La Lice

[HRP
Aetius > Frappe au casque
Cléante > Frappe au casque

Jet de chute réussi pour Aetius : 10
Jet de chute réussi pour Cléante : 2]

Le deuxième assaut était lancé et les deux cavaliers fondèrent l’un sur l’autre, tout aussi décidé l’un que l’autre à faire tomber l’adversaire. Les deux brandirent les lances bien hautes et ce fut un double choc.
Choc qui fut bien encaissé par le Désargenté… Beaucoup moins par la Péninsule d’Odelian qui reçu un choc violent qui le désarçonna et le laissa en semi-conscience, totalement sonné tant par le coup que par la chute violente qu’il venait de vivre.
Déjà on supposait qu’à jamais, la Péninsule serait changée par ce coup porté.

La foule applaudit, en liesse car désormais, la Grande Finale était dessiné.

Le Sieur d’Ivrey est déclaré vainqueur !

Cela serait donc le Taureau du Sud contre le Désargenté pour la Grande Finale.

Un nouvel affrontement, plus brutal et expéditif encore. Les deux chevaliers, de valeur égale sur la première lance, s’étaient décidés à des frappes plus osées. Les deux jeunes gens, emportés par leur hargne commune, s’élancèrent à la vitesse du vent, balayant sur leur passage un nuage de poussière formant derrière eux des volutes de fumées légères et tournoyantes. Se jetant l’un sur l’autres, les chevaliers avaient fait de leur lance le prolongement de leur corps et dans un élan d’une force réciproque, ils brisèrent chacun leur lance sur le casque de l’adversaire. Hélas, Cléante, la Péninsule d’Odélian, ne sut fixer correctement le casque d’étrange facture de son adversaire et ce dernier, porté par son élan et sa force brute, n’eut aucun mal à laisser sa pique percuter le crâne recouvert d’acier du héraut de Gaucelm. Endurant, stoïque, le coup, Aetius ne put cependant pas réprimer entièrement un cri de douleur qui s’échappa, sourd et déformé, du casque aquilin du Désargenté.

Cléante quant à lui s’en alla voler quelques mètres plus loin, littéralement propulsé par le coup de son adversaire, sonné par cette lance reçue en pleine face. Triste présage qu’un chevalier qui défigure la Péninsule, et certains, parmi la foule, aurait pu se laisser aller aux plus étranges spéculations sur ce drôle d’affrontement entre le Désargenté et la Péninsule. N’écoutant pas son esprit et les affabulations qu’il tissait à ce propos, le chevalier au Kerkand démonta d’un pas leste une fois qu’il amena son destrier bondissant aux pieds de Cléante et s’agenouilla près de ce dernier. On avait déjà retiré son masque à la Péninsule d’Odélian et si un peu de sang suintait de son visage, il ne semblait pas craindre autre chose qu’un mal de tête lancinant. Du moins c’est ce que présumait l’optimiste Aetius, qui déjà avait déganté pour apposer à même le visage de son adversaire ses mains. N’osant user de ses pouvoirs en public, ce dernier se contenta de contempler le chevalier sonné et au creux de son oreille, il lui glissa « Que j’ai grand-pitié de vous, vous qui êtes si vertueux chevalier. J’ai pitié de vous, car vous servîtes contre votre honneur. » En disant cela à cet homme évanoui, il ne faisait que se parler à lui-même par le prisme de Cléante, ce chevalier qui lui était si semblable et qui avait su trancher, contrairement à Aetius, entre son honneur et son devoir.

Cléante visa haut, déterminé à faire mal lors de cet assaut. D'Ivrey semblait animé de la même détermination et les deux jeunes hommes ne se feraient pas de cadeau, pour le plus grand plaisir de la foule. Les deux lances trouvèrent le casque adverse, et se brisèrent alors que le temps se suspendre. Le jeune Prademont sentit son heaume touché et bascula en arrière, presque catapulté hors de sa selle par la frappe impitoyable. Il s'effondra dans sur le sol, entendant la foule rugir. Le son semblait estompé, et le monde vacillait autour de ses yeux. Il ne sut pas pendant combien de temps il resta prostré au sol, mais c'est son adversaire qui vint le tirer de sa semi inconscience. Loin d'user de la provocation dont il avait fait preuve, le chevalier d'Ivrey ôta le heaume défoncé de Cléante et le salua avec respect. Oui, Cléante avait du mettre de côté son honneur pour remplir sa mission. Il tenta de fixer son regard sur Aetius, puis il articula difficilement.

