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| Une bête difficile à l'adoption [Yzsjara] | |
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Vel'drin Zaurahel
Drow
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| Sujet: Une bête difficile à l'adoption [Yzsjara] Jeu 23 Mai 2024 - 19:16 | |
| Fin de la Première ennéade de Verimios, An 21 du Cycle XI, Dans le Labyrinthe d’Elda, Niché au centre de la cité souterraine, le labyrinthe et ses nombreux boyaux sombres qui mènent vers les commerces eldéens. Faiblement éclairées par les lampes et les mousses, les ruelles creusées à même la roche épaisse du volcan débouchent sur de nombreuses places soigneusement entretenues par les Sombrelfes.
Passant devant les différents établissements, Vel’drin et son escorte composée de quelques guerriers Ilythiiris du Premier ost, traversent la foule d’un pas décidé, laissant les curieux s’écarter à leur passage. Tels des machines de guerre inarrêtables, ils descendent les escaliers taillés et s’enfoncent peu à peu dans les profondeurs du Vatna. Aux abords d’une des académies militaires, les quelques jeunes Noirelfes présents se retournent à leur passage. Si la lueur carmine de leurs yeux trahit une admiration certaine, surtout lorsqu’ils posent leurs regards sur le Streea Jabbuk Zaurahel, représentant d’une lignée guerrière à la renommée indéniable, c’est surtout la créature qui accompagne ces fiers combattants qui cristallise toute l’attention. Encadré par les Elfes engoncés dans leurs armures, enchaînés à ce qui semblent être des pieds et des mains, la tête basse et encapuchonnée, l’imposante bête est tirée par de lourdes chaînes de fer et son géôlier ne lui laisse aucune possibilité de ralentir la cadence imposée. Les murmures des curieux commencent à se répandre, mais aucun n’ose interrompre le Cavalier à morgal en tête qui poursuit sa marche. Vel’drin ne dit rien, mais son buste droit et sa démarche triomphante, montrent sa fierté quant à sa prise. Lui qui s’est rendu dans la jungle pour tenter d’éradiquer la présence des Gnolls qui s’y sont installés, revient en ayant réussi à capturer l’un de leur chaman, manipulateur de la Trame.
Arrivant sur l’esplanade des Neufs, ils poursuivent jusqu’au centre de la place quand l’officier de tête arrête le groupe et se tourne vers le porteur de chaîne. Sa main libre se tend vers celle de son second et s’empare de l’amas de fer qui regroupe les liens. « Retournez à vos quartiers, ou passez à la Lanterne Noire, je m’occupe du reste. » Les têtes couvertes de heaumes s’inclinent et les armures se détournent alors pour s’éloigner. Le Zaurahel tire à nouveau et la créature manque de chuter, répondant par un grognement agressif. Dans sa seconde main, à la place de son habituelle faux de guerre, se trouve un long bâton primitif sur lequel des ossements et autres éléments de décoration s’y trouvent. Ce qui semble être le focaliseur du chaman est tenu à bonne distance de ce dernier pour lui éviter de pouvoir incanter.
Maintenant seul, le cavalier se rend vers le Haut-Temple de Zahk’Bar et pénètre à l’intérieur, forçant les prêtres présents à s’écarter avant de se planter dans l’entrée. Sans se présenter davantage aux religieux présents, ils coupent court à leur interrogation en brisant de lui-même son silence. « Faites venir n’importe quelle Jatha'la yatharil, ou Jatha'la m'thain et dites leur que Vel’drin Zaurahel leur apporte une bête qui à grand besoin d’être domestiquée. » Certains prêtres s’exécutent alors et disparaissent pendant que d’autres observent le gnoll, si la nature de la créature ne leur est pas inconnue, ils se demandent tout de même pourquoi cette fois-ci le Streea Jabbuk du Premier se déplace en personne pour celle-ci.
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| | | Y'zsjara'eri Szsor'drin
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| Sujet: Re: Une bête difficile à l'adoption [Yzsjara] Dim 2 Juin 2024 - 16:49 | |
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Braseros de métal d'où jaillisaient des flammes crépitantes, flambeaux plus modestes dans leur torchères, fichées dans les murs, et autres feux de bois rugissant, dans leurs âtres de pierre noire. On disait souvent que franchir le seuil du Haut-Temple de Zhak'Bar revenait à se jeter dans une fournaise, tant la chaleur y était élevée ; et après la pénombre ambiante du Puy, le regard des nouveaux venus peinait à s'acclimater à la luminosité soudaine. Il n'y avait ainsi aucune ombre qui ne fusse chassée dans le vaste hall d'entrée, rappelant aux visiteurs qu'ils entraient à présent dans le domaine du Maître des Cataclysmes, et que celui-ci veillait sur ses fidèles.
Paradoxalement, il n'existait dans l'entièreté de l'édifice pas une seule trace du Prime Dragon. Pas la moindre statue, le moindre artefact, la moindre relique. Et pourtant. Où que les yeux se posassent, la présence de la créature de légendes se faisait évidente : tout en courbes, en arêtes et en reliefs, son architecture reptilienne rappelait tous ses attributs. Sur les pilastres, des épines dorsales ; sur les colonnes, des écailles robustes ; sous les arches et le long des travées, des voûtes évoquant des ailes déployées, et des queues fouettant l'air. Ailleurs, des griffes, des dents et des crêtes : agglomérat de curiosités esthétiques issues d'un savoir que l'on supposait égaré, perdu à travers les Cycles.
Le Streea Jabbuk avait bousculé le quotidien des lieux de par son irruption, mais passée la surprise, les occupants retrouvèrent vite leur contenance. C'est à l'envers du décor, plus profondément dans le temple, que le cours des choses se poursuivait, et d'une façon extrêmement révélatrice de la dynamique en place au sein du Haut-Temple. Les deux M'thain – l'un âgé et l'autre moins – jugèrent ensemble que parmi les quelques Grands-Prêtres et Prêtresse présents à ce moment de la journée, il n'y en avait qu'une seule qui puisse recevoir convenablement leur invité. Et c'est naturellement au plus jeune des deux qu'il revint de la déranger.
