[Guilde] Les Lames dansantes

[BG rédigé par Haven Do'orst]

Assassin… un mot qui fait rêver, fantasmer ou trembler suivant les cas. Un mot qui peuple les sombres récits des tavernes, les légendes des ménestrels et les écrits des érudits. Un mot que tous connaissent mais que toutefois bien peu comprennent. Un mot entouré de profonds mystères… venez mes frères, venez… perçons ensemble ces mystères, et voyons les hommes qui se trouvent derrière les lames.

Car au fond, vous êtes vous jamais demandé sérieusement ce qu’était un assassin ? Une question en apparence simple qui pourtant appelle une réponse bien plus complexe. Trop de gens à travers les royaumes nous voient comme des brutes sans cervelle qui jouissent de leur pouvoir de vie et de mort, qui savourent chaque exécution comme un amant peut savourer les doux baisers de sa maîtresse…

…rien n’est plus faux.

L’assassinat est un art, un art que peu de gens peuvent comprendre. Il y a une beauté perverse dans la préparation d’un assassinat, dans la recherche du bon moment, de la bonne heure, du bon endroit. La proie et le prédateur entament alors un ballet mortel d’une rare subtilité. Pendant ces quelques jours où ils vivront non loin l’un de l’autre, ils ne feront plus qu’un. Le prédateur vit comme sa proie, entre dans son esprit… "devient" sa proie.

Il en vient presque à aimer sa cible, à voir en lui ou en elle un compagnon d’armes ou un frère disparu. Cette sourde empathie est l’arme la plus puissante du porteur de mort, mais aussi sa damnation s’il n’y prend pas garde. Peu d’assassins réussissent vraiment à la ressentir, trop concentrés sur leur mission, sans comprendre qu’au-delà d’un nom il y a un être de chair et de sang dont ils doivent percer les secrets les plus intimes.

Mais pour les rares qui réussissent… quelle extase ! Vous pourriez presque voir par les yeux de votre cible, vous devinez ses réactions avant même qu’elle n’y ait pensé… en un mot vous avez démonté le système qu’elle représente… vous avez pris le contrôle des entrées, vous maîtrisez désormais les résultats. Je ne nie pas qu’il soit infiniment plus compliqué de rentrer ainsi dans l’esprit d’un homme éduqué que dans celui d’un rustaud de paysan, mais cette difficulté décuple la jouissance si vous y arrivez.

Écoutez patiemment les maîtres assassins qui vous content leurs grands exploits, leurs plus beaux faits d’armes. Ils parleront presque avec regret de leur cible, et quelquefois leur voix en viendra à s’étrangler lorsqu’ils arriveront au moment de l’exécution. Ces hommes là ont un jour ressenti cette parfaite osmose avec leur cible… et ils ont goûté au doux poison qu’elle contenait en son sein.

Car n’oubliez jamais que l’osmose peut vous empêcher d’accomplir votre mission. A trop vous identifier à votre cible, à trop chercher à la comprendre, vous ressentirez le tiraillement de votre conscience qui remet en cause la justesse de votre acte, qui retiendrait votre bras au moment fatidique si vous n’y prenez pas garde. Vous n’êtes pas des golems mes frères… comme votre cible, vous êtes fait de chair et de sang, et à ce titre vous êtes faillibles.

Les philosophes diront sans doute que toutes mes justifications ne sont que poudre au vent, que notre morale est dévoyée, que nous ne sommes que des tueurs qui se parent de principes d’honneurs pour légitimer leurs actes. Possible… peut être ont-ils raison… mais une chose est certaine : les assassins ont toujours existé. Depuis l’aube des temps, depuis qu’un être a désiré la mort d’un autre sans être lui-même physiquement capable de le tuer, nous existons.

Notre métier est l’un des plus vieux qui soit avec celui de mendiant et de prostituée. Alors qui croyiez-vous être, engoncé dans votre confortable fauteuil pour nous juger ? Jugez-vous les orages, les inondations, les épidémies ? Jugez-vous donc ces catastrophes qui vous enlèvent vos proches ? Non… alors dites vous que pas plus qu’elles nous ne pouvons être expliqués… pas plus qu’elles nous ne cherchons à nous justifier…

…nous sommes… voilà qui nous suffit.









L'ordre des lames dansantes est bâti sur des principes immuables depuis plus d’un siècle. La violation de l’un d’entre eux appelle à un unique châtiment sur le fautif : la mort. Lisez donc attentivement mes paroles, frères, votre propre vie en dépend, car si vous les ignorez de chasseur vous deviendrez gibier.

