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| Amours de jeunesse | |
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Le Vaisseau de la Voilée
Ancien
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| Sujet: Re: Amours de jeunesse Mar 5 Mar 2019 - 21:09 | |
| Si les premiers mots prononcés par Digne rassénérèrent la Noblegriffon, qui se permit de darder sur lui un regard où le soulagement se mêlait à la reconnaissance, la question qu’il posa juste après la plongea dans de nouvelles affres de perplexité. Pour sa défense, l’adolescente sortait de deux ennéades éprouvantes durant lesquelles elle s’était abîmée les yeux à lire à la lueur de chandelles tremblantes les élucubrations par trop souvent abscons d’une gardienne à la raison déclinante. Elle avait l’impression de se réveiller d’un mauvais rêve et ne conservait qu’un souvenir relativement flou des jours qui avaient précédé sa réception de sa copie des mémoires de sa mère adoptive. « Pourquoi sinon ? » l’interrogea-t-elle avec innocence. Sa confusion ne dura qu’un temps, car son esprit fut très vite accaparé une nouvelle fois par le poids des mots contenus dans ces pages qu’elle avait parcouru avec une attention presque maladive. « C’était comme si elle me parlait, Digne, » expliqua-t-elle avec émotion. Elle aurait souhaité qu’il attendît la fin de leur séance d’entraînement pour aborder le sujet, mais maintenant qu’il l’avait fait, ses digues à elle rompaient l’une après l’autre. « Chaque phrase que j’ai lu faisait écho à un souvenir d’elle. Elle m’a dit tant et tant de choses que je n’avais pas compris… » Elle n’avait pas terminé sa diatribe encore que des larmes en abondance roulaient déjà sur ses joues. Elle fit un pas hésitant en direction du jeune homme, qui semblait dépassé par les événements, avant de se précipiter contre son torse. « Elle a souffert, Digne. Oh, par les Dieux, elle a tellement souffert. C’était là, sous mes yeux, je le voyais, je le savais, mais je ne comprenais pas. » |
| | | Sauveur Hadjaoui
Humain
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| Sujet: Re: Amours de jeunesse Mar 5 Mar 2019 - 21:38 | |
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"Pourquoi, sinon ?"
A ces mots, Digne resta interdit. Comment devait-il les interpréter au juste ? Était-ce qu'il n'avait rien fait pour l'offusquer ou n'avait-elle toujours pas compris les sentiments qu'il avait pour elle ? Il ne savait pas quoi répondre. Devait-il lui avouer son amour ou lui dire d'oublier ça ? Il avait nourri tant d'inquiétudes mais elle semblait juste débarquer de nulle part, tant aux yeux du jeune homme qu'à ceux d'Aislinn elle-même. Mais il n'eut pas l'occasion de répondre quoi que ce soit... La jeune femme parut replonger dans ses récentes lectures dont elle émergeait à peine. A sa première phrase, son visage passa d'interdit à interloqué, ne comprenant pas tout de suite de quoi ni de qui elle parlait. Elle ne s'arrêta pas sur sa réaction pour autant, continuant sur sa lancée. Bien vite, il parvint à rejoindre le fil de sa pensée. Elle semblait avoir établi un rapprochement avec sa mère au travers de ses mémoires. Il ne comprenait pas tout pour autant... Mais il n'en avait pas besoin pour voir qu'elle était bouleversée. Les larmes coulaient déjà sur ses joues alors qu'elle n'avait prononcé que quelques mots.
Elle eut une hésitation dont il ne comprit pas le sens avant de la voir se jeter sur lui la seconde suivante. Digne fut surpris et écarta machinalement ses bras afin de ne pas risquer qu'elle se blesse sur ses armes. Il resta dans cette position quelques instants, les mains en l'air, laissant ses lames pendre dans le vide. Il lui fallut au moins ce court laps de temps pour réaliser ce qu'il venait de se passer, la jeune femme se blottissant contre son torse. Et puis, deux sons sourds retentirent alors que ces cimeterres frappaient le sol. Il venait de les lâcher à quelques dizaines de centimètres de part en d'autre d'eux afin de libérer ses mains. Ceci fait, ses bras se refermèrent tendrement sur le corps qui se pressait contre le sien. Cette étreinte, cela représentait tant de choses pour lui... Il savait que cela ne signifiait pas qu'elle partageait ses sentiments mais cela montrait qu'il comptait pour elle. Elle aurait pu aller parler à Sanaa ou à Aimé mais c'était lui qu'elle était venu trouver, auprès de lui qu'elle était venue chercher du réconfort. Il eut un sourire bien malgré lui tandis qu'il étreignait la demoiselle contre lui, la mâchoire posée contre la tempe de la belle.
-Tu n'étais qu'une enfant, Aislinn. Lui dit-il avec douceur.
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| | | Le Vaisseau de la Voilée
Ancien
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| Sujet: Re: Amours de jeunesse Mar 5 Mar 2019 - 22:42 | |
| « Une enfant, oui, sanglota-t-elle misérablement. Une enfant stupide et aveugle. » Bien sûr, la vérité était différente et, bien qu’elle ignorât de fait la nature des tourments de celle qui l’adopterait, Aislinn avait fait beaucoup pour essayer d’apaiser ses souffrances. La Rivoise avait toujours eu tendance à minimiser ses efforts et Digne ne pouvait donc pas prendre toute la mesure du fossé qui séparait ses dires de ce qui s’était vraiment passé. Pendant plusieurs longues minutes, ses seuls mouvements furent des tremblements et les seuls sons qu’elle émit furent des sanglots étouffés. Elle n’avait pas versé la moindre larme tout le temps qu’avait duré sa retraite et découvrait, dans les bras de Digne, combien elle en avait besoin pour évacuer toute la tension qu’elle avait accumulée. Quand elle commença à s’apaiser, elle le sentit s’écarter légèrement et elle n’essaya pas à comprendre ses motivations ; elle enroula ses bras autour de lui et se lova un peu plus encore dans leur étreinte. Il n’y avait aucune ambiguïté dans ses gestes ; elle ne cherchait que de la chaleur humaine et du soutien, dont elle s’était trop longtemps privée. Après ce qui dût sembler être une éternité à Digne, elle finit par le libérer avec un soupir qui trahissait toutes les émotions qui l’agitaient. Elle se sentait mieux, pourtant. Vidée, épuisée, mais un peu apaisée. « Merci, » souffla-t-elle en essuyant ses larmes. Elle n’était même pas gênée par leur promiscuité et attendit encore quelques secondes avant de s’extirper gentiment de ses bras ; le jeune thaari profita de ce laps de temps pour la couver d’un regard qui la frappa par sa tendresse. Elle ne croyait pas que quelqu’un eût jamais dardé sur elle des yeux pareils et cela la ramena d’un coup aux questions qu’elle pouvait se poser avant son ermitage. L’héritière Noblegriffon aurait voulu qu’il continuât, mais quand il caressa sa joue du bout des doigts, le visage souriant de Sanaa s’imposa à elle. Par les Cinq, qu’est-ce que je suis en train de faire ? s’émut-elle. Elle fut soulagée qu’il n’essayât pas de la retenir et elle tâcha de retrouver le fil de ses pensées tandis qu’elle remettait un peu d’ordre dans sa tenue et sa coiffure. L’espace d’une seconde, elle avait éprouvé quelque chose d’inédit, comme une connexion qui s’établissait entre elle et Digne et cela lui avait semblé si naturel et si agréable ; mais elle ne devait pas oublier combien Sanaa appréciait, elle aussi, à l’Hadjaoui. Digne vola à son secours en lui demandant si elle désirait se promener un peu dans les rues autour de l’auberge ; ravie de cette échappatoire, l’adolescente accepta de bon cœur, puis baissa les yeux sur ses vêtements. Elle n’avait jamais porté de pantalons avant de commencer ses leçons d’escrime et ne s’y sentait toujours pas totalement à l’aise. Sans trop savoir si elle fabulait ou non, elle avait l’impression que tous les regards convergeaient sur elle pour la juger. Elle décida pourtant de passer outre sa gêne et se laissa guider, heureuse de simplement emboîter le pas au jeune homme. Une chose était claire : il devenait urgent qu’elle confrontât Sanaa pour enfin en apprendre un peu plus sur la nature des sentiments que la Vaanie entretenait pour Digne. Aislinn, de son côté, n’était plus certaine de rien. |
| | | Sauveur Hadjaoui
Humain
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| Sujet: Re: Amours de jeunesse Mer 6 Mar 2019 - 10:33 | |
| -C'est le propre des enfants. Commenta Digne avec une moue pensive.
