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 Le devoir est parfois emprunt de renoncement | Solo

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Halyalindë
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MessageSujet: Le devoir est parfois emprunt de renoncement | Solo   Le devoir est parfois emprunt de renoncement | Solo I_icon_minitimeLun 1 Aoû 2016 - 16:27

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De bois, de pierre, mais aussi de fer >>


sixième jour de la Première ennéade de Karfias
An 9 du XIe Cycle


Hiel soupira en se laissant tomber dans le fauteuil qui trônait près de l'immense fenêtre ouverte sur une bonne dizaine de mètre de dénivelé, les yeux perdus dans la canopée. La musique légère d'une flûte qui montait depuis une petite place en contre bas jusqu'à sa petite demeure emplissait la pièce a vivre d'une atmosphère réconfortante.

Enfin...

Ils étaient enfin de retour à Ardamir. Le gros de l'armée était restée au Sud, postée à la frontière pour empêcher une contre-attaque drow. Des roulements rapides seraient organisés pour permettre aux soldats de prendre du repos après tant de temps de mobilisation. Mais pour lui, ça serait bien différent. Il allait bien avoir une ennéade de permission, mais plus les heures passaient, plus il se demandait s'il n'allait pas l'écourter.

Arrivé le matin même en ville avec l'escorte de la Protectrice, il l'avait laissée aux bons soin des membres du conseil, des gardes et des guérisseurs du Palais. Il avait rendu un rapport complet au Seigneur Limier Killen et s'était même entretenu avec lui... Il n'avait rien omis. De la préparation de l'attaque à la découverte de l'empoisonnement de leur Protectrice en passant par le combat contre le mage drow et le rôle que lui-même avait joué dans tout cela, il avait essayé d'être le plus clair possible. La traîtrise de la guérisseur du Baar'Ane avait l'air de toucher l'officier presque personnellement, bien plus que le fait qu'un Limier se soit laissé abusé, mais il n'avait fait aucun commentaire dans ce sens. En fin de matinée, une cour martiale regroupant le Seigneur Limier, Kaëlis et un capitaine resté à Ardamir s'était réunie pour statuer sur le cas d'empoisonnement. Au final, aucun grief ne fut retenu contre lui, son frère d'arme ou le jeune aide qui les avaient suivi. Il était totalement innocent et prêt à profiter d'un repos bien mérité.

Maintenant, il avait remplit son devoir. Il pouvait allé se recueillir aux temples de Tari et de Kÿria pour ses camarades tombés au combat et pour tous ceux qui étaient encore là-bas. Il pouvait allé traîner dans les hauteurs pour écouter les penseurs décrypter la situation dans laquelle se trouvait leur peuple et donner des pronostique sur les défit qu'il leur faudrait encore relevé dans les décades à venir. Il pouvait flâner entre les échoppes et profiter de l'ombre des bibliothèques pour lire. Il pouvait rentré voir ses parents et sa sœur pour les rassurer. Il pouvait frapper à la porte de Leïadin ou Hëbrand ; renouer avec ses amis, les avertir de son retour, mettre fin à l'angoisse que certains devaient ressentir. Il se demanda ce que pouvait bien faire Hedën et ses beaux yeux. Il fallait qu'il fasse un grand ménage aussi et qu'il aille à la forge pour une vérification complète de son matériel. En un mot comme en cent, il avait de quoi faire... Il avait besoin de retrouver une vie stable au milieu de toute cette folie... Les images d'Eraison, les corps en décompositions de leurs propres frères... des enfants mutilés... les ombres qui avaient pries le visage de leurs frères d'arme... Un flot de sang, une odeur infecte et l'aversion qui lui retournait les tripes au point de lui en donner la nausée...

Tout cela, il le revoyait sans cesse. Il revoyait les visages et entendait les cris... Cette détonation, le grondement du palais qui s'ébranlait. Et plus que tout, il revoyait sa propre épée s'abattre sans un soupçon d'hésitation sur des visages amis... et Cabrodir bondir de l'ombre pour prendre un coup à sa place.

