En quête de solitude[ PV Soren ]

- Plus haute, la garde ! Ivan, la jambe plus fléchie, ça te permettra un mouvement plus preste ! Vous, là bas ! Cesser de me tenir cette lame comme une aiguille à broder, voulez vous ? Prolongement de votre bras, ai-je dis !

Voila plus de trois heures que j'avais débuté mon dernier cours de la semaine. Le but était simple : former une garnison entière, puis une autre sur un modèle d'entrainement trés simple et complet qui leur permettrait de s'entrainer eux-même pour s'entretenir sans devenir trop dépendant de mes enseignements. Certes j'avais longuement réfléchit ma méthode, mais je devais sans cesse me rectifier moi-même lorsque je mettais le point sur d'éventuelles erreurs. A vrai dire, je ne pensais pas que l'enseignement pouvait s'avérer si complexe. L'effet de masse, sûrement. Sans compter que j'étais plus jeune que la plupart de mes élèves, ce qui au départ en avait excédé quelques uns. Il m'avait fallu livrer duel pour m'imposer de façon totale. Toutefois, je savais qu'a l'occassion ils ne me rateraient pas. Mes cours étaient donc fait sur le fil ce qui n'était pas sans me procurer une sensation agréable de tension bénéfique. Le spectre de la guerre n'arrangeait rien, soumettant les soldats à un énervement et une inquiétude néfaste. Mes cours s'averaient de plus en plus difficiles le temps passant, malheureusement. Comment les blâmer, à vrai dire ? Savoir leurs camarades au front, à probablement tomber sous les lames ennemies...

Heureusement qu'Elvira mon petit chaton griffu était là pour me distraire lorsque enfin la journée s'achevait. Enfin, distraction.... C'était Elvira, en somme ! Mais ça me faisait du bien. Je me retrouvais "chez moi" et cette idée me faisait chaud au coeur, même si mon chaton aurait pût s'assoir dessus avant que je ne lui avoue.
Avec un soupir, je revins à la réalité. Deux soldats étaient entrain de s'enguirlander et menacaient bel et bien d'en venir aux mains, lesquelles tenaient leurs armes. D'un pas rapide, j'avançais vers eux en dégainant ma fidèle rapière, usant de la lame pour m'interposer.

- Il suffit ! Je ne tolérerais pas ce genre d'esclandre dans mes rangs, messieurs. Lâchez vos arme et reculez de dix pas avant que je ne vous y force.

Mon ton était froid et cinglant et n'autorisait aucune réplique. J'obtins gain de cause, car tout deux finirent par obéir tandis que leurs épées tombais sur le sol sableux de la cour d'entrainement dans un bruit métallique. Ils me regardèrent avant de recommencer à se défier, sous la grogne de leurs camarades qui se trouvaient mécontents d'être privés d'une perspective de spectacle. J'étais conscient que continuer le cours n'aurait pas été la meilleure des idées. Je décidais donc de couper court tout en rengainant ma lame.

- Les leçons sont terminée pour aujourd'hui. Rompez les rangs, messieurs. Demain, double d'excercice. Bonne aprés-midi.

Sans plus de cérémonie, j'en viens à leur tourner le dos tandis que tous finirent rapidement par disparaitre en maugréant plus où moins sous cape. Quant à moi, je soupirais une fois de plus, levant les yeux vers le ciel bleu. Mon regard se perdit dans les petits nuages traînards, puis je réalisais. Les premiers jours du printemps ! Le retour des hirondelles ! Ah, je ne comptais pas laisser passer ça alors que je venais de libérer la fin de ma journée, hors de question. Je devais bien emmener Elvira faire la tournée des comptoirs de Diantra, mais j'avais du temps à tuer avant l'heure.

Gardant les yeux en l'air, je cherchais un éventuel point d'obervation, que je trouvais sans peine. Une petite tour de garde qui donnait une vue imprenable sur la cour où je me trouvais. Ni une ni deux j'en pris la direction, attachant mes cheveux en un catogan à l'aide d'un ruban de soie bleu accordé à la chemise légère que je portais déjà sur un pantalon de cuir noir surmonté de mes cuissardes de cuir marron. Comme toujours, ma rapière battait contre ma cuisse droite tandis que je filais dans les escaliers, manquant même de déraper sur une marche un peu huileuse au passage. Aprés quelques détours, j'arrivais tout de même à destination. Au bout des derniers escaliers, la porte de bois qui me séparait de mon point de vue. Je finissais par la pousser en sifflottant un petit air d'opéra, pensant de toutes façon être le seul à me rendre ici.

