Une nouvelle recrue?

Hrp : ceci se passe après mon épisode à Ydril.

Cela faisait maintenant une semaine que Lysia avait parlé à Nakor le magicien. Elle était enrôlée dans la Lignée de l’Arbre Blanc. Ou plutôt presque enrôlée ; il lui restait une épreuve. Celle de se rendre au QG de la guilde. Elle n’en avait parlé à personne, comme le lui avait ordonné le vieil homme. De toute façon, elle n’avait personne à qui le raconter. Un vieil ami de ses parents avait bien voulu lui céder une monture. C’était une jument nommée Sereine, qui répondait à un petit sifflet de bois ; son propriétaire l’utilisait autrefois pour les caravanes, ce qui expliquait cet étrange dressage. Lysia était déjà sur son dos, et parcourait les ruelles de la ville en direction de la sortie. Elle sortit de la cité (Ydril) le cœur vaillant. Elle s’arrêta sur une petite colline qui offrait une vue magnifique sur les vastes terres humaines. Elle noua ses cheveux avec un très léger fil de cuivre, et rajusta sa petite dague dans son fourreau. Puis elle resserra la besace fixée à sa taille, et se mit en route. Le voyage était très long, et pourtant elle ne ressentait aucun découragement. Elle s’était procurée une carte avec les dernières pièces qui lui restait. Sa bourse était complètement vide. Et curieusement, cela ne la dérangeait pas plus que ça. Elle avait beaucoup de chemin à faire. Au départ elle comptait prendre un bateau, pour passer directement d’Ydril aux falaises d’Arkan, mais elle n’avait pas l’argent pour se payer le voyage. Et de toute façon, si Nakor avait exigé d’elle ce long voyage, ce n’était certainement pas pour qu’elle se pose sur un bateau à regarder le ciel. Elle talonna légèrement sa jument qui prit le petit trot en direction la plaine d’Atral ; ce sera sa première étape.



Plusieurs jour s’écoulèrent jusqu’à ce qu’elle parvienne jusqu’à Atral. Elle ne rencontra aucun bandit, à son grand soulagement. Mais ce n’était pas cette première destination qu’elle redoutait particulièrement. Lorsqu’elle arriva sur la plaine, le calme qui y régnait était tellement complet qu’elle se croyait sur des terres elfiques. C’était à la tombée de la nuit, et Lysia la trouvait tout simplement magnifique. Elle s’arrêta pour la nuit, puis prit toute la journée du lendemain pour la traverser. Elle devait maintenant traverser la forêt d’Aduram pour rejoindre les falaises. Cette forêt était réputée pour être dangereuse à traverser. Elle devait donc rester sur ses gardes pendant toute la durée que prendrait la traversée… Elle devait économiser les forces de Sereine au cas où des bandits la mettrait en chasse.



Lysia était au petit galop lorsque des brigands lui tombèrent dessus. Ils étaient trois, mais à pied. L’un d’eux se jeta sur la jument de la jeune fille, faisant cabrer la monture ; Lysia tomba dans un grand fracas, avalant une bouffée de poussière au passage. Déjà la jument s’éloignait du groupe au grand galop. La jeune fille maudit son inconscience, et se releva rapidement. Elle sortit sa dague, et posa son regard sur les trois voleurs. Ceux-ci semblaient être d’habiles combattants, à en juger par le nombre d’armes qu’ils possédaient. Lysia prit la parole d’une voix forte :

- Que voulez-vous ?
- Ton argent, et autre chose, ricana l’un d’eux.

Lysia s’en doutait ; elle jeta un coup d’œil aux alentours. Comment allait-elle s’en sortir ? Elle palpa sa besace, à la recherche d’un quelconque objet qui l’aiderait. C’est alors qu’elle sentit la forme du petit sifflet que lui avait confié le propriétaire de Sereine. Elle le sortit avec vivacité, et siffla comme une forcenée. Si la jument se ruait sur elle, peut-être aurait-elle la chance de monter et de s’échapper ? Au bruit que fit le sifflet, deux brigands se ruèrent sur la jeune fille. Cette dernière recula d’un pas, et agita sa dague à droite et à gauche, comme le lui avait apprit son père il y avait longtemps. Les voleurs parurent surpris ; mais à trois contre une, il prendrait rapidement le dessus. L’un d’eux s’avança un peu trop prêt, et Lysia lui appliqua une large blessure sur le bras droit. Il poussa un cri de rage et se jeta sur elle, l’épée brandit. La jeune fille évita de peu la pointe de l’arme, mais la sentit s’enfoncer tout de même au niveau de sa jambe gauche. Elle se mordit les lèvres pour ne pas crier, et fut rassurée d’entendre les bruits de sabots de Sereine qui revenait au grand galop vers Lysia. Cette dernière rompit le combat en deux mouvements, et, ignorant sa jambe qui la faisait terriblement souffrir, se jeta sur la jument qui s’arrêta net. La jeune fille la talonna brusquement, l’obligeant à repartir immédiatement ; ce qu’elle fit tout de suite. La fin de la traversée se passa sans trop de problème.



