Une lutte pour un trophée [Guilhem]

Elle mentait et elle mentait mal en plus la mignonne. Guilhem fronça les sourcils, lui jetant un regard assassin. Il ne savait pas trop se qui le dérangeait le plus. Qu'elle soit en train de lui mentir, qu'elle lui mente aussi mal que cela, qu'elle pense pouvoir l'abuser avec une aussi piètre performance ou alors plus simplement qu'elle soit en train de lui cacher quelque chose à propos de la Séraphin. Peut-etre était-ce tout simplement l'accumulation des trois qui le faisait rager. Oui, il y avait des chances en y réfléchissant. En tout cas, cela était bien loin de le mettre de bonne humeur. En tout cas, il comptait bien apprendre se qu'elle était en train de dissimuler. Quelque soit la raison pour laquelle elle le faisait, cela ne lui convenait pas. Des secrets, des secrets et encore des secrets. Il y en avait trop autour de cette jeune femme. Et lui qui pensait les avoir écarté venait tout juste de tomber sur un os. Et un gros. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle n'allait pas s'en tirer d'une galipette.

Guilhem resta un certain temps à la scruter, attendant qu'elle finisse par craquer. Certes, elle ne dirait pas le moindre mot. Mais elle allait quant meme finir par lui faire un signe quelconque pour prendre sa tablette et tout lui expliquer.

Mais se fut quelque chose de bien différent qui arriva.

Agniès se colla contre lui et plaqua ses lèvres contre les siennes. Quelques noms d'oiseaux et adjectifs peux élogieux vinrent à l'esprit de Guilhe devant cette tentative un rien équivoque de changer le sujet de la conversation.

Mais d'un autre coté cela ne lui déplaisait pas. Il finirait bien par lui tirer les vers du nez de toute façon. Pour l'heure, il allait s'amuser un peu, se demandant si la jeune femme était prete à aller au bout de sa provocation. Une main remonta tranquillement sa jambe et le galbe de ses cuisses pour éprouver la jeune femme.

Pour être tout à fait honnête, Guilhem aurait parfaitement put passer la totalité de sa journée allongé contre son amante à profiter de sa présence et de ses baisers. Il n'avait pourtant jamais été quelqu'un de très porté sur la luxure ou sur les plaisirs de la chambre. Avec Gisèle, il se contentait de faire le nécessaire pour qu'elle finisse par lui pondre un héritier. À l'époque, il pratiquaient les arts du lit comme on chasse le sanglier. Une image qui devait fort bien représenter ses manières. Depuis, il s'était un peu dégrossis avec des femmes qu'il appréciait plus que son épouse et qui, pour ne rien cacher avaient aussi plus d'expérience. On attend pas d'une prostituée qu'elle soit fidèle comme se doit de l'être une épouse. En revanche, quant on cherche quelque chose d'autre que le bas de gamme d'une femme qui s'allonge en faisant l'étoile de mer, on s'attend tout de même à une certaine qualité du ''service''.

Au tableau de ses conquêtes se trouvaient également quelques servantes et autres demoiselles aux vertus peux accrochées et aux pucelage n'étant depuis longtemps plus que rumeurs que seuls les sot pouvaient encore croire (cela se voyait assez facilement à la vitesse à laquelle elles se débarrassaient de leurs vêtements d'ailleurs).

Mais il était étonnant de voir faire Agniès. Elle avait quelque chose d'étrange, comme si maintenant que la barrière de son hymen était brisée, elle était une tout autre personne. Portant la luxure comme une parure. C'était peut-être lié à se qu'ils étaient tout les deux.

En tout cas, quite à faire rire Arcam, autant qu'il s'en pisse dessus. Guilhem continuait à profiter des charmes de sa captive lorsque la chose la plus terrible qui pouvait arriver à ce moment précis arriva.

Coetus interuptus... ou presque.

Quelques coups se firent entendre à la porte.

À quelques centimètres du visage d'Agniès, Guilhem poussa un grondement sourd en direction de l'intrus qui, n'ayant rien entendu et de toute évidence ayant des choses à lui exposer tambourina d'autant plus fort sur la porte.

Dents serré, une couverture autour de la taille, Guilhem se mit debout et alla ouvrir la porte, juste assez pour passer à peine plus que sa tête et hurler un ''QU'EST-CE QUE C'EST !!!'' des plus vindicatif.

* * *

Ysandre adressa un signe de la main à Agniès lorsqu'elle la virent arriver. Chaque mouvement de la jeune femme, comme de sa jumelle d'ailleurs, avait pour effet de faire tinter les grelots qui leurs tenaient lieux de boucles d'oreilles. Rassemblé en rond, la petite dizaine de jeunes femmes étaient en train de discuter dans se qui paraissait être un concile des plus sérieux. Manon quitta promptement les genoux d'Hilda pour venir agripper les jambes de sa peu loquace grande sœur à l'instant où elle la vit arriver. Pas de doute, la gamine avait définitivement adopté Agniès.

