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| Conseil et politique | Catarina. | |
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Adriano Cortès di Alcacio
Humain
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| Sujet: Conseil et politique | Catarina. Mar 13 Aoû 2024 - 22:53 | |
| 2ème jour, 4ème ennéade de Karfïas | Second mois de l’Hiver. Cité ducal de Soltariel | Palais ducal | Salle du conseil. Année XXII | XIème cycle L’Hiver était froid, il était long, et il était définitivement plus difficile que ceux des dernières années. Si la Péninsule n’était point épargnée par les neiges qui blanchissent champs et plages, le Sud, lui, était habitué à un peu plus de douceur en ces saisons hivernales. Appelez ça la proximité avec la mer ou l’océan, mais, en tous les cas, il était tout de même souvent faisable pour les Suderons de se rendre à la plage en Hiver sans avoir besoin d’un poêle allumé sous les jupons ou d’une triple couche de laine sous une armure. Mais pas cette année. Cette année, les poêlons chauffaient nuits et jours pour réchauffer les draps, les laines et les velours côtelés des nobles du Soltaar. Les soldats, gardes et autres douaniers, faisaient leurs œuvres en allumant de nombreux feux ça et là pour pouvoir se réchauffer rapidement, et facilement. Les Clergés de Néera et de Tyra offraient aux plus pauvres et aux moins bien lotis, le gîte et le couvert, en plus de la chaleur dans les rues et ruelles, afin d’éviter aux moins nantis de mourir dans d’atroces souffrances. L’eau, bien que salée sur les côtes, charriaient quantités de neiges salées qui, étonnamment, ne fondaient point aussi facilement que d’ordinaire. Un voile blanc, glacial et morne, s’était abattu sur le monde pourtant baigné de soleil du Sud… Au grand damne d’Adriano, lui qui appréciait temps la chaleur et le soleil. La vie, toujours, devait suivre son cours. Car sur le bureau du Duc s’amoncelaient les missives, les demandes plus ou moins polies, plus ou moins impératives, des vassaux, des clergés et des partenaires commerciaux, en actes et décisions pour faire face aux besoins des vassaux ou de leurs gens, ou pour s’assurer une survie de certaines entreprises mises en danger face à la diminution des importations et exportations, par exemple… Un conseil devenait fortement impératif, et ainsi, Adriano ordonna le rassemblement du conseil Ducal, durant la 4ème ennéade du second mois de l’Hiver. Grand Argentier, Chancelier, Sénéchal, Maître Espion, Amiral de la flotte… Tous répondirent présents, car l’invitation ne prêtait en réalité point à la discussion et à l’insubordination. Tous connaissaient maintenant suffisamment leur souverain pour savoir qu’il n’était ni du genre à pardonner, ni du genre à… Oublier. Sa férocité, qui avait fait de lui un excellent Amiral de la flotte du Soltaar durant la guerre contre Merval, était aujourd’hui crainte, en plus d’être louée. Mais il savait également surprendre : en plus de tout ce petit monde, il convia sa fille et héritière, laquelle se montrait de plus en plus impliquée dans la gestion officielle et… Secrète, des affaires de son paternel. Comme à son habitude, et conformément au protocole Ducal, Adriano arriva le dernier autour de cette table taillée dans un magnifique acajou importé voilà des années et récemment revernie. D’épais dossiers, protégés par d’épaisses couvertures de cuir et aux œillets tressés de lins, parsemaient cette table, que quelques bouteilles d’alcools et verres en cristal réhaussaient de richesses. Il allait y avoir du travail, à n’en point douter… Lorsqu’il entra donc, tous se levèrent, y compris sa propre fille. D’un geste calme de la main, le Duc leur intima l’autorisation de s’asseoir, et prit place à son tour à la tête de la tablée, plaçant alors ses doigts et les paumes de ses mains sur les couvertures de cuir qui se trouvaient devant lui, jetant alors un regard aux lettres capitales qui débutaient les missives et autres comptes rendues. D’expérience, il le savait : plus la première lettre allait être travaillée, colorée, gravée, plus l’auteur avait prit le temps d’écrire au Duc – ou au conseil au sens large – pour réaliser une demande urgente, importante ou onéreuse. Et vu la calligraphie des documents… Il y avait bien des choses à ordonner et à décider aujourd’hui. « Messires, ma très chère fille, merci pour votre présence à ce conseil extraordinaire, dans de tels délais. » Car oui, les délais avaient été relativement courts, mais tous s’étaient déplacés. Au final, seuls Adriano et Catarina étaient toujours sur place… La chose leur était alors facile. « L’Hiver, cette année, est long et autrement plus difficile que les précédents. Si le commerce a toujours été prospère sur nos territoires, le coût des travaux militaires terrestres et marins, aura taillé un peu plus profondément nos réserves que ce que nous avions prévu. Je sais que la plupart de mes vassaux, dont vous, avez d’ores-et-déjà pris les décisions et initiatives nécessaires pour que vous et vos gens puissiez vous chauffer et manger à satiété, et pour cela, je vous rends hommage. Nous devons poursuivre nos efforts cependant, et faire un état des lieux des besoins de nos gens. A qui l’honneur donc d’ouvrir ce conseil ? » Il regarda sa fille. Il savait qu’entre les aides aux clergés, les actions pour les pauvres et les soins apportés aux orphelins, Catarina allait avoir des choses à dire et même, des informations que le propre Chancelier Ducal n’aurait point encore obtenu…
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| | | Catarina di Alcacio
Humain
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| Sujet: Re: Conseil et politique | Catarina. Lun 19 Aoû 2024 - 18:32 | |
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Catarina di Alcacio s’assît lentement sur le siège de velours qui lui était dévolu dans la salle intimiste mais décorée avec opulence, à la manière suderonne.
