/!\ ... Il faut qu'on parle Dragan...

Dragan retint un éclat de rire en voyant les yeux de rév s'écarquiller et ses joues s'empourprer furieusement alors qu'il fait allusion à ses gémissements, tout sauf discret. Il avait tapé dans le mille et savait la mettre mal à l'aise. Oh rien de méchant, juste une taquinerie, il pouvait se le permettre non? Ils s'étaient toujours tout dit, ils n'avaient aucun tabou, ils parlaient de tout et de rien, de choses aussi sérieuses que légères. Et là, c'était bien de légèreté qu'il s'agissait après qu'il se fut montré un brin poête en parlant de rêve. Elle déteignait incontestablement sur lui à ce sujet. Même si jamais il n'égalerait ses envolées lyriques. Ni sa façon de chanter. Enfin, cela tombait bien, le chant, ce n'était pas du tout sa tasse de thé. L'artiste de la famille, c'était Laurelin. Ou plutôt l'artiste de la fratrie. Parce que maintenant, il y avait deux artistes : Laurelin et Rév.

Leurs enfants hériteraient-ils du talent de leur mère? Elle ne cessait de les bercer de sa voix unique et mélodieuse, instillant la musique dans leur veine. Cela faisait une éternité que Dragan ne l'avait pas écoutée chanter. Qu'il ne l'avait pas regardée alors qu'elle les berçait, adossé contre un mur, bras croisés, un sourire attendrit sur les lèvres. Cela faisait un moment qu'il n'avait plus fait attention à rien, avouons-le.

Il revint au présent alors qu'elle s'offusquait, affirmant qu'elle n'avait pas pu crier aussi fort. Un sourire amusé dansa sur les lèvres de son époux alors que son regard brillait de malice. Cela valait tous les discours. La réponse était claire : si, on pouvait l'entendre.

- "Ma chérie, tu doutes de tes capacités vocales..."

Oui, cela l'amusait follement de la taquiner à ce sujet. Il ressemblait à un vrai gamin qui faisait une bonne blague.

- "Tu as honte que le palais sache que je t'aime comme un fou?"

Toujours ce ton malicieux. Il s'en fichait de ce qu'en disaient les bien pensants. Les collets montés seraient toujours outrés, alors un peu plus ou un peu moins... Certains, au contraire, étaient attendris. Les réactions étaient partagées.

Ebloui, il lui répéta alors combien elle était magnifique. Bien sûr, elle ne se lassait pas de ce genre de discours. Le contraire eut été étonnant.

- "Compte sur moi. Je te le dirais tellement que tu en auras assez. Imagine si je te le répète inlassablement pendant les 500 prochaines années."

Au moins ça. Elle se redressa et vint l'embrasser, le faisant sourire. Sa main courait toujours sur sa taille ou ses hanches.

- "Tant qu'ils ne te sont pas indéchiffrables."

Justement, il plongea son regard si profond dans celui de Rév, toujours avec ce sourire en coin accroché aux lèvres. Il ne rougissait pas comme Rév aux compliments. Même si cela le touchait. Elle vint se nicher contre lui, avant de lui avouer qu'elle l'épouserait sur le champ si ce n'était déjà fait. Il éclata de rire et son bras libre vont s'enrouler autour de sa taille, alors qu'il roulait sur le dos et l'entrainait avec lui, si bien qu'elle le surplombait maintenant, allongée sur lui.

- "Et tu me volerais mon rôle en me spoliant du privilège de te demander ta main?"

Ses deux bras emprisonnaient la jeune femme, la maintenant collée contre lui. Enfin, emprisonnaient était un bien grand mot tout de même.

- "Mademoiselle Tiril, vous rendez-vous compte que vous faites tout à l'envers? C'est d'un choquant!"

Il se remit à rire doucement, sa voix ayant prit un ton de fausset, imitant les outrés, nullement choqué. Elle ne l'avait jamais choqué. Surpris oui, mais pas choqué.

« Je ne doute pas de mes capacités vocales… pas plus que je n’ai honte d’être aimée de toi… mais j’ai l’impression que cela faisait si longtemps… mon cœur n’arrêtait pas de s’affoler alors que tu me dénudais et j’ai craint un instant de trembler. C’est ridicule pourtant… ne suis-je pas ta femme ? »

Ho elle continuait à chanter pour ses enfants, à les bercer, mais la comptine lyrique était devenue complainte dramatique d’un cœur bien trop lourd et privé d’amour. Mais nul doute qu’à nouveau la voix de la délicate oiselle redeviendrait mélodie teintée de ses notes hautes et joyeuses. Laurelin et Révérie avaient deux voix très différentes, l’une montait si haut qu’il était difficile de savoir jusqu’ou elle monterait dans la pureté, l’autre était plus basse et apaisante.

Sa main glisse et il l’admire, bien sur elle lui retourne le compliment. L’air se fait plus léger, plus tendre, la complicité revient si vite qu’elle cru durant un instant ne jamais avoir disparue.

« Cinq cent ans ? Est-ce tout ? Dis le moi dans mille ans avec la même ferveur, la même passion… et je crois que loin de m’en lasser, je serais d’avantage éprise de toi. »

Se redressant, elle profite de la douceur de ses lèvres, l’embrasser ainsi fait palpiter anormalement son cœur. Si longtemps en effet… Se noyant dans son regard, elle l’écoute à demi et sourit tout simplement.

« Des fois il est difficile de savoir ce a quoi tu penses, tu gardes un masque étrange que je n’arrive pas à déchiffrer… mais des que je m’approche de toi, ton regard brille, tes expressions changent et ton visage s’anime. Pas de gestes brusques, pas d’exagération… non, de petits mouvements que je connais bien. Ton sourcil droit qui se tord un peu quand tu souris, ton regard qui se plisse un peu quand tu me regardes amoureusement malgré ton air presque impénétrable en société… mais pourtant, je crois être capable de lire en toi mieux que personne… et heureusement. »

Et le voila qui roule, son bras entourant sa taille alors qu’il s’allonge sur le dos, en travers du lit en plus. Assise sur son ventre, elle le regarde, un nouveau sourire étirant ses lèvres mutines. Il répond de manière joueuse à ses paroles sur le mariage. Pire, il se moque un peu en jouant les outragés, chose impossible et elle le sait.