Il était sincère. S'il était plus âgé qu'elle, il n'était pas sorti de l'enfance depuis beaucoup plus longtemps finalement. Malgré ce qui était arrivé à sa famille, il s'était vite aperçu à quel point il avait pu être naïf. Ce que les adultes définissaient comme de l'innocence, l'adolescent le percevait comme de la stupidité et mettait parfois plusieurs années à se le pardonner. Le jeune homme espérait qu'Aislinn ne serait pas de ceux-là car, même si elle n'en disait rien, il devinait son tempérament et il ne doutait pas qu'elle avait pris soin de sa mère adoptive du mieux qu'elle pouvait. Il ne dit rien pour autant et se contenta de resserrer son étreinte sur elle. Il attendit un long moment qu'elle se calme d'elle-même. Lorsqu'elle n'eut plus de sanglots, il offrit un peu maladroitement à Aislinn la possibilité de se dégager de l'enceinte que ses bras formaient autour d'elle mais elle ne bougea pas. Au contraire, elle s'accrocha à lui, l'enserrant à son tour pour se blottir un peu plus contre son torse. Il en fut surpris mais ne tarda pas à répondre à sa requête silencieuse, l'enveloppant à nouveau avec tendresse. Elle se sentait donc si bien dans ses bras ?... Cette pensée étira bien malgré lui ses lèvres. Il était à la fois triste de la savoir si mal et heureux qu'elle se repose à ce point sur lui pour la réconforter.
Après de longues minutes durant lesquelles Digne profita de chaque seconde au contact de celle qui hantait son cœur, Aislinn se redressa enfin pour venir toiser son regard sans se déloger de ses bras pour autant. Elle le remercia et il ne trouva rien à répondre. Un "Je t'en prie" lui semblait si formel... Et il ne voulait pas qu'elle pense que ce moment n'était rien pour lui. Ses yeux se remplirent d'une immense douceur dont il l'enveloppa d'un simple regard. Un sourire attendrit se peignit sur son visage en découvrant les traits à la fois épuisés et apaisés de la belle. Sans prendre garde, il laissa sa main venir jusqu'au visage de la jeune femme pour en effleurer la joue du revers de ses doigts. De part sa proximité et le moment privilégié qu'il partageait, il sentit naître en lui une envie qu'il n'avait encore jamais éprouvée jusqu'alors. Il la réprima cependant, laissant Aislinn échapper à son étreinte sans chercher à la retenir. C'était trop tôt... Il réalisait qu'elle avait peut-être un intérêt romantique pour lui mais bien d'autres tourments l'agitaient pour le moment. Peut-être même que les récents évènements l'avaient rendue plus fragile et donc particulièrement sensible à son affection. Et si cela n'était que temporaire ? Elle n'avait certainement pas la tête à se lancer dans une idylle et il ne voulait pas entreprendre quoi que ce soit dans une telle période. Il aurait l'impression de profiter de la situation... Son désir de l'embrasser serait remis à une autre fois.
Il la regarda essayé de se redonner contenance en se refaisant une beauté... Même si elle était déjà très belle à ses yeux. Puis il détacha enfin son regard d'elle pour ramasser ses cimeterres. Il semblait évident qu'elle n'était pas en état de s'entraîner ce jour-là. Aussi les cacha-t-il dans une motte de foins qui, il le savait, ne serait pas dérangée avant la nuit. Puis il proposa à Aislinn d'aller faire un tour à la place de leur séance. Cette dernière accepta volontiers. Le quartier où se trouvait l'auberge était assez actif, disposant de multiples commerces et artistes de rue. Ils s'arrêtèrent chaque fois que quelque chose attirait l’œil de la jeune femme : un artisan à l'ouvrage, un jongleur comique, un peintre en plein travail... Il lui offrit de s'asseoir à la table d'une taverne du coin et commanda pour eux. On leur servit un thé qui, certes, n'était sans doute pas aussi bon que ceux qu'on devait lui servir habituellement, mais qui avait au moins le mérite de réchauffer le corps comme les cœurs. Lorsqu'il fut certain de lui avoir un peu changé les idées, il la raccompagna chez elle.
-A bientôt. Lui avait-il dit avant de la quitter. Il appuya son regard afin de lui faire savoir qu'il espérait sincèrement qu'elle ne s'absenterait plus aussi longtemps pour lire ces livres. Si elle pouvait le lui promettre avant qu'il ne parte, ce serait encore mieux...
Promesse ou pas, Aislinn revint assez vite à l'auberge, pour le plus grand bonheur de Digne qui afficha un sourire ravi. Les deux jeunes femmes reprirent ensemble un rythme de visite plus régulier, se rendant à l'auberge aussi souvent qu'autrefois. La Noblegriffon ne manqua plus un seul entraînement, y montrant même un nouvel intérêt. Son maître d'armes ne se l'expliquait pas vraiment mais il s'en trouvait plus qu'heureux. Depuis leur étreinte, il s'était aperçu que leur relation avait une complicité nouvelle mais aussi une tension nouvelle... Il le voyait dans les regards détournés de la belle, dans ses joues rosies, dans ces moments où il avait l'impression qu'elle voulait lui dire quelque chose avant de finalement se retenir. C'était si nouveau... Et il ne pouvait empêcher son cœur de s'en réjouir autant que d'en avoir peur, ignorant ce que son attitude cachait vraiment. Et Sanaa qui ne l'aidait plus à interpréter les attitudes de son amie...
