Suis-je donc....? [PV Trystan ]

Ailen? Mais que veut-elle? Etrange, d'habitude, elle ne prend pas la peine de se faire annoncer et débarque même sans se gêner et en envoyant promener les gardes qui ne savent alors que faire. Ils savent qu'elle travaille pour moi, que nous avons une relation assez spéciale et maintenant, ils ne discutent même plus quand elle essaie de forçer le barrage de ma porte.

Mais cette fois, je relève la tête, surpris, alors que le garde m'annonce qu'Ailen attend que je daigne la reçevoir. Thibaut est à côté de moi, jouant le rôle de secrétaire, puisqu'il m'est impossible de lire et mal aisé d'écrire. Je sens qu'il est surprit, lui aussi habitué au sans-gène d'Ailen...

- "Thibaut, fais entrer Ailen et laisse nous seuls."

Je pense qu'elle a quelque chose d'important à me dire...

Le jeune garçon s'exécute et sort, laissant Ailen prendre sa place. Couché à mes pieds, Cabal... Il lève la tête quand la jeune femme entre et se lève, venant lui tourner autour avec curiosité. Sa voix m'alerte alors et mon visage se fait grave... Sa façon se dire mon prénom me parait... désespérée?

- "Ailen, qu'est-ce qui ne va pas?"

Parce que je ne vois pas ce qui pourrait motiver ce timbre de voix à part un problème. Elle se met alors à bafouiller et là je fronce les sourcils. Elle s'est assises, j'ai entendu le bruissement de tissu caractéristique. Je me lève alors et contourne le bureau. Je connais mes appartements par coeur et m'y déplace assez aisément, contrairement aux autres pièces du château.

Doucement, je m'approche de son fauteuil et effleure son épaule. Maintenant que je l'ai située, je m'accroupis face à elle. Je ne suis pas le roi en sa compagnie, je suis l'ami et je sens qu'elle a besoin de mon écoute.

- "Ailen?"

Je ne comprends pas ce subit accès de larmes. Et Ailen ne m'aide pas vraiment en restant aussi vague. Mais qu'est-ce qu'il lui arrive? Je réfrène mon impatience et tente de rester neutre, attendant qu'elle daigne enfin m'expliquer. Parce que franchement, là, j'avoue ne pas imaginer ce qui peut la mettre dans un état pareil... Nous avons passé des mois ensemble, et c'était toujours elle qui me remontait le moral, alors que s'est-il passé depuis qu'on est rentrés pour que la fière et joyeuse Ailen se mette à quémander mon aide et à pleurer, totalement effondrée et incapable d'aligner quatre mots?

Et là, elle me dit enfin ce qui ne va pas et je reste bouche bée. Enceinte? Ailen enceinte? Mais... mais comment? Enfin, non, pas comment, je sais très bien comment, mais quand? Avec qui? Oh évidemment, les rumeurs sont allées bon train à notre sujet. Tu penses, elle était la seule femme à pouvoir m'approcher intimement pendant des semaines alors forçément, elle était devenue ma maîtresse aux yeux des curieux. On avait même évoqué la possibilité qu'elle soit enceinte de moi. Ridicule.

Et là, mon esprit se remet en marche... Mais pourquoi avait-on parlé d'une éventuelle grossesse? Là, j'étais assez perdu, je l'avoue et finalement, je reprends la parole d'une voix calme :

- "Enceinte de combien?"

Pourquoi cette question? Parce qu'il me semble que quelque chose cloche. Déjà, qu'Ailen soit effondrée, c'est assez déroutant... les femmes ne sont-elles pas ravie de donner la vie en général? ben Ailen, non, apparemment. Et moi, je me demande qui est le père et si tout le problème ne vient pas de là.

Là, j'accuse le coup alors qu'elle m'avoue être enceinte de... 5 mois! J'avoue que je ne sais plus quoi penser... Parce que Lila en est à peu près à ce stade et son ventre est déjà marqué par lévolution du bébé, impossible de ne pas s'en apperçevoir. Alors comment cela se fait-il qu'Ailen ne m'en parle que maintenant? Pourquoi est-elle effondrée aujourd'hui? Cela a-t-il un rapport avec le père de l'enfant qu'elle a perdu par exemple? J'ai beau réflechir et échaffauder bien des hypothèses aucune ne trouve grâce à ms yeux et finalement, c'est d'une voix calme que je demande :

- "Pourquoi ces larmes aujourd'hui?"