Hmmm.... Visiblement, non. Un type se planta devant moi à peine le battant poussé. Ce plastron frappé d'un Lys et cette joue balafrée...

- Victor ? Que faîtes vous ici, l'ami ?

J'avais revu mon ancien adversaire du Lys depuis notre duel à la demande de la reine, deux semaines auparavant. Nous avions lié connaissance, assez du moins pour nous appeller par nos prénoms respectifs. Un homme fort sympathique, peut-être un peu trop limité à son obéisance sans bornes. Avant qu'il ne puisse répondre, j'aperçus un décolté quelque peu généreux. Le bras de Victor me cachait le visage, mais me laissait la possibilité de glisser mes yeux malicieux sur la peau rebondie. J'enchaînais rapidement, sur un ton amusé.

- Oh, je vois !"Une généreuse" compagne.... Vous vous êtes trouvé une courtisane à découvrir en... Profondeur ?

Je ne pensais pas m'être montré vraiment insultant à ce moment là, ce qui fit que je ne compris pas vraiment pourquoi son visage sembla se décomposer une fois ma phrase terminée. Aurais je fais une quelconque boulette ?

Lilianna soupira , levant les yeux au ciel. Vraiment , cette maudite tour n'était pas un lieu où l'on pouvait être seul un moment. Trystan l'avait dit , elle même l'avait constaté. Alors pourquoi être revenu ici ? Peut-être parce qu'il lui manquait énormément... Peut-être par nostalgie ? Cela faisait déjà huit mois qu'ils étaient ensembles , et cela faisait quasiment trois mois qu'ils étaient mariés. Et cela faisait à peu près autant de temps qu'elle était enceinte. Et il n'était pas là... Elle se mordit la lèvre , les yeux portés sur l'horizon. Que pouvait-il bien se passer là bas ? Trystan ne voulait pas l'inquiéter dans ses lettres , mais elle le soupçonnait de lui cacher certaines choses. Mais comment le savoir ? Elle ne pouvait pas aller vérifier... Il lui avait offert les pleins pouvoirs... Elle ignorait comment gérer la moitié des choses et les conseillers réunis ne l'aidaient pas du tout. Heureusement , elle parvenait à faire entendre sa voix. Sans doute l'ombre du roi était-elle derrière elle. Voilà ce qui la protégeait , en plus des nombreux gardes et personnes auquels Trystan avait dû ordonner de veiller sur elle. Nouveau soupir. Quelle douloureuse solitude...

La jeune femme fronça les sourcils , entendant une voix s'élever derrière elle. Elle jura tout bas. Voilà quelqu'un qu'elle n'avait absolument pas envie de voir. Secouant la tête , elle reporta son attention sur le paysage de son royaume. Avec un peu de chance , le Lys l'empêcherait de passer. Ce que Lilianna ne savait pas , c'était que Victor s'étatit plus ou moins lié d'amitié avec le nouveau maître d'armes de Diantra. Lilianna tiqua alors qu'il s'adressait au garde. De mieux en mieux ! D'abord une suivante du roi , maintenant une courtisane qui s'amuse à la haute voltige avec les hommes du palais. Oh il pouvait bien penser ce qu'il voulait , cela lui était égal. Après tout , elle avait l'habitude qu'on se méprenne sur son identitée ou sur son supposé caractère. Une nouvelle vague de nostalgie l'envahit. Dans cette tour , le conseiller hautain qu'était Trystan s'était lui aussi imaginé des choses. Il avait cru qu'elle n'était qu'une idiote , une petite courtisane... Ou du moins elle avait cru qu'il pensait cela. Elle s'était rendue compte bien plus tard que ces paroles étaient déstinées à les préserver tous les deux d'un amour interdit... Mais voilà l'interdit avait été brisé , chacun s'étant glissé jusqu'au coeur de l'autre.

