Une lutte pour un trophée [Guilhem]

Plus les instants passés en compagnie de la jeune femme s'allongeait, plus il comprenait la raison pour laquelle les guerrier des Wrandres, ou en tout cas, de la bande d'Urs avaient pour habitude de s'attribuer une ou plusieurs femmes de façon relativement codifiée. En tout cas, plus que s'il s’agissait de simples putains à soldats. Il y avait un charme certains dans ces étreintes et dans le fait de ce dire que son amante lui appartenais dans pour autant plonger dans l'excès du mariage. Guilhem avait envie d'embrasser cette sorte de tradition un peu barbare mais au combien agréable.

Doucement, Agniès se serra contre lui et, comme pour l’empêcher de la repousser et de s'en aller, la laissant là avec un désir inassouvie, elle passa ses bras autour de son cou, les mains toujours entravées la privant d'une bonne part de ses mouvements. Il sentait son souffle s'accélérer alors qu'elle frottait doucement son nez contre sa joue comme aurait plus tôt, elle s'était frottée à sa main pour réclamer d'avantage de caresses et d'attention de sa part.

Se fut d'ailleurs elle qui prit l'initiative de leur baiser. Et, si elle n'avait pas la moindre envie de sentir les lèvres de Guilhem sur les siennes, il était bel et bien forcé d'admettre qu'elle s'y prenait terriblement bien la bougresse. Il sentait sa peau frémir sous les caresses qu'elle ne cherchait pas à éviter et qu'elle appelait même de ses vœux. Et au final, se fut elle qui prit un petit peu de distance, pas longtemps en effet puisque la demoiselle se pencha délicatement sur lui, commençant à butiner son coup de dizaines de petits baisers tendres. Guilhem sourit, plongeant ses mains dans la crinière brune de la jeune femme, caressant son dos pendant qu'elle portait ses attentions à son cou, jusqu'au moment où elle se mit à lui mordiller l'oreille, se qui eu pour effet de le faire légèrement rire.

« Tu essaye tes cros petit chaton ? »

Les mains du seigneurs de Karras descendirent petit à petit jusqu'à se retrouver sur les fesses de la demoiselle dont elle s'emparèrent avec avidité. Le badinage allait bientôt prendre fin. Tout deux le savaient parfaitement et c'était se qui ne les rendait que plus passionné. Ce qui n'était qu'un jeu de baiser n'allait pas tarder à muer en quelque chose de bien plus sérieux.

Doucement, les mains de Guilhem se glissèrent sous le tissus de l'étrange pagne qu'elle portait. Il marqua un léger temps d’arrêt en ne sentant que la peau et pas la moindre parcelle de tissus sous ses doigts. Une question lui traversa l'esprit et il se demanda si Agniès avait juste retiré ses sous vêtements pour l'attendre ou si elle avait passé toute la journée ainsi, sa pudeur soumise au moindre coup de vent un peu trop fort. Mais cette question s'effaça bien vite et les caresses reprirent alors qu'une des mains de Guilhem avait quitté les fesses de sa captive pour venir se poser sur son sein orgueilleusement ferme et rond.

D'un coup, il la fit changer de position, et elle se retrouva avec une jambe de chaque coté du bassin du jeune homme qui ne lui laissait pas un seul instant de répits. Passant ses bras sous ses fesses, Guilhem de releva et la porta sur deux petits mètres avant de la déposer sur la grande peau d'ours qui recouvrait le sol. Il ne tarda pas à la rejoindre, s'emparant de ses lèvres avec sa bouche et de son corps avec ses mains, pétrissant aussi bien sa poitrine que ses fesses.

C'était décidément un chaton plein d'ardeur que Guilhem caressait avec passion. Leur baiser n'avait rien d'innocent depuis un moment, mais plus le temps passait et moins il l'était. Agniès était cambrée, le souffle court. Ses bras étaient toujours passés autour de la nuque du seigneur tout comme ses jambes qui encrait sa taille, lui interdisant toute fuite (ou faisant se qu'ils pouvaient pour le lui interdire au moins). Mais Guilhem n'avait absolument pas l'intention de fuir. Bien au contraire. Il voulait profiter autant que possible de se qu'elle lui offrait ce soir avant qu'elle ne puisse redevenir aussi frigide que le matin même. Il espérait que cela ne se produirait pas, mais ne pouvant en etre tout à fait certains, il avait décidé de prendre se qu'elle lui offrait.

Voulant s'écarter un petit peu, il se rendit vite compte que la demoiselle avait décider que leurs bouches ne se sépareraient pas tout de suite, elle était en train de lui mordre la lèvre. Le chaton était en effet bel et bien en train de se faire les dents et pour le moment, c'était Guilhem qu'elle avait choisit comme petite souris en plastique à mordiller. Malheureusement, ce jeu là, ils pouvaient y jouer à deux.