Il passa une main sur son visage.

Il ne pouvait pas continuer à ressasser tout cela. Il devait aller de l'avant !

Il sauta dans ses chaussure et quitta sa maison à peine retrouvée. Il devait sortir avant que ces fichus murs de l'écrasent.






Halya fixait le plafond.

Ces bête, elle n'avait jamais pris le temps de le regarder ce plafond. Chaque veine sombre du bois avait pourtant sa propre forme, sa propre course. D'une teinte sombre a une couleur presque crème, le Palais de Chêne renfermait plus de secret dans un mètre cube de sa structure que le Trône Blanc lui-même, elle en était convaincue.

Étendue sur son lit, la tête posée à même le matelas, elle se demanda un instant si Dragan avait jadis regarder ce pan de plafond avant de se lever. Peut-être avait-il, comme elle, suivit ses lignes et ses nœuds pour en faire tout un dessin... Et peut-être n'y avait-il jamais jeté un coup d’œil. Une chose était sûr, quelque soit le Protecteur qui avait dormi dans cette chambre, aucun d'eux n'avait vu ce qu'elle venait de voir et elle-même ne reverrait plus jamais exactement le même spectacle. C'était cela, vivre dans être vivant : accepter qu'il soit en constante évolution. Près de la grande fenêtre, une décoration étrangement déformée lui rappela que ne c'était que plus vrai encore depuis le Voile.

Baignée par la Symphonie, apaisée par l'environnement familier, elle ferma les yeux. Dans sa mémoire, la voix particulièrement prenante du Chêne lui-même rendait son timbre actuel plus profond. Depuis cette expérience, elle sentait toujours une présence amicale et affectueuse à proximité du Palais... Mais aujourd’hui, cette tendre sympathie s'apparentait à de la cruauté. Dans la foule de voix et d'émotions, alors même que les murmures qui l'avaient torturé tout au long de son séjour près d'Eraison avaient disparus, elle se sentait plus seule que jamais.

La porte lui apparaissait toujours de temps à autre du coin de l'oeil mais elle ne s'en préoccupait plus. L'ombre d'Unmiriël avait disparue de ses moments de veilles, ne venant à elle que dans son sommeil, tentant de lui faire prendre un chemin à travers une végétation si dense qu'elle finissait par y rester coincé. D'autres contre-coups pouvaient encore s’énumérer, mais aucun n'avait vraiment d'importance. Le vide abyssale que Halya ressentait était dû à la culpabilité et à la peur. Tout la poussait à sauter à bas de ce lit, enfiler les premiers vêtements qu'elle pourrait trouver et partir à la recherche de Randil... Mais elle n'avait aucune piste pour commencer ses recherches et elle était encore trop faible pour se lancer à corps perdu dans une chasse qui pouvait prendre des années. Elle se sentait isolée et impuissante comme elle ne l'avait jamais été.

Quant à Fenris ? Elle préférait ne pas y penser... sans réellement y arriver.

Elle sentait de plus en plus nettement sa propre dualité, comme si elle n'était à sa place nulle part, comme si elle n'arrivait pas à être totalement elle-même quelque soit la situation. Et dans le même temps, elle sentait qu'en plus des drows qui ne les laisseraient pas en paix, une autre menace bien plus pernicieuse dont elle avait déjà fait les frais pointait le bout de son nez à l'abri des regard.

Les terres touchées par les combats étaient de plus en plus nombreuses. Les elfes emplis de haine également. Depuis le début des temps, le peuple elfe ne faisait que perdre peu à peu des parcelles de son essence. Tant qu'il n'auraient pas trouver un moyen de guérir ce qui était blessé, d'étendre là ou d'autre ne faisaient que prélever, alors leur peuple, leur mode de vie et leur Soeur étaient voués à l'extinction. Dans des dizaines de Cycle, certes, mais l'extinction tout de même...

