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 Une campagne comme oncques ne vit

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Meinhard d'Andorf
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Aymeric de Brochant
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Aymeric de Brochant
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MessageSujet: Re: Une campagne comme oncques ne vit   Une campagne comme on - Une campagne comme oncques ne vit - Page 2 I_icon_minitimeSam 12 Déc 2015 - 23:59

La bataille de Nebelheim touchait ainsi à sa fin, à mesure que les bataillons s’engouffraient dans la ville pour purifier cette dernière du fléau mort-vivant. À vrai dire, bien mal inspiré serait l'homme décrétant quand l'affrontement avait bel et bien fini. Était-ce lorsque l'on avait fracassé les rangs des sans-vie comme un fétu de paille ? Ou bien s'agissait-il du moment où le temple de la Damedieu avait été finalement repris. Certains soldats, longtemps après la bataille, raconteraient également comment la lutte s'était éteinte dans un panache de fumée magique, sur les toits de Nebelheim. Peccadilles que tout cela! Pour Aymeric, cette altercation, une vulgaire escarmouche, avait été scellée au moment même où l'on avait sonné la charge.

Pouvait-il en être autrement ? On avait lancé dix fois plus d'hommes sur la ville, que celle-ci n'en avait compté de morts, et le combat, s'il avait fait la part belle aux instants de bravoure des uns, relevait toutefois plus de la mathématique que de la tactique. L'ennemi avait péri, écrasé sous le nombre des preux nordiques, voila comment l'on pouvait résumer cet affrontement, qui n'était, du reste, qu'une mise en jambe sur le chemin d'Amblère.

Lorsqu'il avait pu observer le champ de bataille, Aymeric s'était résolu de ne point participer à l'échauffourée. Avisant ses féaux et ses capitaines, il diligenta l'ordre de bataille en un coup de cuiller à pot, ordonnant d'envoyer la piétaille après que les alliés n'eussent chargé. Beaucoup lui objectèrent de dédaigner l'honneur de la charge, et nombreux furent ceux qui vinrent reprocher au marquis de céder à ses voisins la tête de l'affrontement. Pour autant, on ne fit nullement changer d'avis ce têtu personnage, qui prit d'un accès atrabilaire, se refusait à aller cueillir la gloire sur les têtes à moitiés décomposées de feu ses fidèles soldats.

On ne sait si les mannes de ceux-ci furent soulagées d'être décapitées par des épées étrangères. La décision, au moins, épargna au marquis ce que la bataille réserva aux premières lignes. Lorsque les armes se furent tues, on vint alors rapporter auprès d'Aymeric comment le comte Alwin s'était trouvé aux prises avec l'ennemi ; l'enseigne dépeignait un combat fameux, et le marquis eut grandement envié son compère, si le récit ne s'était point achevé par la pénible description du seigneur mis à bas de sa monture. "Nous ne reprendrons assurément pas la route d'Amblère de si tôt." lança Aymeric aux siens.

C'est qu'en sus des affaires logistiques, le marquis entrevoyait derrière cette grande réunion d'armées éparses les enjeux politiques sous-jacent. À sa surprise, Jérôme les avait rejoint plus tôt que prévu, et si ce prompt renfort avait rendu la victoire plus aisée encore, elle forçait désormais Brochant à se soucier de nouveau des intrigues. Il eut été bien imprudent, dans un pareil moment, de poursuivre sur la lancée de cette bataille, et de se rendre à Amblère. Aymeric souhaitait avant tout s'instruire des velléités de sont vassal bien volatile, sinon s'octroyer son attachement pour le temps de la campagne. On verrait.

Comme si les antagonismes locaux n'avait le loisir d'attendre, on signala cependant que la soldatesque se disputait mutuellement le butin. Il y avait là matière à dissension, aussi le marquis ordonna sans attendre que fussent dressés force bûchers. "Priver les hommes de rapine ?" objecta-t-on sans attendre, et le marquis de préciser "Aux morts ce qui revient aux morts.", car si aujourd'hui les soldats avaient été ennemis, on les avait autrefois compté comme des amis, sinon des frères. Aussi furent diligentés sans attendre moult grand feux, sur lesquels étaient entassés les cadavres serramirois.

C'était un spectacle bien triste que la suite de cette glorieuse bataille, et aux yeux du marquis, l'émoi de la charge fut bien vite effacé par la gestion du succès. Tandis que la nuit tombait, il envoya ses enseigne auprès des autres commandant, les conviant à le rejoindre. C'est que le marquis, ayant gardé la tête fort refroidie en l'absence de combat, avait fait mettre son camp en ordre de mieux qui soit, et il ne se trouvait alors pas meilleur endroit aux alentours que sa grand'tente de commandement pour recevoir un pareil conseil.

Il eut cependant une pointe de remord, quand ce ne fut point le comte d'arétria qui se présenta sous les tentures, mais une enseigne annonça l'alitement de celui-ci. Fustigeant son orgueil qui l'avait poussé à se préoccuper de logistique, quand son allié demeurait blessé, Aymeric prit sans attendre la direction du camp arétan. Avisant ce qui faisait figure de chapiteau, il fit irruption sous les tentures pour découvrir un attroupement conséquent. "Le marquis!" lança-t-on, mais celui-ci se refusa à troubler le cercle qui s'était formé autour du comte. Il se signa, résolu d'attendre son tour pour adresser quelques mots à son allié, quand l'attroupement se dissiperait.

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Roderik de Wenden
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MessageSujet: Re: Une campagne comme oncques ne vit   Une campagne comme on - Une campagne comme oncques ne vit - Page 2 I_icon_minitimeDim 13 Déc 2015 - 11:20


Le campement arétan avait été dressé à la hâte, alors même que les combats se poursuivaient dans les murs de Nebelheim. Le succès ne faisant plus de doute, les hommes de la malelande se préoccupaient à présent du sort de leur seigneur et maître. Dans la tente de commandement où il était étendu, le comte Alwin avait petit à petit retrouvé la parole ; un signe encourageant, selon les hommes qui suivaient l'évolution de son état avec un mélange de crainte et d'espoir. Mais les médecins qui l'avaient aussitôt saigné ne se laissaient pas si facilement gagner par l'optimisme. Ils en avaient vu d'autres, et ils savaient que la blessure de leur seigneur était profonde et grave. Qui plus est, il était un mal que la meilleure des médecines ne saurait jamais soigner : la vieillesse. La vieillesse rongeait elle aussi la santé du comte Alwin, et privait l'homme, pourtant de constitution robuste, des forces dont il aurait eu besoin en ces heures sombres.

Roderik fut mandé par son suzerain. Lorsqu'il pénétra dans la sombre tente, il lui trouva un teint de mort. Il ne put s'empêcher de songer à Wenceslas, qu'il avait vu dans ses dernières heures. Curieux destin que celui des Wenden, que de devoir assister au trépas des comtes d'Arétria. Son père Ganelon avait trouvé la mort aux côtés d'Anseric de la Rochepont ; et lui devait voir mourir les deux Karlsburg.

Le comte toussa.

- La guerre, Roderik... les choses doivent se poursuivre. Qu'on n'abandonne pas...

- Votre armée n'abandonnera pas le combat, et ne vous abandonnera pas vous non plus, Seigneur Alwin. Je me battrais pour vous jusqu'au bout, et nous n'aurons pas de répit tant que ces saloperies grises n'auront pas regagné leur maudit volcan, ou leur tombeau.

Alwin sourit.

- Je ne regrette rien. C'était bon, de chevaucher à nouveau sur le champ de bataille. Je me suis senti vivant. Bien plus que pendant tous ces mois où j'ai gouverné la malelande. Rendre la justice, maintenir la paix, écouter les baillis, satisfaire les quémandeurs qui viennent chouiner sans cesse... il fit la grimace. Je ne souhaiterais pas à mon pire ennemi d'être comte. Au moins, j'ai combattu pour une juste cause... si je dois partir, je partirais dignement.

Il toussa à nouveau.

- Si seulement j'avais pu mourir d'un seul coup, dit-il sombrement. Tué nettement et proprement sur le champ de bataille, comme les héros des chansons. Dans les chansons, les héros n'agonisent pas sous leur tente.