Ces immenses montagnes laissèrent Lysia complètement émerveillée. Mais pas seulement ; comment allait-elle faire pour se rendre à Evenstar avec la jument ? Cette dernière n’était pas vraiment dressée comme un chamois. Elle décida donc de laisser la jument s’en aller, en espérant que le vieux marchand ne lui en voudrait pas. La longue ascension prit plusieurs jours. Maintes fois sa jambe blessée –elle avait bandé sa blessure avec un bout de sa tunique- l’obligea à s’arrêter pour se reposer, mais cela ne la dérangea pas plus. Plus d’une fois elle manqua de tomber dans le terrible vide qui s’offrait sous ses pieds, mais elle s’en tira avec quelques égratignures. Elle rejoignit les sentiers battus dont lui avait parlé Nakor avec un soupir de soulagement ; elle n’était pas passée par Kirgan, mais apparemment, cela n’avait pas d’importance. Elle rencontra cet étrange chêne, mais ne se posa pas de questions. Elle s’aventura au nord, marchant avec toujours plus de courage à chaque pas. Elle y était presque, elle le savait. Enfin le camp fut en vue.



La jeune fille parvint éreintée jusqu’au camps gardé par deux soldats. Elle s’arrêta devant eux, et ces derniers la regardaient avec méfiance. Lysia les observa quelques secondes sans rien dire ; le temps de reprendre son souffle, puis prit la parole :

- Bonjour… Je m’appelle Lysia. Je cherche Nakor le magicien qui prétend que la magie n’existe pas.

Elle se sentit terriblement idiote en disant cela. Et pourtant, les visages des deux gardes s’illuminèrent. Ils rirent doucement, et acquiescèrent d’un signe de tête :

- C’est bon, continue tout droit, et assieds-toi sur un banc de pierre ; il te rejoindra quand il le pourra.

Lysia poussa un soupir de soulagement, et s’executa. Elle s’assit sur un banc, et entreprit de nettoyer sa blessure à la jambe. Elle y déposa quelques herbes, puis ferma les yeux. Elle y était arrivée. Enfin.

Lysia fronça les sourcils au mot "familier". Sereine... Etait-elle son animal familier? Que cela pouvait-il bien dire? Elle ne posa pas de question, attendant la suite de son discours, qui traduisait bien le fait qu'elle ne devait pas rester dans l'incompréhension. Elle acquiesça d'un signe de tête, jetant des coups d'oeil aux chevaux qui galopaient de leur plein grès sur le petit chemin qui menait au camps. Elle sourit; Sereine reviendrait surement. Et Nakor en était persuadé; voilà une raison de plus pour l'être. Lysia reposa les yeux sur le magicien, et écouta attentivement tout ce qu'il lui déclara. Il avait tellement de choses à dire! Elle n'avait pas l'habitude de discuter ainsi. Elle devrait s'y entrainer dès maintenant. Elle prit donc la parole d'une voix paisible :

- La lumière; tromper les plus riches, berner les plus intelligents. Quoi qu'il m'en coûte. Car une fois à découvert, il pourra m'arriver tellement de choses... Mais je vous fait confiance. Et de toute façon, perdre la vie pour une telle cause ne me dérangera pas. Je préfère cela à périr dans l'ombre.