Reculant malgré le fait qu'elle tenait toujours la lèvre en otage, Guilhem réussi à lui faire lâcher prise et repartit bien vite à l'assaut de son cou par quelques baisers tendis que ses mains cherchaient à la débarrasser de ce pagne qu'elle portait toujours. Il aurait put se contenter de le relever le tissus ou de le faire tourner sur ses hanches. Mais au fond, il n'en avait pas la moindre envie. Ses baisers dans le cou de la belle étaient d'ailleurs en train de se changer en morsures. Lui aussi se faisait les crocs.

Ses doigts étaient engourdis pas son envies et il ne parvenait à rien. Aussi, attrapant les laces de cuir, il les arnacha d'un coup sec jusqu'à pouvoir lui retirer le vêtement, la laissant totalement nue et exposée sous ses yeux.

Il ne lui fallait pas longtemps pour replonger sur les lèvres de la jeune femme.

Elle était nue à présent et les seuls obstacles qui restaient encore entre eux étaient les vêtements que portait Guilhem.

Lorsqu'elle le renversa, Guilhem prit le temps d'observer la jeune femme devant lui. Elle était toujours entravée et les yeux bandés. Quelque chose lui disait qu'il ne devait pas toucher à ce bandeau qu'elle avait sur les yeux. Après tout, si elle avait véritablement voulut l'enlever, elle l'aurait fait depuis un certain temps déjà. Ou alors, elle aurait au moins tenté de le faire. Dommage, il aurait aimé voir ses yeux à cet instant, mais il devinait que, pour une raison quelconque, cela se passerait mal s'il lui enlevait le bandeau. Mais il n'y avait pas que ses yeux aveuglés. Ses mains attachées devant elles alors qu'elle tenait ses bras légèrement replié qui mettaient en avant sa poitrine nue qui se soulevait rapidement. Et sur cette poitrine, entre ses seins, il y avait cette chaine qui servait de laisse et qui serpenait sur sa peau nue couverte de fine perles de sueur que la lumière du feu paraissait sublimer. Puis, il y avait son ventre plat, ses hanches sur lesquels il avait ses mains, ses fesses qu'il sentait en dessous et le triangle sombre de son trésor intime.

Arcam pourquoi fallait-il qu'elle soit Séraphin ?

Finalement, dans un baiser et une étreinte passionnée, ils se retrouvèrent au sol, la jeune femme à nouveau sous son amant, essayant maladroitement de lui retirer son vêtement. Mais avec ses mains lié et le bandeau qui l’empêchait de voir se qu'elle était en train de faire, la brunette n'arrivait strictement à rien du tout. Se fut Guilhem qui s'écarta légèrement de la jeune femme pour retirer les dernières barrières de tissus qui les séparaient. Une fois dévêtu à son tour, il se pencha sur elle, embrassant son cou et caressant ses hanches avant de prendre le morceau de corde qui avait servit à attacher ses poignets au lit. La tirant vers lui, il la força à se redresser jusqu'à se qu'elle se soit mis à genoux. Une fois qu'elle fut dans cette position et, toujours en embrassant ses lèvres ou sa peau, Guilhem fit passes ses poignets au dessus de sa tête et attacha la corde à elle même après lui avoir fait faire un tour sous la poitrine de la jeune femme.

Collé à son dos, il la souleva légèrement pour rapprocher son bassin du sien pendant que ses deux mains se jouaient de son corps, l'une sur ses seins, l'autre descendant sur son bas ventre alors que les dents de Guilhem s'étaient remises en action, mordillant le lobe d'oreille gauche de la demoiselle.

Ainsi tenue, légèrement cambrée en arrière, Agniès ne pouvait rien lui cacher. Il percevait le moindre de ses soupirs, l’accélération de son souffle qui animait sa poitrine ou l'excitation qui avait tendu ses tétons et arrondit ses seins sous sa main. Il y avait aussi ces souffles muets qu'elle poussait parfois. Des gémissements qui, du fait de son mutisme, se muaient en de petits souffles tressautant. Non, rien de se qu'elle pouvait ressentir n'avait la moindre chance de lui échapper proches comme ils l'étaient. Le ventre de la jeune femme s'était creusé à l’extrême sous la main qu'il y avait avancé, partagé entre l’appréhension de cet attouchement et le désir qu'il suscitait.

