Une marche de plus sur l'escalier ! [Pv Lilianna]

Diantra étaient éveillée depuis déjà plusieurs heures lorsque que le carrosse rutilant portant le blason d'Hannibal de Roch s'engagea sur la route pavée menant au château. La foule obstruait les rues, attirées par le soleil éclatant de cette belle journée et les commerçants qui étalaient leurs marchandises en nombre. Mais le cocher d'Hannibal jouait du fouet tout en gueulant "-Place, place à sa Seigneurie de Roch !", lançant ses chevaux à fond le train sur la foule qui s'écartait vivement à son passage. L'aristocrate se fit même un devoir de calmer son cocher trop excité :

"-Nous ne sommes pas pressés Amaury, ne tuez donc pas l'équipage, il m'a couté une fortune !
-Oui monseigneur, veuillez m'excuser..."

Finalement, l'on entra dans l'enceinte du château,après avoir passé les contrôles d'usage aux portes. Mais de Roch avait ses habitudes aux château et son entrée se fit donc sans encombres. Quelques courtisans, sortis dans les cours et jardins à cause du beau temps, regardèrent son arrivée avec beaucoup d'attention. Et Hannibal de distribuer sourires à certains, signe de la main à d'autres, seulement des signes d'amitié et de confiance, même à ses pires ennemis. La mascarade reprenait après les mois sur les remparts d'Oesgard...Son absence avait du être remarquée. D'ailleurs, lorsque l'aristocrate descendit du carosse, bâton de cour à la main, il fut rapidement abordée par une meute de chacals de cour qui venaient aux nouvelles, répandant salutations, hommages, flatteries.

"-Mesdames, messieurs, je suis sincèrement désolé de mettre fin à ses retrouvailles, mais j'ai été convoqué par Sa Majesté la Reine. Je dois m'y rendre incessamment."

A l'évocation de la royauté, les courtisans s'écartèrent en baissant la tête, ne trouvant à redire là dessus. La vermine de Diantra ne vivait que des rentes et pensions allouées par le Roi et la Reine, aussi il ne fallait pas s'attirer leur courroux. Licence dont ne souffrait pas les nobles provinciaux en revanche.

Quelques minutes plus tard, le vétéran se retrouvait dans l'antichambre royale. Il mit à profit les quelques instants qui lui restait pour se regarder une dernière fois dans un miroir accroché au dessus d'une cheminée : sa mise était des plus acceptable. Pourpoint couleur pêche, avec aux manches la dernière mode de Diantra : les crevés d'où dépassait par froufrous la fine soie blanche d'une chemise. Son habituelle toque noire à plume rouge siégeait sur son front, adoucissant ses traits légèrements anguleux.

"-Hannibal mon cher, il se peut que ce soit une marche de plus sur l'escalier...", se murmura t-il pour lui même en remettant en place son baudrier de cuir parsemé de pierres précieuses.

Un huissier vint finalement avertir Hannibal que Sa Majesté la Reine était disposée à le recevoir. Le vétéran hocha de la tête d'un air sérieux, avant de suivre le domestique. Sa jambe l'élançait un peu, souvenir d'un coup d'épée qui lui avait à moitié sectionné la cuisse, et la moiteur de Diantra n'arrangeait pas les choses...Les lourdes portes gravées de la salle d'audience s'ouvrirent à son arrivée, raclant lourdement le sol. Le bruit des pas mesurés d'Hannibal succédèrent seul à ce vacarme. Le courtisan s'inclina derechef devant la Reine, exprimant tout son respect, sa fidélité et dévotion dans sa révérence parfaite. Enfin c'est ce dont on avait l'impression...

L'aristocrate resta incliné un instant, mais releva les yeux à l'horizontale de sa toque pour jeter un œil discret sur la reine.

Ventre Saint Gris !

Dieux qu'elle était resplendissante dans sa grossesse ! De Roch avait un certain faible pour les femmes enceintes : et quand il s'agissait d'une beauté aussi célèbre que celle de la Reine, ses sens s'animaient lourdement. Beauté inaccessible, protégée par son statut, ne faisant que la renforcer. Mais le masque imperturbable du courtisan ne laissait voir les sentiments quelques peu indécents de l'homme.

"-Votre Majesté, ma diligence n'est que le reflet de mon souci de servir au mieux la Couronne."

L'aristocrate fut surpris de voir la reine lui accorder l'honneur de s'assoir en sa présence. Voilà qui était de bon augure...et parfait pour contenter un vieux courtisan retors comme Hannibal. Ce dernier prit donc place dans un fauteuil tout en remerciant la reine d'un signe de tête éloquent. Protester eut été déplacé...

Le vétéran écouta la Reine avec attention, sa mine sérieuse exprimant son souci pour les paroles royales. Hannibal porta une main à sa poitrine à la mention d'Oesgard, baissant les yeux pour éviter le regard pour le moins perturbant de la Reine :

"-Sa Majesté est trop bonne*.Je n'ai que fait tenter de sauver le plus de vos gens. Les Sombres ont finalement fuis, mais la campagne est dévastée..."

Bingo...une proposition à me faire ainsi..., songea t-il tout en récitant son petit repentir hypocrite.