Plus d'une vingtaine de jours passèrent ainsi durant lesquelles Aimé et la vaanie regardaient les tourtereaux se tourner de plus en plus autour sans jamais franchir le pas. Digne avait la patience d'attendre qu'Aislinn sorte pleinement la tête de ses dernières pérégrinations récentes, et c'était très noble de sa part. Cependant, il ne semblait pas réaliser que non seulement c'était fait, mais qu'en plus il ne manquait qu'un geste de lui pour qu'il fasse leur bonheur à tous les deux. Ce désir de baiser qu'il avait reporté, il aurait pu se laisser aller à l'envie d'y céder depuis mais ne l'avait pas fait par crainte que ce ne soit pas le bon moment ou que la jeune femme ne soit pas prête... Et les deux spectateurs de leur petite manège de se désespérer qu'ils y parviennent un jour sans leur aide.
Assis à la table d'une taverne, les quatre amis partageaient un moment convivial. La bonne humeur régnait et les rires fusaient. Les garçons étaient d'un côté de la table et les filles de l'autre, Aimé et Sanaa ayant pris soin de mettre les deux amoureux l'un en face de l'autre pour leur permettre de parler plus aisément. Cela fonctionnait assez bien, l'ambiance réduisant les douces craintes qu'ils nourrissaient envers les sentiments de l'autre. Tant et si bien que Digne remarqua à peine lorsque son frère proposa d'aller leur rechercher à boire, demandant à la vaanie de bien vouloir l'aider avec l'intention de traîner un peu pour les laisser seuls un petit moment.
-Attends-tends-tends-tends-tends... Redis-le moi.
Le jeune homme épela le prénom d'Aislinn avec elle, découvrant une orthographe qu'il ne connaissait pas et qu'il n'aurait même pas pu soupçonner jusqu'alors. Les péninsulaires avaient une façon bien particulière d'écrire les noms à son goût... Mais il s'en amusait aussi.
-Ça fait beaucoup de lettres pour deux syllabes, non ? Plaisanta-t-il.
Tout en riant, il se tourna vers les deux chaises près d'eux et réalisa qu'elles étaient vides. Il chercha -sans vraiment chercher- les deux absents du regard avant de se rappeler qu'ils étaient partis les ravitailler en boisson. Mais cela faisait combien de temps au juste ? Peu lui importait en fait et il se retourna bien vite vers la jeune femme, la couvant discrètement de ce regard qu'il lui réservait et qui trahissait ses sentiments pour qui savait le remarquer.
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| | | Le Vaisseau de la Voilée
Ancien
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| Sujet: Re: Amours de jeunesse Mar 12 Mar 2019 - 22:31 | |
| Le matin de l’Elenwënas 41 Verimios de l’An 13:XI, dans la demeure de Varlar. « Regarde, ici, je suis certaine que c’est de lui dont elle parle, » expliqua Aislinn avec conviction en tapotant avec insistance le passage qui l’intéressait de la pulpe de son index. Après avoir ostensiblement exprimé sa lassitude en appuyant son soupir, Sanaa s’arracha au dossier confortable de son fauteuil pour porter des yeux déjà fatigués sur les mémoires de Katalina Noblegriffon. « Tu te rends compte que je parle très mal le diantrais ? » lui demanda-t-elle après avoir recommencé sa lecture une troisième fois. Elle fronça les sourcils. « Attends, ces mots-là ne sont pas dans le bon ordre… Si ? — La nonne qui a retranscrit les confessions de mère a cherché à rester le plus fidèle possible à ce qu’elle lui dictait et… » Elle haussa les épaules avec fatalisme. « Je ne sais pas, je n’ai jamais eu tant de mal que cela à la comprendre. — Oui et bien, personnellement, je n’ai pas eu l’honneur de grandir à ses côtes, fit valoir la Vaanie en repoussant légèrement le manuscrit vers Aislinn. Du coup, tu veux bien me traduire ce paragraphe si important ? » Et l’héritière de lever les yeux au ciel, avant de poser ses deux paumes de chaque côté de l’ouvrage, de se pencher en avant et de lire la première phrase en silence. Il lui semblait qu’elle aurait pu réciter le manuscrit les yeux fermés, mais dans le même temps, elle ne souhaitait surtout pas trahir les confessions de la gardienne avec des approximations malheureuses. « La première fois que je l’ai vu, il était tel un serpent, mais un qui ne savait pas que tombés étaient ses crocs. » Elle coula un regard vers Sanaa. « D’accord, c’est vrai que cette formulation n’est pas forcément très… courante. » La Vaanie esquissa un léger sourire, avant de l’encourager d’un hochement du chef à continuer. « Je l’ai observé rôder autour de moi ; il m’apparaissait clairement que de l’ombre il pensait avoir fait son manteau, quand en vérité ses mimiques et grimaces trahissaient tout de ses intentions. — C’est vrai qu’il ne peut pas s’empêcher d’en faire des tonnes, quand il manigance quelque chose, concéda Sanaa. — Et ça continue comme ça sur plusieurs paragraphes, poursuivit Aislinn en parcourant rapidement cette dernière pour trouver les fragments qui l’intéressaient. Il a cru pouvoir faire sien ce qui en rien ne lui revenait de droit, sans se rendre compte qu’il ne pourrait jamais faire fructifier ce qu’il entendait me voler ; il le dilapiderait ainsi qu’il l’avait fait tout ce qu’il avait toujours touché. Et cette phrase, surtout : il restera toute sa vie un piètre marchand, mais un savant escroc. — Ce n’est rien qu’au moins l’une de nous deux avait déjà deviné, » remarqua Sanaa en retrouvant sa posture précédente dans le fauteuil. Aislinn demeura quelques secondes immobile, perdue dans ses réflexions, avant de pousser un soupir agacé et de refermer le lourd ouvrage. C’était une sensation si désagréable que d’être convaincue que les réponses aux questions qu’elle pouvait se poser se trouvait dans ces mémoires, mais qu’un vie entière lui serait sans doute nécessaire pour parvenir à toutes les décrypter. Sanaa comprit de toute évidence vers quelle pente son amie commençait à glisser et décida qu’elles n’avaient passé que trop de temps à s’abîmer les yeux. « Je sais ce que tu es en train de faire, annonça-t-elle avec juste ce qu’il fallait d’amusement dans la voix. — Ah ? » l’interrogea la Rivoise en s’arrachant à la contemplation de la couverture du grimoire pour mieux darder des prunelles surprises sur la Vaanie. Je ne le sais pas moi-même, songea-t-elle avec ironie. « Tu te jettes à corps perdu dans le premier mirage d’énigme que tu as pu trouver pour t’éviter de penser à la conversation que tu as eue avec le vieux schnock en début d’ennéade. » Aislinn se décomposa presque instantanément, avant de secouer péniblement la tête ; intraitable, Sanaa insista. « Je ne te laisserai pas lui céder, Ellie. Pas sur ça. Tu mérites