Et petit à petit, son braquemart se glissait vers l'intimité virginale de la Séraphin sans qu'à aucun moment ses mains ne se soit arrêté. Il savait qu'elle sentait le moment approcher. Comment aurait-elle put l'ignorer ? Les petits spasmes de son corps la trahissait tout comme cette légère humidité qu'il ressentait sous ses doigts. Toute pucelle qu'elle était (plus pour très longtemps), elle n'était pas indifférente et ne pouvait en aucun cas le cacher. Cela était visible comme le nez au milieu de la figure.

Il la fit se pencher légèrement en avant alors que son membre arrivait à son intimité. La main qui avait caresser la toison d'Agniès remonta sur son sein. Le petit ange de raison tenta bien de se manifester brièvement pour empêcher Guilhem de commettre l'irréparable. Mais il fut sauvagement mis KO par son homologue.

Guilhem se rapprocha de la jeune femme, pressant contre son hymen sans s’arrêter jusqu'au moment où celui-ci céda sous ses assaut. Un peu de sang s'écoula alors qu'Agniès, empalée et entravée sur Guilhem subissait les lents assauts de celui-ci. Ainsi que ses caresses qui n'avaient toujours pas cessé sur sa poitrine et ses baisers dans son cou.

Ils restèrent un moment comme cela, Guilhem couvrant le corps d'Agniès d'autant d'attention qu'il pouvait pour faire passer le plus doucement possible la douleur causée par ce dépucelage. Mais il ne fallait pas non plus s'attendre à un miracle. Il n'était pas magicien et encore moins Arcam. Aussi, il ne se faisait pas d'illusion sur se que pouvait bien ressentir la jeune femme. Elle avait mal. Le tout était de faire passer cela aussi vite que possible pour que cette douleur se mue en plaisir. Il espérait pourtant y être parvenu. Doucement, il caressa la joue d'Angiès étendue sur la peau d'ours. Elle s'étant endormie. Il lui fallut quelques instants pour défaire les liens qui l'attachait et moins encore pour lui retirer son bandeau. Elle avait l'air paisible ainsi malgré les traces rouges sur ses poignets et sous sa poitrine.

Il se leva et alla rapidement chercher un chiffon humide avec lequel il prit le temps d'essuyer l'intimité de la demoiselle souillée par le sang et le foutre avant de la prendre dans ses bras et de la soulever. Pas lourde l'ancienne rosière. Le lit de Guilhem ne tarda pas à accueillir la jeune femme. En d'autres circonstances, il l'aurait sans le moindre scrupule laissé dormir sur la peau de bête ou au pied de son lit. Il l'avait déjà fait d'ailleurs. Il l'avait meme, le soir de leur rencontre, chassée de son propre lit pour qu'elle ne le dérange pas dans son sommeil.

Mais la situation ici était un petit peu différente.

Il venait de percer son hymen, il pouvait bien l’accueillir dans son lit pour la nuit. Il ne se sentait pas le moins du monde coupable de se qu'elle avait fait. Loin de là et si c'était à reproduire, on ne le verrait pas hésiter bien longtemps. C'était juste un petit élan d'affection. Il ne collait pas ses amantes hors de son lit une fois qu'il avait obtenu se qu'il voulait d'elle. Il n'y avait pas la moindre raison qu'il fasse de même avec elle, toute Séraphin qu'elle était.

Une fois calée contre lui (si elle était là, c'était aussi pour qu'il profite de sa chaleur), Guilhem ferma les yeux pour s'endormir.

Se penchant au dessus de sa mixture, Hilda eu une grimace. De dégoût. Cela sentait toujours aussi mauvais. Pourquoi est-ce que ce genre de remèdes ne pouvaient pas avoir un bon goût ? Surtout que, bien entendu, personne n'avait la moindre idée d'un traitement alternatif. Enfin, c'était toujours mieux que rien. Non loin de là, Manon la regardait avec un air pour le moins intrigué. La gamine n'avait pas posé la moindre question, mais on pouvait facilement lire la curiosité dans ses yeux.

« C'est pour être belle, expliqua gentiment l'esclave. »

« Je peux en avoir alors ? »

« Seulement quant tu seras plus grande et que tu auras un amoureux. »

Une petite moue boudeuse apparut sur le visage de l'enfant qui se remit à jouer avec ses bouclettes brunes et avec les rubans qui s'y trouvaient. Autant pour les esclaves du campement Agniès était apparut comme une sorte de nouvelle membre, une petite sœur, autant la petit Manon d'Arion qu'on leur avait confier était leur chouchoute. Elles s'en occupaient à tour de rôle et, à la fin, elle allait se reposer dans la tente d'Hilda. Heureusement, Urs était assez sensible pour prendre un peu plus délicatement la jeune femme que si ils avaient été seuls. Cela avait éviter de réveiller la petite qui n'aurait sans doute pas manqué de se poser des questions.