« La reine est là et aimerait être seule. S'il vous plait. »

Lilianna remerçia mille fois Victor pour ses paroles. Elle priait pour que Soren l'écoute et passe gentiment son chemin. Elle ne désirait rien d'autre qu'un peu de solitude. Ce n'était pas un si gros caprice que cela. Même une reine a besoin d'un peu de tranquilité. Loin des cris , loin des demandes incessantes de la cour. Bon évidemment , quand on est reine , être seule inclus au moins un garde. Et le chien. Mais le chien n'était pas le plus gênant des deux. Il n'était même pas gênant du tout. Le Lys non plus , mais... Mais voilà , elle aurait voulu se trouver loin de toute présence humaine. Lilianna eut un petit sourire et elle glissa sa main sur son ventre. Il n'y avait guère que cette présence là pour la faire sourire , en l'absence de son époux. Et son ventre s'arrondissait , tout doucement... Ca ne se voyait pas , sous sa robe blanche et lilas. Elle priait pour que Trystan revienne avant que cela ne se voit. En vérité , Lilianna avait peur d'annoncer sa grossesse. Sans Trystan pour veiller sur elle. Sans lui , tout simplement. Lilianna se retourna doucement. Comme elle s'y attendait , il ne semblait pas vouloir s'en aller. Elle leva les yeux au ciel.

D'un pas lent , Lilianna s'approcha du garde et posa sa main sur son épaule. De toute façon qu'avait-elle à y perdre ? A y gagner ? Rien.

« Laissez , Victor. Au pire si sa présence m'insupporte , vous le jetterez par la fenêtre. »

Elle eut un petit sourire. Ce n'était pas une menace , simplement une plaisenterie. Le garde haussa les épaules et abaissa son bras. Il garderait un oeil sur lui , néanmoins. Lilianna s'écarta de nouveau , prêtant peu d'attention à Soren. Elle n'avait pas le coeur à être une reine glacée aujourd'hui. Ses traits étaient fatigués , ses yeux cernés. Elle était épuisée par ses longues journées et ses nuits sans sommeil.

Ah, oui. Boulette.
La compagne de l'ami Victor n'était autre que la reine elle-même. Mon entrée en scène avait été fort peu délicate et je gageais que cela n'allait pas rendre mes relations avec elle plus cordiales. Déjà qu'elle ne semblait pas vraiment enchantée de m'avoir confié le poste qui était le mien....

Evidemment, le Lys me demanda de filer en prétextant que la reine désirait être seule. Allons bon ! Je ne comptais pas non plus lui servir de dame de compagnie, mais seulement observer le ciel. Moi aussi, j'aurais préféré me retrouver seul et en paix pour ce faire, je me serais passé du regard accusateur de Victor, avec qui je m'étais lancé dans une discussion à sens unique étant donné que le bonhomme était plus têtu qu'une mule. Je ne passerais pas, et cela me déssapointait quelque peu. Mais au moment où je me résignais à devoir tourner les talons, la voix douce et un peu lasse de Lilliana monta de derrière l'imposante carrure du garde du corps.

« Laissez , Victor. Au pire si sa présence m'insupporte , vous le jetterez par la fenêtre. »

Le brave cerbère obtempéra plus où moins de bonne grâce et je lui adressais un petit sourire satisfait et faussement désolé. Je me réconcilirais avec lui autour d'une chopine de bière brune, sa préférée. Je lui glissais un petit "merci" tandis que je me faufilais derrière lui et qu'il refermait sur la porte sur la pièce circulaire où nous nous trouvions. Arrivé à la hauteur de la souveraine, je m'inclinais plus pour le protocole que par réelle politesse. Mes yeux posés sur son minois pourtant charmant marquèrent-ils ma légère surprise autant que le fit mon haussement de sourcils ?

- Ma dame, pour vous remercier de supporter ma compagnie, je ne vous dirais pas que vous avez une mine horrible.

Je fûs tenté d'en rajouter, mais je me souvins que le roi était partit pour le front. Pas bien difficile d'imaginer ce qui tenait éveillée la reine aux yeux couleur lila tout au long de la nuit. L'inquiétude, l'anxiété. La peur de ne pas le revoir, la peur de devoir honorer le mausolée érigé à sa mémoire si le conflit venait à nous être défavorable. Je la plaignais sincèrement. Je comprenais l'amour sincère et me doutais de la douleur que la séparation devait faire supporter. Non, je ne serais pas de ceux qui joueraient les parfaits hypocrite en prétextant s'interesser à elle. Je jouerais mon propre rôle, veillant à toutefois ne pas l'attrister davantage. Pour ce faire, j'avais conclu ma phrase par un de mes sourires qu'elle ne semblait pas supporter. Je fis quelques pas vers la fenêtre, regardant un instant la cour en contre bas avant de m'interesser au ciel qui était aprés tout le but de ma venue ici.

