Une rencontre interessante | Caleb (& Adélina)

3ème jour de la 1ère ennéade de Bàrkios | Second mois de l’Automne.
Année XXI | XI Cycle.
Île de Méca | Une taverne bondée.

L’Abyssale avait été vidée de ses richesses, de ses trésors et autres choses pillées au cours des dernières ennéades, et l’on cherchait ça et là quelques revendeurs qui en offriraient un bon prix. La… Visite d’hier, à la boutique d’Holden, n’avait point été aussi agréable qu’espérée. Eylohr – et ses acolytes – désiraient se venger de l’homme qui avait vendu une mauvaise information pour une somme ahurissante, et qui, en plus, aurait pu provoquer la mort de tout l’équipage. Seulement voilà, Holden n’était plus là… Il n’était même plus en vie… Et sa boutique avait déjà trouvé un repreneur…

Adélina. Adélina de « savait-on quoi et où » en Péninsule. La dernière Duchesse de Soltariel… Celle-là même qui était mariée au Duc détesté qui aura provoqué la mort de dizaines de pirates. Celle qui aurait préalablement été mariée au Rokvenha, selon les rumeurs et les chansons. Entrer à quatre dans la boutique, armés jusqu’aux dents, aurait pu aliéner la colère d’un pirate dont la réputation grandissait de jour en jour : Caleb, le Rokvenha.

D’ailleurs, il était temps pour Eylohr de rencontrer le fameux pirate dont tout le monde parle. D’aucun disait de lui qu’il était accessible, et qu’il était possible de le croiser à une taverne souvent bondée. Paranoïaque, il fallait montrer patte blanche, et pas qu’un peu.

Aussi, Eylohr s’était rendu tôt à la taverne, avec une partie de son équipage. Impossible de faire rentrer les 80 à 90 hommes d’équipage dans ce bouiboui, mais plusieurs purent le faire tout de même. Attablés, avec plusieurs assiettes de charcuteries, viandes, légumineux, et autres plats rôtis et grillés, l’alcool coulant à flot, Eylohr passait son temps à profiter tantôt de l’endroit, tantôt des gens, tout en continuant à surveiller l’arrivée de Caleb.

Ariana, toutefois, était la seule à ne point trop s’amuser. Outre le fait qu’elle appréciait peu de voir d’autres femmes tourner autour du capitaine de l’Abyssale, c’était surtout la rencontre avec Adélina, la veille, qui avait attisée sa légendaire jalousie. Outre le fait que la jeune femme était incroyablement belle, la savoir si proche des pirates, et maintenant, tenancière d’une boutique qu’Eylohr allait devoir voir et revoir régulièrement pendant les prochains mois, voir les prochaines années, ne l’enchantait guère. La jalousie l’empêchait de profiter de ces temps de fêtes, et même la bière – qu’elle appréciait pourtant généralement – n’avait plus aucun goût. Elle regardait l’entrée de la taverne, elle aussi… Mais point pour savoir si Caleb arrivait : plutôt pour savoir s’il arriverait avec sa belle, et donc, quelqu’un qui ne plaisait déjà point à Ariana la jalouse.

Depuis que le Second Souffle était de retour à Méca, Caleb et ses hommes n'avaient pas arrêté leurs activités malgré la promesse d’un repos bien mérité. Les marchandises avaient été déchargées du boutre et revendues à quelques marchands ou simplement stockées dans l’échoppe d’Adélina afin d’être utilisées à terme dans une toute autre transaction. Maintenant que tout avait été correctement fait et que les parts avaient été partagées entre les hommes, chacun pouvait prendre du bon temps comme il le désirait et Caleb ainsi que ses officiers ne faisaient pas exception à la règle.
Et bien que le repos et les plaisirs avaient été les maîtres mot des directives du capitaine, lui-même ne pouvait se résoudre à se détendre complètement.

Ce matin-là, tout juste préparés, Rokvenha et ses officiers décident de se rendre à l’auberge afin d’y prendre un déjeuner et de se détendre avant d’entamer la suite de leurs projets. Passant la porte de l’établissement, le Capitaine, accompagné de sa Seconde et de son Maître d'Équipage se joignent à la clientèle d’habitués. Quelques signes de tête, des salutations chaleureuses pour des connaissances et le trio se dirige alors vers une table légèrement à l’écart pour s’y installer.
Croqueuse hele une jeune serveuse et commande, trois plats du jour et de quoi faire descendre le tout dans une bonne bière importée.