Et cette question en regroupe beaucoup d'autres... Pourquoi ne pas m'en avoir parlé avant? Pourquoi pleurer? Mais qu'est-ce qu'il se passe donc dans sa tête pour que cela devienne une catastrophe? Soit, c'est une femme libre et indépendante, mais tout de même, ce n'est pas si catastrophique que cela et d'être à mon "service" lui garantit de quoi élever cet enfant.

Elle murmure alors sa peur et je soupire, me relevant et ma main cherchant le visage de la jeune femme, effleurant sa joue encore humide des larmes versées, avant de caresser ses magnhifiques boucles soyeuses.

- "Et si tu me racontais tout depuis le début Ailen?"

Ce serait en effet le plus simple. Je suis maladroit, je ne sais pas la consoler comme il faut, mais si elle cherche mon étreinte protectrice et rassurante, elle la recevra naturellement, ma caresse dans ses cheveux le lui laisse penser, de même que ma question prononcée d'une voix douce et calme qui contraste avec son affolement. J'aimerai comprendre ce qui afflige tant ma petite Ailen.

[Pas du tout, ça m'inspire, alors c'est pas nul ]

Pour le coup, une franche surprise se peignit sur mes traits. Je lui avais demandé pourquoi elle ne m'en parlait qu'aujourd'hui et je m'étais attendu à toutes sortes de réponses, mais pas à celle-là. Non, je n'aurais pas été vexé qu'elle ne m'en parle pas avant, malgré tous ces moments passés ensemble. C'était sa vie, sa décision, je n'avais aucun droit là dessus et je n'étais qu'un homme, pas une amie à qui on confie tous ses secrets, même les plus intimes. Mais là, qu'elle m'annonce qu'elle ne le savait pas avant me laisse... pantois. Lilianna doit en être au même stade et c'est assez flagrant. Et puis sans compter les minuscules changements, les symptomes. Rien que l'absence de menstruation aurait du lui mettre la puce à l'oreille, non? Je prends une inspiration et réponds calmement :

- "Comment t'en es-tu aperçue?"

Je ne la juge pas. Je n'ai pas à le faire et ce n'est pas ce qu'elle attend de moi. Je ne suis pas dans sa tête, je ne suis pas une femme. Lilianna était folle de joie, joie ombragée par la peur de ma réaction. Mais Lila était faite pour être mère, elle l'avait voulu, peut-être pas si vite, mais c'était dans ses projets. Ailen, en revanche... La lire et indépendante Ailen allait se retrouver clouée au sol par un bébé qu'elle n'avait pas voulu.

Je l'encourage à se confier et se laisser aller et mes timides efforts payent. Bien vite, Ailen vient se blottir contre moi et je la sers doucement, attendant les epxlications qui ne atrdent pas à suivre. Une rencontre, simplement une rencontre hasardeuse... Quelques mots échangés, un désir qui nait, une nuit d'amour et elle disparait, incapable de l'assumer. Ma main caresse ses boucles de feu alors que je sens le regret dans sa voix. Elle a prit la mauvaise décision et elle ne s'en rend compte que trop tard... Bien trop tard. L'assassin qui a ravit son coeur s'est envolé. Pour ma part, j'espère qu'il n'a pas été arrêté et condamné à mort. Ailen me confie ses peurs et ses doutes. Quel avenir pour l'enfant?

- "Ailen, tu sais bien que je ne te laisserais pas tomber. Tu peux rester à mon service et devenir ce que tu souhaites. Ton enfant ne manquera de rien."

Elle est totalement perdue et cette vulnérabilité nouvelle m'émeut, je le reconnais. Ailen est une sorte de soeur et sa détresse me touche et m'affecte. J'essuis doucement les larmes qui mouillent son visage.

- "D'abord, tu vas cesser de pleurer et de t'appitoyer sur ton sort. Tu es enceinte, tu donneras la vie dans quelques mois, alors prépare-toi à l'acceuillir comme il se doit. Il est trop tard pour les regrets. Ensuite, tu devrais parler à Lilianna. Vous vous connaissez à peine et vous êtes pourtant dans la même situation et elle saura mieux te conseiller que moi à ce sujet je pense."

