[Autel] Entrevue entre deux bigots [Privé Valkayre][TERMINE]

Il était parfaitement seuls devant l'autel. Les badauds semblaient avoir déserté cette pièce de recueillement aussi certainement que des cloportes d'un cadavre décharné qui n'augurait plus de festin pour eux. La comédie n'était donc plus d'actualité et elle rengaina sa pièce - un sou est un sou- avant de relever sa voilette.
Le jeune homme pu distinguer la forme délicate de son visage, sa peau diaphane et ses yeux rubis, si étranges, si peu humains.

-Ensuite..Voulez vous restez là bas ou bien vous déposez juste votre cliente ?

La cliente...

Elle repensa à Soledad, à sa silhouette potelée et maladroite, ses manières d'ingénue. Et pourtant , elle lui avait annoncé ses buts avec une sérénité dénué de toute puérilité.

-Je veux choisir quand sera l'heure de ma mort et la manière dont ma vie prendra fin. Mais avant je dois revoir ma soeur.Vous voulez bien de moi comme cliente ?

Térébantine avait ouvert la bouche interdite. Ce petit bout de femme, dont les grands yeux verts limpides étaient enchassés derrière d'épais verre sde lunettes,avait posé sur elle un regard paisible, avec cette simplicité enfantine si déconcertante malgré l'incendie, malgré les poursuite d'Andreï de Maloven... Comme si tout était déjà écrit. La pugnacité tranquille de cette étrange demoiselle l'avait contraint à passer contrat avec elle presque pas surprise. Parceque Soledad semblait être la vie elle même dans sa plus pure forme, il était étrange de l'imaginer sous ses scalpels. Etrange et particulièrement fascinant.

Elle avait accepté. Et les emmerdes qu'il y'avait avec !

- Epargnez moi votre baratin illuminé. Pour le moment, je dois nous sortir de ce merdier foutrement alambiqué et le plus discrétement possible. Ma cliente est recherchée. Votre aide sera plus qu'appréciable. Votre prix sera le mien.

Elle aurait coupé un bras pour pouvoir fumer une bonne cigarette mécannienne pure, mais les bonnes soeurs de Deina ne l'aurait pas permis. Au lieu de ça, elle soupira. Elle aller quitter le continent comme une voleuse à peine quelques semaines après être revenue sur sa terre natale.

-Après, lorsque je l'aurais conduite à bon port. Je repartirais avec vous....seule. Quand nous retrouvons nous à Ydrill ?

Elle laissa échapper un soupir. Après tout , elle n'avait que faire des apparences et de la sensibilité du jeune homme. Elle sortit une tabatière-de facture naine vraisemblablement- d'un repli de sa robe et sans plus d'égard pour Deina s'en roula une petite pour apaiser ses poumons.

Un chef ? Ce gringalet avec cette vilaine cicatrice, fruit d'un chirurgien incapable sans doute, prétendait être le chef direct de la Lignée de l'Arbre Blanc. Elle ne savait pas si elle devait rire ou pleurer. C'était flatteur quelque part et sa prouvait sans détour que les Silencieux et l'Arbre blanc partageaient de vieilles amitiés, suffisamment tenaces pour que la tête des enfarinés s'adresse à elle... Ou bien c'était un menteur méphitique. Enfin, Papa et un vieil ami drow lui avait appris à ne pas se fier aux apparences. Qu'à cela ne tienne ! Elle n'avait guère le choix de toute manière : C'était crever à Diantra ou faire confiance à un parfait inconnu.

La petite Catain ? Hé bien, ça me dépaysera pas...

Elle tira une bouffée de cigarette qui nimba l'air d'une odeur doucâtre et musquée de tabac.

Hum... Nous seront prêtes pour ce soir si besoin est. Et puisque vous affectionnez le pseudonymes au romantisme adipeux je serais la Marchande de Suicide pour les intimes. J'ammène Lunettes et Moignon avec moi. Le premier mercenaire qui touche aux miches de mes ouailles se vera délesté de ses bourses...

Elle sourit, découvrant une dentition immaculée sous des lèvres d'un rouge cinglant. Un sourire qui n'avait absolument rien de charmant. Elle se leva, massant ses articulations rendues douloureuses pour cause de fausses prières intempestives. Elle butina une dernière fois à sa cigarette avant de recracher le contenu âcre dans l'air.

Oui, oui.. le bla-bla habituel ! Secret, Mystère, faux noms et tout le toutim ! Du moment que c'est éfficace ! J'aime les gens efficaces. A ce soir, le piaf. C'est un plaisir de travailler avec vous...

Elle écrasa sa cigarette sur l'autel et rajusta sa voilette de manière particulièrement obséquieuse. Lorsqu'elle sortit de la grande salle de recueillement de la Cathédrale elle croisa des bonnes soeurs qui couinèrent aussitôt à l'impudence en découvrant le mégot au pied de la statue de leur vénérée déesse.

Ne subsistait de Térébantine qu'un bruissement de soie grise sur les pavés du parvis...