A l’aise dans sa splendide robe de velours rouge, au col de dentelle du Nord, ceinte d’une tiare de rubis appartenant à la couronne ducale comme d’une armure étincelante, elle esquissa un sourire paisible à l’intention des Conseillers. Elle n’était plus étrangère désormais à la salle du conseil restreint, duquel elle faisait partie depuis quelques semaines, dans le plus grand des secrets ; mieux encore, la jeune fille s’y sentait à l’aise, car elle avait tout de suite compris que malgré la charge et la responsabilité attenante - qui était écrasante - c’était l’occasion unique de contribuer à améliorer le lot de la vie de tous les habitants du duché. Elle y prenait donc part avec enthousiasme et un peu d’anxiété, car son père était très logiquement d’une exigence extrême. L’héritière savait, plus encore que les autres, à quel point il était travailleur et intelligent, et se montrer à la hauteur de ce qui était attendu d’elle lui donnait parfois le vertige. Mais cela poussait la douce Catarina à travailler plus dur encore. Aussi déposa t-elle sa pile de parchemins avec fierté devant elle, alors que les nobles la saluaient avec un respect mêlé de paternalisme. Elle leur rendit la politesse avec bonhommie, notant leur condescendance sans mot dire, avant de se redresser pour saluer son redoutable géniteur qui avait enfin fait son apparition.
Elle le laissa exposer le sujet du jour avec le plus grand des sérieux, et prit la parole, quant à elle, d’une voix qui tentait plutôt de se montrer assurée.
- "J’y ai beaucoup travaillé ces dernières semaines, votre Altesse ducale. C’est pourquoi je propose à cette noble assemblée plusieurs projets, qui n’en forment en réalité qu’un seul. En accord avec le couvent de la Mère situé aux abords de la ville, une aile supplémentaire est en construction, afin d’accueillir les mères célibataires et leurs enfançons."
La jeune damoiselle ne sembla pas remarquer le sourire narquois de certains des adultes à table ; et, déglutissant discrètement, se fit plus droite et plus fière.
- "Évidemment, aux vues des circonstances, j’ai discuté avec la Mère Supérieure, et ils accueilleront provisoirement des miséreuses également sous une tente, afin de pourvoir à leurs besoins basiques, mais en contrepartie de travail. Les femmes aideront à faire le ménage du couvent, et recevront des leçons pour travailler le tissu. ... Bien sûr, cela peut sembler dérisoire, mais je pense que cela pourrait aboutir à un véritable négoce de confection de dentelles, dont les revenus reviendraient de moitié dans vos caisses, ce qui s'avèrera certainement très rentable. De nombreux orphelins ont également été employés dans nos fermes et nos moulins, ce qui implique qu'ils seront très reconnaissants envers vous, votre Altesse Ducale. D'ailleurs, l'un d'entre eux a même aidé à démanteler un marchand éhonté qui vendaient des armes sans payer d'impôts. Je pense que c'est un projet qui fera d'une pierre deux coups : vous rapporter le soutien du peuple, mais aussi... quelques informations facilement acquises. Sans compter le supplément de main d’œuvre pour soutenir nos paysans dans leur labeur. En outre, et pour terminer, j'avais pensé un nouveau met qui pourrait aider la populace à passer l'hiver : les pattes de poulet. Cela serait intéressant de charger la Guilde des marchands de s'occuper de l'exporter dans le duché, car cela démontrerait notre intérêt envers eux, sans parler de les aider à tenir financièrement, du moins pour certains. Si nous nous y prenons bien, cela pourrait même devenir un met emblématique du duché, en variant les épices et les textures."