Elle acquiesça d'un signe de tête, comme pour prouver par ce geste que ce qu'elle disait était la stricte vérité. Elle était décidée, et rien ni personne ne pourrait l'éloigner de cette toute nouvelle route qui s'offrait à elle. Lysia passa une main dans ses cheveux bruns, et jeta un coup d'oeil aux alentours. Le camps était parsemé de gens étranges qui se déplaçaient en silence, activement, comme tous animés par une quête semblable. C'était le cas, en quelques sortes. La jeune fille reposa les yeux sur Nakor, et l'observa un instant sans dire mot. La requête du magicien concernant les réponses "intelligentes" la rendit perplexe. L'intelligence n'était pas le problème; Lysia avait beau n'avoir reçu aucune éducation, elle n'était pas une simple d'esprit. Elle réfléchissait rapidement, et ses sens étaient aiguisés par ses longs périples dans les ruelles des diverses cités humaines. Mais... Son intelligence n'était peut-être pas celle que Nakor attendait?

- Quand aux réponses pertinentes; J'espère être à la hauteur de vos espérences. Mais... je n'ai reçu aucune éducation, cela peut-il influencer mon esprit de logique?

Elle baissa les yeux, songeuse. De toute façon le magicien lui donnerait des exemples. Elle se sentait capable de répondre à n'importe quel dilemne. Son regard se posa à nouveau sur ses yeux, et elle serra un peu plus ses mains dans les siennes, chaudes et réconfortantes. Où serait-elle maintenant si elle n'avait pas rencontré Nakor chez les elfes? Certainement entrain de se déplacer dans des ruelles sales et dangereuses, cherchant désespérément un petit travail pour gagner assez d'argent pour manger ce soir. Elle aurait aimé remercier le magicien. Elle le ferait.

- Et j'ai une question; de quoi parliez-vous lorsque vous avez dit "animal familier"? Par rapport à Sereine?

Voilà, question posée. Elle espérait seulement que Nakor ne la prendrait pas pour une ignorante. Elle l'était, dans un sens. Elle rejeta ses cheveux en arrière, et laissa glisser son regard sur celui de Nakor. Il était profond, et décelait tellement de mystères. Qu'avait-il vécu? Tellement de choses, c'était une évidence. Six cent ans. Tant d'années... Elle n'avait vécu que dix-huit ans. Quel chiffre ridicule à côté de celui du magicien! Elle sourit doucement, et se demanda brusquement si elle avait bien répondu à la question de Nakor. Oui; lumière. Elle avait vécu trop longtemps dans l'ombre.

Lysia écouta avec interêt l'explication de Nakor sur les familiers. Lorsqu'il eu terminé, elle se rendit compte qu'elle avait déjà entendu parler de cette forme de magie. Dans des contes, certainement. Un animal qui se liait à un humain... Les bardes et ménestrels aimaient raconter ce genre d'histoires. Elle croyait simplement que tout ceci n'était que légende! Elle acquiesça donc d'un signe de tête, pensant à Sereine. Ou pouvait-elle bien être? Son regard s'égara, voyageant le long du chemin que la jument devait emprunter pour la rejoindre. Elle cru la dinstinguer, trottinant à travers une vaste forêt; puis tout disparu. La voix de Nakor venait de retentir, et Lysia se devait de l'écouter. Elle reposa les yeux sur lui, et écouta la suite. Il la rassura considérablement en assurant que son manque d'éducation n'était point un obstacle. Elle sourit légèrement, puis réfléchit à la question qu'il venait de poser. Elle prit la parole d'une voix confiante:

- Si vous me redemandiez la même chose... Je repasserais par Ydril. C'est là-bas que j'ai rencontré Sereine. Ensuite, je prendrais une allure moins précipitée jusqu'à la plaine d'Atral. Pour ensuite traverser la forêt d'Aduram plus rapidement, et éviter de tomber sur des bandits. J'essayerais également de me rapprocher plus de la côte: la forêt y est moins importante, et donc moins dangereuse. Ensuite... Je trouverais un moyen de ne pas abandonner Sereine. Si un sentier aisément franchissable avec une monture existe, j'aurais du le trouver.

Lysia posa un regard songeur sur Nakor, puis acquiesa d'un signe de tête. Elle était satisfaite de sa réponse. A vrai dire elle y avait déjà pensé. C'était dans ses habitudes de se remettre en question, pour ensuite éviter de faire la même erreur une seconde fois. Elle posa les yeux sur le sentier parsemé de chevaux, et se leva vivement; Sereine était la! La jument trottait doucement, et semblait couverte de boue. Lysia se dirigea vers elle de quelques pas, et attendit, l'observant en souriant. Elle s'approcha d'elle et s'arrêta net, baissant l'encolure comme ci elle attendait une récompense. La jeune fille passa une main sur son chanfrein, et se retourna vers Nakor.