"La religion est sacrée"
Notre ordre interdit formellement de perpétuer l’assassinat d’une haute personnalité religieuse, qu’il s’agisse d’un haut prêtre ou d’un gardien. Nous ne respectons aucun dieu et n’accordons de prières à aucun, mais pour autant nier leur existence serait folie. Notre travail est terrestre, et ne doit pas être influencé par les aspects du mystique.

"Un contrat est inviolable"
Nous ne sommes pas des voleurs et savons respecter nos engagements. Lorsqu’un assassin manque sa cible, il appartient alors au Velg'larn Zhaunil de décider si le contrat sera repris par un autre assassin, où s’il sera brisé. Dans ce deuxième cas, la somme versée par le commanditaire lui sera rendue intégralement.

"La paix des frères"
Aucune attaque d’aucune sorte ne sera tolérée contre un frère assassin, sous peine de mort. Si un membre estime qu’un autre membre a nui, à lui où à la guilde, il peut en appeler au Velg'larn Zhaunil qui réunira le conseil des maîtres assassins afin de juger l’affaire. Le jugement rendu, pouvant aller d’un châtiment corporel à l’exclusion voire à la peine capitale sera à exécution immédiate et sans appel.

"La protection de l’engagement"
Les lames dansantes ne peuvent pas accepter de contrat contre quelqu’un pour qui nous travaillons déjà. Commanditaire et cible sont deux états incompatibles, aussi un commanditaire ne peut en aucun cas constituer une cible jusqu'au moment où sa propre victime aura reçu notre message.

"Le code d’honneur"
Nous ne frappons point à l’improviste sans prévenir notre victime que son âme a été réclamée et rejoindra bientôt Tyra. Aussi, et avant chaque exécution importante, une lame, gravée d'un squelette, et transperçant un parchemin sur lequel est écrit le nom de la cible doit être envoyé à votre victime. A partir de l’instant où elle a vu cette lame, vous pouvez frapper de la votre…

[Ajout en marge : Il faut préciser à cet instant que cette règle, qui complexifie grandement les missions, n'est pas toujours appliquée, loin s'en faut. Elle sert quasi-exclusivement aux assassinats dits "officiels", c'est-à-dire aux assassinats que la guilde tient à revendiquer au grand jour comme siens. Lorsque le Velg'larn Zhaunil tient à ce que l'assassin respecte cette règle, il le prévient avant de l'envoyer en mission et lui remet une lame gravée du squelette.]

"La neutralité de l’assassin"
Nous ne faisons pas de politique, et peu nous importe qui règne sur le monde. Les races, les royaumes, rien de cela ne compte à nos yeux, et notre ordre est d’ailleurs ouvert à tous. Nos membres ne prennent pas parti et ne doivent pas chercher à faire pencher la balance des pouvoirs dans un sens ou dans un autre.

Voilà pourquoi le dernier principe, gravé en lettres d’or à l’entrée de la citadelle des âmes est le suivant.

« Aucun contrat ne peut être lancé sans l’accord du Velg'larn Zhaunil ».








Devenir un assassin n’a rien d’un chemin parsemé de rose. Tous ceux qui espèrent intégrer les rangs des lames dansantes s’en doutent, mais bien peu ont la réelle motivation pour réussir… sans bien sur parler du talent. Les différents grades possibles au sein de la guilde sont au nombre de cinq : postulant, apprenti, assassin, maître assassin et enfin Velg'larn Zhaunil. En soi, postulant et Velg'larn Zhaunil ne sont pas des grades au même titre que les trois autres mais la différence relèverait plus d’un état de fait qu’autre chose.

Un postulant n’est pas considéré comme appartenant à l’ordre. Il s’agit d’un sujet qu’un assassin de plein droit a estimé être doté d’un potentiel suffisant pour que l’ordre s’intéresse à lui. Généralement repérés par nos contacts sur le continent ou par un assassin en mission, le postulant peut être suivi discrètement par un membre le temps qu’il se fasse une opinion solide à son sujet.

De fait, bien des postulants ignorent l’être, et ne l’apprendront jamais. Lorsque l’assassin qui suit le postulant décide que le moment est propice, il peut soit lui proposer de rejoindre l’ordre immédiatement soit lui indiquer que la guilde s’intéresse à lui et que son comportement à l’avenir décidera d’une telle proposition. Quoi qu’il en soit, vous ne pourrez devenir un apprenti que le jour où un assassin vous ramènera avec lui au siège de l'ordre près de Thaar.