« Jatha'la yatharil. Entré précipitamment dans la pièce où il s'attendait à la trouver, le novice se rendit compte trop tard de son erreur. Des bougies se consumant en arc-de-cercle autour d'elle, les restes d'un animal exsangue face à elle, et une vasque remplie du sang de la bête placée sous une alcôve, sa supérieure était en plein rituel, et il venait de l'interrompre. Réfléchissant à comment éviter une punition qu'il savait de toute façon inévitable, il décida de jouer son pis-aller en transmettant son message, qui justifierait sa présence. - Vel'drin Zaurahel est aux portes, et il demande à vous voir. Il retint alors son souffle, puis, se rappelant d'un détail non sans importance : - Il apporte avec lui un Gnoll.
Si elle n'avait manifesté jusqu'à présent aucun intérêt à son égard , les oreilles d'Y'zsjara'eri s'étaient soudain dressées à l'entente de ces informations. Une profonde inspiration précéda un long soupir, tandis qu'elle se levait et se tournait vers son subalterne. Malgré lui, le M'thain se mit à détailler le corps de la Grande Prêtresse. Lorsqu'elle officiait au temple, celle-ci avait pour habitude de se vêtir de pièces de tissus si vaporeux, que ses courbes apparaissaient sous le tissu avec juste assez de clarté pour que l'imagination ne s'occupe du reste. Comme c'était le cas aujourd'hui, sa bouche s'assécha en la voyant d'aussi près. Nul n'ignorait qu'entre ces murs, les plus méritants goûtaient parfois au fruit défendu. - Un Gnoll ?
Tiré de ses rêveries, il crut déceler sur les lèvres de la Jatha'la Yatharil l'ombre d'un rictus, sans savoir à quoi l'attribuer. Avec l'impression d'avoir un bout de cuir à la place de sa langue, il opina du chef. Ses yeux comme deux braises ardentes le clouaient sur place. - Un... chaman, selon toute vraisemblance. C'est ainsi qu'il interprétait le bâton rudimentaire tenu par le Capitaine du 1er Ost, en espérant ne pas se tromper. A son tour, sa supérieure hocha la tête, sans rien montrer de ses pensées. - Prépare l'une de nos geôles, déclara-t-elle finalement, puis attends-moi ici, avec un Siltri'Neirtarr prêt à servir. Le prêtre acquiesça pieusement. Derrière ce mot anodin se cachait un fouet à huit cordes nouées, chacune terminée par une griffe de métal : sa punition. - Il sera fait selon vos ordres, dame Szsor'drin. »
Y'zsjara ne perdit pas plus de temps, et s'engouffra dans les méandres du temple. Si ce que le novice disait était vrai, le chaman représentait une opportunité unique. A sa connaissance, jamais l'un d'entre eux n'avait été capturé jusqu'à présent, et elle supposait qu'on leur amenait pour le dresser, sinon le soumettre. Bien sûr, cela pâlissait en comparaison du projet plusieurs fois millénaire auquel elle participait, mais sa nature dangereusement secrète lui interdisait d'en tirer quelconque profit ou renommée. Là, elle aurait l'occasion d'en tirer bénéfice, ne serait-ce que par les connaissances qu'ils obtiendraient au sujet de cette ignoble race, et la dompteuse se surprit elle-même à accélérer le pas. Elle s'interrogeait, en même temps, sur les intérêts qui poussaient Vel'drin Zaurahel à se déplacer lui-même ; sans doute lui apporterait-il les réponses à ses questions.
« Streea Jabbuk, le salua-t-elle en arrivant à sa hauteur. C'était inhabituel pour un soldat en armure de leur rendre visite, à fortiori avec un Gnoll tenu en laisse, aussi nombreux étaient les écclesiastes qui suivaient la scène. Y'zsjara leur adressa un regard qui les dispersa comme une nuée d'oiseaux effrayés. - Le Haut-Temple du vénéré Zhak'Bar se réjouit de votre visite, et vous félicite pour cette prise. Son attention se porta sur la créature, à la bave dégoulinant de ses babines. La Grande-Prêtresse approcha sa main de sa gueule. Instantanément, le Gnoll tira sur ses chaînes pour mordre, mais ses mâchoires claquèrent dans le vide, trop lentes. Il reçut en retour une gifle sonore du revers de la main. - Laszh'ra Plith, cracha-t-elle. Cette insulte intraduisible en langue commune, humaine, naine ou elfique s'adressait aux choses inférieures, aux sangs impurs, et représentait tout le mépris des Noirelfe pour ce qui n'était pas des leurs. - J'en déduis que la jungle est débarrassée du reste des siens ? ». Cette fois, elle s'exprimait en son nom, et invita le militaire à marcher à ses côtés.
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| | | Vel'drin Zaurahel
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| Sujet: Re: Une bête difficile à l'adoption [Yzsjara] Lun 3 Juin 2024 - 13:59 | |
| Immobile, dans l’antichambre du temple, l’officier militaire patiente en voyant les silhouettes encapuchonnées aller et venir autour de lui. Certaines curieuses de voir cette armure sombre en ce lieu, d’autres pour voir la bête immonde enchaînée derrière lui dont les grognements sauvages s’échappent de sa gueule aux crocs acérés. L’attente ne dure quelques minutes et voit finalement l’arrivée de Y’zsjara’eri, une des Grande-Prêtresse du Prime Dragon, rejoindre le Streea Jabbuk et son animal de compagnie.