J'esquisse un petit sourire et embrasse doucement le front de ma petite assassine flamboyante. Irrésistiblement, ma main glisse le long de sa joue, puis de son flanc pour effleurer son ventre et je fronce les sourcils. En effet, ce n'est pas flagrant, mais pourtant moi, je sens clairement que ce ventre là n'est pas le résultat d'un manque d'exercice. Comment a-t-elle pu passer à côté de ça?

- "Tu sais qu'on va surement penser que ce petit est le mien."

Je soupire. Les mauvaises langues allaient s'en donner à coeur joie. mais peu importe, je savais qu'il n'en était rien, en revanche, j'allais devoir expliquer tout cela calmement à Lilianna. Mon lien particulier avec Ailen n'avait sans doute rien de rassurant pour elle.

- "Bah, tu n'auras qu'à leur dire que je ne suis pas ton genre, comme tu as su si bien me le dire à Alonna."

Je faisais référence à cette conversation où elle m'avait secoué les puces. Cela semblait si loin maintenant. Je me fendis d'un léger sourire, me voulant encourageant et rassurant pour qu'elle reprenne sa vie en main et ne se laisse pas ballotée par elle.

[Aïe aïe aïe, femme jalouse à 10h xD]

Je ne pus m'empêcher de rire devant la naïveté d'Ailen. Ce n'était pas un rire moqueur, mais clairement amusé et tendre.

- "Oh Ailen, comment as-tu pu manquer cela?"

Et surtout, je n'osais imaginer le choc alors qu'elle avait sentit quelque chose bouger dan son ventre. Elle avait du avoir peur avant d'enfin réaliser qu'il n'y avait rien de si étrange.

- "Des ennemis, en as-tu tant que cela? Qui savent qui tu es? Tu peux changer de métier Ailen, tu peux préférer la sécurité au danger permanent... A toi de voir."

Je me priverais de ses compétences d'assassin, mais je pouvais compter sur ses compétences de discrétion et d'espionnage après tout. Cela serait moins dangereux et elle se ferait plus discrète jusqu'à devenir invisible. Elle pouvait très bien devenir servante pour passer inaperçue par exemple. Mais je doutais qu'elle accepte cela.

- "Oui, je m'en souviens, mais elle ne t'en veut pas de l'avoir tué, elle en a été soulagée. Et vous n'avez jamais vraiment cherché à faire connaissance, il me semble."

Je soupire à sa question concernant Lilianna.

- "Je vais lui dire simplement la vérité. Je ne lui ai jamais menti, il n'y a pas de raisons qu'elle doute de moi."

Je tente alors de lui remonter le moral et y parvient apparemment. Et bien, je me découvre un nouveau talent que je ne me serais jamais imaginé.

- "Tut tut, n'essaie pas de te rattraper, je suis vexé à vie maintenant."

Je me met alors à rire, un rire qui s'étrangle quand la porte s'ouvre et qu'une voix terriblement familière me parvient. Et alors qu'un silence pesant s'installer, je prend conscience que je suis dans une situation très délicate. Et la voix cassante et sèche de Lilianna me fait grimacer. Aïe... Je suis bon pour une crise de jalousie.

Je relâche doucement Ailen et lui souffle avec un sourire penaud :

- "Eh bien voilà le moment des explications."

Puis, je me tourne plus ou moins vers Lilianna, hésitant quant au ton à adopter.

- "Je reçois une amie oui, une amie qui a besoin de mon soutien et de mes conseils. Et ce n'est pas du tout ce que tu crois, même si je suppose que les apparences sont contre moi..."

Au moins, si elle avait été aveugle comme moi, elle ne se serait pas laisser duper par ce qu'elle voyait. Je m'écarte doucement d'Ailen et croise les bras, reprenant un air impassible. Je n'ai pas à adopter une attitude coupable, je ne le suis en rien!

Ce n'était pas de chance pour Ailen. Une seule fois et elle se retrouvait enceinte quand des gens utilisaient nombres de potions et de sortilèges ridicules après des années d'infertilité pour avoir un enfant. Je me fis la réflexion à part moi que j'avais de la chance que Lilianna ne m'est pas fait le même coup. Parce qu'alors, sa réputation aurait été ruinée, puisque nous n'avions pu attendre le mariage pour coucher ensemble. Et là, un mariage précipité aurait paru très suspect.

- "Mais encore faut-il savoir que c'est TOI."

