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Sujet: Sous l'aile de l'aegedhel Jeu 28 Avr 2022 - 23:24
Verimios de l'An 19:XI~ Hiver Fin de la deuxième ennéade.
Il marchait, encore et encore. En quête d’un bleu que fleuriraient les branchages d’hiver, en vain. Et bientôt, les rayons rougeâtres d’un astre diurne déclinant teintèrent les forêts de cette ambiance étrange et pourtant agréable. Le vent frais chantait entre les branchages, mettant au sol quelques feuillages sur son passage, il annonçait l’arrivée de la nuit. Et nul bleu à l’horizon.
À la vérité, le premier tissu, noué en bord de route, se situait à deux jours de marche. Les suivants – l’on pouvait les voir aisément – formaient une sente au milieu des herbes timides et frigorifiées et des arbustes dévêtus. De là, une petite heure suffisait pour que l’on aperçoive enfin se dessiner les pourtours d’une clairière dévoilant l’immensité des cieux, car l’arrivée de l’hiver y avait déjà bien élagué nombre d’obstacles à la vision. Excentrée, au pied d’un tronc centenaire, dans lequel on avait tendu un hamac de tissu entre deux branches, cuisinait en silence l’expéditrice mystérieuse. Au-dessus de son feu, emprisonné entre deux rangées de pierres, elle faisait tourner lentement de juteux morceaux de viande embrochés sommairement sur une pique de bois dur noirci par les flammes. Une viande provenant du loup gisant à quelques pas du campement de fortune, dont la carcasse, déjà bien dépiautée gisait dans large flaque de sang gelé. Sa fourrure, elle, pendait à l’une des branches basses de l’arbre depuis, au vu de l’odeur, au moins trois bons jours.
Les oreilles de l’elfe perçurent les bruissements et les craquements de pas approchant, elle se redressa, sa broche à la main. Ses yeux aux iris anthracite se perdirent dans les environs, cherchant à distinguer son invité. Tout du moins, mieux valait qu’il fût ce fameux invité, car, si elle était parée de cuir et armée, Gwilithiel n’avait que sa pique à viande à la main.
Elle s’avança imprudemment jusqu’au dernier des rubans bleus, noué à l’orée de la clairière, pour enfin discerner les contours de l’elfe qui s’en venait la rejoindre. De prime à bord, ils ne pouvaient pas être plus opposés physiquement. Lui, gigantesque, elle, relativement petite. Quoique finalement, les muscles proéminents de l’arrivant juraient avec les traits d’ordinaire plutôt androgynes des anëdhels, autant que sa silhouette à elle s’en démarquait aussi.
- Vous savez savamment choisir vos moments !
Gwilithiel s’en retourna sur ses simples mots vers son feu de camp faire lécher sa viande à ces flammes très timides.
- Je suppute que les odorantes volutes de ma viande vous font autant saliver que votre curiosité est affamée !S’exclama-t-elle en brandissant sa pique transperçant de juteux morceaux de viande désormais bien cuits.Vous fûtes bien fou de quitter vos murs avec un pantalon pour seule parure, alors savourez bien ce loup. Car je gage que votre témérité aura déjà été punie par le voyage et la nuit.
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: Sous l'aile de l'aegedhel Ven 29 Avr 2022 - 1:44
Les elfes voyagent finalement très peu. C’était là ce qui t’avait le plus marqué durant ta première journée de marche. Un seul et unique convoi, ni plus ni moins, voilà les seuls autres Souffles que tu avais croisé en suivant le sommaire pavage de la route. Et durant les premières heures qui plus est. Pour ce qui est du reste, tu t’étais retrouvé bien seul. Du moins, tu te serais retrouvé bien seul, s’il n’y avait pas eu Sû, dont la présence se faisait savoir de loin, minuscule tâche qu’il était devenu dans ton ciel. Seul avec toi-même et avec les incessants murmures des arbres. Habituellement lorsque tu voyageais, il y avait toujours un camarade avec qui échanger quelques mots, se distraire pour échapper à la lassitude. Pas cette fois. Si les heures de la journée ne s’étaient pas allongées à l’infini, et si le temps entre midi et soir ne t’avait pas paru une éternité, c’est parce que tu avais vite fait de te perdre à ce qu’habituellement tu n’écoutes que trop peu. Une sylve moins loquace ici qu’elle ne l’est loin des sentes, là où la forêt est complètement vierge, mais une sylve marquée par votre essence plus que partout ailleurs. Imbibée de l’essence elfique, des émotions que vivent les voyageurs, empreinte de leurs histoires. Ici la Sylve est paradoxalement d’autant plus réconfortante que sa nature a été tordue, car ici sa nature est au plus proche de la vôtre, ainsi les arbres font d’agréables compagnons de voyage.
Le soir tombe. La lueur du Flambeau d’Aluthen commence à percer à travers la canopée. Ton entrain s’étiole. Combien de temps te faudrait-il marcher ? Ta quête serait-elle finalement de celles que l’on compte en jours, en ennéades, en mois ? Tu soupires. L’affaire d’une ennéade tout au plus. La traversée de la Trace n’était pas plus longue que ça. Mais pour autant, une ennéade seul en forêt, étais-tu seulement prêt pour cela ? Ton ventre grogne, et le début d’une réponse te parvient. La douleur commence à prendre ton estomac , habitué par le train de vie Citadin à des repas à heures trop fixes, alors qu’il essaie de digérer du vide. Oui, tu étais prêt à passer une ennéade seul en forêt, mais pas comme ça… Tes sens commencent instinctivement à s’alarmer. Bien plus tôt que ceux de n’importe qui d’autre ne l’auraient fait. Car tu es une masse de plus de six quintaux de muscles. Tu es puissant, mais tu es lourd. De la même manière que les grands prédateurs de ce monde, tu ne peux pas te permettre de t’infliger la faim et l’épuisement. Si tu t’épuises, alors ton poids jouera contre toi, si ton poids joue contre toi, tu t’épuiseras plus encore, et à ce moment qui sait ce qu’il pourrait advenir ? L’Anaêh a vite fait d’éliminer les faibles.
L’hiver Lëandrin est chaud. Ni neiges ni tapis de feuilles brunes, les sempervirentes vivent un été permanent. Seulement il n’en est pas de même pour leurs fruits. La forêt Lëandrine n’hiberne pas, mais en hiver elle reste bien plus frugale que le reste de l’année. Les chairs de fruits ne suffiront pas, ce qui veut dire qu’il va te falloir chasser. Ce qui veut dire qu’il va te falloir t’écarter de la route.
Tu aurais aimé partager un lien assez fort avec Sû pour pouvoir compter sur lui et t’épargner le risque et l’effort. Chasser, verser le sang seul au milieu d’Anaëh, c’était risquer d’attirer les charognards d’une part, les autres prédateurs de l’autre. Et tu n’étais que trop peu armé. Tu soupires, pensant au nombre d’Ornedhels qui auraient probablement trouvé tes réactions totalement disproportionnées et tu te contents d’essayer de te rappeler de ce que tu as pu observer d’eux, et de ce qu’ils t’ont enseigné, durant le temps passé avec eux. La nuit est noire maintenant, les étoiles, la Lune et Silène parvenant à peine à éclairer la litière à travers une canopée trop touffue. Quant à toi, tes yeux sont perçants, mais tes yeux sont diurnes. Tu ne vois rien, ou presque. Tu es forcé d’imaginer, de redessiner les contours d’objets que tu distingues à peine et pour ce-faire, tu comptes sur l’éther. Ici, presque tout vit. Ici, presque tout pulse. La direction prise par un papillon de nuit, les colonnes tracées par une colonie de fourmis, le réseau complexe de racines, de troncs et de lianes… tout est bon pour te repérer. Le minéral t’échappe, certes, mais le minéral est ici – tu l’espères du moins – assez couvert de vie pour que tu puisses en imaginer la forme, en espérant que les mousses et champignons ne se décident pas à te trahir. La nuit est noire, mais tes proies potentielles ne t’en paraissent que plus lumineuses. La pulse des nocturnes est plus intense – de loin – que celle du végétal. Les coeurs battants, le sang courant sous les peaux, les peaux frissonnant au vent, dressant poils, plumes ou écailles attentifs
Tu avances lentement, l’attention accrochée sur deux animaux. L’un est une proie. L’autre est ta proie. La peau brunie par les traces de la litière, l’odeur masquée par celle des feuilles mortes, de la boue et de l’écorce, tu avances à pas de loup, le gigantisme de la forêt faisant presque oublier le tien. Et brusquement tu t’arrêtes. Tu abandonnes ta proie pour suivre de ton regard aveugle celui de la proie. Tu attends ton heure… et lorsqu’elle vient, ta magie s’abat sur ta cible. L’éther endort les peines de l’animal, et son corps avec elles. Arrêté en pleine chasse, il chute, ensommeillé. La tête de ton sceptre trouve celle de la chrivine au vol. Et c’est ainsi qu’elle mourut.
Tu n’avais que trop peu dormi durant la nuit. Tu avais mangé trop vite pour que le repas soit agréable, et ensuite, une longue partie de la nuitée avait été occupée à trouver un berceau parmi les branches les plus solides, et à y attacher les os trop bien nettoyés de feu ta proie. Un os à gauche, un os à droite, un système d’alarme dont les cliquetis – différents de ceux des branches – étaient censés t’avertir si quelque animal trop ambitieux décidait de renverser le rapport de force. Mais il n’en avait rien été. Heureusement. Mais ce n’est qu’alors que commençaient à pointer les aurores que tu trouvas le sommeil.