B ... Bonne chance en finale, Seigneur d'Ivrey

Le mal de tête lui battait les tempes et il préféra ne pas en dire plus, il remercia son adveraire d'un regard qui devait être largement suffisant. Les écuyers odélians se pressèrent autour de leur jeune maître et l'emmenèrent hors du terrain de joute, laissant Aetius savourait une dernière fois l'ovation du peuple en son encontre.

Dernier jour

Trompettes et cors rugissaient de leurs chants cuivrés, alors que les fifres et les tambours rivalisaient de notes roulées et rapides. Vièles et tambourins faisaient tinter quelques croches joyeuses à l'oreille du voyageur. Le Grand Tournoi touchait à sa fin, laissant un sentiment d'euphorie dans le coeur des diantrais. Bientôt le champ d'honneur et les tribunes seraient démantelés, et les festivités seraient terminées, mais pour l'heure, chacun profitait. La ville toute entière résonnait des conversations parlant de l'un ou l'autre des favoris. Les paris allaient bon train, et certains filous allaient se remplir les poches de façon remarquable.
L'affiche était aussi belle qu'inattendue. D'un côté, Harnyll de Hetalia, le Taureau du Sud, baron outragé et humilié par le comportement de sa jeune épouse, victime des lazzis et des quolibets, il avait su, malgré tout, se hisser jusqu'à la Grande Finale, mettre un terme aux surnoms ridicules et éliminer ses adversaires les uns après les autres en prouvant sa puissance. De l'autre, Aetius d'Ivrey, dit le Désargenté, qui lui aussi avait su faire preuve de force, mais aussi de ruse pendant toute la compétition, prenant même le luxe de s'économiser pendant les premiers jours. Les tribunes étaient pleines à craquer, les abords du terrain de joute encore plus, certains arbres non loin s'étaient vus être le perchoir de curieux qui ne voulaient pas louper le dernier engagement . L'arbitre s'avança fièrement au centre du terrain de joute et annonça.

Sire, Ma Reine, Messeigneurs, Dames, Damoiseaux et Damoiselles, Chevalier, Bonnes gens de Diantra, nous assisterons aujourd'hui à la Grande Finale du premier tournoi royal. Que les Cinq veillent sur eux deux et que le meilleur gagne!

Les trompettes royales retentirent alors que la foule hurlait sa joie. Marot leva les bras, demandant le calme, qu'il réussit à obtenir relativement, pour faire son appel.

Les Seigneurs de Hetalia et d'Ivrey sont appelés sur le terrain de joute!

Les applaudissements chaleureux accueillirent les candidats, mais bientôt il leur faudrait oublier la populace et se concentrer sur la joute.

La poussière de la lice brillait aux yeux d’Aetius sous la lumière printanière. Recouvert d’acier, encagoulé dans son masque chimérique mêlant l’Aigle au Kerkand, Aetius s’avançait vers la tribune, côtoyé par sa bannière cinglante. Le blason décrivait un Kerkand entravé par des vignes vertes, tandis qu’un Aigle l’enserrait, indifférent au monstre gisant. Fifres résonnaient de leur note les plus joyeuses, et dans la foule, l’enthousiasme régnait, faisant frémir la plèbe de joie et d’angoisse. Les partisans des deux finalistes s’étaient décidés, et les paris de cette journée n’avaient jamais dû être aussi profitables aux usuriers et autres malhonnêtes, pullulant en ville comme pullulent les charognes sur un champ de bataille.