« Ainsi donc mon cher époux, vous me nommez mademoiselle ? Je n’ai plus ni vertu, ni chasteté à défendre pourtant. Toute fois, je trouve cela ironique Monseigneur Tiril de me nommer mademoiselle… ironique et blessant… je suis votre femme ! »

Un éclat de rire clair et pur lui échappe alors que ses mains glissent dans ses cheveux couleur d’argent.

« Dragan… Tu sais bien que je n’ai jamais rien fait comme il fallait et que je continue. M’offrir hors mariage, porter la vie avant même d’être fiancée… me marier en toute hâte… ne pas accepter de faire chambre séparée, ne pas laisser les gouvernantes élever nos enfants, les nourrir moi-même aux seins… je me demande si il m’est encore possible de choquer ou d’enfreindre quelque règlements supplémentaires. »

Léger rire, sa main se portant à ses lèvres.

« Mais je ne regrette rien, je n’ai jamais cru pouvoir être aussi heureuse que maintenant. »

Ses lèvres glissent sur sa mâchoire, sur son cou, embrassant la clavicule avant de déposer son visage dans son cou, respirant sa peau.

« Si je n’avais pas été enceinte… comment aurais-tu oser me demander ma main ? Combien d’années aurais tu-attendu pour me voir à nouveau tienne ? »

- "Rév, crois-moi ou non, ça me ravit que je puisse encore te faire cet effet là après un an de mariage. Et j'espère que ça continuera encore longtemps."

Il était sincère. Cela ne le génait en rien de la voir réagir si vivement à ses caresses. Au contraire même! Il se retint tout de même de lui dire que l'abstinence semblait leur réussir. Autant ne pas raviver un mauvais souvenir, même sur le ton de la plaisanterie.

- "Tu as raisons, 500 ans ce n'est pas assez... 1000 ans non plus à bien y réflechir..."

Il s'empara de ses lèvres et murmura :

- "Alors soit, je vais te saouler de mes mots d'amour."

Elle parla de son regard, il rétorqua que tant qu'il n'était pas indéchiffrable tout allait bien. Cela eut le don de la faire réagir et il l'écouta attentivement lui parler de son visage trop inexpressif, mais qui savait si bien s'illuminer quand elle était dans les parages. Cela l'amusait de l'entendre décrire les changements qui pouvaient s'opérer en lui.

- "Eh bien, tu en as passé du temps à m'observer."

Il sourit plus largement, avant de reprendre :

- "Oui, tu lis en moi mieux que personne et j'aimerai être un livre ouvert à tes yeux."

Il les fit rouler légèrement, inversant leurs positions. Elle se retrouvait sur lui et il avait ainsi tout loisir de l'admirer. Il la taquina et elle se fit un plaisir de le prendre.

- "Eh bien, ce serait mademoiselle puisque nous ne serions pas encore mariés. Mais j'ai tellement pris l'habitude que tu portes mon nom que je m'embrouille."

Il s'amusa à lui rappeler qu'elle ne faisait rien conformément à ce qu'on attendait d'elle. Et elle se fit un plaisir d'énumérer la longue liste de ses infractions à la bonne conduite en enfouissant ses mains dans sa chevelure argentée.

- "Tout est toujours possible Rév... Promène-toi en armure, à moitié nue par exemple."

Il eut un petit rire étranglé et reprit rapidement :

- "Je plaisante. Je ne voudrais pas te voir te promener ainsi."

Elle continua en disant qu'elle ne regrettait rien. Heureusement! Après tout, elle avait ce que toute femme désirait de posséder un jour non? Un mariage d'amour, des enfants... Elle l'embrassa, caline, avant de poser une question qui le prit totalement au dépourvu. La surprise se peignit sur ses traits, l'espace d'une seconde, alors qu'il lui lançait un regard étonné. Pourquoi ces questions? Mais plutôt que de le lui demander, il réflechit à une réponse. Comment lui aurait-il demandé sa main? Sans doute de façon officielle. Ou peut-être lui aurait-il fait une totale surprise? En revanche, en ce qui concernait le temps... Difficile de répondre. Il n'aurait pas tenu bien longtemps après avoir goûté à la saveur de sa peau.

- "Sincèrement, je crois que j'aurais rompu avec toutes les traditions. Je n'aurais pas su te courtiser pendant des années. Je n'aurais pas pu résister à la tentation permanente que tu représentes... Je t'aurais demandé ta main dans les règles, je serais passé d'abord par ton père, pour respecter un minimum le protocole et pour partir sur des bases saines avec lui. Avoue qu'au début, il a du me détester pour mon empressement et ma goujaterie. Heureusement que je suis parvenu à remonter dans son estime!"

Heureusement oui... Être en guerre avec son beau père aurait été très désagréable. Vraiment très désagréable. Il esquissa un sourire malicieux :

- "Aurais-tu attendu que je franchisse le pas si j'avais trop tardé?"

Assise sur son ventre, son bras la maintenant contre son torse, appuyant un peu sur ses reins, elle le regarde amoureusement. L’avoir gentiment réprimandé ne semblait pas avoir vraiment dérangé le noble qui se tenait sous elle. La métisse l’écoute se reprendre, expliquant le pourquoi de ses mots et elle sourit un peu plus.

« Aglarer Tiril… J’ai encore du mal à reconnaître ce prénom qui pourtant est le mien. Et puis… j’affectionne la façon que tu as de prononcer mon prénom… Révérie... ta voix me semble si… si… je ne trouve pas les mots et pourtant, tu sais combien j’aime à les manier.»