- Elle est revenue! S'exclama-t-elle en souriant.

La jument poussa un léger hénissement, puis se retourna, et partit manger en compagnie des autres chevaux. Lysia l'observa un court instant, puis reporta son attention sur le magicien. La jument avait fait vite... La jeune fille savait qu'elle reviendrait, mais pas aussi tôt. C'était tant mieux! Elle jeta un coup d'oeil à Sereine, puis se rassit sur le banc, aux côtés du magicien.

- Que pensez-vous de mon précédent discours?

Elle espérait avoir répondu juste à la question de Nakor. C'était une sorte de test pour elle. Y répondre "juste" était la meilleure façon de se prouver à elle-même qu'elle était capable de suivre toute cette éducation qu'il lui imposerait. Ou plutôt lui offrirait. Elle était impatiente de commencer à apprendre tout ce qu'il avait à lui enseigner. Elle comptait bien s'y lancer à fond; qu'avait-elle d'autre à faire de toute façon? Et son engagement pour la Lignée était la chose la plus importante pour elle à partir de maintenant.

Lysia l'écouta avec une grande attention; il ne la jugeait pas, et rien que cela la rendait tout de suite bien plus à l'aise. Elle avait craint les reflexions singlantes à son égard, mais c'était mal connaitre Nakor apparemment. Jouer avec les hommes... Elle s'en doutait. Le voyage qu'elle avait passé pour venir ici fut extrêmement enrichissant au niveau de la reflexion; elle avait eu le temps d'y penser. Et une espionne aussi jeune qu'elle qui ne se sert pas de la séduction n'était pas une véritable espionne. N'importe quel homme est vulnérable à ce niveau-là. Elle sourit donc, complètement d'accord avec les paroles du magicien. En revanche lorsqu'il avoua le peu d'ampleur que prendrait l'amour dans sa vie, elle resta muette. Certes manipuler ne la dérangeait pas; mais elle se connaissait: elle avait besoin d'amour. Ces quelques années passées seule à vagabonder le lui avait enseigné ce besoin là. Elle baissa les yeux un court instant, puis se résigna. Elle y réfléchirait plus tard. Et Nakor n'était pas dupe; il l'aiderait certainement à trouver une solution.

- Je vois...

Elle eu à peine le temps de finir sa phrase qu'il reprenait un long discours. Ses paroles étaient loin d'être ennuyeuses; elle reposa donc les yeux sur le magicien, et écouta la suite. Elle fut d'abord déçue de la fausseté de sa réponse; n'avait-elle donc aucune connaissance? Puis elle accepta. Elle avait dix-huit ans, ne savait ni lire ni écrire, et avait perdu ses parents à l'âge de douse ans. Que pourrait décemment savoir une femme comme elle? Et Nakor était là pour l'instruire. Elle se rassura ainsi, et posa un regard songeur sur la barbe du magicien. Un convoit... Oui, effectivement. Elle avait prit une caravane pour aller de la cité elfe jusqu'à Ydril. Alors pourquoi ne pas s'engager dans un véritable convoit pour aller jusqu'aux falaises? Simplement parce qu'elle n'avait pas d'argent. Et les idées de Nakor pour se faire une place ne lui avait pas traversé l'esprit.

- Cela parait si facile lorsque vous en parlez! J'aurais du y penser, c'est évident.

Elle sourit enfin, et se leva à la suite du vieil homme. Elle déposa sa main dans la sienne, et le suivit, retrouvant cet air innocent qu'elle avait quitté bien trop tôt. Elle sentit une bouffée de bonheur qu'elle n'avait pas connu depuis longtemps. Ils se dirigèrent tous deux vers les écuries, Lysia choisissant soigneusement ses mots pour répondre à Nakor. Oui, elle commençait à y voir plus clair, c'était certain. Elle entrait dans une guilde qu'elle ne quitterait jamais plus, quoi qu'elle fasse. Elle venait de s'engager dans un immense tournant de sa vie, c'était une évidence. Et elle en était heureuse. Peut-être même qu'un jour, elle pourrait retrouver ses parents? Après tout, si elle s'introduisait chez les nobles, il y aurait des chances qu'elle tombe sur eux. Si un jour cela arrivait... Elle les délivrerait, et ferait payer tous ceux qui avaient osé les tourmenter. Elle revint brusquement à la réalité, fronçant les sourcils. Elle était une espionne, et rien d'autre; jamais elle ne pourrait délivrer des esclaves sans passer innaperçu. Elle posa les yeux sur le magicien, et prit la parole:

- Nakor... Mes parents. Je ne sais pas si je saurais me controler si... Elle s'arrêta net, baissant les yeux. Puis elle continua, d'une voix ferme : J'y arriverais. Oui... Je vois très bien ce dans quoi je m'engage, et je ne reculerais pas.