La jeune fille rougit. Elle avait bien conscience de l'aspect un peu dérisoire de son action ; mais il paraissait toujours utile de se constituer des obligés tout en prodiguant la charité. N'étais-ce pas ce que son père désirait ? Ces orphelins ne seraient pas maltraités, bien au contraire ; et elle escomptait qu'en retour, ils se montrent loyaux et contribuent à la paix de la populace. Il serait aisé de les aider à colporter des rumeurs .. et même plus encore. Elle baissa humblement les yeux, son regard clair s'attardant sur la missive ouvragée qui trônait devant son père. Il était maintenant temps de faire face aux questions et, certainement, aux critiques de son redoutable géniteur.
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| | | Adriano Cortès di Alcacio
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| Sujet: Re: Conseil et politique | Catarina. Jeu 22 Aoû 2024 - 15:10 | |
| Du coin de l’œil, Adriano regardait ses vassaux et certains de ses conseillers les plus proches, darder quelques regards curieux, tantôt pleins de dédains, sur ce jeune Souffle féminin qui dénotait dans cette pièce pleine de testostérone. Il regardait, car il désirait sonder leurs cœurs : que pensaient-ils ? Qu’espéraient-ils ? Que préparaient-ils ? Une chose était – pratiquement – certaine, Adriano avait fait tant et tant de ménages dans son entourage dès lors qu’il obtint les rênes du Duché, qu’il n’avait plus de réelles craintes à avoir quant aux gens qui formaient son cercle restreint. Sa réputation grandissante à mesure que sa redoutabilité se développait, le Duc s’était séparé des faiblards et des couards, des girouettes et des traîtres actuels ou passés, pour ne s’entourer que de ceux qui, jusqu’au-bout – de gré ou de force – suivraient ses ordres, même les plus douteux. Mais, même ceux qui avaient passé cette « sélection » pouvaient devenir tôt ou tard des adversaires, car Adriano, outre sa témérité et sa férocité, était du genre à briser certains codes… Certains tabous. La présence de sa fille et héritière, en était un. Non contente d’être l’unique enfant survivant de toute la descendance Ducale, Catarina avait prit du galon et des responsabilités, au fur et à mesure des mois et des années. Voix du Duc, face aux clergés ; gant de velours entourant la pogne de fer, elle était devenue une conseillère parmi les conseillers, et surtout, une voix que le Duc écoutait. Elle bénéficiait donc d’un titre prestigieux – que même les futures épousailles du Duc ne sauraient retirer – en plus d’une oreille et de la confiance de l’un des plus puissants vassaux du Roy en ce monde. Mais que pensaient donc les vassaux du Duc ? Les conseillers ? Eh bien… Visiblement, point grand-chose de tout cela. Ils écoutèrent la jeune femme, parfois avec quelques moues réprobatrices de devoir ainsi laisser la première parole à une femme… Une enfant… Parfois, des moues plus dubitatives mais moins condamnatrices. Et certains, sans doute les plus habitués, regardèrent Catarina avec tout le sérieux attendu d’un conseiller, sans jugement… Mais avec criticité. Adriano jugeait, jaugeait, écoutait aussi – évidemment – et restait en alerte, au cas-où. Lorsqu’enfin, Catarina termina sa diatribe, la salle fut soudainement silencieuse. Tous attendaient de voir qui oserait prendre la parole, et comment cela serait-il fait, pour ne point froisser la douce Catarina, et donc, son puissant paternel. Le seul qui fit soudainement cesser cette pesante ambiance, fut le Grand Argentier. Titre davantage royal que réellement Ducal – mais les habitus des Suderons à s’enorgueillir de titres gonflés et pompeux rendaient ce titre-ci habituel finalement – le Grand Argentier était, avec le Sénéchal et l’Amiral, l’un des conseillers en qui Adriano avait le plus confiance. S’il était… Original, de par son contact froid et sa méticulosité visible – et presque risible – il était on-ne-pouvait-plus qualifié pour le rôle. Toujours avec des serviettes de papiers et de dossiers sous les manches, toujours avec sa petite sacoche de cuir tanné autour de la poitrine, dans laquelle se trouvait tout le nécessaire d’écriture, toujours avec une petite paire de lunettes sur son petit nez, l’homme n’était point un grand seigneur, et point un vassal : il n’était qu’un noble de lignée ordinaire, mais en qui Adriano avait une totale confiance. En fait, il avait été l’Argentier de Félipé lorsque ce dernier n’était encore que Seigneur d’Alcacio. C’est dire ! L’homme connaissait donc