- Vous savez, vous devriez prendre l'air. Celui de la cour est un peu chargé ces derniers temps, ce n'est pas bon pour votre teint de pêche et pour votre moral. Je vous proposerais bien une ballade en tête à tête, mais vos deux cerbères et ma rapière me disent que vous n'accepteriez pas. Alors à défaut....

J'ouvris alors la fenêtre, laissant un vent doux et frais venir nous caresser tout les deux. On entendait même quelques oiseaux piailler ça et là, avec une vue sur la ville qui était ma foi plutôt enviable. Durant un instant, j'observais le ciel. Rien à l'horizon. Je revins donc vers la souveraine pour achever ma phrase.

- ...J'ouvre la fenêtre. Au moins vous respirerez autre chose que de l'air chargé de tension et d'hypocrisie.

Ce jour là , Lilianna n'était d'humeur à jouer les souveraines glaciales. Elle n'était même pas d'humeur à être souveraine tout cour. Dans cette tour , elle redevenait la petite comtesse effrayée qui fuyait les hommes. Dans cette tour , la tristesse l'assaillait plus encore. Dans cette tour , elle voyait son rpyaume qui semblait s'étendre à l'infini. Elle savait qu'au loin il y avait Trystan... Elle était plus ou moins en sécurité , et lui devait sans cesse craindre que quelque chose tourne de travers. Mais c'était à se demander si Lilianna n'était pas plus inquiète pour lui que lui même. Elle était toujours trop inquiète de toute façon. Lilianna n'était quasiment jamais rassurée , lorsqu'il était loin d'elle. De plus , être enceinte n'arrangeait pas sa situation. Elle craignait tout et n'importe quoi. Lilianna ne craignait pas pour sa vie à elle. C'était pour celle de son bébé qu'elle avait peur. Si on apprenait qu'elle était enceinte alors que le roi était loin , il serait facile de tenter de l'assassiner... Elle tressaillit , puis chassa ces pensées de son esprit. Après tout , n'y avait-il pas les meilleurs soldats à ses côtés ? Les plus fidèles à la couronne et à son mari ?

Lilianna posa un regard sceptique sur Soren alors qu'il s'inclinait devant elle. Puis elle remarqua qu'il avait un air étonné. Sa pensée se confirma alors. Tiens donc , lui aussi il avait remarqué qu'elle avait une mine épouvantable ! Ce n'était pas bien difficile à voir... Elle était épuisée et cela se voyait. Son corps avait besoin de repos , elle avait besoin de repos. Plus important , l'enfant avait besoin de repos. Mais elle avait besoin d'un repos qu'on ne pouvait pas lui accorder. Pourtant , elle faisait son maximum pour se reposer. Comme le lui avait conseillé les médecins , elmle faisait son possible pour rester assise , elle mangeait , ou plutôt se forçait à manger. Elle se rappellait constament à elle même que ce n'était pas pour elle , qu'elle devait se nourrir. Mais les dieux savaient que c'était dur , d'être aussi seule. Seule face au peuple... Seule dans son lit.

« Ma mine horrible n'est pas d'aujourd'hui. Vous ne sauriez me vexer avec des propos... Véridiques. »

Sa yeux ternes , son teint plus fade , ses cernes... La fatigue se lisait sur ses traits. Du regard , elle suivit Soren qui se plaçait à l'autre fenêtre. Son coeur se serra. La même scène qu'il y avait huit mois , mais un des héros n'était pas à sa place... Lilianna quant à elle avait pris place près de la vitre qu'elle avait fait volé en éclats. Elle restait désespérement silencieuse. Assurément , elle n'allait pas bien. Pas bien du tout même. Elle inspira à fond , et sa poitrine se souleva douloureusement. Elle avait l'impression d'étouffer dans un corset. Corset qu'elle ne portait plus , pour laisser sa taille fine devenir plus belle de jour en jour. Comme la majorité des femmes enceintes , elle avait hâte de voir son ventre s'arrondir. Tout comme elle craignait qu'il ne s'arrondisse trop vite. Parce que si c'était invisible sous sa robe , elle le sentait. Cette petite bosse qui semblait vouloir prendre chaque jour un peu plus de place... Lilianna souffla doucement. Elle devait avoir l'air ridicule à rester ainsi silencieuse.

