A la mienne ! | Viliam & Fantôme

Première ennéade
Hiver, Karfias 20:XI

Il y a une sacrée ambiance dans la taverne. De retour de mission, les Chimères ont arpenté les rues un moment avant de trouver un établissement où ils pourraient vraiment s'amuser. Parce qu'ils en avaient besoin. Cela faisait plusieurs ennéades qu'ils n'avaient pas retrouvé leurs lits et ils voulaient décompresser. Ils avaient mis alors un peu plus d'animation encore et cela a attiré encore plus de monde et ça s'est étendu aux tavernes voisines, les musiciens s'étant même installés dans la rue qui les dessert pour en faire profiter tout le monde. L'agitation est si dense que le groupe de mercenaires s'est éclaté un peu partout et la petite fête n'a pas désemplie malgré tout.

Alors qu'il commence à avoir du mal à marcher, Fantôme rejoint le bar d'un des établissements où se joue cette petite bringue improvisée. Il a perdu les membres de son escadron depuis un moment déjà mais cela ne semble pas le déranger. Il discute avec tout le monde, rigole, joue un peu. Mais son plus gros vice de la soirée, c'est de toute évidence la boisson.

-Une autre ! Fait-il en posant bruyamment sa choppe sur le comptoir.
-Eh ben... T'as l'air d'en tenir un bonne couche, mon gars.
-Hey, j'étais dans un trou miteux de gobelins pour la nouvelle année, faut bien que j'me rattrape !
-Bah j'pense que t'y es. Mais tant que tu paies.

Fantôme fouille alors maladroitement dans sa poche pour sortir quelques petites pièces et les poser à côté de son verre. Le tenancier vérifie puis le sert. Le mercenaire le remercie puis s'accoude au bar. Sa chopine à la main, il se tourne vers la salle pour regarder ce qu'il se passe et trouver ce qu'il va faire après. Les fléchettes, ce n'est peut-être pas une très bonne idée dans son état... Il n'y voit plus très clair. Ou alors, c'est en double ! Les dés, peut-être ?

Il a une silhouette qui se glisse discrètement aux côtés de la Chimère après une ou deux minutes. Ses amis un peu plus loin n’ont pas eu de réponse aux divers ‘’hé tu vas où ? lorsqu’il s’est soudain levé après une dernière pinte, mais ils n’ont pas franchement insisté. Après tout, quelques dizaines de minutes plus tôt Ren avait disparu de l’exacte même façon et absolument personne n’avait envie de savoir ce que fabriquait le séducteur de la bande. Ceci dit ce comportement est nettement plus commun de la part du grand blond que de leur chef… Ce dernier a plutôt tendance à rester près de ses hommes en règle générale. Mais bon, qui sait? L'alcool abat bien des barrières et le vaani n'a rien à envier aux buveur les plus aguerris du groupe lorsque le temps est à la fête.

-Ben alors Chimère. Un sourire un brin provocateur étire les lèvres du semi-elfe. Comme ça on fout le bordel ?

Viliam a donc l’air particulièrement de bonne humeur ce jour-là,  et même légèrement alcoolisé lui aussi, bien que nettement moins que son ami.  D'ailleurs, c’est le cas de la plupart de ses camarades présents à droite à gauche. Eux aussi ils célèbrent. Ils fêtent l’arrivée de la nouvelle année, et les promesses qui vont souvent avec ce genre d'évènement, alors l’agitation générale ne leur déplait largement pas. En plus de ça elle rend toujours plus difficile le fonctionnement des patrouilles et c’est du pain bénis pour les plus recherchés d’entre eux. Aujourd'hui ils s'amusent sans crainte, sans se cacher. Ils profitent simplement des uns des autres.

La voix attire le regard du mercenaire chancelant qui la suit pour finir par trouver une silhouette bien connue. Son regard s'éclaire aussitôt et un sourire heureux étire ses lèvres.

-Hey ! ça fait un bail ! Il lève son verre dans sa direction pour le saluer mais ne réalise son geste qu'à moitié. A la place, il rabaisse la main pour pointer un doigt dans sa direction. En terme de fauteur de trouble, t'es mal placé pour me faire des commentaires. Plaisante-t-il. Et puis t'façon, on joue pas dans la même cour. Allez, ramène-toi par là ! Dit-il en accompagnant son invitation d'un geste.

Malheureusement pour lui, son adresse présente lui fait renverser une partie du contenu de sa choppe sur les doigts qui tenaient sa bière. Il peste alors contre lui-même, se retournant lentement pour reposer son verre sur le comptoir et secouer sa main dont il ne sait plus trop quoi faire maintenant.

-Tu sais que ce que t’as dans ta choppe t’es sensé le boire, pas le foutre sur tes pieds ?
-Pour ça aussi, t'es mal placé pour me faire la remarque. Fait-il en rappelant subtilement leur rencontre.

Viliam rit discrètement devant la maladresse du mercenaire. Tranquillement, il s’appuie contre le bar, proche mais tout de même suffisamment éloigné pour éviter toute projection d’alcool sur lui. Bon certes, il n’est pas très propre non plus mais s’il pouvait éviter de puer l’alcool dès le début de la soirée… D’ailleurs il adresse un geste équivoque au tavernier, l’accompagnant de quelques pièces. Lorsque que son propre verre est à nouveau plein, il le lève vers Fantôme, comme pour porter un toast.

-Toi aussi tu fête la nouvelle année ou c’est autre chose ?
-La nouvelle année, c'est bien.

A ces mots, il trinque de bon cœur avec le bandit puis porte son verre à ses lèvres pour en boire quelques gorgées. Se faisant, il ne le quitte pourtant pas des yeux. Il ne sait pas pourquoi mais il veut pouvoir le voir au point de ne pas en perdre une miette...

-T'as de la chance que Djen soit pas dans l'coin. J'crois que sa crise de jalousie est pas prête de lui passer.

Viliam hausse un sourcil, surpris. Il n’est pas certain de comprendre l’origine de ce ressentiment. Certes ils se sont croisés dans des circonstances un peu louches, mais de ce qu'il sait, Fantôme est rentré sain et sauf...

-Je lui ai fait si mauvaise impression ? C’est promis hein, je t’emmènerais pas dans mes conneries si c’est ça qui lui fait peur. Une gorgée plus tard il ajoute, enfin sauf si ça implique boire beaucoup. Là je promets rien.

Fantôme ricane.

-Non, j'sais pas c'qui lui prend. Je sais bien qu'on a tenté de se mettre ensemble et que je fréquente pu les femmes depuis mais ça fait un bail... Je pensais pas qu'elle pourrait encore être possessive comme ça.