Elle était sincère. Jamais elle ne reculerait; peut-être un jour regretterait-elle ce choix? Mais elle était presque certaine que ce ne serait jamais le cas. Elle jeta un coup d'oeil au palfrenier qui sembla la dévisager, mais n'y accorda aucune importance. Elle posa les yeux sur sa main posée dans celle du magicien, et se demanda soudainement si ce n'était pas pour cela qu'on l'avait observé étrangement; elle fit un signe négatif de la tête, et ajouta à voix haute, sans mêle s'en rendre compte :

- Qu'importe? Elle rit doucement, le regard brillant.

Hrp: désolée pour le retard, grosse semaine >.<

La jeune fille hocha le menton; elle ne le connaissait encore que très peu, mais lui ressembler semblait être quelque chose d'attrayant, contrairement à ce qu'il avait l'air de dire. Mais elle ne savait presque rien de lui; peut-être aurait-elle de mauvaises surprises? Parallèlement, elle se demandait bien comment elle pourrait juger ses actions; à ses yeux, ce que faisait Nakor était admirable, et quoi qu'il fasse, elle trouverait une justification. Etait-ce ce genre de relations que devaient entretenir un maître et son élève? Elle baissa les yeux un court instant, puis les reposa sur ceux du magicien. Elle hésita à répondre à sa question, puis se ravisa; il reprenait la parole, et elle aurait tout le temps, un autre jour, de lui raconter. Tout ce qu'il lui expliqua ensuite la rassura immédiatement. Retrouver ses parents, et les délivrer... Parfois elle préfèrait ne pas y penser: étaient-ils seulement toujours en vie?

- Merci...

Murmura-t-elle avec calme et reconaissance. Combien de fois aurait-elle l'occasion de prononcer ce mot en sa présence? Elle sourit à cette pensée, puis posa un regard confiant sur Sereine, qui semblait tout à fait paisible. C'était une bonne chose; si elle se sentait bien ici, alors il serait de même pour la jeune fille. Le baiser de Nakor était doux et pétillant, plein de tendresse et de malice. Un mélange qui lui(Nakor) ressemblait énormément d'ailleurs. Elle acquiesça à sa recommandation, et l'observa s'éclipser en riant. Elle ne chercherait pas à comprendre pourquoi; elle avait abandonné depuis longtemps! Lysia se tourna vers Sereine, et la caressa longuement, gardant ses grands yeux bruns posés dans ceux de la jument.

*Tu m'as manqué ma belle*

Pensa-t-elle en souriant. Un instant elle cru que la jument l'avait comprise, mais ce n'était pas le cas; ses oreilles s'étaient uniquement dressées au tintement de la cloche qui annonçait le diner. La jeune fille lui tira la langue tout en riant, et déposa un baiser sur ses naseaux. Puis elle s'éloigna, se dirigeant vers deux gardes qui lui adressèrent un grand sourire. Lysia fronça les sourcils, puis se détendit; elle n'était plus dans la rue, en proie à tous les dangers. Elle était en sécurité, et deux hommes qui lui souriaient n'étaient pas animés de mauvaises intentions. Pas ici. Elle s'approcha donc d'eux, et s'arrêta à leur hauteur. Ils étaient tout deux plus grands qu'elle, et pourtant cela ne la dérangeait plus. Vulnérable? Peut-être; pour l'instant du moins.

- Messires... commença la jeune fille.
- Oui mademoiselle? demanda un des soldats.
- Pourriez-vous me montrer ma... Euhm... Chambre? répondit-elle avec hésitation.

Comment savoir si Nakor lui avait réservé une chambre, une tente, quelques pièces? Elle se contenta de leur adresser à son tour un grand sourire, comme pour dissimuler la gêne qui s'emparait d'elle. Les deux gardes échangèrent un regard complice, et le deuxième répondit :

- Pas de problème!