« On était en train de se demander se que tu allais bien pouvoir faire avec toutes les possessions de Daren, trépigna Sidonie en faisant teinter ses grelots. »

Agenouillée un peu plus loin, une personne avait l'air un peu mal à l'aise sur ce sujet. Mélisande et ses éternelles cicatrices regardaient Agniès avec inquiétude. Elle faisait justement partit des possessions de Daren. Difficile dans ce cas de ne pas se sentir concernée par la situation.

« Et on se disait qu'il te faudrait autre chose à te mettre sur le dos, renchéris Hilda. »

Ayant subit les assauts de Guilhem deux jours plus tôt, la tenue qu'elle avait prêté à la muette avait été quelque peu abîmée. Elle tenait toujours, mais grâce à un montage assez peu esthétique et qui aurait, en cas de mouvement un peu trop brusque ou un peu trop rapide, le mérite d'exposer les fesses de la jeune femme à quiconque se trouverait là pour regarder.

Guilhem qui s'appretait à aller plus loin alors qu'Iseult continuait à l'embrasser fut interrompu par quelqu'un qui tocqua à la porte. Laissant seule, la demoiselle qui alla se rhabiller, il alla répondre. La muette en avait profité pour filer par une petite porte dérobée. Aussi quand Guilhem s'en retourna vers le lit, il put le découvrir vide.
Il faut dire que c'était tombé à point nommé. Iseult ne se sentait pas tout à fait prête pour une partie de jambes en l'air. Elle ne recherchait pas spécialement la copulation mais juste une présence réconfortante et rassurante. D'ailleurs, elle était repartie en direction du campement où ces derniers temps elle passait tout son temps.

A peine fut elle arrivée, qu'elle fut accueillie par Manon qui se jeta dans ses jambes. Les autres femmes lui laissèrent une place autour du feu avant de prononcer la question qui brulait sur toutes les lèvres de ces femmes, qu'allait elle faire des biens de Daren? Elle n'eut pas le temps faire quoique ce soit qu'Hilda enchaina sur le fait qu'il lui faudrait autre chose à se mettre sur le dos. Chose à laquelle, elle acquiesça.
Il ne fallut pas plus d'une seconde pour qu'on la traine sous l'ancienne tente de Daren et que s'activant autour d'elle, toutes les femmes du campement s'attelèrent à la tâche alors que Manon jouait au milieu de fourrure dans un coin de la pièce. Une heure plus tard, elle fut enfin habillée.

Spoiler:

Le plus simple venait d'être fait car à présent, elles voulurent toutes une réponse sur ce qu'allait devenir les biens de Daren. Iseult prit une profonde respiration. Aucune d'elles ne savait lire aussi il était inutile de l'écrire. Elle verrait donc avec Guilhem pour ce qui est des détails. Le reste de la journée se passa assez calmement si on peut dire cela...
Le soir venu, au tour du feu, les femmes comme les barbares s'occupèrent d'Iseult. Lui servant à boire, à manger mais surtout à boire. Quand elle voulut se lever, elle était tellement ivre qu'elle retomba sur ses fesses. Ce fut donc Urs qui la ramena au chateau en la portant dans ses bras. Il expliqua à Guilhem la raison de son état, ne pensant pas qu'elle ne tiendrait pas à quatre choppes de bière.

Autant sur la nouvelle tenue, il n'y avait rien à dire. Elle était tout aussi osée, peu couvrante et décoltée que la précédente et, comme la précédente, elle invitait tout autant à se qu'on la retire pour profiter du peu qu'elle pouvait cacher. Décidément, Arcam avait dut faire en sorte que quoi qu'il arrive, cette jolie brunette soit attirante pour quiconque poserait les yeux sur elle.

Mais présentement, elle était très loin d'être attirante. C'était même tout le contraire. Agniès était dans un état tout se qu'il pouvait y avoir de plus lamentable. Complètement ivre morte, elle pendant plus ou moins mollement sur l'épaule d'Urs qui l'avait ramené. Peut-être qu'il faudrait qu'elle passe moins de temps dans ce campement si c'était pour en revenir en puant la viande griller et l'alcool à plein nez. Cela, c'était la partie assez peu séduisante. Urs lui présenta quelques excuses. Guilhem ne lui en teint pas rigueur. Il aurait été idiot de penser que le massif guerrier puisse avoir fait cela volontairement deux jours après avoir attachée la jeune femme à moitié nue au lit du seigneur de Karras. Et même si la saouler avait été fait intentionnellement, Urs était un atours trop précieux pour risquer la brouille sur quelque chose d'aussi trivial.

Et pour être tout à fait honnête, cela rendait service à Guilhem. En réalité, saouler la jeune femme était en grande partie le plan qu'il avait échafaudé pour ce soir là. Il appréciait la compagnie de cette silencieuse amante comme il appréciait de pouvoir jouir de son corps. Mais sa haine des Séraphin était plus forte. Il lui fallait cette Iseult. Il voulait planter lui même sa tète sur une pique ou la faire empailler comme un trophée cette fois. Elle ne lui échapperais pas.

Agniès savait quelque chose qu'elle refusait de lui dire sur Iseult. Quelque chose qui, de toute évidence était crucial sur l'endroit où se trouvait la dernière Séraphin. Alors il lui arracherait cette information. Même si pour cela il devait la droguer.