- Vous êtes un héros, répondit Roderik avec conviction.

Le comte toussa encore.

- J'ai soif.

Roderik s'empara du pichet d'eau que l'on avait posé sur la table parmi les cartes de la région, ainsi que d'une coupe qu'il remplit aussitôt. Il porta la coupe d'eau au comte, et l'aida à boire lentement.

Le marquis de Serramire apparut bientôt entre les tentures. Faisant preuve d'une grande courtoisie, il demeura en retrait, ne voulant pas les interrompre ; mais Roderik, se sachant d'un rang inférieur, ne tenait pas à le faire attendre. La suite de la campagne reposait toujours entre les mains des marquis de Serramire et d'Odélian et, pour quelque temps encore, du comte d'Arétria. La plupart des hommes sortirent. Le comte garda néanmoins près de lui sa « garde rapprochée » : les seigneurs de Wenden et de Rimbert, ainsi que son fils et héritier, Ewald. Ceux-ci observèrent un silence respectueux tandis qu'Alwin invitait le marquis à s'avancer.

- Je regrette de vous recevoir ainsi, marquis, lança-t-il en s'efforçant de garder la voix claire. Il toussa. Je n'ai pu m'empêcher de me jeter dans la mêlée. Nouvelle quinte de toux. Mais je demeurerais à vos côtés, quoiqu'il arrive. Je ne rentrerais pas chez moi tant qu'il restera des peaux-grises dans le pays. Nous nous battrons. La douleur lui arracha une grimace, tordant son visage. Je me battrai.
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Nakor
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MessageSujet: Re: Une campagne comme oncques ne vit   Une campagne comme on - Une campagne comme oncques ne vit - Page 2 I_icon_minitimeDim 13 Déc 2015 - 20:39

Dans la lumière et le bruit, l'éclair était parti. Et aussi étonnamment qu'il était possible de l'être dans une telle situation, l'éclair frappa. Nakor se l'avouerait à lui-même par la suite, il ne pensait pas que la frappe électrique dépasserait les défenses de l'archimage du Puys. Ce dernier d'ailleurs, fut propulsé dans un hurlement de douleur, loin contre les murailles de la cité. La vieille barbe blanche ouvrit de grands yeux en avançant légèrement la tête, baissant doucement ses anciennes mains tremblantes.

"Ca alors ... "

Puis le cri strident et suraigu de la femme elfe prit le pas et ramena Nakor dans la réalité. Elle convoqua une force puissante. De la magie de la terre qui fit se mettre en garde le Magistère du Firmament. Il reconnaissait le modelage fort et stable de la magie de l'élément terre mais ne savait pas ce qui allait se passer. Il se mit en branle, prépara ses propres forces et vit alors l'effroyable monstre jaillir du sol. La peste, elle avait convoqué un élémentaire qui semblait à ses ordres sans qu'aucune faille ne puisse subsister et surtout, qui semblait très en colère. Il devrait réfléchir plus tard aux raisons qui poussaient une telle elfe à se joindre à un personnage comme Haldren, il devrait aussi terminer un jour la réflexion qu'il avait débuté voilà des siècles sur qui d'un homme ou d'une femme elfe pouvait crier le plus aigu. Mais ce n'était pas le moment de philosopher, il faisait front à un colosse aux yeux rouges. Il devait avoir une force surhumaine capable de broyer le vieux fou d'un seul coup, il ne fallait donc surtout pas se faire avoir. Il tendit les bras, à l'horizontale, un sur la gauche, un sur la droite, paume ouverte, à la perpendiculaire. Il se concentra et appela à lui l'élément eau. De plusieurs jarres qui se brisèrent sous le choc arcanique, Nakor amena à lui, dans chaque main, une masse d'eau. Faisant quelques mouvements rapides avec la main droite, un coup devant, un coup derrière, un coup en balayant l'air devant lui, puis en propulsant sa main vers l'avant, l'archimage balança un trait d'eau sur pressurisé qui perfora et scia l'élémentaire depuis l'épaule gauche jusqu'au flanc droit. Dans un nouvel hurlement le monstre s'étala sur le sol ce qui provoqua quelques secousses. En effet, il avait armé son bras et s'apprêtait à abattre le bras gauche sur le vieux chapeau pointu. Il en avait fallu de peu!

"Et maintenant, le grand final, vite!"

Nakor utilisa l'eau qu'il avait conservé dans la main gauche pour la faire croître, se multiplier, grandir, grandir et grandir encore. Il recula vivement alors que le haut du corps encore en vie avançait avec la vivacité de l'éclair. Cela fit même peur au magicien

"Pale-sang-bleu ... mais c'est qu'il va me tuer le bougre!"

Et les puissances archimagiques de Nakor firent leur oeuvre, il balança un torrent d'eau qui ne cessait pas de se renouveler. L'eau plongea l'élémentaire dans un effroi simple et efficace : il allait se transformer en boue et se diluer. Il perdait de sa subsistance petit à petit. Ajoutant un peu de force, l'eau compressait aussi le monstre, puis les vagues affluaient et affluaient encore, couvrant et recouvrant le monstre, jusqu'à ce qu'il s'éteigne dans les cris de hargne dont il était encore capable. Ainsi, venant souiller les chaussures du vieux fou, l'eau boueuse fit place au spectacle : Haldren et son elfe étaient parti, une maison avait été découpé par le trait d'eau, et la boue avait inondé une ruelle entière, mais la terre desséchée ferait bientôt son oeuvre et ce serait le moindre des dégâts. Soufflant longuement pour reprendre ses esprits, Nakor dit tout haut, en criant presque

"Nous nous reverrons Haldren et cette fois, il faudra mettre un terme à toute cette histoire une bonne fois pour toute!"

Puis baissant d'un ton, comme pour se parler à lui-même

"Non mais et puis quoi encore ... il essaie de manipuler mon esprit, sa compagne tente de me tuer en m'écrasant sous les poings de son monstre de terre et le pire dans tout ça, je salie mes chausses qui sont pleine de boue! J'ai une sainte horreur de ça!"

Puis marmonnant dans sa barbe, Nakor leva les yeux vers les murailles et chercha le chemin de retour : les morts avaient cessé leur combat, les hommes du nord avaient emporté la bataille. Mais à quel prix? Ca, ils allaient tous vite le savoir. Le vieil homme retourna alors aussi rapidement que possible, ce qui était un bien grand mot, auprès de Jérôme. Ce combat lui avait demandé de déchaîner de manière très brève, de belles quantités de magie ... heureusement, il n'était pas né de la dernière pluie. Sinon, soit les troupes humaines auraient eu à faire au regroupement le plus dangereux qui soit d'archimages de Miradelphia, soit il aurait fini en crêpe sur le sol de Nebelheim.
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Alanya de Saint-Aimé
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MessageSujet: Re: Une campagne comme oncques ne vit   Une campagne comme on - Une campagne comme oncques ne vit - Page 2 I_icon_minitimeDim 20 Déc 2015 - 23:31

Voir le sujet posté en Alonna.


Dernière édition par Alanya de Broissieux le Dim 7 Fév 2016 - 20:34, édité 1 fois
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Aymeric de Brochant
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MessageSujet: Re: Une campagne comme oncques ne vit   Une campagne comme on - Une campagne comme oncques ne vit - Page 2 I_icon_minitimeLun 21 Déc 2015 - 23:58

tandis qu'Aymeric toisait son compère alité, et que ce dernier assurait, malgré son état de faiblesse, sa volonté de continuer la lutte, le marquis, lui, demeurait perdu dans ses pensées. Au premier coup d’œil, la blessure du comte lui avait sauté aux yeux : elle était de celle dont on ne réchappe pas. Pourtant, n'avait on pas dit la même chose de lui, quelques semaines auparavant ? Aymeric, pour avoir à de nombreuses reprises oscillé aux limites du séjour aqueux, ne voulait se prononcer trop promptement sur le sort d'Alwin.