-Et t’as jamais tenté autre chose ?

La question est lancé au tac au tac, sans réfléchir. L’alcool y contribue très certainement et avec l'esprit embrumé, Viliam ne se rend pas compte, sur le coup que sa question peut être comprise d’une manière légèrement différente. Il parle de manière presque plus décomplexée qu'il ne l'est déjà en temps normal.

-Remarque ça règlera pas vraiment le problème. Marmonne-t-il d’un ton presque boudeur, en s’appuyant un peu plus lourdement contre le comptoir. Les gens sont compliqués.

Il n’est pas certain d’apprécier la situation. Pour une fois qu’il apprécie et se fait apprécier de quelqu’un d’extérieur à son cercle… D’un autre côté, il peut comprendre certaines craintes. Mais cette femme le connait à peine, comment peut-elle se montrer possessive alors qu’il n’a passé que si peu de temps avec son ami et la dernière fois à sa propre initiative ?

Fort heureusement pour Viliam (ou pas d'ailleurs), Fantôme ne comprend pas le sens de sa question et répond en toute simplicité et en toute franchise. C'est la première fois qu'il évoque aussi ouvertement ses déboires en matière de femmes avec lui... même si ce n'était pas là où le bandit voulait en venir.

-Boarf... J'ai essayé les relations amoureuses. Plus ou moins sérieuses. Jusqu'à me mettre en couple. J'ai essayé les relations purement sexuelles. J'ai essayé les coups d'un soir... Y'a rien à faire, j'suis un cas désespéré. Elles ont toutes un reproche à me faire. D'après elles, y'a pas de rapport avec mes tendances à la boisson ou aux jeux... Je suis... "pas dedans". Fait-il en imitant les guillemets avec ses doigts pour souligner qu'il se contente de citer ses anciennes conquêtes.

Loin de lui toute allusion graveleuse et ça l'énerve d'ailleurs quand les autres le font. Il a peut-être couché avec des femmes sans rien ressentir pour elles et ne plus jamais les revoir par la suite mais ce n'est pas pour autant qu'il ne les a pas respectée. Et ses coucheries d'une nuit savaient pertinemment à quoi s'attendre et voulaient la même chose que lui : s'amuser et ciao.
Fantôme soupire en pensant à son amie et à ses réactions. Il a du mal à les comprendre. Enfin, en partie.

-On a une relation privilégiée avec Djena. Son père est mon Capitaine donc elle a vécu avec les Chimères longtemps, comme moi. On se connaît depuis super longtemps. On était de super amis avant d'essayer de se caser ensemble. J'ai pensé qu'avec quelqu'un que je connaissais aussi bien, ça passerait peut-être mieux mais non, ça doit venir de moi... Mais on s'est pas quitté fâchés, et on est même encore plus proches qu'avant. Alors je suppose que toute personne avec qui j'ai l'air d'être trop proche, ça la rend un peu jalouse... Et comme le courant passe sacrément bien avec toi... Voilà...

L’espace d’un court instant Viliam se fait silencieux tandis qu’il joue avec le fond d’alcool resté dans sa chope. Il refixe Fantôme, l’air de réfléchir en grattant une joue mal rasée, puis soupire. Il pose ensuite sa main sur l’épaule de son camarade.

-J’ai bien dû menacer Ren de le tuer une demie douzaine de fois et pourtant il est toujours dans mes bottes. Il m’a jamais lâché. Même quand j’ai fait les pires choix possibles, cet idiot à toujours finit par revenir me sortir des emmerdes. Toujours. Et Nééra sait que y en a eut. Et je ferais pareil pour lui. Même si il peut se comporter comme le pire des emmerdeurs, c'est mon meilleur ami. J’suis sûr que ça ira pareil avec ton amie a toi. Si elle tient à toi à ce point, elle finira par s’en remettre.

-Ouais, je sais... Répond Fantôme, à la fois convaincu et préoccupé.

Puis le sourire de Viliam revient, avec le même éclat espiègles dans ses yeux sombres.

-Bon. On est là pour s’amuser ou pour râler ?! Lance-t-il un peu fort, provocant au passage quelques réactions autour d’eux alors qu’il ne s’adressait qu’au mercenaire. Moi j’ai pas envie de grognasser jusqu’à l’aube.

Le mercenaire regarde son ami puis, frappant le bar du plat de la main, il se redresse alors qu'il avait fini par se poser solidement sur ses coudes.

-T'as raison ! Je me demandais justement ce que j'allais faire avant que t'arrive. On va voir c'qu'y font dehors ?

Malgré le brouhaha de la salle, ils peuvent percevoir la musique qui émane de la rue. Danser, ce n'est pas son truc mais toute cette agitation a bien dû attirer autre chose.

-Allez vient !

Sans attendre, Viliam saisit le poignet du mercenaire et l’entraine, alors que c’est ce dernier qui vient de proposer l’idée. En passant, il fait quelques bref signe à ses amis qui passent de surpris et inquiets à amusés et le laissent partir sans intervenir. L’un d’entre eux lève même son verre en riant mais ce qu’il dit ne leur parvient pas puisqu'ils continuent leur chemin jusqu'à la sortie.

-Faudra pas trop faire de vagues non plus. Lance-t-il un peu plus bas, pourtant en riant toujours. Cette fête là j’ai envie d’en profiter.

Le duo sort, Fantôme se laissant entraîner sans broncher, riant aux dernières paroles de son ami. Ni l'un ni l'autre ne voient une silhouette qui les observe depuis quelques minutes déjà, sans oser s'approcher. Djenaba cherchait son ami afin de s'assurer qu'il allait bien. Elle est arrivé lorsqu'ils ont trinqué et... elle a vu la façon dont il l'a regardé tout en buvant. Elle a vu les sourires qu'ils lui adresse. Elle a vu la façon dont il a l'air si à l'aise avec cet homme. Et avec tout ça, elle a compris... Alors elle n'a pas cherché à aller vers lui, les laissant tranquilles, se dissimulant un peu plus dans la foule lorsqu'ils ont décidé de bouger. Elle ne va pas les suivre, ce n'est pas la peine. Et puis, c'est un pan de sa vie qu'il doit vivre sans elle. Curieusement, elle se sent... soulagée. Comme si une menace, une inquiétude avait été levée et qu'elle de sentait de nouveau en sécurité.
Elle attend quelques instants avant de sortir à son tour, laissant au deux hommes l'occasion de disparaître de sa vue sans le savoir. Elle retrouve l'air extérieur. Si la brise est fraîche, elle disparaît assez vite entre les nombreuses torches et lanternes et le monde qui s'est amassé dans cette rue. Elle a soudain envie de se détendre et de profiter de cette soirée. Reste à définir comment...