Elle était encore consciente.

Guilheml a prit contre lui tout simplement, s'assurant qu'elle ne s'endorme pas complètement sous les effets de l'alcool mais reste juste un peu consciente pour avoir un pensée à peu prêt cohérente.

Un stylet et une tablette se glissèrent dans les mains de la demoiselle alors que Guilhem venait lui sussurer quelques mots à l'oreille.

« Dit moi où est Iseult Séraphin. »

''En Serram...''

C'était tout se qu'il avait réussi à obtenir de son amante captive. Quelques petites lettres, deux mots qui n'étaient pas complet mais dont le sens était assez clair tout de même. Ainsi donc la dernière des Séraphin était toujours en Serramire. Où avait-elle bien put trouver refuge. Chez quelqu'un qui l'ait caché pendant trois ans sans jamais l'exhiber aux yeux de tous pour s'en servir comme d'une bannière pour rassembler tout Serramire derrière lui et briguer le titre de marquis. Certes, les Séraphin avaient été destitué de tout leur pouvoir et de toutes leurs terres. La décision du roi aveugle de réhabiliter cette petite muette n'avait rien changé à cela. Mais en cette période où Serramire périclitait et où le trône marquisal était vacant, les Séraphin étaient un symbole.

Celui d'une époque pas si lointaine ou Serramire était au rang des grandes puissances de la Péninsule. Avant les folies de Merwynn.

Malheureusement pour Agniès, elle était sans doute tomber sur l'un des seuls seigneurs de tout le marquisat que son trône n’intéressait en rien. Ou du moins, avait terriblement peu d'intérêt par rapport à la perspective d'éteindre définitivement une lignée.

Réfléchissant où la jeune femme aurait bien put aller se cacher, Guilhem tiqua un peu et fixa son regard sur Agniès qui, penchée par la fenêtre était en train de vomir tripes et boyau. Ou bien elle en savait plus, ou bien... les contours de quelque chose d'énorme commencèrent à se dessiner dans l'esprit du seigneur. Quelque chose qui le fit palir et lui donna envie de la rejoindre à la fenêtre pour se mettre à vomir lui aussi. Il rejeta cette idée. C'était trop gros pour être vrai. Cela ne se pouvait pas.

Ayant terminé de rendre tout se que son estomac avait en réserve, Agniès était apparemment redevenue assez lucide pour aller se débarbouiller et tenir toute seule sur ses jambes, bien qu'on ait le sentiment qu'elle allait s'effondrer d'un instant à l'autre. Attendant qu'elle ait terminé, Guilhem l'attrapa par les épaules l'air mauvais et la mena jusqu'à l'un des fauteuils. Fini les bêtises maintenant.

« Plus d'alcool pour toi, décida-t-il. »

Assez rapidement, il déshabillait la jeune femme. Non avec des caresses comme la veille, mais de façon assez sèche et distante qui correspondait parfaitement à l'air renfrogné sur son visage.

« Je te jure que si jamais tu me reviens à nouveau dans un état aussi lamentable, je trouverais un martinet pour t'en faire définitivement passer l'envie. »

Une fois qu'elle fut nue, il l'installa dans le fauteuil avec un oreiller et une couverture pour qu'elle puisse passer la nuit. Pas question de l’accueillir dans son lit dans cet état alors qu'elle pourrait sans y prendre garde se mettre à lui vomir dessus.

Par les dieux, mais qui pouvait bien faire tout ce rafus ? Guilhem était loin d'être de bonne humeur tout d'abord, Agniès cherchait à lui dissimuler quelque chose. Puis, elle le laissait en plan pour sortir discrètement de la chambre, disparaissait pendant toute la journée, qui revenait ivre morte, vomissait partout et maintenant on ne le laissait même pas dormir tranquille. Non, sincèrement, il y en avait qui demain allaient comprendre leur douleur. Et cela risquait de ne pas être des plus plaisants. Sauf peut-être si certains avaient des penchants sexuels particuliers, on ne sais jamais.

Et comme si cela ne suffisait pas, on vint frapper à la porte pour le tirer de son lit.

Cette fois, c'était certain, il allait tuer quelqu'un. De préférence, la personne qui était en train de l'obliger à se lever. Elle faisait une parfaite cible en tout cas. Proche et logique. Plus énervé que ce matin lorsqu'on était venu l'enquiquiner à un mauvais moment, Guilhem ouvrit la porte pour commencer à agonir d'injure la servante qui se tenait devant lui avant de lui demander se qu'elle voulait.

Se fut en traînant les pieds qu'il alla chercher Agniès. Du moins, en traînant les pieds jusqu'à se qu'il l’aperçoive en train de tenter de passer par la fenêtre. Là, les choses furent différente. Elle tentait de s'enfuir. Une boule de colère se forma dans son estomac. Alors c'était pour ça qu'elle était venue dans son lit ? Être plus libre de ses mouvements et pouvoir s'échapper lorsqu'il aurait un peu baissé sa garde et l'aurait laissée plus libre de ses mouvements ?