Cependant, s'il se refusait à quelque verdict, le marquis n'en était pas moins conscient de l'incapacité dont le comte était frappé. Hélas, les souhaits de ce dernier, si l'on ne voulait pas reporter la campagne aux prochaines calendes, devraient être mis de côté. Attendre le rétablissement d'Alwin pour reprendre la marche, en plus de repousser l'assaut final, et d'émousser le moral des hommes, ne faisait qu’accroitre le risque de voir le vieil homme décéder plus tard. Les arétans étaient des hommes volatiles ; sous l'égide d'un bon commandant, ils s'enhardissaient. Privés de leur chef, c'était la débandade. La mort des deux précédents comtes avait coup sur coup plongé dans un effroi certain les hommes qui avaient juré de les servir. C'était une possibilité qu'Aymeric ne pouvait envisager.

"Mogar serait bien mauvais seigneur, s'il exigeait à nouveau de votre sang, cher ami. déclara le marquis d'un ton chaleureux, se penchant vers l'homme, vous devez rester à Nebelheim le temps que vos plaies guérissent. Il y aura d'autres batailles à combattre, je vous en fait la promesse." Était-ce une compassion réelle pour un homme proche de sa fin ? Ou un moyen d'endormir l'obstination presque sénile d'un vieillard à se battre malgré son état ? Il ne nous appartient pas de le dire ; Aymeric se détourna aussitôt du comte, se tournant vers les proches de celui-ci. "Je tiens conseil dans mes quartiers, le marquis d'Odelian et le Maréchal de Clairssac sont également attendus." Puis, il prit congé de l'assemblée et s'en fut.

Peu après, c'est sous la grand'tente que l'on retrouvait tout ce monde. Les coteries des différents fiefs s'installèrent autour de la grand table dressée pour l'occasion. On était en campagne, aussi la chose n'avait pas pu assumer les proportions qu'elle aurait du ; faute de place, seules douze personnes pouvaient se tenir assis devant le chêne, et le reste des mesnies se trouvaient cantonnées debout derrière leurs suzeraines respectifs. Si l'absence d'Alwin faisait que ses trois plus fidèles lieutenants puissent être tous sur leurs séants, il n'en était pas de même pour le quartier serramirois, où le fils du marquis, encadré de quelques seigneurs et chevaliers, observait droit sur ses guiboles Aymeric, Evrard et Roland de Versmilia penchés vers la table.

On y avait naturellement déplié une grande carte, selon l'usage, et l'atmosphère, quoi qu’encore échaudée après les échauffourées de la journée, avait perdu en gravité par comparaison au matin même. C'est qu'on avait entretemps remporté une grande victoire, et le moral était bon. Pour autant, le véritable combat demeurait à venir. Le marquis, qui après tout était l'hôte de ce soir, prit la parole le premier. "Mes bons amis, la Damedieu et le Père des batailles nous ont offert aujourd'hui une grande victoire. Gloire aux Cinq!" Et les chevaliers serramirois de reprendre leur seigneur aux cris de "Gloire !" sous la tente. "Oncques mais! Ne nous ébaudissons point. Devant nous se tient Amblère, et en son sein, le drow. C'est là plus formidable défi encore qu'aujourd'hui ne le fut." L'enthousiasme faiblit.

"J'ai payé cher ma témérité à vouloir bouter le drow trop hâtivement. Mais rassurez vous, cette erreur, je ne la ferais pas deux fois. Aujourd'hui, le temps joue en notre faveur. Les drows sont circonscrits dans leurs murs, épuisant leurs ressources de jour en jour. Il nous suffit de mettre le siège devant Amblère, et d'attendre que la faim ne les en chasse, ou qu'ils ne se hasardent à une sortie qui leur serait fatale. Que dites vous de cela ?"

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Roderik de Wenden
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MessageSujet: Re: Une campagne comme oncques ne vit   Une campagne comme on - Une campagne comme oncques ne vit - Page 2 I_icon_minitimeMar 22 Déc 2015 - 13:40

Sous la tente de commandement, le comte Alwin brillait par son absence. Le siège qu'il aurait dû occuper, néanmoins, n'était pas vide ; il accueillait le postérieur encore trempé de sueur de son fils et héritier, Ewald, qui faisait la gueule. Autour de lui étaient assis les deux seigneurs arétans dont Alwin avait eu l'habitude de requérir le conseil : Henry, seigneur de Rimbert, et Roderik, seigneur de Wenden. Ces deux-là n'étaient pas dans les bonnes grâces du fils, mais le père était encore de ce monde, et ils étaient respectés et appréciés tant par la chevalerie que la menue piétaille ; leur présence à ce conseil était par conséquent logique, d'autant plus qu'Ewald manquait d'expérience - cette campagne étant la première à laquelle il prenait part.

Les arétans écoutèrent avec attention le marquis de Serramire. Lorsque résonnèrent les cris de gloire, Rimbert s'y joignit de bon cœur, tandis que Roderik applaudissait poliment. Ewald de Karlsburg, pour sa part, continuait de bouder. Un observateur lambda, comme vous l'êtes probablement, cher lecteur - ou chère lectrice, car voyez-vous, j'aime accorder une attention particulière à mon public féminin - un observateur lambda, disais-je avant de perdre le fil, aurait pensé qu'Ewald ruminait la tristesse d'un fils qui s'apprête à perdre son père. En réalité, il s'était illustré en glissant dans une fiente juste avant de pénétrer dans la tente de commandement, et son beau manteau de fourrure, étrangement épargné par la bataille, était maintenant recouvert de boue.

L'évocation par Aymeric du désastre d'Amblère éveilla l'attention de Roderik. Cet échec avait forcément entaché la réputation du marquis, et avait créé l'ennemi qu'ils venaient d'affronter à Nebelheim ; mais Roderik se refusait à lui jeter la pierre. Serramire avait affronté seule le péril drow avant leur arrivée. Le marquis avait péché par excès de bravoure ; la même erreur allait coûter la vie au comte d'Arétria, aussi Roderik ne pouvait que se montrer compréhensif. Par ailleurs, il avait apprécié qu'Aymeric vienne rendre visite à Alwin après la bataille ; cette marque de respect ne serait pas oubliée.

Le plus important, à présent, était de prendre une décision quant à Amblère. Aymeric de Brochant préconisait un siège en bonne et due forme, plutôt que de se risquer à un assaut qui entraînerait forcément d'énormes pertes. Roderik ne s'était jamais rendu à Amblère, mais il avait ouï dire que ses murailles étaient redoutables, comme nombre de places fortes sgardiennes. Un siège serait long, certes, mais ils avaient l'avantage, et ils devaient le conserver. Il s'empressa d'acquiescer, brûlant la politesse à Ewald, de peur que celui-ci ne lance une énormité. Ewald, après tout, n'était pas - pas encore - son suzerain.

- Je suis de votre avis, marquis. Allons camper sous les murs d'Amblère ! Nous ferons rôtir jour et nuit des cochons et des volailles sous les yeux des drows affamés. Ma foi, puisqu'ils ont de l'appétit pour tout ce qui est vivant, ils n'auront qu'à se bouffer entre eux !

Il avait failli terminer sa phrase par un « ces petites salopes », mais il sembla que c'eut été un peu trop familier. N'étant pas chez lui, il était malvenu de trop prendre ses aises.
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Jérôme de Clairssac
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MessageSujet: Re: Une campagne comme oncques ne vit   Une campagne comme on - Une campagne comme oncques ne vit - Page 2 I_icon_minitimeMar 29 Déc 2015 - 14:18

Nakor avait demandé aux soldats etherniens de le laisser affronter une magie présente. Les soldats ne se firent pas prier et ils continuèrent leur périple à la suite d'Arnaud de Raisse en direction de la citadelle. Ils avaient pris soin, au début, de rester avec les autres, en retrait, afin de ne pas réduire leur nombre. Lorsque le donjon fut en vue, ils s'écartèrent du groupe pour se diriger vers l'ancienne résidence du dirigeant de la cité. Dix prêtres d'Othar les accompagnaient et ceux-ci ne ménageaient pas leurs efforts maintenant qu'ils étaient seul. Une cinquantaine d'hommes du baron étaient avec eux afin de reprendre ce symbole au sein de la ville. Le combat fut rude pour la seule reprise de cet édifice et une fois ceci terminé, Arnaud se mit à pleurer devant les horreurs qu'il avait vu ainsi que des gens qu'il avait reconnu et occis pour purifier ce lieu et le reprendre aux morts. Lorsque les combats furent terminés, il dressa fièrement en haut du donjon le drapeau de ses ancêtres afin de signaler le retour de son seigneur dans sa ville. Les hommes d'armes alliés se disputaient le butin et ils mettaient la ville à sac mais on se garda de les en empêcher, surtout vu ce qu'il restait de la maudite. Le donjon, par contre, était maintenant gardé par des soldats etherniens puisque ceux de Nebelheim avait fait le sacrifice de rester et avaient donc péri avant de se relever.