Quelques mètres plus loin, les deux amis slaloment entre les passants, Viliam tenant toujours le mercenaire. il n'y a pas grand intérêt à regarder quelques musiciens. On évite les amuseurs de rue qui proposent des petits jeux de hasards -sûrement truqués- aux passants. Au bout d'un moment, Fantôme retient son comparse et s'avance pour regarder un couple à l'oeuvre, croisant les bras sur son torse. Sur un air de musique qui leur parvient jusque là, ils s'expriment à travers un mélange de danse et d’acrobaties dans des tenues confortables, pratiques et légères qui attirent les regards des spectateurs sur les formes de la femme et les muscles de l'homme. Les eux sont très doués et cela a plutôt un effet impressionnant sur la plupart des personnes présentes. Le mercenaire, lui, reconnaît la technique mais son esprit dérive assez vite alors que les deux jouent aussi de leur sensualité, et pas qu'un peu.

-Ils sont chauds ces deux-là. Glisse-t-il à Viliam, un sourire amusé en coin.

Curieusement, ce n'est pas la femme que Fantôme regarde le plus... Cela se voit parfaitement lorsque le couple se sépare pour prendre de l'élan et courir l'un vers l'autre pour réaliser une nouvelle figure.

Si le bandit observe lui aussi le spectacle, plutôt impressionné par les compétences physiques des deux danseurs, il capte aussi le regard de son ami, du coin de l’œil et il se met à rire doucement.

-Hé bien, on dirait que t’as pas tout abandonné au fond. Il ajoute un petit coup de coude amical.

S’il semble amusé, il n’y a évidemment aucune moquerie dans son attitude, peut être même est-ce le contraire. Simplement, Fantôme ne lui a jamais rien laissé entendre une attirance pour autre chose que les femmes, alors il est surpris. Mais ce regard… Viliam est certain de ce qu’il voit. Il est particulièrement bien placé pour savoir ce qu'il en est après tout. Il se demande juste pourquoi la Chimère n'a rien dit. Peut-être ne s’est-il pas sentit assez à l’aise avec le bandit pour le lui avouer, bien qu’il trouve ça assez étrange vu son attitude  si ouverte jusque-là… A moins que... S'en est-il au moins rendu compte ?

-T'as vraiment jamais fréquenté que des femmes, Fantôme ? Dans un sourire, il ne peut se retenir d’ajouter:  Je pense que ça sert à rien de te dire que c'est pas une honte si c'est le cas, hein.

-Hein ?

Fantôme est tiré de sa rêverie par la voix et le coup de coude de son ami dont il n'a pas entendu la première phrase. Cependant, la suivante est loin de lui échapper. Et là, le mercenaire -qui ne manque habituellement pas de répartie- ne sait plus vraiment comment répondre.

-Non. Jamais

Viliam insiste, visiblement pour le mettre à l'aise et le pousser à la confidence, seulement il se montre parfaitement sincère avec lui.

-J'ai pas honte. J'ai juste rien à avouer, j'te jure. J'vois pas pourquoi tu dis ç...

Le regard de l'éclaireur bifurque sur le mec qui vient de faire une pirouette et il semble aussitôt se rendre compte que ce n'est pas sa prouesse qu'il admire... Il regarde plutôt son visage, ses muscles... et même ses fesses. Il revient alors sur son ami, l'air à la fois surpris et éberlué. Il fait ainsi quelques allées retours entre les deux sans être capable de sortir un son et puis, finalement...

-Oh putain !...

Il se passe une main sur la figure puis vient s'ébouriffer les cheveux pour chasser l'effet que lui provoque cette révélation.

-Eh ben heureusement que tu m'dis ça pendant que j'suis bourré. Rit-il.

-Pour quelqu’un de complètement pété, tu gère plutôt bien tu sais.

Viliam a haussé un sourcil, absolument pas dupe des bredouillements du mercenaire. Lui aussi est particulièrement ivre, et  s'il n'en a pas tellement l'air, ça le pousse à prendre des risques qu’il ne prendrait pas en temps normal. Il sort dans la rue sans faire attention à qui il croise. Il a gardé son foulard mais son visage est totalement découvert. Il rit et il s’amuse, s'en fiche de se faire remarquer. Lance ce qui lui passe par la tête. Et…

Il est déjà proche de la Chimère à cause de la densité de la foule. Il se contente de glisser le bout de ses doigts sous son menton et pose ses lèvres sur les siennes. Ça fait un moment que ça lui trotte dans la tête mais sobre il n’a jamais voulu lui forcer la main. Et puis il y a tout un tas de barrière qui devraient retenir son geste. Leur relation potentielle est un danger et une source d'emmerde à long terme. Mais là il s'en fout. Là, il a l’impression de vivre comme si plus rien ne comptais. Évidement, il le relâche rapidement, comme si au fond, il y a encore un peu de lui qui sait que son geste est particulièrement inattendu, peut être inaproprié.

-T’aura qu’à te dire que ça aussi c’est parce qu’on à trop bu.

-C'est parce que je suis pété que je gère bien ! Si j'étais s...

Fantôme ne finira jamais sa phrase. Il sent les doigts sous son menton et, suivant le mouvement qu'ils lui indiquent, il tourne son visage vers Viliam juste à temps pour accueillir ses lèvres sur les siennes. L'instant est fugace pourtant les secondes semblent s'arrêter de s'écouler le temps de ce contact. Il a même l'impression de ne plus rien entendre d'autre que son cœur qui bat et peut-être même celui de cet homme qui se trouve si près de lui... Puis le baiser prend fin dans ce son typique et le mercenaire sort brusquement de son rêve éveillé. Il perçoit d'un coup la musique, les rires des passants, les applaudissements des spectateurs... Il regarde le bandit d'un air interdit, l'espace de quelques secondes. Il ne l'a pas repoussé et, quand bien même il aurait les réflexes pour, il ne l'aurait sans doute pas fait de toute manière. Bon, pas s'il avait été sobre... Le choc de tout ceci, de se savoir attiré par les hommes et d'en pincer pour son ami, l'aurait chamboulé d'une toute autre façon. Mais, ce soir... Rien ne le choque et il prend même plaisir à tout ça.
Et puis, finalement...

-Tu la prépares depuis que tu m'as retrouvé au bar, avoue ? Plaisante-t-il.

Fantôme en rit mais son regard ne trompe pas... Pas plus que la façon qu'il a de faire disparaître sa lèvre inférieure, comme s'il goûtait encore à celles de Viliam. Puis il reporte son attention sur le spectacle.