Puis, une fois seuls, la jeune sang-mêlé se retournant vers son capitaine entame la discussion. “Dis voir l’Rok’, on a fait d’bonnes affaires récemment… Mais j’ai un p’tit doute quand même, j’pensais pas qu’on avait autant d’souverains qui dormaient dans la cale vu qu’on était pas parti pour piller.” Elle le questionne du regard, ses sourcils légèrement froncés. A cette question, le Rokvenha souffle du nez, encore marqué par la fatigue de la veille et des derniers jours cumulés. “Aye, c’est la p’tite surprise d’la Rose.” Les deux officiers restent alors silencieux et devant leurs visages, le capitaine poursuit. “Elle m’a racheté les cinq donzelles qu’on a attrapé avant not’ départ, j’saurai pas vous dire c’qui lui a prit, mais elle a insisté pour l’faire.” Il balaye l’air de sa main devant lui, lui aussi dans l’incompréhension d’un tel geste. “Elle m’a r’filé deux broches d’maîtres orfèvres d’Soltariel, j’pense à des bijoux d’quand elle devait s’marier avec l’Duc ou truc d’genre… Tout c’que j’sais, c’est qu’ça c’est bien vendu et ça a pu r’monter un peu l’caisses car sinon, on aurait fait un bon voyage presque à vide…” Il grimace alors tandis que Rocaille répond, les bras croisés devant lui. “Ca tombe bien, ouais, les gars étaient plutôt crevés et si en plus on avait pas d’quoi les payer…’ Il n’a pas le temps de finir sa phrase que la Seconde le coupe aussitôt. “La plupart des gars t’suivent pour c’que tu leurs a promis alors un p’tit coup d’rien d’temps à autres, ça pourrait l’faire et puis quand on est revenu d’chez les Elfes on avait pas mal rempli nos poches, on était pas totalement à sec.”

La serveuse arrive alors avec les commandes, les marins la remercient et payent. Rokvenha se penche sur son verre et y plante son nez dedans, reniflant, avant de répondre. “Aye, aye… D’ailleurs, les Elfes, faudra penser à y r’tourner maint’nant qu’la grande majorité d’nos soucis sont derrière nous.”

L’arrivée du Rokvenha changea grandement l’ambiance au sein de la taverne. Les plus curieux regardèrent le pirate désormais célèbre et les quelques élus qui l’accompagnaient aujourd’hui ; les moins téméraires se turent, s’attendant à subir quelconque foudre ou alors trop intimidés de faire face à celui qui aura, dit-on, fait trembler les seigneurs Mécans et le Wagyl lui-même ; les plus enthousiastes s’attendaient presque à recevoir une bénédiction, un regard, ou quoi que ce soit d’autre en provenance du Rokvenha. En tous les cas, pendant quelques secondes, un lourd silence s’abattit dans l’auberge, que le tumulte habituel finit toutefois par chasser aux profits des bruits de verres, d’assiettes, aux discussions bruyantes et autres exclamations bruyantes.

Eylohr, lui aussi, fut soudainement silencieux. Tout comme Ulysse et les autres. Maintenant, ils y étaient. Tous avaient accepté l’idée selon laquelle Eylohr désirait se mettre aux ordres de Caleb, de sorte à naviguer à ses côtés tout en conservant une autonomie suffisante pour permettre de satisfaire les envies de combats et d’aventures de tous les membres de l’équipage. Mais rien n’indiquait que Caleb allait accepter… Ou même que cette soirée allait se finir sans heurts.

Avalant cul-sec son verre de bière, Eylohr manqua presque de le détruire en écrasant le culot du verre contre le bois de sa table, comme pour se donner du courage. Puis, il prit le second verre – qu’il avait commandé pour cette occasion justement – et se leva, résolu et décider à faire face au Rokvenha. Derrière lui, Ulysse regardait, inquiet ; Christophe lui, buvait son verre de Grog sans trop se faire de soucis. Entre sanguins, sanguinaires et êtres cruels, tout pouvait partir à volo en une fraction de seconde… Alors pourquoi s’inquiéter ?

Ariana, elle, était soudainement rassurée. La « Rose », ou plutôt, le « Cul du Rok » comme elle s’amusait à l’appeler, n’était point-là. Sa jalousie fut légèrement apaisée, alors que le nom d’Adélina avait été dans toutes les bouches à Méca depuis leur arrivée il y a trois jours. Cela l’énervait suffisamment comme cela… Mais, satisfaite, elle sourit légèrement et bu tranquillement son vin.

Mais, bien vite, Eylohr arriva à la tablée du Rok et de ses acolytes. Les regards le dévisageaient de loin, car ces gens-là étaient des guerriers aguerris et savaient repérer une potentielle menace de loin… Alors, lorsqu’un grand malabar arrive, armé jusqu’aux dents, et s’avance sans faiblir jusqu’à la tablée de celui qui fait couler autant d’encres, ils avaient sans doute des raisons de demeurer inquiets…

Eylohr arriva enfin à la hauteur de la tablée. Il posa sa chope de bière, et, s’introduisant sans mots ni paroles, se planta-là, regardant tour à tour celles et ceux qui se trouvaient face à lui. Quelques secondes d’un long silence trahissaient l’inconfort… Mais Eylohr parvint à se ressaisir.

