Chrystabel, suite et fin

La troupe de Papincourt et des royants arrivait devant les portes de la citadelle, auprès de laquelle se présentaient déjà d'autres combattants fidèles à la Couronne et voilà qu'on donnait l'ordre à la troupe de ralentir la marche pour aviser de la situation. Car à n'y point tromper, la herse et les portes étaient fermées. C'était un coup manqué.
Ou tout du moins, c'eut pu l'être. Car sans crier gare la herse se leva, la porte succéda et vingt ou trente cavaliers - peut-être d'avantage ? - déferlèrent par celle-ci en braillant et en chargeant. Écus bosselés, épées ébréchées et cimiers défaits... C'était les reste de l'armée du Manchot, les lambeaux des félons qui avaient naguère mis à sac le royaume et vaincus les troupes royales lors de la bataille des Champs Pourpres. Des restes et des lambeaux qui chargèrent pourtant comme un seul homme, la lance et l'épée dressées en direction de leurs assaillants.

En un instant c'est une estourmie sanglante qui recommença, sans merci et sans pitié - ou presque - selon que l'on pouvait s'acquitter d'une rançon. Celui qui était pris revenant à celui qui l’avait pris :
Tue ! Tue !
Le sire de Papincourt s'élança avec tout son ban dans la mêlée et éluda un premier coup de taille envoyé par un veltérien, avant que son voisin n'en saigna un second d'un vigoureux tranchant en pleine figure. Qui était-ce voisin ? Pas le temps de demander : un nouveau choc contre son épaule !
La cohue était terrible, trouble et indescriptible : ça se bousculait, ça frappait de gauche et de droite et ça s'injuriait de tous les noms.

Alors le béjaune fonça de plus belle vers les écus veltériens, jusqu'à apercevoir un chevalier atteint par un carreau d'arbalète au défaut de son armure et dont les armes ne pouvaient laisser place au doute. Ces armes honnies, c'étaient celles du baron de Christabel, Jesbel : le cadet du Manchot.
A cette vue, le sang de Lohie ne fit qu’un tour. Il n'était pas encore chevalier, mais cette prise-là c'était pour lui les éperons assurés ! Et la gloire ! Celle dont rêvait tous les jeunes fous !
Le baron de Christabel faisait volter son puissant destrier et semblait se rire du danger en abattant son arme sur les têtes adverses. Peut-être était-il devenu un peu fol lui aussi ?
Un vougier s'avança soudain et planta son arme en travers des pattes de l'animal. Il lui trancha les jarrets d'un coup puissant et la bête se cabre, d'abord, puis elle se mit à ruer et s'effondra en roulant des yeux fous et en émettant des hennissements terribles.

- Messire le félon, rendez-vous à moi et vous aurez la vie sauve ! Vous serez mon prisonnier !

Spoiler:

Jérôme était maréchal du nord, et grâce à ce titre, l'on aurait pu croire qu'il resterait en retrait lorsque enfin, l'assaut fut donné. Mais il en était tout autre depuis Amblère, c'est que l'ancien Baron avait changé, et dorénavant, il se positionnait en première ligne de sa troupe. Cette idée farfelue lui avait valut des reproches de son frère, sa sœur, et son épouse, et pourtant, c'était la qu'il se sentait le mieux. Il ne savait pas pourquoi, mais la concentration qui était requise pour rester en vie occultait tout le reste, il ne devait plus penser à la politique, à ses problèmes, ou à quoi que ce soit d'autre que sa survie. Il passait tout son temps à s'entrainer, afin d'être prêt, et voila que le moment était venu. Les cors sonnaient, les troupes se rassemblaient, et l'assaut allait être lancé par l’entièreté de l'ost. Vu la masse d'hommes présente du côté des coalisés, même si les pertes se révélaient lourdes, les défenseurs seraient submergés.

