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| De miel et de sel - Shaheem | |
| | Auteur | Message |
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Ozkun le Magnifique
Ancien
Nombre de messages : 77 Âge : 33 Date d'inscription : 26/02/2024
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 156 ans Taille : 1m40 Niveau Magique : Arcaniste.
| Sujet: De miel et de sel - Shaheem Jeu 16 Mai 2024 - 9:38 | |
| 9ème jours de la 3ème ennéade de Verimios d’Hiver, an 21 du XIème cycle Palais des Angharad, les Soieries, Cité de Thaar
Dans les méandres d’une existence bien rebondie, les moments de grâce étaient en réalité plutôt rare à contrario des moments de graisses qui eux, se faisaient quotidien. Les hautes sphères du pouvoir cachaient une solitude propre à chacun des dirigeants qui en atteignaient le sommet ; une fois tout en haut, vous vous retrouviez seul – ou presque, à contempler vos ouailles, la foule et les moins méritants. Une situation qui divisait souvent, certains lourdement peinés, d’autres complètements grisés. Ozkun appartenait à la seconde catégorie. Pour lui, tout était plus beau depuis qu’il était au commande de son petite empire : il se sentait comme un parfait coq en pâte, à sa place, comme si tout les rouages divins s’étaient enfin alignés pour le baigner d’une parfaite lumière suprême. Les mal lotis se courbaient à son passage et se pliaient en quatre pour répondre à ses exigences les plus incongrus ; les mieux nées eux aussi se mettaient à chercher ses faveurs, cherchant à liqueter les miettes dorées qui dégringolaient de sa barbe. Savant mélange de peur et de respect, de crainte et de convoitise, ô il se savait forcément devenu une cible dans le cœur des médisants, mais que les coquins se préparent car dans sa largue poche, le Magnifique dissimulait encore biens des surprises.
L’exercice du pouvoir, s’il avait été plutôt naturel à appréhender, continuait à lui réserver quelques bonnes intentions. Le retour de convocation qu’il honorait aujourd’hui en était une : avec une escorte digne de son rang, il se rendait en grande pompe dans le palais de résidence de la prestigieuse famille d’Ashaï à Thaar, les s Angharad. C’était pour le Maître des Caves, un véritable plaisir de se rendre au prêt de celle, qu’il considérait comme une alliée de premier choix. La jeune Shaheem d’on l’esprit était aussi vif que le sang, incarnait une hôte parfaite avec laquelle il apprécierait passer du temps bon. Bien plus appréciable que la foule de mignons qu’il côtoyait quotidiennement et qui faisait figure pour lui, de tiques encombrantes prêtes à lui sucer la moindre goutte de sang. De plus, la belle l’avait convié à un banquet, manifestement elle savait parler à sa braise sans faux semblants ; mais était-elle réellement prête à affronter ce défi qui consistait à en faire un nain repu et régalé ? Dans les Mille-Caves se murmurait déjà que les importations de carnes allaient exploser durant cette hiver, rendant fou les quelques maîtres queux qui s’échinaient à suivre la cadence.
Affalé dans son palanquin couvert de lourde fourrure, l’esprit d’Ozkun virevolta en imaginant l’assemblage de mets qui lui seraient proposés ; il espérait pouvoir se délequeter de quelques spécialités inconnues à son gosier. En bon invité bien sûr, lui aussi avait amené dans son escarcelle, quelques offrandes de premiers choix à l’intention de la maîtresse des lieux. Ainsi emmitouflé, il n’eut pas le loisir d’observer en détail l’édifice même s’il le devinait de facture profondément humaine – et autant dire, bien peu ragoutant à son gout. Mais le Prince Marchand n’était pas venu ici pour tresser quelques colliers de perles à l’intention d’un architecte trépassée depuis longtemps.
Non, Ozkun était enfin arrivé, prêt à faire bombance.
Après les salamalecs protocolaires qui l’annonçaient avec plus de bruit et de faste que n’aurait pu le faire un orchestre entier, on le mena à son but sans jamais qu’il ne touche le sol sur une litière tracté à bout de bras par quelques demis-nains aux muscles congestionnés. Vêtu comme un nabab prêt à affronter le froid, il arborait néanmoins une large ouverture sur le plastron qui dévoilait son outil favori, prêt à être utilisé : sa panse. Du reste, peu d’or cette fois, mais en enchevêtrement de pierreries mêlant jade et émeraude afin de rappeler avec délicatesse fastueuse, les yeux de la princesse.
« Princesse de Sel, Halite Étincelante de se monde, ô si vous saviez comme il me plait en ce jours à nouveau vous rencontrer. En ces troubles temps, vous faites pour moi office de fanal merveilleux au centre des ténèbres qui m’assaillent. Sachez que j’apprécie grandement votre invitation, elle fût pour moi, la plus délicate des attentions. Mais avant que nous entrions dans le vif de sujets trop pragmatique pour être énoncé durant nos retrouvailles, permettez moi de vous demander, et vous, comment vous portez vous Shaheem ? »
Plein de miel, point de fiel, Ozkun semblait plutôt sincère dans ses dires mais tout observateurs profanes auraient flairé la différence : il n’était plus l’Intendant des Pavés et ne se comportait plus comme tel. Aujourd’hui, c’était d’égal à égal qu’il se présentait devant la jeune femme.
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| | | Shaheem Angharad Sang-mêlé
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| Sujet: Re: De miel et de sel - Shaheem Jeu 16 Mai 2024 - 13:24 | |
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Les effluves qui flottaient dans l’air tirèrent un bruyant gargouillement à l’hôtesse. Voilà que depuis l’aube, la fourmilière s’affairait avec application ; rien n’avait été laissé au hasard. On avait lustré les meubles, fait venir les plus belles soieries. L’argenterie avait été astiquée et le cristal, frotté. Mais surtout, on avait fait mander les meilleurs des meilleurs, qui gesticulaient, pestaient, goutaient dans tous les sens. La cuisine du palais était devenu un chantier où même la maitresse de maison n’avait plus d’autorité ; une zone de non-droit, où les épices les plus chères côtoyaient les plus belles pièces bouchères. Les pâtisseries couvraient déjà de larges plateaux, et une armada d’aides s’en allait couper les légumes et les fruits. Voilà bien des énnéades que la famille El’Angharad n’avait pas reçu en aussi grande pompe, et cela mettait le cœur de la Princesse en joie.
Cela lui rappelait sa tendre jeunesse, et les bals et les réceptions toutes plus magnifiques les unes que les autres. Oui-da, elle adorait ces moment-là, où le luxe flirtait outrageusement avec l’opulence, et l’élégance avec l’extravagance. C’était des moments uniques où toute la richesse Vaanie se mêlait en un endroit particulier, oubliant pour quelques heures la charge des responsabilités. L’on disait même qu’un bon hôte devait savoir faire oublier le temps à ses invités, si bien qu’on racontait que les plus grandes soirées avaient duré des jours entiers sans que personne ne trouve à quitter les lieux. Il n’y avait en somme, rien de plus magique aux yeux d’une enfant qui avait déjà tout. Alors, comme pour faire honneur à la tradition, Shaheem n’avait pas ménagé ces efforts. Il ne s’agissait peut-être que du nouveau Prince, mais c’était une raison bien assez valable pour dépenser sans compter. Et puis elle ne pouvait oublier la première rencontre avec celui qui n’était qu’alors l’Intendant des pavés.
Il était si démesurément gras qu’il devait pouvoir engloutir un navire entier. Il était donc simplement hors de question de le laisser quitter sa table avec la faim au ventre ; elle le goinfrerait jusqu’à la lie s’il le fallait. Car maintenant que les choses étaient plus concrètes, elle avait tout à gagner de maintenir l’amitié entre leurs maisonnées. Il avait voulu être couronné, et maintenant il l’était ! Enfin presque tout du moins. Il y avait encore mille choses à faire, mais l’ensemble était en bonne voie. Et bientôt, oui tout bientôt, la salope des eldéens pourrait donc s’en aller trouver du réconfort dans la tiédeur du volcan si cela lui chantait. Elle ne serait à Thaar plus que l’ombre d’un souvenir. Cette pensée ajouta à la liesse de la Fleur de Sel, qui se saisit céans d’une coupe de vin d’été, doux comme le baiser d’une amante. Elle avait toujours trouvé un côté très sensuel à la boisson, chacun ayant son goût et son caractère. A n’en pas douter, elle rapprochait Mihai d’une liqueur ambrée ; forte, intransigeante et ô combien enivrante. Elle serait plutôt du genre de cette eau-de-vie que l’on buvait avec une pointe de sel et du citron. Enfiévrée, caractérielle.