-Je comprends mieux pourquoi Djen me trouve différent depuis la tempête.

A peine a-t-il dit cela que quelqu'un trébuche derrière le mercenaire. Ce dernier, n'ayant pas un très bon équilibre dans son état, se retrouve projeté quelques pas plus loin, en plein dans l'espace de danse des deux autres. La nana ne se dégonfle pas, alors qu'elle arrivait justement dans sa direction, et elle réalise une cambriole pour l'esquiver et se relever derrière lui. Elle le contourne ensuite pour revenir devant lui.

-Désolée. Fait-elle avec un sourire espiègle et un clin d’œil.
-J'peux ? Lui répond Fantôme en tendant les mains vers elle.

D'un geste, elle accepte et voilà que, durant quelques dizaines de secondes, le mercenaire fait partie du spectacle. D'abord, il joue avec la fille, la faisant tourner autour de lui comme un simple objet, puis l'homme entre dans le jeu et fait mine de vouloir réaffirmer sa possession sur la demoiselle. S'engage alors un faux combat entre les deux qui ressemble plutôt à un assortiment de prouesses physiques dans lequel Fantôme ne s'en sort pas trop mal étant donné son état d'ébriété. Finalement, les deux se serrent le poignet, la danseuse embrasse sa joue et l'éclaireur rejoint son ami dans le public. Il s'approche de lui, posant une main sur son épaule et amenant ses lèvres jusqu'à son oreille.

-J'ai préféré le tien. Lui avoue-t-il en référence à leur baiser.

Puis il glisse discrètement sa main dans la sienne et les entraîne plus loin, au milieu de la foule.

-Tu la prépares depuis que tu m'as retrouvé au bar, avoue ?

-Même pas.

Viliam n’est pas certain de savoir à quoi il s’était attendu, mais la façon dont la Chimère réagit ou plutôt ne réagit pas le satisfait. Il s'était attendu à pire, mais finalement Fantôme accepte facilement ce qu'il vient de comprendre. Viliam à vu des sorties de placard bien plus violentes...
Et puis avant qu’ils ne puissent aller bien loin dans le dialogue, Fantôme est entrainé dans les bras des danseurs. Le bandit à un geste pour le rattraper mais vite, il se rend compte que le mercenaire s’amuse et il le laisse faire, les bras croisés.

-Frimeur. Se contente-t-il de souffler une fois que son camarade revient vers lui et l’entraine encore plus loin.

La fête bat son plein longtemps, et les deux hommes en profitent à fond. Un instant ils croisent un marchand de boisson ambulant et comme si ça ne suffisait pas, ils se servent à nouveau, un peu, et repartent. Quitte à avoir la pire gueule de bois de leur vie, demain, autant en profiter. A un autre niveau, Viliam se laisse prendre au jeu d'un petit arnaqueur de rue, auquel il laisse de bon cœur quelques écus. après tout, ses tours de cartes l'aurons fait rire. Et ainsi de suite.

-J’crois qu’on s’éloigne par là. Finit soudain par lâcher le bandit, alors que la soirée avançant, ils croisent de plus en plus de monde qui tournent le dos à l’épicentre du joyeux chaos.-Oh merde, attend !

Brusquement, Viliam tire son ami sur le coté de la large avenue qu'il fréquentent. La situation est un peu bizarre vu comment la soirée à viré pour eux, mais quand le bruit de chausses métalliques claque sur le sol, Fantôme peut probablement facilement comprendre pourquoi Viliam le plaque quasiment contre un mur, l'air soudain faussement ivre mort.

-Désolé. Souffle-t-il avant de reculer après une bonne trentaine de secondes. Les troubles fêtes sont de sortie.

La soirée est mémorable. Les deux comparses s'amusent énormément, ne voyant pas l'heure passer. Ils rient, ils boivent, ils jouent... Le tout dans l'insouciance la plus totale. Fantôme ne semble pas le moins du monde perturbé par la récente découverte de sa sexualité, pas plus que par l'attirance réciproque avec Viliam. L'ambiance et l'alcool aidant, il se montre un peu plus tactile que d'ordinaire, lui prenant la main en marchant, passant son bras autour de lui pour regarder un numéro, essuyant de son pouce une goutte de bière sur son menton... La boisson ne réprime aucun de ses gestes de plus en plus intimes et tendres, quoi que toujours chastes.

Mais alors que la soirée touche à sa fin, le mercenaire se fait embarquer sans trop comprendre ce qu'il se passe. D'un coup, il se retrouve plaqué contre un mur, le corps de son ami contre lui. Par réflexe ou par envie, il l'enlace aussitôt, jouant sans le savoir le jeu que Viliam est en train de jouer aux gardes qui passent par là. Il reste ainsi, sans bouger, un peu surpris par cette proximité soudaine et aussi... sacrément troublé. D'aussi près, il peut sentir son odeur, celle de sa peau et de ses cheveux. Il étreint sa chaleur contre lui. Il savoure son souffle dans son cou... Tout cela l'envoûte et il ferme les yeux pour mieux apprécier cet instant qui le fait chavirer.
Lorsque la patrouille est passée, le bandit s'éloigne sous le regard hagard d'un Fantôme aux sens tout chamboulés. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas ressenti ça... Et jamais ça n'avait été aussi intense. L'absence du corps de Viliam contre le sien lui provoque aussitôt un frisson, comme un vide à combler. Et il n'a pas à chercher bien loin pour ça...

Soudain, Fantôme se relève du mur, comble la distance qui le sépare du bandit, saisit sa chemise et l'embrasse avec ferveur. Son bras disponible l'enlace également et, tout ce qu'il peut faire, c'est prier pour que son ami ne veuille pas arrêter... Parce que lui s'en sent désormais incapable.

Alors ça par contre, Viliam ne s’y attendait pas.

Au fond, il y a probablement un petit bout de sa conscience qui lui dicte d’arrêter là. Ils sont tous les deux ivres et ne savent plus vraiment ce qu’ils veulent. Au fond, il y a une pointe d’appréhension. Le bandit n’en est pas à son premier partenaire,mais lorsqu’il l'à pu il a toujours veillé au consentement d’eux comme de lui-même. Il a bâti tellement de ses revendications sur ce simple fait que le bafouer reviendrait à détruire toute le sens de sa courte vie.

Mais il y a aussi les faits. Là, c’est Fantôme qui a initié le premier geste qu’il lui rend d’instinct  et à la même intensité et le mercenaire n’a pas l’air de trop regretter… Quant à lui-même, il n’a pas eu besoin de l’alcool pour savoir que la Chimère lui plaisait. Il a suffi du premier soir, dans la tempête, lorsque Clarisse l’à doucement mis en garde, pour se l’admettre. L'alcool ne fait que le désinhiber bien vite mais le désir à toujours été là au fond.