Une fois passé apprenti, vous accéderez à la citadelle des âmes, dont le rez-de-chaussée et le premier niveau vous seront ouverts. Une petite cellule vous sera attribuée, et l’accès vous sera donné à toutes sortes de terrains d’entrainements ainsi qu’à la bibliothèque qui contient nombre d’ouvrages sur les meilleures façons d’accomplir ses contrats avec brio. Prenez garde de ne jamais tenter d’accéder aux autres niveaux, vous le regretteriez amèrement.

Combien de temps dure un apprentissage ? Aucune règle n’existe dans ce domaine, la formation dure le temps qui sera nécessaire pour faire de vous un véritable assassin. Nous accueillons sans réserve toutes les races parmi nous et il serait vain de croire pouvoir dispenser une formation à la même vitesse à un humain qu’à un drow ou même à un nain. Certains apprentissages ne durent que quelques années, d’autres plus d’un demi-siècle. Mais n’oubliez pas que la vitesse n’est pas importante, seul le résultat compte…

Durant votre apprentissage, des missions d’assassinats vous seront régulièrement confiées, missions aisées bien entendu, mais qui vous permettront de vous familiariser avec le terrain. Vous les accomplirez seul ou en compagnie d’un assassin confirmé suivant les cas, mais sachez qu’à n’importe quel moment vos maîtres peuvent avoir dépêché un observateur discret afin de juger vos performances. Si vous décelez la présence d’un tel observateur… vous aurez réussi à les impressionner.

Lorsqu’enfin le conseil des maîtres assassins de la guilde vous estimera prêt, vous serez convoqué devant eux, et ils vous confieront une mission réellement ardue, qui mettra à l’épreuve votre intelligence, votre sens de l’improvisation, votre patience… toutes les qualités qui sont requises par notre métier. Accomplissez cette mission avec succès, et vous serez des nôtres. Échouez… et la citadelle des âmes vous sera fermée à tout jamais.

Devenu assassin, vous aurez accompli votre objectif de toujours. Vous quitterez votre spartiate chambrée du rez-de-chaussée pour vous installer dans de luxueux appartements au quatrième étage, où vous pourrez en toute quiétude savourer les délices qu’offre la citadelle entre deux missions. Et qui sait… peut être un jour repérerez-vous un futur membre, répétant ainsi la grande boucle que vous venez d’achever.

Et maître assassin demanderez vous ? A quoi cela correspond-il ?

Si vos missions sont couronnées de succès, que vous faîtes preuve de qualités exceptionnelles bien au-delà de la norme, peut être serez vous convoqué devant le Velg'larn Zhaunil lui-même qui vous signifiera votre élévation au rang de maître assassin. Cela vous donnera une relative autorité sur les autres assassins, mais vous devrez en contrepartie passer plus de temps à vous occuper de la gestion même de l’ordre : conseils de discipline, épreuves des apprentis et ainsi de suite…

Mais surtout n’oubliez jamais ceci : « rien n’est acquis pour l’éternité, et celui qui a conquis le plus haut sommet peut déraper et choir en bas de la montagne ».








L’ordre des lames dansantes dispose d’une dizaine de contacts à travers le royaume. Sans faire partie de la guilde elle-même, ces gens, généralement des marchands, sont grassement payés pour faciliter les déplacements des assassins en missions, leur fournir des caches si nécessaire ou encore repérer de potentiels postulants. Nous choisissons de préférence des ratés… des gens « qui auraient pu être… », des déçus de la vie, trop heureux de rendre à la société le mal qu’ils pensent lui devoir… tout en gonflant leurs poches par ailleurs.

Où vivent-ils ? Dans les grandes villes bien sur, l'un vit à Diantra, un autre à Ydril, un autre encore à Serramire… des gens bien calmes qui n’ont jamais causés de problèmes, mais qui dans l’ombre œuvrent pour la gloire de la guilde. Chacun d’entre eux connaît un double mot de passe qui lui sert à identifier les membres et ainsi accomplir au mieux sa tâche : un mot de passe dit « de mission » et un mot de passe dit « de renouveau ».

A quoi servent-ils ? Le mot de passe de mission est connu par tous les assassins qui se voient attribuer une mission dans la zone couverte par le contact, voire dans certains cas par des apprentis, afin qu’ils puissent s’authentifier auprès du contact comme des membres de la guilde. Dès lors qu’ils l’utilisent, ils recevront toute l’aide nécessaire. Le mot de passe de renouveau n’est connu que du Velg'larn Zhaunil lui-même. Il sert à renouveler à intervalles réguliers le mot de passe de mission de la manière explicitée ci-après.