Mais voilà que déjà l’on annonçait le plus délicat des hydromels : le miel et la chaleur propre à leur sang aux portes du désert, Ozkûn était l’homme de tous les palais. On ne pouvait que l’apprécier quand sa bonhommie chantait quelques louanges, le gras de son cou tressautant sous un sourire ou un rire amical. Là qu’il était dangereux, à discourir comme le plus bel agneau. A croire qu’avec un peu de temps, l’on ne verrait plus le loup sous la tonte d’albâtre. Mais elle se laisserait bien conter fleurette, au moins le temps des banalités. On les emmena, lui et sa suite dans le salon tout apprêté, de larges coussins mis à la disposition de chacun, les verres déjà emplis et les plats n’attendant qu’un signe de sa part pour arriver.
« — Là, mon Prince, qu’il me plait de vous avoir ce jour d’hui ! Il me semble, votre Altesse, que quelques félicitations sont de rigueur. Puisse votre règne être long et prospère mon ami, vous qui illuminez les caves comme le soleil, grand Nabab des Dunes. Allons, fêtons à votre réussite !
Elle leva son verre tandis qu’on proposait à Ozkûn le même breuvage. Un large sourire s’était accroché à son visage, si bien que ses joues en devenaient presque douloureuses.
— Je vais mon ami, je vais. Bien mieux depuis votre arrivée, je le confesse. Nous avons tant à nous dire, prenez place. Elle frappa deux fois dans les mains, et déjà défilait un assortiment d’entrées toutes plus appétissantes les unes que les autres. Du coin de l’œil, elle aperçut une masse rousse se diriger vers elle. Permettez-moi de vous introduire ma plus proche parente, Mihai Elyas de la famille Unora. Si cela ne vous gêne pas, j’aimerai qu’elle se joigne à moi pour partager votre illustre compagnie.
Mihai lui adressa une révérence parfaite, l’air agréable alors que Shaheem saisissait sa taille de sa seule main libre. Putain qu’elle aimait cette femme. Ses doigts s’enfoncèrent un peu dans sa chair, en signe d’appartenance qu’elle ne refusa pas.
— Vous faites-vous à votre nouvelle charge mon cher ? Il n’est pas aisé de trouver ses repères les premiers temps, il faut savoir bien s’entourer. Mais plutôt racontez-moi comment cela s’est passé. Votre épistole était bien avare en détails, je ne m’attendais pas à ce que le malheur accable votre ancien maître si tôt. Cela a dû être un véritable choc pour votre communauté, et pour vous qui lui étiez si fidèle. Plus encore ! Allez, je vous en conjure, ne vous faites pas prier. ».
Ses lèvres trempèrent une nouvelle fois dans la boisson, l’œil brillant de malice. Pour sûr, aucun ici assis n’était dupe. C’était ainsi que commençait une nouvelle ère ; une ère qu’ils bâtiraient conjointement, pour le bien de tous.
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| | | Ozkun le Magnifique
Ancien
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| Sujet: Re: De miel et de sel - Shaheem Sam 18 Mai 2024 - 9:20 | |
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La pompe était grande, autant dire que les petits plats avaient disparus au profit des très, très grandes assiettes, toutes prêtes à affronter avec courage la curée annoncée d’une panse légendaire prête à bâfre. Comme un alevin dans son bassin, comme grognard dans son auge, Ozkun évoluait au milieu des plats et mets avec la grâce féline du prédateur sachant chasser. Ses doigts gras et agiles chapardaient à tire-larigot dans toutes les porcelaines qui se trouvaient à sa portée ; on l’aurait crut munis d’une paire de tige supplémentaire tant il enfournait avec précision et régularité. On ne gagnait pas tel surnom en restant assez sur sa guérite tout en sirotant un verre d’eau et en observant les volailles ; non, se titre se gagnait à la force du poignet et de la mâchoire et d’une grande volonté, autant dire que dans la catégorie, Ozkun faisait office de champion athlétique. En plus de cette débauche salée qu’il profana allègrement et sans vergogne avant d’avoir atteint la fin des salutations, il fut complètement encensé par l’accueille bienfaisant que lui réserva sa prestigieuse hôte. Pour sûr qu’elle pouvait s’étendre sur sa grande réussite : supprimer un rival, ravir son trône, asservir son clan et prendre les pleins pouvoirs, c’était assurément une belle arrivée en matière.
Quand enfin ils furent tous à l’écart du bas peuple servant, se retrouvant dans les alcôves réservées aux bonnes gens et autres dignitaires fortunés, Ozkun ne se pria pas pour signer lui-même du doigt, qu’on lui apporte de quoi se sustenter ainsi affalé. La liqueur que lui proposa Shaheem disposait de quelques notes exotiques qui ne parvinrent pourtant point à lui faire oublier la réelle raison de sa venue. Sur la mignonne qu’elle présenta comme sa parenté, le Maître des Caves posa un regard malicieux, la dévorant des mires avec la même ardeur que les galimafrées qu’il continuait d’ingérer.
« Ô ney, ney, c’est avec grand plaisir que je vous accepte dans notre réduit, Mihai des Unora, je serais devenu un bien piètre nain en refusant d’ajouter beauté à la beauté qui séjourne déjà ; vous sublimez cette entrevue et j’espère qu’aux yeux du peuple qui nous observe, ainsi attablé, nous formons si merveilleux trio qu’ils en perdraient presque la vue. »
Un filet de sirop vint s’échapper de sa barbe rendu moiré sous l’effet du suif ; on put suivre la course de la goutte brillante qui vient s’écraser sur le sommet rebondi de son ventre ou s’y trouvait déjà pléthore de jumelles. Essuyant ses lippes d’un revers de manche brodée qu’il tâche honteusement – rien que la somme des dorures incrustées auraient suffit à nourrir tout un quartier de la basse ville ; il se rinça le gosier à grande chaloupe de liqueur en émettant quelques borborygmes de satisfaction.
« Ô ma chère amie, si vous saviez. Il serait mentir de dire que l’exercice est facile, mais j’ai toujours été nain appréciant les défis et en voici enfin un à ma hauteur s’il en est. Comme vous le dite si bien, cette fin brutal et abrupte laissa un profond manque dans la communauté, manque que je m’efforce depuis de combler avec la plus grande des largesses : nous nains sommes un peuple grégaire qui apprécie peu se retrouver sans figure de forte et il m’est capitale d’incarne cet idéal pour mes ouailles. Croyez moi, les détails de cette sombre affaire son bien sordide, mais, puisque vous insistez…Elle n’insistait pas, mais en bon orateur, il lui était impossible de passer à coté du récit de sa propre gloire, ce que les vélins d’historiens retiendraient comme « Le Mythe fondateur du Magnifique ». Voyez vous, quand nous fûmes complètement prit à partit par cette revancharde ethnie zurthane, j’ai bien pensé ma propre fin arrivé. Hors, les coquins avaient en tête, un objectif plus grand, celui de s’attaquer directement à un Prince Marchand. Ainsi, ils m’oublièrent au profit de mon estimé prédécesseur. Ô ne vous y trompez pas, nous récoltions notre lot de mort, terrible et le sang coula par moult endroit. Ce fut un peu comme dans l’étale d’une plumeuse d’oie, partout viscères et duvets mélangés. Nous ne devons notre salut qu’à l’intervention au combien exceptionnel des Hommes de Brââ. Ils furent nos libérateurs – j’accueillerais d’ailleurs dans les prochains jours l’artisan de cette libération, un homme, qui m’est proche maintenant ce, malgré son statut sauvageons. Mais quand le sable et la silice retombèrent, il était là, étendu dans une marre de son propre sang, ses gardes avalés par la glèbes, trop tard pour lui venir réellement en aide et ce fut durant notre retour à Thaar, que sa braise s’éteint enfin. J’aime voir dans cet acte, un dernier sursaut de sa grandeur, comme s’il avait patienté pour mourir très proche des siens, rappelé par le Fortuné lui-même. Ô que de poésie et de tristesse ma chère amie, le maître trépasse et le maître lui succède, le parfait cycle de la vie, ne trouvez vous point ? »
Si on aurait put le penser éploré dans sa tirade, il n’en était rien. Ozkun affichait le sourire des bienheureux, sachant pertinemment que son hôte serait lire entre les lignes. Il ne pouvait encore la mettre pleinement dans la confidence, surtout pas en un lieu qui sortait du huis clos. Mais quand les conditions seraient réunis à nouveau, se jura t-il d’en faire une initiée. Ainsi il lierait complètement Shaheem à son propre sort. Garder ses ennemis proches et ses amis plus encore, une maxime qui continuait de faire foi.