-Fantôme...Il souffle avec douceur lorsqu’enfin leurs lèvres se séparent. Il pose une main sur le torse de son comparse, mais son regard en dit long. Pas ici. Il hésite. Viens.

Ses mains se glissent dans celles de la chimère et il l’embrasse chaleureusement une dernière fois, comme pour lui faire la promesse qu’ils n’en ont pas vraiment fini. Ensuite, il l’entraine loin de la foule, des gens qui rient et qui hurlent, des gardes du guet qui ne rêvent que de voir leur solde arrondit par une prime surprise. Ils quittent la petite fête qui n'a maintenant plus aucune importance pour eux. Au fond, Viliam se fout pas mal de l’abri qu’il cherche. Mais le seul qu’il connait et où il se sent vraiment en sécurité se trouve à quelques ruelles. A cet heure là, vu le contexte, il n'y a sans doute personne pour venir les emmerder près de sa propre taverne ni même à l'intérieur. Et de toute façon, il leur suffit de grimper par le balcon pour ne pas se faire voir...

Viliam ne cherche pas à se dérober, bien au contraire. Alors la main de Fantôme lâche son col pour venir se glisser dans son cou. Leurs baisers provoquent chez lui un effet dont il ne se doutait pas. Il a parfaitement conscience d'embrasser un homme et, si une part de lui sait que c'est inhabituel et même désapprouvé par certains, il n'en a rien à faire pour le moment. Le désir monte si rapidement dans son ventre qu'il n'y a plus que cela qu'il ressente à présent. Il en oublie même le reste de la fête non loin et l'agitation qui va avec.
Lorsque le bandit le repousse, Fantôme lui obéit. Il est... déçu et triste avant même d'avoir ouvert les yeux mais, il a beau avoir une envie folle de lui, il ne va pas lui forcer la main. Mais alors qu'il recule d'un pas pour lui laisser de l'air, Viliam l'invite à le suivre. Le mercenaire relève alors les yeux vers lui et il comprend à son regard qu'il a compris son geste de travers. Et il ne fait que le lui confirmer alors qu'il lui prend les mains et l'embrasse de nouveau avant de l'entraîner à sa suite. Fantôme sourit alors, heureux et soulagé, et lui emboîte le pas. Il reconnaît assez vite la direction qu'il prend et sait où ils vont. C'est vrai qu'ils ne sont pas très loin de chez lui alors pourquoi prendre la peine de payer une chambre ? Et puis, il préfère ça à l'idée de faire comme avec ses aventures d'une nuit. Il ne pense pas encore à demain mais un lieu pour personnel lui convient bien.

Cependant, au détour d'une rue, Fantôme arrête son ami en le retenant d'un geste. Il le plaque à son tour contre un mur tout proche et l'embrasse de nouveau avec plus d'envie encore que tout à l'heure. Il sait qu'il perd du temps qu'ils pourraient passer entre les murs de la piaule de Viliam mais il en avait trop envie... Il colle son corps au sien, laisse ses mains se promener sur lui, glisse ses lèvres jusque dans son cou... Il prend sa dose avant de libérer son compagnon pour reprendre leur route.

-hé. Hé. Doucement.

Viliam ne peut s’empêcher de repousser légèrement on compagnon lorsqu’il fait mine de vouloir aller trop loin au beau milieu de la rue. Il y a un bref soupçon d’angoisse dans ses prunelles, à l’idée que le mercenaire n’accepte pas ce refus. Oui, lui aussi en a envie. Mais pas ici il le lui a dit. Ils ne sont pas des animaux. Viliam ne fait taire ses peurs que par miracle ce soir, et la magie qui le pousse en avant menace de se briser l’espace d’une demi seconde. Mais heureusement, le mercenaire recule et leur chemin reprend. Le bandit respire.

L’incident est vite oublié. Il suffit d'ailleurs que la clé tourne dans la porte de la chambre qui n'a pas changé depuis la dernière fois et la verrouille derrière eux pour que le bandit se sente à nouveau en totale sécurité...Et libre d'exprimer pleinement toute les envie qui animent aussi son propre corps.

Le bandit n'a l'impression de vraiment réaliser qu’il se passe que lorsque leur danse charnelle reprend et qu’ayant récupéré le dessus pour l'instant, il pousse son désormais amant contre le rebord de son propre lit. Pourtant, ses mains ne cessent pas pour autant le jeu qu'elles ont commencés à peine les deux hommes ont-ils franchit la porte, peut être est-ce même le contraire. Elle se plaisent à venir froisser le tissu qui couvre encore le torse de la Chimère, faisant déjà glisser une partie de sa veste. Fantôme n’a pas envie d’attendre ? Viliam non plus… D’ailleurs, il ne se prive pas non plus d'encore déposer quelque baiser à l’angle de sa mâchoire toute masculine.

Fantôme ne comprend pas vraiment la réaction de Viliam. Après tout, les rôles étaient inversés quelques minutes plutôt... Mais soit, il ne cherche pas plus loin et ne tarde pas à se calmer avant de libérer son compagnon. Une fois dans la chambre, le mercenaire s'oblige à attendre que la clef soit tournée pour reprendre ce qu'ils ont entamé dans la rue et, pour son plus grand plaisir, il constate que les réticences de son amant de tantôt ont totalement disparu. Ils enchaînent désormais les balais de baisers et caresses dissimulés sous une montagne d'impatience, leur route les menant directement près de ce lit où ils s'étendront bien vite ensemble.
Fantôme sent sa veste se faire déjà repousser et il n'attend pas davantage pour la retirer et venir en faire autant avec celle du bandit. Leur étreinte suivante lui permet de sentir d'autant mieux le corps de Viliam contre le sien. Se faisant, il se rend d'autant mieux compte qu'aucune masse s'empêche son ventre de se retrouver à plat contre celui de son partenaire et cette absence de poitrine l'électrise.

D'un geste, le foulard du chef de l'Aile Blanche tombe au sol et le mercenaire a alors le champ libre pour couvrir son cou de baisers. Il ne prête même pas attention à ce tatouage qu'il a déjà vu par le passé, à l'insu de son amant. Ses étreintes ont tendance a écarter le col de la chemise du bandit pour lui laisser plus d'espace, plus de peau à savourer. Cette peau qui l'envoûte et qui l'appelle... Tirant sur le tissu, il se dégage une voie afin que l'une de ses mains puisse se frayer un chemin et venir parcourir son dos nu.
Puis il se redresse, approchant son visage tout près de celui de Viliam.