Puis il s'éloigna, et Lysia les suivit avec soulagement. Après quelques minutes de marche, ils arrivèrent jusqu'à une allée de tente, et s'arrêtèrent devant l'une d'elles. Spacieuse et charmante, la jeune fille posa un regard étonné sur le logement; il était bien trop grand pour elle! Elle se tourna vers les deux soldats, mais ces derniers s'éloignaient déjà. Elle s'approcha de la toile, et hésita un instant; devait-elle entrer ainsi? Y avait-il quelqu'un à l'intérieur? Elle se décida finalement à entrer, ouvrant délicatement la porte de tissu.

La première "chose" qu'elle apperçu fut le magicien. Un instant elle se demanda si ce n'était pas son imagination qui lui jouait des tours. Elle avança d'un pas, et se posa devant lui, les yeux ecarquillés. Venait-il de disparaitre, puis de réaparaitre dans la tente? Ou y était-il simplement depuis qu'il l'avait quitté? Mais que faisait-il dans sa tente? A cette pensée, la jeune fille balaya la tente d'un coup d'oeil, et se rendit compte qu'elle était bien trop grande pour être la sienne. De plus, toutes sortes d'affaires -certainement celles du magicien- étaient disposées à droite et à gauche, occupant l'espace avec charme. Les gardes s'étaient donc trompés? Lysia s'apprêtait à s'excuser, lorsqu'il prit la parole avec chaleur. Alors elle suivit du regard ce qu'il lui montrait du doigt, et ses yeux se posèrent sur un rideau. Elle rit à sa réplique, et acquiesça d'un signe de tête, tout en déclarant :

- Ne vous en faites pas, je ne vous prend pas pour une telle personne! Sa voix était animée d'un rire discret qui lui ressemblait tout à fait.

De plus, les raisons qu'il lui exposa étaient tout à fait légitimes. Etre prêt de son maître était une chance que peu d'élèves pouvaient se vanter avoir eu. Il était vrai qu'elle aurait très peu d'intimité, mais elle n'en avait jamais eu de toute façon. Vivre dans la rue n'était pas le meilleur moyen de se sentir tranquille. Elle chassa ces images de mendicité, et reposa un regard curieux sur le léger rideau qui séparait sa "loge" de celle de Nakor. Puis elle reposa les yeux sur ce dernier, et s'apperçut qu'il attendait quelque chose, les bras grands ouverts.

- Ais-je manqué un épisode? demanda-t-elle en souriant légèrement, cherchant l'expression de Nakor tout en ajoutant : Ah! Je sais.

Puis elle s'avança d'un pas et l'entoura de ses bras, sentant les siens se refermer doucement sur elle. Lysia posa la tête sur son buste, et ferma les yeux, sentant ses cheveux bruns s'emmêler autour de son visage somnolant. Elle se rendit compte rapidement que la fatigue s'emparait d'elle. C'était évident; elle était arrivée il y a une petite heure, et n'avait pas eu un moment de répis. Après un voyage comme celui qu'elle avait executé, elle aurait du dormir depuis longtemps. Et pourtant, elle devait s'habituer à ce genre de ryhtme, puisque c'était ce qu'elle allait vivre jusqu'au reste de sa vie.

- Cette chambre me va parfaitement Nakor, ajouta-elle en ouvrant les yeux, plus je serais avec vous, mieux j'apprendrais.

Puis elle s'écarta légèrement de lui, et s'avança vers le rideau. Danger. Cette pensée s'était empreinte dans son esprit avec violence, lui coupant le souffle brutalement. Elle fit volte face, et jeta un coup d'oeil au magicien :

- Venez-vous de parler?

Un hénissement déchira l'air immédiatement, arrachant un cri de stupeur à la jeune fille. Elle lança une exclamation :

- Sereine!

Puis elle se rua au dehors, écartant la porte d'un mouvement rapide. Elle s'élança avec agilité, et parvint jusqu'aux écuries en seulement quelques minutes. Sereine était dehors, les yeux fixés sur deux panthères qui lui tournaient autour. Lysia jeta un coup d'oeil autour, et s'aperçut que les autres chevaux avaient déjà fuit, laissant la jument derrière eux. La jeune fille s'arrêta net, et se mordit les lèvres en murmurant : - Nakor... Crier attirerait l'attention des félins, et les provoquer n'arrangerait rien. Mais voir la jument dans cette situation la faisait tellement souffrir...

Hrp: si tu veux que j'édite pour enlever l'épisode des félins un peu "étrange", dis-le moi hein