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 ¤ Une Nuit sans Lune. [PV Heaven]

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Ethirenn
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MessageSujet: Re: ¤ Une Nuit sans Lune. [PV Heaven]   ¤ Une Nuit sans Lune. [PV Heaven] - Page 2 I_icon_minitimeDim 18 Jan 2009 - 12:46

Dans la douce chaleur de la taverne, les deux compagnons se dirigèrent vers une table libre et reculée, sans toutefois être coupée du monde. Le décor était léger, le bois orné de tapisseries peu chargées, aux couleurs très aériennes, mais chaudes, créant une atmosphère ambiante très tiède et confortable. Ils s’installèrent l’un en face de l’autre, sur deux banquettes molletonnées apposées contre le mur, entre deux paravents en chêne. La table était en acajou très foncé, lisse sous les doigts et lustré tel un miroir. S’adossant, droit mais tranquillement contre le dossier de la banquette, l’elfe entendit l’humaine s’adresser à sa personne. Il semblait qu’elle désirait s’occuper des frais, bien que cela parut difficilement acceptable pour la galanterie elfique, le sylvain se força à hocher positivement la tête avec un faible sourire de remerciement.

Le serveur s’avança, à l’aspect jovial et au ventre rebondi. Le sang mêlé commanda une « assiette verdure », principalement composée de fruits, de légumes et d’herbacées comestibles. Le naturel cyrillique le rappelait à l’ordre à la moindre occasion, manger sain consistait pour lui, à se nourrir à quatre-vingt-dix pour-cent de produits provenant directement de la terre. La viande lui était hélas nécessaire, aussi se nourrissait-il d’avantage de poissons. Mais parfois, il s’obligeait à ingérer un pavé bien cuit, du moins pour assurer le bon fonctionnement de son organisme. Autour des deux jeunes gens, les conversations s’animaient peu à peu, entrecoupées par les paravents. Les serveurs évoluaient entre les tables avec une agilité certaine et précise. Le regard absinthe du sylvain se déposa sur celle qui lui faisait face …

Ils venaient de traverser quelques épreuves pour le moins difficiles, de plus, la jeune femme ( d’après ce qu’elle en avait dit ) ne semblait pas avoir vécu dans le bonheur, ne serait-ce qu’avant leur rencontre. Pourtant, elle l’avait aidé, et ils s’étaient pour le moins serrés les coudes, dans l’urgence, comme dans la détente. Ce fut la première fois qu’un être humain partageait le danger véritable avec le maître d’armes. L’expérience s’était avérée enrichissante, du moins, en ce qui le concernait. Le grand Cheilan serait peut-être, lui aussi intéressé par ce qui s’était produit ces derniers jours. Cependant, le besoin de retrouver son ami quadrupède n’était plus aussi pressant que jadis. Il avait retrouvé en l’humaine, une raison d’étendre ce voyage, d’ignorer quelque peu ce vide.

Il ne pouvait oublier, que lorsqu’ils quitteraient cette ville, leur morceau de vie commune disparaîtrait, éparse aux bourrasques, semé aux quatre vents. Une incommensurable douleur s’emparait peu à peu de son esprit pourtant si impassible d’ordinaire. Lorsque le serveur passa à proximité, l’elfe lui susurra quelques mots à l’oreille. Ravi, celui-ci se détourna et repartit en cuisine. Lorsque le repas de la jeune femme lui serait servie, une pensée du sang mêlée gravée à l’encre sucrée comestible apparaîtrait alors en fond d’assiette, au fur et à mesure du repas.

« Affres vertigineuses aux parfums obsessionnels…
Courir, sentir les doigts impitoyables du temps
Sur sa peau la promesse peu morale de l’amour passionné… »

Se demandant soudain si le geste était accepté par les humains, le serveur apparaissait déjà avec les plats au bord des doigts. Légèrement gêné, Heaven s’empourpra avant même que celui-ci n’atteigne la table. Il se leva et s’excusa un instant, allant se rafraîchir le visage dans une pièce adjacente. Lorsqu’il se redressa, faisant face au miroir accolé au mur, son teint était redevenu frais et laiteux. Un instant, il eut envie de rire, de sa propre maladresse naturellement. Incapable d’expliquer son geste, il repartit cependant vers la salle principale.

Outrepassant sa gène, il laissa son visage reprendre une expression détendue, puis il s’installa, alors que le garçon déposait les assiettes sur la table. Ses doigts enlacèrent la fourchette posée à sa gauche, il la fit habilement tournoyer entre ses doigts et piqueta quelques bouts de fruits qui ornaient en florilège de couleurs, les contours de son plat. Portant le tout à ses lèvres, il releva un instant son regard vers la jeune humaine et lui fit un fin sourire … si seulement son cœur pouvait cesser de marteler sa cage thoracique. Quel sentiment était le plus fort à cet instant précis, la peur, ou un autre probablement beaucoup plus violent …

Il s’imaginait, sa plume dansant sur un bout de papier, elle était enfin son rayon de lune, l’inspiration de sa plume, cet iris de feu qui étincelait dans son regard, cet immense vent de passion qui peu à peu balayait sa raison, cette unique et douce lueur qui éclairait ses pas, voilà pourquoi la mort n’avait pû l’emporter face à la Manticore, il n’avait que trouvé excuse pour vivre, elle seule détenait le pouvoir de lui ordonner de mourir. Son détachement, cette illusion caressant de si loin les sens du sylvains avait peu à peu effondré les remparts de sa tour d’émeraude, accessible en cet instant si pittoresque, il se sentait faiblir pourtant il n’en parut rien …
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Amnesia
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MessageSujet: Re: ¤ Une Nuit sans Lune. [PV Heaven]   ¤ Une Nuit sans Lune. [PV Heaven] - Page 2 I_icon_minitimeDim 18 Jan 2009 - 21:07

    Le décor alentour était admirable, et de l’atmosphère irradiait une sérénité sans égale. Ainsi installés, l’un en face de l’autre, la Demoiselle eut tout à loisir de porter attention à son compagnon qui, en un faible sourire, accédait à sa requête sans grande conviction, semblait-il. Ne songeant cependant nullement là matière à revenir sur sa décision, elle se contentera de lui adresser un sourire complice.

    Quelques instants de plus, et voici le serveur qui progressait désormais en leur direction, s’empressant de quérir commande. Indécise, elle laissera son compagnon quémander un plat dont il semblait d’ores et déjà connaître les mets, tandis qu’à sa suite, la Demoiselle haussant vaguement les épaules, confuse, sollicitera quelque chose de léger. Pourtant, l’homme semblera se contenter de cela, tandis qu’esquissant un simple sourire amusé, il s’apprêtait à prendre congés. A la hauteur du Sylvain, néanmoins, il marquera une pause, sollicité par ses soins. Courbant quelque peu l’échine afin de discerner avec plus de justesse les quelques palabres qui lui étaient destinées, il finira par se redresser.

    L’expression qu’il arborait alors attisera la curiosité de la jeune femme qui, observant le serveur s’éloigner, haussera un sourcil interrogateur. Achevant là ce petit manège par un coup d’œil prolongé sur le maître d’arme, elle le vit soudainement s’empourprer. Chose curieuse sur laquelle elle n’aura guère l’occasion de s’attarder, car déjà, il se redressait et s’éloignait. Loin de s’en formaliser, elle lui accordera un sourire léger et inclinera doucement la tête.

    A ses côtés, l’homme précédemment présenté revenait au sein de la pièce principale, muni d’assiettes généreusement garnies. Patientant, cependant, elle avait joint ses mains et y avait déposé son visage. Voici alors un instant d’isolement, durant lequel la jeune femme laissera vagabonder, ça et là, quelques songes placides. Nulle opportunité, malgré tout, à étoffer plus en avant le fil de ses pensées, car déjà, son compagnon revenait, alors que le serveur déposait avec soin les assiettes devant les deux protagonistes.

    Redressant son visage en direction du maître d’arme, elle penchera doucement la tête sur le côté. Ses traits laissaient transparaître quelques interrogations muettes, tandis qu’une candeur inhabituelle émanait de ce sourire intarissable, pendu à ses lèvres.

    « Bon appétit… »

    Souffle léger, tandis qu’il s’emparait de sa fourchette afin de quérir quelques fruits. Elle même s’exécutera, étudiant distraitement ce qu’il lui avait été apporté : reposant sur un lit de verdure, quelques légumes de saison, ça et là entreposés, se tenaient à sa disposition. Satisfaite, elle entamera son assiette avec lenteur, alors qu’elle captait le regard d’Heaven.

    Le repas, maintenant bien entamé, se déroulait en un Silence curieux. Une gêne semblant alors quelque peu s’installer, elle laissera malgré elle échapper un rire léger, empreint d’une fraîcheur nouvelle, tandis qu’elle déposait le revers de sa main contre ses lèvres.

    Les évènements se déroulaient de manière déconcertante, et ce, il fallait l’admettre, depuis l’instant de leur rencontre. Elle même ne savait que trop peu sur quel pied danser, tentant tant bien que mal de mettre la main sur les songes divers qui effleuraient l’esprit du Sylvain. Mais en vain. Tout du moins, sans doute privilégiait-elle en cette heure la prudence à quelconque autre issue. Et pour cause.

    Pourtant, le nez obstinément plongé en son assiette, alors qu’elle repoussait quelques légumes en coin, distraitement, elle marquera un temps d’arrêt. En cette partie ainsi évidée, se tenait à sa plus grande surprise, quelques lettres rédigées avec soin. Deux mots se dressaient : "du temps"… Redressant ses iris vers le maître d’arme, elle reportera bien vite son attention sur son assiette, repoussant méticuleusement une tomate par ci, une feuille de salade par là, jusqu’à ce que, finalement, la citation n’en vienne à prendre forme aux yeux de la Demoiselle confondue.

    Déposant alors doucement la fourchette à ses côté, elle parcourra les trois vers avec attention.

    « Affres vertigineuses aux parfums obsessionnels…
    Courir, sentir les doigts impitoyables du temps
    Sur sa peau la promesse peu morale de l’amour passionné… »

    Déconcertée, elle s’attardera quelques secondes encore. Puis un souffle, échappant aux lèvres mi closes de la jeune femme, dont les iris restaient obstinément campés sur les lettres dévoilées.

    « Heaven… ? »

    Là seulement, son visage se redressera en sa direction. Qu’attendait-elle, en cet instant ? Explications ? Réponses à quelques interrogations muettes ? Nulle opportunité à quelconque réplique, tandis que le Silence prenait alors place ; un Silence prudent, bien que pernicieux.

    Cependant, tandis que les événements semblaient sur le point de prendre un aspect délétère, elle se redressera, délaissant son assiette afin de se poster aux côtés du Sylvain. Il était complexe de discerner quel sentiment prenait le dessus dans le cœur de la jeune femme. Pourtant, quelques secondes de plus, et la voici qui, courbant quelque peu l’échine, s’emparait doucement de sa main, l’invitant à quitter sa place un instant.

    Sans explications, elle l’entraînera alors à l’écart, allant avec aisance entre les tables occupées, d’où s’élevaient conversations diverses. Chose accessoire, pourtant, car personne ne semblera d’ailleurs se soucier de ce petit manège. Malgré tout, une fois seulement satisfaite par la distance instaurée entre la pièce principale et eux mêmes, elle s’arrêtera brusquement, pivotant sur sa personne afin de lui faire face.

    Là, un instant durant, elle laissera son regard chercher le sien, ses lèvres, entrouvertes, semblant sur le point de mettre à bas quelconque sentence. Reproche, peut être ? La chose semblait peu probable… Cependant, elle se ravisera. Elle était si proche de lui, désormais, qu’il paraissait inévitable qu’il ne puisse, à défaut d’entendre, sentir son cœur s’emballer. Lâchant alors sa main, elle se redressera quelque peu. Là ses lèvres, finalement, vinrent glisser sur les siennes, en un baiser, un seul, alors que déjà, elle retombait sur ses talons.

    Contact bref, prudent, bien que sincère. Il était plutôt curieux de la voir ainsi désarmée alors que, tant bien que mal, elle soutenait son regard, cherchant à y discerner, sans nul doute, une réaction à venir, quelle qu’elle fût.


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MessageSujet: Re: ¤ Une Nuit sans Lune. [PV Heaven]   ¤ Une Nuit sans Lune. [PV Heaven] - Page 2 I_icon_minitimeDim 18 Jan 2009 - 21:56

Laissant un simple sourire effleurer ses lèvres, alors qu’il venait l’y porter sa fourchette, il entendit la jeune femme parler à son attention.

« Bon appétit… »

Dégustant tranquillement tout d’abord son assiette de verdure, le sylvain relevait de temps à autre son regard absinthe, croisant silencieusement les Iris de la jeune femme. Il n’osait dire mot, sachant trop bien que sous peu, le plat de celle-ci révélerait l’un de ses plus lourds secrets actuels. Lorsqu’il la vit entamer son menu, le sang mêlé déglutit péniblement.

Heaven songeait en se sustentant, il ne pouvait que songer à leur courte épopée, peut-être le glas allait-il sonner plus tôt que prévu, et ce, par sa seule effronterie. Pourtant il en avait besoin, se sentant incapable de prononcer ces mots qui lui brûlaient les lèvres, le cyrillique avait préféré les écrire. Le plat avait été ainsi apporté, et voici qu’un temps d’arrêt se marquait ostensiblement sur les traits de la demoiselle. Le sang du maître d’armes ne fit qu’un tour … mais il parvint tant bien que mal, à continuer son repas comme si rien n’était. Le coin de son œil l’observait cependant, inlassablement.

Alors qu’il avalait sa dernière fourchette, le sylvain sentit le regard de la jeune femme sur lui. Ne redressant pas son visage vers elle, il croisa ses couverts dans son assiette et passa discrètement sa langue sur ses dents, vérifiant que rien n’avait rencontré d’accroc gênant, au cas où il aurait à parler plus tard. Doucement, la fourchette de l’humaine se vit déposée à côté de son plat. Levant ses iris vers elle, le sang mêlé constata sa lecture, il ne s’empourpra pourtant pas, par quel miracle conservait-il son calme ? Lui même l’ignorait totalement. Un souffle s’échappa d’entre ses lèvres …

« Heaven… ? »

Un silence pernicieux s’installa alors, le doute n’était pas permis, elle avait deviné au premier coup d’œil son manège, il ne s’en était pas réellement voilé par ailleurs. Laissant son regard d’émeraude glisser dans celui de la jeune femme, ses lèvres restèrent obstinément closes, puis doucement, ses iris fuirent vers le bois de la table. Incapable … il se sentait incapable de soutenir un jugement, pas de celle dont son cœur s’était épris, pour la première fois, il ne voulait pas être jugé.

- Pardon ...

S’élevant de sa banquette, elle se dressa près de lui, courbant légèrement son échine élancée, elle lui prit la main. Quittant presque à contrecœur le cocon de la pièce principale, la cyrillique se laissa entraîner dans un renfoncement adjacent, une prémisse d’autre pièce meublée, pas encore ouverte aux invités, mais dont la porte avait été mal verrouillée, et s’était ouverte. Dès qu’ils furent dans l’ombre fraîche du nouveau lieu, la jeune femme fit volte-face pour se rapprocher du maître d’armes. Celui-ci laissa un souffle de désolation émaner de ses poumons, et un murmure d’excuses perla au bord de ses lèvres, mais il fut interrompu …

Se dressant légèrement, la douceur des lèvres de l’humaine vinrent cueillir celles du sylvain … les doigts de celui-ci effleurèrent sa taille avant qu’elle ne se recule doucement. Elle semblait attendre quelque chose de la part du cyrillique, extrêmement troublé, touché au plus profond de son âme, un brasier ardent venait de s’allumer … attisé par les flammes d’un bonheur sans limites, il eut un instant du mal à croire que cela fut possible. Elle était humaine, il était un elfe, mais elle l’acceptait malgré leurs différences, de mœurs, et de race. Lentement, comme si l’irréel craignait que le réel ne se disperse, l’oxymore de sentiments s’avança vers sa dulcinée …

- Je ...

Avec une tendresse infinie, il passa son bras gauche au creux des reins de l’humaine, et les doigts de son autre membre se perdirent sur la nuque de cette dernière, l’attirant contre lui, il s’autorisa un pur moment de faiblesse, laissant son cœur battre à tout rompre contre sa poitrine afin qu’elle puisse en sentir chaque battement, son corps entier lui soufflait ses sentiments, mais il accompagna son âme par ses paroles …

- je suis désolé …J’ai plongé dans tes armes, oubliant les drames, j’ai trouvé tant de finesse n’éveillant que tendresse. J’ai cru renaître dans ton regard, amour le rêve d’une simple vie, pour un cœur ne songeant qu’à dire oui, aboutissement d’un songe plein d’espoir … volant les cieux perdus à jamais dans ton regard, je me sens plus humain que jamais, mais malgré cela je reste un cyrillique tu le sais …

Quelques secondes suffirent pour que sa voix s’élève de nouveau, adressée à l’unique interlocutrice lotie au creux de ses bras. Mais pour cela, il laissa ses doigts glisser sur la peau mordorée de ses joues, relevant son minois, afin que son regard absinthe puisse se fondre dans le sien.

- Je n’abandonnerai jamais mes lois, mais qui que tu sois …

Avec une douceur extrême, il déposa ses lèvres sur celles de l’humaine … laissant cette fois le temps à sa chaleur de l’envelopper, fermant ses yeux dans une confiance absolue, tandis que sa main droite glissait de sa joue pour rejoindre celle de la jeune femme, il traca du bout des doigts dans la paume de celle-ci …

" Je t’aime "
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MessageSujet: Re: ¤ Une Nuit sans Lune. [PV Heaven]   ¤ Une Nuit sans Lune. [PV Heaven] - Page 2 I_icon_minitimeLun 19 Jan 2009 - 15:54

    La Demoiselle, conservant obstinément ses iris campés sur sa personne, semblait alors discerner avec plus ou moins de justesse les différents sentiments qui, par mégarde, marquaient les traits de son compagnon.