« J’espère avoir abreuvé la fontaine de votre curiosité avec assez d’eau Princesse. Je profiterais aussi de ma présence pour m’étendre sur la rentabilité déjà certaine de nos accords : comme prévu, les prix s’envolent avec la vivacité d’une nuée d’hirondelle en quête de printemps. Il me faut confesser une chose : j’ai grandement sous-estimé les profits que nous réaliserons grâce à vos pierreries : nos tailleurs de gemmes m’ont confié qu’ils seront capable de créer des chefs-d’œuvre qui feront baver jusqu’aux elfes de la lointaine forêt. Et croyez moi, les diamantaires nains ne sont pas connus pour s’épancher, de vrai tombeaux barbus. Ô mais dites moi, n’est ce pas là une fameuse croûte de sel d’Ashaï ?! Qu'on m'apporte se délice. »
Couper dans sa verve par l’appel d’une spécialité toute salée, le nain pria le serviteur de se rapprocher afin de rendre honneur à sa curiosité et à sa panse toujours bien gonflé ; hors, il n’avait pas finit de l’ouvrir. Suçotant ses doigts, il continua.
« Mais, ses nouvelles sont bien minimes face à ce que je souhaitais réellement vous confier ma chère. J’ai pris l’initiative de pousser quelques portes et pions dans votre sens, comme nous l’avions convenu. Aussi serais-je le héraut de bon augure en vous apprenant que les démarches au sujet de la Côte Brulée, prenne bonne direction. Mes mignons travaillent de fond en propageant les rumeurs d’une bienfaitrice en approche ; j’ai aussi pris l’initiative d’investir dans quelques pamphlets et autres actions populaires qui vous serons en suite alloué. Ô ne craignez rien, nous ferons à votre rythme, il reste encore beaucoup à faire, mais voyez cela comme une preuve bien plus tangible que l’or vis-à-vis de la sympathie que je vous porte Shaheem. Et j’espère que cela vous satisfasse. Et vous, à quoi avez vous occupez votre temps ces derniers ennéades ? J'espère à bien moins de malheur que le mien. »
Il inclina du chef jusqu’à que ses breloques frôlent sa panse graisseuse – autrement dit pas bien loin tant la distance était courte. Aux lèvres toujours, la lippe carnassière.
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| | | Shaheem Angharad Sang-mêlé
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| Sujet: Re: De miel et de sel - Shaheem Lun 20 Mai 2024 - 21:53 | |
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Marzaban s’était éteint avant même d’avoir rejoint la ville ; c’était là une façon plus juste de représenter le vrai. Il n’avait guère attendu d’être aux portes pour canner par nostalgie de son peuple, mais parce que le gros Nabab ne lui aurait en aucun cas laissé l’occasion de recevoir le moindre soin, ni même de retourner dans l’abris des Mille-Caves. Là, bien joué maître nain ! Il avait profité du chaos qu’il avait lui-même créé pour sortir avec les honneurs dû à ceux qui restent, à ceux qui ont vaincu. Derrière le sourire bonimenteur, se cachait des dents bien acérées qu’elle n’avait aucune envie d’affronter en quelconque occasion. Son énormité avait déjà tout du Prince-Marchand accompli ; elle l’avait flairé dès les premiers instants. Alors, comme avec l’ogre que l’on veut apprivoiser, elle en resterait à la complaisance et l’attrait du pachyderme pour la nourriture. En le gavant assez, il serait sûrement bien mieux disposé à son égard qu’il ne le fût avec son ancien maître. Et puis, en utilisant un bâton assez long pour lui filer son morceau de viande, elle ne risquait pas de se faire croquer la main, si ? En tout cas, elle n’essayerait pas, quand bien même le défi était beau. Elle avait d’autres casseroles sur le feu qui méritaient toute son attention, et un peu d’aide. Les parvenus étaient certes les plus dangereux, mais aussi les plus utiles lorsqu’on savait s’y prendre. Ainsi, d’un commun accord, ils s’étaient engagés pour le meilleur et surtout pas pour le pire. Il en allait ainsi à Thaar : les bons paris font les bons amis. Toutefois, elle espéra sincèrement que le temps métamorphose leurs relations. Ozkûn lui était fort sympathique, après tout. Il avait toujours le mot doux, celui du miel, qui réchauffait son cœur dur de Sel. Pour sûr, s’ils n’avaient rien à voir avec la politique locale, ils auraient pu être bons amis. Du moins, elle aimât à le penser. D’ailleurs s’il advenait que leur petite affaire s’arrête en chemin, elle avait déjà imaginé combien de soupe ils pourraient faire avec lui, faisant disparaitre son corps au quatre coins de la ville. En plus, elle était persuadée que son homologue trouverait sa propre fin parfaitement poilante : il serait mort en donnant ce qu’il avait toujours aimé. « — Quelle affaire mon ami, mais quelle affaire ! Je suis ravie de vous savoir sain et sauf. Ces hommes de Brâa sont de bien gentils sauvageons, pour sûr. Je ne doute pas que les vôtres seront généreux quant à leur bienfaisance. Des amis comme ceux-là sont toujours forts agréables à avoir en sa compagnie, n’est-il pas ?, affirma-t-elle d’un air entendu. Quant à notre commerce, vous me voyez béate devant de telles nouvelles ! Là, voilà une chose à fêter ! N’hésitez pas à faire venir vos tailleurs à Ashaï. Ma compagne sera ravie de les conduire visiter les mines de sel et choisir eux-mêmes les gemmes de meilleure qualité. Grignotant innocemment de succulents beignets de fleur de courges, elle souriait joyeusement en l’imaginant effiloché dans du bouillon. Il était quand même de bien meilleure compagnie vivant ! Mihai, quant elle, s’illumina tout à fait lorsqu’il commença à parler d’affaires qui la concernait directement. Elle avait cette impatience qu’on les donzelles. Cela venait sûrement de leurs humeurs. Aussi, ne trouva-t-elle pas le courage de la faire taire quand elle prit la parole. Ou bien était-ce qu’en l’invitant à cette table elle la considérait comme une alter ego ? Elle laisserait volontairement planer le doute ; il était de toute façon hors de question qu’elle consente à assumer ce qu’elle représentait réellement, et son implication dans ses besognes. Cela ferait bien trop plaisir à la rouquine. — Oui-da votre pansité, c’est fort aimable de penser à son Altesse malgré vos occupations autrement plus pressantes. Pour ce qui concerne notre autre affaire, et bien j’ai moi-même organisé l’infiltration de plusieurs compagnies halines de la Côte et fait envoyé quelques savants pour déterminer les capacités des lieux. Si nous attendons quelques ennéades supplémentaires, nous pourrons attaquer un travail de sape conjointement à vos efforts. Si vous le souhaitez, je pourrais doubler nos rapports pour vous en faire parvenir une copie.Elle était bien trop intelligente et dévouée pour son propre bien, mais Néera soit louée de l’avoir un jour mise sur son chemin. Shaheem n’était guère prête à la céder, elle lui était autrement plus utile. — Mihai parle juste mon ami, nous partagerons avec vous nos informations. J’ai d’ailleurs pour projet de m’y rendre au plus tôt, au moins pour faire l’état des lieux. Vous êtes le bienvenu également. Mais là, je dois vous avouer que mon emploi du temps s’est un peu chargé dernièrement. Voyez-vous, j’ai décidé de me lancer dans les œuvres charitables ! Et tout cela, suite à une rencontre fortuite. Oh mon brave, rien d’aussi palpitant que votre épopée, mais tout de même, mes genoux en flageoles encore voyez.Si elle ne tremblait pas, et si elle mettait de l’emphase, elle n’oubliait pas non plus la peur qu’elle avait réellement ressenti face à Viliam. Le gueux lui avait filé la trouille de l’année, et elle avait bien cru se voir gisante sur le pavé – si l’on omettait bien sûr la présence d’Archibald et de sa garde tout autour. Qu’adviendrait-il lorsqu’elle se retrouverait face à lui, seule à peine accompagné d’un maitre-mage ? Oui, ça, c’était encore plus terrifiant comme perspective. D’ailleurs, alors qu’elle exposait le récit de son exploit, elle s’appliqua à ne pas croiser le regard de la rousse à son côté. Elle savait d’avance ce qu’il adviendrait sinon ; la grognasse l’avait encore mauvaise qu’elle n’ait même pas cherché à embrocher le mécréant, et peut-être plus énervée encore par son ambition de balade citadine. — J’étais près du marché, pour conclure une affaire. Une grande maison, bien située, idéale pour