Quand elle parvient à sa hauteur, le cavalier à morgal du Premier ost porte son attention sur elle. Déranger un prêtre du Maître des Cataclysme dans son antre n’est jamais une bonne chose à cette faire, mais pour cette fois, le Zaurahel dispose d’une bonne raison de le faire. « Jatha’la yatharil » répond-il alors en inclinant la tête de quelques centimètres tout justes perceptibles pour marquer son respect par une salutation simple. La laissant finalement approcher de son prisonnier pour la laisser se rendre compte de la prise et y voir tout l’intérêt, le Prima Sanguis se permet aussi d’observer la Sombrelfe devant lui, qu’il ne connait pas encore. Un air sauvage aux traits sévères et froids, des pupilles rappelant les flammes de son Maître. Un corps voluptueux dont le tissu judicieusement ceint laisse entrevoir des courbes harmonieuses. Le Zaurahel sourit, se disant que son nom et son rang l’aident par moment à obtenir certaines satisfactions même passagère en étant bien reçu là où il pose ses bottes d’Onous delab.
Puis, un claquement le ramène à l’instant présent et il tourne la tête juste à temps pour remarquer la Prêtresse se faire justice elle-même, envoyant à l’animal un revers sec de la main. « Pour un temps, oui, mais il reste encore beaucoup à faire pour que nous soyons totalement débarrassés de cette vermine. » Ses yeux suivent toujours l’Elfe devant lui, avant de la suivre quand elle l’invite. « Mais les opérations ont été reprises par l’Obok Senger du Troisième ost, alors ce n’est qu’une question de temps. »
Dans les boyaux de l’édifice à la gloire de Zhak’Bar, Vel’drin laisse son regard aller sur l’architecture et les nombreux détails présents. Il n’avait jamais mis les pieds au sein du Haut-Temple du Prime Dragon car il n’en n’avait jamais eu un quelconque intérêt jusqu’à aujourd’hui. Engoncé dans sa lourde armure noires les torches et autres flambeaux font danser sur l’acier des reflets rouge sombre et surlignent les détails de confection de la pièce soigneusement ouvragée et méthodiquement entretenue dont les détails semblent prendre vie à la lumière ; ornement religieux, symboles d’appartenance aux Prima Sanguis ou à son ost, mais aussi éraflures de batailles et tant d’autres.
« Avant-même que vous me posez la question, ce n’est pas un énième gnoll que je vous apporte cette-fois ci, comprenez bien que je ne serai pas venu jusqu’ici de moi-même pour vous apporter un simple chien perdu. » Il souffle du nez, même s’il s’agit d’un chaman, être descendu jusqu’au Haut-Temple de Zhak’Bar semble lui coûter ou l’ennuyer, mais il n’aurait laissé pour rien au monde le moment de traversée du Puy à quelqu’un d’autre. « C’est un de leur mage de combat, un chaman. » Il lève le bâton primitif qu’il tient dans son autre main pour le montrer. « Si leurs guerriers sont de forts combattants, ceux-ci sont d’habiles manipulateurs de la trame et semblent même mener les meutes. » Cette dernière affirmation, il n’en avait aucune réelle certitude, mais il avait bien vu les gnolls s’attrouper autour de leurs mages pour les protéger.
« Je ne doutes pas de votre savoir faire quand il s’agit d’éduquer et de briser, mais dites-vous que cette bête-là ira droit à l’Etude Noire après êtres passée entre vos mains. Evitez alors qu’elle se retourne contre nos érudits et donne le meilleur d’elle-même pour coopérer comme il se doit. » Le ton n’est pas menaçant, mais quand ces quelques mots sortent de la bouche d’un représentant d’une haute lignée, d’un Prima Sanguis, ils paraissent tout de suite moins amicaux et pleins de jugement.
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| | | Y'zsjara'eri Szsor'drin
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| Sujet: Re: Une bête difficile à l'adoption [Yzsjara] Mer 12 Juin 2024 - 12:24 | |
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Dans son armure aux reflets d'obsidienne, le Streea Jabbuk projetait alentour des ombres qui n'avaient pas lieu d'être. Monolithe d'un métal froid jetant des éclats obscurs sous la lueur changeante des torches, il paraissait assombrir la pièce de sa présence, et toisait amplement son interlocutrice, de taille comme de carure réduite. Nombreux étaient ceux qui se seraient sentis intimidés, sinon diminués par la prestante presque écrasante du militaire, réalité qui puisait ses racines tant dans ses prouesses martiales, que dans le nom de famille dont il avait hérité à la naissance. Pour preuve, ils avaient été nombreux à s'écarter précipitamment, cependant qu'il fendait la foule en direction du Haut-Temple de Zhak'Bar, une fois ses subalternes éparpillés à travers le Puy. Mais pas Y'zsjara.
La Grande-Prêtresse irradiait d'une fierté propre aux membres de son culte et se drapait d'une assurance imputrescible qui la rendaient insensible aux grades, statuts et autres lignages. Elle avait vu se succéder Obok Senger, Ditronw Da're, Prime Sorcier et pléthore d'illustres personnages, avait mené des campagnes à leurs côtés, avait vu leurs Braises se consumer puis s'éteindre. Elle leur survivait, tant une témoin de l'histoire Eldéenne que partie de celle-ci, et ainsi son expérience séculaire se mêlait-elle à une foi immuable, alors que sa confiance envers les siens elle, était vacillante.
La fuite du Karliik Glenn responsable de l'échec de la campagne de Naelis, l'abdication d'Urgoll'Ven auprès du Triumvirat puis sa disparition, nombreuses étaient les figures qui avaient chuté à l'aube de ce nouveau millénaire, et la Jatha’la yatharil y voyait les symptômes d'une maladie qui avait pris racine au sein du Puy lors de la Longue Nuit ; lorsque l'indécision du Roi et du clergé avaient interrompu l'avancée de leurs troupes en Varasthr au moment le plus crucial. Seul le régicide orchestré par Tebirahc Zaurahel les avaient libérés de cette gangue paralytique, avant que lui aussi ne s'éteigne, quelques années plus tard. Vel'drin pouvait-il se revendiquer l'égal du défunt Feu d'Uriz ?