La soudaine idée de transgresser de nouvelles règles force ravive certains souvenir de son époux, la faisant rire alors qu’elle se redresse. Ses jambes viennent sur ses cotes, prenant une allure cavalière, le ventre de Dragan sous ses paumes, elle plonge ses yeux dans ceux de son amour. Jolie vue qu’elle lui offre sur sa nudité alors qu’elle porte un de ses doigts à ses lèvres, avouant en rougissant.

« Il est fort à parier que tu n’aurais pas apprécié alors de me remarquer ces derniers temps… tu n’es pas sans savoir que je me suis entrainée plus que de raison… et je n’allais pas le faire en robe. »

Elle se pince délicatement la lèvre inférieure entre ses dents et avoue.

« J’étais surprise de voir qu’elle m'allait encore comme un gant… bien que ma poitrine ait un peu changé, cela me fait un étrange décolleté ma foi fort charmant. Je suis sure que de me voir dans mon carré de cuir sombre te rendrait fou mais… je ne suis pas ouverte au point d’accepter de t’aimer en toute impunité n’ importe où. Bien que tes ardeurs passées m’ont fait visiter le palais… »

Le sang empourpre à nouveau ses joues alors qu’elle toussote dans le creux de sa main, relevant son regard pour préférer admirer le plafond plutôt que ses yeux qui étaient soit ahuris, soit brulants, soit colériques… de jalousie.

« Et pourquoi ne voudrais-tu pas me voir me promener ainsi ? Serais-tu jaloux ? Contrarié ? Ou simplement préfères-tu préserver tes capacités cognitives pour des activités un peu moins brulantes ? »

Nouveau sourire en coin alors qu’elle reprend la parole par une question. Qu’aurait-il fait si elle n’avait pas porté en ses entrailles un fruit, non deux fruits de leurs unions? La réponse sembla lui plaire puisqu’elle l’écouta en plongeant à nouveau les prunelles claires de son regard dans celles de son amour.

« Oui… Ada t’a pardonné mais tu sais très bien pourquoi. Il est devenu grand père et ses petits fils comblent son cœur. Un peu comme le fait que tu m’aimes. Il était inquiet, il a cru à un moment que je t’abandonnerai avec nos fils. J’y ai songé t’avouerais-je… mais je n’ai pu m’y résoudre. Tu étais incapable de pouvoir souffrir d’avantage alors j’ai attendu en espérant mais… tu m’évitais. C’est du passé… il sera heureux de retrouver mon sourire sois en sur.»

La question elle par contre, la fit se pencher, elle déposa doucement son visage sur ses mains et soupira en avouant.

« Je serais devenue folle, te suppliant sans doute de ne pas écouter la raison, de m’aimer malgré tout. Si tu avais trop tardé… je t’aurais demandé ta main sans l’ombre d’un doute. La patience n’est pas un attribut qui me désigne en amour. »

Se mordillant à nouveau la lèvre inférieure, Révérie ose murmurer.

« Si… si toi ou mon père devenez roi… qu’est ce que nous allons devenir ? J’ai peur de cette étrange importance… et puis, je… je suis une métisse. Aurais-je encore le droit d’être ta femme ? Pourrais-je encore m’occuper moi-même de nos fils ? Quels seront mes devoirs ? »

Un soupir alors qu’elle porte ses mains a sa vue.

« Mes mains ne sont pas celles d’une noble… et encore moins celles d’une reine ou d’une princesse. »

Une petite pointe de contrariété était décelable dans sa voix angélique.

- "Tu sais bien que j'ai moi aussi des difficultés à t'appeler Aglarer. Je ne le fais qu'en public et à chaque fois, je dois y réflechir pour ne pas faire un lapsus. Quelle idée d'avoir deux noms aussi!"

Il sourit doucement l'embrassant tendrement, avant de souffler :

- "Mais tu es et resteras à jamais ma Révérie."

Il prononça son prénom d'une voix de velours parfaitement modulée, juste pour ponctuer les paroles de la jolie métisse alors qu'elle décrivait ce que cela lui faisait de l'entendre la nommer ainsi. Ma Révérie... C'était tout à fait cela. Il n'y avait guère que lui pour l'appeler ainsi et le seul à le prononcer de cette façon bien particulière qui plaisait tant à son épouse.

Alors qu'il riait, elle se redressa et se fit amazone, sous le regard appréciateur du jeune elfe. Ah ça, pour avoir une vue imprenable... Il en prenait plein les yeux. Seulement, son demi sourire s'évanouit alors qu'elle parla d'entraînement. Et en effet, la suite ne lui plut guère. D'une voix soudain bien moins veloutée, il trancha :

- "Tu t'es promenée à moitié nue dans le palais?"

Elle avait raison de craindre sa réaction. Il était légèrement en colère, surtout en imaginant le spectacle qu'elle avait du offrir. Bon sang, même si les elfes trouvaient Révérie trop ronde, aucun ne pouvait rester insensible à la sensualité qu'elle dégageait ainsi vêtue! Il pinça les lèvres, celles-ci formant une ligne trop fine.

- "Donc, tous les hommes du coin ont pu se rinçer l'oeil en toute impunité?"

Son regard glace s'était fait orageux. Elle avait détourné le regard avant de s'en amuser.

- "Oh, ne plaisante pas avec ça, ça ne me fait pas rire. Oui je suis contrarié et évidemment que je suis jaloux."

Pas la peine de le cacher. Ca crevait les yeux. C'était ridicule, elle n'aimait que lui, mais là n'était pas le problème. Le problème était qu'on puisse convoiter sa femme et que celle-ci ne faisait pas grand chose pour l'éviter. Ca le rendait fou. Et elle, elle ne parvenait pas à comprendre en quoi ça le dérangeait, c'était ça le pire!

- "Je crois que tu ne te rends pas compte de l'effet que tu peux faire sur les hommes. Ce ne sont pas des moines qui vivent dans ce palais."

Il soupira, contrarié et regarda à son tour le plafond, cherchant là de quoi s'apaiser. Il avait beau jeu de la réprimander là dessus, alors que l'entrainement avait dû être un exhutoire. Mais la Marquise d'Ardamir et de l'Epine Dorée qui suait comme un vulgaire soldat, c'était gênant.