De cette jovialité ambiante, Aetius n’en retenait rien. Il était insensible aux trompettes, insensible aux hourras et aux cris qui s’élevaient un peu partout à son encontre ou celui du Taureau du Sud. Ses oreilles n’entendaient rien, ses yeux ne voyaient pas, son corps tout entier ne lui obéissait plus. L’angoisse de la cinquième journée, beaucoup de chevalier l’avaient connu, beaucoup la connaîtrait. Il était arrivé au sommet, il n’avait plus qu’un pas à faire, et cela le terrorisait. Lui qui n’était rien, un ancien déserteur, un chevalier sans terre ni nom, sans protecteur, sans femme. Sous le casque ambré, Aetius transpirait à grosses gouttes.

En face de lui, Harnyll de Hetalia, le baron outragé, le Taureau du Sud. C’était un homme connu dans le milieu des tournoyeurs, et on disait qu’il était un manieur d’épée tout à fait modeste. Mais la jalousie qu’avait provoqué le libertin d’Adamantine, cet homme qui lui avait pris l’un de ses noms et avait offert à la foule ses liens avec la femme du baron, avait décuplé ses forces, et la colère l’avait fait voler, dans le plus grand des fracas, au sommet lui aussi. Quelle ironie ! Voilà que le duel final était arrivé, un duel fort en symbole. Se combattaient, devant le royaume tout entier, le riche baron du Sud contre le chevalier jeune, soldat attaché à l’armée du nord. L’opulence contre le chaos.

[HRP: Harnyll > Lance croisée
Aetius> frappe au cimier

la frappe au cimier ne peut etre dévié
Pas de jet pour Aetius
Jet réussi pour Harnyll : 8]

La foule suivit des yeux la course des candidats au titre de vainqueur. Les chevaliers s'approchèrent l'un de l'autre, les lances tendues vers leur cible, et la Taureau tenta de parer l'attaque adverse mais en vain, il fut touché au cimier. L'arbitre annonça la sentence.

Le chevalier d'Ivrey marque un point! Il mène un point à zéro!

Le Désargenté prenait la tête! Le signal du deuxième ne tarda pas à être donné ...

Fonçant sus, les deux adversaires furent bientôt à portée. Dans le chaos de la charge, les coups prévus étaient difficiles à imaginer, et Aetius tint bon dans sa nouvelle tactique. Sa lance accosta Harnyll alors que ce dernier tentait une parade. Souvent efficace contre des coups moins légers, le croisement de sa lance ne put contrer la frappe d’Aetius, qui atteignit le cimier de son adversaire avec facilité, offrant à la foule une autre provocation du Désargenté.

Après cette première lance somme toute légère, les participants reprirent leur place au bout de la lice, prêts à la seconde manche. Une fois positionné, Aetius tenta de comprendre la tactique qu’observait son adversaire du Sud, se demandant si cette provocation allait être prise en compte, ou si l’habile mari saurait faire taire le Taureau qui mugissait en lui depuis le début de ce tournoi. Bien sûr, lorsqu’ils renouvelèrent leur chevauchée, Aetius avait déjà oublié les suppositions qu’il avait faites et s’en tint à son instinct.

[hrp: Harnyll> frappe à l'écu
Aetius> frappe à l'écu

Jet reussi pour Harnyll : 10
Jet reussi pour Aetius : 8]

Le signal fut donné et les deux chevaliers lancèrent leur destrier au galop. La tension était palpable, et chacun des yeux rivés sur la lice, avait peur de cligner et de louper le coup victorieux. Ivrey et Hetalia visèrent et touchèrent l'écu de l'adversaire. Les deux restèrent en selle et l'arbitre put donner le score.

Le Sieur de hetalia marque deux points! Le Sieur d'Ivrey marque deux points! Le Sieur d'Ivrey mène trois points à deux!

La troisième manche allait sceller le tournoi ...

Le choc fut là, comme les hourras monstrueusement puissants de la foule réunie. L’allégresse était au rendez-vous. Les lances se brisèrent, et Aetius comprit pourquoi on appelait cet homme le Taureau du Sud. Le choc fut là, en effet, et le temps d’une seconde, le temps de voir sous ses yeux les échardes des deux lances pleuvoir sur la lice, autour des deux participants qui déjà se séparaient, fulgurants, il crut qu’il démonterait, emporté par la puissance du coup.