De retour sur la trace, midi venu, tu avançais à grands pas, pour rattraper le temps perdu. Des réponses avant d’avoir à chasser à nouveau, voilà tout ce que tu souhaitais. Une direction claire avant d’avoir à interrompre ton avancée une nouvelle fois, voilà tout ce que tu voulais… ou du moins ce que tu essayais de te convaincre vouloir. La réalité était que l’excitation de la chasse n’était toujours pas retombée, et ta petite virée était officiellement devenue véritable aventure. Tu goûtais à nouveau au sentiment de liberté vécu durant ton temps avec les Lirfelû et à l’attrait de la vie sauvage. Tu te sentais déjà à nouveau à la fois fragile et dangereux, et en cela il y avait quelque chose d’ô combien exaltant. Tu avais réussi à te convaincre ne pas avoir envie de chasser à nouveau, mais s’il le fallait, alors tu étais prêt à le refaire et le crépuscule commençait à menacer… Les dernières lueurs, alors que tu t’apprêtais à quitter les sentiers, firent tout bonnement hurler l’étincelle de bleu dans l’océan de brun.
Le premier était perdu, mais les suivants tissaient ensemble une sente des plus aisées à suivre. D’autant plus aisée à suivre qu’elle traçait le chemin vers l’odeur de la viande cuite. Motivé tant par la curiosité que par un appétit grandissant, tu avais fini par La trouver. Elle. Celle qui t’avait emmené jusqu’ici. Et si mille émotions s’étaient livré batailles en ton sein, de l’agacement à la colère en passant par le fou-rire, c’est avec un sourire tout à fait paisible aux lèvres que tu t’étais assis aux côtés de ton hôte.
- À vrai dire, je ne m’attendais pas vraiment à… tu attrapes tes propres mots et t’arrête à mi-phrase, repensant à la manière dont tu étais parti ...disons plutôt que je suis juste parti sans réfléchir. et tu ne te rends compte que maintenant de l’inquiétude qui doit grandir au sein du Palais Mais oui, je ne serais pas contre un repas.
Ah ! Les soucis de la Cité seraient une question pour demain. Jusqu’au prochain matin – ou du moins jusqu’à ce que Sû te donne l’opportunité de communiquer avec la Cité – tu étais sauvage.
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Sujet: Re: Sous l'aile de l'aegedhel Ven 6 Mai 2022 - 0:57
Les gouttes de graisse mêlée au sang disparaissaient dans les flammes crépitant furieusement à chacune de leur chute, tandis que l’elfe tournait et retournait régulièrement la broche de bois noirci de sa main gantée de cuir. Le regard perdu dans les flammes dansantes Gwilithiel se fendit d’un sourire à l’écoute des paroles de son invité. Alors, ce fut sa fougue qui avait parlé par dessus tout le reste.
- Et ainsi, il s’en est allé, avec pour seul bagage sa curiosité.Son regard remonta vers celui dont le ventre criait famine.Tenez, mangez.
L’aeghedel lui tendit la broche, corroborant son invitation à se sustenter d’un geste de tête. Et dès lors que l’elfe s’en fut saisit pour croquer la carne à pleines dents, elle le déshabilla rapidement du regard. Rapidement, car il était parti bien peu vêtu pour une aventure dont il ne savait strictement rien.
- Comment dois-je appeler l’intrépide aventurier au fougueux tempérament ?Lui demanda-t-elle alors que ses yeux se fissent rieurs.Mes amis m’appellent Gwilithiel et tu peux m’appeler ainsi.
Et sur ces mots, elle se redressa, parcourant les quelques pas la séparant de la branche sur laquelle attendait patiemment la peau du loup que son comparse dégustait. Elle s’en saisit, la pliant et la dépliant dans un son semblable au vélin que l’on froisse. Sur les bords de la peau, se trouvaient encore nombre de fils faits de fibres qui avaient servi à la tendre sur l’arceau de branches gisant au pied de l’arbre.
- Préférant ne rien laisser, je l’ai dégraissée. Elle sèche depuis bientôt quatre jours, elle fera pour tes épaules et ton dos d’agréables atours. Il nous faudra la fumer, tu m’aideras après t’être sustenté.
Gwilithiel vint déposer la peau roulée aux côtés d’Artiön, puis s’en retournant en direction de l’orée de la clairière, la voilà qui repartait à la recherche de trois branches longues et solides, de quoi faire un trépied digne de ce nom.
- Raconte-moi donc ta rencontre avec le dolwen rainadion. J’aimerais apprécier les liens qui firent de lui tien et de toi sien. Ensuite,elle brandit l’index en direction de l’elfe en souriant,tu iras trouver d’épais branchages et des feuillages encore fournis, je trouverai mousses et bois pourris.
L’air satisfaite, elle entreprit de délester l’un des arbres, à l’aide de sa dague, de l’une de ses branches. Une lui paraissant somme toute parfaite pour son affaire.
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: Sous l'aile de l'aegedhel Ven 6 Mai 2022 - 2:12
La nourriture apaise les cœurs. Le tien en tout cas. La première bouchée de viande cuite t’avais arraché un audible râle de satisfaction, et ainsi allégé du poids de cette inquiétude, écouter ton hôte s’était trouvé être d’autant plus facile.
- Artiön.
Pas de nom de lignée car elle n’en avait pas présenté. Tu mimes instinctivement ce que Gwilithiel semble te présenter comme ses normes de politesse, trop habitué que tu es aux caprices des Ornedhels. Pour le reste tu t’étonnes sans t’étonner de ses attentions, l’observant tout de même d’un œil curieux par-dessus ton morceau de viande, tant dans l’espoir de trouver un détail notable qui t’aide à lui deviner une origine, qu’à la recherche d’habitus qu’il te faudrait respecter. Mais l’Ornedhelle ne semblait pas l’entendre de cette façon, car si elle t’avait ici invoqué, ce n’était non pas pour que tu apprennes à la connaître, mais pour qu’elle puisse découvrir qui tu étais.
- J’étais parmi les Lirfelû de Daranovar, le clan de mes ancêtres. pourquoi ? Comment ? Les circonstances du début de ton séjour parmi eux étant ce qu’elles étaient, tu préférais ne pas les mentionner Les chasseurs étaient habitués à partager le territoire avec Sû – c’est le nom qu’ils lui ont donné – mais cela faisait quelques mois qu’il agissait plus agressivement qu’à son habitude. Les elfes du clan ont préféré le laisser tranquille, mais de mon côté – appelons ça la curiosité Taledhelle – je me suis senti le besoin d’aller voir ce qui se passait. tu lèves les sourcils et te pare d’un sourire rêveur, repensant aux innombrables avertissements de tes Frères et Sœurs du clan Je me suis donc finalement retrouvé à gravir les sommets des monts Norn, et j'ai fini par trouver son nid... tu tais soigneusement le fait que tu y sois allé totalement à l'aveugle, te contentant de mettre un pied devant l'autre mû par d'étranges instincts, et tu lèves les yeux au ciel, comme cherchant l’aigle ...non sans avoir à me cacher de la bête quand elle patrouillait. Puis à un moment alors qu’il était hors du nid, je m’y suis glissé et je me suis rendu compte que sa femelle était morte, que vu l’odeur, elle devait l’être depuis un moment déjà, et je me suis dit que c’étaient probablement à ses premiers signes de dépérissements qu’il était devenu plus agressif. Le pauvre a dû d’abord désespérément essayer d’éloigner toute forme de menace de sa compagne malade, avant de se retrouver à devoir à la fois chasser et protéger ses aiglons. tu baisses les yeux et soupires, te rappelant l’état frénétique de l’animal lorsqu’il t’avait pour la première fois vu dans son nid Du coup après m’être fait violemment chasser du nid plusieurs fois j’ai essayé de m’appliquer à l’aider. tu ris doucement Au début je chassais, et j’essayais de lui laisser de la nourriture, qu’il n’ait pas à quitter le nid trop longtemps et puisse rester avec ses petits. Mais me nourrir moi en plus d’eux en chassant sur les pics des Monts Norn… sans ailes pour parcourir le territoire c’était compliqué. Alors j’ai tenu bon pendant quelques jours, mais ensuite j’étais beaucoup trop fatigué. tu souffles Et je crois qu’à ce moment-là il a compris, et pour je-ne-sais-quelle raison il a décidé d’échanger les rôles. Et jusqu’à ce que ses petits soient en âge de s’envoler, c’est Sû qui nous a tous nourri pendant que je protégeais le nid.
Tu avais rarement mangé autant de viande crue, mais le souvenir était encore assez vif pour que tu te rappelles ne pas t’en être préoccupé le moins du monde. Pendant les longues ennéades qu’il a fallu avant que les oisillons ne prennent leur envol, la vie au nid t’était simplement devenue seconde nature.
- Et depuis Sû me rend régulièrement visite. tu ris doucement encore une fois Parfois je me dis que j’ai peut-être remplacé sa femelle.
Arrivé à la fois au bout de ton repas et de ton histoire, tu te lèves et t’étires, prêt à partir faire ce que l’Ornedhelle avait prévu pour vous, sauf que, réalisant à quoi cela devait servir, tu t’étais brusquement figé. Puis tu avais finalement haussé les épaules et ouvert les bras, l’air désolé.
- Par contre, si tu le fais juste pour moi, je ne pense pas que ça vaille le coup pour la peau de loup. Autant que tu la conserves pour autre chose. tu baisses les yeux vers toi-même, puis vers la peau, avant d’à nouveau chercher le regard de Gwilithiel Je ne suis pas vraiment un petit format, elle ne couvrira pas grand-chose. tu laisses échapper un gloussement Mais ça va, je suis solide, ne t’inquiète pas. Juste un onguent pour chasser les insectes et je pense pouvoir survivre la peau nue.