- "Magnifique, sans les enfants, il ne m'aimerait toujours pas et en plus, tu as failli partir, plutôt que te confronter à moi... De mieux en mieux..."

Vraiment génial. Il n'aimait pas le tour que prenait la conversation. Vraiment pas. Là, elle venait de lui couper toute envie et il arborait de nouveau ce masque qu'elle abhorrait tant. Elle répliqua qu'elle aurait accéléré les choses s'il s'était montré trop long, mais cela ne l'apaisa qu'à peine. Et de surcroit, elle aborda un sujet qu'il aurait préféré éviter. Cela désamorça sa colère à son égard. Au moins un bénéfice.

- "Rima va devenir roi. Le conditionnel n'a plus lieu d'être. Et j'espère qu'il va le rester, cela ne m'intéresse pas. Trop de contraintes. Et je n'ai pas été éduqué pour tenir le premier rôle, mais bien pour agir dans l'ombre."

Il était catégorique.

- "Cependant... SI il devait TE léguer le trône..."

Il insista bien : c'était d'elle que lui viendrait le titre, pas l'inverse :

- "Bref, c'est tous les deux ou personne. Je ne renoncerais pas à toi pour une couronne."

Il ne lui avoua pas qu'il avait été rayé de la liste des candidats parce qu'il l'avait épousée. On avait parlé de son jeune âge, mais cela n'était rien. Anàrion et Illydril étaient aussi jeunes que lui.

- "Il y aura des concessions à faire oui, très certainement, mais certaines choses ne regardent personne d'autre que toi et moi et en particulier la façon d'élever nos enfants."

Elle se désolé de ses mains et il leva les yeux au ciel, avant de s'en emparer et de les porter jusqu'à ses lèvres :

- "Et depuis quand l'apparence fait-elle la fonction? Rima, et sans vouloir te vexer, n'a rien d'un roi elfique... Il est trop grand, trop fort, mais il a de grandes qualités et elles ont été reconnues."

Il embrassa de nouveau les doigts de la jeune femme. Cela ne l'avait jamais répugné, il le lui avait dit, il y a longtemps : c'était la preuve de sa force et de son courage, comme la marque sur sa nuque était celle de sa bonté.

- "Et tu as toi aussi énormément de qualités, qui compensent largement tes défauts."

« A demi nue, comme tu y vas… l’essentiel est caché non ? De toute façon je ne me voyais pas porter des vêtements qui entraveraient mes mouvements. Tu me délaissais… j’avais besoin de m’épuiser au point que seul mon corps me ferait mal… et non mon cœur. »

Ses lèvres se pinçaient, imitant celles de son époux alors qu’elle l’écoutait et détournait le regard.

« Tout le monde ne m’a pas vue voyons… je ne suis ni sotte ni ignorante et je tenais à préserver au mieux les apparences. Je portais ma cape rouge jusqu’en foret, la seule personne ayant pu admirer mes formes furent tes fils et leur gouvernante… bien que les jumeaux trouvait plus intéressants de jouer avec l’elfe qui prenait soin d’eux plutôt que de leurs mère qui s’arrachait les mains sur la pierre dure. »

Lentement la métisse glissait les doigts sur le torse de son époux, une petite ride marquant le milieu de sa peau, entre ses deux sourcils. Elle semble s’interroger et ses réflexions la mènent dans des contrées qu’elle n’aurait jamais cru concéder à aucun homme.

« Dragan… je ne savais pas… je n’aurais jamais cru être si belle. Je croyais que tu étais juste suffisamment fou de moi pour ne pas voir comme je suis différente. Qui peut donc se retourner sur moi quand on voit toute les beautés qui peuplent ce monde elfique dans lequel nous vivons ? Si cela te gène vraiment… je… je consens a… a accepter que l’on me fasse une armure de ton choix… j’y mettrais juste une condition. Ne pas entraver mes mouvements. »

Elle renonce à ce présent de ses pères humains, éphémère fou ayant peu a peu quitté la vie. Elle conservera son armure, sans aucun doute, elle pourra toujours pleurer sur le cuir le souvenir si présent dans son cœur de Charles. Mais plus encore, elle renonce à combattre avec pour compagnie leurs âmes qui l’ont toujours protégées. Pour lui elle le ferait… elle lui devait cette concession douloureuse.

« Il n’y a pas que ça Dragan, il a appristà te connaître et il t’aime comme son propre fils. Il t’aime parce que tu as su te faire apprécier de lui par ton courage, ta dévotion envers ta famille et ton besoin de me protéger comme la prunelle de tes yeux. Tu es intelligent, important et n’oublie pas que tu fus le meilleur parti qu’il me soit possible d’épouser. Il a juste du mal à accepter que je ne sois encore qu’une gamine aux yeux de votre peuple… de mon peuple a présent. »

Un haussement d’épaule plus tard elle reprit.

« Et j’ai pensé fuir, mais ne l’ai pas fais. Cela aurait été particulièrement lâche et je ne l’aurais pas supporté parce que je t’aime Dragan… alors ne prend pas mes propos ainsi. Tu préfères peut-être que je t’épargne chaque détail de mes peurs et de mes doutes peut-être ? Je sais que ce qui nous liait en une tresse solide est une vérité limpide et je ne veux rien te cacher… est-ce clair ?»

Ha non, elle devait rajouter quelque chose avant qu’il ne le prenne encore mal… qui sait !

« Avant que tu dises une autre ânerie, je ne suis pas avec toi uniquement par franchise, il y a l’amour, la complicité, l’affection, l’amitié et des centaines de raison… Toi et moi ne formons qu’un Dragan. Compris ou vais-je devoir te le dire en humain, en nain et en drow pour que tu le comprennes ? »

Parlait-elle donc toute ses langues ? Oui, le nain de manière plutôt primitive, le drow était un domaine où elle le parlait suffisamment pour comprendre et répondre sans toute fois pouvoir divaguer en joute verbale digne de ce nom. Les méandres de l’elfique et de l’humain lui étaient par contre parfaitement familières et elle eu pu tenir une conversation avec a peu près n’importe qui sur ces deux bases. Mais jamais il ne l’avait entendu parler la langue de sa mère… langue qu’elle crachait plus qu’elle ne chantait… une langue qu’elle aurait presque pu haïr mais que son sang se refusait à renier. Une partie d’elle… même indésirable, ne pouvait pas totalement être rejetée.