Un assassin se devait d'être discret non? Ailen ne clamait quand même pas haut et fort qui elle avait tué, même si elle ne se gênait pas pour parler de son métier. C'était un peu gênant d'ailleurs et pas forçément très discret.

Et là dessus, Lilianna débarque et nous surprend. Comme pris en faute, je repousse Ailen alors qu'il n'y a rien de litigieux dans cette étreinte fraternelle. Ailen me souffle quelques paroles qui lui attirent un visage sévère de ma part. Et bien non, je n'ai pas songé à une défense avant, voilà seulement que j'apprends qu'elle est enceinte, deux minutes, mon cerveau est rapide, mais tout de même. La question de Lilianna me fait tiquer et je réponds :

- "Naturellement que j'en ai, qu'est-ce que tu crois?"

Oh pas la peine de répondre Lila, je sais pertinamment ce que tu imagines. Je ne sais pas si je dois être blessé de ce manque de confiance ou pas. Je me dis que si les situations avaient été inversées, je ne serais sans doute pas plus calme. Je me raidis aux paroles d'Ailen. Aïe... Elle s'y prend mal avec Lilianna, je le sens tout de suite et la voix de celle-ci ne me détrompe pas.

- "Lilianna, je devrais laisser Ailen se démener seule avec ses problème et la tenir à un mètre de moi minimum, simplement parce que ce n'est QUE ton privilège?"

Ma voix était presque froide. Elle connaissait très bien ce ton et j'étais assez choqué de ses paroles.

- "Et tu n'es pas en position inconfortable à cause de ta stupidité, mais de ta jalousie! Qu'est-ce que tu crois? Que j'ai fais d'Ailen ma maîtresse à Alonna parce que tu n'étais pas là? Tu crois que je m'abaisserais à cela parce que je ne peux pas assouvir un besoin charnel avec toi? Mais pour qui me prends-tu? Je t'ai déjà prouvé maintes fois que tu pouvais me faire confiance!"

Je commençais à m'énerver moi aussi et ce n'était pas la bonne solution, je le savais. Je pris une profonde inspiration. Sa voix brisée me fit l'effet d'un coup de masse et je soupirais.

- "Lilianna, tu peux aussi bien rester, parce qu'il ne se passait RIEN. Tu veux la vérité? Bien. Ailen est enceinte et il n'y a pas de père, la voilà donc seule avec une grossesse et bientôt un enfant à élever. D'entre tous, je pensais que tu serais la plus à même de comprendre cette détresse Lila."

Elle avait vécu quelques semaines seule, sans moi, et cela avait été éprouvant pour elle, alors que dire pour Ailen?

- "Et pour couper court à toute question idiote, ce n'est pas moi le père. Je ne serais père que d'un enfant, celui que TU portes, parce que tu es mon épouse et parce que je n'honore que toi."

Ignorant où elle se trouve, je ne peux pas la retrouver et l'enlacer pour la convaincre comme je le souhaiterais, sans avoir l'air idiot à tatonner. Je tends alors la main vers elle, vers la porte plutôt, l'invitant à me rejoindre... au risque d'essuyer un refus.

Le murmure d'Ailen ne m'échappe pas. Je réponds sèchement :

- "Ne dis pas n'importe quoi."

En plus, Lilianna aurait bon dos de traiter Ailen de catin... Parce qu'elle est moi avons fauté et nous avons eu de la chance qu'aucun enfant ne soit procréé avant le mariage. De plus Ailen est demie drow, elle n'est pas noble, sa vie est moins rigide que la notre. Non, vraiment, je ne la considère pas comme une catin d'avoir passé une nuit dans les bras d'un homme. Sa seule erreur a été de le repousser, mais cela elle le sait, je ne vais pas le lui répéter. Quant à Lilianna... En temps normal, j'amais elle ne jetterait l'opprobe sur Ailen, mais là... Je pense que ses facultés de réflexions et de discernement sont quelques peu altérées.

D'ailleurs, il suffit que j'entende son accusation pour me rendre compte de la puissance de sa jalousie. J'oscille entre colère et lassitude alors qu'elle me demande de me mettre à sa place.

- "Déjà, je ne baserais pas sur ce que je vois! Les apparences sont trop trompeuses Lilianna et tu as tort de t'y fier."

Evidemment que je ne pourrais pas me baser sur ce que je vois. Mais justement, je le lui rappelle.

