Les entreprises qui réussissent sont celles qui ont une âme. [solo]

Julas, sixième ennéade, mois de Karfias, an 22 cycle XI

Un jeune nain d’une quarantaine d’années se grattait les dents pour décoincer un morceau de saucisse coincé entre deux canines. Appuyant très fortement sur ses dernières il passa de très longues minutes à le faire avec sa main droite, tandis que sa main gauche, elle, tenait les brides de la charrette qui transportait ses lourdes affaires. Son doux visage blondinet affichait une magnifique grimace quand il se curait les dents. La route n’était plus très longue pour lui, une trentaine de minutes à tout cassé, la balade se faisait entre les pins d’une magnifique forêt, au pied d’une montagne. La sensation d’être de retour chez lui, lui procurait une énorme satisfaction que nul autre ne pouvait s’imaginer. Sa liée, se trouvait dans la charrette, à faire un somme le temps de la route pour récupérer des forces après ce long voyage de trente trois jours de long. Son armure aux bords dorés était posée sur le torse du Thane des BranBolg. Sa tignasse et sa barbe étaient toutes deux tressées et coiffées, ils savaient tous deux qu'ils allaient revoir les leurs. Le nain tassa l’herbe à pipe dans la pipe puis l’alluma avec une méthode de feu par percussion, en frottant une lame d’acier contre de la pyrite.

La naine portait sur elle son armure habituelle, ne faisant plus qu’un avec elle, elle dormait à l’étroit, un pied posé sur le coffre qui était vingt centimètres plus loin, un autre sur le coffre d'affaires de Thôrumm. La bouche béante comme si nul ne pouvait déranger ce long silence. La naine ronflait, très fort d’ailleurs, on l’entendait à quelques dizaines de mètres à la ronde, pire que les bruits de roues sur la terre. Les deux béliers, de fiers, grands et beaux béliers, étaient tout blanc et leurs cornes en forme de spirale sortait largement d’une cinquantaine de centimètres. L’herbe à pipe sortant de la charrette donnait l’impression d’une petite maison crachant par la cheminée. Le nain s’amusait à chantonner les paroles de la chanson de Molgrunn. Il semblait heureux de retrouver les siens et ce plaisir était partagé par sa naine.

La charrette galopa encore dix minutes lorsqu’elle se prit une lourde bosse ce qui fit sursauter la naine qui se réveilla, frottant sa lourde tête qui venait de se cogner.

“N’est bintôt arrivé lô ? Demande la naine avant d’escalader la pile d’affaire pour repasser sur le devant de la charrette.”

Le nain ne répondit pas, laissant la naine observer les majestueuses portes s’offrant à eux. La grandeur et l’immensité de ces dernières firent verser quelques perles de larmes du nain. A-t-il rêvé de ce moment, oh oui plus d’une fois c’était désormais chose faite. Il était désormais temps pour les BranBolg de revenir là où tout a commencé. Peut-être l'un des leurs remarchera sur le doux trône d’Almis désormais surnommé l’insoumise. Les nains s’arrêtèrent quelques instants, là, sur cette route qui menait aux portes d’entrée. D’un geste simple, Thôrumm embrassa son pendentif en forme de pioche.

“Bonjour Lirgan, m’rci de ta compagnie jusqu’ici, nous voilà en sécurité désormais, penses-tu … Nous voilà parti sur notre nouveau chemin.”

La naine soupira de soulagement et la charrette continua sa route jusqu’à l’intérieur. Les portes de la citée étaient ouvertes, annonçant un nouvel ère et non pas des moindres. L’Almion n’était pas encore sécurisé, ni le septième souterrain d’Almis, tout était encore à faire. Un grand silence s’installa le long de la route, observant, se délectant de ce plaisir, larmoyant parfois. Le premier souterrain était sans doute le plus habité, il y avait aussi tous les lieux de commerçants, les temples et tellement d’autres choses qui dynamisent un petit peu la ville d’Almis. Pourtant tellement de travail était encore à faire, les nains se posèrent dans leur ancienne demeure au second souterrain, devant leur maison. Ils toquèrent au cas où si quelqu’un en avait pris le logis. Personne ne répondit, par chance pour eux, très certainement, le plus gros du travail allait sans doute arriver. les deux nains se mirent au combat, déchargeant les caisses et leurs affaires, s’acharnant à la tâche. Au loin, une silhouette apparut, une jeune naine, elle portait une pioche dans son dos et ses  yeux brun terre étaient magnifiques. Sa chevelure de couleur cuivre resplendissait à l’horizon. Il semblait que ce soit leur fille Durhobelynn, en arrivant, elle étreignit sa mère, la prenant plus d’une bonne dizaine de minutes dans ses bras.

“Qu’il est bon de vous revoir papa et maman. Ça fait tellement du bien, la route n’a pas été trop longue ?”

Thôrumm s’arrêta de décharger les caisses et reposa celle qu’il avait entre les mains sur la charrette.

“M’fille ! Si tu s’vais comme chuis contente d’te revoir ! Comment se porte la famille dis-moi ? prononça la mère, heureuse de revoir sa fille. Et Gragreg et Jothouc ! D’moi tout !”