« En effet , je n'accepterai pas. Et je crains qu'une balade ne puisse rien faire pour mon moral qui est déjà plus bas que terre. »

Il ouvrit la fenêtre , et Lilianna eut un petit rire. D'un geste de la main , elle désigna la fenêtre près de laquelle elle se tenait , qui était déjà ouverte. Le chien se leva et vint près des jambes de Lilianna , les oreilles couchées. Ce chien était aussi jaloux que son maître. Pour le calmer , elle le caressa entre les oreilles. Trystan , elle lui caressait les cheveux. Elle soupira doucement.

« Puis-je savoir ce qui vous amène ici ? Je pense que vous ne cherchiez pas ma compagnie... »

EDIT = Désolé pour le retard...

De fait, notre Reine aux yeux couleur champs de lavande semblait avoir le moral plus bas que les talons.
Moi qui pensais qu'elle répondrait gentimment à ma petite critique, je tombais de haut lorsqu'elle ne trouva rien de mieux à faire que de confirmer mes dires. Décidément, mes reflexions quant à son inquiétude avait sûrement visé juste, bien que les soupsconnais d'être en deçà de la vérité. Qui peut imaginer ce qu'une femme à la tête couronnée peut endurer en temps de guerre ? Nous avions tous nos croix et celle de Lillianna me semblait un peu démesurée pour ses frêles épaules. N'avait-elle donc personne pour la soulever avec elle ? Cela m'attristait un peu mais je décidais de laisser tout cela de côté autant que possible. Là n'étaient pas mes affaires et sûrement n'avait elle aucune envie que je m'apitoie à ses côtés sur son sort. Et de toutes façons, je n'en avais pas l'envie non plus. A chacun son rôle et je ne considérais pas le mien à cette place. Pourtant, l'idée de lui tenir compagnie pour quelques papotages ne me déplaisait pas. Notre souveraine m'avait laissé une bonne impression lors de notre rencontre.

Le silence qui avait régné à ce moment là était lourd et franchement peu engageant. Remarquez, je l'avais dérangé et peut-être avait elle ressenti le besoin d'être seule ? (quoique seule avec un chien et une des armoires à glace du Lys me semblait un peu paradoxal). Aprés une longue et profonde inspiration, elle se décida à briser la glace et répondit évidemment par la négative à ma proposition de promenade.

- Vous êtes butée, ô ma Reine. Changer d'air ne pourrait que vous faire du bien. Rester à se morfondre parmis des nobles et entre les pierres d'un vieux château n'a jamais profité à personne. Et si vous craigniez que l'ont jase, je marcherais deux pas derrière.

La proposition était tout à fait honnête, mais j'avais la nette impression de parler à un mur qui allait une nouvelle fois me repousser. Mon regard lunaire se porta par habitude sur son corps, observant sa taille que je trouvais un peu trop compréssée. L'habitude d'observer les dames de la noblesse m'avait doté de quelques petites connaissances plus où moins utiles, qui s'avérèrent suffisantes pour noter un léger détail : soit Lillianna avait chois la robe un tantinet trop en dessus de sa propre taille, soit elle avait pris du ventre.
.....Au vu des repas que faisait la cour, rien de bien étonnant. Mais d'aprés ce que j'en savais, elle avait un appétit d'oiseau. Qu'importait ? Lui faire la reflexion pourrait m'attirer ses foudres, desquelles je me passerais sans mal. De plus, j'avais d'autres chats à fouetter, car j'avais ouvert une fenêtre alors qu'une autre l'était déjà. Pour la logique, je repasserais.
Mais on n'abattait pas la superbe de Soren de Scylla de cette façon !
Tandis qu'elle caressait son animal -et je ne parlais pas du Lys- je regardais à travers la fenêtre que j'avais ouverte par mes soins.

- Je suis venu ici pour cela, et évidemment pas votre compagnie, soyez soulagée. Elles arrivent de ce côté, comme chaque année.

Je tournais ma tête vers elle pour lui adresser un petit sourire et lui expliquer.

- Vous n'ignorez sûrement pas que nous sommes dans les premiers jours du printemps, n'est ce pas ? Et comme toujours, les hirondelles reviennent vers les terres humaines à cette période. C'est leur compagnie somme toute assez relative que je venais trouver. J'ai rarement eu tel perchoir pour les voir, j'en tirerais bien quelques leçons...