Cette dernière d'ailleurs se leva brusquement pour se jeter littéralement sur Agniès lorsqu'elle entra. Hilda quant à elle fut plus réservée, adressant un sourire à la muette. Elle prit le temps de l'observer. Sa mise était quelque peu défaite, on avait arracher les liens de cuir de son bas, et... il y avait ce je ne sais quoi qui avait changé chez elle.

Doucement, la blonde s'approcha et se pencha sur Manon.

« Va me chercher des peaux. Sidonie m'a promis hier de me les rendent. »

Conciliante, la gamine hocha la tète et fila, laissant les deux jeunes femmes en tète à tète.

« Alors ça y est ? »

Question rhétorique, elle était persuadée que celle qu'elle avait en face d'elle n'était plus une jeune pucelle.

« Bois ça, dit-elle en lui tendant un gobelet plein de cette immonde potage vert. C'est répugnant en apparance, et très amère, mais crois moi, il n'y a rien de mieux pour éviter de tomber enceinte. »

Cela faisait partit des enjeux. Une esclave enceinte ne pouvait plus servir avec autant d'efficacité qu'une qui ne le serait pas. Alors elle risquait d’être simplement abandonnée ou remplacée. Et même dans le cas contraire, l'enfant ne serait qu'un bâtard et n'aurait droit à rien. Bien sur, si Urs le lui demandait, Hilda serait ravie de porter son enfant. Mais elle n'allait pas l'imposer. Elle porterait l'enfant de son gros nounour. Mais le tout était de ne pas l'imposer.

Elle doutait que Guilhem veuille d'un bâtard après une seule nuit d'amour.

« Je ne pensais pas te revoir si tot, fini par dire la blonde. Cela s'est mal passé pour qu'il te renvois avant le petit déjeuné ? »

Guilhel était tranquillement installé avec d'autres autour du corps de Daren. Il y avait là Urs et plusieurs des guerriers des Wrandres qui se demandaient bien se qu'ils allaient pouvoir faire. Il n'y avait de doute sur personne quant à la personne qui avait ouvert le crane de Daren. Non, le doute c'était sur se qu'il fallait faire maintenant. Est-ce qu'on devait la punir parce qu'elle avait tué l'un des leurs même si celui-ci s’apprêtait à la violer ? Est-ce qu'on devait la dédommager pour cela ? À quel hauteur ? Que faire de tout se que possédait Daren jusqu'à maintenant ? Pas d'épouse dans les Wrandres contrairement à beaucoup ici. Donc personne à qui retourner le corps ni à qui envoyer toutes les pièces de son butin qui, il fallait le dire, représentait un joli petit pactole.

« Bon, on va pas se mentir, personne ici ne pouvait le supporter celui là, trancha le guerrier à la fine barbe blonde qui avait fait sauter Agniès sur ses genoux deux jours plus tôt. En plus il était en train d'enfreindre nos lois. »

Plusieurs personnes se tournèrent vers Guilhem. Un point important restait à éclairer. S'il avait prêter Agniès à Daren, il avait le droit de la prendre et dans ce cas, il n'avait pas commis la moindre entorse aux règles et alors, c'était un meurtre qu'Agniès venait de commettre. Le meurtre d'un homme libre par une esclave. Dans le cas contraire, c'était simplement de la légitime défense.

« Daren s'est arrogé des droits qu'il n'avait pas sur elle, exposa simplement Guilhem. Et d'après Hilda, elle protégeait Manon d'Arion. Vous savez tous qui elle est et se qu'elle est. »

Les guerriers hochèrent la tete. Daren avait voulut mettre la petite sur un pal comme sa mère au moment de la mise à sac du petit castel d'Arion. Guilhem l'en avait empêché. Mais si elle était là, se trouvait être la chouchoute des esclaves, être vêtue comme une petite fille servile, elle n'en était pas moins une noble péninsulaire. Guilhem ne l'avait pas mise ici pour qu'on la traumatise et qu'on s'en prenne à elle et dans l’ensemble, c'était bien comprit. Sauf de toute évidence pour Daren.

« On lui creusera un trou dans la foret tout à l'heure, décida le blond. »

« Et pour le butin ? »

Le guerrier blond éclata de rire.

« On en a pas besoin, laissons le au chaton. Elle est esclave, mais elle a déjà gagné sa dent d'ours. »

* * *

Lorsqu'Agniès ouvrit les yeux, la première chose qu'elle put voir fut l'esclave mutilée de Daren. Deux nouvelles cicatrices parcourraient son visage qui avait dut etre beau à une époque mais il était trop scarifié aujourd'hui pour l'etre encore. Doucement, l'esclave passait sur son front et ses joues de la muette un linge humide. On avait déjà nettoyé le corps et les cheveux de la demoiselle pour qu'elle ne soit pas totalement traumatisée à son réveil. Un peu plus loin, toutes les esclaves du camp étaient rassemblées et guetaient le réveil de la jeune femme.