Les pertes du combats du baron était plus que minime, celui-ci ayant rejoint l'ost plus tard et assurant l'arrière garde. Nul doute qu'ils auraient l'occasion lors des prochains assauts, de faire diligence, à moins que leur seigneur en décide autrement. Jérôme était satisfait de la reprise du donjon et de sa tenue par ses hommes et par celui qui lui avait fait serment, même si c'était purement chimérique vu l'état de celle-ci. L'ost du baron aida à monter les bûchers et à faire brûler le plus rapidement possible les corps. Que cela soit pour éviter les maladies ou par peur qu'ils ne se relèvent encore une fois, on ne sait pas trop la véritable raison qui les poussa à travailler durement et le plus rapidement possible à la tâche. L'autre partie montait le campement des troupes coalisées etherniennes, bastylloises et oësgardiennes qui avaient ralliées le baron. Ce dernier était sous sa tente, au milieu du campement lorsqu'il reçu trois informations, la première étant que le comte d'Aretria était sérieusement blessé, la seconde que le marquis de Serramire conviait les commandants sous sa tente et qu'il était invité. Il rendrait visite au comte plus tard, après le conseil car il ne voulait pas faire attendre Aymeric. Il ne savait pas encore sur quel pied danser avec tous les événements qui s'étaient précipités. Le manque de nouvelles du marquis d'Odélian était aussi inquiétant, surtout après lui avoir fait parvenir un compte rendu de sa visite à Sainte-Berthilde et du fait qu'il était tout proche de lui en ce moment et qu'aucune forme de communication se présentait à l'horizon. La dernière et non des moindres, était qu'un ost d'Alonna terminait de se lever, pour quelle destination ou mission, Jérôme ne le savait pas encore. En apprenant celle-ci, il se mit à bougonner. Il n'oubliait pas ce qu'il avait apprit alors qu'il se trouvait à Dormmel, à savoir que son ancien conseiller avait épousé la baronne d'Alonna après avoir fuit Etherna en brûlant ses terres. La réaction avait été prompte, il avait été déclaré félon, ses titres et terres avaient été confisqués et des troupes restées à Etherna avait prises possessions des restes de son fief. Il faudrait nommer un nouveau seigneur mais cela viendrait en son temps. Tout était alors devenu clair dans la tête du baron concernant le double jeu de celui qu'il avait cru son ami. Entre son empressement à faire diligence comme ambassade auprès du marquis de Serramire, seul, et du fiasco qui en avait résulté, amenant presque la guerre entre les deux sans possibilités de retour. La désobéissance à ses ordres alors qu'il s'était rendu à Diantra au lieu de Soltariel et maintenant son mariage sans l'autorisation de son suzerain ajouté au fait qu'il avait brûlé son château. Tout cela montrait à quel point il avait œuvré pour lui et contre son seigneur sans aucune explication. Le mariage de la baronne sans l'accord du suzerain de son époux avait aussi finit de rompre les liens entre Etherna et Alonna, celle-ci démontrant définitivement son empressement à nuire au baron qui lui avait tant donné. Les échanges commerciaux entre les deux, seuls vestiges de la première mésentente, avaient été rompu également.

Jérôme se présenta donc à la tente du marquis de Serramire, il s'installa sur une chaise mise à sa disposition. Venaient à sa suite, Clément d'Huguelain, le capitaine des troupes etherniennes, Adrien de la Rocheclaire, l'un de ses conseillers, Renaud de Chassur et Armand de Chastellon ainsi que Robert, le second de Charles, représentant Othar auprès du baron en l'absence de son chef spirituel, trop âgé pour aller au combat et resté à Dormmel. Il y avait également bien entendu, malgré quelques mots murmurés, Nakor, le sage qui saurait donner son avis éclairé au baron. Arnaud de Raisse était resté au donjon de Nebelheim, au cas ou.

Lorsque tout le monde fut présent, le marquis de Serramire prit la parole en premier, étant celui qui avait convié tout ce beau monde. Jérôme remarqua que le comte d'Aretria était logiquement absent mais il vit, aux côtés de son aîné, le seigneur de Wenden, Roderik, qu'il salua d'un signe de tête lorsque leurs regards se croisèrent. Il se souvenait d'un entretien, une nuit, au château de celui-ci et de leur discussion, restait en suspend, faute d'avoir trouvé un compromis. Aymeric débuta en louangeant la victoire de ce jour, personne ne remarqua que Jérôme ne prit pas part aux ovations, faisant aller son bleu regard du marquis d'Odélian à celui de Serramire. Lorsque le calme fut revenu, le "chef" de cette assemblée reprit, parlant alors de l'étape suivante et non des moindres, que représentait Amblère. La citadelle était puissante et elle avait bouché longuement la route de Jérôme vers le centre de la Sgarde avant l'arrivée des sombres. Le baron avait cherché comment la prendre sans perdre trop d'hommes ou alors il avait tenté de la contourner, du moins dans ses pensées. Elle représentait un fort défi, surtout entre les mains des drows qui étaient, tous les sages le savaient, plus habile au maniement des armes vu leurs longévité et surtout de talentueux mages. Il n'y avait aucun doute, vu la bataille d'aujourd'hui, qu'ils relèveraient les hommes qui tomberaient pour fortifier leur armée. Il fallait donc réussir à les abattre en perdant le moins d'hommes possible, un défi qui relevait plus du miracle.

Aymeric mit à plat son erreur d'avoir chargé seul, il fit amende honorable afin de montrer que la folie n'était plus en lui. Il parla de mettre le siège devant la ville et d'attendre qu'ils meurent de faim ou qu'ils sortent affronter les osts coalisés qui se placerait sous leurs murs. Roderik fut le plus prompt à répondre, avant même le fils du comte, allant dans le sens du marquis. Jérôme prit ensuite la parole

"Il va de soit qu'un assaut de la ville amènerait de nombreux morts et que ceux-ci fortifierait l'armée sombre s'ils les relevaient à chaque fois. Toutefois, sommes nous vraiment certain qu'ils ne sont pas ravitaillés ? mettre le siège est le plus sage mais s'ils reçoivent de la nourriture et des renforts, c'est nous qui allons nous épuiser avant eux."

En effet, les éclaireurs de Jérôme, envoyés aux renseignements, revenaient (et encore pas toujours) lorsqu'il s'agissait de rester au loin pour savoir ce qu'ils faisaient. Par contre, de ceux qui avaient été envoyé plus loin, derrière les lignes, aucun n'était revenu)

"La question se pose alors de savoir si nous devons encercler la ville et diviser nos troupes, ou si nous restons unis, du même côté"

La question était censée car diviser les troupes étaient une chose faisable en cas de supériorité flagrante et si la jonction et la communication était aisée. Hors la, le pont passait tellement près de la cité qu'il serait suicidaire de vouloir l'emprunter. Contourner pour prendre la citadelle en arrière prendrait du temps mais elle permettrait de s'assurer qu'aucun ravitaillement n'arrive. Toutefois, l'on ne pourrait pas, ou très difficilement, aider si une sortie sombre était au gout du jour.


Dernière édition par Jérôme de Clairssac le Lun 4 Jan 2016 - 8:20, édité 1 fois
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Aymeric de Brochant
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MessageSujet: Re: Une campagne comme oncques ne vit   Une campagne comme on - Une campagne comme oncques ne vit - Page 2 I_icon_minitimeMar 29 Déc 2015 - 22:10

L'enthousiasme du seigneur de Wenden sut ébaudir la coterie serramiroise, et à l'évocation d'un glorieux siège sous les murs d'Amblère, les hommes se firent rodomonts. À la vérité, l’opprobre de leur défaite les hantait encore, et nombre d'entre eux avaient hâte d'exorciser cette cruelle déconvenue. La récente victoire et le nombre rassemblé permettait, non plus d'en rêver, mais de voir la chose comme possible.

