La Lice

[hrp: Aetius> Lance croisée
Chevalier Noir> frappe à l'ecu

Pas de jet pour Aetius
Jet réussi pour le Chevalier Noir : 11]

Le second assaut fut donné, et le Chevalier Noir était déterminé à ne pas relâcher la pression sur son adversaire. Il scrutait sa cible, l'écu adverse et lança son bras au moment le plus opportun, pourtant il vit son coup paré par la lance d'Aetius. Il fit ralentir sa monture en bout de lice en tirant sur les rênes et fit volte face pour s'engager pour l'ultime assaut. L'arbitre annonça ce que chacun avait pu constater, sauf les aveugles.

Aucun point n'est marqué lors de cet assaut! Le Chevalier Noir mène toujours trois points à un!

Nous arrivions au dernier acte ...

Au dernier instant, Aetius n’hésita plus. Il fit croiser sa lance, ce qui bloqua complètement le coup de son adversaire, le chevalier noir, qui voulait tenter une frappe à l’écu, continuant ainsi à creuser un écart déjà important entre les deux chevaliers. Le chevalier au Kerkand s’était souvenu de sa joute contre le chevalier de l’Arétrian, et, d’un coup, dans son esprit la frappe s’était faite claire. Il fallait une lance croisée ! La ruse avait, de nouveau, payé, et à présent, Aetius avait une marge de manœuvre plus importante.

[hrp: Aetius> frappe au casque
Chevalier Noir> lance croisée

La frappe au casque devient une lance croisée
Pas de jet pour Aetius
Jet réussi pour le Chevalier Noir : 12]

Ultime assaut de l'ultime joute du Tournoi et le chevalier d'Ivrey était à la traine. Son noir adversaire chargea avec la même application que lors des précédents assauts, mais cette fois-ci, c'est lui qui fit obliquer la course de sa lance dans celle de son adversaire. Visiblement, le chevalier légendaire se contentait de gagner au point, ou peut être était-ce un moyen de tester les capacités offensives de son adversaire. Il fit dévier la lance qui vint accrocher le panache sombre du Champion du Peuple. L'arbitre fit son annonce.

Le Sieur d'Ivrey marque un point! Le Chevalier Noir est déclaré vainqueur, par trois points à deux!

La foule s'enflamma pour son champion victorieux, qui venait de prouver sa force et son audace en emportant cette joute haletante. Les deux concurrents avaient su donner le meilleur d'eux-mêmes, et la victoire de l'icône chevaleresque semblait normale, aux yeux des gueux, qui aimaient les figures de légendes. L'arbitre déclara alors.

Que le Chevalier Noir s'avance et donne son verdict! Le Sieur d'Ivrey est-il digne de recevoir le Grand Prix?

Le Noir s'avança au centre de la lice et s'approcha de l'arbitre. Il parla bas, échangeant ses impressions avec l'arbitre, puis alors qu'il mit son pouce tendu à l'horizontale, prêt à donner son verdict, Marot fit office de voix du Chevalier Noir.

Seigneur d'Ivrey! Vous avez su défaire vos adversaires les uns après les autres, usant de force, de puissance mais aussi d'habileté et de ruse. Votre jeunesse explique peut-être certaines actions couardes aux yeux de certains, et de l'intelligence pour d'autre, mais cet endroit est une place d'honneur, et seul l'honneur du Chevalier est jugé par le Noir!

L'icône populaire leva le pouce, signifiant son accord pour la remise du Grand Prix, acte salué par une explosion bruyante de voix et d'applaudissements. Le parcours sans anicroche ou presque du jeune chevalier d'Ivrey se devait d'être saluer, même si son affection pour l'esquive ferait quelque mécontent. Le Noir éperonna alors sa monture et disparut au galop, retrouvant l'anonymat et les mythes qu'il avait délaissé le temps d'une joute. Ainsi s'acheva le premier Grand Tournoi Royal, laisant le chevalier d'Ivrey, vainqueur du Grand Prix ...

Dingue le plaisir que l’on peut ressentir avec le mouvement d’un seul doigt, diront quelques esprits chagrins et mauvaises langues. Pourtant, le chevalier au Kerkand et à l’aigle, sous les mots de l’arbitre et en contemplant, le souffle court, les inclinations du pouce de son légendaire adversaire, ne put s’empêcher de défaillir lorsque ce dernier éleva ledit pouce vers le ciel, symbolisant par là la victoire de la vertu du jeune chevalier. C’était, certes, l’accès au grand prix, dont tout chevalier errant digne de ce nom aurait rêvé, mais c’était surtout, pour le malheureux Aetius, l’absolution de ses erreurs, transformées en faute pour les arbitres, pendant son parcours. Son honneur en sortait lavé, orné de la considération du chevalier noir. Voilà pourquoi l’Ivrey sentit son cœur bondir, son souffle s’arrêter complètement, ses yeux s’écarquiller.

Une fois Aetius capable d’entendre les ovations qu’on lui faisait, les explosions de cris et de bruits qu’on lui jetait comme les plus douces des fleurs, il laissa un large sourire content poindre sur ses lèvres, toujours caché par ce casque monstrueux qui avait caché son visage pendant toute la durée du tournoi royal, il se dirigea vers Marot, héraut d’armes et arbitre, et lui glissa un « il est fort lacrimable de voir si doux sire esprouver mon ultime lance d’une parade, mais si c’est là la sienne envie. » Jeune gandin insouciant, il ne comprenait pas la différence entre une esquive et une lance croisée ! Traumatisé par son dernier coup de théâtre avec le Taureau du Sud, il s’était mis en tête que toute forme de défense était un mal qui entachait l’honneur. Petit sot.
Sans attendre de réponse, il se rapprocha de la tribune royale, où résidaient les Grands de la Péninsule. Inclinant légèrement la tête, il se prépara à encaisser sa surprise avec sérénité et à offrir la sienne avec le plus grand des aplombs.

