Détresse [TERMINE]

La nuit était tombée depuis plusieurs heures déjà. Quelques étoiles parsemaient le ciel sombre et illuminaient de leurs éclats les petites ruelles de la ville. Des rires et des chants joyeux s’élevaient des diverses auberges et tavernes. Toutes les nuits se ressemblaient dans ce genre de cité. Cela faisait plusieurs mois que Lysia se trouvait dans cette capitale, et pas une soirée n'êtait passée sans que des hommes soient îvres morts dans une auberge, que ce soit à la tombée de la nuit ou en plein coeur de celle-ci. Déjà des ivrognes vomissaient dans les fossés, s’étalaient de tout leur long en travers des chemins, et hurlaient de rire avec leurs compagnons. Lysia n’avait jamais véritablement aimé l’alcool. En fait elle n’avait pas souvent l’occasion d’acheter une chope de bière. Elle soupira longuement ; boire l’aurait certainement réchauffée. Elle passa la main dans sa ceinture, et sortit discrètement sa bourse. Seulement quelques pièces… Non, elle ne pouvait se le permettre. Alors qu’elle rangeait son argent, une voix s’éleva derrière elle :
- Je vois que tu as besoin d’argent ?
La jeune femme posa les yeux sur son interlocuteur. C’était un homme d’une quarantaine d’année, les cheveux ébouriffés par le vent, tenant à bout de bras les rennes d’un étalon récalcitrant. Lysia l’observa quelques secondes sans réagir, puis répliqua :
- Uniquement si c’est un travail honnête messire.
- Evidemment. Veuillez vous occuper de mon étalon, il se nomme Gaventar. Offrez-lui une place dans un box de cette auberge, donnez-lui de l’orge ainsi que de l’eau, brossez-le, et je vous donnerais quelques pièces.
Sans attendre de réponse, l’homme déposa les rennes de sa monture dans la main de la jeune fille qui ne silla point. Elle acceptait le travail, de toute façon. Peut-être ces pièces lui permettraient-elle de se payer une bière ? Elle passa une main dans la crinière de l’étalon nerveux, et le mena jusqu’aux modestes écuries. Elle exécuta les ordres donnés par l’homme, puis s’assit dans la paille. L’ennui la gagnait déjà. Combien de temps voulait-il qu’elle veille sur son équidé ? Il n’avait donné aucun précision, mais elle ne comptait pas passer la nuit ici. Une demi-heure plus tard, Lysia se leva et se dirigea jusqu’aux portes des écuries. Immédiatement un cri retentit :
- Halte ! Vous là-bas, que faisiez-vous dans les écuries ?
La jeune fille balaya les alentours du regard, s’assurant que c’était bien à elle que le soldat parlait. Qu’avait-elle donc fait de mal ? Elle s’approcha de lui, s’interdisant fermement de trembler, et lui adressa un regard curieux. Celui-ci l’observa de haut en bas, et déclara :]
- Montrez-moi votre cheval.
- Ce n’est pas le mien noble soldat, seulement un étalon qu’un homme m’a demandé de soigner jusqu’à son retour, répondit la jeune fille sans une hésitation.
- Je m’en fiche, amenez-moi à lui, pauvre idiote ! cria-t-il avec force.
Lysia ne se le fit pas dire deux fois : elle se dirigea vers les écuries, et montra d’un signe de tête Gaventar qui broutait paisiblement dans son box. Le soldat jeta un coup d’œil à la monture, et se tourna vers ses compagnons qui l’attendait à quelques mètres des écuries, tout en lançant d’une voix forte :
- C’est bien lui. Embarquez-la.
- Quoi ? Je n’ai rien fais messire, je vous en prie ! Implora la jeune fille avec effroi.
Aucun des gardes ne prêtèrent attention à ses lamentations ; deux soldats se jetèrent sur elle et l’attrapèrent fermement aux bras. Elle se débâtit quelques secondes, mais se rendit rapidement compte que c’était inutile. Une perte d’énergie.
- C’est un étalon volé. Maintenant taisez-vous ou vous tâterez de mon épée ! jeta un des deux gardes d’un ton menaçant.
Les éclats de voix avaient attirés les gens qui se trouvaient dans l’auberge voisine, et déjà un attroupement prenait place autour des soldats et de la jeune fille. Celle-ci implorait les soldats de la laisser partir ; si elle partait avec eux, soit elle finirait sa vie en prison, soit elle se ferait exécutée pour vol de chevaux. Elle balaya le groupe de personnes autour d’eux, cherchant du regard l’homme qui lui avait confié l’étalon. Mais il n’était pas présent, évidemment. Tant de personnes... Et seulement quatre gardes ! Lysia jetai des regards effrayés autour d’elle, priant au plus profond d’elle-même pour que quelqu’un lui vienne en aide, de n’importe quelle manière. Elle était innocente…