Jérôme ne dirigeait pas toutes les forces du nord comme cela aurait pu l'être, Aymeric ayant gardé ce commandement pour lui, même si techniquement, il dirigeait toutes les armées, et pas que celle de Serramire. C'est donc à la tête de la troupe mise à sa disposition par son suzerain, soit ceux des fiefs que Jérôme possédait, qu'il se tenait. Le respect, voir l’idolâtrie pouvait se lire sur le visage de ses guerriers, même si leur allégeance allait normalement à Brochant. En effet, ce n'était pas ses hommes vu le remaniement militaire qu'avait engagé le Marquis, mais la réputation du Sire de Clairssac n'était plus à faire, et maintenant qu'il se portait en première ligne, celle-ci s'était décuplée de manière exponentielle. L'on pouvait entendre quelques vivats aussi de troupes voisines lorsque les soldats apercevait cet homme qui n'avait encore jamais connu la défaite malgré de nombreuses batailles. Jérôme ne se gonflait pourtant pas d'orgueil, alors qu'il aurait pu le faire, il ne songeait qu'au moment présent, et son regard était dirigé vers la muraille qui lui faisait face. Son esprit était affuté à l'extrême, telle une lame acérée, le vide s'était fait dans son esprit. Une aura de commandement comme nulle autre émanait du Seigneur de Froissart, et subjuguait les hommes à ses côtés. Les initiés à la magie ne manqueraient pas de voir une aura cramoisie qui l'entourait, signe que ce n'était pas que naturel. Il fallait dire qu'Othar était à l'oeuvre, et qu'il accordait quelques privilèges à cet homme qui le servait si bien, même sans s'en rendre compte. Les mages les plus réceptifs pourraient même entendre, sans en trouver la source, comme un ricanement. Othar se délectait de détourner ce fervent de Néera à son profit.

Enfin, l'ordre fut donné, il se précipita en avant, exhortant ses hommes à la suivre. Revêtu d'une simple cotte de maille, et non de plate, afin de garder en mouvement, il se tua vers la muraille, suivit par sa troupe, et le reste de l'armée serramiroise. Il utilisa sa magie propre afin de dresser un cercle d'air autour de lui qui déviait les flèches qui pleuvaient sur eux. Ceux qui s'en aperçurent pensèrent qu'ils se trompaient, ou alors ils mirent cela sur le divin, n'imaginant pas un seul instant que l'homme, en plus de bénéficiait effectivement de la protection d'Othar, était initié à la magie. Une fois arrivé au pied de la muraille, c'est l'épée levée vers le haut qu'il criait de poser les échelles, et de monter, encourageant les soldats par sa simple présence. Un bélier arrivait pour frapper la porte et la forcer. Les pertes furent lourdes en effet, les flèches, l'huile et la poix prenant leur lot, mais l'on finit par prendre pied sur la muraille. Jérôme y était, il frappait de taille et d'estoc les ennemis qui l'entouraient. Il n'était pas de ceux qui aimaient tuer, mais il le devait pour ne pas être celui qui trépasse. C'était donc un vrai carnage autour de lui, les corps s'amoncelant, tout en ne l'épargnant pas, alors qu'il héritait de nouvelles blessures qui ne manqueraient pas de lui laisser quelques cicatrices supplémentaires.

La bataille dura un long moment avant de se terminer par une charge désespérée des défenseurs qui avaient trouvé refuge dans la citadelle. A la fin, Jérôme était recouvert de sang, celui de ses ennemis bien entendu, mais aussi le sien. Sa cotte était percée à plusieurs endroits, et il lui faudrait des soins, une chance que son statut lui permette d'avoir de bons médecins. Mais il était la, droit, et une fois de plus victorieux d'une bataille acharnée, continuant sans le vouloir à nourrir le mythe qui s'écrivait sur ses exploits. Tout aurait pu se terminer ainsi, si ce n'est qu'un incendie se déclara au sein de la ville, ce qui mit en vive émoi les vainqueurs qui durent lutter contre celui-ci au lieu de profiter d'un repos mérité.