Il ne put empêcher en revanche son oeil de s'allumer d'une étincelle de satisfaction lorsque la reine lui fit la proposition de devenir conseiller politique. De sa voix la plus douce, le chef du Librium reprit :

"-Ce serait un véritable honneur de Vous servir en ce domaine ! Si Vous pensez que je suis apte à cette fonction, je tâcherais de ne pas Vous déçevoir."

Et les flammes d'Oësgard se rallumèrent dans les yeux du vétéran. Qu'avait été ce qu'on appelait pompeusement la "bataille d'Oesgard ?". Une vaste opération d'évacuation accomplie dans la catastrophe et l'urgence de l'attaque surprise des Sombres : des journées à battre la campagne avec des montures réquisitionnées à droite et à gauche pour évacuer les habitants vers les villes fortifiées à même de décourager les Drows seulement intéressés dans la destruction des petits bourgs et hameaux.

Des familles séparées, des vieillards intransportables abandonnés. Des reconnaissances et patrouilles pour arriver dans des villages où les gosses regardaient le ciel de leurs yeux laiteux, le ventre gonflé par la pourriture. Une sale campagne, où les femmes et les enfants représentaient plus de morts que les militaires. Quelques accrochages tout au plus ! Les soldats avaient jetés hallebardes et piques pour porter des enfants sur leur dos, ou pour devenir cochers des moyens de transport réquisitionnés. Tout ça pour ensuite assister aux incendies depuis les remparts d'Oësgard sans pouvoir intervenir. La manoeuvre ordonnée par Hannibal avait consisté à sacrifier les villages pour sauver la population.

Et se le mettre à dos par la même occasion...

Une phrase de la reine ramena néanmoins le vétéran à la discussion en cours. Les morts ne reviennent pas à la vie. Il espérait avoir maintenu une certaine contenance tandis qu'il songeait aux atroces semaines passées. L'aristocrate n'osa interrompre la reine, mais lorsque les cadavres animés par une magie infâme des vieillards abandonnés à Oësgard viendraient frapper aux portes du donjon de Diantra, ce jour là sera sûrement le dernier, où les morts reviendraient à la vie. Les nécromanciens ! Il en frissonna presque. Faire pendre tous ces sacrilèges et leurs compagnons allait être un de ses premiers conseil à Leurs Majestés.

Tu divagues trop Hannibal...tu deviens gâteux.

Cette auto-insulte eut pour effet de lui donner un bon coup de fouet pour se focaliser pleinement sur les paroles de sa souveraine. Il s'agissait donc de déménager au palais...Son petit hôtel coquet commençait à lui plaire pourtant. Voilà dix ans bientôt qu'il y était installé et les pièces avait pris cette patine, cette allure qui donne envie de dire "je suis chez moi". Enfin...il allait devoir passer sur les considérations sentimentales s'il voulait ce poste.

"-Rien ne pourrait me convenir plus que d'être à votre disposition en permanence Majesté ! Je dirais donc à mes gens d'apprêter leurs affaires sous peu. Cette condition remplie, je puis donc me considérer conseiller politique ? De façon à ce que je ne perde pas de temps pour mettre à la tâche."

Eh bien , finalement , ce n'était pas si... compliqué que cela. Pour une première fois , Lilianna ne pensait pas s'en sortir trop mal. Mais il faut dire qu'elle n'avait pas été confrontée à une situation très compliquée. Elle avait juste offert un poste à un homme qui le méritait. Et puis ils avaient besoin d'un conseiller politique. Ils avaient besoins d'autres conseillers , mais celui ci était le plus recherché. De nombreux conseillers avaient été portés disparus , ou avaient été retrouvés morts après la bataille d'Alonna. À commencer par Charles de Hautval , ancien maître du Lys d'Or. Au moins n'avait-il pas disparu sans conduire les troupes à la victoire.

Lilianna attendait , silencieuse , la réponse du vétéran. Ce dernier semblait pensif. Aussi Lilianna ne perturba-t-elle pas ses pensées. Il devait certainement réfléchir à sa proposition. Elle espérait n'avoir commis aucun impair qui puisse le faire reculer. Après tout , elle ne maniait pas les mots aussi bien que le roi. Mais sans doute devrait-elle apprendre , car elle ne pouvait pas agir avec son peuple comme elle le faisait avec Trystan. Avec un léger soupir , elle releva les yeux vers Hannibal.

« Vous pouvez , Messire. Vous voilà officiellement Conseiller Politique. »

Inutile de préciser que toute la cour serait au courant dans très , très peu de temps. On était toujours au courant de tout , ce n'était même plus une surprise. Enfin , au moins cette nouvelle là ne ferait-elle aucun mal. En théorie.

« Il est cependant bien évident que nous vous laissons le temps qu'il vous faudra pour vous organiser et régler vos affaires personnelles. Un appartement dans l'aile gauche du palais vous est réservé et n'attend que votre installation. »

Elle se tut un instant , le jaugeant de ses yeux couleur lilas.

« La couronne vous remercie de votre dévotion , Messire de Roch. »

Sur ce , Lilianna demanda à ce qu'on le raccompagne et à ce qu'on lui fasse d'ores et déjà visiter l'appartement qui était désormais le sien. De son côté , Lilianna regagna ses appartements , la fatigue se faisant déjà ressentir.

[ Voilà , terminé pour moi :) Et désolée pour cette conclusion minable =/ ]