-J'ai jamais eu autant envie de quelqu'un... Avoue-t-il dans un souffle avant plaquer ses lèvres sur les siennes.

Fantôme est désormais sous l'emprise pleine et entière de son amant. Chacun de ses gestes, chacune de ses attentions, chacun de ses contacts éloignent un peu plus sa conscience que l'alcool ne l'avait déjà fait. A ce stade, il faudrait qu'il dégrise totalement et brutalement pour parvenir à s'arrêter. Parce que seule la pleine possession de ses moyens parviendraient à refroidir ses élans alors que, pour une fois dans sa vie, il se laisse aller à ce qu'il aime vraiment. Les femmes ne l'attiraient pas, en fin de compte. Il a juste tenté d'être comme tout le monde et de répondre à des attentes qu'il s'est imposé lui-même en pensant que c'était ce qu'il fallait faire pour ne pas décevoir son entourage. Mais en cet instant, tout cela est balayé. Il sait qu'il est attiré par Viliam, et ce depuis le début, et de se retrouver là avec lui... Il se sent... Libre. Libre comme jamais.

-T’as pourtant pas vu grand-chose encore. Rit doucement le bandit entre deux baisers. Ça doit vraiment pas être intéressant…les femmes.

Contrairement à certains qui se découvrent un penchant puis l’autre au fil du temps, Viliam n’a jamais eu le moindre doute quant à sa propre sexualité, même du temps des premiers amours innocents et naïfs d’enfants. Il n’a jamais fait semblant, jamais tenté de se fier aux désapprobations des uns voir aux dégouts des autres. Il a toujours été ce qu’il est. Le monde féminin est donc un immense mystère pour lui qu’il n’a jamais ressenti le besoin de combler. Il se sent bien avec les hommes. Aujourd’hui, il se sent bien avec Fantôme. Ça suffit largement.

-Moi ça m’arrange. Il souffle.

Dans un même temps ses caresses se sont faites plus basses, délaissant les contours flous de son torse pour celui de son ventre. Petit à petit, descendant encore, ses doigts avaient trouvé une boucle de ceinture qu’ils dénouèrent puis, profitant du mou que cela créa, les doigts glissèrent sous les chemises sorties du pantalon devenu lâche. Tentateur, ils se glissaient de temps à autres un peu plus haut, à la limite des pectoraux de la Chimère puis le long de son dos et enfin retrouvaient leur chemin initial, s’arrêtant toujours plus bas, centimètre par centimètre, sur la peau sculptée du mercenaire.

-Parce que j’ai envie de toi aussi. Se fit-il légèrement plus pressant de son propre corps contre celui de son amant. Ses caresses plus intenses. J’crois que ça me fait flipper, mais ce soir je m’en fou.

-T'as raison. Rit à son tour Fantôme entre deux baisers. Joignant le geste à la parole, il passe cette fois ses deux mains sous la chemise de Viliam pour caresser sa peau. Aussitôt, il les glisse sur l'avant du corps de son partenaire et commence à parcourir son torse. Il n'hésite pas un seconde et remonte jusqu'à ses pectoraux, tirant définitivement le vêtement du pantalon dans lequel il était coincé. Des hommes dévêtus, il en a déjà vu. Mais pas celui-ci. Pas un qui l'attire. Et jamais dans un tel contexte.

-Disons que j'avais une libido... Et je cherchais à l'assouvir comme tout le monde. J'ai fini par croire que je plaisais pas aux femmes... Fantôme marque un temps d'arrêt alors que les mains de son amant descendent dangereusement sur son corps. Il savoure cette vague de désir qui l'envahit et ne bouge plus, laissant au bandit le loisir de faire ce qu'il a en tête. Alors que c'était l'inverse... Finit-il par souffler pour finir sa phrase.

La respiration du mercenaire s'accélère tandis que la ceinture est défaite. Il se fait soudain patient et attend. Il profite de ce petit jeu dans lequel Viliam le nargue, suggérant tantôt qu'il va porter son attention sur le haut de son buste et tantôt sous son pantalon, mais ne lui donnant satisfaction sur aucun des deux plans. Il joue avec son envie et cela ne fait que l'augmenter davantage. Jusqu'à ce qu'il lui avoue que ce soir, il se fout de ses appréhensions et de ses craintes. Alors, Fantôme s'anime de nouveau et décolle son corps de celui de son amant, juste assez pour lui retirer cette chemise qui l'entrave. Puis il le regarde dans les yeux...

-Pareil. Lui assure-t-il, esquissant un sourire avant de se rapprocher de nouveau pour l'embrasser. Cependant, après quelques baisers seulement, il se redécale le temps de retirer son propre haut. Une fois torse nu lui aussi, il se rapproche encore, mais plus lentement que précédemment. Peu à peu, leurs peaux se frôlent, se touchent, se découvrent puis se pressent l'une contre l'autre. Fantôme lâche un soupir tremblant de désir et enlace Viliam de plus belle. Il mêle ses doigts à ses cheveux et retrouve ses lèvres avec langueur. Homme ou femme, en fait, il ne se pose pas tellement la question. C'est de lui dont il a envie pour l'instant et c'est tout ce qui occupe ses pensées. Il aura le temps de gérer le reste plus tard...

Un soupir de quasi soulagement franchit ses lèvres tandis que les tissus ne les gênent plus et qu’il sent l’intensité des désirs de son partenaire, au diapason des siens, là tout contre lui. Pourtant ce n'est presque déjà plus assez. D’un geste de sa main contre son torse nu, il pousse alors Fantôme en arrière, lui intimant de s’allonger tandis qu’il l’accompagne dans sa chute, s’autorisant à peine à séparer leur corps, et seulement pour mieux ensuite se retrouver sur le matelas modeste.

Loin de s’arrêter là, il profite de son nouvel avantage pour glisser ses lèvres dans le creux de la gorge de son amant, puis délaissant cette zone désormais connue, de se faire un peu plus tentateur encore, jouant de baisers sur le haut du corps de son partenaire,en déposants quelques-uns brulants sur l’un puis l’autre des monts de chairs de ses pectoraux, puis continuant son sulfureux chemin jusqu’à parfois presque atteindre le niveau de son nombril. S’il l’avait déjà aperçu une fois torse nu durant les jours de tempêtes, c’est la première occasion qu’il a de l’observer vraiment et avec tout le temps du monde. De l’observer non seulement dans sa plus pure simplicité, mais aussi dans une intimité qui n’appartiennent qu’à eux. C'est important pour le bandit.