un commerce avec d’anciens propriétaires bien décidés à s’en séparer au plus preste. Bref, rien qui ne sorte de mon quotidien, jusqu’à ce que là, posé sur son toit, le meneur de l’Aile Blanche. Mais si vous savez, l’Aile Blanche, ces malandrins qui ont vandalisé le Joyau ! Il se tenait là, pas plus loin que de vous à moi. Mais il n’avait rien de belliqueux, non ! Il m’a interpellé et m’a parlé de belles choses ; des idées nourries par les fantasmes de ceux qui n’ont rien. Vous comprenez alors que je ne pouvais tourner le dos à un cœur si pur. Etant, je le pense, moi-même d’âme immaculée, je lui ai alors fait l’offre qu’il ne pouvait refuser. En échange de son aide honnête et d’un arrêt de ses exactions séance tenante, je lui offrais un salaire et de quoi instaurer 3 soupes populaires pour les indigents de notre belle cité. Elle s’interrompit pour que tous puisse mesurer la bonté de son geste. Mais contre toute attente, il a refusé la main tendue. Comme ça, d’un simple claquement de doigts ! Heureusement pour les pauvres gens qu’il y avait du monde dans la rue pour attester de ma bonne foi et pourrir sa réputation s’il ne faisait pas de contre-offre. Nous avons donc convenu nous retrouver pour une journée d’immersion dans les venelles de Thaar, plus tard dans le mois. Quant à lui, viendra découvrir la charge de Prince à son tour. N’est-ce pas excitant mon ami ? La Princesse de Sel tapotait des mains entre elle, sorte d’applaudissement d’autocongratulation. Pour sûr, ce n’était pas l’idée d’aller se mêler à la foule qui l’enchantait, mais bien ce qui en ressortirait. Le peuple était une masse grouillante, et puissante pour qui savait l’utiliser. Et Shaheem El’Angharad avait de la suite dans les idées. — Saviez-vous d’ailleurs que cette organisation, cette Aile Blanche détestait la Princesse d’Uldal'Rhiz ? Plus le temps passe, et plus cette chère Maralina perd de son éclat, je le crains. Mais ne dit-on pas qu’un astre qui s’éteint permet aux autres de se révéler mon précieux ami ? En tout cas, il serait peut-être judicieux d’agir au plus preste. Le conseil n’a jamais su tolérer la mollesse et le déclin. Peut-être devrions-nous aller rassurer ses dépendances aux sept-monts comme à Qiryah, que nous nous soucions toujours d’eux. Les braves gens de ces terres ont de quoi être inquiets si elle n’est plus qu’une Princesse en guenille. »
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| | | Ozkun le Magnifique
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| Sujet: Re: De miel et de sel - Shaheem Mer 22 Mai 2024 - 14:12 | |
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« Parfait, parfaitement parfait. »
Ozkun laissa dériver une longue œillade en direction de la créature qui accompagnait la Princesse de Sel ; de sa mire torve, il scruta les moindres dédales la concernant, par delà ridules et fossettes. En excellent physionomiste et pratiquant d’un art certain pour la filature et la recherche perpétuelle de la vérité – dusse-telle être arraché sous la plus infâme des tortures, il se targuait d’une certaine expérience dans le domaine de l’extrospection et des entrefaites. Il était manifeste qu’entre ces deux donzelles à la peau satinée, existait une relation allant bien plus spécifique que celle liée à la seule notion de parenté. Ô, rien d’exceptionnel sans doute : tous les puissants de se monde possédait leurs penchants et leurs mignons ; certains savaient ou placer la limite et d’autres non, Ozkun lui c’était toujours bien gardé de posséder dans son giron un être qui détenait tout type de pouvoir sur lui. Les sentiments étaient souvent l’apanage d’une certaine forme de faiblesse et pouvait indubitablement se retourner contre vous dans les moments les plus inopportuns. Il avait aimé ses parents, ils étaient mort tout les deux maintenant, depuis, plus personne n’avait réussit à vaincre la couche de saindoux qui s’était lové autour de son palpitant
Ainsi, par sa présence, le fait qu’elle participe sans vergogne à une conversation entre gens bien plus fortuné et puissant qu’elle, qu’elle ose s’exprimer avec l’assurance du sachant et qu’elle soit dans une forme de confiance : Mihaï possédait sans douter un pouvoir sur Shaheem, restait à en détricoter les différents filins pour qu’éclate alors la vérité. Dans un coin de sa caboche, Sa Pansité stocka bien précisément ses dernières observations, se promettant qu’il obtiendrait ses réponses à tout prix. La jeune Angharad était pour sûr, une amie, mais les amitiés sous l’égide du sacro-saint commerce se devaient de revêtir une certaine forme, loin des standards qui unissaient généralement deux êtres dans un but commun. Ainsi, durant le prochain synode, il orienterait quelque uns des yeux innombrables de la Loge en direction de la Dame Unora. En toute précaution.
Il aurait ainsi put se perdre en conjoncture tandis qu’il écoutait les différentes propositions de la Princesse de Sel, continuant à bâfrer comme s’il n’avait pas été nourri depuis des jours et des jours. Le point de rupture n’était pas encore atteint et ne le serait sûrement pas de si tôt ; il avait réussit à se vidanger la veille en fendant proprement une latrine à la margelle de granite. Autant dire que rien ne pouvait l’arrêter et par chance, son hôte disposait des largesses nécessaires à le sustenter. Néanmoins, celle belle histoire aurait put s’arrêter net, fissa, là, entre les soyeux édredons d’un palais mineur d’une riche et puissante famille. Car quand le mot « charité » fut prononcé, Ozkun fit fausse route avec un délicieux canapé en feuilletage salée. La toux qui l’emporta fut grasse, turpide, pleine de fiel et de flux, sonore et pachydermique. Perdant grandement de sa superbe dans l’opération, l’or de ses mises cliqueta comme un funeste concert ; ce fût sûrement la panique aux alentours, mais il n’en vit rien, trop occupé à s’accrocher à la vie. D’un grand geste thêatrale il finit par se frapper le torse à l’endroit pile qui le libéra ; expulsant la mignardise dans un geyser adipeux qui vint s’écraser sur une colonne de marbre.
« Plait…plait-il ?! »
Furent ses premiers mots ; à priori et bien qu’il eut faillit perdre le souffle et la vie, Ozkun n’avait pas encore totalement digéré la surprise, si bien, qu’il donna la parfaite impression que cette fausse route était un acte tout bonnement normal lui arrivant plus qu’à l’accoutumé – c’était en partie vrai par un simple constat de « plus on consomme, moins on mâche, plus on la risque ». Puis il finit par rire, se gaussa de façon on ne peut plus maniéré, s’humecta un brin à l’aide d’une odorante liqueur et continua le chapardage dans tout les plats qu’on hésitait maintenant à lui montrer.
« Ô Princesse, vous êtes décidément pleine de surprises saviez vous ? Fréquenter la plèbe lors de quelques évènements mondains, une fois l’année, devrait amplement. Ils sont si sale et malodorant, fuit de toutes cultures et pis que tout en cet hiver, tiraillé par la faim. Vraiment Shaheem, pensez vous là que c’est une idée appréciable que de fréquenter tel genre d’individus ? Et s’ils vous capturent et vous rançonnent ? Ô cela serait bien bête de leurs parts, je ne doute point que nous parviendrons à vous retrouver, mais avant que mal ne vous soit fait, sûrement pas. Et quel malheur ça serait pour moi de vous savoir malmener dans d’obscurs endroits, comment pourrais-je me regarder dans un miroir si maintenant que me voila dans la confidence, il vous arrive désarroi ? Je ne pourrais accepter que l’on vienne à profaner le Phare resplendissant de Thaar que vous représentez, saviez vous ? Ô, si ne je puis vous détourner de cette folle folie, permettez moi au moins d’attribuer quelques uns de mes mignons à votre lointaine surveillance. Je ne doute pas de vos forces et talents ma chère, mais cela m’aiderait à dormir bien mieux sur mes deux esgourdes. »
L’Aile Blanche ne lui était pas inconnu, au contraire. Durant sa longue intendance au Ziggurat, il avait eut à faire à cette organisation se vantant de défendre l’opprimé et le nécessiteux. Rien de plus qu’un ramassis de merdeux cherchant à s’extirper de la merde dans laquelle baignait tout les autres merdeux. Néanmoins, l’Halite avait raison sur un point.