Hilda bien entendu en tete, avec juste derrière Ysandre et Sidonie, les deux jumelles aux cheveux platines et aux yeux noirs. Toutes les deux avec les habituels grelots qui pendaient à leurs oreilles. Amarante avec ses boucles d'un roux sombre qui regardait autour d'elle avec son air renfrogné et toutes les autres qui retinrent leur souffle lorsque la muette ouvrit les yeux.

Elles étaient toutes sous la tente de Daren... l'ancienne tente de Daren. Parce qu'à présent, c'était celle d'Agniès.

« Tout vas bien maitresse, dit posément l'esclave scarifiée. Calmez vous, tout vas bien. »

Elle lui caressa doucement la joue d'une main comme pour l'apaiser, espérant que les moignons qui remplaçaient certains de ses doigts n'allaient pas plus l'effrayer encore.

L'ambiance n'était pas aussi folle que la première fois qu'Agniès avait passé la nuit dans le camp. Il fallait dire aussi que tout les soirs à boire comme des trous et de chanter à tue tete, cela fatigue. La petite fete de ce soir était donc moins bruyante. Et puis, ils avaient quant meme perdu l'un des leurs. Meme si personne ne regretterait Darren et que personne n'aurait trouvé quoi que se soit à redire au geste de la jeune femme, il n'en demeurait pas moins que l'un des leurs était mort. Meme si c'était une enflure finie, il méritait au moins un petit peu de respect et qu'on ne danse pas tranquillement sur son cadavre sans rien en avoir à foutre.

On ne le pleurerait pas longtemps... rien qu'un petit peu ce soir et demain, on passerait à autre chose.

Voyant la jeune femme sortir de la tente, il y eu un léger instant de silence avant qu'on ne l'invite à force de cris et de grands gestes à venir s'installer avec eux. Elle ne tarda pas à se retrouver avec une jolie assiette entre les mains. On évitait de trop la bousculer, mais pas parce qu'on était gèné de sa présence, loin de là. C'était juste qu'elle paraissait à nouveau prete à s'éffondrer si on la bousculait un petit peu trop et cela malgré son esclave qui faisait se qu'elle pouvait pour la soutenir.

La gamine ne tarda pas à venir se serrer contre sa grande sœur de substitution.

Une nouvelle soirée qui s'annonçait quelque peu joyeuse alors que, parlant fort, tout le monde était en train de conseiller la jeune femme sur se qu'elle allait pouvoir faire de sa nouvelle petite fortune, le tout entrecoupé d'éclats de rire.

Surpris, Guilhem l'était assurément. Il ne s'était pas un seul instant attendu à voir venir sa maîtresse de l'autre nuit, qui plus est raccompagnée ici par quelqu'un d'autre. Il fallait dire que le fait de s’être réveillé tout seul dans son lit avait été comme une douche froide. Peut-être y accordait-il trop d'importance, mais il aurait aimé être en compagnie de la muette pour le début de la matinée. Après tout, ce n'était pas quelque chose de tout à fait banal qui s'était passé entre eux la veille. En tout cas, pas quelque chose qu'on pouvait balayer d'un simple revers comme si cela ne représentait rien. Du moins, c'était le point de vu du jeune homme.

Et puis, il aurait vraiment aimé voir ses yeux. Elle l'en avait privé avec son bandeau. Il voulait les voir.

Bien sur dans la journée, il y avait eu à régler ce problème avec la mort de Daren. Mais là encore il ne l'avait pas vue et de toute façon, d'une part cela n'avait pas prit très longtemps, d'autre part, elle était inconsciente, il n'y avait donc pas de moyen pour lui de satisfaire cette envie de passer un moment avec elle. Elle n'était pas la seule à qui il accordait ce genre de traitement de faveur. Globalement, il aimait passer un moment avec ses amantes le lendemain. Mais le fait qu'elle se soit enfuie l'avait un rien vexé.

Difficile de dire maintenant si elle venait ce soir de son plein gré ou si elle avait été amenée ici par la jolie blonde qui la tenait par la main. Après un moment à rester le nez dans ses papiers, Guilhem alla se mettre lui aussi dans un fauteuil à regarder le feu sans pour autant perdre de vu la brunette qu'il surveillait du coin de l’œil. Pendant un instant, il se dit qu'elle allait bien finir par rompre le silence, lui même étant très doué pour ne rien dire pendant des heures. Mais il se claqua mentalement derrière la tête. Elle était muette. Elle ne risquait pas de lui dire quoi que se soit pour engager la conversation.