« Nul doute que de nombreux crânes Gnolls orneront bientôt sa monture. La propension du Général de la Licorne Noire à collecter des trophées n'était pas inconnue, à fortiori chez celle dont le domptage et les soins des créatures était l'une des spécialités. Le Morgal de Kaernsÿmran Yrëvriik'Äal connaissait son odeur. - S'ils ne peuvent être soumis, nous rendrons honneur à nos ancêtres en les chassant jusqu'au dernier, comme ils le firent des Cretoks. Servir ou mourir, il y avait dans ce choix une beauté simpliste qui seyait à leur population. Quand bien même Y'zsjara ne tolérait pas qu'un esclave même converti ne foule le sol de sa demeure, elle reconnaissait leur utilité ailleurs. Nourrir l'Orbb'Khulug en était une.
- Je comprends, assura-t-elle ensuite, et je vous suis gré de ne pas être venu jusqu'ici pour nous faire perdre notre temps. Sa voix n'avait pas tremblé au moment de répondre. Derrière l'affabilité de propos faisant écho à ceux du Streea Jabbuk, il y avait le venin du serpent qui couve dans son nid. Le M'thain venu la quérir, même s'il avait vu juste en parlant de chaman, ne serait pas le premier à découvrir ce qui en coûtait de la déranger – même à dessein –. - Tout habile qu'il soit, leur emploi de l'Art n'en est pas moins un avilissement de celui-ci. Une salissure. La magie d'une telle créature ne pouvait être que grotesque, païenne et obscure. - Nous en tirerons les enseignements nécessaires, malgré tout. Elle se mêlerait à l'enquête de l'Etude Noire : pour elle, c'était d'ores et déjà décidé.
Tandis qu'ils s'enfonçaient dans les méandres du Haut-Temple, l'atmosphère changeait peu à peu. Les murs semblaient gagner en hauteur, quand les couloirs se faisaient plus étroits ; les voûtes et les pinacles se tordaient sans souci d'harmonie au-dessus d'eux, conférant l'impression que des sentinelles difformes guettaient leur passage, perchées sur leurs promontoires. Ils s'étaient immobilisés devant un grand arc tendu de rideaux carmins et cuivres au moment où Vel'drin proféra son '' avertissement ''. A ses côtés, le Gnoll tenta soudain de reculer en montrant les dents, retenu par ses chaînes. Le Streea Jabbuk, lui, aurait pu jurer que la chaleur venait subitement de grimper. Pourtant, il n'y en avait absolument aucune dans l'ersatz de sourire que lui adressa Y'zsjara. - J'y veillerai personnellement, Olath'vlos. Du bras, elle écarta la tenture leur faisant face. - Nous y sommes.
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| | | Vel'drin Zaurahel
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| Sujet: Re: Une bête difficile à l'adoption [Yzsjara] Ven 14 Juin 2024 - 8:29 | |
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Quelques pas en retrait, le cavalier à morgal suit la voie empruntée par Y'zsjara'eri au sein de son antre. La fidèle de la Foudre de Guerre, bien moins imposante physiquement, n’est aucunement effacée par la présence de son invité, au contraire semble-t-il. La démarche de la Jatha’la yatharil est assurée, sa posture droite et affirmée lui donne des airs fiers presque hautains, envoyant au Streea Jabbuk des signaux d’une certaine insensibilité envers lui, son grade ou son nom. Pendant un instant, Vel’drin semble presque voir en cette Ilythiiri l’éducation d’une Prima Sanguis, mais rapidement, il fait le lien avec Le Prime Dragon et les autres créatures de légendes qui sont bien au-delà des basses-Flammes qu’ils sont.
Ainsi, continuant de progresser dans les couloirs du Haut-Temple de Zhak’Bar, l’officier ne cesse d’écouter avec attention les réponses de la dompteuse chevronnée et c’est à l’évocation des Cretoks que quelque chose semble l’agacer. Bien qu’aucun son ne trahit son humeur passagère, le Zaurahel plisse le nez quelques instants avant de répondre. « Existe-t-il des créatures qui ne peuvent être soumises par vous et vos pairs ? » La question se suspend un court instant, comme s’il existait pour cette dernière une bonne et une mauvaise réponse, mais avant même qu’il ne puisse l’entendre de la bouche de la religieuse, il poursuit. « Et qu’ils soient apprivoisables ou non ne change rien au sort qui leur est réservé. Comme vous l’avez si bien dit, les Jumelles ont placé les Cretoks sur la route de nos ancêtres pour les mettre à l’épreuve et ainsi voir s’ils méritaient leurs services. Pour ma part j’y vois en cette invasion nouvelle non pas uniquement une manière d’honorer nos aïeux, mais aussi un nouveau défi de la part des Dames du Marécage. » Le Zaurahel est persuadé que depuis la Longue-Nuit, les Dieux Sombres remettent la dévotion et les Flammes des Ilythiiris à l’épreuve. Mais il s’abstient de poursuivre davantage le fond de sa pensée, être en mesure de voir un signe et à la portée de tous les croyants, mais être persuadé de réellement en capter le sens divin pourrait être relativement mal vu surtout devant une Grande-Prêtresse.