    « Je ... »

    Laissant ainsi quelques songes en suspens, ne prenant plus amplement la peine d’ériger ses propos, il amènera la Demoiselle à lui, ses doigts glissant sur sa nuque, accueillis par quelques mèches retombant langoureusement sur ses épaules, tandis que sa main opposée élisait domicile sur ses reins. Assurer qu’en cet instant, leurs cœurs battaient à l’unisson n’était que pure chimère, utopie destinée à quelques contes fantasques ; cependant, ils s’égaraient tout deux en une frénésie complice et harmonieuse.

    « Je suis désolé… J’ai plongé dans tes armes, oubliant les drames, j’ai trouvé tant de finesse n’éveillant que tendresse. J’ai cru renaître dans ton regard, amour le rêve d’une simple vie, pour un cœur ne songeant qu’à dire oui, aboutissement d’un songe plein d’espoir… volant les cieux perdus à jamais dans ton regard, je me sens plus humain que jamais, mais malgré cela je reste un cyrillique tu le sais… »

    Quelques secondes durant lesquelles elle semblera cesser de se mouvoir, sa respiration se tarissant, paraissant aspirer à rivaliser avec la douceur et la sérénité sempiternelle du zéphyr.

    « Je n’abandonnerai jamais mes lois, mais qui que tu sois … »

    Et à nouveau, quelques palabres en suspens, tandis que leurs lèvres se joignaient avec tendresse. Un frisson délectable s’emparant de sa chaire tandis que ses doigts effleuraient sa joue. Et puis sa main, se joignant à la sienne, en l’esquisse de quelques confidences avisées. Trois mots… Trois mots soigneusement ébauchés sur la paume de sa main. Ô combien ce geste lui était familier…

    Elle se souvint de l’amertume qu’elle discernait en ce regard, terni par les âges, tandis qu’un indexe maladroit glissait sur la paume de sa main, méticuleusement. Armène… Celle sans qui ses premières années n’auraient étés que le préambule d’une vie de cloître et de réclusion. Trois mots… Promesse d’un avenir paisible, comblé par l’insouciance qu’a tout à chacun à cet âge. Elle qui pourtant, s’en était allée…

    Et le voici, Lui, désormais, retraçant avec une délicatesse insondable ces quelques lettres sur sa chaire. Lui, qu’elle considérait alors. Lui pourtant, qu’elle ne coudoyait que depuis quelques heures, et pour qui, malgré tout, ses sens, déjà, s’exaltaient, et son cœur s’éprenait.

    Pourtant, en ses derniers propos, l’on discernait également, l’anicroche représentée par leur sang. Certes, elle n’était qu’humaine, et le temps ne tarderait point, sans nul doute, à poindre en son cœur, et à marquer ses traits. Ce temps précis qui semblait se jouer du peuple éphémère avec langueur et ivresse, laissant pour compte le peuple éternel. Et tout comme si le fil de ses pensées échappait à ses lèvres, sa voix s’élèvera en un murmure.

    « Un jour, pourtant, le temps reprendra ses droits… Mon cœur cessera de battre, alors que ton chemin, depuis longtemps déjà, se sera détourné du mien… »

    Relevant ses iris vers lui, elle laissera sa main remonter le long de son torse, jusqu’à parvenir à sa joue, qu’elle suivra avec délicatesse du bout de ses doigts. Un sourire mélancolique suspendu à ses lèvres.

    « Mais ce jour, il me semble, n’est pas encore à déplorer… »

    Recouvrant alors quelconque lucidité, elle glissera ses lèvres au creux de son cou, un sourire nouveau reprenant ses droits, dérivant bien tôt en un rire empreint d’un éclat élémentaire, tandis que réalisant soudainement sa maladresse, elle susurrait un mot, un seul.

    « Amnesia… »

    Nulle autre explication, tandis qu’un éclat de malice naissant en son regard, elle laissait retomber sa main avec délicatesse contre le torse de son compagnon. Sans lui laisser matière à quelconque interpellation, elle reviendra alors se délecter de ses lèvres, folâtre, avant de se laisser, une nouvelle fois, retomber sur ses talons. Là seulement, et sans grand enthousiasme, elle quittera la douceur de son étreinte.

    « Nous devrions sans doute achever de nous restaurer, ou tu moins, nous manifester, avant que l’on ne nous songe esquivés sans avoir réglé nos frais… Cela aussi, doit être "monnaie courante"…»

    Non qu’elle n’éprouve quelconque désire à mettre un terme à cet échange, cependant, il fallait reconnaître que ces simples hypothèses avaient là matière à s’avérer exactes.


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MessageSujet: Re: ¤ Une Nuit sans Lune. [PV Heaven]   ¤ Une Nuit sans Lune. [PV Heaven] - Page 2 I_icon_minitimeMar 20 Jan 2009 - 18:36

Il n'était pas sans ignorer les prouesses immortelles de certains des grands héros de sa race, et il connaissait aussi la promesse qui lui était faite d'être, un jour prochain, délivré du joug qui toujours s'étendait, qui toujours dévorait le monde, qui éteignait les astres après les avoir longtemps parcouru. Il attendait avec une impatience caractérisant son âge cet avènement d'une ère nouvelle, ces promesses d'un ailleurs, au delà des murs qui les cloisonnaient depuis des années déjà, au delà de ces gigantesques constructions souterraines, de ces esprits étranglés qu'ils étaient, parias réfugiés dans les entrailles de la terre, presque aveugles, atrophiés et honteux de leur pâleur surnaturelle. Une voix le tira de ses réflexions maussades et impénétrables ...

« Un jour, pourtant, le temps reprendra ses droits… Mon cœur cessera de battre, alors que ton chemin, depuis longtemps déjà, se sera détourné du mien… »

Le temps allait s’écouler, sur les plaines laconiques de ce monde. Mais il l’aimait, et jamais il ne renierait ses sentiments, du moins, pas à cause de la fuite du temps. Il s’écoulait entre ses doigts, une eau claire, une cascade qui lui paraissait pourtant intarissable. La contemplant, comme il le ressentait, d’égal à égal, les fins doigts de la demoiselle vinrent caresser sa joue. Frissonnant doucement à ce contact, il l’écouta sans interrompre ses paroles.

« Mais ce jour, il me semble, n’est pas encore à déplorer… »

Rayon de soleil réchauffant son cou de ses rayons, ses baisers légers et timides lui troublèrent les sens, fermant un instant son regard d’émeraude au monde extérieur, il ne put que se taire. La voyant sourire, elle lui céda enfin le privilège de connaître son nom. Le moment fut d’autant plus satisfaisant, qu’il s’était juré de ne jamais réclamer le prénom d’une jeune femme. Qu’elle en vienne à le lui dire, ne signifiait peut-être que peu de choses, une marque de confiance au possible, mais pour lui, cela n’était pas qu’un bonheur indicible. Bien plus, oui, bien plus encore.

« Amnesia… »

Après un nouveau bref baiser, sa voix résonna une dernière fois dans la pièce, sombre et fraîche qui venait d’accueillir leur premier émoi.

« Nous devrions sans doute achever de nous restaurer, ou tu moins, nous manifester, avant que l’on ne nous songe esquivés sans avoir réglé nos frais… Cela aussi, doit être "monnaie courante"…»

Heaven eut un petit rire affirmatif, il jeta un vain coup d’œil autour de lui, mémorisant l’endroit, afin que ce souvenir reste impérissable. Puis il quitta derechef la pièce, refermant la porte dans son dos. Le serveur passa quelques secondes plus tard, mais le sylvain et son compagnon avaient déjà regagné leur table. Le maître d’armes finissait son verre d’eau, reprenant peu à peu contact avec la réalité, lorsque le garçon apporta la note, peu salée, mais tout de même relativement élevée. Après tout, il s’agissait d’une auberge luxueuse, et la nourriture ainsi que le service ne laissaient pas à désirer, quand bien même la perfection n’existait pas, ce lieu s’en approchait tout du moins. N’ayant pas l’occasion de protester, le sang mêlé laissa l’humaine payer les frais de leur déjeuner.

Tenant la porte vernie d’une main, il laissa sortir Amnesia, puis marcha à sa suite. Ils se dirigèrent vers le centre ville, peut-être avait-elle besoin de se fournir en quelques herbes médicinales, la jeune femme en avait usité une bonne quantité sur son être, lorsqu’il s’était malencontreusement blessé, après leur altercation singulière. Incommensurablement, il l’en remerciait secrètement. Mais sa fierté elfique l’empêchait de le faire ouvertement, qu’importait, il lui en témoignerait plus tard. Marchant droit à ses côtés, l’esprit encore trop tourmenté pour parvenir à des réflexions mutines, il se contenta d’interjections lorsqu’on s’adressait à lui, quelques saluts, quelques sourires, mais un visage enfantin, et un air lunaire.

Un cri strident retentit derrière eux, au détour d’une ruelle. La terre trembla sous ses pieds … était-il probable que cela se trouve être un simple tremblement terrestre ? La densité et la violence des secousses croissaient de secondes en secondes. Plongeant sur l’humaine, il s’étalèrent par terre, s’efforçant de la couvrir au maximum en utilisant autant que possible la surface de son propre corps. Les sens en alerte, le regard fouillant les environs, il vit des ombres imiter son geste, puis quelque chose s’effondra … alors ce fut le noir …
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MessageSujet: Re: ¤ Une Nuit sans Lune. [PV Heaven]   ¤ Une Nuit sans Lune. [PV Heaven] - Page 2 I_icon_minitimeMer 21 Jan 2009 - 21:05

    Suite à ses derniers propos, ils regagnèrent la pièce principale. Là, les conversations allaient bon train, et nul ne prêta attention aux deux protagonistes déambulant entre les tables, afin de recouvrer leurs sièges. Une fois installée, elle laissera une nouvelle fois ses iris glisser sur les quelques lettres toujours belles et bien présentes sur le fond de son assiette. Comme craignant alors de les effacer de quelconque manière, elle laissera sa fourchette vagabonder alentour, piquant de ci, et de là, avec précaution, un sourire léger au coin des lèvres.

    Une fois le repas arrivé à son terme, elle se redressera. Silencieuse, alors, l’humaine rejoindra finalement qui de droit, afin de quémander la somme due. Là, glissant son indexe et son pouce au niveau de sa taille, elle s’empressera d’en tirer la somme convenue, sans guère plus de procès. Les choses s’étaient déroulées telles qu’elle se détournait rapidement, courbant l’échine, et revenait sur ses pas, afin de rejoindre le Sylvain. Ce dernier, d’ailleurs, s’était d’ores et déjà redressé, et l’attendait à présent au niveau de la porte, qu’il ouvrait d’une main, afin de la laisser passer. Inclinant alors doucement la tête, tandis qu’un remerciement léger échappait à ses lèvres, elle se glissera au dehors. Encore une fois prise au dépourvu par ce changement brusque de température, elle refermera ses bras sur sa poitrine, frissonnant.

    L’agitation alentour ne s’accordait nulle trêve, et déjà, la Demoiselle reviendra aux côtés de son compagnon, tout comme si, ce simple geste, aurait pu lui permettre d’échapper à quelconque supplice cabalistique. Encore une fois, elle relèvera les nombreuses salutations auxquelles répondait allègrement le jeune homme, quelque peu amusée, tandis qu’elle soufflait doucement, à son attention.

    « Dois-je m’en alarmer ? »

    Riant, elle ne poussera plus en avant cette simple interrogation. Bien que nombreuses hypothèses pussent alors se présenter, la plus évidente restait sans conteste la familiarité du jeune homme avec ces lieux.

    Tout à coup, cependant, son sourire se figera, tandis qu’un cri retentissait derrière eux. Effectuant un quart de tour sur elle même, elle jettera alors un vif coup d’œil alentour. Sous leurs pieds, un frémissement grandissant. Accusant le coup, elle captera nombreux visages s’élever. Cependant, avant de n’avoir eu le temps d’en faire de même, son compagnon la poussera alors au sol, se plaçant au mieux au dessus d’elle en prévision de l’incident à venir. Hoquetant de surprise, elle n’opposera cependant aucune résistance, n’en ayant en ce sens guère l’occasion. Autour d’eux, l’agitation, tandis que nombreux l’imitaient.

    Un instant durant, l’écho de la chute se répercuta sur les parois. Une poussière d’encre s’élevait alors autour des protagonistes hébétés. Le calme revenu, la Demoiselle se redressera vivement, prise d’une quinte de toux passagère. Posant alors en premier lieu ses iris sur son compagnon, elle s’assurera qu’en la protégeant ainsi, il ne s’était pas exposé lui même à la chute. Rassérénée par une examination attentive, elle s’accordera alors un coup d’œil alentour : déjà redressés, nombreux étaient ceux qui, le visage crispé, attendaient que la nuée ne se dissipe, afin de discerner l’étendue des évènements. A première vu, nulle blessure n’était à déplorer aux environs : la chute, bien qu’inattendue, n’avait été que de faible ampleur. A dire vrai, seule une mixture pâteuse semblait être la réelle cause de leurs soucis ; amalgame de poussières diverses et d'humidité, suintant toujours au cœur de la roche. Eux même n’y avaient pas échappé, et c’est avec peu d’enthousiasme qu’elle examinait désormais sa chaire brunâtre, à l’exception fait de l’endroit où s’était tenu le jeune homme.

    « Bien… Je pense que nous sommes, comme nombreux ici, bons pour nous laver... et nous changer… »

    Autour d’eux, « plus de peur que de mal », soufflait-on. Et intérieurement, elle acquiesçait, tandis que les conversations repartaient de plus belles, animées d’une ardeur nouvelle. Un faible sourire, encore marqué par une angoisse passagère, se dessinait au creux de ses lèvres. « Plus de peur que de mal », se répétait-elle alors, tandis qu’elle jetait un nouveau coup d’œil sur le maître d’arme, comme pour s’assurer à nouveau qu’il n’était sujet à aucun maux.

    « Nous devrions retourner à l’auberge… »

    Acheva-t-elle, bien que la chose fut d’ores et déjà sous entendue en ses dernières paroles. Prudemment, toujours, et s’assurant une dernière fois que personne alentour n’était dans le besoin, elle prit la route de ladite auberge. Curieusement, et semblant avoir avec brio mémorisé les diverses ruelles empruntées, elle parvint tant bien que mal, à retrouver son chemin. Non que le sens de l’orientation ne lui fasse défaut. Sur leur route, nombreux étaient ceux qui s’étaient précipités en direction de l’incident, et qui, d’ores et déjà, retournaient à leurs activités quotidiennes, tandis que certains, malgré tout, s’afféraient à l’office.

    Quelque peu désorientée, elle poussera doucement la porte, laissant place au Sylvain, avant de la laisser se refermer derrière eux. A son grand soulagement, l’auberge était déserte et, glissant sa main à sa taille, elle s’emparera de la petite bourse de cuir, de laquelle elle extraira la petite clef qui verrouillait leur chambre. Introduisant cette dernière dans la serrure, elle finira par ouïr le signe distinctif qui lui affirmait pouvoir dès à présent pénétrer en ces lieux. S’exécutant alors, elle tiendra une nouvelle fois la porte sur son passage.

    Hors de question de s’approcher des lits, tant elle risquait de les maculer. Aussi, elle se contentera de déposer la clef sur la petite table, s’assurant malgré elle que tout était en place…


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MessageSujet: Re: ¤ Une Nuit sans Lune. [PV Heaven]   ¤ Une Nuit sans Lune. [PV Heaven] - Page 2 I_icon_minitimeJeu 22 Jan 2009 - 21:37

    Le sol tremblait violemment, mais les vibrations se répercutaient également contre les parois, de la simple terre mêlée à quelques pauvres granits et pierreries usées par le temps. Étendu au dessus de l’humaine, il ne voulait pas l’écraser sous son poids, simplement la protéger des chutes. Et ce fut ce qu’il se passa, une partie de la parois s’effondra près d’eux, ainsi qu’une plaque terrestre de ce qui constituait le plafond de l’immense tunnel. La lourde matière croula sur son dos … roulant sur le côté pour éviter d’écraser son compagnon, le sylvain se retrouva à demi enterré à un mètre d’elle. La terre arrêta de trembler, et le calme reparut enfin …

    Se redressant, s’époussetant dans la même lancée, le sang mêlé jeta un regard déplorable de part et d’autre du sentier. Les gens se relevaient prestement, souillés de la tête aux pieds, tout comme il l’était d’ailleurs lui même. Observant un instant son corps recouvert de terre qui, d’abord humide avait rapidement séché avec le souffle de l’éboulement. Son compagnon proposa avec brio de regagner l’auberge. La suggestion n’était pas de trop, et de toute façon ils n’avaient guère le choix. Recouverts d’immondices, ils retracèrent leur chemin jusqu’à leur chambre.

    Amnesia le laissa entrer, se tenant à une distance convenable des meubles, il se glissa dans la salle d’eau. Plaçant un chaudron sur la grille de fer chauffé au brasier ardent, il regarda la jeune femme poser la clé sur la table de chevet. Le maître d’armes se dévêtit du tout au tout, passant derrière le rideau relativement épais de peau tannée, il récupéra de l’eau, la versa dans l’outre à moitié pleine et accrocha le tout au dessus de sa tête, sur un crochet prévu à cet effet. Cela fait, il put enfin laisser couler le liquide légèrement bouillant sur son corps souillé. Heaven se sentait poisseux, sale et désagréable, jamais les elfes ne toléraient de se retrouver dans une telle situation. La terre ne comportait pas d’odeur spéciale, mais le contact était fort peu appréciable.

    La chaleur imprégna sa chair, la nettoyant de la salissure terrestre. Le savon fit une fois de plus son office, se frottant légèrement l’épiderme, se débarrassant de la couche noirâtre qui le recouvrait. Renversant sa nuque vers l’arrière, il cessa de respirer et inonda son visage du liquide bienfaisant. Son grain de peau s’affinait à vue d’œil, chaque pore respirait de nouveau et ses iris couleur émeraude refirent enfin leur apparition, hors de la poussière, éclatant de leur pureté d’espoir. Quelques minutes plus tard, il remit de l’eau chaude dans l’outre, l’accrocha de nouveau pour l’humaine et se vêtit des vêtements de nuits, seuls habits encore propres d’ailleurs. Pendant que son compagnon profiterait de la sale d’eau, il nettoierait ses vêtements.