« Tu n'as pas à t'en vouloir pour se qui s'est passé. »

Aussi simple et concise que possible, cette phrase était une façon comme une autre d'engager la conversation. Après tout, qu'attendait-elle ? Qu'il lui dise qu'elle lui avait manqué ? Jamais. Il n'en était pas question.

« Tu es maintenant aussi riche que n'importe lequel des mercenaires des Wrandres que j'ai engagé, dit-il calmement. »

Assez ironique d'ailleurs étant donné se qu'elle était en train de devenir.

« Sais-tu se que tu vas faire de tout cet argent ? »

Il quitta le feu du regard pour le poser sur la jolie muette. Ses sentiments étaient toujours aussi contradictoires. Il avait autant envie de la massacrer que de la remettre dans son lit. Même si cette deuxième possibilité avait légèrement l'avantage.

Il avait envie de poser une autre question, mais cette phrase ne quitterait pas ses lèvres. Il n'était pas question de lui laisser penser que sa présence au matin lui avait manqué ni même qu'il s'en était légèrement inquiété.

Sans savoir pourquoi, il s'était attendu à se qu'elle avait écris sur la tablette. Il est vrai qu'elle n'avait pas beaucoup de possibilités pour se servir de cette fameuse part du butin. Mais elle pouvait toujours en faire son petit chez elle, cela lui éviterait d'avoir toujours à occuper la chambre ou la tente de quelqu'un d'autre. Quant à l'argent, elle pourrait se faire une garde de robe et s'offrir quelques bijoux si ceux qui se trouvaient sans doute parmi le butin qu'elle ne devait pas avoir eu le temps d'examiner. Quant au fait de libérer l'autre esclave... oui, elle pouvait le faire. Pour sa part, Guilhem ne voyait pas l’intérêt de se séparer d'une servante lorsqu'on avait les moyens de l'entretenir, mais après tout pourquoi pas.

Par contre, il avait été un rien surprit. Elle n'avait pas même évoqué la possibilité de lui acheter sa liberté. Est-ce qu'elle s'était dit que jamais il n'accepterait de la relâcher pour quoi que se soit ou est-ce qu'au final, sa situation de captive lui convenait et qu'elle ne voulait pas en changer ? Difficile à dire au vu de la situation.

Doucement, la jeune femme était venue d'elle même poser sa tête sur les genoux de Guilhem comme elle l'avait déjà fait plusieurs fois, ayant l'air de demander une caresse avec ses grands yeux verts pleins de larme. Une caresse que Guilhem ne tarda pas à lui donner, passant doucement sa main sur son visage et essuyant les quelques goûtes qui perlaient de ses yeux. Dans une autre situation, il l'aurait sans doute giflée pour lui donner une bonne raison de pleurer. Peut-être qu'il l'avait déjà fait. C'était possible, il ne s'en souvenait plus. En tout cas, il ne le fit pas. Elle devait être bouleversée de se qui s'était passé en début de journée. Cette fois, elle avait une bonne raison pour pleurer. Il se contenta d'attendre patiemment que les larmes finissent par se tarir. De toute façon, il n'y avait guère autre chose à faire.

« Je pense que tu devrais garder l'esclave de Daren, dit-il calmement. Elle pourra toujours te servir toi. Tu n'es pas forcer de la soumettre au même traitement que lui tu sais. »

Il continuait à caresser doucement ses cheveux, pur réflexe en parlant sans vraiment la regarder.

« Et puis, tu pourrais aussi avoir ta propre garde robe. Ce ne serait pas plus mal. »

Depuis qu'elle était là, elle ne faisait que porter des vêtements qu'on lui donnait ou qu'elle empruntait. Avoir les siens serait déjà un plus.

Quelques minutes passèrent avant que Guilhem ne reprenne la parole, posant enfin les yeux sur elle.

« Pourquoi t'être enfuie ce matin pour venir ce soir ? »

Guilhem était en train de lire la tablette qu'elle avait rédigée pour lui expliquer la raison pour laquelle elle n'était pas restée une fois éveillée. Pour un peu, il s'en serait vexé. Qu'elle pense qu'il l'aurait jetée dehors une fois réveillé avait vraiment quelque chose de vexant. Mais, d'un autre coté, il fallait être un petit peu réaliste. Est-ce qu'il l'aurait fait ? Non, bien entendu. Mais cela ne signifiait pas qu'il n'en aurait pas été parfaitement capable. Concrètement, il n'aurait pas eu le moindre remords à la mettre dehors avec juste un morceau de tissus pour tenter de cacher le fait qu'elle soit nue. Ce n'était pas comme si toutes ses amantes avaient eu l'occasion de passer la totalité de la nuit dans ses draps. Mais il aurait eu envie de garder la petite bâtarde avec lui. De cela au moins, il était certain.