Et puis, particulièrement taquin malgré tout, il se plait à jouer avec le tout nouveau désir qui anime ce corps habitué à des exercices et mais aussi des plaisirs tout autres et à le faire languir un peu. Là où l'inexpérience ordonne souvent d'aller vite, Viliam prend d'autant plus son temps. Ses mains s’égarent plus loin encore, flirtant de caresses en caresses avec les limite du pantalon débraillé du mercenaire…sans jamais faire mine de le repousser de trop et de s'aventurer au delà de ses hanches. Pas encore. Il savoure aussi de voir jusqu’où l’impatience du soldat ira.

Un sourire étire les lèvres de Fantôme derrière ses baisers tandis qu'il constate que Viliam apprécie tout cela autant que lui. Qu'il le sent vibrer autant que lui. Il est persuadé que, contrairement à lui, ce n'est pas sa première fois avec un homme mais il se dit qu'il apprécie particulièrement ce moment qu'ils passent ensemble. Il aimerait se souvenir de tout ça à son réveil demain matin, il aimerait réaliser à quel point ce qu'il se sera passé est important pour lui, il aimerait ne pas en avoir honte une fois son Souffle en sa possession... Mais il sait que ça ne sera pas le cas. Pourtant, il ne les arrête pas. En grande partie parce qu'il en est incapable mais aussi parce qu'une petite voix quelque part lui dit que c'est pour son bien.

Fantôme obéit sagement et recule pour venir s'asseoir sur le lit et même s'allonger en voyant que Viliam continue à s'avancer vers lui. Un peu étourdi par ce changement de position assez rapide, il ne réplique pas tout de suite aux attentions de son amant. Mais lorsqu'il le fait, l'une de ses mains disparaît dans ses cheveux tandis que l'autre parcourt son dos. Ses doigts, alternativement, caresses, se crispent, se détendent, en fonction de ce que le bandit lui fait subir. C'est une délicieuse torture mais, la plus terrible, c'est lorsqu'il s'amuse avec la limite de son pantalon déjà descendu de plusieurs centimètres. Sa respiration varie, elle aussi, passant de forte et régulière à totalement désordonnée lorsque les lèvres de son compagnon dépassent son nombril.

Soudain, Fantôme n'y tient plus.

-Liam. Appelle-t-il tout en l'invitant d'une pression de ses mains sur le haut de son corps à remonter à sa hauteur. Lorsqu'il le fait, il retrouve enfin ses yeux et y plonge les siens pour lui adresser quelques mots avec le plus grand sérieux. Tu me rends complètement dingue. Fait-il semblant de le gronder avant de l'embrasser.

Poussant sur ses appuis, il les fait basculer afin d'inverser les rôles. Il a besoin de ne plus être au centre de l'attention après avoir par deux fois laissé la main à son amant. Allongé sur lui, il continue à le couvrir de baisers sur le haut de son corps. Ses lèvres, ses joues, sa mâchoire, son cou, jusqu'à ses clavicules... Il goûte chaque parcelle de sa peau avec envie tandis que son bassin presse régulièrement celui de Viliam, leurs jambes entremêlées. Il joue ainsi quelques minutes avant de descendre à son tour sur son buste pour en explorer davantage qu'il ne l'a fait jusque là. Il embrasse ses pectoraux, joue avec leurs pointes, dessine le contour de ses muscles de le bout de sa langue, respire le parfum de sa peau, dévore son ventre de baisers... Cependant, Fantôme ne peut pas aller aussi loin que son compagnon car son pantalon à lui est toujours bien en place. Le sien continue à être malmené alors qu'il se tient à quatre pattes sur le lit, dévoilant de plus en plus ses hanches. Alors, tout en embrassant la peau qui se trouve à la limite du vêtement, il en défait l'attache. Lorsque c'est fait, il dépose un baiser ou deux en peu plus bas... Puis il remonte le corps de Viliam, l'embrasse, s'allonge sur lui, l'enlace et se laisse aller sur le côté tout en l'entraînant avec lui. Désormais à égalité, tant dans la tenue que la posture, ses lèvres ne quittent plus les siennes tandis que ses mains parcourent son corps de caresses. Son visage, ses épaules, son dos, son torse... Il descend même jusqu'à la naissance du pantalon, glissant parfois un peu en dessous, le repoussant toujours un peu plus...

« 'Liam »… L’intéressé sourit doucement. C’est nouveau. Il aime bien ce surnom. Il est neuf. Comme s’il était une nouvelle personne par ce simple petit mot. Il aime bien ça… Etre quelqu’un d’autre. Quelqu’un de tout simple, qui tient en quatre petites lettres. «'Liam »…

Il n’a pas vraiment le temps de le verbaliser, pourtant. Il ouvre grand les yeux, prit de court alors que son amant le fait basculer sur le dos. Les rôles s’inversent et c’est à lui de pousser quelques soupirs sous les assauts des lèvres et de la langue du soldat. Profitant de l’instant, Viliam ferme les yeux, visualisant simplement le corps de Fantôme au-dessus du siens, et en traçant tendrement les contours du bout de ses doigts, l’encourageant presque à ne jamais arrêter cette torture. Chaque baiser, chaque frottement infime de sa bouche ou de ses doigts sur sa peau, chaque rapprochement de leurs bassins est un coup fatal de plus à sa raison, si elle existe encore.

Sa main froisse les quelques draps lorsque les lèvres de son compagnon s’aventurent encore plus bas. Ses yeux noirs, brûlant de désirs retrouvent ceux du mercenaire. Prit à son propre jeu c’est peut-être lui qui finira par manquer de patience en fin de compte… Doucement, sans quitter son regard, il provoque une nouvelle caresse plus osée encore, frôlant pourtant à peine l’entrejambe de son compagnon, juste assez pour finir par se débarrasser du morceau de tissus informe couvrant encore maladroitement les jambes de son amant. Dans un même temps, il se permet de retrouver encore une fois ses lèvres dont il ne sait plus se passer. Il lui offre dans un baiser un peu plus tendre que ceux échangés depuis le début de leurs duo sulfureux, comme une sorte de calme au milieux de leur propre tempête.

Ils approchent du moment fatidique... Et Fantôme semble s'apaiser autant que son amant. Non pas que son envie baisse mais sa faim se fait moins vive afin de lui permettre de savourer ces instants. Tandis qu'il se délecte des lèvres de Viliam, il sent la main de ce dernier qui repousse son ultime vêtement, passant tout près de la zone la plus sensible de toute son anatomie. Il retient même son souffle lorsqu'il s'en approche... le temps de comprendre qu'il ne s'aventurera pas par là. Ou pas pour l'instant en tout cas.
Le voici donc fesses à l'air, son désir dressé dans la direction de celui qui en est l'objet. Ses attentions langoureuses ne s'arrêtent pas alors que le temps, lui, semble s'être suspendu. Une toute petite partie de lui appréhende quand même un peu la suite car il sort de sa zone de confort. Embrasser, caresser, enlacer, déshabiller... Tout cela, il sait le faire. Mais l'heure est venue pour lui de découvrir comment on partage du plaisir avec un homme et, cela, il ne connaît pas. Enfin si, il connaît la théorie mais il ne voit pas ses partenaires comme un simple trou à fourrer... Et encore moins celui-là. Alors comment combler l'écart entre maintenant et tout à l'heure ?