    Accomplissant avidement sa tache, il alla étendre ses effets au dessus de l’âtre, les yeux fermés pour ne pas gêner sa congénère. Puis, une main contre le mur afin de ne pas rentrer dans un meuble lambda, il regagna la salle principale, ouvrant les draps de son lit, il se glissa, propre enfin, dans la douceur de ces derniers. La moitié du corps seulement, en position assise, il admirait l’ombre chinoise d’Amnesia qui se douchait dans la pièce d’à côté. Ses courbes, ses gestes gracieux lui firent monter le rouge aux joues. Le sang affluant un peu trop rapidement à son goût, il détourna le regard vers la fenêtre. Ils avaient une après-midi à tuer. Inutile de songer ressortir, il faudrait au moins une nuit entière pour que la poussière quitte le souterrain.

    Soudain, des bruits de pas se firent entendre dans le couloir adjacent. Plantant son regard sur le bas de la porte, Heaven vit une ombre passer, s’arrêter un instant devant le panneau de bois, puis continuer sa route dans le même couloir. Quelques minutes plus tard, l’ombre repassa dans le sens inverse, sans s’arrêter cette fois, et le bruit disparut. La paranoïa n’était pas dans le naturel profond du cyrillique, aussi, il adjoignit cette essence d’événement à un simple nouveau voisin de chambrée. Le son de la voix, calme et posée du gérant de l’auberge parvenant jusqu’à son ouïe calma ses réflexions, il ne se passait donc rien d’étrange. Avec cela il en avait presque oublié la jeune humaine qui se lavait non loin de là, cependant, il n’osait toujours pas relever ses iris vers la sale d’eau.

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MessageSujet: Re: ¤ Une Nuit sans Lune. [PV Heaven]   ¤ Une Nuit sans Lune. [PV Heaven] - Page 2 I_icon_minitimeVen 23 Jan 2009 - 1:21

    Parvenus à l’auberge, le Sylvain s’en ira se rincer le premier, rejoignant la salle d’eau, tandis que, sereine, la guerrière patientait au coin de la vitre donnant sur la ruelle principale. L’incident passé, peu nombreux, pourtant, étaient ceux qui allaient au dehors. Alors, elle se perdra en ses songes, tentant de dresser à nouveau la liste des évènements survenus au cours des dernières heures. Déconcertants, inopinés, elle ne pu, malgré tout, contenir un sourire naissant à la commissure de ses lèvres.

    Là seulement, son compagnon la tirera à ses rêvasseries, quittant la pièce occupée. Bondissant, elle ira à sa suite, hâtive tandis qu’un rire succinct échappait à ses lèvres aux vues de son propre empressement. Se dévêtant, elle prendra alors grand soin de sa toilette, s’évertuant tant bien que mal à démêler chaque mèche. La proximité du jeune homme, ne semblera pour autant guère la préoccuper plus que de raison, s’appliquant à son œuvre, méticuleusement.

    Ceci achevé, elle s’emparera également de la tenue laissée pour compte le matin même, et s’en couvrira, avant de s’aventurer à rejoindre le cœur de la chambre. Le jeune homme s’était d’ores et déjà installé à son aise au sein des draps, et cela sera sur ce même lit, qu’elle le rejoindra, s’asseyant posément au bord de la couche.

    « Je ne t’ai pas encore remercié, en ce qui est de l’incident survenu… Faire abstraction à ta propre sécurité, cependant, devient courant… Trop, à mon goût… »

    Ce qui passait en cette heure aisément pour un reproche angoissé, s’atténuera cependant tandis qu’elle achevait.

    « Je ne tiens pas à te perdre… »

    Ceci dit, et sans croiser son regard, elle laissera son bras choir de l’autre côté du lit, chevauchant ses jambes, tandis que sa tête y prenait place. Ainsi à demie allongée en perpendiculaire à son propre corps. Là, Silencieuse, elle fermera les yeux, un bref instant.

    Alors soudain, se redressant promptement en un sursaut alerte, tandis que trois coups retentissaient contre le battant de la porte, ses membres se raidiront. Considérant ainsi un instant son compagnon, elle basculera sur le côté, évoluant avec légèreté en direction de l’entrée. Enserrant la poignée au creux de la paume de sa main, elle l’inclinera négligemment, concluant en la ramenant vers elle. Exécutant deux pas en arrière, en un simple mais cependant distinct mouvement de recul, la Demoiselle haussera alors un sourcil, perplexe vis-à-vis de la tournure des évènements : sur le pas de la porte, nulle âme qui vive. La rumeur seule, émanant de la pièce maîtresse de ces lieux, parvenait à troubler la sérénité ambiante.

    Inerte, les traits impassibles, elle parviendra tant bien que mal à courber l’échine, jetant un coup d’œil acerbe à droite, puis à gauche. Sans guère plus de succès, elle se redressera, se mouvant sur son côté, clôturant la porte. Cela achevé, la voici qui esquissait l’ombre d’une volte, nécessaire à revenir sur ses pas. Quelque secondes, à peine, que l’on martelait à nouveau sur le battant. Trois coups. Lestement, elle réitérera le protocole, de manière plus abrupte, cependant, qu’elle ne l’aurait souhaité, tandis que le désappointement venait marquer ses traits : les ombres seules dansaient dans le couloir, langoureusement. Accomplissant quelques pas arachnéens plus en avant, elle reviendra bien tôt au sein de la chambre, pantoise. Là, repoussant à nouveau la porte, elle laissera un hoquet de surprise lui échapper, tandis qu’une pression s’opposait à la sienne.

    « Demoiselle ! »

    Relâchant la propre pression qu’elle maintenait contre le battant, elle laissera ce dernier se rouvrir par une volonté toute autre que le sienne. Alors, malgré tout, une silhouette prit place. Imposante bien que grossière, la paume de la main lourdement posée contre le bois, tandis que la seconde, à bout de bras, enserrait une lanière de cuir. Un sourire transi au coin des lèvres, de traits irréguliers marqués par quelques maladresses et des cheveux épais et souillés retombant pesamment sur ses épaules.

    « Vous… »

    Allégation plutôt qu’interpellation, ce simple mot avait échappé aux lèvres mi closes de l’humaine, en un murmure interdit. Là seulement, ses iris suivront la courbe dessinée par son bras, avant de se camper sur la sacoche brunâtre qu’il conservait à sa hauteur. Semblant alors suivre le cours de ses pensées, il ballotera doucement son bras, plus en avant.

    « Tenez ! C’est à vous, il me semble… Il reposait… Au sein de l’auberge… Mégarde, sans doute ? »

    Décontenancée, elle s’emparera de ladite sacoche. Nul doute probable : elle était sienne. Ainsi répliquait-elle, distraitement.

    « Sans doute… Oui… Merci… »

    Relevant alors le menton, elle notera l’intérêt soudain porté au Sylvain, qu’il dévisageait à présent sans grande réserve. Quelques plis soucieux venant se dessiner sur son visage, elle répliquera à nouveau, avec plus de raideur.

    « Merci. »

    Revenant à elle, il s’inclinera alors, tout en esquissant quelques pas en arrière, avant d’exécuter une demi-volte, en direction de la salle principale. Le suivant un instant du regard, elle achèvera, elle aussi, par revenir sur ses pas, verrouillant la porte, cette fois ci. Soucieuse, elle reviendra en trombe en direction de son compagnon, laissant la sacoche choir sur un lit. Quelques secondes durant, elle ira, et viendra, sans un mot. Puis, se tournant brusquement, elle lâchera :

    « Elle était ici, j’en suis certaine ! »

    Sa voix s’était muée en une exclamation mesurée, comme craignant que l’on ne parvienne à surprendre ces quelques propos.

    « Lorsque nous sommes partis, cette sacoche reposait au pied du lit… »

    Se laissant à son tour choir sur les draps, elle repoussera quelques mèches qui, durant ce simple périple, s’étaient empressées de venir s’échouer sur son visage. Tout cela semblait insensé. Elle même perdait-elle la raison ? Autant le reconnaître, sa nervosité était à son comble depuis quelques jours déjà. De là cependant à divaguer… Non, cela ne tenait guère la route.


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MessageSujet: Re: ¤ Une Nuit sans Lune. [PV Heaven]   ¤ Une Nuit sans Lune. [PV Heaven] - Page 2 I_icon_minitimeVen 23 Jan 2009 - 18:39

    Son attention tournée vers l’unique petite lucarne de leur appartement passager, le sylvain occupait ses pensées, soudain en songeant à Cheilan. Son compagnon, ce grand loup-mage s’immisça en son esprit tel un fantôme d’outre-tombe. Pourtant, ne ressentant aucune douleur, ni aucune détresse particulière, le sang mêlé fut prit d’un élan d’optimisme, le respectable loup se portait formidablement bien, physiquement du moins, il en était persuadé. Interrompu dans le fil de ses réflexions par un mouvement proche, il vit Amnesia revenir dans la salle principale.

    S’installant au bord de son lit, elle le regarda avec un air de reproche infiniment mystérieux. L’elfe se sentit pâlir, blêmir, voir même blanchir immédiatement, posée près de lui, cette petite expression de colère dans le regard, elle lui apparaissait si forte. Ce fut alors que ses paroles claquèrent telles un coup de fouet magistral, un pincement au cœur du maître d’armes qui abaissa légèrement son visage, sous le probable poids de ses mots et de son ton réprobateur.

    « Je ne t’ai pas encore remercié, en ce qui est de l’incident survenu… Faire abstraction à ta propre sécurité, cependant, devient courant… Trop, à mon goût… »

    Mais alors que la correction semblait être en bonne voie, relevant ses iris vers elle, Heaven s’aperçut que ses sourcils s’étaient arc-boutés, son regard devenu plus doux, plus profond, l’expression de tristesse et d’angoisse naissant au sein de ses pupilles membraneuses. Elle achevait …

    « Je ne tiens pas à te perdre… »

    Laissant lascivement choir son bras de l’autre côté du lit, elle se mit dans une position adaptée à ses volontés, puis ferma ses yeux au monde extérieur. Les doigts du sylvain brûlèrent de caresser sa peau, ses lèvres ne réclamaient les siennes avec une ferveur qu’il ne se connaissait pourtant pas. Rompant net son élan, des coups furent frappés à la porte de leur chambre. L’humaine se redressa, le cyrillique s’agenouilla sur son lit, la regardant aller vers la porte et l’entrouvrir une première fois … rien, le murmure seul d’un vent imperceptible, noyant les ombres d’une rumeur peu encline à son propre fondement. En un point interloquée, elle referma le panneau de bois et recula d’un pas.

    Malgré cela, d’autres coups retentirent, détendant ses longues jambes, le sang mêlé se releva tout à fait. Droit, alors que son compagnon ouvrait de nouveau la porte de futaie. Une silhouette en ombres chinoises attira le regard de l’elfe sur le mur. Amnesia et son interlocuteur étaient à demi-dissimulés par le battant de bois, il n’apercevait donc qu’une ombre massive, ainsi que la silhouette élancée de la jeune femme. Quelques instants plus tard, après une brève conversation, quasiment limitée à de monosyllabes en ce qui concernait l’humaine, celle-ci referma la porte, verrouillant cette dernière comme si le diable lui même était à ses trousses.

    Heaven avait tourné la tête vers la salle d’eau quelques secondes, captant les gouttes d’eau de l’outre percée qui s’écrasaient une à une sur le parquet. Mais lorsqu’il vit son compagnon arriver en trombe vers lui, il fit plusieurs pas sur le côtés, s’adossant au mur, une jambe repliée sous lui, croisant ses bras sur son ventre. L’humaine fit plusieurs va-et-vient, songeuse, vois inquiète. Puis elle s’arrêta aussi soudainement qu’était apparue cette crise de réflexions, et parla.

    « Elle était ici, j’en suis certaine ! »

    Lorgnant la sacoche sur le lit, il laissa finalement son regard retomber sur Amnesia. Le visage impassible, il l’écouta s’exprimer une seconde fois, une exclamation mesurée dans sa voix, révélant un trouble certain.

    « Lorsque nous sommes partis, cette sacoche reposait au pied du lit… »

    Ce fut alors qu’elle s’étendit sur les draps à son tour. Tout venait de se passer si vite … l’elfe avait assimilé les éléments au fur et à mesure rassemblant à présent ses esprits. Mais son amie, elle, apparaissait comme beaucoup plus éprouvée moralement et nerveusement, il n’était pas envisageable pour le sylvain de la laisser dans un tel état d’angoisse, de songes éthérés et de nervosité constante … S’avançant d’un pas léger vers la couchette, il posa son corps sur le côté de la jeune femme, et lui caressa doucement le bras. Puis, d’un ton posé il parla à son tour.

    - Je pense qu’il sera temps pour nous de partir demain, je ne pensais pas que cette ville nous causerait tant d’ennuis. Mais peu d’humains sont aptes à passer outre cette atmosphère tendue en permanence, peut-être n’aurais-je pas dû t’amener ici, cependant c’était la seule façon de disparaître assez loin afin que la Manticore perde notre trace …

    Lui massant tendrement l’épaule droite, il poursuivit dans un calme olympien …

    - Tu vas vérifier qu’il ne manque rien dans ta sacoche, ensuite nous ferons un tour de sûreté dans la chambre afin de repérer toute brèche suspectée de pouvoir laisser entrer quelqu’un. Puis nous bloquerons la porte et la fenêtre. … Je connais bien cette ville, les dangers de mort sont rares, mais je préfère prendre ces précautions afin que tu te sentes en sécurité pour cette fin d’après-midi, et la nuit qui suivra.

    Bien sûr si elle désirait manger, ils sortiraient quelque peu le temps de se sustenter, mais cela serait bref et très encadré par une attitude rigoureuse. Laissant ses doigts relaxer Amnesia, il ne prononça pas un seul mot de plus, son regard absinthe posé sur ce qu’il faisait, seul son bien être comptait à présent, jusqu’à ce qu’ils quittent la tension de cette ville, devenue trop lourde pour elle.
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MessageSujet: Re: ¤ Une Nuit sans Lune. [PV Heaven]   ¤ Une Nuit sans Lune. [PV Heaven] - Page 2 I_icon_minitimeSam 24 Jan 2009 - 10:54

    [HRP : C'est encore le matin ! Mdr xD Pendant 6 minutes environ xD]



    Le Sylvain, à ses côtés, préservait un calme placide et impartial, tandis qu’il entreprenait de la rejoindre en une cadence aérienne et mesurée. Quelques enjambées seulement, et le voici qui délaissait sa main choir au contact de la chaire de la Demoiselle. Cela fait, et d’un ton posé, il s’exprimera, contrariant quelque peu sa compagne, quant à ses dires, tandis que celle ci arquait les sourcils, au moment précis ou il lui rappelait malgré lui, sans doute, qu’elle n’était qu’une humaine parmi tant.

    Pourtant, ses doigts glissant sur son épaule auront tôt fait de la dissuader de s’attarder plus amplement sur ce détail, tandis qu’il reprenait. Sans doute ses paroles n’étaient-elles point dénuées de toute vérité car, il fallait le reconnaître, elle qui, d’ordinaire, faisait preuve d’un calme sans faille, n’avait guère semblée apte à assurer un contrôle exhaustif face à ses tourments.

    « Tu vas vérifier qu’il ne manque rien dans ta sacoche, ensuite nous ferons un tour de sûreté dans la chambre afin de repérer toute brèche suspectée de pouvoir laisser entrer quelqu’un. Puis nous bloquerons la porte et la fenêtre. … Je connais bien cette ville, les dangers de mort sont rares, mais je préfère prendre ces précautions afin que tu te sentes en sécurité pour cette fin d’après-midi, et la nuit qui suivra. »

    Acquiescement avisé, dénoté par un hochement circonspect de la tête, elle en viendra pourtant à clore les paupières, un instant, tandis que ses muscles, sous les doigts habiles du Sylvain, se délassaient peu à peu. Réticente à y mettre un terme, elle achèvera pourtant par basculer sur son côté, allongeant le bras jusqu’à ce que sa main ne s’empare de l’épaisse lanière de cuir mordorée.

    Revenant alors à sa position primaire, elle s’exécutera, relevant le pan supérieur, puis, le rabattant. Les huit fioles étaient toujours présentes, précautionneusement rangées en chaque emplacement approprié. L’une d’entre elle, pourtant, semblera tout particulièrement attirer son attention. S’en emparant entre son indexe et son pouce, elle la portera avec soin au niveau de son visage, inhalant le liquide incolore qui la composait. Fronçant les sourcils, elle la refermera aussitôt, et la laissera rejoindre ses suivantes au sein de la sacoche, l’isolant pourtant, sans plus d’explications, avant de laisser le tout glisser à terre. Là seulement, elle s’extirpera à son mutisme.

    « Ce ne sont pas les lieux. Mais cet homme attise à lui seul ma nervosité, et à son paroxysme. Ses agissements me semblent… Malsains. »

    Marquant une pose, elle laissera sa tête se déposer contre le torse de son compagnon, songeuse. Oui, cette homme, depuis leur rencontre, allait jusqu'à tourmenter ses nuits. Tant bien même elle ne pouvait avec certitude affirmer qu'il soit à l'origine des œuvres diverses rencontrées dès lors. Puis, elle esquissera un sourire léger.

    « C’est absurde, n’est ce pas ? Hmm. Tu dois sans doute avoir raison : l’atmosphère de cette ville me rend sujette à quelques incohérences. »

    Semblant finalement tenter de se convaincre face à ses propres dires, elle remontera légèrement ses genoux sur la couche. Douter de son instinct n’était guère en ses habitudes, cela ne lui ressemblait pas, celui ci ne lui ayant que rarement fait défaut. Pourtant, elle paraîtra s’y résoudra, momentanément. Quelque soit l'issue de tout cela, s'ils quittaient la ville, elle n'aurait plus guère à s'en préoccuper plus que de raison. Si tant est que cela soit d'ores et déjà raisonnable et sensé.

    Finalement, décidée à se soustraire à ces quelques songes plus ou moins accablants, elle se redressera agilement, et basculant à nouveau sur le côté, vivement, la voici qui, désormais, se tenait face au Sylvain, un sourire amusé naissant au coin de ses lèvres, tandis qu’elle se retrouvait contre lui. Glissant sa main sur son torse, et sans lui laissait matière à quelque réaction, la voici qui en venait à déposer ses lèvres sur les siennes.