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Sujet: Re: Sous l'aile de l'aegedhel Sam 7 Mai 2022 - 17:42
Gwilithiel ramassait çà et là quelques branchages et brindilles mortes, humides et pourrissantes, tandis que le flot de paroles d’Artiön sonnait à ses oreilles comme un agréable conte. Elle aimait les histoires qui se finissaient bien, et si celle-ci commençait bien tristement, sa suite lui réchauffait le cœur et sa fin restait encore à écrire. L’aegedhel se fendit d’un nouveau sourire en déposant ses trouvailles boisées près de son feu, puis tira à nouveau sa dague pour s’en aller décoller quelques morceaux de mousse grimpante fraîche et humide des troncs environnants.
- Ta solidité je n’en doute pas, ni même ta résistance au froid. Pourtant, crois-moi, cette fourrure tu chériras. Et lorsque tu n’en auras plus le besoin, tu l’offriras au premier badin sur ton chemin.
Revenant auprès de son feu, Gwilithiel entreprit de dresser ses trois longues et solides branches pour en faire un trépied, dont elle noua le croisement d’une cordelette de fibres végétales.
- Il faudra couvrir le trépied de tes feuillages,dit-elle saisissant l’arceau pour commencer à y rattacher et tendre à nouveau la peau,je m’occuperai moi-même du fumage.
Son travail accompli, elle pourfendit les quelques flammes encore crépitantes pour ne laisser que de simples braises survivantes, avant de nouer l’arceau et la peau tendue aux trois branches dressées. Les mains sur les hanches, un fin et radieux sourire de satisfaction illumina son visage. L’édifice tenait debout, c’était une victoire en soit ! Ou tout du moins un bon départ !
Son regard perçant se braqua vers les cieux alors qu’une tâche survolait la clairière. Deux de ses doigts vinrent à la rencontre de ses lèvres, puis soudain, un puissant sifflement strident retentit, brisant le calme apparent des lieux. L’aegedhel s’écarta de son feu au trot, ses pas la menant au beau milieu de la clairière, elle dressa le poing et s’immobilisa net. Un puissant glapissement retentit, apportant un calme surnaturel dans les environs. Des battements d’ailes. Le sifflement du vent. Et enfin un bruit sourd, celui de Sû atterrissant au sol. L’aigle tourna sur lui-même et se mit à battre des ailes dans un signe de contentement.
- Sû !S’exclama-t-elle en levant les bras au plus grand bonheur du volatile.Vois qui m’accompagne aujourd’hui !
La gwaeren maethor laissa quelques secondes passer, jetant un regard derrière elle en direction d’Artiön et du fumoir. Gwilithiel se mit à marcher tout sourire vers le feu de camp, suivie par l’imposant aigle visiblement heureux de partager cette excursion en forêt.
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: Sous l'aile de l'aegedhel Sam 7 Mai 2022 - 19:56
- Et bien puisqu’il est temps... tu réponds tout sourire à une Ornedhelle fière de sa construction ...je m’y mets sur le champs.
Tu ne la remarques que maintenant, l’excentricité du langage de son langage, mais maintenant que tu l’as remarquée, tu ne peux t’empêcher d’essayer de te souvenir mot pour mot de tout ce qu’elle t’aura jusqu’ici dit. Parfois tu retrouves une cadence, d’autres fois les rimes semblent absentes. Et là, les épaules roulant déjà en préparation d’un effort à venir, tu te poses la question de si c’est ta mémoire qui te fait défaut, ou si au contraire c’est Gwilithiel qui joue à faire autant avec que sans. Ton regard s’écarte de ton hôte, et quitte la conversation à la recherche de branchages à votre hauteur qui ne soient pas trop épais pour être arrachés. Encore une tâche plus difficile qu’il n’y paraissait dans cette partie de la forêt. Si la sylve d’Alëandir n’était pas celle d’Ardamir, elle restait tout de même incomparable à celle poussant hors du Cœur.. Après tout, ni à Tethien ni en Quatrième Saison que l’on pouvait espérer habiter une racine. Ici par contre…
Le sifflement te sort de tes pensées, et immédiatement ton regard en cherche la source. Aussitôt ensuite, il suit celui de Gwilithiel. Et enfin, ta posture se relâche. À grands pas, tu viens rejoindre l’elfe et l’aigle, et sans attendre, tu vas flatter le poitrail de l’animal, comme prétendant ne pas l’avoir vu la veille. En réponse, la créature te picore amicalement le haut du crâne, te bouscules quelques peu, et murmure un piaillement rauque.
- Alors bonhomme ?
Tu t’écartes. L’aigle s’approche, et fait mine du bout du bec de te garder près de lui, sans vraiment aller jusqu’au bout du geste. En retour, tu lui offres une mine faussement boudeuse, et croise les bras sous ta poitrine.
- Ah non ! tu n’arrives pas à retenir un rire J’ai du travail là tout de suite, ce sera pour après ! tu approches une main du plumage de l’oiseau Mais tu peux m’accompagner si tu veux !
Pendant l’espace d’un instant, Gwilithiel s’efface, vous laissant profiter de cette réunion. Quant à toi, tu guides l’aigle vers un coin de bois te semblant abriter ce que tu cherches. Il ne te fallut pas plus de quelques pas cependant avant d’à nouveau chercher ta comparse du regard.
- Toute l’équipe est réunie on dirait !
Juste à temps pour que tu te mettes au travail. Une branche. Juste une branche. À la voir, tu doutes fort qu’il y ait besoin de plus pour fumer ta cape de fortune. Juste cette branche et ce serait probablement même trop pour juste cette peau… seulement à moins d’aller chercher les hauteurs, voire la canopée, ou de marcher pendant ce qui pourrait être des heures à la recherche de buissons ayant réussi à pousser à l’ombre des géants, il serait probablement difficile de trouver mieux. Tu soupires, roules une dernière fois des épaules, secoues la tête, et prends ta décision. En quelques bonds, tu te retrouves perché sur une immense racine, et à portée du prix. Là tu encercles la branche de tes bras, et à la force du dos, t’emploies à l’arracher à son socle. Tes yeux se ferment, et c’est avec une délicatesse presque impropre à la tâche que – de peur de plus blesser la plante que de nécessaire – tu fais pression. Mais les premiers craquements du bois t’encouragent, les premiers légers mouvements de la branche t’exhortent et la première déchirure signe ta victoire. La branche finit par rompre, et d’un seul mouvement, tu la poses sur ton épaule droite. De l’autre main tu te saisis de ton sceptre, et après de discrets remerciements à Liltalaïma, tu faits appel à tes rudimentaires talents de végétaliste pour panser la plaie de l’arbre.
- J’aurais préféré ne pas avoir à en arracher une, tu lances en retrouvant le plancher, la branche par-dessus l’épaule mais j’avoue que j’ai préféré aller au plus rapide. Qu’on n’y passe pas la nuit entière.
Prophétie auto-réalisatrice peut-être, un clignement d’yeux plus long qu’à ton habitude laissa au même moment entendre que tu ne tiendrais probablement pas plus quelques heures de plus debout. Surtout s’il fallait vous réveiller aux aurores le lendemain.
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Sujet: Re: Sous l'aile de l'aegedhel Lun 16 Mai 2022 - 3:51
Ses yeux se firent rieurs et fin sourire releva les commissures de ses lèvres aux retrouvailles des deux compères. Gwilithiel observait, sous couvert d’une apparente innocence, la relation tissée au fil des années entre l’aigle et le taledhel. Quelques instants et les tâches mandées reprirent. Gwilithiel s’en retourna auprès de son feu meurtri, se contentant d’entretenir les braises rougeoyant encore faiblement au milieu des pierres, le temps qu’Artiön revienne avec de quoi couvrir son trépied. Il déposait un branchage après l’autre et bientôt, la fumée envahit le fumoir. Gwilithiel, ventre à terre depuis le début se releva enfin après un dernier souffle sur les braises. Frappant dans ses mains terreuses pour se débarrasser de la saleté, son regard s’en alla chercher celui de son comparse.
- Viens et observe ce qu’il te faut surveiller. Ce que toujours ton regard doit chercher.
Gwilithiel approcha de Sû, le poing dressé. L’aigle se figea l’espace d’un instant. L’aegedhel vint palper l’intérieur de la cuisse de l’animal.
- Les muscles, il te faut régulièrement les vérifier. Ils sont le signe de sa bonne forme à laquelle tu dois veiller. Surtout lorsqu’ils sont âgés.
Ses mains palpaient l’animal allant d’un endroit à l’autre, plus pour montrer que véritablement ausculter. L’aegedhel désigna ensuite l’une des imposantes pattes de l’animal, venant donner un léger coup de botte juste en dessous de l’articulation, juste de quoi lui faire entendre sa volonté. Sa langue se mit à claquer, encore et encore, jusqu’à ce que l’aigle commençât lentement à basculer sur le côté.
- L’amitié est une nécessité.Dit-elle en tendant une main paume ouverte vers Artiön pour lui intimer de ne pas approcher.Cependant, c’est une tout autre relation qu’il vous faut tisser.
Sû était appuyé de tout son poids sur le côté, ses pattes ne touchaient plus le sol, si bien qu’on pouvait observer la voûte plantaire de chacune d'elles. Le prédateur effrayant qu’il était offrait sa faiblesse à la vue de tous.
- Ceci,reprit Gwilithiel en tirant sa dague pour venir gratter de la lame une petit excroissance sèche,ne doit pas se répandre. Durillons et podagres se font bien vite d’inquiétantes infections.