Discours quelque peu obscur pour elle sans nul doute, mais d'une clareté cristalline pour moi. Chaque année, j'étudiais le vol des hirondelles pour en tirer les enseignements qui, je l'espérais, aiderait à étoffer mon art de la lame. Accompli, certes, mais aucunement parfait. Mon second but dans la vie, alors que le premier avait fait un bond en avant lors de ma nomination en tant que Maître d'Armes.
M'accoudant au rebord de la fenêtre en face de la souveraine, je jettais quelques petits coups d'oeil au dehors pour ne pas rater l'arrivée de mes amies, à supposer qu'il en restait encore à venir.

- Et vous ? Pourquoi la femme la plus en vue du royaume se terre t'elle dans une tour à l'écart ? La couronne serait elle trop pesante ces derniers temps ?

Lilianna eut un petit rire moqueur. En effet , elle était butée. A ceoire qu'elle prenait des traits de caractères de son mari. Quoiqu'en même temps , quand elle pensait quelque chose , il était bien difficile de lui faire changer d'avis ! Par exemple , plusieurs de ses proches avaieent beau lui dire qu'elle pouvait être une grande reine , elle n'en restait pas moins très peu convaincue... Oh et puis de toute façon , que pourrait bien pour elle une "petite balade" ? Rien du tout... Et puis elle avait tendance à s'épuiser bien vite , à cause de tas de choses. D'abord , ses journées l'épuisaient bien assez. L'air de rien , tenter de converser avec des conseillers n'avait vraiment , mais alors vraiment rien , de reposant. Ensuite , elle devait gérer le peuple : les plaintes , les conflits , les demandes... Non pas qu'elle ne souhaitait pas s'occuper de son peuple , bien au contraire. Seulement , certains se plaignaient vraiment pour des broutilles. Comme la noblesse en soi. Et en l'absence de bon nombre d'hommes , c'était pire. Les femmes se crépaient le chignon pour un rien ! C'était franchement agaçant au bout d'un moment ! La veille encore , elle avait reçu deux courtisanes qui se plaignaient. Et vous savez pourquoi ? Parce que mesdames trouvaient que la guerre ne devait pas avoir une influence quelconque sur la cour. Lilianna les avait regardé , ébahie. Quoi ? Mais elles se moquaient d'elle ou quoi ? Que pensaient elles ? Que tous les hommes devraient rester à siroter un verre de vin pendant que d'autres se faisaient massacrer à leur place ? Ou peut-être que les femmes restaient derrière devaient attendre sagement leur retour dans les bras d'un autre ?

Et alors qu'elle les congédiait avec tact et politesse , Lilianna avait pris conscience d'une chose... Qui était-elle pour penser de telles choses ? Avait-elle donc oublié à quel point elle avait été égoïste ? Elle aurait envoyé des milliers d'hommes à la mort pour garder Trystan à ses côtés. Lilianna avait pleuré , supplié... Hurlé. La jeune femme avait été jusqu'à le rabaisser en lui rappelant sa condition d'aveugle. Alors que d'ordinaire , elle était la première à le soutenir. Comme elle avait honte de ses gestes , de ses actes... Si elle avait pu revenir en arrière et transformer leurs adieux , elle l'aurait fait. Mais malheureusement , cela n'était pas aussi facile que cela. Ce qui est fait est fait. Il n'y a pas de retour possible. Lilianna releva les yeux sur Soren , avec un léger air de repproche.

« Je ne crains pas que l'on jase. Je crains seulement que vous parliez. »

La jeune femme n'avait pas vraiment besoin de l'entendre débiter des flots de paroles auxquelles elle n'accorderait ni attention ni importance. Elle n'avait rien contre lui , mais elle avait tout de même gardé un arrière goût amer de leur rencontre. Soren n'avait pas débarqué à la cour à un très bon moment. Aurait-il débarqué quelques semaines plus tôt que cela se serait sans doute mieux passé. Lilianna aurait encore été dans l'euphorie de son mariage avec Trystan. Hélas pour lui , il était arrivé quand les choses avaient commencé à mal tourner... Encore une fois , impossible de revenir en arrière. Lilianna croisa les bras sous sa poitrine , portant ses yeux sur le Maître d'Arme de Diantra. Elle espérait sincèrement qu'il ne prêterait pas attention à sa poitrine un peu plus... volumineuse que la fois où ils s'étaient rencontrés. Peut-être s'inquiétait elle pour rien ? Elle n'en avait aucune idée. Autant dire que sans Trystan , elle ne pouvait pas vraiment savoir si son corps avait changé visiblement ou non... Lui , il connaissait son corps par coeur , il en prenait soin , passait ses soirées à le caresser... Elle tressaillit , chassant ces moments quotidiens de son esprit. Inutile de dire qu'elle n'avait pas du tout envie de s'effondrer devant cet homme... Et puis , ne s'effondrait-elle pas assez ? Ne versait-elle pas assez de larmes , une fois seule ? Elle avait l'impression de ne faire que ça... Pleurer , encore et encore. Les larmes étaient-elles intarissables ?