Guilhem se rua littéralement sur la muette et l'attrapa pour la jeter par terre. Non, il n'était pas question qu'elle puisse s'enfuir. Pas question qu'il la laisse faire. Empoignant la jeune femme par les cheveux, il ne fit pas le moins du monde attention à ses coupures et l'enmena d'un pas rapide dans les souterains du château, ignorant purement et simplement ses tentatives pour se débattre jusqu'à la jeter dans une cellule.

Cela lui laisserait le temps de réfléchir un peu à se qu'elle faisait et à lui, de terminer sa nuit.

Entré dans le cachot, Guilhem s'approcha assez rapidement d'Agniès sans rien dire. Il resta à la regarder pendant un bon moment avant de s'accroupir devant elle pour être à son niveau. Il était vraiment difficile pour lui de mettre clairement des mots sur se qu'il était en train de ressentir. Il se trouvait particulièrement idiot de s'être fait avoir de la sorte. Elle était plus maligne qu'il ne l'avait crut. Beaucoup plus maligne. Sa tentative d'évasion était plus que brouillonne, mais si elle n'avait pas joué de malchance, les choses auraient put se dérouler comme elle le souhaitait sans doute au départ et à l'heure qu'il était, elle aurait put etre bien loin de Karras.

Vexé, déçus et touché dans son orgueuil par se qu'elle avait fait, le jeune homme poussa un profond soupire sans quitter sa prisonnière des yeux.

« Mais qu'est-ce que je vais faire de toi? »

La question se posait réellement et c'était sans doute le plus enquiquinant. Il n'en avait pas la moindre idée. Il n'avait pas envie de la laisser partir. Cette solution était purement et simplement à exclure. La tuer ? Toujours envisageable, mais se serait du gachis. Recommencer comme précédement ? Sa prochaine tentative d'évasion pourrait bien etre la bonne. Alors quoi ? Il allait la garder enfermée ici le reste de ses jours ? En toute honnêteté, si c'était peut-être se qu'il convenait de faire, ce n'état pas ce dont il avait envie non plus.

« Mais je dois avoué que ta tentative d'évasion était très bien. Si tu avait eu un peu plus de chance, tu gambaderais dans la campagne à l'heure qu'il est. »

Posant son manton sur une de ses mains, il observa la jeune femme comme s'il attendait d'elle une réponse miraculeuse.

Guilhem regarda la tablette, puis son amante en larme, puis à nouveau la tablette avec deux choses. Tout d'abord, la certitude que cette journée allait être longue. Vraiment vraiment longue. Ensuite, l'autre certitude qu'il avait, c'était que toute cette histoire allait lui donner un mal de crane des plus carabiné. Déjà, il fallait tenter de comprendre se qu'elle tenait de lui dire. Alors, on avait cherché à la poursuivre. Qui avait cherché cela ? Pourquoi ? Et comment la garde pouvait ne pas être au courant. Et puis, il n'avait vu personne. Que se soit des gens qui tenterait de s'en prendre à Agniès ou pas. Non, tout se qu'il avait vu, c'était une la jeune femme avait brisé une vitre et était fermement décidée à quitter Karras s'il n'était pas parvenu à la rattraper avant qu'elle n'ai eu le temps de sortir.

Mais il y avait d'autres possibilités. Au moins deux en tout cas qui venaient à l'esprit de Guilhem. Rien ne concrétisait la thèse qu'avançait la jeune femme. Rien du tout. Même une incompétence terrible de la part de chacun des gardes en faction la veille. Les intrus auraient forcément été repérés. Depuis que le seigneur d'Arion avait fait un raid sur Karras, la garde avait été renforcée et à moins d'être une souris, ces fameux agresseurs n'avaient pas put rentrer.

En conséquence de quoi, les deux hypothèses les plus vraisemblable étaient que la jeune femme cherchait à trouver une justification à son geste pour ne pas avoir à rester croupir dans ce cachot, se qui risquait fort d'arriver si jamais elle avait bel et bien tenté de s'enfuir. Cela, elle en était très certainement consciente, raison pour laquelle elle cherchait maintenant une justification pour échapper à la punition.

L'autre solution était qu'elle devenait folle. C'était possible. Il avait déjà vu des personnes ayant subit un traumatisme se mettre à être persuadées qu'on voulait attenter à leurs vies. Mais là, à moins que le fait de dormir dans un fauteuil ait tenu le rôle du traumatisme ou que cela ait quoi que se soit à voir avec l'alcool, Guilhem ne voyait vraiment pas. Aussi, c'était malheureux, mais l'hypothèse qui lui paraissait la plus vraisemblable était celle celons laquelle elle tentait en ce moment de justifier comme elle le pouvait une tentative de fuite.

« Il n'y avait personne. »

La voix de Guilhem était blanche. Pas le moindre sentiment à par peut-être une colère rentrée qu'il s'efforçait de maîtriser. Il avait fait confiance à la demoiselle et elle avait filé bien vite.

Comment lui faire à nouveau confiance ?

« Tu as brisé une fenêtre de la grande salle et tu t’apprêtait à passer dehors lorsque je t'ai rattrapé. »

Guilhem tendit la tablette à sa prisonnière.

