« Ce que j’attends de toi ? » répéta Azza en penchant légèrement la tête du côté droit. Elle refit un demi-tour sur elle-même avant de recommencer à marcher. « Tu es un gladiateur, non ? »
La prêtresse dardait un regard concentré sur la rue autour d’eux et bifurqua au dernier moment sur la droite quand elle reconnut les lieux. Sans même un signe en direction de l’esclave de l’Aile Blanche, dont elle avait intégré qu’il ne chercherait pas à lui fausser compagnie sinon pour regagner son dortoir, elle s’engouffra donc dans une avenue adjacente.
« Reste à ta place, impressionne-moi en gagnant tes duels avec panache… énuméra-t-elle en prenant le temps de réfléchir un peu sérieusement à la question. Ça ne me dérange pas si tu gardes cet air renfrogné, si ça t’aide. Au contraire, c’est amusant et distrayant. Je ne sais jamais quelle forme prendra exactement la ride d’expression de ton front… Ah ! » Elle se tordit le cou pour le regarder dans son dos, tout en pointant du doigt une échoppe de la rue. « Nous y sommes. »
En moins de temps qu’il en fallait pour le dire, ils pénétraient ce qui était selon toutes vraisemblances l’annexe d’une armurerie. Faisant un signe de la main aux gens présents, Azza se dirigea sans la moindre hésitation vers un homme en particulier qui, quand il la reconnut, lui sourit avec bonhomie. « Ah, dame Azza ! Cela faisait un petit moment que nous ne vous avions pas vu.
— J’ai été occupée, évacua la prêtresse en agitant vaguement le poignet.
— Une prêtresse de votre rang, c’est là l’évidence que vous avez parfois des obligations à satisfaire. » Il marqua une légère pause, darda un regard interrogateur vers Sauveur avant d’en revenir à la doeben. « Vous désirez acheter quelque chose pour la jeune Niss ? » Le regard d’Azza s’assombrit ; elle en avait presque oublié la jeune gladiatrice. « Pour le jeune homme, alors ? questionna très vite le marchand en comprenant qu’il s’aventurait sur un terrain dangereux.
— C’est ça, acquiesça-t-elle avant de se tourner vers le gladiateur. Sauveur, je te présente Lasare. C’est un bon… ami à moi. » Elle avait semblé hésiter sur le mot à utiliser, mais ni elle ni Lasare ne s’attardèrent sur ce petit détail.