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MessageSujet: Re: ¤ Une Nuit sans Lune. [PV Heaven]   ¤ Une Nuit sans Lune. [PV Heaven] - Page 2 I_icon_minitimeSam 24 Jan 2009 - 12:00

    Dans la douce sécurité de leur chambre, l’humaine se dégagea doucement des effets délassants du sylvain. Celui-ci ne broncha pas. Il l’observa, ouvrant sa sacoche de cuir, elle y farfouilla quelques instants avant d’en sortir une nouvelle petite fiole. La débouchant, elle inhala une vapeur qui s’en dégageait et replaça le tout dans ses effets personnels. Bien qu’étant intrigué par ce dernier acte, le sang mêlé ne releva pas et l’écouta parler enfin depuis un petit moment.

    « Ce ne sont pas les lieux. Mais cet homme attise à lui seul ma nervosité, et à son paroxysme. Ses agissements me semblent… Malsains. »

    Cela était tout à fait compréhensible. Même si Heaven connaissait relativement bien la ville, il n’avait jamais rencontré de circonstance aussi étrange, car il n’y avait pas d’autre mot. Atteinte nerveusement, il en venait presque à sentir la colère s’emparer de son âme. Cependant, il se retint, la tête de son compagnon se déposant contre son torse. Affectueusement, il entoura ses épaules de ses bras et lui caressa la joue de son autre main, la serrant doucement contre son cœur. Le visage impassible, en proie à d’intenses réflexions, il agissait inconsciemment ou presque, un instinct protecteur et cajoleur qu’il ne se connaissait pas. Amnesia s’adressa de nouveau à son attention …

    « C’est absurde, n’est ce pas ? Hmm. Tu dois sans doute avoir raison : l’atmosphère de cette ville me rend sujette à quelques incohérences. »

    Le maître d’armes vit poindre un petit sourire au coin de ses lèvres.

    - Non, moi aussi je ressens cette tension inhabituelle, je n’ai jamais connu pareille situation en ces lieux. Et cet étranger m’intrigue. J’ai la désagréable sensation que l’on nous en veut pour quelque chose, mais j’ignore de quoi il s’agit … enfin, j’espère que nous avons tort tous les deux, ce serait préférable.

    Tout en parlant, il avait continué ses caresses dans le dos et sur la joue de l’humaine. Celle-ci bascula sur le côté, lui faisant désormais face. Souriant d’un petit air amusé, elle glissa sa main sur son torse et déposa ses lèvres sur les siennes. Troublé, mais agréablement surpris, le jeune homme laissa ses doigts glisser au creux des reins de l’humaine. Se laissant choir sur le côté, il l’attira contre lui, caressant son flanc et son visage, répondant à son baiser avec une passion non voilée. Dans la douce chaleur qui émanait de leur corps, il délaissa ses bottes au pied de la couche, se débarrassant de leur poids désobligeant.

    L’indicible amour, n’ayant jamais risqué sa peau contre celle d’une femme, le sylvain parcourait son corps de baisers et de gestes doux et gracieux. Toute brusquerie se trouvait être prohibée en cet instant magique où ils se retrouvaient seuls. Alors que ses lèvres suçotaient la peau de son cou, le parfum d’Amnesia enivrait ses sens, un poison délectable, il eut l’impression de vivre réellement pour la première fois. Dénudant partiellement sa chair, il se laissait envoûter par la chaleur de la jeune femme, attentif à ses moindres réactions, il l’admirait de ses iris d’émeraude dans lequel naissait un regard amoureux.

    Elle était la plus belle créature qu’il ait jamais côtoyé, une semi-déesse au caractère bien trempé, tout lui plaisait, du moins ce qu’il en savait, ce qu’elle était, sa façon de faire, de penser, absolument chaque élément de cette femme n’était que pur bonheur et joie. Il aurait aimé lui murmurer qu’il l’aimait, mais répéter l’évidence même s’avérait plus inutile qu’inversement. Alors que son corps s’éveillait peu à peu, le calme régnant dans l’auberge accompagnant la danse lascive, abandonnant toute résistance il souffla l’unique bougie illuminant la pièce, plongeant leur chambre dans une obscurité relative et rassurante.

    Il la désirait plus que tout en cet instant. Ses lèvres de femme-enfant, lorsqu’elles étaient closes ressemblaient à des pétales, il reconnaissait en son nom l’éternelle délivrance...
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MessageSujet: Re: ¤ Une Nuit sans Lune. [PV Heaven]   ¤ Une Nuit sans Lune. [PV Heaven] - Page 2 I_icon_minitimeDim 25 Jan 2009 - 10:40

    L’entendre ainsi partager ses craintes semblait quelque peu alléger la Demoiselle d’un fardeau arbitraire, dont elle seule appesantissait la masse, force de doute illégitimes et de remises en cause ineptes. Ses bras se refermaient alors en une étreinte tutélaire et bienfaitrice, autour des épaules de l’humaine.


    « Non, moi aussi je ressens cette tension inhabituelle, je n’ai jamais connu pareille situation en ces lieux. Et cet étranger m’intrigue. J’ai la désagréable sensation que l’on nous en veut pour quelque chose, mais j’ignore de quoi il s’agit … enfin, j’espère que nous avons tort tous les deux, ce serait préférable. »


    Lui qui arpentait ces lieux sans anicroches, attestait en cette heure de la singularité des faits. Et à juste titre. L’énonciation accomplie, pourtant, elle subsistera en un mutisme songeur. Néanmoins, s’adonnant en fin de compte à la langueur de ses doigts sur sa chaire, elle s’extirpera tant bien que mal à cette torpeur superflue. Ainsi rassérénée, alors, elle s’était laissée, sans outre réticence, conquérir par l’éveil des sens.

    Nulle place aux équivoques, ni même aux affres tourbillonnantes de ces heures d’anxiété, tandis que répondant à son appel, le Sylvain basculait dès lors sur le côté, entrainant sa compagne à sa suite, un bruit sourd les accompagnants, tandis qu’il laissait choir ses bottes sur le sol de la chambre. Son corps alors, se mouvait avec délectation sous ses lèvres, douces et enivrées.

    Jusqu’alors, elle n’avait manifesté le moindre heurt, la moindre réticence, s’abandonnant en une confiance indéniable et candide auprès de celui pour qui son cœur palpitait, épris d’une frénésie nouvelle. Il n’aurait eu nul mal en à discerner la cadence, de cela, elle était persuadée, tant et si bien il semblait marteler sa poitrine avec force et véhémence.

    Se redressant à peine, il balaiera l’unique lueur embrasant la pièce, laissant la pénombre s’immiscer, recoin après recoin. Les ombres alors, entamaient sur leurs corps une danse exquise et singulière, ou s’entremêlaient exaltation et ivresse de l’âme. La tentation à l’orée des sens, ainsi chavirés, tels deux amants sous la pâleur maladive de la Lune, elle s’adonnait à l’irrépressible délicatesse de ses mains sur sa chaire, en savourant la plus infime considération.

    Femme au creux de ses bras, Humaine après coup, témoignant en sa faveur d’égards insoupçonnés, la voici qui succombait en caresses subtiles et suaves, redessinant savamment les courbes idylliques de son corps. Et puis, une brise légère et dérisoire au creux de son cou, interrompue seule par des lèvres y venant, langoureusement, élire domicile, descendant minutieusement le long de sa chaire.

    Quittant l’étreinte voluptueuse de ses bras, se mouvant ainsi avec adresse, elle chevauchera sa taille, apposant une légère pression sur son torse, en un contact mesuré, pondéré. De son corps émanait l’incommensurable élégance du peuple éternel, et l’intarissable noblesse de ses traits. Une puissance sécurisante, contrastée par des gestes aux accents capiteux et prévenants. Conquise, elle laissait désormais sa chaire quérir la sienne, venant une nouvelle fois monopoliser ses lèvres.


    ---------------------------------


    Au dehors, l’agitation reprenait doucement ses droits, tandis que l’incident indéniablement mis sur le compte de quelques faits accomplis, ne semblait plus guère préoccupation primaire. L’auberge, elle même, semblait s’animer d’une effervescence nouvelle, ponctuée par quelques conversations animées et rires gras. L’ambiance, allègre, allait bon train en cette fin d’après midi. Voici là une autre journée qui s’achevait, promesse d’une nouvelle aube à venir.

    Pourtant, au sein de la pénombre de la pièce, un calme immuable semblait isoler malicieusement les deux protagonistes face à la cohue certaine, les cantonnant, complice, en une intimité intangible.


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MessageSujet: Re: ¤ Une Nuit sans Lune. [PV Heaven]   ¤ Une Nuit sans Lune. [PV Heaven] - Page 2 I_icon_minitimeDim 25 Jan 2009 - 13:15

    La mouvance ralentie de la ville à son éveil, les affres vertueux de la chaleur humaine, tout glissait tel une rivière intarissable. L’après-midi s’était effacée en une compression temporelle étrange. Étendu sur sa couche, la jeune femme au creux de ses bras, le cyrillique se sentait renaître. Son petit nez dans la chevelure de l’humaine, une main enserrant sa taille avec affection, il ne pourrait jamais assez la remercier pour ce qu’elle lui avait offert en ce jour. Une force nouvelle s’était emparée de ses attributs, l’impression d’être un homme, enfin, lui qui n’avait jamais goûté à la tendresse d’une femme. Il respirait de nouveau, libre …

    Allongé sur le côté, Amnesia avait son dos contre sa poitrine, et leurs jambes s’entremêlaient doucement. Inlassable de ce corps si parfait, le sang mêlé glissait ses doigts sur chaque courbe de son compagnon, n’oubliant toujours pas de brûler sa chair de baisers plus ou moins appuyés. Le souvenir encore frais de leurs ébats, ses langoureux coups de reins qui avaient éveillé l’âme de la femme qu’il aimait, cette force naturelle de l’amour qui égare les pensées et laisse place au plus pur des plaisirs charnels, aimer par les gestes, outrepassant les mots l’espace de quelques heures. Cependant, chaque bonne chose connaît une fin.

    Le crépuscule ne tarderait pas à faire baisser la luminosité du tunnel-ville. Son corps réclamait encore celui de sa belle, mais ils auraient largement le temps de profiter de leurs sens plus tard. Pour l’heure, ses mains glissant toujours sur la peau de sa protégée, le maître d’armes connectait nouvellement ses pensées et ses réflexions au monde extérieur, reprenant contact avec la réalité. L’étreinte passionnée qui avait fait poindre une condensation sur la vitre de la lucarne entretenait également les muscles du cyrillique, légèrement courbaturé, il démêla ses jambes de celles de l’humaine.


    - L’après-midi se fait tardive, as-tu faim ?

    Il mordilla son cou tout en prononçant ces mots. Puis, tel un éclair frappant la terre sans prévenir, l’anxiété s’empara de ses pensées. Songeur, il se mordit légèrement la lèvre inférieure. Le lendemain serait une journée de voyage, ils quitteraient La Dross, mais pour aller où ? Sa volonté de retrouver Cheilan était grande, mais celle de rester avec Amnesia la surplombait quasiment. Serait-il possible qu’elle désire leur séparation à la sortie de la ville ? Lui ne le voulait nullement, ce fut alors qu’une autre question s’échappa de ses douces lèvres.

    - Nous partirons demain, mais quitter la ville sans avoir de destination me paraît un peu ridicule. Sauf exception exigeante, traîner dans la nature tels vagabonds ne nous serait pas profitable, de plus cela reste dangereux. As-tu un objectif à réaliser qui pourrait nous donner matière à voyager ?

    Sa réponse serait capitale, en effet, le sylvain n’ayant que peu de choses à faire attendait une initiative de sa part. Faute de quoi, il retournerait momentanément dans la forêt afin de bâtir une demeure personnelle. Toutefois, cette perspective de simplicité et d’ennui mortel l’effrayait quelque peu. Il était jeune, et se fixer n’était pas la plus pressante de ses idées. Le monde recelait tant de secrets encore inconnus, l’explorer serait la meilleure des choses à accomplir. Alors, autant que cela soit profitable à la jeune femme, si bien sûr, elle avait quelque tâches à accomplir. Après tout, qui donne ne doit jamais s’en souvenir, mais qui reçoit ne doit jamais l’oublier …




" ... Las ! voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las ! las ses beautés laissé choir !
Ô vraiment marâtre Nature,
Puis qu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir ! ... " Ronsard
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MessageSujet: Re: ¤ Une Nuit sans Lune. [PV Heaven]   ¤ Une Nuit sans Lune. [PV Heaven] - Page 2 I_icon_minitimeLun 26 Jan 2009 - 16:22

    « L’après-midi se fait tardive, as-tu faim ? »


    S’extirpant non sans mal à la torpeur délectable astreinte par la quiétude de ses baisers, elle ouvrira les yeux, doucement. L’après midi semblait effectivement sur le point de mettre un terme à sa course, cédant place à la soirée. Pourtant, cette notion du temps paraissait plus que discutable, tant bien même il était tout bonnement impossible de se fier à l’astre qui, ardemment et au delà de ces murs, achevait sa descente, embrasant le ciel sur son passage.

    Si elle avait faim ? Sans nul doute. Pourtant, ne paraissant que peu désireuse quant à l’idée de se soustraire à son étreinte, elle laissait ses épaules s’élever, tandis que, basculant sur le dos afin de lui faire face, elle revenait aussitôt quérir la chaleur de son corps. Ses doigts alors s’aventuraient sur son torse, au moment même ou elle finissait par secouer la tête, en signe de dénégation, ponctuant de la sorte son premier acte.


    « Non … »


    Et le voici, le mensonge éhonté tant attendu, car là, déjà, le félon s’animait à son encontre pour seule et unique réponse, tel un ronronnement émanant de son ventre et de sa chaire. Arquant les sourcils, la voilà qui glissait alors ses prunelles sur son compagnon, prudemment, un sourire amusé naissant à la commissure de ses lèvres. Soit, il fallait le reconnaître… Elle avait faim. Alors, anticipant une éventuelle réaction de sa part, elle reprenait aussitôt ses dires précédents.


    « Bien… Peut être un peu… »


    Redressant le menton, son sourire, finalement, se figeait, tandis qu’elle discernait à présent une anxiété dont elle ignorait l’origine, s’emparer avec une impétuosité frappante des traits du Sylvain. Silencieuse, alors, elle se redressera, et, prenant appui sur ses genoux, elle campera ses iris sur sa personne. Son regard se laissait deviner interrogateur, attendant sans nul doute avec patience qu’il n’exprime par lui même ce soudain contraste.

    Quelques secondes durant lesquelles il paraîtra délibérer, et le voici qui reprenait la parole, poussant la Demoiselle à ses propres réflexions.


    « Nous partirons demain, mais quitter la ville sans avoir de destination me paraît un peu ridicule. Sauf exception exigeante, traîner dans la nature tels vagabonds ne nous serait pas profitable, de plus cela reste dangereux. As-tu un objectif à réaliser qui pourrait nous donner matière à voyager ? »


    Plus tôt, déjà, il avait énoncé la nécessité de quitter cette ville. Elle ne pouvait que l’approuver, sans doute et sans hésitation. Néanmoins, elle n’avait jusqu’alors pris plus amplement le temps de s’attarder sur ce point. La rappelant de ce fait à l’ordre, elle se laissera retomber sur le côté de sa cuisse, avant de s’allonger sur son bras, tendu au dessus de sa tête. Entrouvrant les lèvres, elle les refermera aussitôt, glissant à nouveau ses iris sur le maître d’arme, tout comme si elle venait tout juste de prendre conscience de ses propos. « Nous » ? Marquant un temps de reflexion, s’assurant que ce seul mot ne sortait pas de son imagination, elle finira par esquisser un nouveau sourire, avant de lever les yeux en direction du plafond, songeuse.

    Ainsi, elle se devrait de lui faire part d’une destination ? Voilà chose curieuse à laquelle elle n’avait alors pas encore songé. Elle même, lors de son départ de Diantra, n’avait en ce sens aucun but, ni aucune destination précise. Probablement serait-elle revenue sur ses pas, tôt ou tard… Quoique le Destin en eut décidé autrement. Diantra… Ce n’était guère l’envie qui poussait ses songes en cette direction... Néanmoins, en ces lieux, nombreux herboristes lui étaient familiers, et elle s’assurait ainsi de trouver là matière à se satisfaire… Elle même n’était guère adepte des soins outre que ceux apportés par les bienfaits des plantes… Aussi, en cette heure, était elle plus que vulnérable quant à ce point, et était d’ores et déjà décidée à y remédier. Accepterait-il, cependant, de faire une escapade au sein de la capitale des Hommes en ce seul but ? Songeant là chose futile que pousser plus amplement les interrogations en avant, elle s’extirpera à ses réflexions afin de lui en faire part.


    « Et bien… Non que cela ne m’enchante plus que de raison, néanmoins… Sans doute devrais-je au plus tôt retourner aux portes de Diantra… Là se trouvent nombreuses herboristeries et… »


    Jetant un coup d’œil en biais sur sa gauche, à l’endroit précis ou, au sol, reposait sa sacoche, elle en reviendra à sa personne, concluant.


    « Nombreuses de ces plantes sont d’une rareté… J’ignore où, sinon là bas, je serais en mesure d’en trouver… Bien que cela ne semble d’une grande importance… Je ne possède nullement tes dons…»


    Souriant doucement, elle laissait place à l’alternative. Après tout, si elle même ignorait où trouver herboristerie capable de la fournir en ces plantes, sinon à Diantra, cela ne signifiait nullement que telle œuvre n’existait pas.


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MessageSujet: Re: ¤ Une Nuit sans Lune. [PV Heaven]   ¤ Une Nuit sans Lune. [PV Heaven] - Page 2 I_icon_minitimeLun 26 Jan 2009 - 21:16

    Le sylvain s’étendit sur le dos, ses mains posées sur son propre ventre. La carrure de ses épaules dessinant une silhouette fine mais musclée, même à travers les draps, il sentait ses beaux abdominaux, fermes muscles travaillés par tant de voyages. Près de lui, Amnesia se fit songeuse … il avait cessé ses douces caresses afin de la laisser réfléchir, peut-être aussi pour ne pas l’étouffer. Tellement heureux d’avoir cette jeune femme à ses côtés, trop sous le charme pour se risquer à être désobligeant. Toutefois, c’est avec promptitude que la réponse vint poindre entre ses jolies lèvres rosies par de langoureux baisers.

