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 Les facettes d'une existence | Solo

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Louise de Fernel
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Louise de Fernel


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MessageSujet: Les facettes d'une existence | Solo   Les facettes d'une existence | Solo I_icon_minitimeJeu 20 Jan 2022 - 10:18


Bàrkios de l'An 19:X1
4ème jour de la deuxième ennéade
A la mi-journée
Duché de Serramire, Seigneurie de Fernel

Au lendemain de ce texte



Elle n’avait pas menti à cette petite fille la veille, les travaux d’aménagement et d’embellissement du temple sont bel et bien à l’ordre du jour. Du moins, ils auraient sans doute été bien plus rapidement exécutés si Efren était resté à Fernel. Louise n’avait guère pu saluer son ancienne camériste pas plus que le jeune ingénieur, désormais tous deux fiancés. Elle a appris leur départ dans une lettre fort brouillonne et à l’écriture approximative mais tout à fait lisible, une petite lettre écrite par Anaëlle qui annonçait son désir de quitter Fernel et de s’installer avec celui qui serait sous peu son époux.

Louise avait eu un léger pincement au cœur en passant ses doigts sur les mots mal formés, avant de sourire. Anaëlle mérite cette paix et cette vie-là, une vie simple avec celui qu’elle aime, loin des affreux souvenirs de ce château, de Geoffroy ou même…d’Elazar. Anaëlle a laissé quelques indications sur l’endroit où ils comptent se rendre tous les deux et la châtelaine a bien envie d’offrir quelque chose, un petit présent à ce couple heureux. Après avoir écrit une lettre dans laquelle elle exprime toute sa joie à propos de leur future union, elle y ajoute un petit sac rempli de pièces, lui-même rangé dans un petit coffre qu’elle fera porter au couple.

Les doigts posés sur ce petit coffre de chêne, elle a bien évidemment une pensée pour Aaron. Et par extension, pour ces hommes qui ont traversé sa vie ces derniers mois. Un mage, un assassin, un duc…et…

- Elyias.

Elle sourit en prononçant ce prénom. Louise reconnaît bien là la malice de Dante qui n’a pas oublié, lui, ce qu’elle a vécu là-bas. Il s’est bien renseigné, visiblement, assez pour débaucher cet homme, sa famille, et pour l’expédier dans le Nord en connaissant les secrets de sa sœur. Dire qu’elle n’a pas été troublée par ces grands yeux posés sur elle, à peine visibles sous le khôl et les couches de laine qui le préservaient du froid, serait mentir. La châtelaine est éminemment sensuelle, dans le sens premier du terme. Elle ne cherche pas volontairement les contacts mais elle sait apprécier les bonnes choses, les bons vins, les gestes, les senteurs, elle est très réceptive à cela et revoir cet homme lui a rappelé Thaar…Cette ville qu’elle adorerait arpenter à nouveau, un jour ou l’autre.

Pourtant, ils sont ici à Fernel…Et à Fernel, il y a, outre des centaines de paires d’yeux braqués sur elle en permanence, ceux bien plus dangereux et inquisiteurs du vieil intendant à la canne dragon, Elazar Redinem. L’apparente bonhomie du vieux grand-père n’est qu’un leurre et elle le sait fort bien même s’ils n’ont jamais vraiment de conversation à cœur ouvert sur certaines zones d’ombres soigneusement évitées de part et d’autre. Louise sait à peu près tout et elle sait aussi entre quelles mains elle a laissé sa seigneurie. Elazar n’aurait pas hésité à abattre ou faire abattre la moindre menace. Quoiqu’il en soit, il n’en demeure pas moins qu’elle préfère éviter les situations potentiellement gênantes en sa compagnie. S’il la voit en compagnie d’Elyias, qui sait de quoi il serait capable…

Un soupir lui échappe, avant qu’elle ne secoue la tête. Il y a entre eux un grand fossé d’histoires non dites, de secrets énormes et de voiles pudiquement posés sur des actes ignobles, aussi bien envers son frère que tous ceux qui ont eu à souffrir, à périr sous sa main. Neera a dit que les fautes d’un père ne peuvent se reporter sur sa progéniture. Elle avait eu grand besoin d’entendre cela, dans la cathédrale, pour lui pardonner. Tout comme pour se pardonner…

Dehors, c’est l’heure la plus chaude de la journée et il ne pleut pas. Il y a donc bien plus d’agitation que de coutume et dans toute cette agitation, le regard consciencieusement rivé sur les missives reçues, elle n’entend pas de suite le bruit qui se propage en écho dans la cour. Ce sont les pas rapides d’un soldat courant dans le couloir qui attire son attention puis qui lui fait froncer les sourcils quand elle se rend compte que le soldat frappe à sa porte.