Alors qu'il posait la tablette sur le coté, Guilhem vit se rapprocher le visage de la jeune femme. Il ne fit rien pour l'éviter, bien au contraire et savoura avec délice le baiser qu'elle lui offrait. Il la prit doucement par les hanches pour l'attirer contre lui, se serrant contre sa poitrine et continuant à l'embrasser langoureusement pendant un certain temps. Est-ce que c'était le parfum de l'interdit qui rendait les lèvres de la jeune femme aussi délicieuses ? Il s'était imposé de traquer tout les Séraphin et, toute bâtarde qu'elle était, la demoiselle appartenait à la famille maudite de Serramire.

Un parfum de scandale et de luxure qui ne lui déplaisait pas.

Se ne fut qu'au bout d'un certain temps que les deux jeunes gens finirent par se séparer. Guilhem observa Agniès pendant un certain temps comme pour tenter de deviner se qui se cachait derrière cette jolie tete, ces lèvres charnues et ses yeux verts. Quelque chose lui disait qu'il ne savait pas tout d'elle. Qu'elle lui cachait pas mal de choses. Et cela faisait sans le moindre doute aussi partit de son charme.

Presque inconsciemment, il se mit à jouer avec le collier qu'elle portait autour du cou. Il ignorait totalement sa signification, mais avait bien vu que toutes les autres femmes vivant dans le camp en portait un similaire. Une marque distinctive ? Oui, c'était possible.

« Un bien étrange bijoux, dit-il. »

Un nouveau petit baisers sur les lèvres de la jeune femme.

« Je ne te jetterais pas dehors, je te le promet, murmura-t-il. »

Se furent le froissement des draps et la sensation qu'on se serrait contre lui qui réveilla Guilhem aux petites heures de l'aube. Il faisait encore sombre et il était loin d'être éveillé, noyé qu'il était dans une masse de cheveux sombres avec un légers poids sur la poitrine. Il lui fallut un petit instant avant de parvenir à se rappeler tout à fait des événements de la veille et de l'identité de la personne qui se trouvait dans son lit avec lui. Agniès, la bâtarde des Séraphins. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle parvenait parfaitement à occuper le terrain. Elle était déjà dans son lit la veille et voilà qu'elle s'y était glissée à nouveau.

Mais cette fois, elle ne s'était pas offerte à lui. Non qu'elle l'ait repoussée. La chose aurait été quelque peu incompréhensible après leurs baisers. Mais tout s'était simplement déroulé autrement. Cela avait été une nuit tranquille et relativement chaste... enfin... si on veux. Elle avait tout de même finie entièrement nue dans le lit de Guilhem. Donc en fait, tout dépendait du sens que vous donnez au mot ''chasteté''.

Guilhem l'avait amenée dans son lit à force de caresses et de baisers, savourant ses lèvres et ne prêtant en revanche pas la moindre attention à tout son babillage muet. Ce n'était pas parce qu'il était un peu plus tendre qu'avant avec elle qu'il était disposé à faire des efforts pour lire sur ses lèvres. En réalité, cela faisait partit des choses qui l'agaçait profondément chez cette jeune et charmante Agniès. Il y avait donc peu de chances pour qu'il se prenne un jour de l'envie de décypter les mots qui formaient ses lèvres muettes.

Avec une infinie précaution, il se déplaça et cala un oreiller sous la tete de la muette afin qu'elle ne soit pas éveillée.

Debout à côté du lit, il resta un bon moment à la regarder.

Toujours aussi nue que lorsqu'ils s'étaient endormis l'un contre l'autre la veille, le tissus de la couverture semblait lui même un compagnon de leurs jeux, dissimulant certaines parties de son corps en de fausse pudeur. Son intimité était dissimulée, mais pour peu qu'il tourne un peu autour du lit, Guilhem aurait une vue imprenable sur ses fesses. Et tout le reste de son corps à moitié couverte. Cela lui donnait des airs de statue antique scultée par Arcam savait quel Pygmalion diabolique.

Il resta un moment à la contempler dans son sommeil, à la regarder après que ses mains et ses lèvres aient découverte chaque parcelle de peau de la donzelle la veille comme pour se l'approprier. Il sourit en se remémorant le petit air désespéré qu'elle affichait alors qu'il jouait avec les points senssibles de son corps sans pour autant lui accorder la délivrance du plaisir.

Au bout d'un moment, un coup fut discrètement frapper à la porte et Guilhem alla prendre le petit déjeuné qu'on lui avait monté, retournant vers Agniès.