Le sujet dérive dans une direction qu’il leurs fallait tôt ou tard évoquer. La royauté perturbait Révérie et Dragan le savait fort bien. Ainsi son père prendrait donc le trône, la faisant princesse royale… Mon dieu, qui aurait pu croire que Révérie Méthérence, jeune moine d’Othar, gardienne de son art, deviendrait un jour Aglarer Tiril, épouse du Seigneur Dragan Tiril, mère de deux petits garçons aux allures d’anges et princesse de la nation elfique. Non mais c’est tout bonnement improbable !

Un sursaut la prit quand il lui accorda l’idée éventuel que le trône LUI soit légué, oui a elle puisque c’est la famille dont elle était issue qui les hisserait a ce rang et non la lignée de Dragan qui était de sang bien plus royal et bien moins drow. Son père ne ferait pas ça… il ne… Ho non, pour Hélios il en serait capable ! Dragan parlait de concession quand elle commençait à cruellement paniquer, son ventre se tordant étrangement et son cœur s’affolant. Regardant ses mains avec toujours autant de crainte, elle ne put que s’apaiser quand il embrassa sa peau meurtrie par les coups a répétition.

« Des qualités de guerrière… tenace, ignorante de la souffrance, tacticienne… mais après ?! Je n’ai pas eu un enseignement pour m’occuper des doléances moi ! Je n’ai appris le protocole que de manière à avoir le strict minimum requis, ce qui me permet de ne pas te faire trop honte mais rien de plus… Et je… je »

Elle inspira profondément, cherchant à s’apaiser.

« Tu as raison… nous verrons en tant voulue. Mais une chose est certaine… je sais déjà ce que je serais incapable de faire. Je ne ferais pas plus chambre à part qu’ici, mes enfants continueront à être élevés par mes soins et a se nourrir a mon sein quoi qu’en pensent ces vielles pies ! La dernière, je refuse d’avoir à ne plus m’entrainer, être princesse oui… mais perdre ma forme physique est hors de question. Imagine un peu l’enfer pour toi si je ne m’épuise pas un minimum chaque jour ! Tu n’y survivrais pas amour… j’en ai bien peur. »

- "Pas la peine de me culpabiliser davantage Rév, je suis déjà au fond du gouffre à ce niveau là."

Non, pas la peine d elui rappeler qu'il l'avait délaissée. Mais cela n'était pas une excuse. L'entraînement, elle l'aurait reprit de toutes façons, incapable de rester tranquille. Combien de fois l'avait-il sermonné quand elle était enceinte à ce sujet? Cela l'exaspérait qu'elle n'en fasse toujours qu'à sa tête et ne l'écoute que rarement, trop ingénue pour comprendre ce qu'il essayait de lui expliquer.

Mais elle s'enlisait en lui expliquant qu'elle allait s'entrainer dans la forêt seule, avec leurs enfants et une gouvernante. Ses yeux s'étrécirent alors que sa mâchoier se crispait.

- 'Quoi?! Tu es allée en forêt seule? Alors que c'est la guerre? Et en plus, tu y as emmené nos enfants? mais tu as perdu la tête ou quoi?"

Il s'était redressé, s'asseyant et repoussant légèrement Rév qui restait tout de même assise sur lui.

- "Non, attends, ne répond pas, je sais ce que tu vas me dire... Tu n'as pas besoin de protection, tu vaux bien 5 gardes à toi toute seule et j'en passe. Mais tu ne peux pas comprendre que moi, j'ai peur pour toi, quand bien même tu serais invincible?"

La colère cédait à l'inquiétude sincère. Cela ne servait à rien de crier ou de lui faire des reproches, ce n'est pas ainsi qu'elle allait le comprendre. Ni comprendre sa jalousie. Elle semblait confuse d'ailleurs, par ses paroles. Il se passa une main sur le visage tout en l'écoutant. Sa main quitta rapidement sa place à ses derniers mots. Renoncer à son armure pour une autre à sa convenance? Il écarquilla les yeux de stupeur et resta muet. Il prenait conscience du sacrifice auquel elle consentait pour lui. Pour lui. Il prit son visage entre ses grandes mains brunes et colla son front contre le sien, répliquant avec calme et sincérité :

- "Rév, il y a des choses que j'aimerais tellement..."

Il s'interrompit et soupira.

- "Tu es mon épouse et la mère de mes enfants et je t'aime comme un fou. Si je m'écoutais, je construirait une cloche de verre autour de toi et de nos enfants pour vous protéger de tout mal. Mais je sais que faire cela serait t'asphyxier peu à peu et te faire mourir. Tu es à Calymentar autant que tu es à moi, mais j'ai du mal à accepter que tu puisses risquer ta vie pour lui. Pour le moment, tu ne te bats pas, mais un jour, tu y retourneras et alors, je risquerais de te perdre. Je sais ce que je dois faire pour que tu sois heureuse, mais je ne le fais pas de gaieté de coeur."

Il baisa ses lèvres avec tendresse, reprenant dans un souffle :

- "Tu es libre Rév, je ne peux t'enfermer sous cette cloche de verre. Garde ton armure mais, s'il te plait, ne va pas t'entrainer loin de tout et seule. S'il te plait."

Il ronchonna au sujet de son beau père et elle le rectifia. Il fit une petite moue et tiqua quand elle lui rappela qu'il était quelqu'un d'important et un bon parti.

- "Et si je ne l'avais pas été?"