- "Ensuite, tu as tort, je ne le ferais pas pendre, je ne suis pas si emporté. J'attendrai sagement tes explications. Et je te ferais confiance."

J'appuie bien sur le dernier mot. Je peux être jaloux, oui, mais des autres. Je n'ai pas à me méfier d'elle, je lui fais confiance. Le silence s'installe lourd. Lilianna me gifle à son tour de sa petite voix tremblante. J'entends un bruit sourd, quelque chose qui tombe au sol. Je n'ai pas pris garde qu'elle pourrait s'évanouir sous les coups des mots. Pourtant, sa main finit par prendre la mienne alors qu'elle me culpabilise.

- "Est-ce que tu te rends compte de quoi tu m'accuses?"

Ses doigts sont glacés. Je suis blessé qu'elle puisse ainsi douter de moi et penser que j'ai une maîtresse! En plus, si j'en avais une, je ne laisserais pas libre accès à mon bureau! Enfi, un peu de jugeotte.

- "Pourquoi ne peux-tu pas tout simplement considérer qu'Ailen est pour moi ce qu'Eldis est pour toi? Une amie sincère et fidèle. Nous avons partagé beaucoup de choses à Alonna, comme tu en as partagé avec lui, ici. Il n'y a rien d'autre Lila, rien d'autre."

Ma main, en comparaison est bouillante. S'il te plait Lila, fais moi confiance.

- "Ne la considère pas comme une rivale... Je ne peux pas te forcer à sympathiser avec elle, mais je t'assure que tu te fais de fausses idées la concernant. Tu ne m'as pas habitué à juger si vite les gens et si durement..."

Non, elle ne m'avait pas habitué à cela... Elle qui était réservée et douce, qui croyait en la bonté des êtres, voilà que la jalousie l'aveuglait et faisait d'elle une harpie. Je pouvais comprendre, mais cela m'attristait. Ailen allait-elle tenter une approche ou bien le fait de voir Lilianna prendre de travers toutes ses paroles l'avait-elle refroidit?

En général, quand Lilianna m'accuse ou fait preuve de faiblesse, je me retrouve à lui opposer une rigidité à laquelle elle n'est pas habituée et une froideur glaçante. C'est ma façon à moi de répondre à ses accusations, quand bien même ce n'est pas la bonne. Je dois avouer que de surcroit, cela me blesse qu'elle puisse douter ainsi de moi.

- "Et qu'es-tu en train de faire sinon juger sur les apparences?"

Non, elle n'est pas superficielle, elle ne l'a jamais été. Les robes, les bijoux, la coiffure, tout cela, elle s'en moque, comme elle s'est toujours moquée de mon rang ou du pouvoir que je tenais entre mes mains. Elle aurait préféré que je sois un petit nobliau, elle aurait été bien plus tranquille et j'aurais été bien plus présent pour elle. Non, elle n'est pas superficielle et elle fait une amalgamme un peu étrange.

Sa question me surprend. Qu'est-ce que je ne comprends pas? Bien sûr qu'elle m'accuse d'adultère, de quoi est-il question sinon? Je ne la comprends pas cette fois. Sa main est dans la mienne et j'ai réussis à rétablir le contact, mais de là à dire que la dispute est terminée, il y a un fossé. Mon visage se ferme alors qu'elle parle de respect. Je ne lui manque pas de respect alors qu'AIlen vient chercher du réconfort dans mes bras comme une soeur.

- "Astéride a déjà pleuré dans mes bras et Ailen est comme une soeur pour moi Lila. Il n'y a rien d'autre, absolument rien d'autre... Et tu sais que les personnes que j'apprécie se comptent sur les doigts d'une main."

J'accuse le coup alors qu'elle me lance en pleine figure que je ne lui avais jamais parlé ainsi.

- "Ton manque de confiance en moi me blesse."

Voilà, je lui avoue la raison de ma colère et de ma dureté dans la vérité toute nue. Finalement, elle se reprend, se disant désolée. Je ne comprends pas ce soudain accès de jalousie, elle ne m'avait pas habituée à cela.

- "Lilianna, qu'est-ce qu'il y a?"

Explique-moi... Je ne connais pas tous les rouages du mécanisme féminin...