Cependant le Maréchal, dont on avait guetté l'entrée avec suspicion, d'autant plus qu'il avait amené avec lui son sorcier, s’étendit en question. Pour autant, les remarque de l'homme s'étaient naturellement portées - l'on en attendait pas moins venant d'un pareil homme de guerre - sur les moyens à mettre en œuvre pour mener le siège à bien. Les doutes du barons étaient légitimes : c'est qu'il n'avait eut la chance d'engeôler quelque drow, aussi, malgré ses déploiements bientôt proverbiaux d'éclaireurs, il n'avait en son entendement tout ce que détenait Aymeric. Ce dernier entreprit alors de rassurer son vassal :

"Une fois de plus, vous ne vous entendez que trop aux affaires de la guerre. Sachez donc cela, bon ami : ce sont les gens du lointain Estrévent qui ont permis aux puysards de mener le tumulte sur nos terres, en leur ouvrant la porte vers le Nord, et en leur offrant guides et pitance. Aujourd'hui, les estréventins, à leur habitude, on tourné casaque, laissant les puysards esseulés. Voila ce que nous a révélé le drow qu'Evrard avait saisi, après qu'on l'eut soumis à la question."

Était-il possible que le sorcier noirelfique eut menti ? On savait les drows être de cauteleuses créatures, mais l'interrogatoire administré à ce pauvre hère avait été à la mesure de sa nature ignominieuse. Du moins, l'espérait-on. En dépit de tout cela, la situation des puysards, quand bien même eussent-ils été encore soutenus par les gens du levant, penchait à l'avantage des hommes. C'est à cela que se raccrochait Aymeric, quand il entreprit, se levant pour agiter une badine sur la carte, d'expliquer la situation.

"Il convient, je le crois, d'établir nos ostes sur la rive occidentale de la Vâmme, qui était alors le nom local de la Sirilya. Là est la ville, asséna le marquis d'un coup de badine, et devant elle, de larges plaines. On ne désirerait mieux pour livrer bataille. Le terrain y descend lentement, sur près d'une demi-lieue, de plus de cent toises, jusqu'aux berges du fleuve, s'efforça-t-il d'énoncer avec froideur, tâchant d'oublier les circonstances l'ayant amené à découvrir ce champ de bataille. Au delà, il n'y a que l'Adurie et ses mauvaisetés. Que nous importent ces maudits bois ? Mie! Que les drows s'y enfuient, et qu'ils s'y terrent, peu m'en chaut. Point ne vaut de les poursuivre dans ces lieux de géhenne, où les Cinq seuls savent quelles bêtes se repaîtrons de leurs chairs."

En vérité, il s'était trouvé quelque raison de vouloir tenir les puysards hors de l'Aduram. Autrefois, la forêt avait été le repaire de bandes noirelfiques populeuses, et la laisser s'infester par la gent du Puy serait assurément le synonyme de nouvelles razzias aux frontières de la Péninsule. Mais la chose était elle pire qu'une armée d'occupation ? Assurément non. Qui plus est, on disait désormais la forêt redevenue ensauvagée, et le sorcier drow, évoquant un mal rongeant le bois, avait semblé lui même pris de peur. C'était chose suffisamment significative pour qu'on en tinsse compte.

"Il m'est avis, cependant, que les puysards ne s'enfuiront guère, et livrerons un féroce combat plutôt que de s'en retirer. Soyons donc prêts à les recevoir! Le pays aux abords d'Amblère nous est propice, et les drows y sont en état de faiblesse. Dressons de fortes bastilles autour de la cité, sur lesquelles viendront s'écraser les vagues noirelfiques. Le bois ne manque guère! Nous venons de rendre Nebelheim à ses gens, ils peuvent nous en concéder la charpente. Voila qui nous assurera de solides fortifications, et des pierriers en nombre."

Le marquis n'avait en effet, emmené avec lui nul engin de siège, et à l'évidence, ses alliés non plus. Peut-être Jérôme détenait-il dans ses villes quelque trébuchet ; la raison dictait cependant que l'on se servît dant la plus propice source de bois. Les poutres et les madriers de Nebelheim allaient servir à la punition de ceux qui avaient pensé un jour l'envahir. Un rictus amusé vint tressauter sur la bouche du marquis, à qui cette idée était venue en voyant l'absence de monsieur de Raisse.

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Nakor
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MessageSujet: Re: Une campagne comme oncques ne vit   Une campagne comme on - Une campagne comme oncques ne vit - Page 2 I_icon_minitimeMer 30 Déc 2015 - 0:35

Nakor avait lourdement rejoins Jérôme après son combat magique contre Haldren. Les soldats s'étaient d'abord adonnés à quelques dévotions puis les bûchers s'étaient enflammés.

"Voilà une bonne chose ... il faut tout nettoyer!"

Nakor gardait encore en mémoire l'horreur d'Haurse-Porc qu'il avait dû nettoyer par la magie dans un déluge de feu ravageur. Il trouva enfin Jérôme, ses soldats avaient pris position dans le donjon et ils purent alors échanger quelque peu sur la bataille, les pertes et les survivants. C'est donc sous la tente de commandement que le baron d'Etherna reçu un courrier le mandant à se joindre au marquis de Serramire. D'un petit regard entendu, Nakor demanda s'il pouvait venir et sans que Jérôme n'ait à prendre la parole non plus, il indiqua au sorcier qu'il pouvait le suivre. Ils prirent donc le chemin de la réunion, accompagnés de Clément d'Huguelain, Adrien de la Rocheclaire, Renaud de Chassur et Armand de Chastellon ainsi que Robert, le second de Charles, représentant Othar auprès du baron en l'absence de son chef spirituel resté à Dormmel. Ils trouvèrent sous la tente le fils d'Alwin, Ewald, Henry de Rimbert et Roderick de Wenden et quelques autres nobles entourant bien sur Aymeric de Brochant que Nakor appelait Aymeric de Serramire par déformation des titres et des terres. Il entra en faisant lentement frapper sur le sol, son bâton à chacun de ses pas. La tête haute, le regard droit et dur, une petite aura de puissance et de sagesse autour de lui plutôt que cette aura de bonhomie et de folie qu'il préférait tant. Il ne prit place dans aucun siège et ne tourna pas même le regard quand quelques murmures se firent entendre sur son passage. Oui, Nakor autrefois conseiller personnel du roi était là, aux côtés de Jérôme de Clairssac. Quand la clameur fut convoqué et suivi par presque tous, ni le baron d'Etherna ni Nakor ne bronchèrent. Le magicien n'était pas un homme de dévotion flamboyante, pour lui c'étaient bel et bien les hommes, leur courage et leur force, qui avait permis de remporter la bataille. Les prières de remerciements aux dieux, les nains en avaient adressé des milliers sous Kirgan et cela ne les empêcha pas de sombrer dans le magma colérique de Mogar. Le Magistère coula un très léger et bref regard en direction de Jérôme, dans un visage froid et sans expression. Il se mordit la langue d'intervenir après les propos de Roderik et laissa parler à la suite et le baron et le marquis qui donna réponse. N'y tenant ensuite plus, le vieux fou fit ce qu'il faisait si bien depuis six cent vingt huit ans : il prit la parole pour se mêler des affaires qui pouvaient sembler ne pas le concerner de prime abord.

"Monseigneur De Brochant ... les estréventins qui offrent guide et pitance aux drows? Qu'ils fuient ensuite n'est pas étonnant mais quelque information que ce soit, lorsqu'on la tien d'un drow soumis à la torture, il faut faire méfiance. Depuis leur plus tendre enfance, ils sont formés, habitués à la douleur, la peur, la torture, la maltraitance et j'en passe. Je ne doute absolument pas de vos bourreaux, mais je me méfie encore plus de l'engeance du Puys. Je les affronte et leur survie depuis plus de quatre cent ans maintenant et si je n'ai appris qu'une chose d'eux c'est que l'on ne peut s'y fier dans une telle situation."