Reculant de quelque pas, Sû eut tôt fait rouler à nouveau pour se remettre sur ses pattes dans un glatissement de soulagement presque protestataire.
- Mais c’est bien pour cela que je t’ai convié, c’est la tâche que tous ensemble, nous allons devoir achever. Et pour commencer, jette-lui donc un bout de ce loup et ordonne-lui de se figer.
Si ces histoires de relations entre elfes et animaux étaient toujours teintées d’une magie aussi fantastique qu’unique, il fallait aussi apprendre à se faire respecter. Ainsi la Nature était-elle faite, bien que sauvage et parfois difficilement domptable, elle comprenait en toute circonstances les rapports de force. Gwilithiel s’en retourna auprès de son fumoir, en serrant le poing à l’intention d’Artiön, comme un conseil silencieux, avec un sourire éclatant sur les lèvres, car les premiers essais étaient toujours les plus frustrants et amusants.
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: Sous l'aile de l'aegedhel Mar 17 Mai 2022 - 18:51
Bien rapidement après que les tâches imposées par Gwilithiel n’aient été remplies, et t’arrachant par la même occasion à l’espoir d’un prompt aller vers le royaume de Maurquimellë, l’Ornedhelle entreprit – pour ce à quoi cela semblait – de t’apprendre à… t’occuper du Grand Aigle ? Non pas que tu sois réfractaire à l’idée, mais il faut bien te l’avouer, ce n’était pas là une responsabilité que tu t’étais imaginé prendre auprès d’un animal sauvage. Mais pour l’heure, sauvage, à voir la manière dont il réagissait aux commandes de la petite elfe, tu commençais à te poser la question de s’il l’était vraiment. Tu l’as vu patrouiller le ciel de Daranovar des siècles durant, de même pour les Noss du Protectorat. Presque jamais personne ne s’était approché de Sû durant tout ce temps, ou seulement à d’extrêmement rares occasions, généralement à l’initiative de l’animal. Ces animaux ne vous ont jamais été particulièrement hostiles, tu le savais. Voilà des Cycles que vos deux espèces partageait le sommet de la chaîne alimentaire sans s’en être prise l’une à l’autre. La méfiance nourrie par un prédateur face à son concurrent n’avait donc pas été transformée en crainte. L’amitié était même possible. Seulement… de là à se faire entendre l’un de l’autre si facilement ?
C’est à la fois impressionné et incrédule que tu la regardais à l’œuvre, tentant par la même occasion de mémoriser conseils et gestes. Au moins il était une chose qui te rassurait, les potentiels maux portés à ton attention n’étaient ni des choses qui t’échappaient, ni des choses qu’il te serait difficile de traiter, en particulier au vu de ta condition de mage. Pour le reste cependant… tu étais bien moins confiant. Avec Sû, tu étais loin d’avoir la même relation qu’avec Virìn, dont tu t’étais occupé dès le berceau. Peut-être le Grand Aigle te comprenait-il mieux que tu ne l’imaginais, mais la réciproque n’était pas vraie. Pas encore. Alors à moins qu’un miracle du destin ne fasse que vos Chants respectifs ne rentrent en résonance, tu ne t’imaginais pas avoir de sitôt la même autorité que celle qui semblait mieux connaître les Aigles que quiconque.
- Essayons…
Tu te saisis d’un bout de viande et t’approches lentement de l’animal. Ton bras portant l’offrande se tend légèrement vers lui, tandis que ton autre main implore, paume ouverte, l’oiseau de faire preuve d’autant de calme que toi. La tête de l’animal se penche sur le côté, jaugeant probablement de l’attitude propre à avoir… ou simplement tenté par la viande. Le Grand Aigle s’approche à pas lents. Tu tentes de lui imposer l’immobilité d’une paume se soulevant vers lui, s’opposant avec de plus en plus d’affirmation à sou avancée, tendue de plus en plus loin devant toi, tandis que la viande, elle, ne faisait que reculer. L’oiseau se saisit du morceau de viande sans demander son reste. Il glapit, satisfait, et te regarda un instant avant de se décider à manger. Ton regard, partagé entre déception et confusion, oscille de l’animal à ta camarade, cherchant un indice, cherchant une solution, cherchant un échappatoire pour ne pas avoir à subir le cuisant échec qui s’approchait à pas de géant. Les sourcils froncés, tentant le tout pour le tout, tu ramenas ta paume ouverte vers toi d’un mouvement sec, pour la transformer en poing. L’Aigle dont le regard ne l’avait pas totalement quitté sembla légèrement sursauter, et la viande lui pendant toujours du bec, s’immobilisa.
Son regard suivait toujours tes mains. Son poitrail était toujours mû par sa respiration, mais l’oiseau était bien moins animé qu’à son habitude. Avais-tu réussi ? Presque ! Mais à tes yeux c’était déjà là un immense exploit.
- Par contre j’y pense...
Ton attention s’en va un court instant vers Gwilithiel, instant dont l’animal profite allègrement pour gober son dû et te remercier de manière… plutôt physique. Le souffle coupé au milieu de ta phrase par le crâne du Grand Aigle s’écrasant contre ton ventre, te voilà le postérieur au sol face à un animal feignant l’innocence totale.
- ...Une fois qu’il se sera un peu reposé, s’il y a moyen de l’envoyer apporter une lettre à la Capitale , ce se serait pas de refus. tu soupires J’ai prévenu les gardes que je partais, mais après deux nuits sans que je ne sois revenu, mon épouse doit mourir d’inquiétude.
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Sujet: Re: Sous l'aile de l'aegedhel Ven 27 Mai 2022 - 18:49
Gwilithiel s’amusait de la tentative de son comparse citadin et, plus encore, de l’attitude de Sû qui, s’il avait bien senti qu’on tentait de lui imposer quelque chose, semblait vouloir tester ces limites inédites. Quoi de plus normal après tout ? Ainsi seraient définies leurs interactions des prochains jours, l’un comme l’autre irait tâtonner précautionneusement à la recherche des nouvelles limites à établir. La gwaeren maethor s’était à nouveau mise à plat pour souffler doucement sur les braises tandis qu’Artiön vint l’interpeller avec une demande qui lui fit arquer un sourcil.
L’aegedhel laissa échapper un léger rire en se redressant. Elle prit le temps d’épousseter sa tenue avant de répondre, tandis que son front se plissait sous la réflexion.
- Je sais que les cités comptent sur le Silm'Aiwë et ses facultés, cependant, je crains que Sû ne soit dressé pour être un messager. Je ne l’ai pas envoyé te rencontrer au cœur de ta cité. J’ai simplement laissé un message avec l’espoir qu’il trouverait une paire d’yeux sages.
Se fendant d’un sourire désolé, Gwilithiel s’approcha prestement de l’elfe pour apposer sa main contre son épaule.
- Si cela peut te rassurer, tu seras vite rentré. Les prochaines journées ne seront consacrées qu’à appréhender les limites de cette relation nouvelle qui ont déjà commencé à se dessiner.
Elle désigna l’aigle de la main, celui-là même qui les observait avec intérêt et dont le regard pour son comparse des cités était changé.
- Votre aventure a démarré dès lors que ton poing s’est serré. Vous allez vous tester, vous réapprendre et vous comprendre.Dit-elle en délaissant l’elfe pour aller récupérer des pierres ci et là dans la clairière.Une marque, ici, je vais laisser, pour ceux qui pourraient s’inquiéter. Quant à toi, je t’en prie, continue avec Sû. Au début, la fermeté est une nécessité, quitte à le rabrouer. Car il fera de même avec toi dès quelque chose lui déplaira, alors ne t’en fait pas.
Gwilithiel laissa l’elfe s’en retourner à son camarade ailé, tandis qu’elle disposait ses pierres dans la clairière en un large cercle. Trois petits tas de cailloux et une courbe plus tard, elle se redressait, les poings sur les hanches, visiblement satisfaite de ce visage souriant ressemblant en tout point à un dessin des plus enfantin.
Quand le Soleil déclinant s’en fut presque entièrement éclipsé par l’arrivée des étoiles, elle s’occupait à tailler l’un des os du loup qui leur servait à tous de dîner. La sculpture était encore grossière et on ne pouvait encore deviner ce qu’elle avait décidé de confectionner, cependant chaque coup de lame était précis, la progression lente mais méticuleuse. À n'en point douter, cela n'était pas son coup d'essai.
- Demain, nous partirons, dès le petit matin. Il existe une voie, celle de vieilles branches, empruntées par des clans peuplant les tréfonds de cette région. Nous la prendrons. Et je gage que d’ici une ennéade, tu seras rentré dans ta cité.
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: Sous l'aile de l'aegedhel Jeu 9 Juin 2022 - 12:28
Entendre « les prochaines journées » n’aura pas été pour te rassurer. Quant aux cailloux rassemblés par l’Ornedhelle pour « signifier votre présence » tu as bien peur que le message passe loin au dessus de la tête de quiconque par chance viendrait à tomber dessus. Au premier coup d’oeil, c’était une plaisanterie plus qu’un message. Une singulière moquerie plus qu’un témoignage de bonne santé. Le croiserais-tu durant une battue à la recherche d’un disparu que tu serais plus prompt à y voir les railleries d’un kidnappeur qu’un gage de bonne santé. Il faudrait essayer de faire mieux que ça, d’une manière ou d’une autre.