« Il n'y avait absolument personne mais tu as tenté de t'évader Agniès. Et maintenant, j'avoue que je ne sais plus si je dois te faire confiance ou pas. »

Et pour être tout à fait honnête, il avait un très sérieux doute. Il allait falloir trouver quelque chose pour convaincre Guilhem si elle ne voulais pas passer un moment dans cette cellule.

Le seigneur de Karras à qui elle venait de tendre la tablette la regarda puis lut ce qui était inscrit avant de la regarder à nouveau. Un silence de sourd pesait dans les cachots à cet instant bien précis. Guilhem prit la parole. Il était le seul à physiquement pouvoir rompre ce silence de sa voix. C'est alors qu'il annonça qu'il n'y avait personne. Iseult ouvrit de grands yeux en secouant la tête. Elle était persuadée qu'il y avait quelqu'un.
C'est alors qu'il ajouta qu'elle avait brisé la fenêtre du grand salon par laquelle elle tentait de s'enfuir. Iseult fondit en larmes. Pourquoi? Pourquoi aurait elle fait cela si ce n'était pour échapper à ses aggresseurs? Elle avait l'impression de devenir folle. Elle n'avait pas rêvé, elle les avait bien entendu. Malheureusement pour elle, ces voix étaient dans sa tête, terreur fantasmagorique nocturne qui lui avait fait perdre la notion du rêve de la réalité.

Guilhem émit alors des doutes sur elle, lui demandant comment lui faire confiance à présent. Il est vrai que de son point de vue à lui, cela était légitime de se poser autant de questions. Mais elle, pour le moment, elle restait bien trop accrochée à son histoire, son rêve, sa réalité. Avançant une main tremblante vers la tablette, elle excerça un léger mouvement dessus qui fit céder Guilhem.
Le stylet en main, Iseult y grava quelques phrases supplémentaires.

Je n'ai pas rêvé! Je ne suis pas folle. Je les ai entendus. Ca criait dans tous les sens.

Ses mains se ressersèrent le temps d'un instant sur le stylet avant que la muette ne se remette à écrire. Malgré les larmes qui ruisselaient sur son visage, et la peur lisible dans son regard, elle avait un air grave.

Si j'avais voulu fuir, pensez vous réellement que j'aurai agis de la sorte? Je n'aurai certainement pas brisé une vitre et ameuter tout le chateau. Les herses sont baissées comment aurai je fait pour fuire ensuite? Même si je suis votre captive, je ne veux pas partir. Je suis bien ici, à vos côtés.

Puis le stylet tomba. Elle s'était tellement crispée en écrivant cela, sans doute une pointe de colère dans toute cette démence qu'il la pense capable d'agir de la sorte. Enfin quoiqu'il en soit, sa main dont les lacérations causées par les brisures de verre laissèrent couler le sang vermeil de la demoiselle sur la tablette de cire. Elle ne le lui avait pas encore tendu. Elle regardait ces gouttes de sang qui se répandait sur la cire.

Agniès avait un air... hystérique. Oui, totalement hystérique, c'était le mot. Et il n'était pas particulièrement faible pour catégoriser le comportement de la jeune femme. Loin de là. On pouvait vraiment penser qu'elle était devenue complètement folle. En tout cas, elle soutenait envers et contre tout que se qu'elle avait crut subir était vrai. Mais plus elle rajoutait des précisions, plus son histoire se faisait bancale. Que des hommes se soit introduit dans Karras au nez et à la barbe de toute la garde était déjà très fortement improbable. Qu'ils en aient voulut à la vie d'Agniès qui, globalement n'était personne mis à part celle qui partageait le lit de Guilhem rendaient cette thèse plus farfelue.

Mais qu'elle prétende qu'ils avaient crié en la pourchassant finissait d'achever toute sa crédibilité.

En tout cas, la laisser là n'était pas la solution. Elle avait besoin de repos. De beaucoup de repos. Sinon, elle allait devenir complètement folle. Et puis, elle avait raison. Même si elle était sortie du château, elle n'aurait pas put quitter la basse court à moins de marcher jusqu'au mur d'enceinte et de se jeter du haut de celui-ci. Étant donné la hauteur, on pouvait plus facilement apparenter cela à un suicide qu'à une tentative d'évasion.

Il se fit la remarque qu'elle s'attachait sans doute un petit peu trop à lui à son goût. Pour lui, elle était une simple maîtresse. Enfin, peut-être que lui aussi s'attachait à elle. Mais pas autant que cela. C'était à la fois touchant et un peu gênant de voir pareils mots.

Enfin, pour le moment, il avait d'autres choses dont il fallait qu'il s'occupe. Aidant Agniès à quitter les cachots, il l'amena jusque dans la chambre et la confia aux bons soins de son medecin. Il avait d'autres choses importantes à faire et rester pour attendre qu'il ait fini de s'occuper de ses blessures ne faisait pas partit des possibilités envisageables.