[Comme mon perso se trouve actuellement à Diantra, je me permets (a)]

L'air était frais ce soir là, parfumé d'une odeur de foin tenace. La ville était calme, malgré les quelques saoûlards qui vomissait leur trop plein d'alcool dans les canivaux, gueulant des paroles incompréhensibles. La nuit, des hommes silencieux s'assemblaient dans l'obscurité, à l'abri des regards. Il s'agissait bien souvent de brigands, qui préferait la lumière pâle de la lune à celle trop éblouissante de l'âstre solaire. Ainsi, fréquenter les rues de Diantra en pleine nuit n'était pas chose très recommandée. Surtout lorsque l'on était une femme. Cependant, en dépit des avertissements, Aewyl flânait. Elle sortait d'une taverne dans laquelle elle avait passéla soirée, et n'était pas decidée à dormir tout de suite. Alors pour tuer l'ennui, et occuper ses pensées, la jeune femme se promenait du côté des écuries d'une petite auberge. Du bout des doigts, elle effleura les robes lustrées de quelques chevaux mastiquant leur paille. Elle même manquait d'un cheval, mais il lui fallait une place dans une écurie avant d'en acquérir un. Après tout, elle était une cavalière! Il lui fallait réclamer une place dans une quelconque écurie, sans quoi elle effectuerait ses voyage à pied. Ainsi, un eventuel voyage en terre elfique se révélerait impossible, du moins trop compliqué. Elle était actuellement cloîtrée dans le territoire humain, pour un moment.

Un bruit de pas attira son attention. Il était suivi par le martèlement de sabots sur une dalle, et Aewyl se retourna. Une jeune femme passait, les rènes d'un étalon à la main. Elle s'occupa de lui avant de se laisser choir sur le sol, semblant attendre quelque chose. La seule réponse qui vint à son attente fut un éclat de voix, l'interpellant. Aewyl s'accoupit aussitôt, se dissimulant de la vue du garde. L'accès aux écuries était interdit pour quiconque n'y avait pas son cheval. La jeune femme entendit l'échange, et le bruit des gardes attrapant l'accusée. Elle rejoinit le petit groupe qui s'était formé devant la scène, observant sans bruit la voleuse qui se débattait. Aewyl fit la moue. A vrai dire, la jeune femme n'avait pas vraiment l'allure d'une voleuse, et son attitude n'était que trop peu suspecte. A coup sûr, si Lysia ne parvenait pas à faire entendre raison à ces gardes bornés, la jeune femme serait mise en prison, après avoir sans doute servi de jouet à ces hommes.