mieux. — Rien n’est encore fait, protesta faiblement l’héritière Noblegriffon en levant ses paumes devant elle. Je n’ai cédé à rien, j’ai juste dit que j’y réfléchirai. — Chez toi, c’est une manière d’annoncer que tu vas céder, s’entêta Sanaa en croisant ses bras sur sa poitrine. Tu en as parlé à Digne ? — Pas encore… souffla Aislinn en détournant le regard. Je ne m’explique pas pourquoi tu insistes tant à ce que je le fasse, d’ailleurs. — Tu ne crois pas que ça risque de l’intéresser ? — Je ne vois pas pourquoi, objecta la Noblegriffon un peu piteusement en haussant les épaules. Pour toi, encore, je pourrai comprendre… » Et la Vaanie de soulever un sourcil surpris. Se rendant compte qu’elle venait de commettre la bévue qu’elle cherchait désespérément à éviter depuis que ses deux amis se fréquentaient assidûment, elle eut un mouvement de recul, avant de faire la seule chose qui lui traversa l’esprit en cet instant précis : mimer de passer à autre chose. Elle tendit sa dextre pour se saisir des mémoires de la gardienne de Tyra, mais Sanaa fut plus rapide qu’elle et posa la paume de sa sénestre dessus. « Comment ça, pour moi ? — Eh bien, c’est-à-dire que… commença Aislinn avant de rendre les armes. Tu ne vas pas me faire croire que tu pensais avoir été discrète ? Tu es allé le retrouver chez lui un nombre incalculable de fois, ça me paraît évident que… Pourquoi tu souris ? — Je ne souris pas, la détrompa sa cadette. Je me mords les joues très fort pour ne pas éclater de rire. » Elle contredit ses paroles le temps de s’esclaffer. « Mais c’est pour ça que tu agis comme une nigaude depuis deux ennéades ! » Elle se leva enfin de son fauteuil, sa surprise passée, avant de lui saisir les mots et d’annoncer, les prunelles pétillant de malices : « Il n’y a rien de tout cela entre Digne et moi, Ellie. » Et la Rivoise de répondre, non sans sentir son cœur manquer un battement : « Oh ? » Dans la soirée de l’Elenwënas 41 Verimios de l’An 13:XI, dans une taverne de Thaar. Aislinn et Sanaa avaient continué leur discussion tout le reste de la journée, au grand soulagement de la première qui retrouvait par la même occasion sa confidente. Elle put ainsi s’ouvrir de toutes les émotions ambivalentes qu’avaient pu provoquer l’attitude de Digne à son égard et la Vaanie, pour ça part, y avait été de quelques révélations sur les sentiments du jeune Hadjaoui. Il tenait du miracle que, le soir venu, l’héritière Noblegriffon eût réussi à donner le change et ne rien laisser paraître de sa confusion. « Je suis loin d’être la pire, répondit-elle avec bonne humeur et légèreté. L’une des matrones qui m’a élevée s’appelait Chobanne, qui s’écrit s-i-o-b-h-á-n. » Se disant, elle remarqua le coup d’œil circulaire de Digne autour de lui et comprit à son tour qu’ils étaient désormais seuls… et que les doigts de sa dextre s’étaient — l’alcool aidant — mêlés à ceux de la sénestre du thaari. Elle retira vivement son bras, comme si leur contact la brûlait, avant de bredouiller des excuses en baissant le regard, les joues en feu. L’idée que Sanaa et Aimé décidassent de revenir à ce moment-là lui fit horreur et elle se leva d’un coup de sa chaise. « On sort prendre l’air ? demanda-t-elle en se tournant déjà vers la porte. J’étouffe. » Et, pour mieux le convaincre, elle tendit sa main droite dans sa direction, sans être vraiment certaine qu’elle espérait qu’il la saisît ou non. Elle avait quand même sa petite idée.
Dernière édition par Mémoire le Ven 21 Juin 2019 - 7:03, édité 1 fois |
| | | Sauveur Hadjaoui
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| Sujet: Re: Amours de jeunesse Mer 13 Mar 2019 - 9:34 | |
| Digne grimaça en découvrant le nom de la matrone d'Aislinn. Si la prononciation était déjà étrange, l'écriture était bien pire encore. Mais son expression fut bien vite suivie d'un rire. Puis, alors qu'il la couvait de son regard, elle retira sa main de la sienne dans un mouvement brusque. Quand l'avait-elle placée là ? Il regarda ses phalanges à présent délaissées sans comprendre ce qu'il s'était passé. Il ne s'était pas rendu compte lui-même qu'elle s'était approchée et avait refermé ses doigts sur les siens dans un geste tendre et instinctif. Ce n'était que maintenant qu'elle avait repris ses distances qu'il réalisait...
Un peu déstabilisé et perdu, il releva les yeux vers la jeune femme pour la voir fuir son regard, ses joues s'empourprant de manière parfaitement indiscrète. La respiration du jeune Hadjaoui lui semblait difficile tandis que son cœur s'emballait. Est-ce que ça voulait dire que... ? Aislinn se confondit en excuses et un sourire tendre se dessina sur le visage du jeune homme. Oui, il en était de plus en plus persuadé : elle était troublée en sa présence et plus encore à son contact. Mais la demoiselle ne vit pas sa douce expression. Pas plus qu'elle ne lui laissa l'occasion de lui dire qu'elle n'avait pas à s'excuser et de tendre la main vers elle pour qu'elle revienne y poser la sienne. Il ignorait si elle aurait accepté mais il aurait voulu tenter sa chance pour lui faire comprendre ce qu'il ressentait... Au lieu de cela, la jeune femme se leva subitement et le sourire de Digne disparut pour laisser place à la surprise. C'état assez étrange et soudain comme réaction et il craint un moment qu'elle ne veuille le fuir. Ses doutes s'envolèrent bien vite lorsqu'elle lui demanda de venir prendre l'air avec elle. Elle lui tendit la main pour appuyer sa proposition et il baissa le regard sur ses phalanges avant de remonter vers Aislinn. Après une hésitation due à l'étonnement plutôt qu'au manque d'envie de l'accompagner, il se leva à son tour et prit délicatement la main qu'on lui offrait. Il saisit sa veste sur le dossier de sa chaise et, ensemble, ils se dirigèrent vers la sortie. En parfait gentilhomme, l'Hadjaoui ouvrit la porte à la Noblegriffon, la lui tint le temps qu'elle passe avant de la suivre et de refermer derrière eux, lui laissant la possibilité d'échapper à l'étreinte de sa main si elle le souhaitait.
La nuit était claire et fraîche. L'hiver était là. Ils étaient loin de la saison froide de Péninsule où il pouvait neiger plus qu'abondamment dans certaines régions mais il faisait presque froid pour les locaux habitués à vivre au soleil et à la chaleur toute l'année. A l'intérieur en revanche, il faisait un peu trop chaud entre les feux dans l'âtre et la foule venue se chauffer avec quelques verres. Digne se tourna vers la jeune femme, un peu inquiet suite à sa réaction inhabituelle.
-Tout va bien ? Tu veux qu'on aille marcher un peu ?