Et elle était clouée au lit sans qu'aucun mage n'arrive à expliquer ce qu'elle avait... ce qu'elle était murmurait certains. Malgré les efforts de son propre père et de nombres d'autres mages de l'immatériel de tous horizons, l'esprit de la protectrice se défilait. Elle était impossible a atteindre pour la plus grand partie des mages qui l'avaient examinée et difficilement par les autres. Pas un n'avait réussi à interagir avec elle, que ce soit pour tenter d'influencer et de trouver des informations.

Avec le temps qu'elle passait clouée au lit, elle avait recommencé à mettre son nez dans quelques affaires mais Kaëlis s'occupait toujours de la majeur partie du travail et insistait pour qu'il en soit ainsi, connaissant la propension de sa cousine à se laisser emporter par le travail. Plus les heures passait et plus Halya pensait à une solution plus définitive... Aussi, trois jours après son retour, elle et Kaëlis avaient eu une longue discussion hors de tout différent familial. Il était clair que dans l'état actuel des choses, Halya était tout sauf prête a reprendre du service, mais organiser une élection dans un contexte pareil serait la pire des choses... sans compter le nombre de personnes qui protesterait contre le fait de démettre de ses fonction une Protectrice qui s'était imposée en temps de crise par son dévouement, qui avait sût maintenir la paix malgré le Voile et qui avait blessée en se battant au côté de leur soldats. Certains refuseraient catégoriquement une telle chose, et même au sein du conseil, elle connaissait toute deux des personnes qui seraient très réticente à cette idée.

Cependant, laisser les choses en l'état était aussi difficile pour Halya que pour son bras droit. L'une n'arrivait pas à lâcher suffisamment de leste pour se concentrer sur sa convalescence et la recherche de Randil, l'autre ne savait pas très bien comment se placer par rapport au Conseil et son autorité restait toute relative tant que sa cousine était dans les murs.

La discussion fut longue, mais la décision semblait la seule à pouvoir satisfaire tout le monde... même si elle était sans précédent.  

Cinq jours après son arrivée, lors d'un Conseil restreint, la Protectrice en personne revint sur la situation qu'ils traversaient actuellement. Elle expliqua les raisons d'une telle décision et annonça qu'elle ne pouvait soutenir la charge qui était la sienne pour le moment à cause d'une fragilité mentale et de préoccupations personnelles. Si elle restait concernée par le devenir des habitants d'Ardamir, elle ne pensait pas être en mesure d’œuvrer au mieux pour la Cité et devait régler plusieurs problèmes d'ordre personnels avant de pouvoir de nouveau se consacrer correctement au Peuple.

Halya s'était attendu à un vent d'agitation mais les conseillers la regardaient plutôt avec intensité. Ils se posaient tous des questions depuis son retour... et a raison. Aussi ne les fit elle pas attendre d'avantage.

-Je sais que cela ne s'est jamais vu en Ardamir, mais l'avenir de notre peuple compte beaucoup pour moi et je pense que nous sommes à un tournant décisif de notre civilisation. Mais comme je viens de vous l'expliquer, je ne m'estime pas en mesure de continuer a assurer la tâche de Protectrice.

Elle prit une inspiration. Killen lui offrit un de ses rares sourire. Il savait que le ton très officiel qu'elle employait n'était pas choisit par hasard et quoi qu'elle annonce, ce n'était certainement pas un coup de tête. Reconnaissante, elle hocha légèrement la tête, après tout, elle était entouré d'ami et de collaborateur de longue date ici.

-Je vous demande à tous un délais de deux ans pour me permettre de régler tout ce qui doit l'être afin de pouvoir me consacrer sereinement à notre Cité sans la mettre en danger. Si au bout de ce laps de temps je n'ai pas été capable de venir à bout de ces problèmes ou si vous ne me jugez plus apte, je renoncerais définitivement à mon titre de Protectrice.