Lilianna eut un petit sourire triomphant , alors que Soren changeait soudain de sujet. Eh oui , il avait ouvert une fenêtre alors qu'elle même l'avait déjà fait. Tout de même , elle n'était pas faible au point de ne pas savoir ouvrir une fenêtre ! Enfin , Lilianna n'était pas de nature vraiment moqueuse , et elle n'avait pas l'intention de jeter de l'huile sur le feu. Cabal , jusque là caché dans un coin , vint se frotter aux jambes de Lilianna , les oreilles couchées. Oh non , il n'allait tout de même pas grogner ? Lilianna baissa les yeux sur lui , pour le caresser. Non , il n'allait pas montrer les crocs. Il était bien éduqué. Mais la jeune femme ne put s'empêcher de sourire en pensant que Trystan savait montrer les crocs lui. Franchement , elle adorait ce chien. La jeune femme releva la tête , et posa ses yeux interrogés sur Soren. Elles arrivent ? Qui donc ? Puis elle écouta les explications du jeune homme. Oh , les hirondelles ! Il venait donc voir ces oiseaux... Pour elle c'était somme toute une occupation comme les autres.

« Ce n'est pas étonnant de trouver ces oiseaux ici... Elles sont là tous les ans. Je le sais , pour avoir cherché moi aussi des perchoirs en quête de solitude.»

Lilianna passa un peu la tête par la fenêtre , et elle leva la tête. Tiens , il y avait un nid juste au dessus de sa tête. Elle ne s'était jamais prêté à ce jeu... Elle n'avait jamais observé le retour des oiseaux. Il faut dire qu'elle avait toujours eu d'autres... Occupations. Ou problème , c'était selon. En ce moment , c'était les problèmes. Elle rentra la tête et observa Soren. il eut un silence , alors qu'elle réfléchissait à sa question. Pourquoi était-elle là ? Il voulait porter sa couronne peut-être ? Elle soupira. Tout cela n'avait absolument rien d'amusant.

« Je ne me cache pas. Je suis simplement ici parce que... Parce qu'il me manque. »

Nul besoin de préciser. Il n'était pas idiot , elle comprendrait de quoi elle parlait. Mais quant à savoir quel était le rapport entre sa présence ici et Trystan... Non , cela il ne pouvait nullement le comprendre.

Elle craignait que je parle....
Voyez vous ça. Je n'avais pas pour habitude de me lancer dans d'inutiles discours lorsque je ne comptais séduire. Alors oui, pour quelques riches veuves esseulées j'aurais sûrement papoter et déblateré quelques paroles plus où moins utiles juste pour me faire entendre et trainer la ribeaude jusque ma couche, mais là.... Lillianna ne m'interessait pas outre mesure. Oh, le fait qu'elle soit reine ne changeait rien. A vrai dire, l'idée de culbuter une couronne -pardonnez moi l'expression- me plaisait assez. Les femmes souveraines valaient elle plus que la première domestique venue, où toutes les donzelles étaient elle sur un pied d'égalité lorsque le temps de gémir était venu ?
Quoiqu'il en fût, j'avais beau apprécier la reine des hommes juste ce qu'il fallait pour me montrer aimable et agréable, ell ne m'attirait pas. Peut-être que son air de jeune femme amoureuse et constamment soupirante refrenait il ma libido ? En tout cas, je ne comprenais pas son désir de rester enfermée à se morfondre. Si votre vie battait de l'aile et semblait s'écraser sur le sol, pourquoi s'obstiner à ruminer vos pensées les plus noires ? Il y avait un côté masochiste dans cette histoire. Pensait-elle qu'attendre simplement le retour de son époux arrangerait tout ? De ce que j'en avais vu et entendu au château, Lillianna semblait dépassée par les évènements qui lui arrivait dessus et sa côte de sympathie oscillait souvent. Quant au peuple, il aurait voulu une reine plus présente pour lui en cette période sombre pour lui. Alors que ses fils se faisaient tuer, sa souveraine semblait vouée à s'effondrer et se montrait au final désespérement lointaine et.... Faible. Fréquentez divers comptoir avait du bon. Tout cela je l'avais entendu lors de mes virées dans la plupart des quartiers de Diantra et curieusement, cela ne m'avait pas fait plaisir. Même si c'était vrai, et il me fallait l'admettre.