Le Zaurahel poursuit sa route dans les boyaux de pierres creusées, laissant son regard curieux se poser sur l’habile et magnifique architecture. De temps à autre, il tire d’un coup sec les chaînes qui tiennent le Gnoll et ce dernier, bousculé, répond par un grognement tout aussi sauvage et agressif qu’au début. « Vous avez raison, Y’zsjara’eri… » Souffle-t-il en mettant un instant le protocole et la différence des rangs de côté, son ton moins sec et inquisiteur qu’auparavant. « Nous nous devons de connaître ce que nous combattons pour y marquer notre efficacité à leur encontre. Les corps armés d’Elda ne peuvent se passer de vos enseignements ainsi que ceux de l’Etude Noire en pareille circonstance… » Il marque un temps de repos et libère dans un souffle. « Notre victoire contre ces créatures sera commune et au nom de l’Elda, quiconque y aura participé sera auréolé de gloire. » Une manière peut-être de s’assurer de l’efficacité du travail de la Grande-Prêtresse, mais aussi pour montrer que même en tant que guerrier servant au cœur de la mêlée, il ne met aucunement de côté les autres branches indispensables au bon fonctionnement de la société eldéenne.
S’enfonçant encore, le Prima Sanguis remarque les changements plus sinistres qu’auparavant. S’arrêtant à son tour devant le rideau carmin, il patiente. Soudain, le chaman se met à reculer comme prit d’une crainte soudaine et le Streea Jabbuk le maintient en place de son emprise puissante. Ce qui effraie la bête l’atteint alors, sentant une vive chaleur monter dans l’étroit corridor, qui malgré sa résistance aux fortes températures, lui donne l’impression d’approcher d’un fourneau magmatique. Son attention se reporte sur la fidèle du Prime Dragon et il étire à son tour un sourire, faisant écho à celui de son interlocutrice. A la différence près que celui du Zaurahel n’est pas froid, mais presque amusé. De fort caractère, il vient de probablement de piquer au vif la Sombre qui lui rappelle aussitôt qui elle est ; Une fière et dangereuse haute figure du Grand Destructeur et que comme lui, elle brûle d’un feu ardant et dangereux. Pour le Prima Sanguis, la température qui émane de Y’zsjara’eri l’amuserait presque d’une tension au-delà de la confrontation, mais il se garde bien de dire ou de montrer le fond de sa pensée.
Les rideaux s’ouvrent alors et dévoilent les lugubres geôles. Une odeur bestiale émane de la pièce peu éclairée. Les Ilythiiris s’avancent alors et Vel’drin observe le lieu. Des arches s’élèvent des côtés, offrant par les cavités ainsi creusées des cages où se trouvent des créatures qui, en retour, guettent la venue des nouveaux arrivants. Plusieurs cages vides ou non, sous aussi présentes, dans l’attente de transférer leurs habitants dans d’autres enclos. Le Zaurahel grimace, mais se retient de marquer le moindre commentaire. Trainant encore son prisonnier qui semble peu à peu comprendre où il se trouve, agité par les odeurs des environs. « Voilà donc ta prochaine demeure. » Ironise le guerrier en se tournant vers le gnoll aux yeux bandés qui claque des dents dans sa direction. Reportant finalement sur la Grande-Prêtresse, il continue de regarder autour de lui. « C’est donc ici que vous exprimez vos talents ? Quelles sont les créatures que vous pouvez accueillir en ces lieux ? » Une lueur de curiosité semble briller un court instant dans le rouge sang de ses yeux.
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| | | Y'zsjara'eri Szsor'drin
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| Sujet: Re: Une bête difficile à l'adoption [Yzsjara] Lun 17 Juin 2024 - 21:37 | |
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A peine moins sinistres que les couloirs qu'avaient arpentés le Streea Jabbuk et la Grande Prêtresse, les geoles du Haut-Temple de Zhak'Bar pouvaient toutefois se targuer d'avoir leur propre identité, loin des cachots quelconques peuplant le Puy, où l'on jetait indifféremment esclaves, traîtres et blasphémateurs. Entre les arches et leurs ornements, des tapisseries un rien défraîchies relataient certains pans majeurs de l'histoire Eldéenne, l'accent naturellement mis sur l'accession du Maître des Cataclysmes au Panthéon Drow. Rangés contre les murs, divers rateliers accueillaient outils et instruments de torture, destinés à l'éducation des hôtes du moment. La pièce en elle-même s'organisait autour d'un large espace circulaire, entouré de douves peu larges où se jetaient des rigoles sillonnant le sol, et où demeuraient çà et là d'obscures traces couleur de rouille.
« Le domptage est l'un de nos sacerdoces, reprit la révérende tandis que derrière eux, les tentures se fermaient dans un chuintement à peine perceptible. - Et nous y apprenons que la soumission s'acquiert tant dans la vie qu'après la mort. A cet égard, il arrivait parfois qu'une bête soit exécutée par leurs soins, lorsqu'on la jugeait trop récalcitrante, ou inadaptée à la vie parmi ses pairs. Y'zsjara préférait éviter d'avoir recours à cette méthode elle-même, jugeant que certaines créatures nécessitaient seulement plus d'attentions. Pour preuve de sa conviction, le Fern qu'elle avait pris sous son aile, près de cinq siècles auparavant, avait donné naissance à une portée dont les descendants étaient à ce jour les plus féroces d'Elda. - Tout comme il revient aux membres du Clergé d'interpréter les signes divins. Une façon polie mais ferme de clore le débat sur la cause de l'invasion Gnoll, avant même qu'il ne soit lancé.
Le regard de la Grande-Prêtresse s'était dirigé vers une cage vide, plus propre que les autres : celle préparée par le M'Thain missionné quelques minutes auparavant. Ses longues oreilles n'en restaient pas moins attentives aux propos tenus par le Streea Jabbuk, et elle crut y déceler l'ombre de la flatterie. Après le froid, le Zaurahel décidait donc de souffler le chaud. Ironie mordante pour son interlocutrice. - Quel dommage que l'on ne puisse en dire autant de la campagne de Naëlis. Un couperet tombant sans prévenir. De par son affinité avec le deuxième Ost, Y'zsjara avait vécu cet échec comme un affront personnel. Kerath’Elghinn avait jeté l'opprobre sur leur armée, et méritait pire châtiment que la seule extinction de sa Braise. Un crachat amer résuma le fond de sa pensée. - Vous ne serez pas déçu, soyez-en certain. Et l'Etude Noire non plus.