- Je n’ai pas grande idée d’où se trouve cette « voie des vieilles branches » mais je pense sincèrement que ce ne serait pas une mauvaise idée de rester près de la route… tu soupires ...au moins le temps d’y croiser quelqu’un qui puisse directement transmettre le message. tu claques la langue On ne devrait de toute façon pas y perdre beaucoup plus d’une journée, la Trace est…
Tu baisses la tête, quelques peu défait. La Trace est l’un des itinéraires les plus empruntés par les elfes, mais elle n’est pas pour autant aussi fréquentée que – pour l’heure en tout cas – tu l’aurais voulu. Par contre… par contre ! Par contre il y avait une autre solution. Une solution sur laquelle tu avais un peu plus d’emprise.
- Ou alors, on peut faire un détour par les chemins de ronde de la milice. une moue déterminée s’affiche sur ton visage Les patrouilles sont assez régulières pour que je puisse plus ou moins anticiper leur lieu de passage, et… tu lèves les yeux vers le ciel, cherchant le flambeau d’Aluthen en se pressant un peu demain matin, on devrait être capable de rattraper l’une d’entre elles. Et ensuite, je suis tout à toi. tu lances un regard en coin à Sû Ou tout à vous du moins.
Pour un simple elfe arpentant la forêt, tu pourrais donner l’air d’en faire beaucoup. Beaucoup trop peut-être. Même au sein des Cités, vous apprenez à vivre au sein de la forêt. On vous apprend à ne pas quitter les murs sans savoir survivre au dehors. Aucun elfe n’est censé être totalement pris au dépourvu au sein de la Sylve, et toi encore moins. Il suffisait de poser les yeux sur toi pour se rendre compte que tu n’étais pas du genre à facilement ployer… mais tu étais aussi le Roi. Alors que tu ploies facilement ou pas, à cause de tes responsabilités, tu jouissais d’attentions particulières de la part des tiens. À cause de tes responsabilités, aussi triste que cela soit à dire, il était plus difficile d’accepter te perdre toi qu’un autre, et la nouvelle de ta disparition ferait certainement plus de vagues que s’il s’était agi de qui que ce soit d’autre. Les Ornedhels savaient comment fonctionnait votre société. Que tu le lui dises et elle comprendrait probablement ton inquiétude. Seulement, aujourd’hui comme durant ton séjour sur l’Île du Sanctuaire, ton interlocuteur ne te reconaissait pas comme l’Aran. Tu étais « juste » un Elfe parmi tant d’autres. Et en cela, il y avait quelque chose de précieux. Quelque chose que tu chérissais, parce que tu n’avais que trop peu l’occasion de le revivre. Alors jusque-là tu te taisais et tu espérais. Tu te contentais d’espérer qu’elle accepte sans broncher – en tant que père, et en tant qu’époux – de te laisser faire parvenir un message à ta famille.
Tu n’avais de toute façon pas le choix. Ta famille ou rien.
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Sujet: Re: Sous l'aile de l'aegedhel Mer 15 Juin 2022 - 1:21
L’un de ses sourcils s’était arqué à l’entendre déblatérer diverses idées quant à la meilleure façon de prévenir le reste du monde de ses pérégrinations à venir. Gwilithiel laissa échapper un rire chantant et léger, alors qu’elle se retournait en direction du tronc pour y grimper avec toute la maladresse du monde. Assise sur sa branche, elle s’apprêtait à glisser les jambes dans son hamac bien tendu.
- Nul ne peut t’empêcher d’aller où que ta volonté l’ait décidée.Lança-t-elle dans un geste de la main l’invitant à choisir une direction.Je ne souhaite guère m’impliquer dans tes affaires, pourtant, je ne peux m’empêcher d’imaginer les visages éberlués des soldats à qui tu confieras le message à délivrer.
L’elfe se laissa glisser dans le tissu, testant précautionneusement sa stabilité, son torse dépassait encore du hamac et son visage affichait un sourire amusé.
- Il est apparu, d’une culotte vêtue, nous assurer de sa bonne santé et de son absence des prochaines journées.Commença-t-elle par déclamer en levant un bras après l’autre en mimant grossièrement les gestes des poètes des cités.Nous ne connaissons sa destination et le bougre s’en est déjà allé sous les frondaisons ! Mais point d’inquiétude, car la confiance transpirait dans son attitude !
L’aegedhel laissa un échapper un nouveau rire, moins discret et bien plus franc et ses yeux pétillaient d’un amusement à nul autre pareil.
- Je t’attendrai quelque temps, sans bouger d’ici. Cependant pas indéfiniment, tarde trop et je serai partie. Je ne peux te révéler où nous allons et je ne peux accepter d’intrusions, de même, je n’apprécie pas que l’on m’épie. Si par ton acte, nous devrions être suivis, je le saurais et s’en sera fini.
L’elfe s’enfonça dans son hamac, disparaissant de la vue de son comparse, pourtant à travers le tissu, on entendait toujours sa voix quelque peu étouffée.
- Ce voyage n’appartient qu'à nous trois, ce que tu y apprendras ne sera qu’à toi. Ses secrets nous tairons et sa mémoire nous chérirons. Repose-toi Artiön.
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: Sous l'aile de l'aegedhel Ven 1 Juil 2022 - 0:35
La situation ne te fait pas rire. Au contraire. Chaque seconde passée à te rappeler de ce qui t’avait mené là était un inconfortable rappel de l’impulsivité qui pouvait parfois être tienne, et de l’anxiété que tu étais capable – sans le vouloir – d’infliger à tes proches. Alors non. Aussi détendu sois-tu dans ta manière de t’adresser à Gwilithiel, pour cette fois tu ne te donnerais pas même la peine de rire jaune. Un roulement d’yeux agacé conclut de communiquer ton point de vue alors que – ta camarade en ayant déjà assez dit à ton goût – tu avais pris le chemin de ce qui serait ton dortoir pour la nuit. Machinalement, alors que prononçant ce qui semblait ses derniers mots, tu avais tordu la trame en quelques nœuds instables, tout juste de quoi de protéger si quelque corps intrus devait trop approcher… ou de quoi te réveiller si leur construct devait être démêlé par une créature dont les pas étaient assez silencieux pour te surprendre dans ton sommeil. Puisse Sû veiller sur vous et Anaëh être clémente, vous fermeriez tous les deux les yeux en même temps.
Tu t’étais levé avant ta comparse. La nuit avait été relativement courte, mais ton sommeil avait été plus tranquille que tu ne l’aurais imaginé. Tu avais peu dormi, mais tu te sentais reposé, et tant mieux, parce que maintenant il te fallait te presser. Tu n’avais que quelques heures pour atteindre les sentiers arpentés par les patrouilles Lëandrines et revenir à la clairière où t’attendrait Gwilithiel, et les soldats Lëandrins étaient des matinaux ! Mais s’ils avançaient au pas habituel alors…
Tu lèves une main, et une main levée te répond. Les soldats lèvent un sourcil interloqué et s’interrompent, confus, dans leur marche. C’est l’un d’entre eux qui finit cependant par briser le silence.
- Qu’est-ce que tu fais ici ? le ton est monté plus vite que prévu Ça commençait à s’inquiéter en ville.
- Je sais. tu soupires, désolé C’est ma faute, j’aurais dû prendre plus de précautions. d’un geste des mains, tu intimes à tes Frères de garder leur calme Mais tout va bien, ne vous inquiétez pas.
- Encore une affaire d’Ornedhels c'est ça ? un autre intervient moitié amusé moitié agacé Qu’est-ce qu’ils veulent cette fois-ci ?
- Rien qui ne vous concerne ni vous ni la Cité si ça peut vous rassurer. tu réponds, l’oeil guettant les bois dans ton dos Ça ne concerne que moi. tu te rattrapes en te rendant compte de ce que cela pourrait impliquer Mais là encore, pas besoin de s’inquiéter, je ne suis pas en danger, tout est sous contrôle.
- Mais j’imagine qu’ils font des secrets et que tu ne peux pas en parler ?
- Exactement. tu claques de la langue Mais si vous pouviez juste prévenir Kaëlistravaë que je vais bien et que je devrais être rentré dans moins d’une ennéade…
- C’est bon compte sur nous. les coins des lèvres de l’un des soldats se lèvent On t’aurait bien passé quelques cuirs histoire que tu te protèges un peu mais bon… il écarte les mains devant lui ...voilà, compliqué.
- Pas de soucis, je saurai faire avec les moyens du bord. tu souffles par le nez On est Elfe ou on ne l’est pas. La Mère ne nous a pas faits sans défenses.
- D’accord alors. Puisse L’Amant te guider.
Tu t’inclines, ils s’inclinent, et en quelques pas, tu as à nouveau disparu sous les frondaisons. Le jour est bien levé, mais le soleil d’hiver est encore timide lorsque tu remets le pied à votre campement de fortune. Et c’est sans véritablement faire attention à si ta camarade était là ou pas que tu t’étais exclamé, soulagé :
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Sujet: Re: Sous l'aile de l'aegedhel Dim 31 Juil 2022 - 0:31
Ils l’étaient, tranquilles. Seuls, pour enfin débuter leur voyage. Et pas n’importe quel voyage, non, celui-là était de ceux capables de vous transporter bien au-delà des endroits où vos pieds peuvent vous mener. Alors, ils quittèrent la clairière sous le soleil levant, profitant quelques instants de ses rayons, avant de s’enfoncer dans les méandres de la Prime Œuvre vêtue de ses atours hivernaux. Arbres et arbrisseaux étaient autant d’obstacles que de points de repères pour Gwilithiel qui, malgré un manque d’assurance certain et visible, puisqu’aucunement dissimulé, menait la marche vers ce qu’elle appelait « la voie des vieilles branches ». Une matinée rythmée par les incessants fredonnements mélodieux de l’aeghedel, entrecoupés d’histoires ridiculement insignifiantes sur les protectorats avoisinants et les on-dit qui y persistaient en ces temps-là.