Voilà qu'il inversait les rôles. Et si elle avait été reconnue, mais que lui ne soit qu'un simple elfe du peuple, hum? Que ce serait-il passé? Elle reprit sur ses intentions de le laisser, lui expliquant ce qu'il s'était passé et le reprenant, lui disant qu'elle voulait lui dire ce qu'elle avait sur le coeur. La vérité était diffcile à entendre.

- "Inutile de me le dire en nain ou en drow, je ne parle pas ces langues, je n'ai pas ton érudition."

Il avait répliqué cela avec un brin de sarcasme, mais sans méchanceté. Elle était douée au combat, en musique, en chant, en langues... C'en était presque énervant tant de perfection. D'ailleurs, ils dérivèrent sur la possible nomination de Rima en tant que roi, mais aussi sa possible adbication en faveur de sa fille et son genre, chose qui paniquait Révérie, qui commençait déjà à douter de ses capacités. Il s'était un peu éloigné d'elle, mais s'était emparé de ses mains, tentant de la rassurer.

- "Il est rare de te voir avoir peur... Surtout pour une chose aussi ridicule. Tu veux que je t'énumères tes qualités? Alors, on y va : déterminée, fière, généreuse, douce, protectrice, intelligente, cultivée, franche, naturelle... Je continue? Tu sais te battre, tu sais jouer et chanter, tu parles des langues qui me sont inconnues. Alors oui, tu ignores encore des choses du protocole, mais... et alors? Qu'est ce que cela peut bien faire? Tu manques de diplomatie? Cela s'apprend. Si je peux au moins t'apprendre cela, je ne serais pas totalement inutile."

Un sourire flotta sur ses lèvres à ses dernières paroles :

- "Par contre, ce que tu peux être présomptueuse! Il en faut plus que cela pour m'épuiser jeune fille!"

Il scella ses paroles d'un baiser spontané.

Il souffrait tant que ça de ma nature ? Je ne l’avais jamais vu… ne m’en était pas aperçue. Lentement je le découvre sous un nouveau jour moi aussi et je me rends compte que j’étais aveugle. Il me partage avec ses fils mais aussi avec un dieu dont l’enseignement est la seule chose qu’on m’a offert. Le seul endroit où je fus bien et acceptée enfant… maintenant, ici, en terre elfe, j’arrivais à lentement me faire accepter mais… jamais je n’aurais cru mon mari jaloux d’un dieu.

« Je suis une moine… cela coule dans mes veines… mais je suis avant tout une femme et une mère. Tu l’as vu Dragan… je ne suis pas partie en guerre avec mon père. Il me l’a proposé, il aurait sans doute été heureux de me voir me battre. »

Un frisson de plaisir parcourut ma peau pale alors que je repose mon regard sur mon mari.

« J’ai renoncé à la guerre, mais pas à mon rang, pas à mon entrainement… mon corps en a besoin, ça fait partie de moi… c’est en quelque sorte un compromis entre mon rôle, mon cœur et mon esprit. Je suis apte à vous protéger, mais dans une bataille je ne vaux rien Dragan. Je connais mes limites… je suis une protectrice, destinée à l’escorte et au combat de groupe. Rassure toi au moins de ça… ma place n’est pas au milieu de la guerre, mais dans les tentes ennemies, me glissant en silence pour tuer sans arme… Ta femme est une meurtrière diplomatique Dragan, pas d’armes, mais pas besoin d’en avoir pour accomplir ma tache. Mais maintenant, c’est moi la noble qui est en danger… huhu»

Je repousse mon passage pour revenir sur un sujet moins vieux, mon père, notre mariage, nos rangs et tout ça. Sa question me fait rire et je réplique.

« Tu sais ce que je pense de ton rang titre et autre… tu aurais été paysan je t’aurais épousé et j’aurais élevé des cochons avec toi ! »

Bien sur il ne me rata pas quand à mes compétences linguistiques et je soupirais bien sur.

« Je suis à demi sombre… parler cette langue est normal, l’elfique pour mon autre coté et j’ai été élevée par les humains… alors forcément, il ne me restait que le dialecte nain à apprendre et il se trouve que notre abbaye se fournissait auprès d’un être de petite taille. Je n’ai aucun mérite Dragan. »

Oui je sais, je suis madame parfaite pour lui, pourtant tout relève plus de ma patience et de mon amour de l’apprentissage qu’autre chose. Puis il y avait aussi les retranchements de ma vie croisant d’autres vies… brèves, je n’allais pas me justifier sur tout. Après un baiser je me permet donc de lui faire l’énumération d’une partie de mes défaut.

« Je suis aussi incontrôlable, le temps et moi faisons deux, encline à des pulsions colériques typiques de mon sang, dénuée de diplomatie, incapable de mentir par courtoisie. Je suis aussi maladroite et incroyablement douée pour me retrouver dans des situations délicates. Puis j’ai mauvais caractère ! Tu es le mieux placé pour le savoir non ? Et puis je suis présomptueuse ! Voila !»

Je lui tire la langue, revenant contre lui pour me faire à nouveau Amazone.

« Mais oui, tu as raison, je devrais être plus sereine… »

La porte tremble alors sous les coups d’un serviteur.

« Madame Tiril ? Allez vous bien ? Nous avons entendu crier à l’autre bout du palais ! »

Je pique naturellement un fard, m’empourprant alors que je retiens tant bien que mal mon rire.

« Certes, je me porte à merveille… vous pouvez disposer. »

Et voila que mon rire m’échappe et j’en pleure presque, m’écroulant sur mon mari en enfouissant mon visage dans son cou.

Elle avait parlé de sincérité, de tout se dire? Et bien soit, il jouait le jeu! Allons-y pour les confidences douloureuses! C'était lâche de sa part de lui confier ce qui le rongeait. Il aurait du le garder pour lui faire comme si tout allait bien dans le meilleur des mondes. Mais il fallait qu'elle sache, qu'elle comprenne ce que lui pouvait ressentir. Il avait fait l'erreur de se couper d'elle et de tout garder jusqu'à s'empoisonner et s'asphyxier. Il n'allait pas recommencer cette erreur. Il avait bien des défauts, mais il ne commettait jamais deux fois la même erreur.