« Du moins, s’ils consentent à vous écouter plus après votre passage dans leur rang, alors trouveront-ils une quelconque utilité à mes yeux s’ils ont sus charmer les vôtres. Vous avez peut être raison : donnons au peuple une figure bien plus détestable que la notre en pâture. Si Irohivrah ne souffre pas encore assez de sa position à Thaar, les Principautés elles, grognent déjà. Soyons donc les remueurs et souffleurs de braises, peut être même que cette fameuse Aile Blanche, sera amène de jouer un rôle dans cette entreprise ? Je m’occuperais donc des Septmonts, comme vous le savez nous y possédons déjà bien plus qu’un pied, quant à Qiryah la Balafrée, en tant qu’éminente voisine de votre contrée, il me serait inconvenant de ne point vous y laisser la préséance. »
Il leva sa coupe, comme pour signifier informellement d’une nouvelle entreprise commune acquise à leur cause particulière qui considérait à se tailler la part du lion dans un empire en déclin. Thaar ne pouvait plus s’enorgueillir de donner la préséance aux collaborateurs et autres asticoteurs du Vatna d’on la Princesse de Chaire était une prestigieuse amie – et cela, malgré ses dires. Néanmoins, Ozkun ne restait pas dupe, quand la souche serait abattue, elle laisserait un trou suffisamment grand pour qu’on s’y engouffre à pieds joints.
« Mais dite moi ma chère, Qiryah, Magasque, Selymonte, Méthylène, Sharqua, Valrrès et même la paisible Nakhla ; tant d’endroits en plus d’Ashaï qui, si les choses tournent dans l’ordre souhaité, scanderont un jour votre nom. On pourrait vous prêter quelques visions de grandeurs déplaisante – ô bien que ça ne soit mon cas, j’apprécie vos ambitions, mais au sein du Conseil, il en existera qui vous donnerons bien moins de coudé. Êtes vous prête à se genre de réaction ? Dans les ombres de quelques salles obscures, on susurrera votre nom avec en tête, des idées bien plus saignantes. »
Il souriait toujours, ses bas-joue aux veinules explosées par la toux, accentuaient l’impression de malaise que venait de dépeindre Ozkun dans sa tirade. Une manière pour lui, de s’assurer de la bonne entente que lui et la Princesse de Sel devrait maintenir, pour assurément partager le même navire.
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| | | Shaheem Angharad Sang-mêlé
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| Sujet: Re: De miel et de sel - Shaheem Mer 22 Mai 2024 - 16:46 | |
| La catastrophe, le malheur, la panique ! Bondissant d’un geste inquiet, la rouquine s’approcha de l’énorme tas toussotant, une main posée sur la sienne tandis qu’il expectorait tant et plus. Ce fut d’ailleurs ainsi qu’elle remarqua que malgré les contractions de ses muscles, il y avait tant de gras qu’il semblait à peine secoué de spasmes. Fort heureusement pour son hôte, le chevalier de courte taille avait la gueule plus grande que son ventre ; il était donc fort audible lorsqu’il manqua de passer l’arme à gauche, recrachant un morceau impressionnant de gâteau. Voilà qui pouvait bien servir de leçon ! Pour ne pas finir étouffé, il valait mieux croquer léger. Une trop grosse portion, un mauvais mouvement, et ce qui était un charmant dîner se transformait en dernier repas. Au moins, s’il était mort de la sorte, sûr qu’il aurait été ravi. Finalement, Shaheem compris bien vite qu’il n’y avait qu’une seule belle fin pour le seigneur Ozkûn : celle qui comprenait de la bouffe.
Lorsqu’elle fût rassurer de ne pas avoir à expliquer comment le nouveau seigneur des Mille-Cave avait canné sur son futon, sous son toit, elle ne put s’empêcher de ricaner. Ils n’étaient pas passé loin de l’incident diplomatique ! Cela méritait bien un verre ou deux, de quoi faire passer la douleur dans la gorge du brave gaillard, et surtout, laisser le temps aux domestiques de s’assurer de faire de plus petites parts. Elle prendrait le temps d’aller houspiller les cuisines plus tard. Elle avait, pour le moment, d’autres hippopotames plus important à fouetter. Mihai n’avait pas bougé, préférant se tenir prête en cas de nouvelle sortie de route alimentaire. Au moins, elle savait se montrer serviable ! Parfois, la Princesse de Sel l’oubliait ; après tout, elles avaient reçu la même éducation. Toutes deux pupilles de son oncle, Brahem avait honoré la promesse faite à son ami sur son lit de mort. La petite Unora n’avait rien à envier à sa famille, et c’était grâce à la reconnaissance qu’elle leur portait que leurs affaires marchaient au mieux. En unissant les biens des uns et des autres, le conseil des Cinq n’avait rien trouvé à redire sur la suprématie des Angharad. Ils avaient nommé Shaheem unanimement, et ce, sans qu’il ait été question de menaces. Seul un aveugle aurait pu passer à côté de l’hégémonie d’une telle alliance à Ashaï.
« — Oh mon tendre ami, ne vous inquiétez donc point de trop ! Je ne saurai me faire pardonner de vous filer de si mauvais sangs quant à mon entreprise nouvelle. J’en suis moi-même la première étonnée. Si cela apaise votre esprit de veiller sur moi lorsque j’y serais, bien discrètement, alors qui suis-je pour vous en empêcher ? La Princesse lui accorda un sourire enjoué. Pour sûr que cela lui plairait d’avoir l’œil du nain jamais trop loin ! Elle avait assez confiance pour qu’il agisse en toute discrétion. Je ne compte moi-même pas m’y rendre sans assurance ; j’ai fait diligenter une enquête preste après ma brève entrevue. Si rien n’est ressortit sur l’organisation – vous vous en doutez -, j’ai tout de même réussi à mettre la main un contact fort précieux. Un maitre spirite pour être exacte ! Saviez-vous qu’il était presque impossible de mettre la main sur un mage digne de ce nom ? Ils sont, parait-il, du genre discret. Et celui que j’ai trouvé se cachait au cœur du Phare Céladon. Vous en revenez, vous ? Là, sous note nez, dans la Haute-Ville ! Je n’ai pas hésité un seul instant et la fratrie Ypsilantis m’a fait l’honneur de m’accueillir aussi promptement que possible. Les pauvres portaient encore le deuil de leur parentèle… Que cela est triste ! Mais, malgré un Prince de bien méchante humeur, sa sœur m’a parut bien plus raisonnable. C’est une érudite, fort bien instruite et qui eut la bonté d’entendre ma mésaventure. Elle-même s’occupe beaucoup des plébéiens. Aussi, je crois que mon discours l’a touché, juste assez au moins pour qu’elle m’accorde le droit d’emprunt du maitre-mage.
Et Ozkûn était peut-être gros, mais il n’était pas idiot. Ce n’était pas par simple préoccupation pour sa sécurité qu’elle se ferait accompagner d’un mage ; pour ça, elle aurait tout aussi bien pu s’accommoder d’Archibald. Non, tout comme sa lubie pour la charité, il y avait deux niveaux de lecture : un pour les illettrés des bas quartiers, et un autre pour ses commensaux. Elle n’allait pas de bon cœur patauger dans la merde ; tout ceci avait un sens, un but, un propos. Elle n’était pas juste devenue complètement cinglée, n’en déplaise à Mihai, qui lui lançait des regards inamicaux. Son amante avait déjà fait entendre son courroux. Pourtant, l’Asharite était persuadée que son associée comprenait pleinement l’intérêt d’un tel jeu. Tout prendrait place bien assez tôt. D’ici là, elle pourrait bien passer pour la folle si cela faisait plaisir à ses détracteurs. Un jour, ils reconnaitraient sa valeur.
— Mais oui, votre Aimable Eminence. C’est là tout le propos. Il est temps que nos intérêts convergent, et il se trouve que nous sommes des oreilles fort attentives aux causes les plus… Importantes, n’est-ce pas ? Alors je me ferai martyr s’il le faut. J’écouterai, et, par quelques sympathie, je préviendrai le malheur d’arriver. Vous rappelez vous mes mots lors de notre précédente rencontre ? Le devoir du Conseil est de veiller au bien de son peuple, et je crois que le notre souffre de trop d’opposition. Alors, si vous m’y autorisez, je me ferais aventurière, porte-parole, flambeau de notre alliance auprès des miséreux, ici, dans Basse-Ville comme à Qiryah. Les choses doivent changer, et les mauvaises herbes, coupées au ras.
Pour sûr, les paroles de son graisseux ami étaient sages. C’était un homme bien avisé, qui avait réussi à se faire un trou gros comme un chariot, là où à l’époque, ce n’était pas plus qu’un trou de souris. Autant dire que la Salée avait tout à gagner à écouter les babillages du maitre des Caves. De toute façon, elle-même n’était pas dénuée de tout bon sens ; elle pouvait avoir les yeux plus large que la bedaine du nabab, elle ne picorerait que ce qui lui était nécessaire, et seulement avec de considérables appuis. Là où la chose était bien faite, c’est qu’avec les responsabilités grandissantes, les besoins eux aussi enflaient. Ainsi, dans un cercle vertueux, elle espéra donner à son égide le temps de grandir sereinement, sous l’influence de ses obligés. Il était vrai que précipiter les choses n’apporterait rien de bon ; les bonnes gens n’avaient pas la capacité cognitive de leur caste, et ne pouvaient donc penser au-delà du lendemain. Ils avaient ce qu’elle avait appelé « la vision biologique ». Ils comptaient en dodo, se repéraient au cycle lunaire. Impossible pour la plèbe d’imaginer qu’il existait quelque chose au-delà d’un mois. Déjà s’ils arrivaient à se projeter jusque-là, c’était un exploit assez remarquable pour être noté.