Refermant très légèrement les yeux, Nakor continua ainsi en s'avançant quelque peu

"Avant de joindre Dormmel et le seigneur de Clairssac, je suis passé par Haurse-Porc Messeigneurs ... ce petit village était totalement dévasté. La mort empestait partout dans l'air, la maladie aussi, la pourriture. La magie qu'utilisent les prêtres drows qui ont joins le front est aptes à faire encore pire que de soulever des morts. J'ai dû passer par le feu l'ensemble du village pour en éliminer la vermine qui s'y était installée."

Et afin de préciser sa pensée Nakor termina ainsi

"Où que vous postiez vos hommes, il faudra prendre un soin plus que particulier à la propreté de vos camps. Une plaie mal guérie, une nourriture point assez saine, une eau trop trouble et vous pourriez donner à vos adversaires un vecteur de transmission idéal pour finir par alimenter leurs armées de morts. Leur magie est insidieuse, invisible, traîtresse ... tout comme leur technique de combat. Ils aiment le chaos, la mort et la furie, mais pas quand elle leur est destinée uniquement. Les drows ne se jettent pas dans un combat déjà perdu. S'ils sentent qu'ils sont en position de faiblesse, ils réfléchiront, ils en ont le temps, ils vivent des millénaires, ils sont moins pressés que nous. Ils vous observeront, chercheront une faille et s'ils la trouvent, nous risquons d'en pâtir. Croyez moi, je suis passé devant Amblère, tout est bon là pas pour tomber gravement malade ... trois milles cadavres déambulant devant les portes d'une forteresse ne peuvent laisser un terrain propre derrière eux."

Le Magistère allait s'arrêter là, quand une dernière idée lui vint en tête. Il reprit donc la parole avant que quiconque puisse la lui couper

"Tout comme une épée ne peut en vaincre d'un seul coup des dizaines, ma magie ne pourra pas vous protéger de tout. Nos arts sont très différents, je manipule les éléments de la nature, eux manipulent la mort en nécromantiques maudits qu'ils sont. Je pourrai aider, de bien des façons ... je peux convoquer le feu, la terre, l'eau, le vent, l'éclair ou la glace ... et bien d'autres choses encore, mais la magie ne peut solutionner tous les problèmes, loin s'en faut. Si vos hommes tombent malade, je ne pourrai rien faire contre même si c'est un sortilège qui en est responsable. Et alors, la longueur de votre siège et son isolement se retourneront contre vous car les elfes, qu'ils soient sylvains ou puysards, ne souffrent pas des mêmes maux que nous."

Ainsi, le magicien se tut enfin, mais il avait avant tout le monde indiqué qu'il était absolument inutile de chercher à faire un peu d'ironie et indiquer qu'il n'aurait qu'à faire un de ses tours de passe-passe pour sauver tout le monde de l'affaire. Il parlait sérieusement, et avait déjà démontré à maintes reprises qu'en matière de magie, Nakor savait ce qu'il racontait. Son avertissement avait été donné : un siège était une solution notable, voir intéressante mais que cela pourrait ne pas être aussi facile qu'il n'y parraissait. Les drows pourraient ne pas attaquer, trouver des moyens détournés de tuer les vastes troupes regroupées en orgies narguantes et renverser la vapeur. Une victoire récente ne devait pas obscurcir le regard des hommes, surtout pas dans une telle situation.
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MessageSujet: Re: Une campagne comme oncques ne vit   Une campagne comme on - Une campagne comme oncques ne vit - Page 2 I_icon_minitimeMer 30 Déc 2015 - 19:27

Tous se turent, lorsqu'en lieu et place de Jérôme, ce fut le sorcier Nakor qui prit la parole. Le vieillard s’étendit ainsi en de longues palabres, toutes plus menaçantes les unes que les autres. Aymeric, loin de goûter des mises en gardes de cet oiseau de malheur, se demandait bien où voulait en venir l'homme. Désirait-il les effrayer ? Ce n'était guère indiqué, à la veille d'une bataille. Qu'importe : on se taisait. C'étaient là les manières de cet étrange sorcier, dont les interventions soudaines dans les affaires des puissants avaient nourri pendant longtemps la rumeur.

À vrai dire, son aura de vieillard excentrique, mais ami des peuples miradelphiens, avait cependant fort pâti des derniers évènements dans lequel Nakor s'était retrouvé impliqué. D'innombrables rumeurs étaient montées de Diantra, dans chacune d'entre elle il occupait un rôle pour le moins peu reluisant. On lui prêtait les traits qui d'un dragon, qui d'une liche. On l'accablait de nombreux maux, à commencer le meurtre du Roy Eliam, voire même celui de son père. Enfin, on le disait à l'origine du bain de sang perpétré à Christabel, où le sorcier aurait usé de sa magie pour offrir la victoire au comte Nimmio. Tant et plus d'histoires courraient ainsi, variant du grotesque au sordide.

S'il se préoccupait bien peu des affaires des magiciens, Aymeric savait tenir compte de leurs avertissements. Si Nakor pouvait à tout hasard leur épargner un traquenard cauteleux, il s'en eut félicité. Mais de là à annuler son mouvement ? C'en était trop. Si redoutables que pouvaient être les puysards, c'était avant tout sur la cervelle du vieillard que leurs méfaits avait eut le plus d'effet. Le marquis en finit par se demander si le sorcier n'était tout bonnement pas effrayé par ses commensaux noirelfiques.

"Et que proposez vous, maître Nakor ? Que nous nous lancions à l'assaut sus aux remparts d'Amblère ? Faites moi confiance, quand je vous assure l'issue funeste d'une telle entreprise, car j'ai lourdement payé pour l'apprendre. Nous n'avons pas le luxe de nous évaporer dans la brume ou de conjurer la foudre, et seuls nos armes et notre courage nous restent. Fort heureusement, les drows saignent tout autant que nous, et doivent également se nourrir. Un siège reste donc l'option la plus sûre."

À moins que le sorcier n'eut sortit une arme magique de son chapeau, il ne semblait en effet y avoir guère d'autre alternative. S'en retirer était exclu ; un assaut sur la ville serait meurtrier. Il restait donc à espérer qu'un siège pousserait les puysards à livrer une bataille qui leur serait désavantageuse, ou à prendre la clef des bois pour ne plus revenir.

"Du reste, vous semblez oublier que nous ne sommes pas seul dans ce combat. Le clergé néréïte semble se préoccuper plus du devenir des couronnes que de celui de ses enfants, et les ordres de Tari ont fait la sourde oreille à nos appels, mais nous pouvons encore compter sur le soutient du père des batailles. Il se tourna vers le moine venu de Dormmel, Fra Robert, je gage que vous et les vôtres seriez en mesure de faire pleuvoir le feu d'Othar sur ses ennemis, n'est-ce pas ?"


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MessageSujet: Re: Une campagne comme oncques ne vit   Une campagne comme on - Une campagne comme oncques ne vit - Page 2 I_icon_minitimeMer 30 Déc 2015 - 21:38

S'il ne s'était retenu, Nakor aurait soufflé le jeune garçon qu'il avait en face de lui. Comment pouvait-on être grand chef de guerre, seigneur et maître d'un nombre incalculable de soldats, hommes et femmes, terres à perte de vue et ne pas réussir à entendre correctement les choses. Il fallait pouvoir mettre de côté les rumeurs et réellement écouter ce que les gens qui se battaient avec soi avaient à dire. Aymeric de Brochant avait prit les conseils de Nakor pour des menaces ou une éventuelle tentative de dissuasion. Il n'y était pas du tout, le magicien ne faisait que préciser les conditions dans lesquelles ils allaient faire ce siège. Il fut donc interpellé avant qu'on ne se tourne légèrement vers le frère Robert, qui se trouvait sur son côté. Arquant un sourcil droit plus que notablement, Nakor écouta le seigneur calmement puis ajouta cela afin de mieux répondre et surtout d'apaiser les craintes sans fondement à son propos :

"Othar armera sans aucun doute le bras de ses prêcheurs Monseigneur, le frère Robert nous éclairera vite là dessus ... tout ce que je vous disais, je ne vous le disais pas pour vous enjoindre à ne point siéger devant Amblère ... je ne l'ai d'ailleurs pas fait, mais pour faire ce siège en prenant soin de donner des ordres avertis à vos hommes. Un siège devant une telle cité peut être très long, les drows y auront sans doute pensé aussi et se seront rationnés. Vous connaissez les armes et la guerre Aymeric de Brochant c'est indéniable ... et si je suis ici ce n'est pas pour aller contre vous. Je souhaitais simplement vous indiquer qu'en face de sorciers nécromantiques, cela pourrait être une erreur fatale de négliger la possibilité que le temps puisse jouer contre nous si nous ne prenons pas la précaution de nous maintenir, les soldats et nous-même, dans une hygiène martiale stricte."