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| | | Le Vaisseau de la Voilée
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| Sujet: Re: Amours de jeunesse Ven 15 Mar 2019 - 21:53 | |
| « Juste le temps de souffler un peu, acquiesça la Rivoise en mêlant plus encore ses doigts à ceux du jeune homme. Je suis désolée, c’est venu d’un coup. » Elle pouvait blâmer Sanaa pour cela ; après avoir insisté des jours durant pour qu’elle se confiât à Digne sur les projets de Varlar, la Vaanie la mettait purement et simplement au pied du mur en s’éclipsant ainsi avec Aimé. Si je ne dis rien ce soir, elle le fera à ma place, savait-elle pertinemment. Aislinn n’avait aucun mal à imaginer sous quel angle l’adolescente présenterait cette confession et Digne n’avait vraiment pas besoin de cela. Ils marchèrent silencieusement quelques minutes qui parurent des heures à la Noblegriffon, dont la seule véritable interaction avec le thaari consistait à caresser inconsciemment le dos de sa main avec son pouce. Pour le reste, elle était trop concentrée sur les aveux qu’elle s’apprêtait à faire pour tenir convenablement une conversation. Elle finit par arriver à la conclusion qu’elle ne parviendrait pas à formuler le nœud du problème autrement qu’abruptement et décida de ne plus se torturer à essayer. S’arrêtant tout net, elle se tourna vers l’ancien esclave, l’invita à faire de même, puis darda des prunelles résolues sur le visage inquiet de Digne. « Varlar veut organiser mon mariage, expliqua-t-elle d’une voix tendue. Il pense que c’est une étape obligée pour préparer notre retour en Péninsule. » Elle sentit que, sous le coup de la surprise, son interlocuteur cherchait déjà à se dégager ; elle l’en empêcha en attrapant sa seconde main pour mieux le rassurer. « Laisse-moi finir, lui intima-t-elle d’une voix douce. Je savais que cela pouvait arriver ; j’ai vite compris, après que Mère m’a reconnue comme sa fille, que je venais d’entrer malgré moi dans un monde qui n’était pas le mien. Je suis son héritière, Digne. L’héritière des Noblegriffon. Par delà l’Olienne, dans le Royaume de Diantra, plusieurs comptoirs marchands fondés par Mère continuent d’utiliser son nom. Il espère parvenir à les récupérer en se servant de moi pour légitimer ses revendications… et du mariage qu’il ambitionne sceller pour moi pour se forger une alliance avec une grande famille de la Péninsule. » Elle voyait qu’il ne comprenait pas, mais elle ne pouvait pas lui en vouloir. Elle perdait beaucoup trop de temps à se disperser dans des détails inutiles, qui ne pouvait que le troubler un peu plus quand tout ce qu’elle souhaitait été qu’il saisît bien toutes les implications de ce qu’elle cherchait à lui dire. « Il y a quelques ennéades encore, j’étais prête à faire ces sacrifices pour le nom de Mère, mais je sais maintenant que c’était une erreur. Sous couvert de veiller à mes intérêts et ceux de ma lignée, Varlar sert en réalité ses propres desseins. Je l’ai trop longtemps laissé libre de faire ce qu’il voulait sans rien remettre en question, mais c’est terminé. J’ai ouvert les yeux. » Elle pourrait lui expliquer les différentes étapes de la réflexion qui l’avait amené à cette conclusion plus tard, si toutefois il lui demandait. Pour l’heure, elle préférait plutôt essayer d’aller à l’essentiel. « Je vais lui tenir tête, Digne. Je te le promets. Je me marierai le jour où je l’aurai décidé, avec le partenaire de mon choix. » Et la jeune héritière de laisser ses mains trembler en affirmant cela, car bien qu’elle était encore loin de considérer la moindre union, au moins l’idée d’un partenaire en particulier avait commencé à faire son chemin. Elle le signifia bien malgré elle, en le tirant inconsciemment vers elle. |
| | | Sauveur Hadjaoui
Humain
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| Sujet: Re: Amours de jeunesse Sam 16 Mar 2019 - 21:26 | |
| Digne acquiesça d'un simple mot accompagné d'un signe de tête à la réponse d'Aislinn avant qu'elle ne l'entraîne dans les rues seulement illuminées par les lunes qui brillaient dans le ciel. Le silence s'installa aussitôt sans que ni l'un ni l'autre ne se décide à la rompre durant de longues minutes. La jeune homme avait bien des choses en tête et un désir inassouvi depuis des dizaines de jours maintenant. Mais il n'allait pas s'arrêter net pour le réaliser. Il devait sans doute lui parler avant, essayer de découvrir ce qu'elle ressentait ? De là, les choses viendraient peut-être toutes seules... Mais comment aborder le sujet sans le faire de but en blanc ? C'était sa première expérience sentimentale, il n'avait ni l'art ni la manière... Il n'y avait qu'à voir l'étreinte qu'ils avaient partagé. Plus d'une fois il avait laissé l'opportunité à la jeune femme de s'en libérer avant de comprendre qu'elle n'avait aucune envie de se séparer de lui... Il s'était senti plutôt maladroit après coup et se demandait commen son geste avait été perçu et interprété par la Noblegriffon.
Alors que toutes ces pensées hantaient l'esprit du cadet des Hadjaoui, quelque chose le ramena à l'instant présent. Une caresse sur le dos de sa main... Il baissa les yeux et découvrit de quelle façon leurs doigts s'étaient entremêlés. Une façon qui n'avait rien d'anodin... Ce n'était pas ainsi que l'on se tenait la main entre amis. Observant le pouce d'Aislinn effleurer sa peau, une sourire discret mais heureux illumina son visage. Il releva les yeux sur la jeune femme, le cœur enflammé par ce simple geste et le regard plein d'espoir. Depuis le temps qu'il espérait une marque d'affection de sa part ! Mais l'expression de l'affranchi se mua instantanément en inquiétude en découvrant la mine pensive de la belle. Il était si préoccupé par ce qu'il avait en tête qu'il n'avait pas remarqué qu'elle n'était pas complètement avec lui. Certes, c'était elle qui avait mêlé leurs doigts et qui le caressait mais son esprit était visiblement ailleurs... Il allait l'arrêter, plonger ses iris dans les siennes et lui demander sérieusement ce qui n'allait lorsqu'elle stoppa nette sa marche et réclama d'un geste qu'il se place face à elle.
A la fois intrigué et inquiet, Digne obéit et la nouvelle tomba aussitôt. Elle eut sur lui l'effet d'un coup de massue sur le crâne associé à une dague plantée en plein cœur. En bon estrevin libre de laisser s'exprimer ses émotions, il ne comprenait pas le principe des mariages arrangés. Il savait que cela existait même ici et qu'ils permettaient de conclure des accords mais s'enchaîner à vie à une personne que l'on ne connaissait parfois même pas était s'assurer une vie malheureuse. Alors savoir la jeune femme contrainte à cette union avait de quoi l'assommer... Digne voulut poser des questions pour essayer de comprendre mais il n'eut pas le temps d'en exprimer le quart de la moitié d'une. Aislinn l'interrompit pour lui demander de lui laisser la parole. Elle avait déjà l'intention de lui expliquer toute l'histoire. Alors il se tût et écouta attentivement. C'était bien cela... Une histoire de commerce et de comptoirs à l'étranger. Et, pour parvenir à cette fin, on voulait la marier à un péninsulaire... Apprenant ça, le jeune homme ferma les yeux. Puisque les habitants de cette contrées étaient monogames et que l'homme avait tout pouvoir sur son épouse, cela signifiait qu'ils n'auraient pas le droit de se fréquenter... Et peut-être même qu'il ne le reverrait plus jamais.