parfaitement son rôle et sa place, était un conseiller de confiance de deux générations de Ducs de la nouvelle lignée régnante, et n’était passionné que par deux choses : la mer, et les chiffres. Il travaillait donc, et à mesure que Catarina lançait idées et initiatives, l’homme oeuvrait entre son boulier aux couleurs éclatantes – car les boules étaient toutes faites de pierres précieuses voyez-vous - et quelques feuilles de brouillons sur lesquelles il posait lesdits calculs, au crayon à mine de charbon. Le bruit de la mine charbonnée sur le papier épais, et les billes de pierres s’entrechoquant, rompirent donc la quiétude ambiante… Et Adriano posa alors que ce vieillard d’une fidélité à toute épreuve, un regard presque… Paternaliste. « Messire Antonio Fratelli ? » Dit alors Adriano, pour faire lever les yeux du petit vieillard grisonnant et lui faire quitter alors la passion des mathématiques, afin qu’il puisse prendre la parole.
« Oh… Oh ! Oh ! » Bégayait-il, abandonnant ses lunettes, passant frénétiquement sa main vieillarde sur sa bouche et son visage comme pour reprendre contenance, conscient qu’il s’était encore une fois laissé emporter par la passion et ce petit truc qui le rendait psychologiquement… Particulier. « Pardonnez-moi votre Altesse ! Je… Je faisais les calculs ! C’est-à-dire que son Altesse Catarina a parlé de tant et tant de choses qu’il me fallait calculer vite et bien ! Je… Pardonnez-moi, Altesses ! » Bégayait-il encore, alors qu’il inclinait son corps par-dessus la table en son tournant tour à tour vers Adriano, puis Catarina. Le Duc, qui connaissait excellement bien son conseiller, leva une paume bienveillante et, en un doux signe, l’invita à la confiance et au calme. Il ouvrit ensuite sa main, et lui demanda de poursuivre. « Hum… Eh bien, si je me base sur les derniers tarifs en vigueur dans le Duché sur les produits qui pourraient attenir aux commerces et aux échanges liés aux initiatives proposées par son Altesse, si j’anticipe un flux négatif que le printemps provoquerait sur les prix à venir, car un tel Hiver laissera sans doute place à un Printemps un peu trop doux, et donc, à une hausse des prix et une hausse de nos importations depuis le Nord, nous pourrions tenir de telles initiatives populaires sur les années à venir, à condition que les prix du marché n’augmentent point de plus de vingt pourcent. Aussi, il nous faudra sans aucun doute réduire nos coûts en matière militaire, ou politique ! Votre Altesse, les caraques que vous avez commandés, et la formation des marins pour les servir, nous ont coûté une petite fortune. Si j’en crois le dernier rapport de Messire votre Sénéchal ici présent, et messire votre Amiral, les commandes ont été honorées ! Afin que nous puissions soutenir ces initiatives populaires, je recommande de ne point commander d’autres navires, au moins jusqu’à l’été à venir. Enfin, si j’en crois les tendances commerciales, les denrées Naines ont le vent en poupe ! Ces petits êtres curieux ne sont peut-être pas appréciés par ici, mais ils vendent beaucoup, et paient leurs traites et leurs taxes rubis sur ongle. C’est une source qu’il nous faudra alors protéger, si vous désirez tourner l’économie vers la populace et les mesures sociales pour les années à venir. » Il bouge encore quelques boules de son fameux boulier, avant de conclure, déposant son crayon de charbon par la même occasion. « En tous les cas, et si messire le Chancelier est d’accord avec ce que je vais dire, économiquement, ces mesures tiennent la route. Nous pourront alors nous assurer l’amour du peuple et son soutien. Et qui sait ? Peut-être que cette génération oubliée, adoptée par son Altesse et par Néera, louée soit-elle, deviendront de fiers, forts et fidèles sujets ? Soldats ? Marins ? »
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| | | Catarina di Alcacio
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| Sujet: Re: Conseil et politique | Catarina. Mer 11 Sep 2024 - 9:18 | |
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La jeune héritière du duché fixait les conseillers un par un. Elle voyait bien qu’il doutait d’elle et de ses capacités : après tout, elle était femme, avait conscience de sa jeunesse et de sa grande inexpérience ; et n’avait pas l’auréole glorieuse et crainte dont bénéficiait son père. Il lui fallait faire ses preuves, conquérir leur opinion et leur estime - et elle avait bien conscience que acquérir leur respect serait plus difficile que celui du peuple.