Y'zsjara s'avança vers la cellule prête à accueillir son nouvel hôte, y testa machinalement la solidité des chaînes, puis se tourna vers son invité. - Détachez-le, puis rejoignez moi. Nous discuterons une fois cette première leçon terminée. Le temps que Vel'drin n'obtempère et rende au Gnoll momentanément aveugle sa liberté de mouvements, elle était prête. Sa main gauche saignait, entaillée par une dague, et une rune écarlate au nom de son Dieu tutélaire avait été pieusement dessinée sur sa poitrine, où son coeur se situait, entre ses deux seins à présent nus. Un cliquetement, presque harmonieux, avait résonné au moment où son fouet métallique, ses mailles hérissées d'épines, avait touché le sol en s'y déroulant comme un reptile avide. - Olplyn ussta xukuth ulu uk zhennu lil uss, Zhak'Bar, xor olplyn uns'aa elg'caress de dosst; ulu' Ilharn ne'khasa naut draeval. » Sa prière terminée, ses jambes se fléchirent et son bras armé se raffermit. Elle offrait l'initiative à son élève.
- Drow:
Guide ma main pour qu'elle subjugue cette créature, Zhak'Bar, ou que je périsse de la tienne ; car notre Père ne souffre d'aucun échec.
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| | | Vel'drin Zaurahel
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| Sujet: Re: Une bête difficile à l'adoption [Yzsjara] Jeu 20 Juin 2024 - 18:39 | |
| Jamais le soldat n’avait pénétré aussi profondément dans l’antre du Prime-Dragon. C’était donc pour lui l’occasion de découvrir en détail une des pièces maîtresses, d’après ce qu’il imaginait du Haut-Temple, de cet édifice religieux. Quand le rideau s’ouvrit sur les geôles et qu’il s’y avança, il parcouru alors la pièce d’un regard observateur et curieux. Ses iris carmines coururent le long des murs et détaillèrent les tapisseries à la gloire du Destructeur avant de se fixer sur les cages et les râteliers présents. En imaginant en ces lieux les manières utilisées par les Prêtres de Zhak’Bar pour dompter les créatures, il se mit à étirer un fin sourire qu’il dirigea à l’encontre du chaman, le voyant déjà subir les viles utilisations de ces outils de torture et de soumission.
Ce n’est que lorsque la Grande-Prêtresse reprit la parole qu’il quitta ses songes. Revenant à la discussion, il n’entendit que la réplique le concernant directement et qui le replaça à sa propre place de soldat. Vel’drin savait qu’il n’était aucunement légitime pour parler à la place des Prêtres, mais il ne criait pas son point de vue en le martelant de la vérité divine, non, il soumettait uniquement le fond de sa pensée après avoir était lui-même sur le terrain et avoir rencontré ses créatures inconnues. Ne voulant pas défier Y'zsjara'eri, le Streea Jabbuk opina simplement en retour, accompagnant le geste d’un sourire poli de façade, préférant ne pas s’éterniser à ce sujet.
Son regard suivi alors celui de la Sombrelfe et se porta aussi sur la cage vide. Rapidement, il comprit qu’elle serait la prochaine demeure de sa prise de bataille et s’y avança avant même d’en avoir reçu la demande. Tirant sur les chaines de fer pour forcer la bête à progresser à son tour, le Zaurahel se figea quand la pique mordante fusa à ses oreilles. Lentement, il pivota le buste en direction de la religieuse et pencha la tête sur le côté, comme s’il s’attendait à ce qu’elle poursuive dans ses propos. L’excuse ou l’explication ne venant pas, le Prima Sanguis redressa son visage et fronça quelque peu les sourcils. Invoquer ainsi la défaite de Naélis sans aucune raison apparente ne sembla pas le laisser de marbre et même s’il ne portait aucunement la honte personnellement de cet échec, cette campagne encore fraîche resta néanmoins encore dans les esprits des drows. « … En effet. » Souffla-t-il en essayant encore de comprendre la raison de ce sujet. « Mais cet échec appartient au passé Y'zsjara'eri, libre à vous de vous le ressasser encore des années après et y voir là une habitude personnelle. » Le lien de la religieuse au Deuxième ost n’était pas un secret et Vel’drin renvoya la pique à son expéditrice. « La campagne de Naélis nous sert d’exemple et nous montre à tous que nous avons encore beaucoup à faire pour reprendre ce qui nous un jour nous a appartenu. Les erreurs commises sont ou seront payées, mais d’ici là, des noms s’élèvent au sein de l’Elda et des Flammes n’appellent qu’à la gloire du Puy et à la réalisation de l’Eda, libre à vous de vous en tenir écartée ou non. » Le fier Prima Sanguis à travers ses propos sembla retirer la main tendue vers son interlocutrice, peut-être légèrement piqué à vif par cette évocation de la dernière campagne, même s’il n’en montra rien en apparence.
Comme pour désamorcer la situation, la dompteuse ordonna au guerrier de détacher le gnoll. D’abord surprit, Ved’rin s’exécuta alors, car en cette demeure elle est celle qui dicte les règles. Se tournant face à la bête, d’une main, il défit les chaînes qui entravaient les pattes supérieurs et inférieurs. Puis une fois fait, il s’en écarta et se plaça en retrait, laissant la fière dragonne face à sa bête. Veld’rin scruta le comportement de la bête, cherchant à lire par avance toute tentative hostile. S’appuyant sur le bâton primitif, il porta sa main au pommeau de son épée attachée à sa hanche, n’ayant pas portée avec lui sa faux de guerre.