Le chien vint se frotter à elle tandis que je la scrutais à nouveau. Ses bras croisés sur sa poitrine avait relevée celle çi et.... Hmmm..... Mon oeil m'indiqua que le décolté était un peu mieux fourni que la dernière fois. Le corset, peut-être ? Posant mes yeux sur sa taille, je cherchais les éventuelles armatures qui seraient apparues sous le tissu du vêtement. Mais non, rien du moins à première vue. Pas de corset (chose étonnante) et une poitrine plus généreuse ? Il était possible que je me trompe, ne l'ayant vue qu'une seule fois d'assez près pour la scruter. Ce n'était pas avec les quelques apparitions éclairs que je faisais à la Cour que j'avais eu le loisir de mieux l'observer. Je décidais de mettre de côté ces reflexions, me contentant d'hausser simplement un sourcil interrogateur tandis qu'elle évoquait les hirondelles.

- Bien sûr, qu'elle reviennent tout les ans. Mais tout le monde n'a pas accès aux tours du château, ma chère. Et maintenant que je puis y prétendre, j'en profite.

Lillianna poussa un soupire alors que j'enlevais mon catogan pour laisser ma crinière couleur d'argent dévaler mes épaules et mon cou. Incroyable comme j'étais toujours impeccablement coiffé même aprés l'effort ! Je passais une main dans mes cheveux et l'écoutais me reveler que le roi lui manquait.
Rien d'étonnant que son homme lui manque, qu'elle soit reine où catin. Tout ces gens amoureux se languissent de leur moitié quand celle çi s'éloigne, aprés tout. Cette fois, ce fût mon tour de soupirer.

- Comme tout les hommes partis à la guerre manquent à leur femme, en somme.

Mon ton fût plus sec que ce que je ne l'aurais voulu. Mon amertume était là, au fond de ma gorge. Je l'ai déjà dis, j'appréciais cette reine qui semblait pourtant ne pas vouloir me rendre la pareille. Et savoir que le peuple grognait un peu contre elle me désapointtait.
Nouveau coup d'oeil vers l'extérieur, pour revenir planter mon regard couleur de lune dans le sien.

- Vous sortiriez, vous verriez que nombre d'épouses, de mères, de promises et d'amoureuses ne cessent de soupirer, de pleurer. Elles guettent des nouvelles, en espérant que le deuil ne leur accordera pas sa compagnie.

J'avais continué sur un ton froid qui ne me ressemblait pas, mais qui montrait toute l'importance que j'attachais au sujet. Lillianna et sa cour ne se mêlaient jamais au peuple et ne mesuraient pas vraiment l'ampleur de ce que j'entendais jour aprés jour. J'enchaînais, sans lui laisser le temps de répliquer, tandis que le Lys toujours présent semblait tiquer de ce ton adressé à sa reine.

- ....Pourtant, ces femmes sont actives. Elles tiennent famille et foyer en ravalant leurs larmes pour rester digne et fière de leurs hommes partis pour peut-être ne pas revenir. Elles n'ont pas le luxe de se refugier en haut d'une tour simplement parce qu'ils leur manquent.

La lame verbale trancha l'air aussi sûrement que ma rapière l'aurait fait. J'étais désolé de lui balancer ça aussi franchement, mais tant pis. Si personne à la cour ne lui disait qu'il était temps qu'elle réalise qu'elle n'était pas la seule femme à pleurer son mari, j'endosserais ce rôle, quitte à me faire détester d'elle.
Pas pour Lillianna, non. Pour Diantra, pour son peuple. Parce qu'une reine paraissant faible risquait d'entraîner plus de conséquences que celle çi ne le penserait.