Jusqu’à ce qu’enfin, la confiance et la certitude vinrent étirer les coins de ses lèvres et donner à son regard cet air assuré qui lui faisait défaut depuis quelques heures. Ses yeux cherchaient les signes, des indices laissés par ceux qui disposaient de la voie. Il s’agissait de quelques plumes nouées et disposées çà et là au creux d’une aspérité de l’écorce, accrochées aux branchages d’un arbuste, quand d’autres fois les indications étaient de petites pierres disposées en tas et laissée à l’attention d’un œil scrutateur.
La voie, elle, était immanquable. Colifichets et symboles ornaient sa première racine serpentant autour de ces arbres ayant vu le monde grandir et changer depuis des cycles, pour rejoindre une large branche allant embrasser celle d’un arbre voisin. D’écorces et de troncs la voie fut faite, enjambant ravines et collines, ruisseaux et étangs, ceux qui l’empruntaient montaient dans les frondaisons de l’Anaëh, en redescendaient par endroit pour y grimper à nouveau un peu plus loin. Ceux qui gardaient la voie des vieilles des branches vivaient suspendus au-dessus des sols dans l’un de ces grands arbres, ainsi qu’au creux des aspérités de son écorce. S’ils n’étaient pas agressifs, ils restaient tout de même méfiants de ceux qu’ils ne connaissaient que peu. Et pour tous ceux qui empruntaient la voie, ils attendaient un tribut. Gwilithiel s’était empressée de retirer des épaules de son compagnon cette peau de loup qu’il portait depuis ces derniers jours pour l’offrir au noss qui, selon toute vraisemblance, semblait faire partie des voix importantes de la Iäurylf. Elle avait aussi, au fond de sa sacoche de cuir, des plumes de toutes les tailles que ces noss semblaient affectionner tout particulièrement car outre les colifichets qu’ils confectionnaient avec et en décoraient les lieux, elles servaient aussi d’ornements à leurs parures.
Ainsi, les deux compagnons purent continuer leur voyage au cœur de la sylve, tantôt perchés, tantôt au sol. Des journées agrémentées par les visites de Sû et de tentatives fructueuses au gré des humeurs de l’elfe et de l’aigle de s’apprivoiser l’un l’autre, des nuits rythmées par les histoires de Gwilithiel sur les vents et les aigles. Au neuvième jour, une dernière ascension aux aurores, quoiqu’un peu plus improvisée dans l’un des arbres proches des berges du Rhym et les voilà enfin qui se tenaient au pied des montagnes. D’immenses falaises et pentes ardues menant à de hauts plateaux depuis lesquels on pouvait observer la Prime Œuvre dans toute sa splendeur.
La gwaeren maethor entreprit l’ascension parée son plus beau sourire, l’idée de retrouver la roche et les hauteurs teintant ses joues de pourpre. Et à ce jeu-là, en revanche, elle excellait. Plus d’hésitation, de maladresse ou de déséquilibre fortuit, l’elfe était comme un poisson dans l’eau et encourageait le géant qui la suivait à se dépêcher, lui indiquant de temps à autre les prises sûres et les chemins les plus fiables qu’elle discernait d’un simple coup d’œil.
À la mi-journée, alors que le soleil éclairait tout le versant qu’ils arpentaient, Gwilithiel s’installa au bord d’une corniche, laissant les jambes se balancer dans le vide.
- Prenons le temps de nous restaurer, avant de nous en retourner grimper. Je gage qu’avant la nuit tombée, nous serons en train d’admirer ces contrées depuis les pateaux tout là-haut.Souffla-t-elle tirant quelques baies de sa besace pour en tendre une poignée à son camarade.
De l’index de son autre main, elle désigna les cieux, où Sû virevoltait en compagnie de deux autres de ses congénères.
- Au moins, j’en connais quelques-uns qui doivent s’amuser à nous observer crapahuter. Vois comme ils se laissent porter, sans jamais lutter ni batailler contre les volontés d'Hwestalindë.
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: Sous l'aile de l'aegedhel Dim 31 Juil 2022 - 17:39
Au fur et à mesure des jours qui passent, tu avais fini par te faire aux excentricités de ta guide. Aussi malaisantes que pouvaient être certaines de ses remarques, l’Ornedhelle avait au moins cela d’agréable que dans tout ce qu’elle faisait, elle était vraie, entière, ou du moins au moins savait s’en donner l’air. Avec le temps tu avais fini par te laisser prendre par sa légèreté et ses attitudes joviales, alors lorsqu’elle se laissait aller à fredonner des airs nouveaux, tu lui rendais la pareille, et composais, à partir de vos deux langages – et surtout, à partir de vos quelques déboires – des chansons de voyage. À ses histoires tu rendais un contrepoint, répondant aux on-dit tantôt par d’autres, tantôt par des on-vit. Car parfois, ce qu’elle avait pu entendre, tu l’avais vécu, ou connaissait personnellement des elfes l’ayant vécu. D’histoire en histoire, à vos yeux les Protectorats prenaient vie et se métamorphosaient.
Et puis soudain votre route rejoint le ciel
Tu ne comptes pas le nombre de fois que tes pas avaient foulé cette partie des bois, et pourtant, tout ce qui s’offrait actuellement à toi comme une évidence, tu ne l’avais jamais vu. Les cimes n’étaient pas votre monde. Ou du moins, elles ne l’étaient pas tant que vous n’en aviez pas besoin. Les Taledhels voyagent au sol, et n’offrent aux cimes que trop peu souvent plus d’attention que quelques regards inquiets de la présence de prédateurs… ou pire, d’autres elfes. Aussi émerveillé que tu sois de cette expérience, tu n’avais pour cette raison pas pu te départir d’une pointe de mélancolie. Là encore, tu constatais un faille béante séparant les tiens de votre réalité originelle, et une triste vérité de plus face à celle que vous viviez. Aussi paisibles, aussi averses aux armes que pouvaient être certains des vôtres, les Cités d’Anaëh avaient été bâties par le sang, et à cause de cela, beaucoup de votre culture était conditionnée par le sang. Car oui, c’était bien cela qui t’attristait. Tu sais les tiens connaître les cimes, et être encore capables de les dompter… seulement rares sont les fois où cela est un jeu, car c’est souvent, si ce n’est exclusivement la guerre qui chaque fois vous pousse à renouer avec elles. Mélancolique oui, il ne t’était malgré tout jamais laissé le temps de te morfondre. Car c’est souvent quand ton humeur était au plus morose, et que tu étais proche de perdre le sourire, que l’Aigle venait vous visiter. Et chaque fois l’animal semblait rester un peu plus longtemps, t’autoriser un peu plus, baisser un peu plus sa garde. Chaque fois l’animal se faisait un peu plus délicat, un peu plus doux, à la recherche de plus d’attentions que de chahut. À l’occasion il en était même venu – et tu en avais été le premier ( ou le seul ) surpris à partager avec vous le produit de sa chasse.
Et puis le périple à travers les branches avait fini par trouver sa fin.
Fin de la troisième ennéade de Verimios 19e année du Onzième Cycle Monts Handil
De la pierre. Aussi émerveillé que tu aies pu être de votre voyage entre sol et canopée, tu étais heureux de retrouver la pierre. La pierre des montagnes. Et il semblerait que tu ne sois pas le seul. Le bonheur qui s’était affiché sur le visage de Gwilithiel face à la promesse des hauteurs n’avait rien à envier au tien. C’est là que tu avais terminé de le comprendre : elle n’était pas une forestière. Le lien qu’elle semblait avoir avec le vent et avec les Aigles avaient été un premier indice, mais cette fois tous tes doutes étaient levés. Tu savais d’où elle venait. Ou du moins au moins en avais-tu une relativement précise idée. Pouvoir escalader à nouveau te faisait un bien fou. Très vite les habitudes étaient revenues, les réflexes de montagnard s’étaient rappelés à toi, et une ascension au départ un peu timide était redevenue le jeu qu’elle fut du temps où tu t’y adonnais encore régulièrement, au point où tu t’étais trouvé presque déçu lorsque ton accompagnatrice s’était arrêtée le temps de casser la croûte. Tu l’avais tout de même rejoint avec plaisir. On ne refuse pas une poignée de baies.
- On ne se débrouille pas trop mal je trouve. tu grignotes quelques fruits entre deux mots Avec un peu de chance ils ne se moquent pas trop. tes pupilles scrutent rapidement ton vis-à-vis avant de retrouver la direction des siennes, ton sourcil gauche, interloqué, se levant Tu viens des Monts Telion, c’est bien ça ?
Les elfes de la Chaine des Norns et des Handil tu les connaissais, et elle ne leur ressemblait pas. Certes, elle avait la musculature et la silhouette plus fortes des elfes des montagnes, seulement ici, Ornedhels comme Taledhels vous étiez très grands. Ça en plus d’avoir des traits plus durs et plus anguleux que ceux d’autres ethnies Sylvaines. Les monts Telion étaient la dernière solution. Et puis… c’était l’occasion d’en apprendre un peu plus sur elle. Il faut dire qu’au final, pour tout ce que vous aviez pu échanger, vous n’aviez que trop peu parlé de vous.
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Sujet: Re: Sous l'aile de l'aegedhel Mar 2 Aoû 2022 - 13:44
Ses yeux se firent rieurs tandis que ses jambes de se balançaient plus rapidement sous le coup de l'amusement. Tous, ils avaient ces mêmes interrogations. C’était là leur façon de cerner les cœurs et leurs propriétaires.