« Aye, l’Rok. J’m’appelle Eylohr, j’suis l’capitaine d’l’Abyssale. C’t’une bien belle caraque, qu’t’as sans doute dû voir au port. J’aimerais t’causer affaires, s’t’as un instant. »

A sa table, le Rokvenha discute avec les siens, de tout et de rien, de leurs futurs projets ou simplement de ce qu’ils comptent faire dans les prochains jours pour passer le temps. Son attention est rapidement détournée quand il voit Rocaille, les sourcils froncés, planter son regard en direction de la salle. A son tour, il glisse son attention et voit arriver devant lui un homme imposant, résolu dans sa démarche. Ne bougeant pas d’un poil, le Capitaine laisse alors l’homme approcher et intime la patience au colosse à ses côtés. “Laisse.”

Quand Eylohr pose sa chope sur la table avec une relative douceur, le Rokvenha sourit et relève son visage pour mesurer toute la stature de son interlocuteur. Un sourire avenant se dessine aux coins des lèvres du marin pour accueillir ce compère et lorsque une perspective d’affaire est évoquée, il l’étire davantage en levant sa main pour désigner une place en face de lui, aux côtés de Croqueuse qui se décale d’un petit bond. “Salut l’ami, j’t’en prie, installe toi. J’suis toujours partant pour des affaires et même d’bon matin.”

Caleb n’est pas connu pour refuser des souverains ou tout autre offre qui pourrait l’intéresser. Il n’est pas connu non plus pour refuser la discussion simplement et même s’il est réputé pour ses excès de colère avoisinant la folie, il semble être d’un naturel amical et facile d’approche. “Aye, j’l’ai remarqué. Une caraque ça s’remarque bien vite, surtout avec une coque noire et d’voiles rouges” Sa main quitte son verre et désigne ensuite ceux qui l’accompagnent. “Voici Rocaille et Croqueuse, si tu dois parler affaire avec moi, tu dois l’faire avec eux aussi. Ca t’convient ?” La sang-mêlé offre alors un signe de la main en direction d’Eylohr avec un sourire radieux, tandis que le colosse, dépassant même le nouvel arrivant d’une tête, ne bronche pas.

Une fois les présentations faites, Rokvenha plante son regard dans celui d’Eylohr et ne sourit plus, son expression devient plus sérieuse et curieuse. “Alors Eylohr, j’t’écoute, quelle affaire t’veux faire avec moi ?”

A l’invitation du Rokvenha, Eylohr s’exécute. Mais s’il paraît calme d’extérieur, en réalité, son cerveau était en ébullition. La réputation du Rokvenha le précédait, et de loin, et jamais cette réputation ne parlait d’un sourire, d’une attitude ouverte ou d’une quelconque positivité. Pourtant, à cet instant, non seulement Caleb réagissait avec pacifisme, mais en plus, il réagissait avec un sourire dans la voix, et un regard plutôt… Bienveillant. Allez-savoir…

Il s’installe, donc. Et à peine installé, le colosse des mers, chef des Requins, prend une grosse goulée de cette bière déjà trop réchauffée à son gout. Mais passons… Enfin, il n’avait pas d’autres choix. Toutefois, il en fit un autre : d’un geste de la main destinée à ses subordonnés restés en retrait, Eylohr leur commande de s’approcher, ce qu’ils firent les uns après les autres. Alors que le Rok présentait ses acolytes, Eylohr entreprit de faire de même.

« Enchanté. » Leur dit-il d’abord. « J’vous présente Ulysse, m’second. Lui, c’Christophe, m’quartier maître d’arme. Et elle, c’Ariana, m’quartier maître d’équipage. » Dit-il, présentant les intéressés tour à tour. Ces derniers saluèrent, trinquèrent, puis prirent une chaise et s’installèrent derrière Eylohr, qui pu reprendre. « Y’a pô grands choses qu’j’adore dans c’te vie. Mais y’en a qu’ques unes quand même : la liberté ; l’aventure ; l’baston. J’ai pris l’caraque au c’lui qui commandait avant moi, parce qu’il d’venait feignant et faible. Jusqu’ici, ça s’passait bin. Pis v’là qu’tu débarques et qu’tu met tout sans d’ssus d’ssous, en capturant une nobliaude promise à c’foutu Duc d’Soltariel, qu’fou toute sa foutue armada dans ses eaux cont’ nous. Et celles d’ses vassaux aussi. Mais malgré ça, t’perd puis t’reprends la Rose, t’va voir les Elfes, t’navigue avec l’Wagyl. L’liberté, j’l’ai avec mon navire et c’que j’veux en faire. Mais l’aventure, c’toi qu’la détiens. » Dit-il, introduisant autant son propos que sa pensée, pour poursuivre. « L’affaire que j’veux t’proposer est simple : j’veux voguer avec toi. J’suis pas l’genre à parier, mais j’te l’dis : tu s’ras l’prochain seigneur d’Mécan, p’t’être même qu’tu prendras plus d’importance qu’eux tous réunis. J’sais pô, et j’m’en branle. C’que j’veux, c’voguer avec toi et partir à l’aventure. »

Portant la bière à ses lèvres, il suit les mouvements d’Eylohr de son regard. Il remarque alors la petite troupe arriver et approcher pour être présentés à leur tour. Continuant de boire lors des présentations, il finit par abaisser le récipient qu’il dépose sur le bois de la table en saluant les individus d’un signe de tête. Un sourire toujours ancré aux coins de ses lèvres, accueillant les nouvelles avec une certaine sympathie bien visible.