« Donnez lui quelque chose pour la faire dormir, ordonna-t-il au medecin. Elle a besoin de repos et de repos calme. »

Pas la peine de lui donner quoi que e soit si c'était pour la précipiter à nouveau dans une terreur nocturne comme celle qu'elle venait de subir. Après un court baiser, Guilhem quitta la chambre sans avoir fait le moindre commentaire sur se qu'elle avait écris et qui

Sans doute la première fois qu'il évitait les sarcasmes sur se qu'elle avait écris.

Guilhem fut donc obligé de prendre la tablette par lui même afin de pouvoir les quelques lignes que la muette y avait inscrites. Il les lut avec une certaine attention. Toujours baissé à la même hauteur qu'elle, il finit par l'aider à se relever à son tour. Il avait fait son choix. Il ne la laisserait donc pas croupir ici. Iseult suivit alors Guilhem qui la soutenait jusqu'à la chambre de ce dernier où il l'installa sur le lit.
Le médecin de Guilhem ne tarda pas à venir. Sans doute suite à un ordre qu'il avait donné alors qu'elle était à moitié dans les vapes pendant le trajet. L'homme de sciences arriva et le seigneur lui laissa ses instructions. L'homme acquiesça à cet ordre. Avant de partir, Guilhem embrassa la muette puis quitte la pièce pour vaquer à ses occupations.

Seule avec le médecin, celui ci commença par s'occuper de ses pieds. Il retira quelques petis débris de verre ce qui fit couler le sang sur les draps. Suite à cela, il nettoya les plaies ouvertes qui n'avaient pas besoin de sutures et les pansa. Il s'attaqua ensuite à ses mains en répétant la même chose. Il désira alors regarder la gorge de la jeune femme. Lui faisant retirer le collier de cuir qu'il déposa sur le chevet, il regarda l'ancienne blessure. Le médecin se faisait déjà une idée sur la raison de la terreur nocturne de la jeune femme. Cela avait forcément un lien avec cette marque.
Les blessures étaient toutes soignées, il s'éclipsa de la pièce pour retourner dans son antre chercher de quoi la faire dormir. Quand il revint, Iseult était debout face à un miroir, en larmes alors que ses doigts effleuraient la cicatrice. Cela ne faisait plus aucun doute pour lui que cette folie passagère était causée par cette marque.

Préparant alors une infusion à base de veine de vénus (verveine) et de casque de jupiter (aconite), il ajouta un peu de camomille et de miel afin de rentre le mélange un peu plus buvable. Puis il tendit la tasse chaude en lui demandant de tout boire après l'avoir ramenée au lit. Iseult obéit, buvant la mixture dans son entier. Le médecin resta dans la pièce jusqu'à ce qu'elle finisse par s'endormir. Cela mit une trentaine de minutes avant que la jeune femme ne s'endorme.
Une fois la belle endormie, le médecin quitta la pièce et alla voir son seigneur pour lui faire part de ses observations. Quand il eut trouvé Guilhem affairé à son bureau, il prit la parole de sa voix un peu chevrotante.

Elle dort à point fermé à présent. Ses mains et ses pieds ont été soignés. Par contre, il y a un détails dont j'aimerai vous parler: sa cicatrice. Je ne sais pas ce qui a pu se passer mais quoiqu'il en soit, elle aurait du en mourir. Je pense que cela l'affecte beaucoup et que cela doit la hanter car ça a du être un pur acte de barbarie. Heureusement qu'elle a été parfaitement soignée...

Guilhem regarda le médecin avec un air totalement désabusé, mais également passablement énervé et plus qu'agacé. Tout cela devenait vraiment n'importe quoi. Bien sur qu'elle avait sans le moindre doute été traumatisée par ce qu'elle avait vécu. Mais il n'y avait pas la moindre raison qu'elle se prenne à revivre ses souvenirs. Sauf si sa mémoire aimait la faire souffrir. Peut-être une forme de masochisme lattent chez elle. Possible. Enfin, il n'y avait pas à s'éterniser là dessus au final. Les choses étaient se qu'elles étaient. Elle était traumatisée par l'attaque qui avait été mené sur le manoir et au cour de laquelle elle avait été blessée.

Merci Captain Obvious.

Le pauvre home de l'art n'eut malheureusement pas la possibilité de s'en tirer à si bon compte. La colère et le manque de sommeil de Guilhem qui avait passer la nuit à parcourir les couloirs avaient besoin d'un défouloir. Il était à porté, dommage pour lui.

« Si je ne m'abuse, vous êtes médecin. »

« Oui seigneur. »

« Et je suppose que vous n'avez pas la moindre idée de la façon dont on pourrait arranger les choses pour cette cicatrice. »

Une légère nervosité était apparue chez l'homme de l'art. Bien sur que non il n'avait pas d'idée. Il était medecin, pas magicien. Et encore, faire disparaître cette cicatrice et le traumatisme qui allait avec, ce n'était pas de la magie mais un miracle. Miracle dont on pouvait douter de la réalisation. Même sans savoir qui elle était vraiment, un dieux cruel avait apparemment décidé de faire d'elle son souffre douleur. Du coup, il était légitimement possible de douter plus encore de la probabilité d'une intervention divine dans ce cas plutôt que dans un autre cas.