— Votre éclat n’a d’égal que votre sagacité mon ami, je dois le reconnaitre. Et j’ai moi-même évaluer les choses avec la même réserve que vous faites. Mais je me dois de vous rassurer ; je ne souhaite que m’octroyer les chantiers de sel de la Côte Brûlée pour l’heure. Cette région est bien trop belliqueuse pour qu’on s’y attaque de front. D’autres peuvent bien prendre la couronne pour l’instant, je me contenterai volontiers du commerce qui est déjà le mien. Peut-être qu’avec la nouvelle ère qui approche, une nouvelle forme de pouvoir pourrait en résulter ? Après tout, nous sommes des personnes civilisées, qui savons nous entendre lorsqu’il s’agit de faire fructifier nos affaires respectives. Et je ne doute pas que si chacun de nous y trouve ses intérêt, le bassin de Nhaal retrouvera sa sérénité d’antan.
Elle ne mentait pas, pour une fois. Elle ne pourrait pas asseoir la moindre autorité pour l’instant, et tant qu’elle ne contrôlerait pas pleinement Qyriah. La zone était bien trop lointaine pour cela. Non, elle préférait laisser à un autre la charge de la défense des braves gens. Shaheem ne trouvait son intérêt que dans le sel qui s’y trouvait, et ferait des exploitations locales une extension de la compagnie de Sel. Il ne resterait plus que Geresh pour lui faire concurrence : une épine si petite qu’elle finirait par ne même plus la sentir. C’était donc acté ; elle concentrerait ses efforts politiques à sa voisine, esseulée.
— Si l’affaire est entendu, il nous faut également penser plus avant. Nous ne sommes, je le crains, que deux voix au Conseil, avec des ennemis encore bien trop nombreux. Il nous faut acquérir à notre cause autant de Princes que nous le pouvons. Je ne sais rien des accointances de Baaz’Hima, Essalia, Fel’dorn ou Eofel avec la vermine, par contre, ma visite chez les Ypsilantis m’a confirmé que l’Hydre serait tout à fait disposée à nous suivre. Voyez, il n’a guère fallut beaucoup de temps à la cadette pour afficher sa répugnance pour les mêmes choses que nous autre. Et une fois la Princesse Maudite démise, c’est la guerre que nous devrons préparer. L’ire de l’Elda n’est jamais loin. Je vous ai déjà fait part de mes inquiétudes à ce sujet, et maintenant que nous sommes commensaux, votre Altesse, j’attends que nous fassions ce que les anciens n’ont réussi à faire. Nous devons unir nos puissances autant que faire ce peu. Si nous voulons la majorité, nous devons nouer d’autres liens solides, et nous assurer de la sécurité de nos terres comme celle de Thaar. Une armée et la confiance du peuple, Ozkûn, voilà ce qu’il nous faut pour réussir. ».
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| | | Ozkun le Magnifique
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| Sujet: Re: De miel et de sel - Shaheem Jeu 30 Mai 2024 - 10:26 | |
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« Ô, vous me voyez la rassuré, plus que rassuré, fort bien. Il me serait inconcevable d’apprendre la perte de si éblouissante lumières pour la Cité de Thaar, ma chère.»
Des moyens serraient mit en œuvre pour que, dans la basse ville, la Princesse de Sel et ses compères de besogne, passe le moins bon des mauvais moments possible. Bien sûr, rien de très affichant ou affriolant, rien qui n’éveillerez le moindre soupçon et en réalité, rien qui ne pourrait la ou les sauver d’un mauvais coup de surin bien placé ; mais parmi les sicaires et autres manieurs d’acier de la Loge, il en existait des maîtres dans l’art de se dissimuler aux yeux des quidams et qui, pouvaient vous trouer le cuir avant même que vous ne compreniez avoir été transformé en ceinture. On aurait put les penser vêtus de ténèbres et arpentant les ombres, mais la toge rappelait trop souvent le prélat et avait dans ce type d’instant, bien moins d’utilité qu’une simple mise de haillons ou de lin gratte-cul. En plus d’assurer la pérennité de ses récents accords en sauvegardant autant que faire se pouvait la jolie couenne de la Salière, cela permettait à Ozkun de mettre son renifloir dans des affaires qui ne le concernaient bien moins ; quoi donc de mieux ? « Notre puissante est faite de secret et non d’or », voici ce qu’appréciait rabâcher cette momie vivante de Sang-d’Argent de son temps ; mais l’ancêtre avait raison sur ce point et Ozkun, partageait une appétence au moins égal à celle des mets, pour les choses cachées.
Devait-il ainsi lui révéler qu’il connaissait maintenant personnellement la Dame du Phare Céladon ? Il l’avait rencontré il y a peu – très peu et cela, restait une autre de ses entrevues mémorables. Mais comme un habile joueur de cartes, mieux valait-il toujours en dévoiler rien que le nécessaire ; de plus il ne mentait pas s’il ne la mentionnait pas, il omettait simplement de s’étendre. Les choses se mêlaient et tourbillonnaient en un enchevêtrement de guède, silice et minéraux ; si pour l’instant cette matière primordial ne possédait pas d’aspect clair, il ne restait qu’au temps de faire son œuvre pour la compresser et en faire le plus beau des diamants. Ainsi Ozkun possédait l’intime conviction que les dieux avaient déjà tracé un plus que belle ouvrage concernant ses petites cabales avec Shaheem. Qu’elle cite ainsi Adonia et la famille Ypsilantis ne pouvait être dut au hasard, Heracle étant de fait un de ses alloués conspirateurs. Alors qu’il engloutissait la fin d’un plateau de mignardises sucrées et que ses doigts dégoulinant de miel vinrent s’essuyer sur son surcot, il se permit quelques divagations en imaginant le bien beau de repas de famille que constituerait le prochain cénacle du Conseil. Dans ce fameux banquet, Ozkun comptait bien posséder la place du chef de table.
Du moins, officieusement. Pour lui, la pleine lumière viendrait bien assez tôt ; maintenant qu’il se trouvait au poste suprême du pouvoir nain dans la région, il pouvait se permettre de compter aussi bien sur son commerce, que sur les affres du temps qui finirait forcément pas rattraper les Braises les plus mortels. Courir, ne servait plus à rien, et tant mieux pour lui. Ainsi, mieux valait-il faire front commun, se fondre dans la masse, cacher le plus de gras possible – bien que cela soit difficile. Aussi, il ne pouvait se permettre de ne pas posséder d’allié et Shaheem, dans tout ce menu fretin aux longues dents, restaient la plus belle des merveilles à côtoyer. Ses aspirations concernant la Côte Brulée représentaient un vent de fraîcheur et d’opportunité dans toute cette sclérose ambiante ; et quant à Qyriah, devait-il lui avouer qu’il avait fait partie des instigateurs du malheur des pouilleux de la cité ? Pourrait-il un jour lui dire en face que le sort explosif de Diolando Vega était en partie de son fait ? Ô que oui, il le ferait car elle pourrait l’entendre, mais pas encore.
« Vos paroles sont aussi bien d’or que de sel Shaheem. Vous visez juste et voyez loin, des qualités qui sont celles des grandes dirigeantes. Si parmi nos pairs, il reste des indécis, à nous de les convaincre et par tout les moyens possible. Ô, je sais de source sûr que certains, ne se rangeront jamais à nos idéaux, bien trop engoncé dans les miasmes de leurs propres fils qui les lient tous invariablement au Vatna. L’Elda est l’ennemi, mais un ennemi qu’il nous faut savoir amadouer pour contrôler. Car ces engeances ne comprennent que la force, hors de force, ils en disposent plus que nous. Mais une fois la trame passée, une fois l’ambroise répandu, si engoncez dans leurs propres manigances, nous pourrions aisément nous infiltrer comme l’eau qui érode la roche avec le temps. Car les têtes pensantes et les biens nés de ce fétide endroit, cherchent en permanence à acquérir la trogne de leurs rivaux. Des vrais sauvages ma chère, je vous le dis, qui n’ont en réalité, pas plus d’utilité que l’or qu’ils engendrent dans nos caisses. Malheureusement pour certains, cette or est indispensable. Il nous sera impossible de nous séparer d’eux je le crains, mais de nous en prémunir au maximum en réduisant leur influence à l’état de noix, nous pourrions y arriver. Certaines de mes sources m’affirment que quelque chose se trame dans notre Cité et mon instinct me dit, que la Princesse de Chaire n’est pas étrangère à tout cela, je ne peux vous en dire plus et non pas, en cherchant à vous dissimuler quoique ce soit, mais car je n’en possède aucunes vérités. Alors, soyons attentif et sur nos gardes… »
Continuant de bâfrer, il s’étendit sur ses édredons, remplissant son assise qui aurait put contenir trois personnes. Se détachant des prunelles de sel de son hôte, il continua sur un ton bien moins grandiloquent, enjoignant à la confidence.