Dans le même temps, Croqueuse observe les individus puis Caleb. La Seconde ne connaissait que trop bien l’homme devant elle. Un de ses jeux préférés était de lire les réactions du Rokvenha selon les circonstances et la situation actuelle semble être une nouvelle occasion de s’amuser. Étrangement, dans son coin, elle glousse et se cache derrière son verre, s’excusant de cette gêne occasionnée.

Eylohr commence alors à présenter les raisons de son approche. Le franc-parler du capitaine des Requins fait perdre le sourire au Rokvenha, qui à mesure qu’il l’écoute, fronce les sourcils peu à peu, ne semblant pas apprécier ce qu’il entend. Un tic nerveux de la paupière, puis un second, voilà la seule réaction durant tout le discours d’Eylohr et même lorsqu’il retrouve le silence, Rokvenha lui aussi le conserve. Les doigts couverts de bagues de sa main droite pianotent sur la table et ses iris sont plantés dans celles de son interlocuteur. Ce n’est pas une tentative d’intimidation, il n’a aucune raison de le faire, non, mais ce silence -qui semble long- peut s’avérer intimidant un instant.

Durant ce silence, les réflexions du Rokvenha fusent à toute allure. Ainsi voici donc le premier capitaine à se faire connaître pour naviguer à ses côtés. Au fond de lui, la surprise de la demande laisse place à une certaine fierté, mais il ne peut s’empêcher d’être rattrapé par ses vieux démons. Paranoïaque, un instant, il voit Eylohr vouloir profiter de ce qu’il a accompli, négocier auprès des Elfes en son nom et récupérer la récompense de ses durs labeurs. Ainsi, il reste silencieux et ce silence dure quelques secondes.

Puis, finalement, il expire sèchement par le nez et son visage ainsi fermé se penche légèrement sur la gauche et son sourcil se hausse dans une expression de surprise non feinte. “Ainsi tu veux voguer avec moi, Eylohr ? Mmh…” Ses doigts cessent leur pianotement nerveux et sa main se pose à plat doucement. Croqueuse intervient alors, comme pour couper court à une future remarque de la part du capitaine. “C’est une excellente chose ça ! Hein l’Rok’ ?!” Ce que vient de faire la seconde, ne passe pas inaperçu car elle récupère ainsi l’attention de l’homme en un instant et ce dernier semble sortir de ses réflexions, retrouvant son sourire d’avant. “Aye, aye !”

La Sang-mêlée reporte alors son attention vers Eylohr et lui sourit, dévoilant ainsi ses canines taillées en crocs, symbole de son surnom et des nombreuses rumeurs quant à son appétit cannibale. Le regard de la jeune femme force Eylohr à faire quelque chose, mais comme les mots manquent à la scène, son message passe inaperçu. Enfin, Rokvenha reprend la parole.

“Et bien, Eylhor… Capitaine d’l’Abyssale. Qu’espères-tu en voguant avec moi ? Mmh ?”

Le capitaine de l’Abyssale n’était pas connu pour sa magnanimité. Coléreux, violent et parfois cruel, il était du genre à frapper puis à réfléchir ensuite. En cela, ses subordonnés étaient de parfaites roues de secours ! Ulysse acceptait toutes les missions, et faisait preuve d’une violence inouïe durant les combats ; Christophe était la force athlétique tranquille, capable de prouesses gymnastiques et doté d’un sens critique et tactique extrêmement utile ; Ariana était la force offensive, prompt à attaquer, à frapper toujours plus fort et toujours plus loin. Ensemble, ils comblaient leurs défauts, potentialisaient leurs qualités, et faisaient de l’équipage des Requins l’un des équipages les plus actifs, les plus efficaces et les plus violents.

Le silence de plomb qui suit le discours d’Eylohr trahissait toutefois une chose, une différence, entre les deux capitaines. L’un était direct, franc, presque trop frontal pour faire quoi que ce soit d’autre que de dire ce qu’il pense et faire ce qu’il dit. L’autre, paranoïaque et froid, calculait, tentait de faire ce que savent faire les joueurs de jeux de hasards comme le poker, en tentant de deviner les cartes que jouaient Eylohr, et ce qu’il tentait d’en faire. Sans doute que cette différence de pensées et d’actions se solutionneraient avec le temps… Mais le temps, justement, nous le dira.

A l’intervention de Croqueuse, Eylohr n’y comprit rien, sinon que l’un des associés du Rokvenha – avec lesquels il devait également faire affaire – était emballé par l’idée, et soutenait la chose. Le côté… Rude et rustre, lui passa clairement au-dessus de la caboche.