    « Et bien… Non que cela ne m’enchante plus que de raison, néanmoins… Sans doute devrais-je au plus tôt retourner aux portes de Diantra… Là se trouvent nombreuses herboristeries et… »

    S’interrompant rapidement, l’humaine jeta un coup d’œil en biais sur sa gauche. Le cyrillique continuait de parcourir de son regard le profil de sa douce, patientant tranquillement dans la chaleur de leur couche qu’elle ne conclut sa proposition.

    « Nombreuses de ces plantes sont d’une rareté… J’ignore où, sinon là bas, je serais en mesure d’en trouver… Bien que cela ne semble d’une grande importance… Je ne possède nullement tes dons…»

    Souriant presque innocemment, la réaction de la jeune femme arracha un rire enjoué au maître d’armes. Un rire franc et heureux, qui pour la première fois depuis longtemps s’échappait de sa gorge autrefois serrée. Ainsi, elle désirait se rendre dans une herboristerie humaine. Diantra, la grande ville en recelait de toutes tailles et de multiples produits y trouvaient place à des prix défiant toute concurrence. Comme Amnesia le disait elle même, les dons de guérison n’étaient pas son lot quotidien.

    Le sang mêlé se redressa en position assise, laissant les draps dévoiler son torse masculin, à la fine musculature relativement marquée. Son expression redevenue plus calme que son rire joyeux, il avait retrouvé un visage détendu aux traits parfaitement elfiques. Cet être n’était qu’une oxymore du tout au tout. Le maître d’armes acquiesça ensuite en direction de son compagnon « d’accord » , si tel était son souhait, il l’accompagnerait. Et puis, cela faisait fort longtemps qu’il n’avait pas foulé le pavage de cette ville humaine, grouillante d’une vie ininterrompue et plutôt bien portante. Un véritable chaudron vivant. Après s’être terrés deux jours durant sous terre, la lumière du monde extérieur leur manquait probablement quelque peu.


    - Bien, allons rassasier ton estomac, je pense qu’il est préférable que l’on mange ici, à l’auberge.

    Déposant ses pieds sur le plancher chaud de la chambre, il enfila son pantalon de lin et sa chemise du même tissus. Le sylvain fit le tour du lit, saisit la clé de leur appartement et passa ses bottes de cuir marron. Ouvrant la porte, la maintenant du bout des doigts, il laissa passer l’humaine et referma le panneau de bois à double tours. Puis après un bref coup d’œil aux alentours, jugeant que tout était tranquille, il se rasséréna et se dirigea aux côtés de sa belle, vers la salle de restauration. Le repas serait servi dans moins d’un quart d’heure, ils ne devraient pas trop patienter.

    Cependant, malgré son attitude détachée, Heaven restait sur ses gardes. La Dross ne serait plus une référence en matière de repos, point dans son optique du moins. Il avouait volontiers que ce séjour ne fut pas le plus agréable qu’il y ait passé. Ses doigts ne se sentiraient mieux que lorsqu’ils auraient serré le manche de son katana d’argent, unique véritable protection contre ses agresseurs. Le couloir était éclairé par des lampions accrochés aux murs, aussi la circulation se faisait sans encombres.

    Lorsqu’ils parvinrent dans la salle de restauration, l’ambiance était joviale. Les protagonistes paraissaient tous être de milieux différents, mais aucune menace ne semblait peser sur toutes ces conversations qui allaient bon train. Ainsi, il voyait cela comme la promesse d’un moment de repos bien mérité. Un petit félin fila entre les jambes du grand cyrillique, se frottant à ses bottes avec affection. L’elfe ignorait pourquoi, mais les canins et les félins appréciaient la compagnie des sang-mêlés, notamment envers les sylvestres d’ailleurs. Le chat planta ses griffes dans le cuir lustré, arrachant un petit couinement rauque au possesseur de ce dernier.


    - Phhhhhhhttttt !

    Heaven avait feulé, le même crachement sonnore qu'un félin en colère, l’identique. Lui même en fut le premier étonné, une main sur sa bouche, il regarda Amnesia d’un œil perplexe. S’étant déjà entendu rugir à la façon d’un lion enragé, il croyait avoir rêvé, mais il semblait que cela ne fut pas le cas … Cela était bien un sentiment philosophique, s’étonner soi même, l’assurance d’une éternelle découverte de son intérieur, les abysses de son soi. Le serveur s’avança vers lui, ahuri et le guida vers une table pour deux.
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MessageSujet: Re: ¤ Une Nuit sans Lune. [PV Heaven]   ¤ Une Nuit sans Lune. [PV Heaven] - Page 2 I_icon_minitimeMar 27 Jan 2009 - 19:03

    Attestant de son approbation et de son accord à la Demoiselle à ses côtés, celle ci esquissera un nouveau sourire, indubitablement ravie à la perspective de voyager en sa compagnie.


    « Bien, allons rassasier ton estomac, je pense qu’il est préférable que l’on mange ici, à l’auberge. »


    Et une nouvelle fois, elle hochait doucement la tête, de haut en bas, en guise d’assentiment. Ni une ni deux, voici déjà le Sylvain qui s’emparait de ses vêtements, afin de les revêtir aussitôt. Surprise, elle même bondira avec grâce sur ses pieds, tant bien même, se surprit-elle à songer, cette grâce ne soit en aucun cas comparable à celle dont le peuple éternel faisait sans conteste preuve en leur quotidien. Chassant cette pensée vagabonde, elle s’emparera d’un tissu jonchant le sol, et le glissant par dessus ses épaules, elle marquera une brève halte au niveau de la salle d’eau, tandis que son compagnon, d’ores et déjà, déverrouillait la porte après s’être emparé de la clé, lui permettant ainsi de se faufiler hors de la chambre.

    Refermant sur leur passage, il examinera un instant les environs, avant de progresser plus en avant. Elle même patientera alors, avant de lui emboiter le pas. Comme toujours, l’animation était à son fort au sein de la pièce principale, aussi n’eurent-ils nul mal à se « fondre dans la masse ». Alors, tandis qu’ils parvenaient au but, un chat vint soudainement prendre part aux réjouissances, s’immisçant entre les jambes du maître d’arme, quémandant ainsi son attention. Quelques instant de plus, et le voici qui, en appui sur ses pattes arrières, s’allongeait et s’assurait un appui certain en enfonçant ses griffes dans les bottes du jeune homme.

    Alors, les choses se passèrent de manières fortes curieuses : protestant, un feulement puissant venait de parvenir jusqu’à la Demoiselle, qui écarquillera les yeux. Ces derniers, pourtant, iront contre toute logique se camper sur son compagnon, plutôt que sur le chat. Son expression laissait sous entendre qu’elle doutait une nouvelle fois de sa propre raison. Divaguait-elle, ou avait-elle réellement entendu ce sont s’extraire du Sylvain, plutôt que de l’animal à ses pieds qui, désormais s’était enfui. Non, elle n’avait pas rêvé : Heaven venait de plaquer sa main sur sa bouche, perplexe.

    Son expression dubitative, semblera finalement, et contre toute attente, amuser la jeune femme, au delà de la surprise. Cependant, songeant là que sa propre stupeur ne devait guère lui donner meilleur mine, elle ne put alors retenir un éclat de rire, mal contenu dans la paume de sa main, tandis que ses épaules se soulevaient à cadence irrégulière, en quelques petits soubresauts. La calme tarda à revenir, tandis que le serveur venait là surplomber son hilarité de par son ahurissement. Déposant ainsi une main sur ses côtés, elle inspirera un grand coup, prévenant une nouvelle crise. Évitant de croiser les regards alentours, afin de se faciliter la tâche, elle suivra les deux hommes en direction d’une table. Il y avait un certain temps qu’elle n’avait rit ainsi. En cela, nulle moquerie, bien au contraire. D’ailleurs, le serveur, s’éloignant, arborait désormais un sourire non feint, lui même contaminé par la bonne humeur de la jeune femme allant à sa suite quelques instants plus tôt.

    Une fois installée, elle plaquera une nouvelle fois ses deux mains contre sa bouche, un sourire toujours fiché sur son visage. Relevant un regard vaguement gêné sur son compagnon, de peur qu’il ne prenne d'un mauvais œil cet amusement soudain, elle soufflera doucement :


    « Navrée… »


    Pourtant, son visage laissait là transparaître une joie des plus innocentes. Ainsi, elle laissera ses mains retomber sur ses genoux, sous la table, tandis que, déjà, le serveur revenait déposant devant eux deux assiettes creuses, de petite taille, fumantes et exaltant diverses odeurs en un liquide brunâtre et translucide. Cela fait, et notant sans pour autant la relever la surprise marquant les traits de l’humaine, il se contentera de sourire, tout en s’empressant de prendre en compte leurs désirs. Cela fait, et une nouvelle fois, il tournera les talons, revenant sur ses pas.

    Alors, la Demoiselle jettera un coup d’œil autour d’elle, constatant avec soulagement que nombreux étaient ceux qui, en cette même salle, possédaient sur leur table mets semblables. Certains s’en délectaient d’ores et déjà, tandis que d’autre arboraient fièrement leurs assiettes vides, apostrophant le serveur afin de clamer maintes louanges aux cuisiniers.

    Intriguée, alors, elle même s’emparera d’une cuillère gisant aux côté de l’assiette, et adressant un coup d’œil succinct, suivit d’un sourire léger, à son compagnon, elle laissera celle ci se porter à son assiette, avant de rejoindre ses lèvres. Déposant par la suite l’ustensile à son côté, elle paraîtra songeuse, conservant un mutisme perplexe. Finalement, elle hochera doucement la tête, amusée. Il fallait le reconnaître : cette soupe, tant bien même inattendue, était délectable, et venaient avec langueur réchauffer ses membres, achevant de combler la guerrière.

    Cela fait seulement, elle portera une nouvelle fois un rapide coup d’œil alentour, avant de glisser ses iris sur son interlocuteur.


    « Mais dis moi… N’as tu toi même nul office à accomplir ? »


    Apparemment, elle en revenait à leur dernière discussion, quant à leur départ. En effet, si elle même lui avait affirmé plus tôt que personne n'attendait quelconque retour en ce qui la concernait, il n’en était rien quant au Sylvain. Cela aurait tôt ou tard finit par l’intriguer. Voici donc la chose évoquée, plus tôt que tard.


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MessageSujet: Re: ¤ Une Nuit sans Lune. [PV Heaven]   ¤ Une Nuit sans Lune. [PV Heaven] - Page 2 I_icon_minitimeMer 28 Jan 2009 - 17:50

    « Mais dis moi… N’as tu toi même nul office à accomplir ? »

    Heaven s’apprêta à hocher la tête en signe de négation. Mais il se ravisa, au final tout n’être avait un objectif même moindre. Il songea à ses diverses volontés, et il n’en trouva pas de plus forte que suivre la demoiselle … sauf peut-être une. Amnesia semblait désirer la franchise, il ne pouvait en aucun cas lui mentir de quelconque manière. Son regard se posa sur elle, tandis qu’il croquait à belles dents dans une pomme à la superbe couleur rubis.

    - J’ai bien un désir surpassant les autres … parcourir le monde Miradelphien. Cependant, t’accompagner d’abord dans ton office m’apparaît comme plus important.

    Son regard fondit dans le sien, comme si il caressait son cœur de ses doigts habiles.

    - J’ai peur que tu ne désires pas suivre chacun de mes déplacements, et je le comprendrais parfaitement.

    Ses iris la délaissèrent, laissant glisser ceux-ci sur la salle. La douce chaleur émanant de la cheminée le voilait, il rêvait voyage. Le cœur à l’horizon, un foulard de soie le retenant à celui de l’humaine. Il aurait voulu l’amener partout avec elle, aux confins des terres de ce monde, se baigner dans les rivières, la bercer d’un torrent d’amour. Gravir avec elle les sommets les plus hauts, lui offrir les plus beaux jours de sa vie, qui serait hélas plus courte que la sienne.

    Mais les dangers d’une telle vie étaient trop grands. Il ne pourrait pas se permettre de la perdre, ne supportant pas le poids d’un tel décès, il ploierait sous lui et finirait ses jours peu après les siens. Le serveur virevoltait entre les tables, insufflant une légèreté sans pareille à un travail, déjà extrêmement laborieux et pénible. Le fruit juteux entre ses doigts diminuait peu à peu de volume, les cyrilliques mangeaient peu et la nature leur offrait leurs principaux repas.

    Il n’y avait nulle trace de l’homme ayant ennuyé plus tôt Amnesia, attentif aux moindres mouvements des environs, la soirée allait prendre fin dans peu de temps.


    Heaven et son compagnon regagnèrent leur chambre. Le sang mêlé s’avança vers ses vêtements séchant au dessus de l’âtre. Pressant doucement le tissus entre ses doigts, il jugea qu’il serait sec pour le lendemain sans difficulté. Puis il entreprit, une main contre le mur, de faire le tour de la pièce. Rien ne devait être laissé au hasard, leur dernière nuit se passerait dans la sécurité la plus totale, du moins il l’espérait. Les deux protagonistes avaient besoin d’un sommeil réparateur et reposant, leur voyage serait long jusqu’à la capitale humaine.

    Le maître d’armes examina chaque mur, verrouilla la fenêtre et tendit le rideau devant. Laissant à la jeune femme le soin de bloquer la porte, il alla se rafraîchir une dernière fois, se délectant d’une douche suave et profitable. L’eau le détendait, les voyageurs n’avaient que peu souvent l’occasion de se laver de façon aussi complète. En deux jours, sa peau avait eu le temps de respirer, dénuée de toute souillure, son grain s’était affermi, et une douceur de pêche dormait sur son épiderme. Un aspect relativement appréciable chez un sylvain, ne supportant ni la saleté ni la rugosité d’une peau lambda.

    La vie d’Heaven n’était que chanson, traduisant son passé, prenant son cœur comme encrier. Ses sentiments gravés, les plus beaux et peut-être les moins courants, traduisant son futur, cicatrisant ses blessures afin d’y croire, encore en cet ultime espoir de liberté. Les lendemains incertains, Amnesia dans ses bras, il songeait que ce lyrisme ne pourrait s’arrêter tant qu’elle vivrait. Son sourire trahissant son présent, elle était son impératif et son subjonctif, effaçant les erreurs passées. Sa joie, son bien-être et son bonheur actif. Jamais il ne serait lasse, toujours dans l’âme ce souvenir, cette soirée intense et langoureuse, un avenir glorieux et libre, une fontaine de jouvence.


    Le sang mêlé s’accordait une trêve, fantaisie d’un monde qui autrefois le dépassait, il venait de trouver cette ultime force, celle qui vous pousse vers le haut et vous soutient. L’indicible bonheur qui enchâssait l’espoir nouveau. Arrêtez le … empêchez le de fuir, dans les couloirs sombres et infinis, cessez de laisser courir le temps qui s’envole avec vos chances de réussites.

    - Amnesia, sens-tu comme moi ?

    Quelque chose brûlait. Les sens en alerte, Heaven se dressa sur ses jambes. Ses vêtements étaient en sécurité hors de l’âtre … il écarta le rideau couvrant la lucarne de ses doigts. Une épaisse fumée noirâtre s’échappait de l’étage inférieur. Cette fois le doute n’était pas permis, quelqu’un leur en voulait.

    - Rassemble nos affaires, l’auberge brûle !

    Revêtant en vitesse ses effets personnels, un masque carmin apparut dans une gerbe de lumière, barrant son visage.
    Cette couverture à l’identité n’apparaissait que lorsque problème il y avait. L’elfe ouvrit la fenêtre, trop petite pour laisser passer un corps, même celui si fin et athlétique de l’humaine. Se concentrant quelques secondes, le maître d’armes saisit les deux extrémités à bras le corps et tira de toutes ses forces, le visage parfaitement impassible.

    Ses muscles se tendirent au maximum, les planches craquèrent puis cédèrent. Le verre s’effondra sur le plancher de l’appartement commençant à chauffer. Ils pouvaient sortir l’un après l’autre à présent. Le temps pressait, il n’y avait plus matière à réflexion, saisissant sa douce par la main, il l’attira vers le trou béant dans le mur.


    - Glisse sur les tuiles et saute sur le toit de gauche, allez ! ! ! … la ville est extrêmement vulnérable aux incendies, tout est en bois ! Fuis Amnesia, ne te retourne pas, va aussi loin que tu le peux je t’en prie, je te suis.
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MessageSujet: Re: ¤ Une Nuit sans Lune. [PV Heaven]   ¤ Une Nuit sans Lune. [PV Heaven] - Page 2 I_icon_minitimeVen 30 Jan 2009 - 14:09

    « Amnesia, sens-tu comme moi ? »

    S’immobilisant sur place un instant, la voici qui hochait la tête, de haut en bas en guise d’assentiment, anxieuse. Suivant alors distraitement ses mouvements, elle discernera tout juste l’épaisse fumée remonter lentement au travers de la lucarne, en partance de l’étage inférieur. Sans attendre la recommandation qui, pourtant parvint jusqu’à elle, elle s’était empressée de quérir ça et là les quelques affaires qui trainaient, tandis qu’elle glissait la sacoche par dessus son épaules, et laissait y pénétrer quelques morceaux de tissus qui lui encombraient désormais les bras.

    Si elle vit par la suite le masque prendre place sur le visage de son compagnon, elle ne s’accordera cependant guère le temps de le relever, car, du temps, ils n’en avaient que peu. Inutile donc de le gâcher en pareilles futilités. Pourtant, la suite des évènements semblera d’avantage la déconcerter, tandis qu’il s’emparait des extrémités de la fenêtre, faisant craquer les planches qui finirent par céder.

    S’emparent alors de sa main, sans y trouver la moindre résistance, elle se laissera entraîner au dehors.

    « Glisse sur les tuiles et saute sur le toit de gauche, allez ! ! ! … la ville est extrêmement vulnérable aux incendies, tout est en bois ! Fuis Amnesia, ne te retourne pas, va aussi loin que tu le peux je t’en prie, je te suis. »

    Pourtant elle semblera marquer un instant de réticence, durant lequel elle patientera jusqu’à ce que lui même ne s’extirpe de la pièce, et ne la rejoigne sur le toit. Il était tout bonnement hors de question de le laisser derrière. Aussi, une fois seulement certaine qu’il ne tienne se parole et ne la suive, effectivement, elle s’élancera avec une certaine aisance, bien qu’il ne soit guère en ses habitudes de courir sur les toits. Pourtant, parvenue au dit toit, elle bondira et retombera de l’autre côté avec agilité. Alors, un coup d’œil en arrière, s’assurant de la présence de son compagnon, elle se remettra en route, sans prêter plus ample attention à l’épaisse fumée qui échappait à la bâtisse.