Finalement, il se tourna vers la drow maintenant dénudée. Sans gêne il laissa son regard se poser sur le corps dévoilé et la poitrine ainsi marquée d’une rune. Le regard porté n’était pas porteur de tentation lubrique ou autre, mais d’une véritable attention cérémoniale et pieuse devant le privilège de pouvoir assister à un tel exercice.
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| | | Y'zsjara'eri Szsor'drin
Drow
Nombre de messages : 11 Âge : 123 Date d'inscription : 13/04/2024
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 638 ans Taille : 1m82 Niveau Magique : Maître.
| Sujet: Re: Une bête difficile à l'adoption [Yzsjara] Ven 28 Juin 2024 - 16:07 | |
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Y'zsjara guette. Son attention est désormais entièrement tournée vers le gnoll. Son monde, pour quelques instants, s'est réduit à cet humanoïde bestial, à la fourrure brûnatre tâchetée, aux membres épais et au museau de hyène. Pour les néophytes, la chose est peut-être anodine, mais l'expérience lui a appris que le premier contact avec une créature est le plus important. C'est lors de celui-ci qu'on en apprend peut-être le plus sur son caractère, sur son tempérament. La façon dont elle réagit à son environnement, à la présence d'autres individus, celle dont elle se soumet à l'autorité nouvelle sont autant de signes utiles pour déterminer l'approche qui sera à privilégier ensuite. C'est aussi le moment que la Grande-Prêtresse préfère : la découverte de l'inconnu menant à l'inévitable confrontation ; une nouvelle voie s'ouvrant à elle ; une opportunité toujours renouvellée d'affûter ses compétences et surtout, d'adresser un hommage à son Dieu tutélaire.
Le chaman ne tarde pas à se rendre compte qu'on l'a libéré de ses entraves. Avec une maladresse empressée, il vient arracher le bandeau sale qui le prive de la vue. Ses yeux furètent aussitôt, son cou se tord pour mieux voir. Son museau se retrousse. Sa truffe palpite. Il hume avec circonspection l'air alentour. Sang, urine, sueur et excréments assaillent son odorat. Entre doute et nervosité, ses griffes postérieures raclent le sol sous lui. Finalement, son attention se porte sur les deux Drows lui faisant face. Il y a une intelligence vicieuse dans son regard. Quelque chose d'animal et de calculé à la fois. Un grondement monte de ses entrailles, perturbant un silence qui allait s'épaississant. Ses dents se découvrent, lentement. Ses muscles endurcis par une vie de nomade se bandent. La sortie est là, face à lui, de même que son totem.
Soudain, un chien-ours se jette contre les barreaux de sa cage en aboyant. Y'zsjara est la première à réagir. Son fouet se rétracte, puis bondit vers l'avant dans un sifflement. Elle n'a retenu son coup d'aucune façon : les épines métalliques lacèrent le flanc du gnoll qui se précipitait vers eux. La créature trébuche. Une pluie d'hémoglobine suit le mouvement de l'arme se retirant, arrosant le sol d'un arc-de-cercle parfait. Soumises à un vif changement de direction, les mailles claquent et s'entrechoquent. Elles ondulent, viennent entailler le visage de la bête puis s'en éloignent aussitôt. Le schéma se répète de nombreuses fois, encore et encore. Ils ont entamé une danse cruelle que la Grande-Prêtresse mène avec expertise, les dards de son outil s'enfonçant inlassablement dans la chair du chaman.
Les pierres sont éclaboussées d'une abondance de sang quand son attitude change. Acculé, perclus de douleur, il ne cherche plus à s'enfuir, mais seulement à éviter les coups qui lui sont adressés. Le fouet s'écrase devant lui, sur sa droite et sa gauche, soulevant des étincelles qui rendent grâce à l'artisanat exceptionnel des Eldéens œuvrant dans les Forges de Lave. Le gnoll recule, bat en retraite, suivant un chemin invisible que l'on trace pour lui, à son insu, et qui le mène irrémédiablement jusqu'à la geôle dans son dos. Surexcités par la scène, ses compagnons de cellule hurlent et jappent sur son passage, produisant un vacarme assourdissant. La victoire est acquise lorsque, de lui-même, il entre dans son nouveau domicile.
« Voyez ! s'exclama Y'zsjara avec de l'exultation dans sa voix. Voyez ce dont les serviteurs de Zhak'Bar sont capables ! L'exercice l'a essouflée : sa poitrine se soulève rapidement, sa peau nue est luisante de sueur, et ses cheveux en désordre. Mais surtout, elle est aussi excitée que ses bêtes. - Quel dommage, Vel'drin Zaurahel, que vous soyez Olath'vlos, déclara-t-elle. Sans cela, je vous aurais monté ici et maintenant. Verser le sang et asseoir sa domination de la sorte, en ce lieu sacré parmi tant d'autres, faisait toujours naître chez elle ce désir primitif. La frustration de ne pas y satisfaire sur l'instant trouverait un exutoire ultérieur. - Il y a un fer marquer, là-bas. Son bras pointa le mur de gauche, où s'alignaient plusieurs rateliers. - Prenez-le. L'assujettissement de ce rat ne sera complet qu'une fois le nom du Prime Dragon calciné dans sa chair, expliqua la Grande Prêtresse, et cet honneur vous revient aujourd'hui. Dans sa cage, le chaman ne la quittait plus du regard. Faible et haletant, il était loin de se douter que son éducation commençait à peine.