Cette fois, les mines furent plus sérieuses. Des sourcils froncés ou au contraire levés de surprises. Des mains passant sur des visages concentrés. Des regards échangés.

-Mais à qui reviendra cette tâche en votre absence ?
-Comme la tradition l'exige je suppose, Kaëlis s'en chargera n'est-ce pas ? Répondit l'Ancien avec un sourire bienveillant.
-C'est exacte. Et mon père accepterait de lui servir d'assistant pour l'alléger d'une partie de ses obligations en tant que Représentante des Mages de la Cité.
-La question est donc plus de savoir si nous sommes près te donner des vacances ou si nous exigeons ta démission dès a présent.

Des protestations fusèrent. Des remarques toutes plus pertinentes les unes que les autres. Heureusement, le Conseil avait l'habitude de devoir réguler ses débats et les discussions se mirent en route de façon relativement ordonnées. Les Conseillers répondaient aux objections des uns et des autres, demandant des précisions aux deux principales concernées de temps à autres. Les délibérations furent longues. Après tout, de mémoire d'elfe, aucun protecteur n'avait jamais fait une telle demande, et même d'après les érudits de l'assistance, aucune archive ne faisait mention d'un tel fait.

Au fin de journée cependant, même les plus septiques étaient plus ou moins tombés d'accord. Une alternative au dilemme : nouvelles élections ou obliger une Protectrice en pleine convalescence à reprendre le flambeau, était nécessaire, tous en convenait, et celle là semblait faire l'affaire malgré la procédure peu standard.

Officiellement, Halya serait toujours Protectrice et pourrait être consulter au cas par cas tant qu'elle serait au Palais, mais elle n'aurait plus aucune obligation. Kaëlis remplirait réellement la charge pendant deux ans au plus et le Conseil lui-même déciderait le cas échéant si leur Protectrice était apte a reprendre sa tâche.

Un poids immense venait d'être retiré des épaules de la guerrière... Et une absence de plus s'ajoutait à toutes les autres : celle d'un devoir envers un plus grand bien. Déchargée de ce chemin tout tracé, une infinité de possibilité s'offraient à elle... et c'était déroutant.







Trois coups retentirent à la porte, obligeant Killen à lever les yeux du rapport d'un d'un Limier en faction en Wyslena. Les dros avaient, semblait-il, également été repoussés en même temps que ceux du front sud grâce à l'intervention de forces étranges et d'un soutien Noss inattendu. Sur un ton égale, il invita son visiteur à entrer... et ses sourcils se froncèrent lorsqu'il reconnu l'homme en uniforme qui venait juste de rentrer.

"Bonjour Seigneur Limier Killen."

L'officier hocha la tête et se rassit.

"Rompez. N'étiez vous pas sensé être en permission?"

Le jeune elfe sembla hésiter un peu, ayant du mal à soutenir le regard de son supérieur. Mais sa décision était prise et il ne voulait pas revenir dessus! Il planta son regard doré dans les yeux sombre du balafré et parla distinctement.

"C'est un honneur de servir Ardamir, Monsieur, mais je pense que le moment est venu de le retirer de la vie militaire."

Killen ne leva même pas un sourcil. Après les combats qui avaient eut lieu, ce n'était pas le premier jeune à se dire qu'il serait plus sage de choisir une autre voie avant d'être totalement brisé... qui aurait put lui en vouloir? Cependant... ce désistement en particulier laissait un goût amer dans la bouche du militaire.

"Rendez votre uniforme et votre armes à l'intendant des Limiers. vous pouvez garder votre arc et votre dague et votre brassard. Nous vous remercions pour vos loyaux service. Vous pouvez disposer."

En une fraction de seconde, Hiel se retrouva de nouveau dans le couloir de cet immense palais. Il pourra un soupire.

C'était fait.
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