Alors oui, il lui confia ses sentiments, ce qu'il ressentait de la savoir prête à se battre, dévouée à son dieu, alors qu'il l'aurait voulu simplement douce et aimante, mère et épouse. Simplement. Mais les choses n'étaient pas simples, elles ne l'étaient jamais et ce qu'il pouvait souhaiter avec son coeur, sa raison le repoussait aussitôt, lui soufflant que Rév ne supporterait pas cela. Et cela, il le savait, même si ça faisait mal.

Elle parut d'ailleurs surprise par ce qu'il lui confia. Evidemment, elle n'avait rien vu, il ne lui avait jamais rien dit et n'avait rien laissé filtrer. Il ferma les yeux et respira un grand coup alors qu'elle lui avouait que son père lui avait proposé de venir. La colère revenait doucement. Mais où avait-il la tête lui aussi? Il avait perdu Arakmorach, il voulait que Rév parte au loin et risque sa vie en faisant vivre le même cauchemar à Dragan?

- "J'aurais deux mots à dire à ton père quand il reviendra."

Pas besoin d'être grand clerc pour deviner ce qu'il avait l'intention de lui dire. Il prenait sur lui pour conserver une voix calme et neutre, mais ses yeux le trahissaient à cet instant.

- "Rév s'il te plait, je n'ai pas besoin que TU me protèges."

Il avait dit cela de nouveau calmement, mais il tenait à lui faire savoir qu'il était un homme et que c'était difficile d'entendre sa femme de parler de le protéger. Cela le diminuait. Réellement. Il n'était pas foncièrement macho, mais tout de même... Il savait bien qu'au corps à corps, il ne faisait pas le poids contre elle, pas la peine de le lui rappeler, mais il n'était pas non plus complêtement empoté et savait se battre! Il avait passé des années à s'entrainer avec un maitre d'arme réputé, à Alëandir nom d'un chien! Et Rima et Rév avaient un peu trop tendance à l'oublier et à ne voir en lui qu'un diplomate. Il fit la grimace à la suite du discours de Rév. Il faillit lui faire une remarque comme quoi cela relevait plus du boulot d'un vulgaire assassin que d'une guerrière, mais se retint juste à temps. Elle n'apprécierait sûrement pas cette remarque et elle aurait raison.

Il tiqua sur l'énonciation de son titre et lui lança un question un peu stupide, il devait en convenir. Cependant, la réponse de Révérie eut le don de le faire sourire. Il les imaginait élever des cochons... Non en fait, il n'imaginait pas vraiment. Contrairement à elle, il avait toujours connu le luxe, l'opulence et les courbettes, il était autoritaire et arrogant, rien à voir avec un fermier.

Vint le sujet des langues et elle soupira à sa remarque, lui expliquant calmement pourquoi elle en connaissait autant.

- "Non, tu n'étais pas obligée d'apprendre la langue des drows..."

Langue honnie s'il en est. Et quand elle énuméra ses défauts un voile passa sur son regard. Surtout quand elle parla des colères. Il ferma de nouveau les yeux alors qu'une scène du passé lui revenait en tête, terriblement réelle. C'était quand elle s'était laissée submergée par ses instincts drows. Elle s'était montrée vulgaire, horrible, méconnaissable. Enfermée chez Rima, elle avait blessé son père avec cruauté et sans hésitation. Jamais il n'oublierait cela. Il avait réussit à la calmer. Il espérait ne jamais avoir à le faire de nouveau. Peut-être comprit-elle son expression, peut-être pas...

Un coup frappé à la porte lui fit rouvrir les yeux et il tourna la tête alors qu'un serviteur venait aux nouvelles, parlant du cri de Révérie. Toute la tension s'évacua alors que Dragan explosait de rire, laissant Révérie se dépatouiller avec ses explications. Le serviteur, en les entendant rire tous les deux dut sans doute comprendre et Dragan aurait payé cher pour voir sa tête. Révérie s'écroula de rire sur lui, lui-même n'échappant pas à l'hilarité de la situation.

- "Tu vois, je te l'avais dit. Tu as un très bel organe."

Il l'attira à elle et l'embrassa :

- "Je vous aime Aglarer Tiril."

« Ça te dérange que je sois capable de parler la langue de ma mère ? Je n’en use pas… personne ne le sais a part toi et mon père. »

Par contre, elle se mordillait la lèvre inférieure en voyant son air soucieux soudain. Il devait se souvenir de quelque chose, sans doute le moment horrible ou elle avait du faire parler son sang. Pour elle c’était étrange, comme si elle était elle-même sans l’être vraiment. Il y avait sa voix, son corps, bien que sa peu se soit assombrie… mais son esprit voyait tout de manière tellement différente. Mais cette expérience était une preuve pour elle que c’était bel et bien dans les gênes et le sang que naissait leurs cruautés.

Mais la porte est malmenée par un serviteur inquiet de… de ses cris ?! Ha oui, Dragan avait finalement raison, tout le palais avait eu à subir son chant. Etait’ elle donc si coupable d’être l’instrument musical le plus sensible qui soit entre les doigts de son excellent musicien ? Oui, son amant était capable d’arracher des notes un peu trop haute à sa gorge claire et limpide. Ho et bien soit ! Elle n’en aurait pas honte, pas trop du moins.

Le rire de son époux et le sien qu’elle tentait de réprimer alors qu’elle lui parlait l’aida à remonter son humeur. Si le serviteur n’avait pas soudainement compris, il faudrait vraiment qu’il soit stupide ou naïf. Quoi que les elfes n’étaient pas spécialement porté sur se genre de sujet, mais quand même, il y a des limites a l’absence de compréhension. La voix tremblotante de gène qui s’éleva de derrière la porte alors qu’elle pouffait de rire contre l’épaule de son époux lui assura qu’il était loin d’être sot.