Voir ces damnées portes s’ouvrir à eux, lui procura à peu près la même jouissance qu’à son premier coït. La fin de cette foutue campagne s’annonçait désormais à lui comme imminente et c’était désormais plus vrai que jamais, à y voir la vitesse à laquelle le Berthildois s’invita dans ses enceintes. Les directives étaient claires : point de meurtres inutiles. Des mots qui somme toute étaient fidèles aux convictions de leur instigateur, mais point à ceux qui devaient s’y tenir. Pour le cerf, c’était une belle utopie, dut-il conclure après tout. Othar déjà, s’était occupé à rougir leur champ de vision, à noircir leurs cœurs de rage. Piétaille mêlée aux chevaliers et autres égides écrasèrent sous leur passage quiconque tenait sur ses deux guiboles. À leur tour, Louis et Thibaud talonnèrent leur destrier pour les mener museau premier vers Chrystabel et y constater dès leur entrée, le terrible dégât qu’avait causé les leurs. Feu et sang décoraient de parts et d’autres les ruines de la citée sans qu’âme qui vaille ne subsiste à leur passage. Leurs chevaux piétinèrent les cadavres encore tièdes et parfois agonisant sans pouvoir s’esquiver d’iceux, tant leur nombre dépassait l’entendement. Othar s’était réellement manifesté au travers la main guerrière du Berthildois ; ne sachant se montrer ni miséricordieuse, ni clémente. Le prix à payer, qu’importe le rang ou la faute, était d’être occis sans respit.

S’eut été trop beau pour qu’ils sachent continuer leur balade sans accrocs aucuns! Désespérés, une cavalerie déboula de travers d’une artère principale pour s’abattre contre eux. Pendant un instant, il y vit les images de Valdrant, lorsque se fracassèrent les cavaliers contre les égides et que volèrent en éclat leurs pesantes défenses. Louis tira son acier au même titre que le fit Thibaud et c’est dans un affrontement dès plus sanguinaire, qu’ils s’affairèrent à occire ces mécréants. Alors les titres ne comptaient plus, Louis se mêla à la mêlée comme l’aurait fait une bleusaille de basse extraction : ne pouvant compter seul que sur la force de son bras et la pesanteur de son acier. Vain était cette tentative des Velteriens, qui se firent massacrer jusqu’aux derniers, sans qu’aucuns quartiers ne leur soit accordé.  

Enfin, ils rattrapèrent les leurs qui s’étaient butés contre un obstacle final : la citadelle barricadée et habitée des derniers condamnés. Là, devant elle, c’était noir de monde. Les hurlements et cris de tous les ambitieux, rêvant les yeux ouverts qu’ils sachent porter le coup final de cette entreprise pour le Roy, firent pratiquement sauter les tympans de ceux qui s’y trouvaient. L’engouement de la troupaille embraserait tôt les restants de cette ruine, autrement c’est entre eux qu’ils devront se passer les nerfs, puisque plus rien sinon la destruction n’apaiserait leur âme. Ils trouvèrent ce pourquoi tous s’étaient massés devant le dernier fort : une troupe de fol dingo, s’envoyant au suicide dans l’espoir d’emporter par delà le trépas, quelques ennemis au passage. L’hécatombe, derechef, éclata devant les yeux du régent qui n’avait pas même rougit son acier encore. Flèches et carreaux arrachèrent les vies au même titre que le fit l’acier des suicidaires. De toutes les batailles –bien qu’inégale- celle-ci fût la plus intense à laquelle assista le Saint-Aimé. La ferveur d’Othar se frottant au désespoir des fols, tout pour que cet affront entre dans la légende.