« D’l’aventure. J’suis pô d’genre à vouloir l’pouvoir : j’laisse ça aux grands. D’venir un seigneur, d’venir un amiral… ça n’m’intéresse pas. C’que j’veux, c’pouvoir naviguer sur les flots, m’bastonner, piller, et voir d’choses du monde. L’reste… J’te l’laisse. J’veux pô être une légende, et j’veux pô les emmerdes qu’viennent avec l’pouvoir ou la légende. J’veux voyager, m’battre, et m’faire un peu d’fric histoire d’pouvoir entretenir mon équipage et mon navire, et m’faire un peu plaisir. »

A cette dernière mention, Ariana ne pu s’empêcher de s’approcher et de poser une pogne douce et tendre sur l’épaule musculeuse d’Eylohr. Ce dernier ne broncha point… Mais devina les arrières pensées de sa quartier maître.

C’est à ce moment que la porte de l’auberge s’ouvrit, et la figure qui fit son apparition sembla abasourdir les gens. Un léger malaise s’imposa, on aurait dit que plusieurs conversations s’étaient arrêtées, alors que quelques murmures se soufflaient d’un côté et de l’autre. Une direction bien différente de ce qu’avait eu le Rokvenha. On ne craignait pas la jeune femme qui venait d’entrer… Mais on ne comprenait pas ce qu’elle faisait là. Le regard bleuté de la nordienne balaya la salle avant de s’arrêter sur la table à laquelle s’était installé Caleb. Soudainement, la jeune femme fronça les sourcils en voyant avec qui ce dernier était attablé. Elle avait reconnu l’homme qui était arrivé assez brutalement dans sa boutique, et se demanda bien ce que cela voulait dire. Aubry entra dans l’auberge à son tour, fermant la porte derrière lui. Adélina lui fit un rapide signe de tête, et s’avança vers le Rokvenha, faisant fi des regards ébahis ou suspicieux qui la suivait. Tandis qu’Aubry se dirigea rapidement vers le bar pour prendre un semblant de repos.



La rose s’arrêta finalement près de la table, prenant la parole ; « Pardonnez moi pour mon retard, j’ai perdu la notion du temps. » Adélina ne toucha pas au Capitaine, sachant pertinemment que ce n’était pas le moment. Le Rokvenha avait cette attitude quelque peu particulière, et valait mieux ne pas trop pousser la chose à moins d’avoir pu lire sa réaction avant tout. Mais à voir, l’expression de Croqueuse - quelque chose de positif se tramait. Ce qui la rassurait parce que son interlocuteur ne lui avait pas semblé être le souffle le plus calme et posé qu’elle avait rencontré. Croqueuse, quant à elle, appréhendait un grand sourire qui montrait ses canines bien aiguisées. La jeune femme salua Croqueuse et Rocaille d’un sourire - ne s’attendant pas d’une réaction du dernier avant de se retourner sur l’homme et les membres de son groupe qu’elle avait rencontré la veille. « Il faut croire que vos affaires allaient plus loin… » Elle effleura doucement l’épaule de Caleb, comme pour s’excuser de l’avoir interrompu, un mouvement léger qui aurait presque pu être pris comme une erreur, alors que la jeune femme cherchait une chaise du regard.

“Voyager, s’battre et prendre du plaisir…” À ces notions simples de la liberté Rokvenha sourit, mais cette fois-ci son air avenant et jovial laisse une étrange sensation carnassière et malsaine. Toutes ces choses-là, Eylohr les a déjà et il n’a pas besoin de Caleb pour ça, alors pourquoi vouloir naviguer avec lui et même travailler avec lui ? Que pourrait apporter cette collaboration au bagarreur téméraire ?

Rokvenha se penche alors légèrement vers l’avant, continuant de fixer Eylohr sans ciller. “Tu as déjà tout ça, naye ? T’es pas libre d’voyager, t’battre et t’faire plaisir ?” Le ton donné trahit un réel questionnement. “Pourquoi vouloir t’joindre à moi ? Voguer avec moi ? Mmh ? Qu’est c’que j’pourrai t’apporter de plus que t’as pas déjà ? Et qu’est ce que t’attend d’plus surtout ?” Il se redresse alors, l’invitant à répondre d’un signe de la main. Croqueuse se tourne alors vers Eylohr, elle aussi, bien que plus avenante dans son regard et sa posture, semble curieuse de la réponse du capitaine de l’Abyssale.

Puis, d’un coup, l’ambiance change de ton, quelques murmures se font entendre ci et là dans la pièce. Rokvenha tourne alors le regard pour tenter d’en découvrir la source et remarque alors Adélina à l’entrée de l’auberge. Il expire du nez, un rire bref, amusé de voir les réactions à chaque fois que la jeune femme se présentait quelque part.