- Des monts Tellion, Handil, des Norns. J’y vais, j’y cours, j’y flagorne.Souffla l’aeghedel avant de croquer l’une de ses baies.Jusque dans les forêts et la boue, alors je viens d’un peu partout. Tout dépend du moment.
Ses doigts rejoignirent l’outre harnachée à sa ceinture, tandis que son regard rieur se fit sans âge en se perdant dans les cimes de la Prime Œuvre. Un instant de rien, puis elle secoua la tête et retrouva son air jovial et candide.
- Et quelle différence ?Demanda-t-elle dans un haussement d’épaule avant de boire une gorgée d’eau de son outre pour la tendre ensuite à son compagnon de voyage.Quelle importance ? Je suis simplement Gwilithiel, avec pour seul repère le ciel, qu’importe ce que je fais et les endroits où je vais. Je n’ai pas éprouvé la nécessité de connaître ta cité ni ton métier pour discerner un semblant de ta personnalité. En vérité, peu importe le passé de ceux que nous avons pu rencontrer. Observer leurs décisions en dit souvent bien plus sur ce qu’ils sont.
Après qu’il la lui eût rendue, elle replaça l’outre à sa ceinture et se redressa avec une assurance toute particulière malgré sa proximité avec le précipice. Comme si tout ceci n’était pas bien différent que de déambuler sur le pavé blanc d’une la grande cité.
- Et puis le mystère est tout autant une marque identitaire qu’il est amusant !S’était-elle exclamée dans un rire un rien moqueur.
L’aeghedel approcha la paroi grimpant à pic pour reprendre son ascension. Quelques toises plus haut, se dessinait dans le flanc de la falaise une fêlure, sombre et fraiche, où les échos du vent s’y faisait sifflant, comme un instrument que la nature usait pour chanter. Gwilithiel s’y engouffra, attendant d’apercevoir son camarade, avant de s’enfoncer dans le boyau dont la sortie se trouvait à un angle, quelques pas plus loin, débouchant sur le fond d’une ravine humide et ombragée.
- Un dernier effort, puis le réconfort !
Un maigre effort en vérité, car ici, tout ne semblait qu’être un grand escalier mal taillé, bien qu’il leur fallût parfois ruser et emprunter quelques chemins détournés le long de la paroi. Une dernière ascension, bien plus tranquille, pendant laquelle la gwaeren maethor s’épancha longuement sur les jours de grandes pluies transformant le passage qu’ils avaient emprunté en une petite cascade éphémère dont la beauté n’avait aucun égal. Et elle ne put s’empêcher de conter combien les montagnes regorgeaient de lieux mémorables, secrets et préservés de toute intrusion depuis des siècles et des siècles. Autant d’anecdotes que pouvait apprécier un montagnard, alors que la fin de journée approchait en même temps qu’eux atteignait ce fameux plateau de roche parsemé de petites herbes et de fleurs résistantes aux températures de l’hiver.
Gwilithiel s’avança jusqu’au centre du plateau, les bras écartés et un grand sourire sur les lèvres. Les voilà enfin arrivés, après avoir transpiré et souffert des heures durant et avoir risqué l’ultime chute vers une fin certaine.
- Après avoir pris tant de risques et joué les équilibristes, après avoir sué et nous être essoufflé contre la paroi hostile des Monts Handil, nous pouvons apprécier ce don des cieux dont les aigles sont dotés.
L’aeghedel défit son outre pour se désaltérer une dernière fois avant de la jeter dans les bras d’Artiön.
- L’heure est à la compréhension, le savoir viendra par la méditation. Bois et renverse le reste sur toi. Rien de mieux pour ressentir les vents et appréhender ses secrets les plus nébuleux.
Elle l’invita à le rejoindre tout au bord du vide, à moins d’un orteil du précipice. Ils se tenaient sur une falaise qui s’étendait sur des centaines de toises. D’ici, on distinguait les Monts Tellion et toutes les forêts s’étendant au Sud-Est.
- Je ne veux pas te donner une fausse impression, alors sache que les belles années de Sû ne sont plus qu’illusions. Sa vie est passée, il est fatigué et il ne saura être modelé. Mais il y a un lien qui vous unit, sur lequel un espoir peut être bâti.Affirma-t-elle dans un hochement de tête on ne peut plus sérieux avant de désigner de l'index les aigles tournoyant au dessus de leurs têtes.Il te faut t’appliquer, car ils vont t’observer et te juger.
Gwilithiel sortit de sa besace l’os de loup qu’elle taillait depuis des jours, désormais, il avait tout l’air d’un appeau. Le mettant entre les mains de son compagnon tout en lui intimant de ne pas souffler dedans, elle fit le tour du géant, le laissant profiter des vents et de l’envahissante et pressante sensation du vide, sans que ses doigts ne quittassent sa taille musculeuse.
- Tes yeux, ferme-les. Pour ton équilibre, inutile de lutter, apprends à te laisser bercer. Oublie ton instinct, quoiqu’il arrive, je te tiens. Parle-moi de la Paisible Hwestalindë, sais-tu ce qu’elle nous a enseigné ?
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: Sous l'aile de l'aegedhel Mar 2 Aoû 2022 - 17:16
- Je vois.
Tu souris. Elle et les siens faisaient partie de ceux qui sont secrets. Argumenter avec elle de ce que l’origine d’un elfe dit de lui serait probablement un coup d’épée dans l’eau. Lui parler de la Cérémonie du Choix, de ce que vos patronymes disent de vous, de ce que le monde dans lequel vous êtes nés, le monde auquel vous vous êtes accrochés et la distance entre les deux disent de vous serait se battre avec un moulin et l’appeler un dragon. Non pas que tu penses qu’elle soit incapable de le comprendre, ou qu’elle ne veuille pas le comprendre, mais parce que pour ce que tu sais de ceux que tu as eu la chance de côtoyer parmi ceux qui sont secrets, ce sont des choses qu’ils savent et pratiquent déjà, à leur propre manière. Une marque identitaire, oui, mais elle n’est pas tant dans le mystère qu’elle n’est dans le secret. Ils savent ce qu’ils ne peuvent dévoiler, et en cela ils se définissent. Ainsi chaque part du secret qu’ils acceptent de partager pèse d’autant plus lourd sur la conscience de celui avec qui ils la partagent.
L’effort du reste de l’ascension est loin d’occuper tes pensées. Tes geste sont bien assez efficaces tels que guidés d’abord par tes instincts, puis par Gwilithiel elle-même lorsque ce dernier te fait défaut. Plutôt qu’à un danger trop quotidien pour vous les montagnards, tes préoccupations vont à celui que court l’Ornedhelle en te guidant à travers les plateaux. Qu’auras-tu le droit de révéler de ce qu’elle a partagé avec toi ? À qui auras-tu le droit de les révéler ? Qu’auras-tu le devoir d’emporter avec toi au Senarda ? Autant de questions qui mériteraient de lui être posées, en temps et en heure.
Le décor t’était familier. Le chemin l’était moins. Et alors que, machinalement, tu attrapes la gourde que t’envoie ta camarade, tu as une pensée pour Virìn. Bien sûr que le chemin te paraissait étrange. Les patrouilles Wìrskannes ne s’aventuraient que trop rarement à travers ses plateaux sans les caengals, et la manière des bêtes de se mouvoir à travers ce paysage ouvraient des routes bien différentes.
- Tu aurais aussi simplement pu me dire que je sens mauvais. tu brises soudainement ton fil de réflexion pour répondre, l’air amusé Mon épouse ne se gêne pas elle.
Un trait d’humour qui ne trouvera de réponse que dans un regard tout à fait sérieux de celle qui de vous deux aurait au départ été la plus à même de s’adonner à ce genre de plaisanteries. Tu baisses le regard, expires profondément, et abandonnes ton sourire pour refléter son attitude. Tu obéis. Bois une gorgée. Verses l’eau sur le haut de ton crâne. Accompagne de tes paumes les gouttes peinant à se frayer un chemin jusqu’à ta taille. Le vent d’hiver te fouette une fois. Tu fais un premier pas vers le précipice. Tu laisses derrière toi la gourde. Tu fais un second pas. Tes mains viennent à ton crâne pour y dénouer tes cheveux. Tu secoues machinalement la tête. Ta tignasse te retombe mollement sur les épaules et dans le dos. Une goutte commence sa glisse le long d’un cheveu pour mieux s’écraser entre tes reins. Tu avais presque oublié à quel point ils avaient déjà repoussé. Le vent te fouette à nouveau. Le précipice est à tes pieds. Un frisson te court contre l’épiderme. Ainsi tu reprends conscience des dessins qui le parsèment, de la sensibilité de ta peau là où elle a été percée par l’aiguille et de la manière dont elle réagit là où elle est couverte par l’écaille. Tous ces derniers temps avaient été passés à réapprivoiser ton corps. Que ce travail sur toi-même culmine ici et maintenant avait quelque chose de presque poétique.
- Je…
Elle t’interrompt, t’interdisant de souffler dans l’appeau avant même que tu n’aies le temps de lui en demander l’autorisation, et s’interposant entre toi et la terre. Plus que toi, le bord et le vide. Toi, le bord, le vide, et les aigles qui vous observaient. À sa demande, tu fermes les yeux. À sa demande, tu essaies de te laisser bercer. Mais par quoi exactement ?