Sa tortionnaire justement s'approchait de lui. Pas complètement éteint, il lui adressa un grognement menaçant, qu'il regretta aussitôt. Une cravache s'écrasa en travers de son faciès, qui avait remplacé le fouet métallique. Sonné, Y'zsjara passa d'épaisses menottes à ses poignets et ses chevilles, elles-mêmes reliées à de lourdes chaînes qui, à l'aide d'un système de poulies, le clouèrent au sol, proche de l'écartèlement. Son calvaire se poursuivit quand la Jatha'la yatharil vint lui écraser la truffe, l'empêchant de respirer. Au moment même où il ouvrit la gueule pour avaler une goulée d'air salvatrice, elle y enfonça une main protégée d'un gantelet métallique, jusqu'à la glotte, l'empêchant de fermer ses mâchoires. - Jabbress-Szsor'drin, lui souffla-t-elle. Retenir mon nom sera ta première leçon. Comprends-tu ? Jabbress-Szsor'drin. Le gnoll, en proie à une panique grandissante, lutta contre ses liens, en vain. - Allez-y. S'adressant à Vel'drin. En-dessous de son œil. »
- Drow:
Jabbress = Maîtresse
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| | | Vel'drin Zaurahel
Drow
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| Sujet: Re: Une bête difficile à l'adoption [Yzsjara] Sam 29 Juin 2024 - 11:48 | |
| Légèrement en retrait pour laisser toute la place à la Grande-Prêtresse de pouvoir manœuvrer, Vel’drin observa. C’était un honneur de pouvoir être le témoin d’une leçon de domptage orchestrée par une fidèle de Zhak’Bar et qui plus est donné, la première rencontre entre une créature et son futur maître. Le regard du Prima Sanguis alla de l’un à l’autre, guettant les moindres faits et gestes de chacun.
La tension monta peu à peu quand le chaman fut libéré et retrouva la vue. Le Streea Jabbuk resserra la prise sur la garde de son épée, paré à la dégainer. Le calme relatif d’Y’zsjara le fit s’interrompre et la confiance qu’il porta en elle et ses compétences en la matière le firent se détendre. Dans les geôles, le silence tomba alors tandis que la bête et la dompteuse se jaugèrent. Le gnoll grogna sa colère sa mise en garde aux devants de ceux qui lui bloquèrent la voie vers la liberté. Un va-tout, voilà ce qu’il sembla essayer de faire pour s’extirper de cet endroit maudit. Subitement, tout bascula.
Le chien-ours se jeta sur les barreaux de sa cage, comme un avertissement ou le lancement des hostilités. Le Gnoll s’avança alors et ce fut la Grande-Prêtresse la plus rapide. La fidèle du Destructeur déploya son fouet aux dents acérées et vint saisir la chair de l’animal. Vel’drin observa alors le déroulé de cette leçon, de cette soumission où la Sombrelfe domine la Bête dans un bain de sang et de cris bestiaux. Impassible devant les giclées d’hémoglobines qui se répandirent sur la pierre ou les feulements de douleurs et de craintes du Gnoll, il ne détourna pas le regard et contempla même la religieuse dans son office et sa dévotion à son Dieu. Il sentit monter en lui quelque chose, sa Flamme s’embrasa alors d’une excitation soudaine devant ce sang et cette démonstration de force brute et bestiale. Le Zaurahel frémit en entendant claquer le fouet de métal contre la fourrure et la pierre. L’ambiance au sein de cette salle l’emporta alors vers une euphorie silencieuse qu’il retint bien difficilement, tant ses yeux trahirent son excitation en allant d’un point à un autre pour en capter chaque détail.
Puis, peu à peu le calme retomba dans la salle. Le Gnoll se rendit de lui-même dans sa cage et la Grande-Prêtresse s’adressa à lui, le ramenant alors à l’instant présent. Il n’entendit pas les premières paroles de Y’zsjara, fort dommage, car lui-même aurait bien voulu assouvir ses instincts en cet instant. Il se retourna alors en direction des fers à marquer et se dirigea vers le râtelier pour en saisir un. Le temps qu’il se saisisse de ce qui put être un tisonnier sur la tête duquel le symbole de Zhak’Bar était taillé, il regarda Y’zsjara entrer à nouveau dans la cage et soumettre une dernière fois l’animal. Tendant son bras vers l’un des brasier, Vel’drin attendit que le bout de fer soit rougi par les flammes et s’approcha alors à son tour.
« Je vous remercie, Y’zsjara pour cet honneur et saurai m’en souvenir. » Dit-il en se penchant pour venir porter la marque sur la gueule de la bête, juste en dessous de l’œil comme demandé. La chair calcinée se mit à crépiter et de la fumée s’éleva, mais le Streea Jabbuk resta ainsi un moment jusqu’à ce que le rouge vif du fer disparu pour devenir noir. Comme il l’a dit, il n’oubliera pas l’honneur ainsi fait d’avoir pu marquer la bête lors de sa première leçon, ni même la démonstration faite par la Prêtresse encore transpirante et à la respiration vive.
« C’était une bien belle démonstration, Grande-Prêtresse. » Il se redressa alors vers le râtelier pour déposer le fer. « Cette bête a bien vite comprit à qui elle avait à faire et je ne doute pas qu’elle sera désormais coopérative à vos demandes. » Vel’drin était encore marqué par l’adrénaline de l’instant, le visage transpirant comme si lui-même avait lutté, sa respiration était tout aussi forte et son buste se dressa à chaque inspiration, comme s’il tenta de maîtriser ses émotions pour rester maître de lui-même. « Vous avez éveillé en moi de drôles de désirs à vous voir ainsi faire. » Confessa-t-il dans un demi-sourire amusé. « La domination et la soumission est une voie à laquelle je n’avais pas encore envisagé, mais peut-être que votre prestation me donne envie de la découvrir finalement. »a Il n’expliqua pas plus sa pensée, rangeant finalement le fer à sa place et reprenant sa position à l’écart, laissant la Grande-Prêtresse terminer ses tâches.
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