Aewyl hésitait à intervenir, comme bon nombre de gens derrière elle. Elle n'avait aucune preuve de l'innocence de la demoiselle, ormis son instinct, et mieux valait ne pas se mettre en travers des actions de la garde. Mais les yeux implorants de la potentielle future victime dépassèrent ses ultimes réticences, et d'une voix peu assurée, la cavalière demanda: " Peut être dit elle la verité? "

Les deux gardes bousculaient Lysia, imperturbables à ses implorations, lorsqu’une voix hésitante s’éleva du groupe de villageois rassemblés :
« Peut-être dit-elle la vérité ? »
C’était une voix de femme. Quelqu’un qui ne voulait pas s’impliquer complètement dans le conflit, mais qui ressentait certainement l’innocence de Lysia. Cette dernière leva les yeux et posa son regard sur la femme qui avait parlé. Une jeune femme brune, d’une vingtaine d’année, le regard peu assuré. Les bras immobilisés par les gardes, Lysia réfléchit rapidement à un moyen de s’enfuir. Un des deux gardes prit soudain la parole, d’une voix aggacée :
- Taisez-vous, bande de chiens galeux ! Cette femme est une voleuse, rien ni personne ne nous empêchera de l’embarquer.
Un autre soldat ricana avec force, le regard posé sur le corps de la jeune fille qui avait cessé de se débattre. Lysia se retint de lui cracher dessus –mieux valait ne pas aggraver son cas déjà bien grave- et reposa son regard sur les villageois. Elle les implora tous du regard, espérant qu’une autre personne aurait l’audace de s’opposer aux soldats. Déjà les quatre gardes reprenaient la route, menant avec rapidité la jeune fille jusqu’à une petite carriole. Cela faisait la deuxième fois qu’elle avait à faire avec des gardes, en si peu de temps ! Elle hurla avec force, en dernier recours :
- Défendez-moi, bon dieu ! Vous voyez bien que je ne suis pas une voleuse !
- Tais-toi, sale mendiante, lança un des soldats tout en assenant un coup de pied à la jeune femme qui cria de douleur, sentant avec désespoir une terrible douleur envahir sa jambe droite.

HJ : très court, mais dur de faire plus dans cette situation.

[C'pas un soucis ^^ J'doute de pouvoir faire plus pour le moment XD]

Assurément, cela n'était pas une manière de traiter les femmes, même soupçonnées de vol. Après tout, une pauvre jeune fille contre quatre gardes armés et virils, c'était là un combat bien inéquitable. Lorsque l'un d'eux lui décocha un coup de pied, Aewyl marqua un pas en avant. Elle n'avait pas franchement de quoi s'interposer, et pourtant, passer la nuit en tout liberté en se disant qu'une jeune femme était cloîtrée dans une cellule lui paraissait injuste. Un murmure parcourut le groupe de spectateurs rassemblé là. Ils protestaient bien faiblement contre la manière qu'avaient les gardes de traiter la jeune femme. Cependant, la remarque d'Aewyl en avait fait réagir certains, qui commencèrent à contester l'acte des gardes. Ce fut d'abord une petite remarque, puis plusieurs. " J'ai vu cette femme discuter avec un homme dans la rue! Il lui a donné les rènes de ce cheval! " annonça l'un d'entre eux. Ignorant les témoins, les hommes en uniforme menaient la jeune femme vers une cariolle.

" Attendez, messieurs! " C'était là le gérant de l'auberge qui sortait, intrigué par tout ce raffut. Quelques mots échangés avec un client et il fut mis au courant de l'affaire. Il essuya ses grandes mains usées sur son tablier et s'avança vers les hommes qui emmenaient Lysia. " Il y a sûrement moyen de discuter.. Allons, cette jeune femme n'a pas la carrure d'une voleuse! Laissez la s'expliquer, avant de mettre la mauvaise personne au trou! ". Le tavernier était somme toute quelqu'un d'influent puisque les gardes s'arretèrent, dévisageant l'homme, pesant le pour et le contre.. Ils se jetèrent un regard entendu, et se tournèrent vers la jeune femme, prise dans l'étau des bras de l'un d'entre eux.. " Alors? Vous avez quelque chose à dire? "