Le tournoi s'était déroulé sous de bons auspices et, contre toute attente, c'était un jeune chevalier qui était parvenu en final. Le seigneur de Hetalia avait fait merveille, sortant un à un les chevaliers représentant la royauté : celui de Christabel, celui d'Erac, Grégoire de Mélau... Mais il avait été défait par le vainqueur du tournoi, vainqueur quelque peu controversé par sa manière d'agir et de remporter la victoire, mais qui venait d'être absout par le chevalier noir. Il est vrai que trainer une réputation de couard félon n'était pas la meilleure façon de démarrer son parcours de chevalier.

Le verdict fut rendu et le hérault réclama le silence alors que le roi se levait, dans un silence total.

Trystan allait récompenser le vainqueur et c'était quelque chose que tous attendaient. Il y avait bien des façons de récompenser un homme : de l'or, des terres, un titre... Et le roi avait déjà sa petite idée là dessus.

- "Tout d'abord, je tiens à féliciter tous les chevaliers pour leur bravoure, leur adresse et leur ruse. Il y a bien des moyens de triompher et notre jeune vainqueur nous l'a prouvé, défiant des jouteurs expérimentés et les défaisant un à un. Le chevalier noir vous a jugé digne de remporter ce tournoi, seigneur d'Ivrey. Et moi de même."

Le roi se tut un instant. Ce chevalier était jeune, très jeune, mais l'âge ne faisait pas forcément la compétence. Ni la fidélité.

- "Ainsi, nous Trystan Fiiram, duc d'Erac et roi des hommes, décidons de vous récompenser pour votre bravoure en décidant de vous confier la gestion des terres de Scylla, en accord avec le Seigneur de Sephren, autrefois propriété du traître Hannibal de Roch, aujourd'hui laissée vacante. Nous comptons sur vous pour faire prospérer ce comté. Nous déclarons, de surcroit, que si le duc de Langehack juge votre façon de gérer Scylla satisfaisante, alors nous vous élèverons au rang de Comte de Scylla et nous vous confierons définitivement les terres de Scylla. Il va de soi qu'un de mes hommes vous accompagnera pour vous aider dans cette tâche. Ainsi en avons-nous décidé."

Le roi se tut et s'assit alors que le bruit reprenait sous les vivas de la foule. Ainsi confiait-il Scylla à ce jeune homme, envoyant avec lui un homme de confiance pour le guider et le surveiller. Le tournoi se terminait donc sur la consécration d'un nouveau chevalier.

Lorsque les vivats se calmèrent un peu et que le chevalier au Kerkand put reprendre son souffle, ce dernier se dirigea encore un peu plus près de la tribune du roi, pour qu’il puisse l’entendre mieux, car le casque étouffait sa voix. Une fois assez proche de son vis-à-vis, il lui tint à peu près ce langage.

« Messire, vous me faites un grand honneur, à moi qui ne suis qu’un chevalier errant inepte et inconnu. J’accepte humblement votre générosité, seigneur, mais dois vous demander une faveur. Accordez-moi trois mois de voyages, d’aventures et de pèlerinages, afin que je vienne à Scylla non point comme un homme pauvre de réputation et de connaissance, sali par les péchés, loin de la sagesse. Offrez-moi ces trois mois pour que je puisse absoudre mes fautes et pour que je puisse savoir un peu mieux les choses de la Péninsule et du monde, comme se le doit tout gentilhomme digne de ce nom. »

Il fit silence l’instant d’une seconde, laissant l’auditoire attendre le reste de ses paroles ou la réponse de son nouveau suzerain.

« Messire, je dois cependant vous avouer une chose. Si je compte aider à ramener la paix dans le royaume et le visiter, le connaître mieux, c’est également parce que ce royaume m'est plus lié qu'il n'y paraît. En effet, Majesté, dans mes veines coule le sang d’Elenor Fiiram, sœur de feu votre père, Gorman Fiiram, roi des Hommes et protecteur de Diantra. Je suis, comme vous, un enfant de la dynastie royale, comme vous né d’une union interdite, né de cet amour courtois qui parfois pousse notre gent aux passions les plus inconsidérées et qui amena ma mère, Elenor, à rejoindre une retraite dans un temple peu de temps après ma naissance, par acte de contrition.
Sachez qu’il me pèse, messire, de vous annoncer cette nouvelle, et ce de façon si importune. Mais, hélas, le royaume revient de loin, tout comme moi, et je ne puis plus vivre dans en tenant secrètes mes origines. »

Et alors qu’il discourait sur sa condition, sur son sang, il déliait les nœuds qui tenaient attaché son heaume à son haubert, cette armure si pauvre qui avait pourtant su conquérir la foule. Au milieu de sa diatribe, il enleva, pour la première fois, son casque monstrueux, révélant derrière ce dernier le visage d’un jeune homme au visage affable, d’une pâleur toute aristocratique, encadré par une coupe semi-courte d’un noir de jais, transpercé en son milieu par un regard d’un bleu limpide, d’une clarté intense.