Quand elle se rapproche et s’excuse de son retard, Rokvenha plonge une main dans son veston et en extirpe son clepsydre de manufacture elfe. Il l’observe méticuleusement, semblant y déchiffrer quelque chose dessus et ne le cache pas à la vue du reste des présents. “Ca peut encore aller, installe toi… J’te présente Eylohr, l’Capitaine d’l’Abyssale et ses hommes.” Il désigne alors l’homme devant lui et ses suivants d’un signe de la main rangeant par la même occasion l’objet dans sa poche intérieure.

A la caresse effleurée, il se crispe légèrement ne s’attendant pas à être ainsi touché de la sorte en public, mais ne réagit pas plus, relevant simplement le regard en direction d’Adélina qui s’adresse alors à leur nouvelle connaissance visiblement commune. “Vous vous connaissez ?” Le regard du Rokvenha se noircit aussitôt et ses sourcils se froncent en guettant sa jeune compagne qui cherche à s’installer.

« J’viens d’te répondre, Rok. J’vais pô m’répéter, j’suis pô l’genre à tourner autour d’pot : j’dis c’que j’ai à dire, et j’fais c’que j’dis. » Dit-il, prenant alors les dernières gorgées en cul-sec, pour s’humecter la gorge et aussi pour se calmer lui-même. « J’fais c’que j’veux sur mon navire, et avec lui, mais j’pas t’soutiens. J’navigue pô avec l’Wagyl ; j’pas la bénédiction d’la Médée ; j’pô navigué dans l’brume moi. T’peux faire d’trucs, t’peux vivre d’trucs, qu’aucun aut’ pirate n’pourras r’vivre avant d’siècles. Et moi aussi j’veux les vivre ! J’m’en bat les couilles des Elfes, mais j’veux voir leurs rivages ; j’veux une d’leurs armes. J’veux l’voir, l’Wagyl, et si j’dois en crever, c’pô mon problème ! » Assenait-il, une voix bien plus ferme et plus agressive que tout à l’heure. « Si ça t’plaît pô, dis l’moi clairement au lieu d’me faire tourner en bourrique comme une merde ! S’t’as pas confiance, j’m’en branles : j’saurais l’construire c’confiance avec l’temps. Mais m’prends pas pour un con Rok ! Parce qu’moi, j’suis loin d’te prendre pour un con là ! »

Il avait répondu, donc. A nouveau, il avait insisté sur le réel de ses motivations, d’où elles venaient et ce qu’il désirait faire. A nouveau, il avait plié un genou, l’avait posé à terre – métaphoriquement – pour pouvoir montrer au pirate qu’il n’était pas une menace. Il n’appréciait point se mettre dans une telle posture de faiblesse… Mais il avait besoin d’être accepté par Caleb.

L’ambiance changea, tous purent le remarquer. Les regards se posaient sur celle qui était dorénavant connue comme une célébrité locale, dans les bons et les mauvais sens du terme. Certains l’adoraient, pour sa beauté ou son courage ; beaucoup doutaient, attendaient de voir vers où le vent tournerait. Eylohr, lui, s’en foutait royalement. Il espérait juste qu’elle tiendrait parole lors du prochain marchandage. A la phrase d’Adélina, Eylohr sourit et fait un signe de tête.

« Ouaip. J’étais déterminé à foutre l’boutique de c’t’enfoiré d’Holden à feu et à sang. Mais j’vu qu’y avait eu d’changement d’proprio… Alors on a fait d’affaires. »

Adélina localisa finalement une chaise, la prenant avant de la tourner pour s’asseoir aux côtés de Caleb. Ce n’est que lorsqu’elle croisa son regard qu’elle sut… Le Rokvenha avait une personnalité très changeante. Un moment, tout pouvait bien aller et tout pouvait changer en une seconde. Une boule se forma dans son estomac, lui rappelant un peu les événements qui s’étaient passés sur le Wagyl. Elle savait le Rokvenha jaloux. Après tout, ce dernier était très clair sur ce qui se passerait si l’on touchait SA rose. D'ailleurs, plusieurs personnes avaient perdu leur vie lorsqu’ils avaient tenté quelque chose contre elle. Tentant de le rassurer, elle acquiesça légèrement, lui faisant un léger sourire pour le calmer. Cette fois, elle évita de le toucher,  se contentant de fixer son regard dans le sien. « Eylohr et son équipage ont de la marchandise dont ils veulent se départir. » C’est tout… Continuant-elle intérieurement, tentant de désamorcer la situation. Néanmoins, le fait que ce dernier se trouvait par hasard avec le Rokvenha le lendemain était légèrement suspicieux.



Adélina quitta finalement le regard du Rokvenha, avant de repérer une serveuse. La jeune femme lui fit un signe rapide de la main, demandant la même chose que les autres personnes sur la table. Avant de poser son regard sur Croqueuse. Elle eut besoin de dire quoique se soit à la seconde, qui comprendrait qu’ell auraient peut-être besoin d'aide pour calmer la situation.