Lysia eut du mal à entendre ce que les autres disaient pour sa défense. Elle tentait d’atteindre sa jambe avec sa main, mais rien n’y faisait : les gardes la tenait beaucoup trop serrée pour qu’elle y parvienne. La douleur s’amplifiait chaque seconde un peu plus, et elle se mordit les lèvres pour ne pas crier. Elle leva les yeux vers les quelques personnes qui agitaient les lèvres, mais elle n’entendait pas ce qu’ils disaient. Elle ferma les yeux avec force, puis les rouvrit, et tout fut plus clair : les gens prenaient sa défense, c’était certain maintenant. Ce qu’elle ne comprenait pas, c’était pourquoi ce simple coup de pied l’avait étourdie à ce point ? Elle jeta un coup d’œil furtif à la botte de son agresseur, et se rendit compte qu’elle était parsemée de petit pics de métal. Voilà pourquoi la douleur avait été si forte… Le soldat la redressa d’un mouvement brusque du bras, et l’obligea à regarder autour d’elle.

" Il y a sûrement moyen de discuter.. Allons, cette jeune femme n'a pas la carrure d'une voleuse! Laissez la s'expliquer, avant de mettre la mauvaise personne au trou! "

C’était l’aubergiste qui avait parlé. A cet instant, Lysia avait envie de lui sauter au coup pour l’embrasser. Il l’avait peut-être sauvé, avec ces simples paroles. Mais elle avait beau scruter le groupe de personnes, l’homme qui lui avait confié le cheval n’y était point. Quel sale…

" Alors? Vous avez quelque chose à dire? "

Lui demanda l’un des gardes. Lysia le regarda dans les yeux, puis se ravisa. Elle baissa la tête d’un air soumis –mieux valait faire la jeune fille effrayée que la femme récalcitrante- et réfléchit rapidement. Puis elle releva la tête d’un air hésitant, et déclara doucement :

- Oui messire, je ne suis pas celle que vous recherchez. Un homme d’une quarantaine d’année, il y a quelques heures, m’a demandé de s’occuper de cet étalon. Il avait… de longs cheveux ébouriffés, je suppose donc qu’il avait longtemps galopé avant d’arriver jusqu’ici. Je vous jure, messire, que je n’y suis pour rien.

Les soldats, agacés, d’avoir rencontré de la résistance parmi les villageois, se concertèrent à l’aide de rapides coups d’œil. Finalement, les deux qui la tenaient fermement la lâchèrent avec dégout. L’un d’eux lui jeta un regard furieux et déclara :

- Tu t’en tire bien pour cette fois, mais si je te revois par ici, c’est égorgée dans un fossé que tu finiras.

Puis il la gifla avec force, lui arrachant un cri de douleur. Elle s’étala au sol, portant une main à sa joue brulante. Ils n’étaient pas contents d’avoir perdu l’occasion de fournir une nouvelle prisonnière dont ils se seraient servis comme d’une putain dans les cachots. Elle resta au sol, misérable, attendant que les quatre soldats s’éclipsent. Lorsqu’enfin ils furent loin, elle regarda les gens s’éloigner l’un après l’autre, lui jetant des regards de pitié. Elle se retenait de pleurer, les mains crispées contre sa jambe qui la faisait toujours souffrir.

Les explications de la jeune femme ne tardèrent pas à arriver, clâmant son innocence. L'air courroucé des gardes était éloquent: ils avaient perdu leur proie et en étaient fortement frustrés. Ils la relachèrent, et l'un d'entre eux proféra des menaces.. Bah, c'était tout de même mieux d'une application directe de ces paroles. En revanche, la gifle qui mit à terre la jeune femme était peut être superflue. Si c'était là les seuls moyens qu'avaient les gardes pour soumettre leurs prisonniers.. Aewyl soupira doucement. Lorsque les gardes eurent deserté l'endroit, l'un d'entre eux emmenant l'étalon par la bride et que les spectateurs se furent disperés, la cavalière s'approcha. Elle observa un instant la jambe repliée et la joue encore rouge de la jeune femme, et s'accroupit à ses côtés. Ces douleurs disparaitraient plutôt vite, mais son visage ne s'effacerait pas immédiatement de l'esprit des gardes. Aewyl ignorait tout des raisons qui avaient poussé la jeune femme à obéïr aux demandes de l'homme. L'avait-il menacé? Lui avait il donné de l'argent? Quoiqu'il en soit, il l'avait mit dans une bien mauvaise posture, et la jeune femme devrait éviter au maximum de se faire remarquer tout le temps qu'elle passerait à Diantra. Du moins pendant quelques semaines, histoire de se faire oublier.