Qu'est ce que je suis en train de faire sinon juger sur les apparences ? J'ouvre la bouche pour me défendre et... Je reste sans voix. Qu'est ce que je suis en train de faire ? Je me suis mise en colère parce que j'ai surpris une femme dans ses bras. Une femme qui n'était pas moi. Je me sens terriblement honteuse. Il marque un point , je viens de me fier à mes yeux. Pourtant je ne suis pas comme ça. Je suis totalement perdue. Je ne comprends pas mes propres réactions. Moi qui suis si calme , si posée... Là on dirait une hystérique. Mais sur le coup je ne m'en rends pas compte. Je suis juste très en colère. Bien plus contre moi que contre lui.

Je suis vexée qu'il ne comprenne pas le message que j'essaie de lui faire passer. Pourtant je lui ai déjà parlé de mes doutes. Mais évidemment , tant que je n'ai pas fait de crise , il ne peut pas vraiment comprendre. Je lui donne ma main , avant de la poser sur mon ventre , pour m'apaiser. C'est ainsi , mon bébé me calme. Elle n'est pas encore là , mais elle me calme. Ma mère m'a dit que quand elle me tenait dans ses bras , tout semblait allait pour le mieux. Là elle est encore dans mon ventre , mais elle m'apaise. J'ai vingt-cinq ans , je suis reine de Diantra et je fais appel à un bébé pour ne pas fondre en larmes... C'est ridicule.

Je fais encore une gaffe en lui parlant de respect. Évidemment , il ne m'a pas manqué de respect. Je le sais. Mais je choisis mal mes mots , tant je suis troublée. Je ne suis déjà pas très douée avec les mots , mais alors cette fois-ci , je me surpasse en bêtise. Nous ne nous sommes jamais vraiment disputés en presque un an. Il faut un début à tout... Mais je m'en serais bien passé je dois dire. Il me dit qu'il entretient une relation fraternelle avec Ailen. Je n'ose rien dire. Je pourrais sans doute le croire , m'excuser devant lui , devant elle. Mais je préfère attendre qu'elle soit partie. Je soupire. Je l'ai blessé , et j'en suis tellement désolée... Ma gorge se serre.

« Mais... Je te fais confiance... C'est juste que... »

Que quoi ? J'inspire profondément , et je finis par m'asseoir dans un siège non loin de lui. Je reprends sa main dans la mienne , cherchant à l'attirer près de moi. Il me demande ce qu'il y a.

« Tu te souviens , quand je te disais qu'à un moment où à un autre je douterais de moi ? Eh bien voilà. Depuis que je suis enceinte , je vois des tas de femmes se rapprocher de toi. Oh je sais que tu les ignores... Mais ces idiotes me font douter de moi. Autant il y a des jours où je rayonne , autant certaines fois j'ai l'impression de n'être qu'une grosse chose. »

N'y tenant plus , je me lève et me serre contre lui. Peut importe si ma tendresse n'est pas rendue.

« Te voir la serrer contre toi m'a choquée. Alors oui , j'ai eu horriblement peur l'espace d'un instant. Je suis désolée. Je suis vraiment désolée. »

Ailen est partie. Sur la pointe des pieds, évidemment, ne préférant pas être le témoin d'une scène de ménage qu'elle a causé sans même le savoir, sans même le prévoir. Je suis navré qu'elle ai du fuir ainsi sans que je ne puisse rien faire pour lui remonter le moral. Il est des situations auxquelles je ne suis pas préparé, surtout quand elles touchent à des choses intimes et privées. Je le regrette bien, mais je ne peux pas avoir de réponses à tout.

La jeune demie drow nous a laissé nous expliqué et je me demande si un jour, elle et Lilianna sauront discuter calmement et s'apprécier. Je l'espère, mais je doute. La première fois s'était déjà mal déroulée et voilà que cela recommence.

Un à un, je démonte les accusations de Lilianna, l'amenant à comprendre que je n'ai pas fauté et que je n'ai absolument rien à me reprocher. A sa colère irraisonnée, j'oppose un calme étrange, malgré la colère glacée qui couve. Glacée? Peut-être pas, au vu de mes mains brûlantes alors que les siennes sont glacées d'effroit devant une possible trahison. Pourvu qu'elle ne s'évanouisse pas sous le choc. J'ai tendance à oublier qu'elle est enceinte et que ses humeurs sont plus flucutantes. Contrairement aux autres, je n'ai pas l'image de son ventre rebondi constamment sous les yeux.