“Durhobelynn, ma chère, comment vas-tu ? Ta soeur devrait nous rejoindre dans une dizaine de jours. J’dois aller voir Hutomli, l’un des Zagazkroni du clan, tu sais où il est ? Prononça son père en affichant un large rictus à la venue de sa fille. Ca fait combien de temps maintenant que tu es à Almis, trois ans c’est ça ? Comment se passe la vie ici ?”

“Gragreg et Jothouc vont bien. On a eu quelques passages assez difficiles ces derniers temps, mais ils se portent bien. La route n’a pas été trop longue ? C’fait combien de temps trente jours de voyage ? Je vais vous aider à décharger les marchandises.”

La fille prit un carton pour épauler ses parents dans la lourde tâche de décharger toute la charrette.

“Bon, je dois aller le voir tout de suite. Je reviens quand j’ai finis, on mange ensemble Durhobellynn, va donc prévenir les enfants, nous mangerons chez toi.”

Thôrumm se dispersa assez rapidement, c’est que les choses presssées, le clan avait besoin de se réunir très rapidement, certainement le mois prochain. Beaucoup de membres du clan était encore sur le trajet du retour, d’autres ne savaient pas encore s’ils reviendraient le mois prochain ou dans deux. Ce qui est sûr c’est qu'une bonne partie du clan s’était réuni dans la citée et reprendront leurs vies à Almis comme au bon vieux temps. Le jeune nain chercha le Zagazkroni, il connaissait l’ancienne demeure de son aîné et savait où chercher. Il prit la route de sa demeure au premier souterrain, arrivant devant la porte, la ville grouillait encore plus à l’étage, même si ça ne reflétait que très peu concernant la cité avant le voile. Une statue de Almisson le mangerune trônait à l’orientation sud de l’entrée, quant aux reste, la citée se découpait en plusieurs quartiers, avec notamment l’endroit où Hutomli vivait au nord.

De forme sphérique, la ville était éclairée par des braseros avec en son centre un énorme pilier qui s’enfonçait dans la capitale des religions du Zagazorn. Almis se dévoila sous ses charmes, bien moins fringante qu’avant, la municipalité tentait désespérément de respirer malgré les épouvantes qu’elle avait subi. Là dans le grand Khaton, souterrain le plus vaste et le plus habité d’Almis, habitait bon nombre des citoyens de cette grande et belle ville. Les gens vivaient, ni plus, ni moins, Le jeune Thôrumm, se dirigea vers la maison de son Zagazkroni tant recherché, pensant que ce dernier vivait encore à cet endroit. Il déambula dans les rues naines arrivant jusqu’à cette magnifique maison et y frappa, bien assez fort pour être audible. Un nain vêtu d’une armure sombre ouvrit la porte, une chope dans sa main droite. Ses longs cheveux grisonnant ne pouvaient que prononcer son âge bien avancée et ses iris étaient d’un marron prononcé.

“Par Lirgan … Prononça le vieux nain bouche-bée devant ce qu’il venait de voir. Entre donc, que je te remplisse ta chope que tu le mérites tant. Se tenant sur une canne, le dawi avançait péniblement vers sa cuisine pour y récupérer une pinte qu’il donna à Thôrumm. Ambrée, comme notre jeune et beau Thane l’aime. Quel plaisir que de te revoir, tu as tant changé depuis la dernière fois que je t’ai vu. Tu es revenu habiter à Almis ? Il est temps pour le clan de se réunir ici ?”

“Baruk Hutomli. Le jeune nain but une gorgée du délicieux nectar que le Zagazkroni venait de lui donner. J’ai fait longue route, mais il fallait qu’je vous vois très rapidemin’ pour organiser une réunion des anciens et du clan. On est en train de s’installer avec Barkrutha, vous n’avez qu’à venir manger avec nous chez ma fille, ma p’tite vint manger aussi vous serez le bienvenu vous le savez bien. Ca va bien faire trois ans que j’ai pas eu de vos nouvelles et vous revoir est un plaisir. Ecoutant ces douces paroles, le Zagazkroni avait déjà bu deux ou trois gorgées de la bière. Il est temps pour les BranBolg de nous rejoindre à Almis, je vous laisse avertir les autres anciens du clan, le temps que je finisse de déménager.”

“Et quand aura lieu cette dite réunion dis-moi Thôrumm, que penses-tu du début de mois prochain ? Ça nous laissera le temps de nous organiser et de prévoir le nécessaire pour recevoir tout le monde en bonne et due forme. Un Thryng se fait dans les règles de l’art. Je ne pourrais malheureusement pas venir manger, je dois aller manger chez un ami qui m’attend au second souterrain.”

"Je vois bien la date de Calihmetarus de la première semaine de Favrius, le début du printemps de l'an vingt deux du onzième cycle, nous discuterons à ce moment là de la réunion de clan."

Les nains continuèrent à boire tout en discutant pendant une bonne demi-heure sur des sujets divers et variés, notamment qui des nains BranBolg étaient arrivés à Almis. Ou encore quelle est la situation de la ville, les deux dawis se retournèrent ensuite en leur demeure, Avertissant le clan d’une tenue d’un Thryng le Calihmetarus de la première semaine de Favrius, le début du printemps de l'an vingt deux du onzième cycle.