Fantôme prend quelques instants, goûtant inlassablement les lèvres du bandit, avant que ses mains ne descendent à leur tour. Elle descendent en effleurant du bout des doigts la peau de son amant. Elles descendent jusqu'à ce qu'elles ne puissent plus progresser. Là, il détend le vêtement dont il a défait l'attache un peu plus tôt, le rend plus lâche, afin de mieux pouvoir le baisser à son tour. Bientôt, ils se retrouvent à nouveau sur un pied d'égalité. Le mercenaire embrasse encore et encore son compagnon, sa main voyageant sur le sommet de son bassin désormais mis au jour sans oser s'aventurer sur des zones plus intimes du corps de Viliam. Il prend un petit moment pour se décider... se préparer... Puis, lentement, ses doigts glissent vers un mont de cher. Ils avancent jusqu'à ce que sa paume entière puisse venir se poser une des fesses du bandit et s'en saisir doucement. Il raffermit sa prise avec envie mais sans violence. Et, avec une délicatesse infinie, il tire son bassin vers lui tout en rapprochant le sien.
Rapidement, leurs désirs se frôlent, se touchent, se caressent, se serrent l'un contre l'autre. Alors que leurs corps se retrouvent de nouveau collés, Fantôme soupire d'un plaisir insoupçonné entre deux baisers. Ce n'est pourtant pas grand chose mais c'est si différent pour lui... Si excitant... Si enivrant. C'est sans comparaison possible avec la plus mémorable de ses précédentes expériences.

Au début, le mercenaire tâtonne un peu, hésitant. Puis, rapidement, le désir l'embrase de plus belle et ses baisers se font plus torrides. Peu à peu, ses hanches se mettent à bouger. Elles exercent des pressions plus ou moins régulières sur celles de son amant, plaquant un peu son corps contre le sien à l'aide de sa main qui n'a toujours pas lâché prise. S'engage alors une douce valse qui gagne lentement en intensité à mesure que l'envie d'aller encore plus loin monte dans le ventre de Fantôme et, il l'espère aussi, dans celui de 'Liam.

Alors que leurs souffles s’accentuent et que l’envie cogne avec force dans sa poitrine, Viliam laisse son partenaire prendre son temps et savourer ces instants. Il l’a senti hésiter, et il a envie que le mercenaire aille à son rythme. Ils ne sont la première fois ni de l’un ni de l’autre, mais néanmoins, le bandit à comprit qu’il s’agit quand même d’un cap pour son partenaire. C'est la première fois qu'il couche avec un homme.

-Pour quelqu’un qui vient de capter ce que tu préfères…Soupire-t-il au bout d'un moment qui lui semble infini. T’es du genre audacieux.

S’il n’écoutait que l’instinct au fond de son ventre, ils auraient certainement déjà franchit les dernières étapes de leur étrange nuit depuis quelques instants maintenant. Mais encore une fois, c’est la Chimère qu’il veut écouter.  Malgré tout il y a un moment où les baiser, les caresses et le contact de leurs bassins devient trop. Doucement, il le renverse à nouveau sur le dos, leurs jambes toujours étroitement mêlées, mais il ne va pas plus loin. Il s’efforce de se contenter de ces coups de hanches qui ravagent son souffle sans le combler assez. Son corps tendu n’a qu'une hâte, terminer ce qu'ils ont commencé.

-J’ai envie de toi Fantôme. Gronde-t-il, se souvenant vaguement lui avoir déjà dit cela plus tôt dans leurs ébats. Mais je veux que tu me le dises aussi. Je ferais rien sans que tu me dise oui.

Fantôme rit doucement.

-Je t'avoue que l'alcool aide un peu. Plaisante-t-il avant de l'embrasser pour la énième fois, ne semblant pas se lasser de ses lèvres.

Mais alors qu'il a dit ça, Viliam reprend légèrement le dessus et le mercenaire voit quelque chose dans son regard qui efface son sourire et suspend temporairement ses élans. Derrière cette envie qui consume son partenaire, il discerne quelque chose de plus lourd... Un sujet très sérieux. Son accord verbal a de l'importance pour lui et il ne comprend pas vraiment pourquoi. Est-ce que c'est parce qu'il est bourré et qu'il risque de le regretter le lendemain matin ? C'est sûr, il pourra lui balancer dans les dents qu'il a dit qu'il était chaud bouillant pour cette nuit mais il pourra encore répliquer qu'il avait trop bu...
Trop de questions pour son cerveau embrumé par l'alcool et le désir. Il les chasse et une de ses mains vient se poser dans son cou, ses doigts se prolongeant dans sa nuque.

-Alors, d'une... Tom, c'est un peu plus personnel qu'un pseudonyme, si tu préfères. Et toutes mes conquêtes m'appellent pas comme ça, je te fais une fleur parce que tu me fais craquer. Fait-il sur un ton léger avant de reprendre un peu plus sérieusement. Je vais pas te mentir, j'appréhende forcément un peu à partir de là. Mais ce soir, je me sens... libéré... Et pas seulement parce que j'ai bu. J'aime les hommes -ça oui, c'est l'alcool qui me fait l'accepter aussi bien-. Mais je suis au pieu avec celui à qui je fais de l’œil depuis le premier jour sans m'en rendre compte. Et qui m'en faisait aussi visiblement... Blague-t-il en jetant un rapide coup d’œil sur leurs corps nus et enlacés. Alors je vais pas me défiler maintenant.

Tandis qu'il redresse sa tête pour chercher les lèvres de Viliam dans un baiser torride, son autre main vient retrouver les formes de son amant pour le presser à nouveau contre lui.

-Je te veux, Liam... S'interrompt-il brièvement avant de l'embrasser encore.

Alors... Il ne sait certes pas comment va se passer la suite, qui va endosser quel rôle, mais peu importe... Même s'il a des questions et des doutes, son désir est plus fort que tout ça. Et si les autres couples gais y trouvent du plaisir, pourquoi pas lui ? En tout cas, jusque là, c'est beaucoup mieux engagé qu'avec les femmes de son point de vue.