Elle était toujours dans le lit et n'avait pas bougé d'un pouce, mais en revanche, ses yeux émeraudes étaient ouvert. Elle ne dormait plus. Le seigneur de Karras s'installa en face d'elle sur l lit, le plateau de victuailles entre eux et se servit une pomme dans laquelle il mordit, observant son amante et guêtant ses réactions, son regard s'arrêtant de temps en temps sur la gorge nue de la belle.

"Bien dormis?"

C'était une scène assez étrange qui se déroulait dans la chambre de Guilhem ce matin. Le seigneur de Karras et la bâtarde Séraphin étaient tout les deux en train de se dévisager du coin de l’œil, mais aucun d'entre eux n'osait regarder l'autre de façon ouverte. Elle préférait nier se qu'elle ressentait en gardant à l'esprit qu'il s'en était prit à sa famille et lui ne savait trop s'il adorait ou haïssait cette nouvelle amante. À vrai dire, il ne savait même pas si elle n'allait être qu'une jolie paire de cuisses toute neuve à passer dans son lit ou si elle allait parvenir à s'y installer de façon plus durable. Quoi qu'il en soit, le fait était qu'il ne pouvait pas nier qu'elle l'attirait. Le temps déciderait pas le reste.

La scène était d'autant plus surprenante après la nuit qu'ils avaient passé tout les deux. Certes, Agniès était encore assez timide sur ce genre de caresses, mais elle avait été loin d'être inactive. Il fallut un moment et qu'ils aient à eux deux totalement vidé le plateau du petit déjeuné pour qu'aucun d'entre eux n'ai plus d'excuse pour cesser de se regarder et de s'ignorer à moitié. Pour se qui était de prendre la parole, encore une fois, il ne fallait pas compter sur Agniès. D'ailleurs, si elle avait tenté de faire remuer ses lèvres, cela n'aurait pas vraiment marché et aurait plutôt eu pour effet d'agacer Guilhem.

Il n'était pas disposé à faire l'effort de lire sur ses lèvres et sans doute ne le serait-il jamais.

Mais elle, elle pouvait prendre l’initiative de faire un geste ou bien d'aller prendre sa tablette. Mais elle ne fit rien, elle restait là, sa pudeur dissimulée par un pan de la couverture. C'était bien inutile. Il n'y avait rien qu'elle puise cacher que Guilhem n'avait pas déjà put voir. Mais au fond, cela n'avait pas la moindre importance. Tout se qui comptait, c'était le fait qu'elle soit nue dans son lit.

Docilement, Agniès se leva pour aller mettre le plateau qui contenait la carcasse de leur petit déjeuné ailleurs. Sans doute avait-elle prévu de profiter de cela pour aller cherche ses vêtements, mais Guilhem avait d'autres idées en têtes et la rattrapa. Ses lèvres vinrent chercher celles de la jeune femme. Elles avaient un délicieux goût sucré d'orange.

Enroulée dans la couverture, Agniès reprit le chemin du lit, guidée avec douceur par Guilhem. Elle semblait comme une marionnette, un rien hypnotisée par son bourreau qui la faisait obéir au doigt et à l’œil. L'ancienne prétendante au titre de baronne était à présent un docile petit agneau qu'il menait par le bout du nez.

Avec un sourire, Guilhem prit un pichet de liquide sombre. C'était celui que deux jours plus tôt, Agniès avait elle même choisit dans la tente de Daren avant que tout se qui s'y trouve ne lui appartienne une bonne fois pour toute.

Il en servit deux verres et rejoignit la jeune femme sur le lit. Il était encore tôt et il avait bien l'intention de continuer à profiter de la compagnie de son amante pour encore quelques heures.

Après deux petits verres, il éloigna d'eux la bouteilles et resta serré contre Agniès.

« Dit moi, sais-tu se qu'il est advenu de ton ancienne maîtresse ? Je sais qu'elle est venue en Serramire il y a quelques années. Peut-être est-elle passée dans la ruine du manoir. »

La question, bien que posée sur un ton doux était loin d'être véritablement anodine. C'était un peu pour cela qu'il l'avait fait boire. Il espérait quelques petites confidences sur l'oreiller. Après tout, les femmes aussi peuvent laisser filtrer des informations dans ce genre de situation.

Pendant qu'il attendait la réponse, il continuait à caresser doucement le flan et le ventre de la jeune femme, se demandant furtivement combien de temps il lui faudrait pour engendrer un bâtard et si elle savait comment éviter ce genre de situation gênante. Il n'avait aucune envie de se retrouver avec une maîtresse engrossée et n'était pas certain de vouloir imaginer son sang mêlé à celui d'une Séraphin.