Aussi la douce Catarina prêta t-elle grande attention aux propos du Grand Argentier qui prenait enfin la parole, d’une voix un peu hésitante que son géniteur encouragea d’une main apaisante. Elle avait également grande confiance dans cet homme chenu et empli de sagesse, qui manipulait son boulier comme d’autres leur épée, accessoire indissociable de sa personnalité pointilleuse. Elle esquissa donc un sourire satisfait tandis qu’il approuvait finalement ses propos, et reprit la parole d’une voix assurée, tout se calant un peu mieux dans son fauteuil de velours.
- "Messire Fratelli, j’aimerai vous rassurer sur un point. Bien que mes projets aient un coût, j’ai conscience que l’automne et l’hiver sont de mauvaises saisons pour entamer des projets d’envergure. Comme il s’agissait de mon initiative, j’ai déjà engagé une partie de ma cassette personnelle à l’extension prévue du couvent. Il n’en coûtera donc rien au duché, car je n’aurais garde de demander à son Altesse Ducale plus d’argent qu’il ne m’en alloue pour le train de ma Maison. Il devrait donc rester de l’argent pour la question militaire, ou en tout cas, presque tout ce qui en était prévu à la base."
Elle se tut quelques secondes ; mais ce n’était que pour repartir de plus belle, car la jeune fille n’avait pas répondu à la question réthorique du vieux conseiller, ce qu’elle fit en le regardant droit dans les yeux.
- "Le but est que ces orphelins trouvent des métiers partout, mais particulièrement chez nos vassaux. Ainsi, dans quelques années, nous aurons des yeux et des oreilles reconnaissantes un peu partout dans le duché … songez tout ce qu'un échanson pourrait entendre… une femme de chambre avoir l’oreille de sa maîtresse, et ce ne sont que des exemples . Tous seront capables de répandre la bonne réputation du duc partout où ils se trouveront, mais aussi de collecter certaines informations utiles en temps voulu. On ne sait jamais quand un vassal décide de se rebeller, malheureusement. Cela augmenterait nos chances de nous prémunir de potentielles trahisons, même si cela a peu de chance de se reproduire dans un futur proche."
Elle esquissa un sourire un peu naïf, les yeux pétillants d'enthousiasme et de satisfaction.
- "J’ai également conçu un projet afin de satisfaire le Roy et nos vassaux. Vous savez que certains monstres apparaissent de manière aléatoire sur nos terres et celles de la Péninsule. Afin de faire briller le Duché, je souhaite créer un organisme qui s’occuperait de recruter des hommes et de gérer la logistique, en encourageant les dons de la population - la nôtre mais aussi celles des autres fiefs - afin de leur fournir des armes et des vivres. J’ai potentiellement trouvé un candidat en la personne d’un général du nord, afin de garantir de bonnes relations avec les territoires plus éloignés de Soltariel, et de donner un caractère Péninsulaire à cette entreprise. Nous pourrions demander facilement des subsides au Roy, et établir des bases diplomatiques avec nombres de seigneurs avec lequel nous n’avons ordinairement aucun contact. Je pense que cela donnera lieu à de futures communications commerciales qui seraient à l’avantage du Duché. Il nous faudrait simplement un local pour commencer, mais cela peut-être repoussé au printemps. En attendant, cela nous laisse du temps pour régler tous les détails. Nous avons l'occasion de faire briller le Duché comme un parangon de moralité, et un exemple à suivre.. En constituant un contingent de volontaires, nous n'aurons rien à débourser, et nous participerons à l'unité de la Péninsule toute entière devant le danger."