- Entrez !

Le front recouvert de mèches folles, l’œil luisant d’avoir trop couru, un garde essoufflé dit, d’une voix rendue plus aigüe par la course et le manque d’air :

- Dame Louise ! Les nouveaux chevaux !
- Quoi ? Qu’y-a-t-il ? Parle enfin !

Elle est déjà debout et se dirige vers la fenêtre pour voir de quoi il s’agit.

- Ils sont agités et ils ont fait du dégât dans les écuries !
- Les nouveaux palefreniers peuvent gérer cela je crois, non ?
- On ne sait pas où ils sont !
- Comment ça, vous ne savez pas où ils se trouvent ?, dit-elle en se retournant brusquement vers le soldat, les sourcils à nouveau froncés. J’ai demandé qu’on les surveille !
- Ils sont rapides…Ils ont échappé à notre vigilance, nous ne savons pas…Nous pensions que…

Louise lève la main et dépose ses missives dans un petit coffre fermé à clé avant d’ajouter.

- Patrouillez dans la cité. Que trois de vos hommes inspectent les champs et les chaumières, que deux autres surveillent les chênaies, je vais voir moi-même de quoi il retourne. Pour les chevaux, demandez à Henry de trouver une solution. C’est lui le plus âgé, il a ma confiance. Et…Rütger…, ajoute-t-elle en finissant de ranger son bureau, ces chevaux ne sont pas comme les nôtres, nos méthodes ne sont peut-être pas adaptées. Calmez-les du mieux que vous le pouvez, je vais chercher les palefreniers dans les alentours directs du château. Allez.

L’homme s’incline et s’en va, tandis que Louise se regarde un instant dans le miroir. Elle porte une robe de laine verte, sur une longue chemise de tissu beige, ses cheveux sont libres sur ses épaules et pourtant rehaussés de ce cercle de métal qui ne quitte que très rarement. Elle enfile une cape chaude doublée de fourrure, sa ceinture portant une lame courte et sort, capuche rabattue sur sa tête.

Il y a évidemment beaucoup d’agitation dans le grand hall et dans la cour principale. Les palefreniers semblent démunis face au comportement de ces cheveux impétueux que rien ne semble arrêter. Les hennissements sonores lui fendent le cœur mais la priorité est de retrouver les palefreniers qui les accompagnent. Et au milieu de tout ce raffut, il y a ces fameuses frimousses inconnues, les petits orphelins qu’elle ne connait pas encore et qui regardent la scène d’un air à la fois circonspect et admiratif, assis sur un muret moussu, les pieds battant le vide. La châtelaine fronce encore les sourcils et approche tandis que les trois petits visages sont tournés vers le chaos des écuries.

- Bonjour ? Auriez-vous aperçu les palefreniers qui viennent de par-delà la mer, les enfants ?

Les visages se tournent d’un seul et unique mouvement coordonné vers elle et sourient soudain, de grands sourires à trous qui amusent un peu la châtelaine.

- Oui, m’dame…Ils sont dehors, dans les chênes. On les a vu ce matin, avant de rentrer pour aider aux écuries.
- D’accord. Pourquoi ne pas l’avoir dit aux personnes qui les cherchent ?
- Ben, répond le plus grand en fourrant son doigt plein de terre dans son nez, personne nous a rien demandé !

Louise se mord l’intérieur de la joue pour ne pas rire mais ajoute, un peu plus sérieuse :

- Ne restez pas là, allez les aider à apaiser les cheveux, les garçons.
- Ben…Pourquoi ? C’est drôle ici ! Puis personne ne nous a rien dit.