Finalement, elle retrouve sa voix et bafouille qu'elle me fait confiance. Vraiment? j'attends patiemment la suite, je sais qu'elle va continuer et s'expliquer. Il n'y a plus de secrets entre nous, il ne doit plus y en avoir. Elle s'éloigne à peine et s'assoit et je l'accompagne alors qu'elle continue dans sa lancée. Je ne réponds rien, je ne dis rien, alors qu'elle se lève de nouveau et se serre contre moi. Je l'acceuille dans mes bras, toujours silencieux, avant de finalement laisser échapper un rire léger, soulagé.

- "Alors c'est ça?"

Décidément, les femmes sont d'un compliqué... Je n'avais pas songé qu'elle se remettait en cause, qu'elle avait peur de ne plus me satisfaire.

- "Lilianna, il n'y en a pas d'autre que toi. Toutes ces femmes qui me tournent autour comme tu dis, je ne les vois pas, au sens propre comme au sens figuré. Quant à Ailen, jamais elle n'a eu une attitude séductrice avec moi... Jamais. Elle est peut-être séduisante, ça je ne peux en juger, mais je ne l'intéresse pas et elle ne m'intéresse pas. Il y a trois femmes dans ma vie : toi, mon épouse, Astéride, ma soeur et Ailen, mon amie."

Je m'écarte un peu et mes mains courent le long de son corps pour remonter jusqu'à son visage et s'emparer de son menton, pour la forcer à relever le visage.

- "Certains prétendent qu'il existe une unique personne pour chacun. Certains ne se rencontrent jamais, certains s'aiment et se quittent, sans jamais se retrouver... C'est toi cette personne pour moi Lila, et je ne te laisserais pas filer. Tu portes notre enfant, cela ne diminue en rien ce que je ressens pour toi, au contraire même... Et quand bien même je te désirerais moins à la fin de ta grossesse, je n'irais pas voir ailleurs. J'ai prêté serment et je m'y tiendrais. Et ce n'est même pas quelque chose de difficile à faire. Arrête de douter de toi Lila..."

Je souris et murmure :

- "S'il faut que je te répète combien je t"aime et te trouve attirante pour que tu le crois, je le ferais."

J'entends son soupir de soulagement alors que je ne la repousse pas. Que croyait-elle? L'ai-je seulement repoussée une seule fois depuis que nous sommes mariés? Je ne compte pas les premiers temps où nous nous fréquentions, car là, oui, je l'ai repoussée, trop fréquemment et j'ai bien faillit la tuer. Je sens entre nous la petite vie qui grandit doucement et je suis impatient de la naissance. Comme je la redoute... Je ne m'imagine pas père, pas du tout et pourtant, j'ai hâte de voir ce que cela va donner quand l'enfant sera là.

Mais pour le moment, c'est sa mère qu'il me faut rassurer. Et alors qu'elle me livre les clés pour comprendre son état, je me mets à rire. Un rire bref, que je réfrène vite pour ne pas la vexer. Elle est déjà dans un état de nerfs pas possible, alors si en plus elle pense que je me moque d'elle... Je soupire alors qu'elle évoque son père et réponds un peu rudement :

- "Ton père était un crétin et je crois que je suis assez différent de lui, non?"

Rien que d'évoquer cet abrutis, cela m'énerve. Je chasse la colère et reprends plus posément :

- "Oublie tout ce qu'il t'a dit. Tu n'es pas inintéressante. Il méprisait les femmes, qu'elles soient enceintes ou non... Alors franchement, ce qu'il pouvait dire, tu n'as pas à en prendre compte."

Je cherche son visage et je la rassure comme je peux. Oui, je suis assez doué avec les mots, mais cela m'est plus difficile quand je dois parler de mes sentiments. Cela ne m'est pas naturel. Pourtant, je sens qu'elle me frappe et je ris à ses paroles. Elle pleure si facilement avec moi.

- "Le temps passé avec toi n'est jamais inutile."

Elle m'embrasse alors et me demande de transmettre à Ailen ses excuses. Je souris, satisfait de la tournure que prennent les choses.

- "Je lui dirais."

Je la lâche alors et m'assois dans le fauteuil, l'invitant à s'asseoir sur moi, histoire de bien calmer ses angoisses, défintiviement, je l'espère, même si au vu de ses variations d'humeur, j'en doute quelque peu.

- "Lila, parle-moi quand ça ne va pas, je ne suis pas devin et je ne suis pas doué pour analyser les humeurs féminines."