    Finalement, parvenue à l’extrémité, elle marquera un brusque arrêt, manquant de perdre l’équilibre. Il était impossible de continuer plus avant. Sous leurs pieds, une ruelle déserte, parallèle à la rue principale, bien que séparée de cette dernière par deux autres rues. Une impasse. Pourtant, évaluant la hauteur, elle se laissera glisser au bord et s’accrochant du bout de doigts, elle se laissera retomber au sol, ses jambes fléchissant amortissant la chute, tandis qu’elle retombait accroupie, la paume de ses mains posées au sol.

    Achevant par se redresser, elle lèvera les yeux, dans l’attente du Sylvain. Là seulement, alors, elle laissera ses iris balayer les alentours. L’impasse s’achevait derrière eux. Par l’autre côté, ils rejoindraient bien tôt la rue principale, où devait régner une certaine panique. Allant d’un pas assuré en cette direction, elle marquera soudainement un mouvement de recul : a l’entrée même de la ruelle, une silhouette se dessinait sur leur passage. Une silhouette familière, aux traits grossiers.

    « Vous me ravissez ! Oh oui ! Cela aurait été… Déplaisant… Je n’en attendais pas moins ! »

    Au comble de la névrose, hystérie fougueuse et extravagante, le voici, le nouvel arrivant, qui tendait les bras en avant, comme qui cherche à enlacer quelque ami retrouvé après une longue absence. Ses lèvres, retroussées en un rictus insalubre, dévoilaient une rangée de dents chaotique, gâtées par un piètre entretien. Sur sa joue gauche, une cicatrice, sinueuse et grossière, remontant jusqu’à l’arcade sourcilière, puis, estompée par de lourdes mèches maculées qui retombaient, ça et là, sur un front marqué par le temps.

    « Oui, oui, oui ! »

    Et voici les lourdes mains qui s’entrechoquaient à plusieurs reprises, tandis qu’en une scène incongrue, il bondissait sur place, tel l’enfant frivole à qui l’on accorde faveur. Un pas en avant, puis un en arrière, en une danse extravaguant et indécise. Ses iris, à tour de rôle, examinaient avec soin les protagonistes lui faisant face. Soudainement, ses traits se figeront, tandis qu’il marquait un temps d’arrêt sur la Demoiselle, interdite.

    « Amnesia, Amnesia… »

    Son ton était désormais piteux, son visage déconfit, tandis que ses bras retombaient le long de son corps. Son entrain ainsi estompé tel un masque tombé, il paraissait désormais supporter un poids incommensurable sur ses épaules, s’affaissant, alors que ses lèvres dessinaient un sourire inversé. Curieuse mimique poussée à l’extrême.

    « Tu sais, Lui, il était furieux de ton départ… Tu n’aurais pas du t’en aller, oh non ! »

    Baissant les iris, il ballotera la tête de gauche à droite, en une cadence volontairement mesuré. Ses mains se joignant dans son dos, la mine grave, il semblait alors prêtre annonçant funeste nouvelle.

    « Nous avons du pâtir de ton arrogance, tu sais… Oh, non, non… Tu n’aurais pas du t’en aller ainsi… »

    Relevant la tête, il bondira soudainement en avant, en direction de l’humaine, un nouveau sourire enfantin embrasant ses traits, bras tendus. Guilleret, il s’esclaffait alors tandis que la Demoiselle marquait elle même un mouvement de recul, déconcertée par cette mis en scène que trop théâtrale à son goût. Nullement heurté pour autant, il reprendra d’une voix chantante, bien qu’aux intonations ambiguë.

    « Mais qu’importe ! Tu es là, maintenant ! »

    Et encore une fois, ses mains vinrent à se rencontrer en un fracas accablant, son sourire s’élargissant d’avantage, tant bien même il fut impossible de songer là chose envisageable. Pourtant, une seconde de plus, et le voici à nouveau de marbre, son visage impassible, ses bras se croisant sur son torse. Ses intonations étaient désormais moralisatrices, ses traits anxieux.

    « Lui sera ravi de ton retour, sois en certaine. Bien sûr… Si nous avions envisagé te trouver ici… »


    Puis, de manière soudaine, il pivotera en direction du Sylvain, en un soubresaut prononcé, tandis que ses lèvres s’ouvraient eu un « O » muet. Là, tout comme si ce dernier venait tout juste de se manifester à leurs côtés, il l’étudiera avec attention, marquant un pas en sa direction, bien que conservant une distance curieusement respectable. De haut, en bas, puis de bas, en haut, en un mutisme certain, tandis qu’il perpétuait cette expression de surprise feinte. Quelques instants de plus, et le voici qui s’inclinait en une courbette aberrante et soutenue, sa main gauche se plaçant en son dos, sa droite sur son ventre.

    « Que voici là un bien noble Sire ! »

    Là, se redressant, il laissera ses iris se camper dans ceux du maître d’arme. Puis, après un instant de réflexion, il arquera les sourcils, le front plissé, en une expression de profonde désolation consternée. Effectuant alors quelques va et vient entre les deux opposants, il secouera une nouvelle fois la tête, contrarié.

    « Non, non, et non ! »

    Tapant du pied sur le sol avec véhémence, il se détournera derechef, regagnant l’extrémité de la ruelle, leur barrant une nouvelle fois la route. L’air ambiant devenait irrespirable, tant la fumée noire émanant du bois embrasé semblait gagner en terrain.

    « C’est hors de question, je m’y refuse ! »

    Ces paroles incohérentes au premier abord énoncées, il pivotera une nouvelle fois afin de leur faire face. Sur son visage, un sourire mélancolique.

    « Mes amis ! Je vous cède la scène… »

    Bien qu’il semblât en tout premier lieu s’adresser à eux, cette hypothèse fut bien vite réfutée, tandis que deux hommes prenaient place sur sa gauche, et un sur sa droite. Imposants, ils arboraient un visage impassible, contrastant inévitablement avec l’exubérance pétulante du locuteur. Une lame en chacune des trois mains nouvellement arrivées, ils observaient la scène, sursoyant leur intrusion, bien qu’exécutant deux pas en avant. Là, ils patientaient.

    « Bien, voyez-vous… La donne semble avoir été… Bouleversée… »

    Et d’un geste accusateur, il pointera le maître d’arme de son indexe, recouvrant une mine renfrognée et contrariée, tel l’enfant accusant le fourbe l’ayant bousculé.

    « C’est fâcheux, vraiment fâcheux… Aros sera mécontent… »

    A ce nom seul, soudainement, la Demoiselle qui jusqu’alors avait observé la scène interdite, se raidira brusquement. Comme qui voit alors les choses sous un angle nouveau, elle laissera ses iris retomber sur la silhouette grossière qui s’esclaffait désormais de la tournure des évènements, ravi d’obtenir l’effet sans conteste escompté.

    « Aros… ? murmurait-elle alors »

    « Oui, oui, oui ! répliquait l’imprudente personnalité, nouvellement agitée »


    Canalisant une émotion grandissante, il se laissera tomber au sol, arborant un large sourire tandis que, ses jambes se croisant devant lui, il portait son indexe à ses lèvres, le mordillant désormais avec impatience. Alors, au moment même où la Demoiselle s’extirpait vivement à ses songes en un sursaut, pâlissant à vue d’œil, il lèvera les mains au ciel, victorieux et satisfait.

    « Ha ! Tu n’as pas oublié ! Néanmoins… Cela ne nous avance nullement… J’en suis navré. Vraiment ! … Contenez vous, hum ? Aros en serait mécontent… Si nous ne la ramenions pas entière… Elle, tout du moins. Allez comprendre. »

    Laissant son visage retomber entre ses mains, il hochera légèrement la tête. Cela fait, les trois silhouettes à ses côtés sembleront alors se mouvoir en leur direction, trois sourires naissant à la commissure de leurs lèvres, tandis qu’ils refermaient leur poigne sur les lames entre leurs mains.


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MessageSujet: Re: ¤ Une Nuit sans Lune. [PV Heaven]   ¤ Une Nuit sans Lune. [PV Heaven] - Page 2 I_icon_minitimeSam 31 Jan 2009 - 20:53

    La lourde fumée grisâtre s’épandait peu à peu dans la chambrée. Le regard émeraude du sylvain se fit inquiet, chaque seconde passant n’était que perdue, et sa sûreté ainsi que celle d’Amnesia diminuait considérablement. Étrange manie de l’être vivant, que de se rendre compte seulement en temps d’urgence, de l’importance qu’ils attachaient à un semblable. Pourtant, Heaven n’avait jamais trouvé sa douce aussi belle, que lorsqu’elle s’était élancée sur le toit, s’éloignant de son contact pour courir vers une sécurité plus relative. Elenwë devait leur venir en aide à présent, du moins, il osait espérer en cet instant son existence malgré son plus pur statut d’Athéisme.

    Défonçant la porte de l’étage à coup de talon, son bras devant le bas du visage, il jeta un bref coup d’œil à l’auberge de l’étage inférieur, personne. Une poutre branlante et brûlante s’effondra sur lui, d’un bond agile il l’esquiva vers l’arrière. Rapidement, il remonta quatre à quatre les marches de l’escalier qui s’embrasait lui aussi. Sprintant vers la lucarne devenue trou béant, il se jeta tête la première vers l’air extérieur, moins chargé en toxines. Il exécuta une roulade sur les tuiles, reprenant enfin son souffle, gonflant ses poumons d'un air nouveau et pur, il laissa ses épaules râper sur le toit, freinant sa glissade infernale.

    Parvenu au bord de la toiture, il se laissa pendre par le bout des doigts, puis lâcha. Fléchissant sur ses jambes musculeuses afin d’amortir sa chute, il fit calmement volte-face, balayant les environs de son regard absinthe. Il la sentait, elle n’était pas loin ... Puis il la vit enfin, à quelques mètres de là. Rejoignant Amnesia, le sang mêlé posa doucement une main sur son épaule à la peau de pêche, s’assurant que tout allait bien. Son regard croisa les iris de la jeune femme, avant que les deux intentions se reportent sur un étrange personnage, faisant irruption à l’autre bout de la ruelle elle aussi enfumée.

    Ce furent de sourdes paroles qui parvinrent jusqu’à l’ouïe du maître d’armes. Les mots s’enchaînaient les uns aux autres, comme si aucun n’avait de réelle signification. Les yeux écarquillés lorsque son compagnon crut reconnaître quelqu’un, le cyrillique fronça vigoureusement ses sourcils. Bien que son masque carmin lui dissimulait une partie du visage, l’énervement restait lisible sur la moue de ses lèvres, et les traits durcis de son visage anguleux, à la mâchoire pourtant carrée. Se mordant visiblement la lèvre inférieure, rosie par l’afflux sanguin, il se promit de quémander une explication pour peu qu’ils sortent vivant de ce guêpier.

    L’homme étrange s’imposait face à eux, tel un mur infranchissable, une immense force de volonté soulignant un charisme hors du commun, contrastait avec sa laideur et son incompétence sociale. Plusieurs hommes s’immiscèrent près de lui, chacun une lame droite à la main, un air de vainqueur sur le visage. Il semblait que la situation fut désespérément bloquée. N’ayant pas le choix, Heaven jeta un ultime regard d’encouragement à la jeune femme dont il caressa doucement le bout des doigts.

    Les muscles de son cou se tendirent, laissant son sang affluer dans ses veines, fermant quelques secondes son regard il se concentra. Fourrant sa main dans la doublure de ses bottes, il en sortit une dague droite de la longueur de son avant bras environ. La lame était fine, mais incroyablement résistante. Les attaquants s’élancèrent vers eux. Sur la gauche du sylvain, le mur se faisait branlant, à l’intérieur de la bâtisse le feu gagnait considérablement du terrain. Ils n’allaient pas perdre, quoi qu’il arrive, même si cela devait se faire sur le seuil de la mort, le maître d’armes jura mentalement à tous les dieux, qu’il conduirait Amnesia en vie jusqu’à la sortie de la ville.

    Le sang mêlé fit deux rapides pas vers l’avant, en diagonale et planta rageusement sa dague dans le mur. Une grande craquelure fissura la paroi qui s’effondra rapidement, projetant des pierres sur les assaillants. Le premier assaut venait d’être donné, ayant reculé machinalement, le maître d’armes planta le bout de ses pieds dans le sol terreux et sauta sur l’homme qui escaladait l’amoncellement de pierres, aux braises encore fumantes. N’osant jeter un regard vers sa douce, Heaven espérait qu’elle se battrait à ses côtés, bien sur, il se doutait qu’elle ne le laisserait pas tomber, cependant il priait surtout pour qu’elle ait le temps d’empoigner une arme avant qu’un malfrat ne s’élance vers elle.

    « Jugula ! Jugula ! Jugula ! »

    Le sylvain entendait ces cris, dans les écrits que ses yeux avaient parcourus, jadis en des temps reculés, on laissait des humains se battre entre eux pour le bon plaisir du peuple dans un lieu dit clos. Et la foule hurlait ce même mot, en un vrombissement continu, assoiffée de sang, signifiant « égorge ! égorge ! égorge ! ». Voilà à quoi son esprit le comparait en cet instant critique, acculé telle une bête dans un piège se refermant incommensurablement sur elle, le cyrillique se battrait pour sa vie, jusqu’à ce que ses jambes se dérobent sous son corps.

    Les coups s’enchaînaient, violents, parade, attaque, esquive, soufflet, tout était permis, coups de pieds, coups de lame ... la sueur naissait sur le corps de plus en plus dénudé du sylvain dont les vêtements partaient en lambeaux. Sa peaux luisait à présent, son halètement rauque couvert par le bruit claquant du fer que l’on croise. Ses puissants muscles forcés au combat se raidissaient et s’allongeaient au rythme de ses agissements. Son adversaire allait céder, bien qu’il fut blessé lui même à l’épaule gauche, l’ennemi avait le cou à moitié tranché, titubait insatiablement et dangereusement, ne tenant que vaguement sa lame, il combattait à présent pour la forme, mais son regard s’éteignit bien avant qu’Heaven lui assenât le coup de grâce.

    Dans une feinte professionnelle, le sylvain bloqua son coude dans le cou de l’homme, repliant son bras contre sa nuque, l’individu surpris lâcha sa lame. Dans un grand craquement, le sang mêlé lui rompit les cervicales. Il ne restait plus qu’un homme potentiellement dangereux, il était aux prises avec Amnesia un peu plus loin. Traînant ses mollets meurtris dans la ruelle, le maître d’armes fut obligé de s’adosser au mur, sa tête tournait, son esprit vagabondait loin des combats ... empoisonnée ... la lame de l’homme était empoisonnée. Tombant à genoux, Heaven laissa ses paumes glisser sur le sol avant de se replier sur lui même, assis sur ses tallons, ployé en deux par une horrible douleur au flanc.

    Alors il allait mourir ainsi, comme un chien ayant mangé une herbe fatale ... non peut-être pas, car après tout, la jeunesse est une ivresse continuelle. La fièvre de la santé, la folie de la raison ...

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MessageSujet: Re: ¤ Une Nuit sans Lune. [PV Heaven]   ¤ Une Nuit sans Lune. [PV Heaven] - Page 2 I_icon_minitimeMar 10 Fév 2009 - 10:11

    Ainsi, monotone et assidue était la progression cadencée optée par les silhouettes malhabiles, amenuisant subrepticement le champ d’action d’ores et déjà restreint par l’étroitesse de la ruelle. Néanmoins, façade inaliénable et intangible destinée à la sauvegarde seule de l’impudent locuteur, le troisième adversaire conservait une position hiératique à l’extrême opposée de l’impasse. Incommodé par pareille tournure, la lame allait de part et d’autre, oscillant entre son indexe et son pouce. Courroucé. Excédé. Les tâches étaient ainsi octroyées avec aisance. L’un sur la gauche, le second sur la droite, le dernier en retrait. Quoi de plus enfantin.

    Signe confortant à l’encontre de la Demoiselle, et la voici qui distinguait son compagnon se saisir d’une lame. Arme dont elle même était manifestement démunie en cette heure. Mais qu’importe, car déjà, il s’élançait, ouvrant le ballet aux convives qui allaient à sa suite, tant bien même déstabilisés tandis que la façade croulait à leurs pieds.

    Ainsi débutait l’affront, chaque adversaire assigné à un rival. Heaven, pour sa part, avait d’ores et déjà prit son parti, aux prises directes avec l’homme qui bravait désormais tant bien que mal l’amoncellement formé à ses pieds par les débris éreintés. L’Humaine, quant à elle, accordait un vague coup d’œil en direction de la seconde silhouette ; cette dernière également, considérait les faits, diligemment. Arborant alors une mimique insane, tandis que ses prunelles oscillaient entre les deux belligérants, il parvenait tout de même à pivoter sur sa propre personne, afin de lui faire face. Sa tête s’inclinait doucement sur son épaule, en guise d’un amusement certain : face à cette stature imposante, la Demoiselle semblait bien frêle et chétive.

    Sans plus tarder, il progressait plus en avant, sa main s’élevant de manière nonchalante à hauteur de son épaule, comme qui cherche à exprimer quelconque apaisement. Trêve éphémère. Fléchissant alors les genoux, la proie bondissait pour unique réponse. Retranchement astreint avec une vivacité déconcertante, le voici qui toisait désormais l’Humaine, un mince cheminement amarante perlant sur ses lèvres. Cette amertume qui lentement s’insinuait par l’interstice de ses lèvres, éveillant ses instincts, hérissant son poil.