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| | | Adriano Cortès di Alcacio
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| Sujet: Re: Conseil et politique | Catarina. Ven 13 Sep 2024 - 13:45 | |
| Le conseil tout entier semblait suspendu aux lèvres de Catarina qui, sérieuse, disciplinée et comme transportée par tout cela, continuait à parler encore et encore, répondant aux interrogations fournies – et sans doute celles qui trottaient dans les cerveaux de certains, mais qui n’osaient point en parler maintenant. Adriano regardait tour à tour sa fille puis les différents conseillers que les questions abordées pourraient intéresser. S’il ne fut point surpris de voir que tous écoutaient, il le fut un peu plus, lorsqu’il ne vit aucun signe de réticence… Ou de dégoût. Ainsi donc, son emprise sur le conseil, et la dureté de son règne et la crainte imposée par son aura et sa réputation, auront fait leur office sur ceux qui forment le noyau de ce conseil secret. La question financière était, bien-sûr, la plus importante. Dans ce monde où, pourtant, la religion avait une part si importante et une existence réelle, le moteur restait, toutefois, l’argent. L’or ; les devises ; les accords… Les rentes et les dépenses, les plus et les moins. Il fallait suffisamment de plus dans la colonne financière pour que projets et dépensent puissent se faire. Adriano avait, en effet, ordonné bien des dépenses pour pouvoir développer la flotte pour faire la chasse aux pirates, notamment. Il fallait former les marins, déplacer les navires, réparer ceux qui en avaient besoin, engager des marins… Tant de choses qui devaient être sous la responsabilité d’un Duc, et donc, du Duché. Payé par les impôts, les rentes et les recettes du territoire tout entier. Et donc, des dépenses supplémentaires. L’idée d’une force armée transfrontalière, toutefois, fit lever les oreilles et les yeux vers la jeune femme. Oui, la question des monstruosités qui naissent un peu partout sans que personne ne sache comment ni pourquoi, ni que l’on ne connaisse réellement ce que sont ces créatures. Déjà, certains conseillers commencèrent à réfléchir à s’en faire chauffer le ciboulot… Les diverses initiatives étaient connues des Duchés et Marquisats, et même, du Roy lui-même : chaque territoire avait tenté de se débarrasser de ces créatures qui reviennent pourtant tout le temps. Fort heureusement, point en nombres suffisants pour pouvoir être une menace grandissante ou sérieusement inquiétante, mais, tout de même… D’innocentes vies étaient massacrées par ces créatures surnaturelles. Oh, certains, bien-sûr, parlaient déjà d’une menace et d’une punition divine ; d’autres parlaient du retour d’antiques déités ou de l’influence de créatures du passé, comme… Les dragons. Allez-savoir… Mais ces enjeux dépassait bien-sûr le Duché de Soltariel, et ce faisant, l’autorité d’Adriano seule. Il fallait donc mesurer, s’adapter… « Eduquer ces enfants, s’occuper de leurs mères esseulées et offrir aux plus miséreux, une réponse bienveillante et compatissante, entrent dans les règles et l’éducation de La Mère. Le reste, n’appartient qu’à nous : l’idée que ces enfants, ces mères et ces êtres abandonnés, puissent ensuite servir nos dessins et être les maillons d’une chaîne qui aidera notre Duché, m’enchante grandement. » Partagea alors Adriano, tournant quelques missives dans sa serviette de cuir, avant de renouer ses mains ensembles par-dessus. « Pour ce qui est… Des dépenses, rassurez-vous : ces dernières ennéades, le nombre d’attaques de pirates ont drastiquement diminuées pour ne se concentrer pratiquement que sur les navires Langecins… Curieusement… » Dit-il, un petit sourire en coin. « Pour cette initiative, ma fille, je vous félicite. Il nous faut toutefois demeurer mesurés : bien que je sois l’un des Pairs du royaume, je n'ai ni l’autorité ni les moyens d’ordonnés aux autres Ducs et Marquis de souscrire à notre initiative… Humainement ou financièrement. L’appui du Roy est obligatoire, et la diplomatie est notre seule arme, à l’heure actuelle. Pour ce faire, nous avons besoin d’exemples, et d’exemples victorieux : ma fille, poursuivez vos efforts, mais limitez-vous à la diplomatie et la discussion, et une bribe d’organisation. Obtenez les accords à l’écrit, les contradictions à l’écrit, les initiatives à l’écrit. Nous devons nous préparer à tout… Contretemps, qui pourraient provenir de l’un des autres Pairs, ou d’une épouse mécontente… Ou d’un conseiller plus futé que les autres. Mais pour le reste, nous devons montrer l’exemple. Aussi, voici mes directives : je veux des combats, et des victoires contre ces créatures, sur notre territoire. Trouvez un… Nid, ou quoi que ce soit qui puisses prouver que nous savons battre la menace… Ensuite, nous construirons l’armée qui combattra et nous apportera la victoire. Une étape après l’autre… »
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