froids des profondeurs des terres. Un salon était là, dans un coin, faisant face à un bureau aux meubles de bois vernis. Au fond de la pièce, tout au fond, à l’exact opposé de la lourde double porte de pierre aux sceaux runés, se trouvait une autre porte de pierre, avec d’autres runes encore.

Derrière celle-ci, l’on trouvait la cave aux élixirs de Marzaban. Toujours fraîche, mais jamais humide, elle recelait quelques milliers de bouteilles de vins, de liqueurs, de nectars et d’élixirs aux provenances multiples.

Un de ces nectar, ambré, aux couleurs sombres, dormait dans un épais verre de cristal gravé de runes de froid. Derrière ce verre trônait un grand livre aux nombreuses pages, sur lesquelles dansait la pointe d’un stylet trempée dans l’encre. De petits doigts épais tenaient cette pointe. Les ongles, impeccables, faisaient régulièrement l’aller et le retour jusqu’à un napperon de soie, afin de toujours évacuer les petites gouttelettes d’encre. A chaque doigt trône une bague, une chevalière ou un bijou quelconque, aux métaux précieux, aux pierres de grand luxe.

Marzaban était attablé depuis des heures, et réalisait la tâche quotidienne qui lui incombait, à savoir, à consigner sur vélin tout ce qui attenait aux Mille-Caves. Les finances de cet Empire, son organisation, les étapes de sa politique. Tout était consigné, dans des runes codées selon un code connu de très, très peu de nains de ce monde. A peine autant que les doigts d’une seule pogne.

Tout devait être millimétré. L’on ne dirige pas un empire sans en surveiller les moindres aspects : taxes, impôts, importations et exportations, ventes et achats, entrées et sorties, naissances et décès…

L’incident de Langehack avait des répercutions mondiales, et plus encore sur les terres Naines, qu’elles soient au Nord, ou au Sud…