Bientôt, plus rien. Plus un souffle, plus un râle, plus de vie, du côté des Velteriens. Alors, les cris retentirent de nouveau, mais cette fois point de hargne, mais de joie et d’allégresse. Le point final de cette épique épopée venait d’être apposé et  c’était tant mieux. Louis gagna le dernier bastion des Velteriens afin d’y arpenter l’endroit ou s’étaient terrés tout ce temps ses ennemis. Ici, plus rien ne grouillait et au même titre qu’en basse citée, l’odeur était abjecte. D’un côté, quelques missives, qui attendaient d’être livrées. De l’autre, certains couards ou saints d’esprits, s’étaient ôtés la vie eux-mêmes, s’en allant arpenter les sentiers menant au Royaume de Tyra s’en que l’assaillant ait eut bonne fortune de les accompagner eux-mêmes. C’est au milieu des décombres, alors que plus un seul rat ne respirait encore que Louis se tourna vers Thibaud pour lui dire ceci :

« Ils nous auront fait chier jusqu’à la fin, ces fot-en-cul. »

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Au loin, les flammes recouvraient la cité et s'élevaient dans le ciel. La fumée noire s'extirpant des habitations incendiées embaumait déjà les lieux. L'on eut presque dit que la nuit était tombée à tel point l'obscurité avait gagné la ville. L'air, quant à lui, allait devenir irrespirable dans les prochaines heures. Pour sûr, des hommes mourraient asphyxiés, faute d'avoir été évacué à temps. Sur la place de la citadelle, pourtant, régnait une toute autre ambiance. Celle de la victoire pour certains, et celle de la défaite pour d'autres. La sortie, quoique héroïque, fut stoppée brutalement par les premiers carreaux et flèches envoyés dans leur direction. Lui-même reçu une carreau en pleine épaule. Sans compter la chute de son destrier qui s'ensuivit, il eut le sentiment de ne jamais avoir connu pareille douleur auparavant. Ce ne fut que le début des ennuis. Lorsqu'un homme, un peu plus âgé que lui, vint lui asséner moult coups, il crut son trépas enfin proche. Autour de lui, les derniers fidèles de Velteroc sombraient. Plus il en tombait, plus sa hargne fondait comme neige au soleil. Les passes d'armes ne suffirent tout d'abord point à accorder l'avantage à l'un des deux. Puis, la fatigue et la blessure eurent finalement raison de lui. Sans même qu'il n'ait eu le temps de s'en rendre compte, l'ennemi tenait sa vie au fil de son épée.

Tout en écoutant sa proposition, Jesbel mit un genou à terre, puis deux, avant de laisser tomber son épée et son bouclier explosé. A bout de souffle, il enleva son heaume et le jeta aussi à terre devant lui.

– Faites de moi votre prisonnier où ôtez-moi la vie céans, sire. Je n'ai que faire de mon sort, mon existence même ne m'importe plus.

Il cracha un filet de sang au sol.

– J'ai lutté et résisté jusqu'à mes dernières forces...

Sans éprouver la moindre peur, il regarda les nordiens et royants qui l'encerclaient petit à petit.

– J'ai pourtant échoué.

Ainsi laissa-t-il sa nuque à l'air libre.

Le siège s'éternisait, et Renaud s'impatientait. Les jours se succédaient avec une routine lassante, le Duc n'étant pas de ceux qui appréciait particulièrement la proximité avec la soldatesque, ou encore le manque de confort. Pour sortir de son ennui, il avait décidé de partir à la chasse à plusieurs reprises, laissant Robert s'occuper de l'armée, et ne faisant des apparitions sporadiques, lorsque son sénéchal lui demandait. Pendant ce temps, les armes de siège frappaient les murs de la cité chaque fois qu'ils le pouvaient, nuit et jour, comme ses alliés. Un jour enfin, un pan s'écroula, et cela marqua un tournant la frénésie d'un assaut futur prenant les hommes, avides de pillage. Il fallait dire que le nombre écrasant de l'armée loyaliste occultait le prix à payer pour prendre la cité. Les soldats ne pensait qu'au massacre, et à tout ce qu'ils pourraient prendre pour arrondir leur pécule.

L'assaut était maintenant imminent, la troupe eracienne était regroupée à la place qui était la sienne, aux côtés de son allié berthildois. Renaud fit un signe de la tête au régent lorsqu'il le croisa avant de se rendre auprès de ses hommes. Pas très enclin à aller se battre, il exhorta ses troupes, mais prit grand soin de ne pas se porter aux devants. Tout ne se déroula pas trop mal, et les défenseurs cloitrés dans la citadelle se suicidèrent même en une charge supposée héroïque, absurde selon Renaud, scellant la fin de la cité.