    Un pas en avant, puis un second, tandis que du revers de la main, il mettait un terme provisoire à ce filet carminé qui toujours, tapissait ses lèvres, en partance de son nez. L’assaut qui s’ensuivit fut impétueux, rude et enchevêtré. De ça, et de là, les mains, les coudes et les genoux rencontraient la chaire. La lame avait cédé sa place, tant bien même le souci d’équité n’était pas maître mot de cette motivation. L’homme misait sur sa force, la Demoiselle sur son agilité. Le tout était inégal, pourtant, il aurait été fort délicat d’affirmer de quel corps venait de s’échapper ce craquement lugubre. Le grognement qui s’ensuivait cependant aura tôt fait de mettre à bas ce doute, tandis que l’échine courbée, la silhouette imposante marquait un mouvement de recul, haletant, à l’instar de sa rivale.

    Cette dernière cependant s’imposait à nouveau face à lui, profitant de la faiblesse momentanée afin de s’emparer de la lame avec adresse, évitant tant bien que mal la lourde main qui tentait de se refermer sur son bras.

    Et puis, voici la scène éthérée qui se dessinait non loin, en un mouvement fugace. Progression chancelante du Sylvain qui, précautionneusement, allait de ce pas s’adosser à l’âpreté hétérogène de la paroi. Quelques instants de plus aux proies d’un mal singulier, et là, les genoux se dérobant sous le poids du venin. Constat évasif et succinct de la scène de la part de la Duelliste et à l’instar de son opposant.

    Insipide rancœur s’insinuant alors en ces chaires hérissées, obstruant le moindre interstice, et ce, jusqu’à devenir maître mot. Marionnettiste hérétique, juge profane, guidant l’œuvre funeste, tandis que le corps dépérissait sous la lame experte en une danse pétulante et lascive, jusqu’à n’être plus qu’inertie posthume et immuable. Un râle unique et dérisoire, tandis que la silhouette immolée cédait place à l’humaine flegmatique.

    « Du poison ! Ha ! »

    Bondissant en un quart de tour, la voici qui se retrouvait nez à nez avec le locuteur longtemps plongé en son mutisme. Marquant un mouvement de recul, les lèvres de ce dernier s’étiraient en un vaste sourire, tandis que, des replis de sa robe, il extirpait une fiole opaque, et l’élevait, entre son indexe et son pouce. Une seconde s’ensuivit, en son autre main, exposée à l’identique. Telle une balance, il soulevait une main, abaissait l’autre, puis inversement, comme soupesant.

    « La Mort… La Vie… La Mort… La Vie… Pour l’heure, il se meurt, tu survis… »

    Sur ses paroles, il portera l’une des deux fioles au niveau de ses lèvres, y déposant un langoureux baiser, tandis que ses pupilles dévoraient l'être périssant.

    « Tu meurs, il vit… C’est ainsi que tout fonctionne, car tout a un prix. »

    Abaissant sa main gauche, il tendra la droite, en direction de la jeune femme. Cette dernière marquait alors un mouvement en avant, déconcertée. Tout cela n’avait aucun sens. Ou bien, peut être au contraire n’était-ce que trop évident. Heaven se mourant, son rival lui offrant sa survie contre… éludant cette réflexion, elle refermait ses doigts sur le culot de la fiole. Cependant, une large main vint vivement s’emparer de son poignet et, se refermant avec une force inouïe, un léger craquement retentira, échos lointain et anodin face à celui qu’elle même avait infligé. Pourtant, ses traits se tirant, elle sifflera entre ses dents, furieuse, en proie à la douleur. Néanmoins, elle ne reculera pas, sachant pertinemment à quoi s’en tenir.

    L’emprise se maintiendra un instant, jusqu’à ce que finalement, il ne relâche son étreinte, et que la fiole ne tombe au creux de sa paume. Mordant sa lèvre inférieure avec vivacité, elle attrapera le contre poison en sa main valide, et reculera prudemment, guère encline à lui tourner le dos. Arrivée à la hauteur d’Heaven, cependant, elle s’agenouillera, pivotant. De son pouce, elle ouvrira la fiole, tandis qu’elle considérait avec attention l’état de son compagnon.

    « Qu’il boive. Le poison relâchera son emprise sous peu. »

    La voix à l’extrémité de la ruelle avait sonné profonde, dure, tandis que la jeune femme examinait brièvement le contenu de la fiole. Portant cette dernière alors en sa seconde main, prudemment, elle glissera son bras sous celui du Sylvain, l’incitant à se redresser, tout en portant la fiole à ses lèvres.

    « Bois… »

    Murmure, supplique. Tant bien même il lui aurait été peu raisonnable de faire confiance à l’homme se tenant non loin, et à juste titre, il semblait pourtant que la jeune femme, pour sa part, n’émettait nul doute en ce qui était de ces dires. Il était probable d’ailleurs qu’à la moindre hésitation, elle n’aurait pas songé l’ombre d’un instant à le lui faire avaler. Néanmoins, elle insistait ; il était donc certain que ce qu’elle tenait désormais entre ses propres mains ne pourrait que le soulager.

    D’autre part, le temps n’était guère plus à l’hésitation. La ruelle, de plus en plus, devenait oppressante. L’air irrespirable. La chaleur insoutenable. L’incendie n’était donc pas encore maîtrisé, et il ne tarderait pas à les atteindre. Déplacer Heaven en cet état allait nécessiter la plus grande prudence ; du repos lui serait salutaire. La douleur s’apaisant lui permettrait, espérait-elle, de s’écarter de ce lieu le temps nécessaire.

    Un coup d'œil succinct par dessus son épaule, et voici l'extrémité de l'impasse qui s'offrait à ses yeux, déserte...

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MessageSujet: Re: ¤ Une Nuit sans Lune. [PV Heaven]   ¤ Une Nuit sans Lune. [PV Heaven] - Page 2 I_icon_minitimeMar 10 Fév 2009 - 13:52

    Une sourde litanie s’emparait de l’âme du sylvain. A la nuit tombée, animant la poussière des âges passés et les liant à nouveau. Dormeur éveillé aux yeux vides, l’infâme poison coulant à présent dans ses veines. La mort dressait sa gueule béante devant lui, appuyé fébrilement contre l’un des seuls murs de pierre encore debout. Une main sur son épaule, le souffle court. L’absinthe se des yeux perdait rapidement son intensité, et ce n’était plus que de loin, que lui parvenaient les clameurs sourdes des protagonistes. Incapable de penser sous l’effet de l’étrange liqueur qui lui glaçait le sang, Heaven attendait …

    Soudain une sonorité de pas précipités l’éveilla de sa torpeur, Amnesia venant poindre à ses côtés, le soutenant par son épaule valide, il frémit à ce doux contact puis elle porta rapidement et sans autre forme de procès une fiole inconnue à ses lèvres sèches, lui sommant désespérément de boire, dans une supplique murmurée avec amour. Sans réagir outre mesure, ses lèvres se séparèrent, laissant couler le précieux liquide salvateur jusqu’à ses entrailles. Le travail d’élimination du poison se fit rapidement connaître. Une intense chaleur s’emparait de son corps, déliant ses membres sous les premiers effets du contrepoison.

    Pantomime dépourvu de toute possible réflexion ordonnée, le sylvain se releva avec difficulté. Ignorant si sa vie se trouvait encore être en danger, il savait simplement que le liquide agissait, et que l’effort de marcher lui était de nouveau permis. Tournant le dos à son compagnon, il saisit grâcieusement sa main dans une étreinte noueuse et certaine. Ses jambes s’activèrent comme annimées d'une volonté propre, maladroites tout d’abord, alors qu’autour d’eux, un vent de panique soufflait sur la ville désormais en proie aux flammes. Le brasier géant gagnait peu à peu les bâtiments adjacents, la forte rafale qui s’engouffrait par l’entrée du tunnel n’arrangeait en rien la situation aux aspects de catastrophe. De lourds regards en biais se glissaient sur leur passage, eux, étrangers et possibles agitateurs de troupes s'enfuyaient tels des voleurs, oui, mais leur souffrance s'était déjà trouvée à rude épreuve. Mais cela, personne ne pouvait le savoir ...

    Hors de la raison, son corps put se mouvoir d’avantage. Sans lâcher les doigts de sa douce, ils se mirent à courir, tel un automatisme forcené, le cyrillique emprunta hasardeux plusieurs raccourcis à travers ruelles délabrées, dont certaines ouvertures se trouvaient déjà être léchées par les flammes rédemptrices. Tout autour, les habitants criaient et s’agitaient dans un incroyable désordre. L’eau ne se trouvait pas à profusion dans ces souterrains, aussi l’organisation dans la panique négligeait un plan de survie naturelle, la fuite … quelques minutes plus tard, le regard redevenu plus clair du maître d’armes se posa sur l’entrée du tunnel. Une longue pente abrupte qu’ils remontèrent au pas de course, lui coupa très relativement son petit souffle encore fragile.

    Parvenus au sommet de la butte, entre les arbres de la lisière forestière, Heaven inspira une profonde goulée d’air, avant de lâcher d’un ton quelque peu inquiet.


    - Nos armes …

    Se dirigeant vers la gauche, il s’aperçut que les gardes avaient déserté leur poste de surveillance. D’un coup de pied bien placé, le sang mêlé enfonça l’épaisse porte de pin, et fondit sur les placards de rangement. Ouvrant une à une toutes les portes, sans prendre la peine de les refermer, il parcourut tout le premier rayonnage avant d’ouvrir le bon casier, et d’en sortir à tour de bras son grand katana d’argent, ainsi qu’un sac qui ne lui appartenait pas, ayant simplement vu qu’il contenait un peu de nourriture. Attachant ce dernier en bandoulière sur son épaule meurtrie, il sortit en compagnie de l’humaine et entama une nouvelle course, vers l’horizon cette fois-ci …

    - Nous devons nous éloigner le plus possible de La Dross, notre « départ » est loin d’être passé inaperçu.

    Sa course était régulière, sa musculature fine et élancée pouvait lui permettre de courir longtemps sans s’épuiser, mais il ignorait combien de temps tiendrait son compagnon. Depuis qu’il lui avait lâché la main, un vide s’était installé en lui, incurable et dérangeant. Aussi, il balança son bras sur le côté, jusqu’à ce que ses doigts rattrapent ceux de sa douce. Amnesia s’était montrée d’une force exemplaire tout au long de leur périple, et avait subi de nombreux désagréments que peu d’humains auraient toléré aussi longtemps, sa patience infinie lui avait pourtant permis de supporter les lourdes difficultés.
    Conscient de sa chance, le cyrillique porta les doigts de l’humaine à ses lèvres, lui jetant un bref coup d’œil amoureux avant de continuer sa course éffrénée vers la sécurité.


    - Je t’admire …

    Quelle était donc cette étrange lueur qui animait les iris du sang mêlé ? Lui si étranger aux sentiments, tellement peu concerné par les capacités de l'humaine condition, venait de complimenter la jeune femme. Offrir de l'amour était une chose, conférer de l'admiration et un respect relativement profond en était une toute autre. Mais déjà son regard s'était reporté vers leur futur. Heaven était bien trop libre pour s'enchaîner dans le présent, quand bien même il le préférait au passé. Les élucubrations de sa volonté de vivre étaient bien au delà de toute pensée normale, peut-être n'était-il qu'une entité disséminée aux quatre vents, courant aujourd'hui vers son lendemain. Il posa machinalement sa main sur sa poche, un petit bloc de granit s'y trouvait ... il en aurait bientôt besoin.

    Le poison n’était à présent plus qu’un souvenir, un léger engourdissement encore présent au niveau de sa nuque, mais le contrepoison se fut avéré d’une efficacité redoutable. Jamais il ne remercierait assez son compagnon pour son efficacité, et sa vigueur. Elle l’avait sauvé, à charge de revanche comme il lui avait également épargné la vie face à la Manticore. Leur relation s’étendait sur une justesse infinie, et actuellement revenue sur un pied total d’égalité. Était-ce cela le bonheur …
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MessageSujet: Re: ¤ Une Nuit sans Lune. [PV Heaven]   ¤ Une Nuit sans Lune. [PV Heaven] - Page 2 I_icon_minitimeVen 13 Fév 2009 - 21:08

    Angoisse indicible et sublime, en l’attente cadencée par un rythme débridé ; soubresauts trépidants et incertains, en cette poitrine maculée par l’auréole solennelle du tourment, escomptant le dénouement salvateur auguré. Alors le voici qui, précautionneusement, se redressait, à l’instar de sa compagne dont les prunelles impassibles restaient fermement logées sur sa personne, convoyant sa progression, telle l’ombre se conformant à ses faits et gestes.

    Ainsi, sans mot dire, le voici qui, en un contact resté frêle, s’emparait de sa main, l’entraînant en une recrudescence nouvelle de leur cheminement. Sans y apposer la moindre dissension malgré le voile limpide d’anxiété qui s’implantait laborieusement au delà de la quiétude témoignée en une façade vulnérable et friable, elle allait à son côté. Ses iris considéraient fébrilement l’émoi régissant l’effervescence alentour ; la Dross était à présent livrée aux filles de la Nécessité et du Destin, érodée langoureusement par les flammes qui, peu à peu, conquéraient nouvelle bâtisse, nouvelle interstice.

    Imperceptiblement, les pas se firent pressants, jusqu’à se muer en une course modérée bien que soutenue. Le talonnant, elle discernait non sans mal l’inspiration saccadée tandis que leurs jambes empruntaient à présent l’escarpement menant en surface. Là, les arbres s’enchevêtraient à l’abondance de la végétation forestière et l’obscurité se faisait amante à cette fin de journée, baignant les environs d’un voile brumeux. Le sol, meuble sous leurs pieds, suintait encore des intempéries de leur séjour.

    Alors seulement, Heaven vint à évoquer un aspect inhérent à leur salut : leurs armes étaient en ces lieux. Les délaisser de la sorte était chose déraisonnable et absurde. Aussi, allant sur son côté gauche, il mettait à mal l’épais battant se dressant entre sa personne et la convoitise. Avec une frénésie nouvelle, il s’empressait de dévoiler à ses yeux chaque réceptacle, jusqu’à ce qu’il ne puisse apposer son emprise sur son bien. Elle même venait de discerner la fine lame d’argent qu’elle nouait à présent à sa taille.

    Sans plus attendre, elle en venait à s’extraire à sa suite, tandis que la course reprenait. La fuite, tout du moins. Ses poumons savouraient désormais chaque inspiration, purgeant avec empressement les méfaits de l’épaisse fumée trop longtemps inhalée. Son esprit lui même paraissait lever le voile sur ses réflexions, avide d’une denrée foisonnante. De ce fait, lorsqu’il prit la parole, elle hochera doucement la tête en guise d’assentiment. Certes, s’attarder plus amplement aurait relevé de l’inconscient pure et dure.

    Néanmoins, le Sylvain ne semblait momentanément et en aucune mesure être sujet a quelconque peine astreinte par la course. Sa compagne également, conservait un rythme régulier, quelque peu en retrait ; si elle était pourtant en mesure de tenir de la sorte encore un moment, sans doute serait-elle loin de tenir la comparaison. Sa respiration, peu à peu se saccaderait sous le rythme bien trop soutenu de son cœur et de son corps avide d’oxygène ; ses muscles faibliront, jusqu’à ce que la raideur et la souffrance ne s’y insinuent aigrement. Nous n’en étions pas là. Pas encore.

    « Je t’admire … »

    Confondue, elle secouait doucement la tête. Ne pas se méprendre, non. Là un soupire bravait à nouveau la cloison nébuleuse de ses lèvres, tandis que l’esquisse d’un frêle sourire animait son minois d’ores et déjà fluctuant. De l’admiration ? Trébuchant, elle laissera sa main gauche prendre un appui succinct sur le tronc d’un arbre. Réflexe instinctif tandis qu’elle recouvrait une allure soutenue, passant sous silence un gémissement plaintif à l’instant même où ses doigts entraient en contact avec l’écorce humide et mousseuse, et que son poignet pliait sous la pression.

    « Pas autant… que je ne le peux… »

    Assurance saccadée par une aspiration éreintée, elle n’ira plus amplement en cet énoncé. Les choses pourtant étaient limpides, et aux yeux de la Demoiselle, nulle grâce plus chimérique que celle émanant de son compagnon. Nul apaisement plus intime. Nulle joie plus volatile. Le tout semblait orné d’une brume laiteuse et immatérielle. Devait-elle, pour l’heure, s’éveiller et se soustraire à ce songe que trop illusoire ? Ses sens étaient-ils en mesure de telle Malice ? Heaven n’était-il, en tout et pour tout, que créature chimérique destinée à accompagner la douce démence qui pénétraient son esprit ?

    « Non… »

    Réponse seule à l’unique cheminement de ses songes. Murmure insaisissable, destiné au trépas de l’inconscience, tandis qu’elle enlaçait avec douceur la main jointe à la sienne. Ainsi les minutes filèrent, tandis qu’alentour, la végétation luxuriante offrait son couvert aux protagonistes.

    Finalement, l’instant vint où l’écart devenu plus important, elle venait à délaisser la main de son compagnon, la laissant retomber contre son flanc. Une seconde de plus, et la voici immobile. Jambes fléchies, échine courbée tandis que, la paume tremblante de ses mains posée sur ses genoux, elle aspirait prudemment.

    « Heaven… Je… Navrée… Je n’ai pas… ton… endurance… Un instant… »

    Un instant. Un instant pour ne pas suffoquer. Un instant pour ne pas flancher. Un instant enfin, pour cesser ce martellement assourdissant au sein de sa poitrine, imprégnant la moindre parcelle de son corps. Aucun appui alentour. La position seule lui permettait de reprendre contenance avec plus ou moins d’aisance. Les iris rivés au sol tandis que quelques mèches retombaient ici et là, encadrant son visage d’ores et déjà empourpré par la course. Céder était tout bonnement hors de question. Ni la douleur éveillée en son membre gauche par sa seule condition, ni même le bourdonnement incessant au niveau de ses temps ne l’y astreindront. Juste un instant.

    Péniblement enfin, elle se redressait. Sa peau recouvrait une pâleur maladive, arborée en nombreuses occasions. Dénouant ses muscles en quelques mouvements amples, elle aspirait à nouveau avec insistance, comme cherchant à combler quelconque manque. Son pouls recouvrait une cadence mesurée, bien qu’élevée. Evaluant brièvement la distance parcourue, elle hochera doucement la tête, un mince sourire reprenant place.