Si la façon dont la jeune femme lui présenta les choses lui laissait entendre qu'elle comptait se plier à la volonté de son tuteur, la suite de son discours lui donna un peu plus d'espoir. Elle n'était plus prête à se sacrifier, et encore moins pour quelqu'un qui n'en voulait qu'à son argent. Son cœur se remit à battre et il darda sur elle un regard brillant d'espoir concernant une possibilité d'avenir entre eux.
-Je vais lui tenir tête, Digne. Je te le promets.
Cette promesse... Rien ne l'obligeait à la lui faire. Rien n'était engagé entre eux, ni même initié. Lui-même l'aimait depuis le premier jour et ne lui en avait jamais rien dit. Alors, ce qu'il croyait déceler en elle depuis quelques jours... ? La suite de ses paroles le poussa à y croire un peu plus encore.
-Je me marierai le jour où je l’aurai décidé, avec le partenaire de mon choix.
La sentant tirer sur sa main, il se laissa attirer, avançant d'un pas pour se retrouver tout près d'elle. Il sourit dans un soupir de soulagement en entendant ses mots qui donnait l'impression de le désigner.
Arcam, ce qu'il pouvait l'aimer...
-Je suis très heureux... pour toi.
Il appuya son regard sur ses derniers mots. Il voulait qu'elle sache, qu'elle comprenne que son bonheur lui importait plus que tout. Il passait bien avant le sien. Même s'il s'avérait que finalement elle n'aurait jamais de sentiments pour lui, il n'avait aucune intention de forcer les choses et serait prêt à la laisser s'en aller pour qu'elle trouve celui qu'il lui fallait. N'était-ce pas cela "aimer" ? Mais il ne s'arrêta pas là. Sa main libre remonta jusqu'au visage de la belle et il en effleura la joue, comme ce jour où elle était venu le trouver après deux ennéades d'absence pour fondre en larmes dans ses bras.
-Et... je l'avoue... un peu pour moi aussi... Ajouta-t-il avant de laisser sa main glisser sur sa joue pour venir s'y poser.
C'était la première fois qu'il abordait un tant soit peu le sujet avec elle... Il sentit son cœur s'emballer sans pouvoir le contrôler. Il était si près d'elle... Il posait ses yeux clairs sur l'objet de ses pensées qui se trouvait quelques centimètres en contre-bas. De là, il pouvait sentir sa respiration. Il était irrémédiablement attiré par son regard et, cette fois, il n'alla pas à l'encontre de son désir. Il se pencha avec une lenteur extrême, approchant son visage du sien. Il avait tant rêvé de ce moment mais ne pouvait s'empêcher de le redouter aussi. Elle pouvait toujours tenter de se dérober à lui, le repousser... Cela lui briserait le cœur mais il n'irait pas contre sa volonté. Mais pour le moment, elle ne cherchait pas à éviter ce qui semblait de plus en plus évident. Arrivé trop prêt d'elle pour pouvoir encore la voir, que ce soit ses yeux ou sa bouche, il ferma ses paupières et le temps se suspendit alors qu'il n'avait plus aucune idée de la distance qui lui restait à parcourir. Et, après un instant qui parut durer une éternité, leurs lèvres se frôlèrent dans un baiser aussi court que fugace. A la façon dont Aislinn avait accueilli son geste, Digne eut un nouveau soupir de soulagement. Il avait tant attendu ce moment... Et elle était là, à quelques centimètres de lui. Elle venait de lui dire qu'elle ferait tout pour ne se marier que par amour. Elle le lui avait promis, à lui. Et elle l'avait laissé l'embrasser... A ce moment précis, son bonheur était total et il sourit, s'approchant à nouveau avec la volonté de venir déposer un nouveau baiser sur ses lèvres. Un baiser qui serait un peu plus long, plus assuré mais toujours emprunt de cette douceur qu'il lui témoignait depuis des ennéades.
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| | | Le Vaisseau de la Voilée
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| Sujet: Re: Amours de jeunesse Sam 16 Mar 2019 - 23:19 | |
| Que suis-je en train de faire, exactement ? songeait confusément la jeune Noblegriffon lorsque les lèvres de Digne frôlaient les siennes une première fois. Elle ne se déroba pas, cependant. Bien au contraire, elle resserra sa prise sur les doigts du Thaari et esquissa un sourire ravi tandis qu’ils s’embrassaient. Elle avait passé des jours entiers à se torturer en se demandant si elle avait envie que Digne cueillît ainsi ses lippes ; elle avait sa réponse désormais. Il s’écarta un peu, pour poser sur elle ce regard qu’elle aimait tant et elle darda sur lui des prunelles pétillantes de joie et brillantes de tendresse. Il ne dit rien et préféra se pencher une seconde fois. La jouvencelle se laissa volontiers guider, mais quand elle sentit la langue du jeune homme venir chatouiller ses lèvres, elle se rendit compte qu’ils s’aventuraient déjà en dehors de sa zone de confort ; elle entrouvrit légèrement la bouche pour l’accueillir, mais demeura quant à elle bien timorée. Il doit me trouver gourde, regretta-t-elle tandis qu’ils se séparaient à nouveau et plutôt que d’affronter son regard, elle nicha son nez dans son cou. Elle aimait être dans ses bras. Tout y était plus simple, pour un temps du moins. Elle savait, bien sûr, que la réalité l’attendait toujours de pied ferme, mais elle gagnait en se lovant contre lui quelques précieuses secondes où elle pouvait oublier tous ses tracas. Désireuse de se rattraper après ce qu’elle jugeait déjà être une bien piètre prestation, elle déposa quelques doux baisers dans le cou du jeune homme ; elle avait des femmes agir ainsi avec leurs compagnons et ces derniers avaient semblé apprécier. Elle avait d’un coup tant et tant de questions et personne qu’elle pouvait interroger ; cela lui donna le vertige, mais elle ne voulait pas céder à la panique. Pas alors qu’elle s’était senti si bien, quelques secondes à peine auparavant. Elle refusait que sa peur de ce qui pouvait arriver lui gâchât son instant présent. « Je suis heureuse, énonça-t-elle en écho aux paroles de Digne, mais même si c’est difficile à croire, je pense que de nous