Puis, plantant son regard dans celui du Marquis de Serramire, il termina.

"Ne croyez pas tout ce que vous avez entendu à mon propos, en bien comme en mal. Je suis ici pour une seule raison : aider le royaume des hommes, pousser les drows hors de vos régions et m'assurer que la paix puisse un jour, revenir sur la Péninsule ... c'est peut-être un rêve de vieillard sénile mais c'est le mien. Pour le reste, il vous suffira de me questionner pour que je puisse lever vos incertitudes à mon propos si vous en avez un jour l'envie et le temps."

Nakor inclina légèrement la tête et recula d'un petit pas, laissant place au prêtre d'Othar de répondre ou à tout autre personne qui trouverait important d'intervenir. Le vieux fou était fatigué de devoir sans cesse tenir conseil avec des nobles plus inquiets les uns que les autres de ce que pensaient leurs confrères plutôt que de l'issu des batailles et de l'impact sur les hommes. Les manoeuvres politiciennes venaient souvent pourrir le débat et empêcher quiconque d'entendre vraiment ce qui était dit durant ces événements. Les gens tentaient plutôt de découvrir le second ou le troisième degré possible des propos des uns et des autres. Tous étaient des opposants potentiels et cela durait depuis que Nakor prenait part à des conseils de ce genre, et cela faisait maintenant trente années passées de quatre siècles! Et malgré tout ce temps, tous ces siècles, les hommes ne se faisaient toujours pas confiance les uns les autres. La faute à aucun d'eux et tous en même temps : ceux qui faisaient confiance finissaient souvent au bout d'une pique, la tête étrangement séparé du reste du corps.
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MessageSujet: Re: Une campagne comme oncques ne vit   Une campagne comme on - Une campagne comme oncques ne vit - Page 2 I_icon_minitimeJeu 31 Déc 2015 - 13:17


- Si vous êtes venu pour nous dire d'éviter de boire de l'eau croupie et de chier au milieu des tentes, vous auriez pu vous éviter le voyage. On est déjà au courant. Nous n'avons pas eu besoin de vivre plusieurs siècles pour apprendre comment s'organise un siège.

La saillie du seigneur de Wenden amusa plusieurs personnes dans l'assistance ; d'autres, toutefois, se gardèrent bien de manifester leur amusement, car le vieillard et les histoires qui couraient à son propos les incitaient à la prudence. Et, prudent, Roderik ne l'était point ; il avait craché par terre lorsqu'il avait vu Nakor pénétrer sous la tente aux côtés de Clairssac. Il avait tu sa réprobation uniquement par politesse, car il n'appartenait qu'à leur hôte, Aymeric de Brochant, de décider qui il invitait. Mais maintenant que Nakor avait fait fi de toute politesse et prit la parole sans y être aucunement invité, Roderik n'avait pu résister à l'envie de répliquer.

- Pour un homme qui aspire à la paix, vous choisissez mal vos amis, magicien, poursuivit-il sur sa lancée. Le quart de ce que l'on raconte à votre propos nous suffirait à réclamer votre tête. Votre seule présence sous cette tente est une insulte à tous les gens de l'Atral. Par égard pour nos morts et pour ne pas disperser nos efforts, je mettrais ma rancune de côté pour le moment, car nous avons une guerre à mener ; une guerre qui, visiblement, n'intéresse pas votre ami le comte de Velteroc, qui, à ce qu'on dit, est trop occupé à usurper le trône du roi Bohémond.

Il se tut, puis se tourna vers le dénommé Robert, à qui la parole avait été honteusement coupée. Il lui adressa un air d'excuse, ainsi qu'à Aymeric.

- Mais revenons à ce qui nous préoccupe. Je vous laisse parler, fra Robert, et ne vous interromprai plus.
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MessageSujet: Re: Une campagne comme oncques ne vit   Une campagne comme on - Une campagne comme oncques ne vit - Page 2 I_icon_minitimeJeu 31 Déc 2015 - 14:46

Le marquis se mit en devoir de répondre au baron. Il avait apparemment plus d'informations que Jérôme, ce qui l'étonna et lui fit noter dans un coin de sa tête, d'intensifier la formation de ses éclaireurs. Il resta stoïque en écoutant les dires d'Aymeric, acquiesçant du chef lorsqu'il assimilait les informations. C'était donc l'estrevent qui avait laissé faire avant de retourner leur veste. Le frère du marquis avait capturé un sombre et soutiré des aveux. Aymeric avança ensuite sa stratégie qui n'était pas mauvaise du tout. Un point ou deux pouvaient gêner le maréchal mais il nota surtout l'envie de piller la ville. Avait il prit en grief le fait qu'elle avait fait allégeance à Jérôme ? et les histoires n'étaient elles pas terminées ? Jérôme n'eut pas le temps de répondre que Nakor prenait la parole. Un échange s'ensuivit entre Nakor qui ne voulait que donner des conseils et Aymeric qui prit la mouche. Il fallait dire que les mots n'étaient pas forcément les mieux choisit, surtout les derniers et Jérôme tiqua un peu également tout en ne prenant pas ombrage car il savait que c'était des conseils avant tout. Le marquis parla alors des prêtres d'Othar, demandant à Robert si son dieu soutiendrait la cause. Comme quoi décidément, Jérôme avait les meilleurs partis de son côté, destin, chance ou volonté divine, qui savait ?

Nakor ne le laissa pas prendre la parole, partant sur la défense de sa personne, percevant les préjugés de la salle à son encontre. Roderik prit alors la parole et il confirma tout cela. Jérôme se leva de sa chaise, en faisant de même de ses bras, parlant avec autorité

"Messieurs, il suffit !"

Il baissa immédiatement de ton mais ne laissa pas le temps aux autres de prendre la parole

"Nous ne sommes pas la pour nous battre entre nous. Il y a suffisamment de sombres pour passer nos nerfs. Nous savons tous que les sombres sont forts instruits dans les arcanes. Combien de mages avez vous pour les contrer Roderik ?"

Il l'avait volontairement appelé par son prénom, il n'était pas temps de se faire des politesses

"Nous avons besoin de toutes les armes à notre disposition et si Nakor me permet de ne pas avoir à me soucier des mages adverses ou des morts vivants, alors je lui en suis reconnaissant et je pourrais me focaliser sur les sombres qui sont déjà bien assez fort tout seul. De plus ce n'était que des conseils avisés, il sait bien que nous savons mener des guerres, nous le faisons depuis suffisamment longtemps."

En effet, les hommes combattaient depuis bien la nuit des temps et ils ne semblaient pas vouloir de la paix ou du moins à court terme seulement. Pourtant, les sombres avaient des millénaires pour s’entraîner, ce qui faisait des elfes et des drows des adversaires dignes de ce nom et il fallait toute l'adresse et la force à leur disposition pour les repousser.