Erac n'avait pas brillé par sa participation, vu le nombre de soldats investit, mais le Duché avait le luxe de dire qu'ils étaient présents, et qu'ils avaient mit leur pierre à l'édifice. L'on relèverait surtout la victoire, et le nom des héros, pas le nombre.

« Triste est la victoire obtenue si loin du combat, mon oncle
- C'est un luxe que nous envie pourtant nombre des braves qui céans gisent aux pieds des murs de Chrystabel.
- Le croyez vous ?
- Je ne désirerais pour rien au monde échanger nos places pour les leurs, adonc oui, c'est ce que je crois.
- N'auriez vous cependant voulu l'honneur de pouvoir brandir vos bannières en haut du donjon, de soulever l'étendard du Roy ?
- Peut-être, fus-je gonfalonier et non marquis. Ne vois-tu pas que sort du combat nous a fait blessés, quand il aurait pu nous faire morts ? Cesse donc ton babil, Nestor, et remercie plutôt le Père des batailles de t'avoir fortuné. Peut me chaut des honneurs! La victoire est nôtre, mon neveu, le triomphe peut attendre. »

Celui-ci viendrait bien assez tôt, du reste. Bien que l'esprit maussade de l'hôpital de campagne serramirois n'en refléta pas l'ampleur, c'était un accomplissement colossal que venait d'achever les troupes royalistes. Chrystabel tombée, la dernière place forte rebelle dans le Médian s'était évanouie, et avec elle, l'espoir de réunifier le Royaume revenait. Non qu'on en ait douté ; on avait seulement pris son temps. La lente et inexorable purge nordienne, longue dans sa gestation, accouchait enfin d'un résultat manifeste. Ainsi, qu'il dût y assister de loin, un carreau fiché dans l'épaule et un bras en écharpe, n'attristait guère son initiateur et commandant suprême, l'inénarrable Aymeric de Brochant.

Celui-ci avait mené la charge au côté de ses ouailles jusqu'à ce que le hasard ne l'écarte de la mêlée, et s'était dès lors contenté de diriger l'assaut du loin. C'était du reste là où il brillait au mieux, cédant volontiers les affres du combat à d'autres meilleurs que lui. À n'en pas douter - ce que sa mine ensanglantée et ravie lui confirmerait par la suite -, son frère Evrard ferait reluire le nom des Brochant au champ d'honneur, mieux que quiconque, et mieux que lui certainement.

C'est qu'au delà des murs chrystabelois, par delà les landes acquises au Roy, puis à la Ligue, puis à on-ne-sait trop qui, demeurait Diantra où une prochaine bataille se jouerait, beaucoup plus importante et plus décisive que l'hallali auquel venait d'assister le marquis. Si Chrystabel s'était défendue à un contre vingt, fort était à parier que pour Aymeric, terrasser la capitale reviendrait à s'yattaquer en des proportions similaires. Un frisson lui parcouru l'échine, lorsque pressentant un sort funeste, il se figura n'avoir échappé aujourd'hui à Tari que pour mieux la rejoindre dans cette cité maudite.

C'était pourtant vers celle-ci qu'il se rendrait, bannière au vent, mener ses ostes populeux quelques jours plus tard. Fendue jusqu'à la moelle par les barons rebelles, Diantra n'avait été dix ans depuis qu'une béance accouchant la mauvaiseté, dont Nimmio et les ligards ne demeuraient que les ultimes enfants terribles. Cette plaie suppurante, Aymeric s'était résolu de la recoudre, à l'instar de l'Oesgardie cautérisée dans les flammes d'Amblère. Devrait-il recourir aux mêmes extrémités que jadis ? L'épais panache de fumée qu'émana de Chrystabel des jours durant semblait promettre la satiété d'Othar quant aux sacrifice.

Mais qui sait ?