trois c’est Sanaa qui jubilera le plus. » Elle rit malgré elle, de ce rire clair et joyeux dont elle avait le secret. « Oh, Digne, expia-t-elle en se blottissant à nouveau contre son torse et son souffle chaud glissa sur son cou à lui. Comme tu as été patient avec moi. » Elle avait l’étrange impression que la nature de leur relation changeait à toute vitesse depuis leur premier baiser et cela la grisait ; elle n’avait par ailleurs aucune envie de retourner dans l’auberge, mais n’ignorait pas que s’ils ne le faisaient pas avant longtemps, Aimé et Sanaa finiraient par s’inquiéter. Se tournant dans la direction de la bâtisse qu’ils avaient quitté sans un mot pour leurs êtres chers, elle esquissa une légère moue. « Je ne sais pas quoi faire, » avoua-t-elle à Digne. Je ne sais pas quoi, ni comment leur dire, aurait-elle dû préciser, mais elle garda pour elle cette seconde confession. |
| | | Sauveur Hadjaoui
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| Sujet: Re: Amours de jeunesse Lun 18 Mar 2019 - 12:09 | |
| Alors qu’il l’embrassait, les lèvres de Digne se firent plus présentes contre celles de la jeune femme. Puis elles s’entrouvrirent et il initia dès lors un nouveau genre de baiser que lui-même n’avait encore jamais pratiqué. La réponse d’Aislinn fut plus que minime, aussi le cadet des Hadjaoui n’insista-t-il pas et s’arrêta bien vite. Si elle se trouvait gourde, lui se trouvait idiot. Il se demandait s’il s’y était mal pris dans la réalisation ou dans le timing… Après tout, leur relation n’avait encore que quelques secondes d’existence. De plus, lui était un homme doublé d’un adulte. Même s’il n’était pas pressé, il y avait certains sujets sur lesquels il se sentait bien plus à l’aise et prêt que celle que son coeur avait choisi. Il devait peut-être y aller plus doucement… Alors qu’il libérait la Noblegriffon d’un contact qui la mettait mal à l’aise, elle vint se refugier dans ses bras et il l’accueillit moins maladroitement que la dernière fois. La main sur sa joue se glissa dans ses cheveux pour venir se placer derrière sa tête. Il libéra la seconde pour venir la poser dans son dos et l’étreindre avec une force à la fois douce et tendre. Il retint un frisson lorsque ses lèvres se posèrent sur la peau de son cou. Le moins que l’on pouvait dire, c’était qu’il ne s’y attendait pas… Cela gâchait presque le côté agréable de la chose.
Quelques secondes s’écoulèrent ainsi durant lesquelles ils demeurèrent dans cette situation, profitant de ce contact qui prenait désormais une toute autre mesure. Le regard de Digne brillait de joie tandis que ses lèvres ne parvenaient pas à se départir d’un discret sourire de bonheur. Il avait tant espéré ce moment et tant craint qu’il n’arrive jamais. Et pourtant, tout était loin d’être fini… Il leur restait tant de chemin à parcourir et il ne savait ni quand ni comment l’entreprendre. Puisqu’il était plus âgé, elle espérait probablement qu’il la guide… Mais il n’en savait pas davantage qu’elle sur l’amour, les relations amoureuses et encore moins sur l’acte en lui-même. C’était quelque chose qu’ils découvriraient (peut-être) ensemble…
Finalement, Aislinn rompit le silence de leur étreinte en lui annonçant qu’elle était heureuse et le sourire du jeune homme s’étira un peu plus. Il accompagnit le rire de la belle après la remarque sur Sanaa.
-Elle sera surtout soulagée de ne plus avoir à nous conseiller. Elle devait en avoir assez de passer des heures à écouter mes craintes et à me conseiller sur la façon de m’y prendre. -Oh, Digne. Comme tu as été patient avec moi.
Il resserra un peu plus son étreinte sur elle.
-Tu en vaux la peine, Aislinn… Et puis… Tout ça est aussi nouveau pour moi que ça l’est pour toi.
Bien, la chose était confiée. Elle savait désormais qu’elle était sa toute première. Et il ne doutait pas que la réciproque soit vraie. Il n’y avait qu’à voir leur baiser plutôt maladroit… Alors qu’elle lui déclarait ne pas savoir quoi faire, il dut suivre son regard pour comprendre ce qu’elle voulait dire. Il devait bien reconnaître qu’il n’avait pas la moindre envie de revenir sur leurs pas, lui non plus. Il fit une moue lui aussi, mais un peu différente.
-Hm… Nous ne sommes pas obligés d’y retourner maintenant. Nous ne sommes partis que depuis quelques minutes et, vu qu’ils complotent tous les deux depuis des ennéades, ils nous laisseront probablement un peu d’intimité avant de partir à notre recherche.
La main derrière la tête de la jeune femme retrouva la joue de cette dernière pour lui demander silencieusement de plonger son regard dans le sien. Il y avait un point qu’il voulait clarifier dès à présent. Rien de bien grave, mais cela lui semblait essentiel, d’autant que cela permettrait probablement de détendre la jouvencelle sur un point ou deux…
-Contrairement à Varlar ou… un autre, sache que je ne te contraindrais jamais à quoi que ce soit. S’il y a quelque chose que je fais qui ne te convient pas ou qui te met mal à l’aise, n’hésite pas à me le faire savoir. Je découvre autant que toi et je ne suis pas pressé… Comme tu as pu le remarquer. Ajouta-t-il avec un sourire rieur en pensant à Sanaa qui aurait voulu le secouer tant elle le trouvait trop patient.
Il faisait clairement référence à son second baiser. Elle n’avait pas besoin de le lui dire pour qu’il comprenne que quelque chose s’était mal passé. Que ce soit la qualité de sa réalisation ou tout simplement le fait d’avoir essayé, elle n’avait pas forcément apprécié et avait la politesse ou la gêne de ne pas vouloir lui en parler. Mais lui, au contraire, préférait savoir afin de comprendre comment il pouvait s’améliorer. Cette relation, il y tenait et elle ne pourrait être bien vécue que s’ils prenaient tous les deux plaisir à la partager. Pour cela, il était prêt à se caler sur son rythme à elle, même s’il devait être à la mesure du temps qui s’était écoulé entre leur rencontre et aujourd’hui...