Aewyl posa sa main sur l'épaule de la jeune femme, et l'aida à se relever, avant de l'entraîner sous le toît de l'auberge voisine. " Suivez moi " Elle lui adressa un sourire bienveillant. Il ne faisait pas très chaud dehors, et une fois dans la salle principale de l'auberge, une douce chaleur se répendit dans le corps de la cavalière. Elle s'approcha du comptoir, et demanda deux bières. Elle avait passé la première partie de soirée dans une taverne bruyante, et elle la finissait dans une auberge chaleureuse. On aurait vite fait d'associer son visage à celui d'une alcoolique. Elle réprima un sourire à cette pensée: elle ne refusait jamais une chope de bière. En quelques pas, elle rejoignit une petite table circulaire, et y déposa les boissons. Elle tira une chaise en bois et s'y assit avec légereté, invitant Lysia à faire de même d'un signe de la tête. Aewyl prenait des initiatives sans savoir si cela convenait à la jeune femme, mais l'histoire l'intriguait un peu, et elle souhaitait assouvir sa curiosité. Elle leva sa chope, la cognant contre celle de Lysia. " Aux gardes " lâcha-t-elle dans un sourire narquois.

Dans la douce ambiance de l'auberge, chaleureuse et légèrement voilée, Aewyl se détendit. Elle étira ses jambes et appuya ses deux coudes sur la table, retenant un baillement. La nuit était déjà bien avancée. Elle tourna ses yeux vers la jeune femme, et se présenta en quelques mots, un sourire léger pendu aux lèvres: " Je m'appelle Aewyl " Puis elle porta la chope à ses lèvres, et la bière mousseuse s'écoula dans sa gorge.

Aewyl observa l'inconnue appliquer de l'onguent sur ses blessures. Au moins, elle avait tout ce qu'il fallait dans son sac. Une lueur de méfiance brillait dans le regard de la jeune femme, et le sourire chaleureux de la cavalière ne parvenait pas à l'eteindre. Elle abandonna, et plongea ses yeux dans sa chope, attendant une éventuelle réponse à sa présentation. La réponse vint, en effet, mais la jeune femme ne déclina pour autant pas son identité. Aewyl haussa les épaules. " Effectivement, cela ne m'apportera rien. " Prenant tout à coup conscience que son ton s'était refroidi, elle se radoucit. Quelques secondes s'écoulèrent, durant lesquelles elle reflechit. Pourquoi l'avait elle aidé? Bonne question. Peut être simplement parce qu'elle ne cautionnait pas les injustices? Sans doute n'importe qui aurait imité son geste. Les gardes avaient des droits, des devoirs surtout, mais ils n''en étaient pas moins des pions sur l'échiquier de la justice. " Je vous aidé parce que ce soir, je dormirai en liberté. Si je ne l'avais pas fait, vous auriez passé la nuit entre quatre murs suintants et moisis d'humidité " Cependant, la dernière remarque de l'inconnue la faisait rire intèrieurement. Comme partout ailleurs à Diantra, personne ne prettait attention aux autres, à moins qu'ils ne soient embourbés dans quelques ennuis. Et nul n'échappait à la règle, ormis la noblesse. La jeune femme n'était certainement pas plus mal lotie que d'autre.