Le baron outragé, nul doute sur cela. Le chevalier au Kerkand, y pensa pour le reste de la course. Oserait-il une frappe au casque, se privant ainsi d’une victoire confortable pour jouer avec le risque, pour décupler la gloire de son triomphe, ou bien se cantonnerait-il à esquiver le prochain coup, s’octroyant ainsi la première place, de façon certes plus terne, mais comme l’aurait fait un tournoyeur professionnel, avec la subtilité des tactiques. Il serait alors haï par le peuple, qui le traiterait de couard, mais cela devait-il entrer en compte ? N’était-ce pas un jeu de nerf et d’esprit, ce jeu de lance ? Aetius était partagé sur la marche à suivre, il s’interrogeait sur l’opportunité d’une victoire hasardeuse et hésitait à l’esquive. La lance croisée, elle, aurait pu être une autre alternative, où l’égalité aurait été de mise, si tant est qu’Aetius résiste au choc prochain, et ç’aurait été une bonne façon de se prémunir contre une vilénie de la part du baron, dont il ne le croyait pas capable, mais qu’il prenait en compte.

[Hrp: Harnyll ->frappe au casque
Aetius -> Esquive

Aucun jet de dé

Et comme je suis le MJ et que je fais ce que je veux]

Les deux destriers martelèrent le solde leurs sabots, tandis que leur cavalier les emmenaient au contact. Le baron d'Ysari frappa haut et le chevalier d'Ivrey esquiva purement et simplement. Un murmure parcourut la foule entière, qui commenca à s'agiter, ce qui ne manqua de faire s'échanger quelques regards inquiets entre les gardes du cordon de sécurité. Même les tribunes commençaient à emplir de protestations, et l'arbitre et le juge durent se réunir rapidement et débattre. Les débats laissèrent tout le monde dans l'expectative, aucun vainqueur ne fut annoncé, aucun point validé ou non. Puis Marot quitta ses assistants et annonça clairement, sans équivoque.

Pareil acte déshonorant ne peut être toléré en finale! Cet assaut est considéré comme nul! Le prochain acte déshonorant sera signification de bannissement!

Un quatrième assaut serait donné et cette fois-ci, les armures résonneraient de l'impact d'une lance!!

Pute borgne fut la première expression qui vint à l’esprit d’Aetius, qui ne comprenait pas ce que disait Marot, dans un premier temps, et qui encaissa le choc, secondement, avec toute la douleur qu’une telle déclaration pouvait amener. Trop jeune, le chevalier avait dû mal comprendre les règles et s’était fourvoyé sur la signification d’une esquive, qui était, ma foi, peu explicite. Hué par la foule, conspué par la noblesse, il était réduit à rien, et on lui avait pris, sur un malentendu qu’il paierait à jamais, l’honneur qu’il avait, cet honneur qui était tout ce qui lui restait, ce qu’il avait proclamé à la dernière joute.

L’opprobre le frappait comme le frapperait un coup de massue à la tête. Déshonoré, il n’était plus rien. Il avait cru jouer dans les règles, au point, comme tant de tournoyeurs le faisaient. Les paroles de son adversaire lui glacèrent le sang, et son cœur, couvert de honte, brûla dans sa colère ces résidus visqueux pour redonner allant au jeune homme. Incapable de répondre à son adversaire ou à la rumeur terrifiante de la foule, il se replaça et prépara sa frappe comme il pouvait.

[hrp: Harnyll > frappe à l'écu
Aetius -> frappe à l'écu

Jet loupé pour Harnyll : 6
Jet loupé pour Aetius : 4]

Le quatrième assaut fut donné dans une ambiance assez mitigée. La couardise de l'Ivrey et les remarques du baron d'Ysari avaient laissé une atmosphère lourde. Sa réputation se verrait entacher, certes, mais n'effacerait pas son parcours, bien qu'on l'avait déjà vu user d'esquive plus tôt dans la compétition. Les deux écus résonnèrent du bruit d'une lance fracassée, et les deux selles se vidèrent pour voir les deux concurrents mordre la poussière. L'annonce de l'arbitre fit son oeuvre.

En raison de la double chute, un assaut à pied sera donné. Le premier concurrent à toucher sera déclaré vainqueur!