    « Je doute maintenir pareille allure des heures durant encore… »

    Et pour cause ! Bien que paraissait pour le moins reprendre ses forces avec une certaine aisance, une seconde escapade similaire et l’inconscience reprendrait ses droits sur les capacités physiques limitées des humains, fussent-ils guerriers ou simples citadins.


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MessageSujet: Re: ¤ Une Nuit sans Lune. [PV Heaven]   ¤ Une Nuit sans Lune. [PV Heaven] - Page 2 I_icon_minitimeSam 14 Fév 2009 - 14:02

    Leur liberté se trouvait là, n’ayant que peu de temps pour s’éloigner, le cyrillique n’écoutait qu’à moitié les paroles de sa douce. Pourtant ,chaque mot le touchait au plus profond de lui même. Son âme s’étendant dans tous les recoins du monde, messager aux yeux d’absinthe, griffonnait sur la mappemonde l’espoir d’un rêve nouveau. Filant à toute allure à travers champs et sentiers, les deux amoureux avalaient les mètres avec une facilité déconcertante. Détendant puis contractant tour à tour chacun des muscles de son corps, le sylvain soufflait de façon presque inaudible, créant autour de ses lèvres un cocon, tout comme si l’air s’engouffrait volontairement dans chaque parcelle de ses cellules constructrices, chassant le dioxyde de carbone.

    Tournant parfois son regard vers son compagnon, le sang mêlé ne pouvait que constater que comme lui, elle paraissait songeuse. Voici quasiment une heure écoulée depuis leur départ de la Dross ville du banditisme, récemment mise à sac … peut-être était-ce réellement leur faute au fond ? Les mésaventures qui avaient ponctué leur visite pouvaient s’avérer plus que révélatrices, sur certains points tout du moins. La poigne qui enlaçait tendrement la sienne, sous couvert d’une végétation foisonnante, se fit soudain nettement moins oppressante, puis la main d’Amnesia vint à délaisser ses propres doigts. S’immobilisant quasiment en même temps que la jeune femme, Heaven fit quelques tours prudents, marchant autour de cette petite silhouette à l’aspect si vulnérable, ployée vers le sol, ses mains sur ses genoux aux muscles fatigués.

    Essoufflée, l’humaine éleva sa voix comme elle le pouvait à l’adresse de celui qui partageait les souffrances révolues.


    « Heaven… Je… Navrée… Je n’ai pas… ton… endurance… Un instant… »

    La pose offerte par son compagnon apaisa le martèlement continue du cœur de l’elfe, contre la pauvre cage thoracique. Respirant à plein poumons, les bras légèrement écartés, la tête balancée vers l’arrière, le regard absinthe perdu dans l’éther … il calmait son corps, dénouant sa musculature, puis il ferma les yeux, se laissant tomber sur le sol, assis sur ses talons, les mains sur les genoux, paumes tournées vers le ciel légèrement nuageux. S’obligeant à ralentir les battements de son organe vital … peu à peu, il visualisa son corps, dans une lourde technique de méditation, il cibla chaque point douloureux, puis, un à un, le maître d’armes les fit taire … jusqu’à ce que plus aucune douleur ne le comprime, et qu’il puisse enfin se redresser.

    Cependant, il se contenta de garder les yeux clos, toujours là, reposé sur ses talons. Alors que près de lui, Amnesia se levait. Le sylvain l’entendit respirer fortement, à rythme régulier. Le léger sifflement de ses poumons parvenant jusqu’à son ouïe fine, dès lors qu’elle déliait ses muscles à son tour … ce fut à cet instant, que le sang mêlé prit conscience de ressentir plus de choses qu’il ne l’aurait cru. Lorsque son corps entrait en une transe mesurée, il devenait ainsi capable de savoir avec une exactitude quasiment exacte, les moindres mouvements de ses adversaires. Une capacité à développer et cela sans aucun doute possible. Cependant, les paroles de l’humaine le tirèrent de ses réflexions …


    « Je doute maintenir pareille allure des heures durant encore… »

    Le doute n’était qu’humain. Heaven savait pertinemment qu’elle pourrait maintenir une cadence deux fois plus soutenue, son potentiel lattent n’était que trop élevé pour qu’elle s’abaisse à une simple heure de course, bien que celle-ci fut plus ou moins effrénée. Lorsque le cyrillique ouvrit son regard émeraude et le déposa sur le visage de sa douce, un fin sourire se glissa sur ses lèvres. Sans esquisser le moindre geste tout d’abord, il parla à son attention, d’un ton calme … détaché … comme si l’effort physique n’avait pas eu la moindre incidence sur son souffle ou sur son corps.

    - Et tu n’auras pas à recommencer … nous sommes assez loin à présent, une simple marche sans pose trop fréquente nous permettra de rejoindre la prochaine ville.

    Il cligna des yeux, battant ses cils longs et légèrement recourbés. Ses traits paraissaient infiniment plus fins à chaque fois que son corps entrait sous son contrôle total ou presque. Une faible pose, puis il reprit sur la même intonation de voix …

    - Je suis extrêmement fier de toi … mais mon admiration n’égale en rien l’amour que je te porte Amnesia. J’ignorais jusqu’à ta naissance, tu m’as aidé, jusque là rien ne m’attirait. Ce fut … plus inattendu que tu ne pourrais le croire. La proximité rapproche les cœurs, mais c’est avant tout la difficulté, qui m’aura fait comprendre la chance que je possédais, d’avoir une personne telle que toi à mes côtés. J’accepte tes quelques défauts comme tes plus grandes qualités, car les uns et les autres s’imbriquent pour former le plus pur des joyaux … toi ...

    S’accroupissant soudain dans un petit soubresaut contrôlé, Heaven déposa son genou gauche sur le sol. Sa main plongea dans sa petite poche, située à l’intérieur de la chemise de soie fine qu’il portait. Lorsque son membre ressortir de l’alcôve, un petit bloc de granit apparut en sa paume. Déposant celui-ci sur le sol, le sang mêlé plaça un doigt sur le dessus, ignorant presque tout ce qui l’entourait … peu à peu … le bloc vint à se dissoudre magiquement. Les particules de roche noire s’écartèrent et s’envolèrent, tels un minuscule écran de fumée sombre.

    Une bague argentée, surmontée d’un diamant de petite taille s’éleva, majestueuse à plusieurs centimètres du sol, pour venir se déposer dans la paume ouverte du maître d’armes. Le faciès du cyrillique était devenue impassible, cependant aucune froidure n’y habitait. Au contraire, une infinie tendresse naissait dans le regard émeraude qu’il s’évertua à plonger dans celui de la jeune femme. Sa voix se fit douce, son ton léger accompagné par une fine brise naturelle qui soulevait sa chevelure mordorée …


    - Tu n’es ni parfaite, ni imparfaite … j’ai l’unique impression que tu es simplement faite pour moi …

    Il lui fit le plus sincère de ses sourires, creusant une petite faussette au coin droit de la commissure de ses lèvres.

    - Amnesia … acceptes-tu de devenir ma fiancée ? …

    Son coeur battait à tout rompre désormais. Pourquoi cet instant ? Il l’ignorait … mais l’intuition du moment lui était parvenue, telle un message divin. Elle, si belle, unique en son cœur qu’il voulait plus que tout au monde combler d’un bonheur enamouré, une simple promesse pour peut-être l’éternité …




[ Hrp : Bonne Saint-Valentin Amnesia Wink ]
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MessageSujet: Re: ¤ Une Nuit sans Lune. [PV Heaven]   ¤ Une Nuit sans Lune. [PV Heaven] - Page 2 I_icon_minitimeJeu 19 Fév 2009 - 17:07

    [HRP : Je vais appeler ce soudain changement de personne un "bug RP" ... xD Ayant traîné à la première personne sur ma fiche, je ne parvenais pas à me satisfaire du point de vue que m'offrait la troisième personne du singulier pour répondre à cela, et exprimer avec un peu plus de justesse les sentiments d'Amnesia. Aussi, j'ai finis par céder, en espérant ne pas trop te perturber xD]


    A l’aube d’une Lune nouvelle nous allions, sur les sentiers sinueux de la dévotion. A nos côtés, un voile brumeux rehaussé par une bruine légère. Opacité impénétrable qu’il nous était dès à présent nécessaire de percer. Pour autant, nous n’aurions pu quémander berceau plus propice à l’épanchement de nos convictions. La notion même de temps convergeait en un propos dérisoire, piètre vétille.

    Mon visage en lui même, exsangue et blême, aurait été en mesure de colporter mon émoi. Je m’étais, depuis quelques minutes, pleinement remise de l’épreuve astreinte par la course. En ma poitrine, pourtant, une véhémence nouvelle. Martellement fougueux tandis que le genou d’Heaven se déposait à Terre, posément. Geste éloquent, bien que déconcertant. Je me cantonnais alors en un mutisme versatile.

    Au creux de sa paume, ainsi, simple bloc de granit. Œuvre d’une pureté sans précédent, se muant en corpuscules éphémères et volatils. Cédant place à la stupeur, voici que je me devais de délaisser ma posture, tandis que ma main recouvrait avec empressement l’assistance immuable de l’écorce moussue. Moite. Là se tenait désormais une bague, somptueuse, surmontée d’une pierre alliant harmonie et élégance.

    « Amnesia … acceptes-tu de devenir ma fiancée ? … »

    Ces mots parvinrent à mon entendement tel un écho lointain, pourtant vivace. Avec virtuosité, je soutenais à présent son regard. Sans doute aurais-je chancelé s’il ne m’avait été donné de prendre prise sur ma gauche. Inerte. Secours ébranlé, pourtant, tandis que je me devais de retrouver une certaine contenance. Délier mes membres rigides et desceller mes lèvres closes jusqu’alors. « Oui ». Telle était ma seule évidence, incarnée en sa propre personne. Je n’avais en aucun cas la nécessité absolue à me soustraire à cette torpeur soudaine. Tant bien même cet état n’aurait été en mesure de mettre à mal cette résolution nouvelle, et pourtant inéluctable.

    Lui. Seule évidence. Seule certitude en cet instant. Je me devais sans tarder de recouvrer usage précaire octroyé à mes cordes vocales. Alors seulement, je distinguais l’animation fugace marquée par l’esquisse d’un sourire. A la commissure même de mes propres lèvres. En simple spectatrice, je l’accueillais avec gratitude. Pâle écho, pourtant resplendissant.

    « Oui… Oui bien entendu…! »

    Cédant à la pesanteur soudaine qui me menait à ses côtés, tandis que la chaire des mes genoux se mêlait à la terre, je glissais ma main vers la sienne, alors que la seconde vagabondait dorénavant en sa chevelure. Voile soyeuse et humide. Là seulement je constatais l’ampleur de l’intempérie qui d’une bruine légère s’était achevée en une pluie battante. Ne m’en formalisant guère plus, je laissais mes doigts redessiner les courbes de son visage, jusqu’à déposer mes lèvres sur les siennes.

    Mêler mon destin à cet être paraissait l’issue la plus enviable. Nulle contrainte. Nulle remise en cause. Une évidence, seule. Ce mot martelait ma chaire au rythme de l’ondée soudaine, en une mélopée salvatrice. Evidence. Ma main délaissait son visage, venait choir sur son cœur. J’en discernais désormais les pulsations avec une clarté nouvelle. Ce n’était plus ce rythme mesuré que je lui avais connu jusqu’alors. Fut-il possible que lui même ait pu douter de ma décision ? De la véracité de mes sentiments et de mes propos ? Je me sentais alors le besoin oiseux de mettre quelconque propos sur la tendresse exprimée par le moindre de mes geste. Sur la félicité animant mon être. Néanmoins, était-ce seulement envisageable ?

    « Le plus pur des joyaux ne serait cependant que pierre livide sans la nature pour le façonner, et l’artisan pour l’apprécier. Si je te dois la vie, sache que je te dois bien plus encore… Heaven… »

    Inspirant calmement, désormais, je prenais un tant soit peu de recul, ma main glissée au creux de la sienne. A nouveau en pleine mesure de mes moyens, je m’assurais une assise commode sur mes talons. Comment pouvais-je donc prétendre me lasser à la contemplation de celui dont je discernais la proximité malgré la pénombre instaurée.

    « Je t’aime… »

    Nulle nécessité de m’élancer en plus amples palabres. La chose était d’une simplicité et d’une clarté bénigne. En cette seule énonciation, l’étendue de mon jugement. Oui, je l’aimais, d’un amour qui allait au delà de mon propre entendement. Je n’y trouvais nulle explication. N’en cherchait aucune. Depuis un certain temps déjà, je m’étais résolue avec reconnaissance à consentir à ce mystère. Cet attrait indéniable. Me complaisait dès lors que je ne cherchais outre la certitude. Oui, je l’aimais.


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MessageSujet: Re: ¤ Une Nuit sans Lune. [PV Heaven]   ¤ Une Nuit sans Lune. [PV Heaven] - Page 2 I_icon_minitimeJeu 19 Fév 2009 - 18:36

[Hrp; cela ne me dérange pas, je suis incapable d’en faire autant malheureusement ... la sentimentalité n’est pas pour moi quelque chose d’acquis. ]


    La fine fleur, l’indescriptible étoile du soir, un bonheur incertain peut-être un espoir fugace. Heaven portait en son cœur quelques cicatrices d’un passé révolu, mais elles n’étaient que peu, comparées à la blessure mortelle qu’un refus pourrait alors lui affliger. Agenouillé ou presque sur le sol meuble, le sylvain regardait sa douce d’un regard aimant et profond. L’abîme de son âme n’étant hélas pas assez mouvementé, il s’efforçait d’expulser cette nuée de sentiments à travers ses iris émeraudes au tons d’absinthe. Quelle utilité prônait son geste ? Dans ce monde où la douceur et l’amour peuvent se trouver être vos meilleures armes, comme vos pires ennemis. Peut-être que la futile sincérité l’y avait poussé, accomplir ce geste jusqu’alors impensable venait de briser quelque chose en son être, et ce de façon plus qu’irréparable.

    La stupeur put se lire sur le visage de l’humaine, douce quiétude envahissant les sens du cyrillique. Sa demande ne pouvait être accueillie autrement, lui, si froid et distant, offrait son cœur, son corps et son âme à celle qu’il aimait désormais. Comment aurait-elle pu ne pas être surprise ? Elle ne l’aurait pu, tout simplement « Une information à mettre au conditionnel, mais il semblerait bien que je vous aime », preuve inéluctable de son attachement envers elle, petite princesse de ses songes, déesse de ses nuits, dont la plus belles des voûtes célestes habitait le regard mordoré, il l’aimait. Cela n’était qu’indiscutable. Alors que l’affable doute s’empressait à présent d’envahir l’esprit du sang mêlé, de faibles mots pourtant dotés de la plus incommensurable des forces parvinrent jusqu’à son ouïe ...

    Oui, lui avait-elle réellement, conféré l’honneur d’entendre ces mots en cette situation ? S’affaissant presque sur le sol, Amnesia porta ses doigts fins sur le visage du maître d’armes ... dessinant peu à peu les courbes de son doux visage, les traits si fins hérités des elfes accueillirent alors, sur ses lèvres rosies par l’afflux sanguin, la peau de pêche de l’humaine. Heaven renaissait en cet instant, son cœur martelant sa poitrine, alors qu’entre leur deux corps la bague s’élevait majestueuse, la main de son émissaire caressait elle, doucement la nuque de l’être aimé. Alors qu’un sourire malicieux et sincère vint poindre sur les lèvres de ce dernier, il sentit une légère pression salvatrice sur sa cage thoracique, bien que son air songeur lui, eut pu laisser planer l’ombre d’un doute nouveau, elle l’acceptait ...

    « Le plus pur des joyaux ne serait cependant que pierre livide sans la nature pour le façonner, et l’artisan pour l’apprécier. Si je te dois la vie, sache que je te dois bien plus encore… Heaven… »


    Tout oiseau aime à s’entendre chanter, mais ces mots n’avaient de signification que sortis de son cœur ... Le maître d’armes releva son regard de jade vers les iris tant et tant contemplés d’Amnesia, qu’aurait-il dû lui répondre en cet instant si pur ? Tellement de mots quémandaient l’accès à travers ses lèvres, demeurant désespérément closes, devant cet être unique qui lui conférait une raison de vivre, enfin ... celle de l’aimer, de la choyer, de la protéger ainsi que de la rendre heureuse. Un objectif à jamais, il n’existait plus aucune raison désormais d’attendre que l’inévitable mort vint à l’accueillir, le sourire aux lèvres, entre ses bras froids et sombres. Elle s’éloignait, cette indistincte solitude effacée par cette nuit sans lune, au cœur de laquelle un ange s’envolait ... Il l’aimait, il l’aime et l’aimerait ...

    - Je t’aime

    Soulevant légèrement ses doigts contre les siens, ce moment de romance ne fut point interrompu par cette fraîche pluie, liquide limpide s’écoulant gracieusement le long des cheveux soyeux du grand sylvain. Les reflets étoilés perlant dans son regard empreint de reconnaissance, d’espoir et d’amour, il laissa la chaleur de sa main imprégner celle de sa douce, puis il laissa glisser amoureusement l’anneau au doigt de l’humaine. Caressant sa peau, épousant la forme de son doigt, Heaven porta la main d’Amnesia à ses lèvres.

    Un sourire éclatant s’étendit sur ses lèvres, dévoilant sa dentition parfaite. Se dressant langoureusement, entraînant dans sa remontée le corps de son aimée, le cyrillique souleva son corps frêle au dessus du sol, son bras gauche soutenant ses genoux, l’autre offrant un stable appui à son dos à l’aspect si fragile à la cambrure si divine. Quelques pas furent nécessaire pour qu’ils débouchent dans une petite clairière, les arbres furent alors plus que clairsemés, le ciel à découvert déversant des trombes d’eau sur leurs corps embrasés par l’amour, comme d’une ardeur nouvelle.

    Le sang mêlé virevolta, tournant inlassablement sur lui même, l’humaine entre ses bras, riant aux éclats sous cette pluie diluvienne qui inondait sa chair et son esprit. Elle n’était que beauté, pureté et merveille. Son équilibre désormais, elle unique et si jolie, femme de cœur à qui il penserait chaque seconde, chaque heure. Son second nom, celui que son âme lui donnait n’était autre qu’Amour, suprême poésie de la nature. Si l’amour embellit les femmes, elle l’unique élue de son cœur, embellissait l’amour.

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