- Hwestalindë… tu réfléchis un instant Hwestalindë est le lien. Meliën est la force de Vie. Liltalaima est la Voix des vivants. Hwestalindë est la brise qui porte leurs Chants. tu déclares, sans ciller Elle est celle qui rapproche deux mélodies, pour qu’elles puissent s’harmoniser. Elle est la Clairvoyance faite Nature. Celle qui guide les Voix dans le bon sens par delà leurs instincts. La Gardienne des Meutes, des Clans, des Troupeaux et des Paires.
Tu proses avec calme, mais l’inquiétude te prends. Pas parce que tu as peur, mais parce que tu as peur de ne pas être effrayé. Le bord du vide ne t’est pas inconnu. Tu as trop longtemps combattu en montagne et poursuivi l’amour à travers les cimes. Le bord du vide, tu l’as trop souvent vu. Oui il t’attire, mais tu t’y es fait. Depuis longtemps tu t’y est fait. Comment oublier tes instincts lorsqu’ils sont ancrés en ton corps ? Comment oublier tes instincts lorsque des siècles durant ils t’ont tenu droit ? Comment oublier tes instincts lorsque ce sont eux qui des siècles durant t’ont ancré au sol même lorsque, chevauchant, ton pied ne le touchait pas ? S’attendait-elle à ce que le vide t’absorbe ? À ce que tu ne finisses par succomber à son appel ? À ce que tu ressentes le besoin de lutter ? Que tu luttes contre ce que – à ta manière – tu avais déjà embrassé ?
Le temps passe. La morsure du vent s’étiole au fur et à mesure qu’il emporte les aqueuses moirures qui te couvrent. Le temps passe, et tu ne t’en plains pas. Vivre au bord du précipice ne t’était pas désagréable. Au contraire. On ne vivait jamais aussi intensément qu’au bord du précipice. À la rencontre des Royaumes des sept.
Là où Turmambal et Maurquimellë se disputent l’imagination.
Là où Carpaceleva et Hwestalindë se disputent la raison.
Là où Liltalaima et Meliën chantent fugace existence.
Là où Elenmàr est prescience et non plus mémoire.
Mais quel intérêt y avait-il à se laisser bercer par ce délicat équilibre, lorsqu’il serait immanquablement brisé ?
- Et maintenant ?
T’entendre t’avait toi-même surpris. Il y avait plus d’inquiétude dans ta voix que tu ne l’avais imaginé. Car oui, vivre au bord du vide était grisant, et le bord du vide n’était pas ce qui t’inquiétait. Le Vide, t’inquiétait. Et quelque chose en toi te disait que ce que Gwilithiel attendait de toi, ce n’était pas de te voir trouver l’équilibre. Au contraire. Probablement attendait-elle te toi que tu l’abandonnes, et que tu te laisses happer.
Tu inspires. Tu expires. Ta posture change légèrement. Ton poids, toujours de trop peu pour que tu tombes, bascule vers l’avant, à la recherche de l’alizé portant le bon murmure.
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Sujet: Re: Sous l'aile de l'aegedhel Mar 2 Aoû 2022 - 18:35
Les vents soufflaient sur les hauts plateaux, chantant le long de la roche et par moment les aigles y allaient eux aussi de leur propre note. Pourtant, rien ne semblait pouvoir le perturber lui, désormais perdu dans ses profondes pensées et son appréciation des mondes de la terre et de l’air. Il n’avait peut-être pas la peur du vide qu’ont leurs cousins des forêts, mais c’est bien parce qu’il était attaché à la terre comme une moule à son rocher. Rien que l’idée fit sourire l’aegedhel, dont les doigts effleuraient désormais à peine le colosse. S’il ne s’en était pas rendu compte, c’était uniquement parce que son esprit tout entier était tourné vers ce nouveau monde qui l’appelait et qu'une nouvelle confiance naissait.
- Et maintenant ?
- Hwestalindë nous a légué le contrôle de notre impulsivité, il s’agit de notre capacité à nous refréner autant qu’à nous dépasser. Là est la clef du monde que tu te dois de maîtriser.Souffla-t-elle sur un ton presque chantant.Et maintenant… S’il est trop âgé pour être un guerrier, trop ensauvagé pour être complètement dompté, il saura t’aimer et chérir votre amitié. Il te portera comme il le pourra là où tu le souhaiteras. Tant que de ses forces, tu ne le pousseras pas au-delà, il te respectera.
Son regard filait vers les cieux, elle les voyait. Mieux encore, elle savait les distinguer et les reconnaître, lisait l’impatience de l’aigle dans ses battements d’ailes et ses virevoltées erratiques, ses approches avortées par la présence des deux autres qui l’encadraient. Car ce n’était pas seulement l’épreuve d’un taledhel, mais aussi celle d’un des dolwen rainadion, celle de Sû. Lui qui les avait suivis depuis les cieux dans leurs pérégrinations forestières, lorsque leurs pieds foulèrent les terres meubles, qu’ils montèrent dans les canopées de la Iäurylf et qu’ils grimpèrent à la force des bras et des jambes les falaises des Monts Handil, lui aussi s’en était trouvé accompagné par deux anciens de la Menelroval. Ces deux-là l’avaient retenu à de nombreuses reprises, avaient calmé ses ardeurs et attisé sa volonté de se voir réuni avec le camarade dont ils le privaient.
- Ce voyage, à nous seuls il aura appartenu, nul n’aura la prétention de connaître ce qui aura été su. Cependant, ni moi ni Sû n’avons assez de décennies devant nous. Et il faut parfois même des siècles, pour atteindre l’harmonie. Fort heureusement, nous allons faire autrement. Une ennéade, je te l'avais promis solennellement.
Alors qu’Artiön tâtonnait le vide, basculé légèrement en avant, à l’écoute des vents, les doigts de Gwilithiel s’effacèrent entièrement et son pied vint brusquement rencontrer ses reins. Les aigles plongèrent à l’unisson alors que les pieds du citadin ne touchaient plus le sol. Les anciens guidaient la descente de Sû, perçant les nuages et les vents, filant le long de la falaise. Jusqu’à ce que la piquée de Sû épouse enfin la chute du colosse, dans une symbiose presque parfaite où ils se retrouvèrent l’un contre l’autre. Manya et Muilë cabrèrent dans une courbe vertigineuse en direction des cieux, ramenant dans leurs sillages Sû et son passager à la hauteur du plateau d’où ce dernier avait chuté.
Et là, sur le plateau ne restait plus que Gwilithiel, seule et hilare, agitant la main dans un au revoir alors que les anciens s’écartaient pour laisser Sû et Artiön maîtres de leur destin.
Dernière édition par Gwilithiel d'Orodriss le Ven 17 Fév 2023 - 3:26, édité 1 fois
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: Sous l'aile de l'aegedhel Mer 3 Aoû 2022 - 18:00
Tu savais à quoi t’attendre avant la chute. Tu sais ce que tu attends maintenant que tes pieds ne touchent plus le sol. Les grondements des bourrasques font siffler tes oreilles. Tes cheveux en lacèrent implacablement les pointes. Le vide est devenu une réalité. Tu ne luttes pas pour autant. Tu pourrais mourir, mais tu te refuses à lutter. Tu pourrais mourir. Tu pourrais ne jamais revenir auprès des tiens, seulement tu refuses de croire que La Mère t’ait guidé jusqu’ici pour rien. Tu restes terrifié, incapable de trouver une rassurante mélodie parmi les furieux murmures du vent, mais tu ne luttes pas. Tu attends. La nature fera son travail. La nature t’arrachera à la mort.
Un bruit sec, comme le claquement de la roche sur la roche lors d’un éboulement, comme la rupture des derniers fils de suber d’un arbre sur le point de tomber ; un bruit mat te perce le tympan. La direction du vent change. Tu te sens à nouveau comme au bord du vide. D’instinct ton buste se penche en avant, tu descends sur tes appuis et tes bras se plient. Le cri de l’aigle te force à rouvrir les yeux. Tu voles. Et enfin, la pression retombée, tu t’autorises à hurler. Un claquement de plus, et l’aigle t’emporte dans ce que tu penses être l’un de ses jeux, virevoltant à travers les airs pour tester ses propres forces, sans réaliser que ce-faisant, il testait aussi ton équilibre.
- C’est que je ne suis pas une demi-portion non plus mon grand.
Une pensée plus que des mots, après avoir constaté la force que l’aigle mettait dans chaque battement d’ailes. Sû n’avait peut-être plus ni la force de la jeunesse, ni la malléabilité des esprits candides, mais il était comme toi. Grand même parmi les siens, endurci par la vie, mais affectueux à l’excès. D’une certaine manière, vous vous compreniez. Et ça… en tant que soldat comme en tant qu’époux, en tant qu’époux comme en tant que père, la vie te l’avait appris : tant que vous ne seriez pas à l’article de la mort, cela vaudrait bien la jeunesse perdue.
- Tiens, un petit coup de main.
Tremblant quelques peu, tu attrapes ton focaliseur, et de quelques passes d’armes dans le vide, en appelle aux arcanes. Tu invoques les aurores, qu’elles lui offrent leur soutien. Tu fais don à l’aigle d’un peu de ta force, là est le moins que tu puisses faire. Et il semblerait qu’à défaut de t’en remercier, l’animal au moins apprécie l’attention. Car ses muscles ainsi revigorés, l’animal goûtait à nouveau à un ersatz de ce qui fut sa force, à un souvenir de ses infatigable voyages et à la promesse de grandes aventures. Il était temps de construire des souvenirs avec sa nouvelle famille.
- Je ne suis pas mort !
Un hurlement à valeur d’au-revoir, dirigé à celle qui était restée derrière. Et des au-revoir qui s’espéraient ne pas être des adieux.