« Non messire. »

« Alors cessez d’énoncer des évidences maillées de spéculations vaseuses sur des faits auxquels vous ne pouvez rien et bornez vous à se que vous connaissez et savez régler, ordonna Guilhem d'un ton sec. Faute de quoi on pourrait bien vous prendre pour un affabulateur ou un incompétent. »

Le médecin ouvrit la bouche pour répondre à l'insulte. Il n'avait pas l'intention de se laisser faire comme cela. Mais le regard noir de Guilhem le dissuada de faire quoi que se soit dans ce sens.

Avec une inclinaison du buste et la formule d'usage, le médecin quitta la pièce, laissant son seigneur à ses occupations.

* * *

Agniès ne se réveilla pas avant la fin de l'après midi. Le moins que l'on pouvait dire, c'était que cette décoction avait été particulièrement efficace sur la jeune femme elle avait eu un sommeil de plomb et, autant qu'on pouvait en juger de l'extérieur, un sommeil calme. D'un autre côté, c'était l'objectif. S'il avait été là pour la veiller, Guilhem n'aurait certainement pas prit la peine de noter cela.

Mais voilà, ce n'était pas lui qui était assis prêt du lit à veiller sur le sommeil et à présent le réveil de cette belle brunette.

C'était Favrielle et son visage mutilé qui épiait la jeune femme en veillant sur son sommeil, l'air un rien renfrognée. Elle ne dit rien tout d'abord. Elle se contenta de garder les yeux sur la muette, la laissant se réveiller et reprendre un petit peu ses esprits. En tout cas, jusqu'à se qu'elle se soit mis assise.

« Je ne te conseille pas de vous mettre debout pour le moment. Tu as toujours des blessures aux pieds. Le médecin a dit qu'il fallait que tu reste tranquille, elles ne guériront jamais si tu les sollicite tout le temps en essayant de marcher. »

Puis il y eu un blanc. Bien entendu, Agniès ne pouvait pas dire quoi que se soit et si Favrielle ne le faisait pas pour elle, le silence allait s'éterniser.

D'un geste, l'ancienne esclave de Daren lui tendit son collier. Le médecin lui avait retiré et ne lui avait pas remis, ne se rendant pas compte que pour la jeune femme, c'était plus qu'un bijoux ou qu'un accessoire. C'était se qui lui permettait de supporter son reflet dans le miroir, dissimulant sa cicatrice qui, bien qu'elle ait été traitée et soit refermée depuis longtemps, n'était pas belle à voir.

« On m'a dit que tu voulais me rendre ma liberté, dit calmement Favrielle. »

Son ton se fit ferme et déterminé lorsqu'elle continua.

« Je ne veux pas. »

Le moins que l'on puisse dire, c'était que le spectacle avait quelque chose d'assez étonnant. Guilhem marqua d'ailleurs une pose pour l'observer. D'un côté, il y avait Favrielle debout à côté du lit qui donnait à boire à Agniès sans apparemment se préoccuper de l'entrée de Guilhem dans la chambre. De l'autre, le jeune femme semblait elle plutôt avoir envie d'arrêter de boire pour reporter son attention sur son amant. Favrielle retira le gobelet qu'elle posa sur le côté, s'inclinant légèrement pour laisser la place à Guilhem. La tête basse dans une posture sage, débout dans un coin de la pièce, elle semblait être invisible. La discrétion était sans le moindre doute un talent que l'on développait rapidement lorsqu'on était au service de Daren et que sa survie dépend du fait de ne pas se faire remarquer.

Mais loin de bouger, Guilhem observa un moment les deux jeunes femmes, un sourire ironique sur le visage. Il était un peu en train de se moquer. Et au fond, il n'avait pas tord. Un peu plus tôt, Agniès était fermement décidée à libérer la jeune femme de la servitude. Voilà qu'à présent, elle était forcée de s'en remettre complètement à cette jeune femme au corps mutilé. Il s'interrogea d'ailleurs assez rapidement sur se que faisait cette jeune femme avant d'être capturée. Daren n'avait prêter que peu d'attention aux capacités qu'elle pouvait avoir. Dans le cas contraire, il aurait évité de lui couper les doigts. C'était généralement une mauvaise idée.

« Et toi qui voilait te débarrasser d'elle, dit-il en s'approchant du lit. »

Il se mit assis face à Iseult et lui prit les poignets pour observer attentivement les bandages comme s'il voulait en jauger la qualité ou bien trouver une erreur dans la façon dont ils étaient noué.

« Combien de temps, demanda-t-il en se tournant vers Favrielle ? »

Il avait renvoyé son médecin avec pertes et fracas avant de lui poser la question et n'avait pas envie de parcourir le château à la recherche de quelqu'un qui allait sûrement éviter de le croiser pour le reste de la journée de peur qu'il ne se décide à passer totalement ses nerfs sur lui.

« Il a dit qu'elle en avait au moins pour deux jours, répondit posément l'esclave. Les entailles ne devraient pas laisser de cicatrices très visibles. »

Guilhem attendit un peu, réfléchissant à se qu'il allait faire maintenant avant de s'adresser une nouvelle fois à Favrielle.