La châtelaine se penche un peu et pose ses doigts sur ses genoux, l’œil malicieux :

- Moi je vous le demande. C’est une raison suffisante de bouger que d’obéir à votre châtelaine, ne croyez-vous pas ?
- ….oooooh !

Trois paires d’yeux bleus la fixent avec stupéfaction avant de se lever très vite et de filer, courant tout en tenant leurs bonnets.

- Les chênes, donc.

En secouant la tête, elle se déplace rapidement, saluant d’un geste ou d’un regard les personnes qu’elle croise puis sort de l’enceinte du château pour se rendre tranquillement à pied près de l’arbre-seigneur, là où les chênes sont les plus nombreux.



Les facettes d'une existence | Solo 6bln



De là où elle se trouve, le brouhaha incessant du château et des écuries s’atténue à chaque pas et ce bruit devenu lointain s’estompe tout à fait en entrant peu à peu dans les massifs d’arbres d’or et de pourpre. Elle lève le nez pour inspirer profondément cette odeur, celle de la terre encore humide qui est doucement réchauffée par le soleil malgré la fraîcheur de l’air. Cela pique un peu le nez, cela pique un peu les yeux mais c’est très agréable tout de même comme promenade même si cela n’est pas le but premier de sa sortie. Dans le silence presque total procuré par la sécurité des branches, elle entend alors des éclats de voix, des voix masculines, féminines, un accent rude du Nord et d’autres, plus chantant, du Sud. Louise presse le pas pour enfin découvrir une scène qui lui fait immédiatement cesser sa progression.

Les quatre Thaaris sont là, présents, et une des leurs, une femme, est au sol, protégée par les trois autres face à deux gardes de Fernel, vouge à la main, prêts à attaquer. Personne ne la voit, dissimulée derrière un tronc, le regard rivés sur la scène toute proche, attendant avant d’agir. Et elle n’a guère longtemps à attendre avant que les voix ne s’élèvent de nouveau, parfaitement distinctes cette fois.

- Elle a dit que vous deviez rentrer ! Alors vous rentrez ! On a besoin de vous pour calmer ces affreux chevaux de chez vous !
- Saleté d’Estreventins…Regarde moi ça…. Et ils ne répondent rien, ces abrutis, on fait quoi ?
- Ben on fait ce que Dame Louise a dit, on les ramène ! Allez les pouilleux, le château c’est par là.


Ils font un pas, les Thaaris ne bougent pas pour autant. La femme au sol, elle, serre les jambes d’Elyias, terrifiée.

- Faut vous le dire comment ?

Le vouge d’un des deux gardes s’abaisse sur la jambe de la femme, soulevant un peu la jupe toute tâchée tandis qu’un sourire concupiscent apparait sur le visage du grand garde fernelois. Un cri de panique féminin s’exprime enfin. Et une lame rapide vient se ficher devant le garde, enfoncée à quelques centimètres de sa botte de cuir, dans un bruit mou et humide parmi les feuilles tombées au sol. Le garde tourne immédiatement la tête vers les fourrés et grogne, immédiatement mis en alerte par la présence d’un intrus hostile. Les Thaaris eux aussi reculent un peu, faisant front, tout en relevant la femme dont les vêtements sont tâchés de terre.

- Qui va là ?!

La femme, elle, a un regard pour la lame et hausse les sourcils de surprise avant de regarder Elyias qui ne quitte pas les troncs de chêne du regard.

La silhouette de Louise apparaît, capuche abaissée, avançant d’un pas lent, loin de sa démarche habituelle, plutôt rapide et souple. Non, là, elle prend son temps, elle laisse aux personnes présentes le temps de réaliser ce qu’il vient de se produire et cela fonctionne plutôt bien. Aussitôt, les deux gardes font marche arrière, tête basse mais en se regardant en coin. La petite brune vient se placer devant les quatre Thaaris et les gardes posent un genou à terre, sans dire un mot. Bien droite devant le quatuor qui la dépasse au moins d’une tête, elle regarde ses hommes, à genoux, visiblement très mal à l’aise.

- Comment osez-vous vous comporter de la sorte vis-à-vis de mes invités ?