Il tourne le regard un instant, remarquant que la tirade d’Eylohr attire les regards de quelques curieux.  Un sentiment partagé se saisit de son cœur à cet instant, c’est une réelle nouveauté pour lui. Jamais d’autres capitaines se sont autant mit à nu pour être acceptés et pouvoir ainsi voguer avec lui, il avait bien eu son moment de gloire lors du recrutement de son équipage mais, ce n’était pas la même.Il s’agissait là d’un capitaine, un meneur de près d’une centaine d’hommes et à la réputation bien marquée. Rokvenha ne sait comment réagir sur l’instant, car pareille scène fait aussi naître des rumeurs qui iront s’étendre comme la brise dans l’île et qui pourraient bien être à double tranchant. Attirer plus d’hommes désireux de se joindre à lui … ou davantage d’ennuis par ceux voulant l’empêcher de prendre plus d’ampleur.

Le capitaine opine alors en direction d’Eylohr, il comprend que les histoires racontées ci et là de ses exploits avaient donné envie d’aventure et de découverte à autre. Levant sa main en direction du capitaine de l’Abyssale pour lui montrer qu’il est entendu et écouté, il prend alors la parole. “Y’a des risques à tout ça… T’emmener dans l’ouest, chez les Elfes est possible, mais j’sais pas si ta caraque pourra suivre. C’est là un d’risques à connaître. Mais aye, j’pourrai songer à t’y emmener trouver c’que tu désires.” Puis il sourit, un sourire franc et sincère. “Pour l’Prince des Eaux… C’est impossible, c’est pas un animal de compagnie que j’promène et montre à qui l’veut.” Il secoue la tête. “Je navigue avec car Lui le décide et l'accepte… Tu pourras demander à mes hommes, le Wagyl n’est pas à mes côtés partout en tout temps, naye… Mais il faut croire qu’Il peut se montrer là où j’en ai le plus besoin, comme lors de notre dernier passage à Soltariel.” Il se rappelle de la grande tempête qu’il a traversée et des rumeurs que lui a rapporté Adélina. “La Rose pourra t‘le dire, Soltariel et Ydril l’ont vu avant mon arrivée.” Il tape du plat de sa main comme pour finaliser son discours et hausse le ton, comme pour être entendu du reste des clients encore curieux. “Et bien Eylohr, Cap’taine d’l’Abyssale je s’rai ravis d’voguer avec toi sous l’même bannière ! Qu’l’Impétueuse marque ce jour comme l’début d’une grande épopée !” Il lui tend sa main droite sur laquelle chacun des doigts est orné d’une bague avec des pierres précieuses dont celle en obsidienne et mozalite, qui luit d’un éclat soudain, reflétant la lumière ambiante

Croqueuse tape des mains et appelle la serveuse avec de grands gestes des bras. “Hé une tournée par ici ! C’est l’Rok’ qui la paye héhé !” Et d’un geste, elle désigne tous les présents autour du duo de capitaines, leurs officiers et accompagnants ainsi qu’Adélina et Aubry. La serveuse s’éxécute alors avec une hâte joviale.

Puis quand l’exultation se termine, il revient alors à Adélina et Eylohr. “Aye, donc vous êtes déjà part’naire d’commerce ? Et c'est une bonne chose qu'tu n'sois pas allé au bout d'ta démarche Eylohr” Il étire un large sourire, comme si l'accident évité de justesse aurait pu donner à leur rencontre une tournure bien plus violente que celle actuelle. “Tu m’diras s’il t’as ram’né des marchandises qui pourraient nous servir pour la suite, d’ailleurs…” Il revient à Eylohr. “Il faudra dans un second temps qu’on discute d’tout ça d’manière plus… contractuelle.” Il lui offre un clin d'œil comprit. “Rien d’bien méchant, j’suis pas l’genre d’gars à priver l’liberté des autres. On essayera d’se rencontrer plus au calme.”

« Y’a d’risques à tout c’qu’on fait par chez nous. J’peux pô foutre une voile d’côté du Sud d’la Péninsule sans risquer d’me faire clouer à mon mât d’Misène par un foutu officier d’l’armada du Soltaar. Et pourtant, j’dois bin’ passer par là pour aller piller d’côté d’Naélis et d’l’Estrevent. Alors prendre l’risque d’te suivre, ça m’fait pas peur. J’ferais c’qu’il faut. Et j’comprends bin’ pour l’Wagyl… J’sais bin’ qu’ce genre d’créature fait c’qu’elle veut mais aye… Si j’pouvais l’voir un jour, ça m’suffirait bin. »

Il écoute le Rokvenha, mais ne veut entendre qu’une seule chose. Et cette chose, finalement, il l’entend : le Rokvenha dit oui ! L’accepte ! L’début d’une grande épopée, qu’il dit… Et Eylohr, satisfait, frappe du plat de la main également, en réponse au Rokvenha qui venait de le faire devant lui. Derrière lui, ses subordonnés frappèrent également contre leurs cuisses, le bois ou un meuble à côté d’eux, entrant alors en résonnance avec les autres pirates qui symbolisaient l’accord par une symphonie percutante. Puis, vint Croqueuse, qui annonça la tournée autour de la tablée, payée par le Rok lui-même.