Décidément cet engagement ne voulait pas se terminer ...

Un choc, à nouveau, encaissé par un Aetius qui grognait au fond de sa gueule aux crocs serrés. Sa mâchoire, contrôlée par la haine, cette haine issue du désespoir, était compressée par une force telle qu’elle semblait sur le point d’exploser. Aetius n’y pensa pas, comme il ne pensa pas à la brutalité des deux frappes, à sa lourde chute, à la victoire. Tout était déjà perdu. A peine sonné du fait de la légèreté de son amure qui était, somme toute, une armure de combat et non exclusivement de joute, il se remit debout sans difficulté et tira son épée et ramassa son écu bosselé.

Les dieux de la vengeance, dit le poète, agissent en silence. C’est ce que fit Aetius, s’approchant lentement de son adversaire sans piper un mot seul. Une colère froide paralysait son esprit et ses paroles, le dirigeaient uniquement sur la destruction de ce qui était devenu un ennemi au lieu d’un courtois adversaire. Sous l’armure hideuse, sous l’ambre du casque, un monstre frémissait, acculé et défait.

Harnyll

Spoiler:

Aetius

Spoiler:

Les jeux sont faits! Je laisse le soin aux participants d'en dire plus ...

Le combat ne dura pas, et malgré la robustesse de son adversaire, Aetius maniait l’épée comme le font les chevaliers du duché d’Erac. Sa maîtrise dans cette arme ancestrale était rôdée, et les guerres successives auxquelles avait participé l’Ivrey avait fini de faire de lui un homme rompu à l’art délicat du meurtre. Parant les coups de l’ennemi, il ne tarda pas à fondre dans une faille offert à sa main d’épée, qui plongea et signa d’un geste précis sa marque sur l’armure du Taureau du Sud, dont l’estoc de son épée était de moindre valeur face à son coup de lance, à présent réputée. L’emportant sur le baron d’Ysari, Aetius, alors haineux, sentit se libérer de sa poitrine un poids énorme. L’angoisse n’était plus cette chape d’acier qui broyait son cœur, lequel battait à toute vitesse. Il était, en quelque sorte, rasséréné, tranquillisé.

Au moins n’aurais-je pas droit aux tomates, se dit le chevalier au Kerkand et à l’aigle. Le baron n’en oublia pas moins de lui tourner le dos avec tout le dédain possible, se retirant de la lice sous la liesse populaire. Aetius en éprouva un moment du chagrin puis de la colère, voire de la haine. Il se rappela cependant une phrase qu’aimait à répété son perd. « La haine est la vengeance des couards. » Soit. Il ne se contenterait pas de la haine, s’offrirait le luxe de la vengeance ou, pire encore, de l’oubli ou du pardon.

Partagé sur sa condition, il s’interrogea un instant sur le bien et le mal de sa situation. Il avait, après tout, respecté les règles du tournoi, avait usé de tactique et de ruse pour gagner au point. Excédé par ce comportement opportuniste, le peuple comme l’arbitre lui avait promis huées et bannissement au prochain bas comportement. La victoire entre ses mains, il ressentait un peu moins la honte qui le compressait tout entier, comme si son poids s’était allégé. Garçon d’un grand orgueil, Aetius s’était arrangé pour falsifier un peu de ce moment, et il ne voyait en lui qu’un homme qui avait su frapper au bon moment et s’abstenir lorsqu’il n’était plus nécessaire de porter les coups. Il avait, en quelque sorte, frapper le Taureau pour qu’il se vide de son sang, pour qu’il tombe de lui-même. Triste raisonnement de la part d’un chevalier, triste pensée que cette cruauté machinée.

Remettant son épée au fourreau, le vainqueur bondit sur son cheval, et fit tourner ce dernier sur lui-même. Du haut de son destrier, la honte semblait se raviver. Regardant lentement en tous sens et, s’adressant à tous, il cria.
« J’ai triomphé par la ruse et j’ai triomphé par l’adresse. Me le pardonneras-tu un jour, bon peuple de Diantra ? » Un peu de dépit dans cette provocation, faite à l’assemblée comme à lui-même, mais après tout, il avait combattu avec la lâche distance de l’aigle et la force brute du Kerkand, qui lui nierait ça ?