« Sort. »

Un peu surprise, la jeune femme eu un temps d'arrêt avant de s'incliner et de sortir de la chambre. Elle n'allait pas aller loin. Juste s'adosser contre le mur en face de la porte. Elle avait une assez vague idée de se qui allait se passer entre eux, mais elle n'en était pas certaine. Cela la surprenait d'ailleurs. Elle n'aurait pas pensé que le seigneur de Karras se comportait de cette façon. Cela correspondait assez peu au personnage distant qu'il était avec tout le monde.

Jetant un coup d’œil sur les moignons qui avaient remplacé plusieurs de ses doigts, Favrielle serra les dents en se demandant se qu'Agniès avait de plus qu'elle pour avoir le droit à un amant qui ne lui ferait pas de mal alors qu'elle avait dut souffrir un monstre qui avait prit plaisir à la mutiler.

Quoi que la captive ait put imaginer qu'il se passe entre Agniès et Guilhem, il y avait assez peu de chances que cela se soit révélé vrai.

Le seigneur de Karras avait bougé pour être à côté de son amante et avait passé un bras pas dessus ses épaules.

« Le médecin m'a dit que c'était le traumatisme de ta vieille blessure qui t'avait fait complètement lâcher prise avec la réalité. »

C'était la pure vérité et aucun d'entre eux n'avait ni envie ni besoin qu'on leur rappel d'où provenait cette blessure et qui en était vraiment à l’origine.

« Pense-tu que tu auras à nouveau ce genre de crises ? »

Guilhem ne put s'empêcher de grimacer lorsqu'il eu sous les yeux le message d'Agniès. On ne pouvait pas dire qu'elle lui apprenait grand chose. Loin de là. Bon, cela expliquait toujours pourquoi elle s'était ainsi levée dans son sommeil et sans doute aussi se qu'elle faisait à regarder la lune toute nue sous la pluie lorsqu'ils étaient en train de faire le trajet entre le petit manoir où il l'avait trouvé et Karras. Il n'y avait pas repensé depuis cette fois-ci, mais il fallait dire que c'était sans le moindre doute l'explication la plus probable à se qui s'était passé alors. Enfin, cela n'avait pas d'importance. Maintenant, il fallait voir pour se qui était de la suite. Il aurait bien une idée, mais il doutait que la jeune femme.

Après tout, il l'avait bien trouvé attachée et les yeux bandés à moitié nue sur son lit le soir ou il l'avait dépucelée. Même s'il doutait fortement qu'elle soit à l’origine de la position dans laquelle il l'avait trouvé, il était pourtant clair qu'elle n'avait pas trouvé la situation déplaisante. Et puis, il n'avaient pas trop le choix.

Il fallait qu'elle reste tranquille jusqu'à se que ses pieds soient guéris. Par conséquent, interdiction de sortir du lit. Et avec son somnambulisme, Guilhem ne voyait qu'une seule et unique solution.

Il va falloir t'entraver au lit, dit-il tranquillement. »

Si elle avait un meilleur moyen de l'empêcher de faire n'importe quoi et de se vider de son sang par les pieds en courant dans tout les sens à l'intérieur de Karras comme si elle était possédée, Guilhem était preneur. Mais lui n'en voyait pas.

Cela aurait d'ailleurs un autre effet qui n'était pas pour lui déplaire. Agniès semblait avoir prit l'habitude de s'éclipser au petit matin. Une habitude que, pour être honnête, il n'appréciait pas. Une fois duement entravée au lit, pas question d'en partir tant qu'il ne l'aurait pas délivrée.

« Sauf bien sur si tu as une autre idée. »

Il en doutait, mais cela ne coûtait rien de demander même si le fait de l'entraver au lit était déjà une idée bien mise en place dans la tête de Guilhem.

« Je te fais apporter quelque chose ? Tu risque de devenir folle à passer deux jours sans sortir de ce lit. »

Visiblement, Angiès avait envie de prendre un petit peu d'avance. C'était assez étonnant, surtout lorsqu'on voyait son petit air désespéré à l'idée d'être à nouveau entravée. Il devait avouer que cette attitude le laissait un rien sceptique. Surtout qu'elle n'avait pas parut trouver cela déplaisant quelques jours plus tôt. Là, elle avait l'air triste, malheureuse et résignée. Difficile à comprendre décidément cette petite demoiselle. Enfin, il parviendrait bien un jour à percer les mystères de ces jolis yeux verts. Mais pour le moment, il fallait qu'il remette les choses au point avec elle. Parce qu'elle semblait prête à se faire attacher et à rester comme cela toute la journée.

Doucement, Guilhem prit les mains de la demoiselle et les tira pour l'amener contre lui.

« Je ne vais pas t'entraver tout de suite voyons. Se sera seulement ce soir pour éviter que tu ne te mette à déambuler dans tout le château avec tes pieds dans cet état. »

Mais peut-être que cela lui plairait aussi. Mêler l'utile et l'agréable n'amenait que rarement de mauvaises choses.

Posant une main sur les hanches de la demoiselle, il la serra contre lui et avança son visage pour l'embrasser.

Pour le moment, il avait d'autres projets.