Louise parle également un ton plus bas que d’ordinaire, les yeux rivés sur eux tandis que derrière les quatre nouveaux venus ne bougent plus.

- Berel. Charles. Je vous ai posé une question.

Le plus petit des deux prend alors la parole, toujours tête baissée.

- Vous aviez donné l’ordre de les ramener.
- Oui. Les ramener. Pas les malmener. Pourquoi cette femme est-elle dans cet état ?

Un regard entre les deux hommes et un silence un peu lourd jusqu’à ce qu’une voix un peu rauque s’éclaircisse par une petite toux.

- Elle est tombée.
- Menteur.

Une voix à l’accent roulant, trainant, vient de s’élever, celle d’Elyias qui serre les poings. Louise réprime un frisson en entendant cette voix parler sa langue.

- Il a…Ma sœur…Poussé. Lui…voulu faire mal elle. Menteur !

Louise ne dit rien durant quelques instants, laissant délibérément ses hommes à genoux pendant qu’à l’arrière les Thaaris s’agitent un peu. L’ouverture qu’elle met en avant à chaque occasion depuis qu’elle a hérité de ces terres est connue de tous. Même si dans l’ensemble les choses se passent bien, généralement, il y a parfois des exceptions et ces deux hommes en font partie. La haine de l’autre, les préjugés, l’isolationnisme et la fierté de provenir du Nord sont ancrées bien plus profondément chez certains que chez d’autres et c’est précisément cela que combat Louise, à sa façon. Bien sûr, elle ne pourra pas changer toute la mentalité nordienne mais elle a reçu Fernel, c’est elle qui en a la garde et elle entend qu’on la suive.

Quoiqu’il en soit, elle connait la valeur de ces deux gardes, ce qui les sauve du moins temporairement.

- Relevez-vous. Et regardez ces personnes, dit-elle en faisant un quart de tour vers la droite pour qu’ils puissent se faire face. Berel, Charles, voici les nouveaux compagnons de nos palefreniers. Vous vouliez leur montrer à quel point vous vous sentez supérieurs ? Meilleurs ? A quel point peut-être vous êtes puissants face des personnes qui viennent de loin, qui parlent mal votre langue, qui ne connaissent pratiquement rien de nous ? He bien…Allez-y, je vous en donne l’occasion. Sortez vos armes, utilisez-les sur ces gens qui n’en ont pas, montrez-leur le vrai visage du Nord.

Il y a un flottement durant lequel tout le monde regarde Louise dont le visage vient de se fermer. La femme Thaarie se serre contre son frère qui lance un regard furieux à la châtelaine. Les gardes, eux, observent le quatuor avec circonspection avant de renifler avec dédain. Pas un ne bouge, même si les mains se serrent sur le manche des vouges.

- Ou alors, vous décidez de vous comporter comme des hommes et vous respectez mes ordres qui ont toujours été clairs envers quiconque serait reçu en ami à Fernel. L’hospitalité, messieurs. A défaut d’être aimables, soyez dignes.

La châtelaine accroche les regards des Thaaris, en levant les mains en signe de paix.

- Ces hommes ne vous feront plus rien. Je les attache à votre protection personnelle, à tous les quatre. S’il devait vous arriver quoi que ce soit, ils m’en répondront.
- Mais, Dame Louise !, réagit le plus grand des deux gardes, les joues rouges.
- Vous contredisez un de mes ordres, Berel ? C’est bien ce que vous êtes en train de faire ?, dit Louise d’une voix sèche qui ne supporte aucune contrariété.
-…Non. Pardonnez-moi, ma Dame.
- Accompagnez ces personnes au château et traitez les avec le respect qui leur est dû. Vous savez à quoi vous en tenir. Obéissez.

Les deux gardes s’éloignent déjà en faisant des signes de la main au quatuor qui ne bouge pas durant quelques instants. Ils parlent vite, en leur langue et trois d’entre eux se détachent pour suivre les gardes. Elyias, lui, reste. Les gardes interrogent silencieusement Louise qui lève la main.

- Faites ce que je vous ordonne. Rentrez au château.