« Je ne doute pas que vous serez ravir le peuple à votre cause Ô Halite Resplendissante de notre monde. Moi-même ais-je bien du mal à résister à celui-ci, alors comment celui vivant dans les ténèbres depuis toujours pourrait y arriver une fois votre lumière descendu sur lui ? Ne riez pas Princesse, ce n’est ici que la vérité. Aussi, je comprends naturellement le bien fondé de votre deuxième proposition, mais d’expérience il me faut vous avertir : d’autre avant vous ont souhaitez cela, et qu’ont-ils récolté à par des pièces sur les yeux et un cercueil de pierre éternel ? Ô, ne croyez pas que je ne vous soutiens pas Shaheem, car vous avez raison, nous devons armer Thaar. Mais ce travail demandera bien plus de doigté que celui consistant à ravir le miséreux à notre cause. Via l’importation de minerai et de pierres de tailles, il me sera possible d’investir, lentement, dans la construction de défense plus solide. Parmi la diaspora, je trouverais des nains qui mettront à mon service leurs compétences sur l’ingénierie et les armes de sièges, peut être même, quelques combattants. Mais une fois que nous aurons prit ce chemin officiellement, nous nous exposerons à une réponse terrible de la part de Sol’Dorn puis du Vatna. Si nous agissons trop vite, nous nous brûlerons le joufflu nous-mêmes et je tiens particulièrement à mon séant. Occupons nous donc d’abord de la Princesse de Chaire, de ses sbires et de ses contacts ; vérolons son réseau, muselons les mauvaises âmes et dans les ombres, nous pourrons commencer à édifier les prémices de notre futur fierté. Qu’en dites vous donc ? Seriez vous couvrir le feu qui vous habite assez longtemps pour que son futur éclat embrase le monde une fois révélé ? »
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| | | Shaheem Angharad Sang-mêlé
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| Sujet: Re: De miel et de sel - Shaheem Ven 31 Mai 2024 - 9:52 | |
| « — Vous me prêtez votre Pansité, une hâte qui n’est pas la mienne.
Shaheem offrit un sourire tendre, de ceux qui cachait des vérités. En réalité, elle était un peu irritée du paternalisme dont avait fait preuve son commensal. La prenait-il pour un lapin de trois semaines ? Elle évoluait dans ce monde depuis sa tendre enfance ; bien sûr que rien de ce qu’il exposa ne lui était étranger. Néanmoins, peut-être par complaisance, elle ne lui en tint pas trop rigueur. Il était vrai qu’avoir à sa table quelqu’un d’aussi jeune et frais qu’elle ne devait pas être une exercice facile. Les Princes-Marchands ne vivaient rarement vieux, mais la Princesse de Sel était tout particulièrement jeunette. De quoi affoler les plus conservateurs en tout cas ; car derrière le joli minois presque poupin, ils voyaient l’insolence et l’impétuosité du jeune âge. Elle ne pouvait les dédire tout à fait. Cela faisait partie intégrante de son caractère, et il eut été stupide de le nier. Toutefois, elle avait reçu la meilleure des éducations géopolitique qu’il soit en vivant en Ithri-Vaan. Elle connaissait donc les subtilités de ces jeux, et des intérêts de ses terres à faire cessation. Et clairement, ils n’en étaient pas là.
— Je vous partage, là, dans le couvert de la confidence, ce qu’il conviendra de faire pour un futur plus ou moins lointain. Nous connaissons les causes de la démise de Diolando après tout. Tout aussi regrettable fût sa chute, il nous appartient d’en tirer quelques leçons pour l’avenir ; rien ne doit être dit au Conseil avant d’être tout à fait certain d’y survivre. Ô très honorable Nabab, vous êtes nouvellement arrivé et déjà, je me dois vous accabler de pareilles considérations ! Cela me fend le cœur, soyez-en sûr. Je ne souhaite que notre plus grande réussite, à tous les deux vous savez. Mais pourrait-il y avoir de règne sans royaume à gouverner ? Car l’Elda viendra, par l’Est ou pas le Nord, c’est une certitude que nous partageons tous les deux. Et il est de notre devoir suprême de nous y préparer.
Oui-da il avait raison sur l’apport monétaire du volcan à Thaar. Il était clair que couper dans le vif ne servirait à rien, sinon à les précipiter dans la tombe plus tôt que prévu. Et à date, elle n’avait guère envie de bouffer les pissenlits par la racine. Ce qui l’inquiétait d’avantage encore, c’était la mollesse des anciens membres ; ils avaient autorisé la reprise de Sol’Dorn, et pour certains, avaient même pactisé avec l’engeance Noire. Qu’en était-il des précédents accords ? Les mots d’Ozkûn l’inquiétait assez ; s’il se tramait une chose dans la cité Eternelle, ils seraient bien incapables d’agir. Les pieds et poings liés par de faux serments, ils étaient contraint à se regarder se noyer les uns après les autres. Pire encore, les principautés Vaanies n’étaient pas bien mieux que les putes de l’Elda. Et on les payait grassement pour que les dirigeants détournent les yeux lorsqu’ils viendraient prendre par l’arrière jusqu’au dernier centimètre de leur liberté. Shaheem posa ses yeux sur Mihai, tandis que sa bouche transformait la viande la plus tendre en cendre sur sa langue. L’idée même de ce rêve prophétique lui coupait l’appétit.
— Vous avez bien raison de suggérer une exérèse progressive du mal. Ces brutes égomaniaques auraient de toute façon bien du mal à accepter quelconque rétractation, il nous faut donc agir avec prudence, la mère de toutes les sûretés. Mais nous ne devons tarder à préparer les choses bien plus concrètement que par quelques mots. Si ce que vous dites est vrai, si vos oreilles ont eu vent de quelques manigances, je ne crains que ce ne soit qu’une mèche allumée dans une immense poudrière. Alors, allez et renseignez vous autant que faire ce peu mon cher Ozkûn. Lorsque nous en saurons davantage, nous pourrons ajuter le tir en conséquence. D’autre part, avant même le renforcement des murs, nous devrions peut-être nous intéresser au Guet. Ils ne brillent pas pour leur compétence pour l’heure.
Elle se rinça la gorge avec le vin doux qu’elle s’était versé. Là, que de paroles mielleuses et pourtant déjà, elle apercevait dans le regard de son invité une lueur complaisante. Pour sûr, il était arrivé au sommet ; à quoi bon maintenant prendre le moindre risque, si c’était pour perdre l’empire qu’il avait perdu ? Là, elle ferait tout aussi bien de construire elle aussi un réseau solide. Mettre tous ses œufs dans le même panier n’était pas bien malin, de toute façon. Et puis, si à eux deux ils parvenaient à tisser une toile bien solide, alors cela serait bénéfique pour leurs affaires. En résumé, l’énorme nain était un allié de choix, qui ne devait cependant requérir aucune exclusivité.
— Quoiqu’il en soit mon tendre ami, j’entends vos craintes et vos réticences. Si j’en partage certaines, je crois que la fougue de ma jeunesse me rend plus permissive sur d’autres ; pour autant nous vibrons tous les deux d’une même âme, je le sens. Thaar ne s’est pas construite en une journée. Par conséquent, il serait insolent de prétendre pouvoir la défendre en une après-midi n’est-ce pas ? Alors trinquons ! Elle leva sa coupe, planta ses mires vertes emplies de malice dans les siennes. Aux petites choses qui font le début des grandes ! ».
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| | | Ozkun le Magnifique
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| Sujet: Re: De miel et de sel - Shaheem Jeu 6 Juin 2024 - 8:11 | |
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Bien qu’il la connaisse maintenant, Ozkun continuait à être amadoué par le brillant intellect de sa partenaire de couvée ; ainsi allongé, de loin, ils auraient put passer pour de simple richissime et prestigieux prince et princesse s’adonnant à quelques lubies dînatoires alors que le reste du monde crevait de faim. Ils l’étaient, mais ils étaient bien plus que cela et seul le quidam autorisé à placé son esgourde dans se cercle plus que privé s’en serait rendu compte : de leur grandiloquent échange, se tramait en réalité l’avenir direct d’une partie de ce monde. Affalés mais pas dénué de pouvoir, véritable terra formeur des générations et des cités qui suivraient leurs girons et leurs étendards, comment ne pas s’en trouver grisé ? Le Magnifique fut rassuré de la tempérance que la Princesse de Sel ajouta à son vin ; bien qu’il comprenait l’urgence de sa situation, ce besoin irrémédiable des peuples à l’existence courte de courir, toujours plus rapidement à la poursuite de leurs idéaux. Il ne l’en blâmerait pas, pis encore, il s’y accrocherait avec elle à la moindre des occasions.