« Ho… pardonnez moi Seigneur Tiril, Madame Tiril… je ne … voulais pas vous déranger. »

Il devait être en train de partir, les lèvres pincé entre ses dents et rouge a ne plus savoir ou se mettre et elle du se blottir un peu plus prés de son époux alors qu’elle était a la limite des pleures d’hilarités. Dragan lui fit remarqué qu’il avait raison, comme souvent et elle redressa lentement son visage, son ventre entre pris de spasme et son souffle rieur. Il aurait du avoir honte ! Elfe de pacotille incapable d’être plus vertueux…

« Il a cru que j’étais en danger ou que j’avais fait un malaise… je crois … »

Mais alors qu’elle réfrénait une nouvelle crise de rire, il approchait d’elle et elle lui offrit ses lèvres.

« Je vous aime Dragan Tiril. »

Nouveau baiser avant qu’elle ne se redresse, levant les bras et s’étirant félinement. Ho si Dragan voulait admirer la chose, il le pouvait bel et bien.

« Dragan… tu crois pouvoir dans la semaine te réserver un jour entier à tes fils et a moi ? Nous pourrions sortir, dans les jardins pas plus loin, mais profiter les uns des autres… non ? »

- "Je n'en vois pas l'intêret puisque tu ne t'en sers jamais, c'est tout."

Après tout, ils n'étaient que deux à le savoir et effectivement, elle ne la parlait jamais, alors quelle en était l'utilité? Mais il avait tendance à oublier qu'elle avait grandi sans savoir qui elle était, que c'était peut-être un moyen de se rapprocher de ses racines, de comprendre... Comme tout elfe, il avait la haine des drows chevillée au coeur et il lui était difficile de se montrer totalement objectif. La preuve, il n'avait pas été particulièrement tendre avec Révérie la première fois, quand il s'était apperçu de son métissage. C'était idiot de s'attarder à la race, et pourtant, le roi elfe était mort d'avoir fait confiance aux drows. Ce genre de chose n'aide pas à se montrer plus tolérant. Sans oublier qu'ils avaient empoisonné le lac, empoisonné des centaines d'elfe, tué Orelindë, et probablement Anàrion et Illydril. Non, la circonspection n'était plus de mise et tout elfe noir devait être tué.

Heureusement, l'intervention d'un srviteur trop naïf laissa la tension s'échapper et les deux époux se mirent à rire devant l'ironie de la scène. Après tout, Dragan avait été appelé auprès de Révérie parce qu'elle était soi disant souffrante. L'entendre crier pouvait venir étayer cette version et le pauvre serviteur n'avait fait que son devoir sans se douter que les cris étaient de plaisir et non de douleur.

Sa voix génée fit pouffer de rire le jeune elfe qui dut se mordre la lèvre pour ne pas sombrer dans une hilarité malvenue. Il n'y avait aucune raison à ce fou rire... Si ce n'est de s'échapper à des semaines de cauchemar.

- "Je te rappelle que tu m'as fait venir ici sous prétexte de maladie, c'est normal que les autres s'inquiètent quand ils t'entendent crier. Bah, je suis un remède miracle, c'est tout."

Il l'embrassa et lui avoua son ampour en toute sincérité. Evidemment, elle le lui rendit avant de s'étirer, féline et sensuelle, sous le regard appréciateur de son époux.

- "Oui, je pense que je peux faire ça. Ca ne va pas être facile, mais je vais m'arranger... Vous êtes ma priorité, bien plus importants que les affaires du royaume. Rima ne m'en voudra surement pas."

Il sourit et reprit :

- "Et qu'as-tu prévu pour remplir toute cette journée?"

« Ho oui ma fameuse maladie ! Le pauvre, il devait réellement s’inquiéter en réalité. Je le plains des tourments que je lui ai causé… mais je pense que le palai va se réjouir de savoir que leur seigneur et sa femme sont de nouveau amoureux comme au premier jour et se le montrent volontiers. »

Oui, leurs gens affectionnaient de savoir le couple des lieux heureux. La jolie métisse avait réussit par un étrange enchantement à conquérir le cœur de la plupart des gens d’Ardamir et heureusement. Imaginez combien il aurait été difficile à notre hybride de vivre ici dans le cas contraire ! Bien sur il y avait toujours des conservateurs qui seraient près à cracher sur son passage et a l’insulter de bon cœur. Mais pourtant, ici était l’endroit ou elle vivait un bonheur à nul autre pareil. Son métissage était assez clair pour qu'elle n’en souffre pas outre mesure… si elle avait eu la peau sombre, elle ne l’aurait pas supporté elle-même.

Ses propos la firent sourire alors que ses doigts d’albâtre glissaient dans la chevelure d’argent de son époux. Oui, son père pardonnerait sans aucun doute aux tourtereaux de délaisser Ardamir une journée, de toutes façons, il y avait une dragonne prête à reprendre le flambeau à tout moment. L’idée de lui faire prendre mari lui plaisait bien, la solitude l’avait rendue si hargneuse ! La question de Dragan la força à prendre une petite moue renfrognée alors que ses mains glissaient sur son épaule.

« Si je te le dis… ce ne sera plus une surprise n’est-il pas ? »

Puis posant un doigt mutin sur ses lèvres pleines et charnues, la demoiselle reprit.

« Mais je consens à te donner quelques idées quand a ce que mon esprit ose imaginer en ta compagnie. Je pensais à un pique nique, dans les jardins. Profiter de l’air pur et de la végétation. Je prendrais ma lyre avec nous si l’envie d’une envolée lyrique se faire ressentir.»

Elle délaissa sa lèvre et posa ce même doigt sur le bout du nez de son époux, lui demandant alors d'une voix toujours aussi espiègle.

« As-tu donc d’autre idée en tête vile sacripant ? »

Nul ne sait ce qu’il advint ensuite de la journée et de ces heures volages qui filaient a tire d’aile. Toujours est-il que le Marquis d’Ardamir ne réapparut pas de la journée… allez donc savoir ce que l’étrange créature qu’il avait prit pour femme lui avait fait subir.