Bientôt, le bruit des pas cesse et la châtelaine demeure seule avec Elyias, sans dire un seul mot. Le grand Thaari approche alors, s’abaisse pour extraire la lame du sol et la regarde, attentif, avant d’ôter la terre présente sur la lame en l’essuyant sur son avant-bras. La châtelaine l’observe, les mains nouées sur le devant de sa robe, attentive. Elyias, lui, a parfaitement reconnu la provenance de cette arme et a enfin un sourire. Ce sourire fabuleux qui l’a poursuivie pendant des ennéades complètes. La châtelaine regarde ailleurs, un instant, l’estomac noué.


- Merci, dit Elyias en lui tendant la lame pommeau en avant.

La petite châtelaine s’empare de son arme et la range dans son fourreau d’un geste fluide, tout en répondant, d’une voix un peu adoucie :

- Je suis désolée que vous ayez été victimes de cela mais...Fernel n’est pas Thaar. La Péninsule n’est pas l’Estrevent. Les avertissements que tu m’as donné là-bas…applique les ici. Tout le monde n’est pas comme moi.
- Mais toi…Commander, ici. Toi…Femme commande. Claude dire que nous bien ici. Grâce à toi.
- Je ferai ce que je peux pour que vous soyez tous bien. C’est ainsi que je suis.

Elle ne termine pas sa phrase mais ce silence est bien plus significatif que cent mots. Louise peut soulever des montagnes pour ses amis, ceux qu'elle aime, ceux qui comptent. Elle est par contre sans pitié pour ceux qui lui font du mal ou qui font du mal à ces mêmes personnes chères à son coeur. Elyias penche la tête pour la regarder en entier, comme s’il était inquiet, soudain.

- Toi…différente. Thaar…Différente. Pourquoi toi différente ?

Louise déglutit très fort. Oui…Bien entendu qu’elle ne ressemble en rien à celle qu’il a connue à Thaar. Là-bas, il n’y avait pas de châtelaine, pas de responsabilité, pas de dogme, pas de restriction d’aucune sorte, juste le sincère et vif désir de vivre intensément, au moins une fois dans sa vie, sans avoir à rendre de compte à qui que ce soit. Elle était alors envahie par les regrets, par le chagrin, le cœur en miettes et le corps en feu, l’esprit prêt à se rompre, à tout instant sur une corde raide tendue entre la raison et la folie. La châtelaine détourne le regard, cette fois. C’est bien plus difficile qu’il n’y paraît que de faire face à un rêve qu’on ne peut plus toucher, même du bout des doigts.

- Parce qu’ici, Elyias, je suis Louise de Fernel, seigneur de ces terres. Toi, tu as juste rencontré Louise. Cette personne…n’existe que là-bas.

Il y a un silence. Elyias défait alors doucement les épaisses couches de laine qui protègent sa tête, révélant à Louise son visage, un visage qu’elle a du mal à regarder. Pourtant, il approche et se place à ses côtés.

- Moi...pas différent.

Louise inspire fort avant d’avoir le cran de le regarder. Les traits fins, les yeux nimbés de khôl, les longs cheveux d’ébène, la peau dorée…Le souvenir des moments passés ensemble lui revient à la vitesse de l’éclair et il est si près…Même  s'ils sont seuls, ici et maintenant, elle ne peut pas. L'écrasante solitude est son quotidien. Ce coeur ardent qui est le sien bat si fort en sa poitrine qu'il lui fait mal. Les noisettes fuient la tentation. La superbe et douce tentation que représente cet homme et le désir qu'il a éveillé, par un sourire merveilleux...

- Rentrons. Les palefreniers ont du mal avec vos chevaux. Peut-être pourrais-tu leur apprendre ce que tu sais…Ils t’apprendront ce qu’ils savent en retour.

Déjà elle s’éloigne, serrant sa cape au plus près, d'un petit pas rapide et souple, étouffé par un tapis de feuilles rouges. Elyias la suit, un pas derrière elle, silencieux.

Plus tard, bien plus tard, Louise sera dans sa chambre, porte verrouillée, à déposer sur un support les premières ébauches d’un nouveau portrait. Nul besoin de le toucher, elle s’en rappelle les moindres contours…
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