« J’paye la s’conde pour l’tablée ! » Dit-il, d’une voix forte et rauque, avant de répondre à la suite des questions du Rokvenha. « Aye ! C’pas qu’ça m’dérange d’buter des innocents, mais à Méca, c’pas pareil. Pour c’que j’ai ramené, d’choses simples : des armes, d’munitions, d’la bouffe qui s’conserve, d’outils, des étoffes d’Estrevent… Bref, pas mal d’choses quoi. » Répondit-il, avant d’arquer un sourcil en entendant la notion de contrat. « Aye, on en r’parleras dès qu’tu l’veux. »

L’heure était maintenant à la boustifaille et à la boisson !

La Rose n’interrompit pas le discours du Rokvenha et d’Eylohr, comprenant rapidement ce qui se passait. Elle se contentant de fixer un point sur la table, semblant laisser vagabonder son esprit, mais en réalité, elle ne manquait pas un seul mot, une seule intonation de la conversation. Son regard se posa ensuite vers le forban qu’elle avait rencontré la veille, observant sa passion soudaine pour joindre le Rokvenha. Adélina ne se contentant de faire un rapide signe de la tête lorsque Caleb mentionna le Wagyl à Soltariel. Si elle, avait vu un autre message, la commotion que cette nouvelle avait laissée dans les ports du Soltaar avait été particulièrement bruyante. Beaucoup se moquaient, d’autres avaient prit cet avertissement au sérieux. Les rumeurs se multipliant… La peur se propageant. Le Rokvenha s’était servi de tous ses éléments pour faire un spectacle, et les effets avaient remonté jusqu’au Duc lui-même. Puis vint finalement l’annonce, ce qui sembla amener une ambiance beaucoup plus décontractée dans l’auberge. L’ensemble des pirates se réjouissant de ce nouvel arrangement. Adélina lança un sourire à Caleb, un semblant de félicitations avant que ce dernier ne lui adresse la parole.



Mais la jeune femme n’eut guère le temps de répondre. Adélina ne put s’empêcher de hausser un sourcil lorsqu’Eylohr prit la parole, annonçant ce qu’il avait. Le ramenant doucement à la réalité, cette dernière reprit la parole; « Nous n'avons pas encore commencé à faire des affaires. Qu’une entente de principe. J’attends de voir ce que notre ami ici présent veut bien m’offrir. » Adélina lança un léger sourire à Eylohr, prenant en même temps la chope de bière que l’on venait de déposer devant elle. La nordienne en but une gorgée, retenant une grimace devant l’infâme bière qu’on lui avait versé, avant de tourner son regard vers Caleb. « Mais je te donnerais un inventaire de ce que j’ai aussitôt que possible. D’ailleurs, celui de l’échoppe est presque terminé. Je vais aux marchés cet après-midi… » Elle déposa sa chope sur la table avant de continuer; « Question de voir ce que mes compétiteurs font. Une fois fait, je serais prête à t'accueillir. » Dit-elle en posant de nouveau le regard sur Eylohr, avant de hausser les épaules ; « Demain possiblement. »

Ainsi cette matinée qui avait débuté comme toute autre se finit sur une note bien particulière. Rokvenha qui est entré dans cet établissement en tant que simple capitaine, ressort maintenant en tant que meneur d’un second équipage. Une note savoureuse dans la bouche du mécan qui vient de faire un grand pas vers ses objectifs.

La rencontre avec Eylohr est le début d’une toute autre organisation pour le Second Souffle, qui doit maintenant apprendre à composer avec l’aide de l’Abyssale, dont le capitaine et ses hommes sont des atouts non négligeables, mais qui au vue de leur renommée pourrait bien mener à d’autres surprise dans les prochains jours.

Quand l’acclamation de la tablée était montée dans l’auberge, les clients avaient regardé dans leur direction et beaucoup avaient compris ce qu’il s’était passé en cet instant. Il n’en faut pas plus pour que les racontars et autres murmures commencent à s’échapper de l’auberge et se dispersent comme le vent marin sur les côtes mécanes.

Rokvenha sourit alors en direction des présents et lève son verre à cette réussite et aux futurs de cette collaboration naissante entre deux capitaines et deux équipages.
Le Fidèle de la Médée regarde ensuite Adélina et lui sourit aussi en levant son verre dans sa direction, elle aussi, a son rôle à jouer dans cette nouvelle organisation et sera un atout tout aussi important aux yeux du Capitaine.

“Bien, quand t’auras fini avec la Rose, Eylohr, vient me trouver sur le Second Souffle, on discutera alors des modalités d’notre accord et d’notre entente.”

Le groupe poursuit alors son repas dans la bonne entente naissante et boit à de futurs jours glorieux et riches en aventure, combats et bien entendu souverains.