Dans un mouvement rapide, Aewyl raplia ses jambes sous sa chaise et se pencha imperceptiblement vers l'avant, s'appuyant sur ses coudes. " Je pense que n'importe qui l'aurait fait à ma place. Ce n'est pas moi qui les ai incité à vous relâcher.. " Elle laissa à nouveau passer quelques secondes, durant lesquelles elle semblait en proie à une reflexion. L'hésitation passa furtivement sur son visage aux traits pourtant détendus. Elle n'était pas sûre de devoir poser cette question, au vu de la claire méfiance de son interlocutrice, mais la curiosité prit le pas sur la retenue. " Vous obéissez à n'importe quel ordre que vous donne un homme, ou aviez vous quelques motivations à vous occuper de ce cheval? " Autour d'elles, les clients de l'auberge discutaient avec animation. Ainsi, leur discussion, aussi innffensive fut-elle passait innaperçue aux oreilles voisines. Malgré l'heure tardive, l'activité de cet établissement ne désemplissait pas.

Le fait que Lysia ne lui dévoile pas son identité l'avait certainement aggaçée, à en juger par la froideur de sa réponse. Quelle importance? Elle attrapa sa chope, et bu le reste de la bière, au cas où la femme changerait brutalement d'avis. Elle leva les yeux vers la jeune femme lorsqu'elle parla :

" Je vous aidé parce que ce soir, je dormirai en liberté. Si je ne l'avais pas fait, vous auriez passé la nuit entre quatre murs suintants et moisis d'humidité "

De la pitié. C'était donc pour cela qu'elle l'avait aidé? Lysia sourit. Le contraire l'aurait étonné, de toute façon. L'étrange expression qu'elle prit lorsque Lysia finit sa phrase l'aggaça. L'avait-elle donc invité à boire uniquement pour la regarder ainsi? En quelques phrases l'inconnue lui avait fait comprendre qu'elle n'y était pour rien -ou presque- dans son relachement, et pis encore, que si elle avait parlé, c'était par simple pitié. Lysia jeta un coup d'oeil à son verre vide, et posa son regard sur la jeune femme qui lui posa une question.

" Vous obéissez à n'importe quel ordre que vous donne un homme, ou aviez vous quelques motivations à vous occuper de ce cheval? "

La curiosité l'animait donc un minimum pour qu'elle demance cela. La jeune fille réfléchit rapidement. Devait-elle lui dire la vérité? Ou tout simplement se lever et s'en aller devant l'impolitesse évidente de son "hôte"? Certes elle-même n'avait pas été très correcte en évitant de dévoiler son nom, mais c'était courant à Miradelphia. Les gens ne donnaient par leurs nom pour se protéger, voilà tout. Cette femme avait du y voir une certaine hostilité. Et pourtant il n'y en avait aucune. La jeune fille se leva finalement, dans un silence pesant, puis ajouta:

- J'avais une motivation, en effet. De l'argent. Merci pour cette bière, mais je tenais à dire que votre pitié me répugne. Vous êtes intervenue pour cela, n'est-ce pas? Votre conscience n'aurait pas été tranquille, par la suite, dans votre bon lit bien chaud? Allez donc voir d'autres mendiants pour tranquiliser votre conscience, et assouvir votre curiosité. Salutations.

Sur ces paroles prononcées avec calme, Lysia se détourna de la jeune femme, et s'éloigna de la petite table. Elle était revigorée par cette bière, et sa jambe allait mieux. Elle frôla sa joue encore chaude, puis sortit de l'auberge en soupirant. Elle aurait aimé rester à l'intérieur, réchauffée par ce bon feu de cheminée, mais elle n'avait pas d'argent pour se payer une autre boisson. Et les aubergistes n'aimaient pas servir de gîte aux vagabonds.

HJ: terminé? xD

[HJ > J'pense que oui même si j'passe pour la méchante XD Bref c'pas grave =)]