« Vous avez raison, trinquons, trinquons à l’avenir rayonnant que nous attends ma chère, car je le prédis et je me targue d’avoir dans se sens un certain don pour deviner les desseins des dieux : nous nous engageons sur une route couverte de lie que nous parviendrons à paver d’or. Ô Shaheem, croyez bien ma bonne amie que j’en remercierais le Fortuné de vous avoir fait croisé ma route ; vous êtes comme la fontaine qui jaillit dans l’erg pour l’assoiffé et vos paroles sont telle l’eau cristalline qui abreuve le perdue en lui promettant la sauvegarde sans commune autre valeur de son existence. Voyez, ces petites choses deviendrons bientôt plus grande que nous, j’en suis certain. Et nous laisserons dans notre sillage des noms que la postérité retiendra encore alors que les cycles du monde auront passés. Ô tant de philosophie poétisé ainsi prosé, m’excite autant que me donne grand soif, trinquons allez. »
Appréciant se perdre dans sa propose prose parfois, il existait quelques lueurs de mégalomanie que même son attirail adipeux n’aurait sut camoufler. Mais comment pouvait-il en être autrement pour un nain de sa position ? Devait-il se contenter de rêver aux mêmes hauteurs que les racleurs de chiasses qui arpentaient les venelles ? Non, il s’en refusait, préférant côtoyer des sommets qui le placerait aux premières loges une fois son retour dans la gangue primordiale. Ainsi, il but. Autant qu’une chamelle qui découvre l’oasis, réclamant du rab, digne de son statut de Nabab. Quand il eut enfin finit, il chassa d’un geste dodelinant, la liqueur sucrée qui s’était aggloméré dans ses bacchantes.
« Permettez-moi maintenant de rebondir sans grande pirouette stylistique, sur votre position de mettre à contribution notre bon Guet de Thaar. Nous connaissons tout deux cette institution ô combien respectable, qui bien que doté de défauts comme vous le suggérez – et je partage votre opinion croyez le, n’en est pas moins, utile. Aussi, voilà quelques jours, j’ai pris l’initiative par affilié intermédiaire de me rappeler aux bons souvenirs et, soyons franc, bonnes bourses de son commandant, le mystagogue Bayezid. Un homme, qui, possède la qualité clairvoyante nécessaire à son poste. Je vous épargne les menus mondanités trop banal pour figurer à notre conversation, mais j’ai néanmoins réussi à lui soutirer une demande, concernant notre premier volet en Côte Brulée. Si vous l’ignoriez, le bougre est originaire de cette contrée du monde. N’est ce pas inattendu ? Avec son aide et contre quelques menus monnaie, nous pourrions avec bien plus d’aisance, pénétrer les strates hautes des compagnies salières qui vous font tant envie. Une bagatelle selon moi Princesse, qui nécessitera une bonne présence aux yeux des locaux et qui, dans un accord solide, se verra graver dans le marbre rapidement. Ainsi, que diriez-vous d’une expédition, à mes frais je gage, en direction de Selymonte ? Et pourquoi pas, jusqu’à Metylène ? Nous voyagerons ensemble, bien sûr, après votre petite visite populaire. Je m’en réjouis d’avance, vraiment, sans aucuns doutes, vous éclairerez chacun de nos pas de votre éclat salin intemporel. Bien, cette entrée en bouche était fameuse, pourrions nous passer au plat de résistance ? J’ai grand faim. »
Après s’être étendu en faux semblants sur le caractère évident et corruptible du commandant du Guet de Thaar, Ozkun n’avait pas cillé d’un poil à son dernier énoncé : bien qu’il avait déjà pillé à lui seul la moitié des plats proposés, il en redemandait plus. Le Magnifique, en voulait, toujours plus.
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| | | Shaheem Angharad Sang-mêlé
Nombre de messages : 60 Âge : 19 Date d'inscription : 26/02/2024
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 23 ans Taille : 1m53 Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: De miel et de sel - Shaheem Lun 10 Juin 2024 - 15:45 | |
| Elle se laissa tenter par l’ivresse du moment, buvant une longue rasade à la gloire prochaine. C’était dit à présent ; ils pavaient effectivement Thaar d’un nouveau futur, qui s’écrirait selon leur bon vouloir et qui ferait enfin place nette après les politiques mollassonnes de leurs prédécesseurs. Plus encore, elle buvait à sa foi indéfectible d’être dans le bon et le vrai, à sa conviction profonde qu’ils étaient – du moins elle – le remède à la gangrène de leur glorieuse nation. La logorrhée du maître nain ajoutait à sa liesse, tant elle était douce à ses pavillons, mais elle n’était guère un oiseau qui se laissait chanter si facilement fleurette ! Il pouvait, de son goitre, babiller les plus beaux vers, aucun sourire ne saurait habiller totalement les dents longues du nouveau seigneur des Caves. Alors, comme disait si bien sa tantine : un tien vaut mieux que deux tu l’auras, et il n’est plus doux ami que le loup déguisé en agneau. Si elle-même aimait à manier le mantel laineux, cachant sa vilaine queue lupine en dedans, elle ne se faisait aucune illusion que c’était le lot commun des gens qui dinait à sa table. Elle faillit même recracher un peu de son vin, imaginant la minuscule queue de loup que pouvait arborait un aussi imposant – et néanmoins petit – animal qu’était Ozkûn. Avait-il seulement l’allonge nécessaire pour la faire battre convenablement ?
Gardant à plus tard ses métaphores anatomistes qui auraient tant plu aux érudits, elle mesura la proposition de son ami d’affaire. Elle n’avait guère confiance en ce Bayezid, pas lorsqu’on voyait sa propension à l’inactivisme et son crétinisme ; unique raison qui justifierait une telle incompétence lorsqu’on recevait rubis sur l’ongle. Mais le nain semblait bien mieux informé qu’elle, et s’il comptait sur lui dans ses plans, elle ne pouvait l’en exclure totalement. Disons qu’elle garderait sans doute aucun quelques réserves, comme l’on disait poliment des gens qu’on n’appréciait pas voir chez soi. D’ailleurs, il adviendrait le temps où le Guet, ne serait qu’une épine dans le pied de leur grand accomplissement. Elle doutait que la police des rues se laissent amadouer par l’idée d’une commanderie unique et de métier, loin des habituelles campagnes de mercenaires que l’on recrutait un peu partout. Shaheem sentait bien son compagnon à courtes pattes encore trop vert pour apprécier le plein potentiel de cette nouvelle institution. Peut-être qu’au-fond, cela lui serait dommageable. Les Mille-Caves étaient un endroit bien étrange qui renfermait sans nul doute des secrets dont la sécurité ne pouvait dépendre de personne d’autres que du Nabab lui-même.
« — Une expédition vous dîtes ? Voilà une bien belle idée ! Cette partie de notre monde est depuis bien trop longtemps négligée. Nous devons nous atteler, au nom du Conseil, à y remettre l’ordre qui sied à une province Vaanie. Nul doute que le bon peuple trouvera quelques réconforts dans notre venue ; ainsi, je me ferai syndicat du Sel, tandis que vous pourrez écouter les doléances des artisans joailliers. Et comme je me doute que notre nouvel ami ne sera pas là que pour le bien de notre convoi, on trouvera à lui donner à faire sur place. Bien. Oui, voilà, c’est entendu !
La Princesse de Sel sourit largement à Ozkûn, les vapeurs de l’alcool commençant à désinhiber légèrement ses sens. Que c’était plaisant quand les choses se passaient pour le mieux ! Il fallait en profiter ; tout le monde savait qu’à Thaar soufflait le vent le plus changeant du monde.
— Remettons de l’ordre dans notre maisonnée, mon cher Kebab. Euuuh Nabab. Elle toussa, étouffant un rire malvenu. Vous êtes sûrement la silice la plus chatoyante de cette cité, et votre sagesse n’a d’égal que votre…Votre clairvoyance ! Si fait, lorsque les choses iront sur la bonne voie, nous penserons à la suite. Santé, mon bon Ozkûn, conseiller de Thaar et grand amateur des arts de la table ! Mangeons jusqu’à plus faim et buvons jusqu’à plus soif ! ».
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