La victoire pour l'Ivrey, l'honneur d'un beau parcours pour le baron de Hetalia, le Grand Tournoi avait enfin un champion. Le combat à pied fut à l'image de celui à cheval. Les attaques et les parades s'étaient enchaînées avec puissance et précision, avant que la lame du Désargenté ne touche le flanc du Taureau. Sans un mot, l'ysarois rengaina et tourna les talons, goutant moyennement l'attitude dont avait fait preuve son adversaire. La foule accueilli son champion avec une certaine jovialité. La foule n'est guère rancunière quand le spectacle est au rendez-vous. Le vainqueur prit même le temps de présenter ses excuses au bon peuple, chose rare pour les oreilles gueuses. Soudain, le martèlement régulier d'un galop sembla monter depuis les arrières des tribunes. Les trompettes résonnèrent, et le public reprit un brouhaha impatient en réalisant que le Chevalier Noir arrivait.

Un destrier noir comme la nuit arriva au galop sous les hourras de la foule. Le Chevalier Noir, le Champion du Royaume, la plus ancienne figure légendaire des Hommes. Moult rumeur courait à son sujet, on disait de lui qu'il était un esprit, le fils de Néera, et bien d'autres histoires encore. Son armure d'ébène semblait happé les rayons de l'astre du jour, et son heaume arboré une crête de plumes noires. Il salua rapidement la foule en faisant un tour d'honneur au trot, puis vint se placer au centre de la lice. Il salua les tribunes et tira sur les rênes pour que son destrier fasse une volte. Il s'inclina devant le chevalier d'Ivrey, puis se mit en place. L'arbitre avança alors et annonça ce qui serait l'ultime engagement de cette semaine de joute.

Le vainqueur du Grand Tournoi va maintenant affronter le Chevalier Noir! L'engagement se fera en trois assauts! A l'issue de ces trois assauts, si aucun des chevaliers n'est vainqueur, le Chevalier Noir jugera si son adversaire est digne d'obtenir le Grand Prix Royal! Que l'honneur guide cet ultime engagement

A peine remis sur son cheval et sa petite provocation lancée à la foule, le chevalier noir arriva, aussi sombre que son nom, ce qui est, somme toute, assez normal. En effet, on aime bien avoir un surnom qui colle à l’une de ses caractéristiques principales, sinon, ça ne fait pas sens, et le public est prostré dans la confusion. En effet, imaginez que Cléante de Soltariel n’eût point été venu de Soltariel, mais de Bourgoul, riante cité du nord, l’histoire aurait été différente et… mais je m’emporte. Ainsi donc, le Désargenté, une fois en selle et une fois son adversaire en face de lui, salua lentement son ultime adversaire et fonça droit sur lui, après qu’on lui eut apporté sa lance (naturellement).

[hrp: Aetius> frappe au cimier
Chevalier Noir> frappe au casque

Jet réussi pour Aetius> 10
Jet réussi pour le Chevalier Noir> 8]

Le premier assaut fut donné avec toute la fougue qu'on était en droit d'attendre. Le champion du Royaume visa haut ainsi que son adversaire. Peu importait, il resta concentré sur sa cible, le casque aquilin du Désargenté, qui avait déjà subit les outrages de lances brisées. Il toucha et fut touché, mais haut, trop haut, l'arbitre confirma l'analyse du Chevalier.

Le Chevalier Noir marque trois points! Le Sieur d'Ivrey marque un point! Le Chevalier Noir mène trois points à un!

L'icône se remit en place, prêt à en découdre une nouvelle fois, le signal fut donné ...

Par les Cinq ! Ce chevalier noir était un homme qui aimait le risque, et le risque avait payé pour lui. Alors qu’Aetius s’était contenté d’une maigre frappe au cimier, ce dernier avait assené une frappe au casque, lui donnant une avance confortable sur les points. Happé par l’émotion, Aetius se replaça immédiatement et prépara la prochaine charge. Une fois le signal donné, il fonça de nouveau, essayant encore de penser à son prochain coup.