"Et si vous pensez que je suis couard, détrompez vous, je n'ai plus rien à prouver mais lorsque l'affrontement aura lieu, je me teindrais en première ligne"

Il y a eut des éclats de voix de la part de ses conseillers qu'il arrêta d'un geste, il serait temps d'en reparler plus tard. En effet, cela faisait longtemps qu'il bouillait intérieurement d'affronter les sombres. A vrai dire, bien que le détestant dès sa naissance, le viol d'Aline de Montévlin l'avait mené à une rage qui ne cesserait qu'après avoir trempé sa lame dans le sang de cette vermine. Il avait prit cette décision depuis longtemps mais il n'en avait parlé encore à personne. son frère pourrait prendre le commandement et il y avait suffisamment d'autres nobles de haut rang pour diriger les osts s'il lui arrivait quelque chose. Cela faisait aussi longtemps, en bon stratège, qu'il avait quitté le champ de bataille, se tenant en retrait pour une meilleure vision du terrain et des prises de décisions meilleures. Cette fois, il reviendrait à ses premiers amours qu'est celui du combat. Il se tourna ensuite vers Aymeric

"Votre plan est plein de sagesse, fortifions nous en attendant qu'ils viennent se heurter sur nos défenses. Toutefois, je vous remercierais de ne pas toucher aux fortifications de Nebelheim mais uniquement des habitations du bas peuple. L'on pourrait avoir besoin de se replier dessus si tout n'allait pas comme nous le voulons, nous serons alors content de trouver des murs et des habitations pour loger nos soldats et les abriter. Mieux vaut imaginer le pire. Il y a des bois non loin au nord d'Amblère et l'on peut récupérer le bois des armes de siège qui m'on servit pour la prise des villes du sud de la Sgarde. Les échelles sont encore opérationnelles d'ailleurs."

Puis se tournant vers Robert

"Qu'avez vous à répondre aux demandes du marquis et du seigneur de Wenden ?"

Le prêtre s'avança alors que Jérôme s'asseyait de nouveau. Il n'était nullement apeuré par le statut des hommes qui l'entouraient, il avait été bien formé

"Othar est avec nous, n'en doutez pas. Nous sommes une poignée aux côtés du baron de Clairssac mais nous userons de tout notre savoir pour vous apporter la victoire. Nous pouvons galvaniser les troupes, les immuniser à la peur ou encore frapper les adversaires par le feu et bien d'autres façons encore"

Il s'inclina pour marquer la fin de son discours et il recula à sa place.
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Aymeric de Brochant
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MessageSujet: Re: Une campagne comme oncques ne vit   Une campagne comme on - Une campagne comme oncques ne vit - Page 2 I_icon_minitimeDim 17 Jan 2016 - 14:26

Soutenant le regard du magicien jusqu'au bout, Aymeric avait lentement incliné sa tête, lorsque ce dernier s'était reculé. Jaugeant la mesure de cet étrange personnage, il s'était alors résolu d'en apprendre plus sur lui, et ses motivations bien opaques. C'était du reste jusqu'à ce que Roderik ne lui arrachât un rictus amusé, partagé par nombre des siens. Le seigneur de Wenden ne semblait guère goûter de la présence du sorcier, ce qu'il ne manqua pas de démontrer.

On eut ainsi pu croire à un étouffement de l'affaire dans cette blague potache, si n'avait alors tonné le Maréchal. Dressé sur ses guiboles, il haussa la voix envers ses voisins et alliés, tançant ces derniers, avant de s'étendre en rodomontades. *Peut-être sa mort résoudrait-elle bien des intrigues*, se laissa alors penser le marquis, tandis que son invité proposait de se jeter dans la mêlée le premier. Il ne désespérait pourtant pas de sauver encore cette fabuleuse épée qu'était Jérôme, dont les erreurs tenaient principalement à n'avoir su trouver le bon suzerain. Aymeric, espérait-il, serait cet homme. Il ne manqua d'être conforté dans cette idée, quand le Maréchal reprit la parole, objectant avec clairvoyance les défauts d'un pillage en bonne et due forme de Nebelheim. Bien que l'idée l'eut tenu à cœur, Aymeric dut se résoudre à l'évidence, et une fois que le frère Robert eut assuré le soutient du père des batailles aux hommes, il s'exprima à son tour :

"Nous fourragerons durant trois jours aux alentours de Nebelheim, et ne toucheront qu'aux bâtisses des faubourgs. De la sorte, la forteresse ne sera point affaiblie, au contraire, elle en sera renforcée. Les blessés seront laissés au soin de Monsieur de Raisse, qui leur accordera le gîte et la pitance selon leur qualité. Faites donner plus de messes au père des batailles que vous n'en avez jamais prononcées, Fra Robert, car au quatrième matin, nous prendront la route d'Amblère, et le temps ne sera plus au bondieuseries."

Sondant l'approbation de l'assemblée d'un regard, le marquis, se sentant appuyé de ses alliés, reprit d'un air résolu : "À Amblère, nous bouterons les drows hors du royaume!"

Le conseil fut levé peu après.

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MessageSujet: Re: Une campagne comme oncques ne vit   Une campagne comme on - Une campagne comme oncques ne vit - Page 2 I_icon_minitimeDim 17 Jan 2016 - 21:07

Nakor allait littéralement balayer les remarques idiotes et sans manières de Roderik comme un fétu de paille quand Jérôme rappela au calme l'ensemble de la compagnie. Un immense sourire vint se planter sur le visage buriné du vieux sorcier, il eut le regard un brin amusé, un brin farceur et inclina légèrement la tête, captant au passage le regard d'Aymeric de Brochant sans pour autant ciller. Des nobles il en avait connu, des rois elfes, des seigneurs nains, des rois humains, des chaotiques sanguinaires, des empereurs ... un de plus ou de moins ne l'impressionnait plus du tout au grand mécontentement de ceux là. Il fallait tout de même accorder au seigneur de Brochant une plus grande mesure et une plus grande maîtrise personnelle. Il écouta les sages propos de Jérôme, hocha lentement la tête en se passant la main gauche sur la barbe et suivis les débats silencieusement. Le marquis donna ses derniers ordres. Ainsi ils resteraient là encore quatre jours. Ensuite, ce sera les drows et le sang, le feu et l'eau, la mort et le danger. Le magistère du Firmament quitta la tente en suivant Monseigneur de Clairssac, pour aller ensuite rejoindre la sienne propre et prendre le temps de méditer à tout cela.
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MessageSujet: Re: Une campagne comme oncques ne vit   Une campagne comme on - Une campagne comme oncques ne vit - Page 2 I_icon_minitimeJeu 21 Jan 2016 - 15:57

Ces trois jours de repos furent marqués par les préparatifs et le deuil.

Si l'expérience du feu rend parfois les hommes semblables aux bêtes, la bataille sous les murs de Nebelheim sembla, à certains égards, fait de certains des saints. Sans que l'on eut si la chose était organisée ou spontanée, nombre d'hommes firent brodèrent à leur surcot un calice. Dans les rangs, la rumeur au sujet du Foudre de Nééra, un colosse dédié au service de la déesse, gonfla grandement, si bien que le marquis lui-même finit par entendre parler de ce mystérieux chevalier.

Hélas, les héros ne sont pas célébrés seulement de leur vivant, et il en est un qui eut volontiers délaissé sa gloire. Au lendemain de la bataille, on apprit, non sans tristesse, le trépas du comte d'Arétria. Au sortir de la messe donnée en son hommage, Aymeric demeurait circonspect ; à l'instar de celle de Wenceslas, la mort d'Alwin entraînerait-elle la débandade de l'ost arétan ? On connaissait ces farouches cavaliers prompts aux sautes d'humeur, et la désertion, que redoutait le marquis, pouvait être à craindre.

Ce fut sans compter sur l'éviction du cadet du comte, Ewald. Dans un mouvement qui en surprit plus d'un, mais en réjouit certainement d'autre, l'héritier du titre renonça à son bien au profit de sa cadette. La chose, une aubaine pour Aymeric, qui projeta dès lors de reporter là les fiançailles inabouties de son frère, rassura d'autant plus le marquis que le commandement de l'armée échut ainsi au seigneur de Wenden, que l'on savait être un prud'homme.

Si par le passé, Aymeric avait refusé à son armée le fourragement, souhaitant se montrer généreux à l'égard des oesgardiens, il donna ici libre court à la frénésie boulimique de l'ost. C'est qu'à la différence de sa première campagne, le marquis avait sous ses ordres deux fois plus d'hommes, et que l'on se préparait à un long siège, loin de Serramire. Qui plus est, le pays était désormais désert, ses habitant l'ayant fui en hâte devant l'avancée du drow. Il s'en trouva bien peu pour se plaindre des saisies.

Ainsi, au matin du septième jour de Verimios, les armées humaines, ragaillardies et fraiches, prirent la route vers l'Est.

La suite au siège d'Amblère...
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Une campagne comme oncques ne vit
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