Le Velg'larn Zhaunil convoque un assassin et lui donne le mot de passe de renouveau d’un contact ainsi qu’un pli scellé contenant le nouveau mot de passe de renouveau et le nouveau mot de passe de mission. L’assassin s’identifie comme porteur du nouveau mot de passe et confie le pli, que le contact doit lire et détruire devant lui. Ainsi, seul le contact et le Velg'larn Zhaunil connaissent les deux nouveaux mots de passe, gage de sécurité. Un véritable luxe de précautions me direz vous, mais la sécurité de nos membres est à ce prix.

Bien sur, la vie de contact de la guilde n’est pas ce que l’on pourrait appeler une sinécure. Les assassins peuvent débarquer n’importe quand et ont souvent de lourdes exigences pour mener à bien leurs missions, le tout avec des contraintes sévères de discrétion. Un contact ne pouvant satisfaire ces exigences risque à terme se voir renvoyer purement et simplement, les subsides financières dont il profitait s’arrêtant du jour au lendemain sans aucun avertissement préalable.

Quand à ceux qui parlent… cela arrive hélas. La plupart des contacts sont des solitaires aigris qui tairont leur petit secret, mais ceux d’entre eux qui se laisseraient aller à une confidence de trop prennent le risque que leur indiscrétion ne remonte jusqu’à la guilde. Dès lors, le jugement est immédiat et toujours identique : la mort. Bien des contacts ont ainsi été supprimés sur la foi de simples soupçons, car ces pigeons sont aisés à remplacer, les assassins sont eux des biens précieux.








La citadelle est un grand complexe bâti à l’extrémité d’un éperon rocheux en bordure de la mer Olienne, non loin de Thaar. Le reste de la population des environs n’a certes jamais vu d’un très bon œil l’activité des lames dansantes, mais les assassins veillant à éviter les troubles majeurs, ils ont fini par les accepter. Il s’agit au fond pour eux d’un mal pour un bien… certes il est arrivé que quelques groupes de mercenaires avides de gloire et d’or tentent une expédition, mais en règle générale la présence d'assassins calme bien des ardeurs, même les pires crapules évitent de se retrouver trop près des membres de l’ordre… question de survie dirons-nous…

Austère et rébarbative, la forteresse ressemble à s’y méprendre à un fort quelconque comme il en existe tant dans le royaume. Mais derrière ces murs se cachent des jardins enchanteurs où vous attendent les plus belles courtisanes qui soient…. Plaisirs bien sur réservés aux assassins de plein droit. Plus de deux cents personnes vivent dans ces murs : une quinzaine d’apprentis, une cinquantaine d’assassins, quelques maitres assassins, le Velg'larn Zhaunil, une quinzaine de marins, qui constituent l’équipage du boutre et une vingtaine de mercenaires. Le reste des habitants sont des esclaves, serviteurs, cuisiniers, courtisanes…

Les cinq niveaux de la forteresse, ainsi que le niveau souterrain, jouent les rôles suivants :

Niveau -1 : salle de torture, entrée de la salle du trésor (enfouie bien plus profondément), passage vers la petite crique où le boutre de la guilde jette l’ancre, entrepôts.

Niveau 0 : Chambres des apprentis et des serviteurs, terrains d’entrainements.

Niveau 1 : Chambres des mercenaires et des marins, réfectoire, cuisine, bibliothèque des apprentis.

Niveau 2 : Bibliothèque des assassins, armurerie, chambres des courtisanes.

Niveau 3 : Appartements des assassins, salle du conseil.

Niveau 4 : Appartements du Velg'larn Zhaunil , archives de la guilde.

La liste des pièces par niveau n’est bien sur pas exhaustive et ne regroupe que les principales.

Bien sur, si vous n’êtes pas un assassin ou si vous ne travaillez pas directement pour nous, alors vous ne verrez même jamais la citadelle. Mais peut être vous demandez vous alors comment nous contacter afin de discuter affaires ?

Chers amis, il y a deux hommes, de prospères et gras orfèvres aux prix prohibitifs bien connus dans le voisinage et ayant pignon sur rue. L’un vit à Diantra, l’autre à Thaar, et leurs boutiques ont la particularité d’avoir une lame finement ouvragée incorporée dans leur enseigne. Ai-je besoin d’en dire plus ? Si vous ne connaissez pas leurs noms, alors vous n’aurez de toute façon pas les moyens de vous payer nos services. Ces deux hommes ne sont pas des "presque frères", mais ils savent néanmoins comment nous contacter, expliquez leur votre cas et ils transmettront le message.

Bien entendu, n’essayez pas de les espionner afin de savoir comment ils remontent jusqu’aux Lames… car cette curiosité vous couterait la vie.