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| | | Le Vaisseau de la Voilée
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| Sujet: Re: Amours de jeunesse Mer 20 Mar 2019 - 22:16 | |
| Aislinn darda sur Digne des prunelles où la joie disputait clairement à la confusion une place d’honneur. Elle avait l’impression d’être perchée sur un petit nuage, et dans le même temps de se tenir face à un précipice. Sans doute le jeune Hadjaoui était-il sincère dans sa démarche et ne désirait rien d’autre que de bien faire, mais assurément l’héritière Noblegriffon aurait voulu qu’il attendît un petit peu avant d’aborder ce genre de questions avec elle. Ce n’était pas tant qu’elle ne souhaitait pas être honnête avec lui ou lui cacher ses sentiments, mais plutôt qu’elle n’avait encore aucune véritable idée de ce qu’elle ressentait ! Plutôt que de lui expliquer cela, elle prit le parti d’essayer une approche « légèrement » différente. Sans parvenir à retenir un sourire timide, elle se lova à nouveau contre lui, passa ses bras autour de son cou et l’attira vers elle pour l’embrasser ; les lèvres du jeune homme sur les siennes lui firent l’effet d’une décharge électrique et, pour sceller définitivement l’inversion — au moins temporaire — de leurs rôles, ce fut sa langue à elle qui chercha cette fois à se frayer un chemin entre ses lippes à lui. Ce troisième baiser fut plus long et passionné — mais certainement tout aussi maladroit — que ces deux prédécesseurs et provoqua chez Aislinn un bien étrange et délicieux mélange de sensations auxquelles elle n’était décidément pas familière. Quand ils se séparèrent, elle avait le souffle court et ses joues roses. « Je sais que tu respecteras mes choix, lui répondit-elle enfin. Je respecterai les tiens. » Elle avait prononcé ces paroles le cœur vibrant de sincérité, mais sa promesse à peine formulée, son esprit se joua d’elle et elle se rappela que le père Hadjaoui avait épousé non pas une, mais bien trois femmes. L’adolescente, dont le sang était toujours chargé de l’adrénaline de leur baiser, fut saisi d’un bien désagréable malaise en visualisant Digne en embrasser une autre. Pas ce soir, s’admonesta-t-elle silencieusement. Vite. Très vite. Juste pas ce soir. Elle se découvrait amoureuse, mais n’était pas prête à s’imaginer possessive. Sa résolution fut prise en un fragment de seconde à peine et le Thaari put tout aussi bien ne pas remarquer son débat interne prestement étouffé et quand bien même il l’avait pu, le sourire sincère et éclatant de la jouvencelle devait l’aider à ne plus y penser. « Je sais que je vous ai promis de ne pas venir trop souvent à l’auberge pour ne pas vous déranger quand vous travaillez, mais je doute désormais réussir à tenir parole encore très longtemps… » annonça-t-elle avec un brin de malice et beaucoup d’honnêteté tandis que son cœur s’emballait à nouveau. |
| | | Sauveur Hadjaoui
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| Sujet: Re: Amours de jeunesse Jeu 21 Mar 2019 - 10:56 | |
| En voyant le regard d’Aislinn, Digne comprit rapidement que quelque chose n’allait pas. Il n’avait cherché qu’à la rassurer pourtant… Il ne s’attendait donc pas à trouver dans ses yeux une quelconque confusion. Et puis, se repassant son discours, il se rendit compte de l’énorme bévue qu’il venait de commettre. Il se détacha très légèrement de la jeune femme pour mieux la voir, ses mains passant de son dos à sa taille et de sa joue au vide.
-Je suis désolé, je viens seulement de réaliser la portée que mes paroles peuvent avoir mais ce n’était pas du tout ce que je voulais dire. Je parlais de mon baiser. J’ai bien vu que je t’avais mise mal à l’aise et j…
Tandis qu’il se confondait en excuses et explications, Aislinn avait lentement comblé le faible espace qu’il avait mis entre eux pour venir se pendre à son cou. Il ne s’arrêta de parler que lorsque le visage de la belle fut suffisamment près de lui pour réaliser qu’elle voulait l’embrasser de nouveau. Il se laissa attirer et accueillit ses lèvres contre les siennes, soupirant de soulagement dès la fin de ce premier contact. Mais elle ne s’arrêta pas là et il fut un peu surpris et surtout ravi de la voir retenter l’expérience de leur précédent baiser. Aussi inexpérimentés l’un que l’autre, tous deux se trouvaient gauches mais cela ne les empêcha pas de profiter pleinement de ce moment qui se faisait un peu plus intime que le précédent. Cette nouvelle étreinte grisa le jeune homme qui referma ses bras autour d’Aislinn, pressant légèrement son corps contre le sien. Lorsque leurs lèvres se séparèrent enfin, le visage de Digne demeura près d’elle, son front venant se poser contre celui de la belle le temps de reprendre son souffle et pleine possession de ses moyens. Il venait de se passer quoi là ? Cette nouvelle sensation était étrange et inconnue. A la respiration de la jeune femme, il imaginait sans mal qu’elle avait été partagée. Le jeune Hadjaoui sourit de bonheur devant l’initiative de l’adolescente et ce qui en avait résulté. Il pouvait être rassuré car, a priori, tout allait bien entre eux. Et les mots d’Aislinn pour venir le lui confirmer.
Enfin, il se redressa pour la regarder dans les yeux et la couver de ce regard tendre qu’il s’efforçait de ne plus réprimer depuis quelques temps sous les conseils de Sanaa et qu’il était désormais pleinement libre d’exprimer. Car c’était enfin fait : ils étaient ensemble.
-Je sais que je vous ai promis de ne pas venir trop souvent à l’auberge pour ne pas vous déranger quand vous travaillez, mais je doute désormais réussir à tenir parole encore très longtemps…
Digne rit, amusé par la réplique de la jeune femme, avant de lui répondre, un sourire heureux aux lèvres.
-Ah, parce que tu te réprimais jusque là ? Plaisanta-t-il, se rappelant qu’elle avait dit qu’elle ne viendrait qu’une fois par ennéade (chose qu’elle n’avait jamais réussi à respecter). Ce sera avec grand plaisir. Et si ça ne plaît pas à Kassim, je suis sûr qu’on trouvera un moyen pour se voir plus souvent.
Il scella cette promesse d’un baiser bien plus bref et semblable à leur premier. Puis il se redressa, la contempla, heureuse dans ses bras, avant de se retourner vers la taverne à son tour. Revenant sur Aislinn, il lui désigna les lieux d’un signe de tête.
-Tu veux leur dire ce soir ?
Lui n’avait pas spécialement d’avis sur la question, même s’il savait que l’un comme l’autre serait interrogé chacun de leur côté sur ces longues minutes passées seuls dehors… Ils se retrouveraient bien forcés de leur en parler. Aislinn était d’avis de ne pas laisser planer le suspens plus longtemps et il fut d’accord avec elle. Ils mirent donc fin à leur étreinte. Digne lui prit la main et ils firent demi-tour à un pas bien plus lent qu’à l’aller, pas vraiment pressés de ne plus être seuls tous les deux. Devant la porte, le jeune homme s’arrêta et proposa à Aislinn de l’installer à côté de lui, chose qu’elle accepta aussitôt. Il poussa donc le pan de bois, laissa entrer la jeune femme et referma derrière elle avant de se diriger vers leur table. Sanaa et Aimé étaient revenus et discutaient sans les voir. La rouquine fut la première à remarquer leur arrivée. Digne posa une main sur l’épaule de son frère qui lui tournait le dos et lui demanda de bien vouloir céder sa place. Ce dernier se leva sans poser de question en prenant son verre. Le cadet invita la belle à venir s’asseoir, tenant sa chaise fraîchement libérée. Dès qu’elle fut installée, il remit son verre devant elle tandis qu’Aimé prenait la place d’Aislinn. Les deux vaanis assis en face des amoureux les observaient d’un air suspicieux. Est-ce que ça voulait dire que c’était fait ?... Pour répondre à leur question silencieuse, Digne offrit à la jeune femme de poser sa main dans la sienne. Leurs doigts s’entremélèrent de nouveau et il porta leurs mains unies à ses lèvres pour déposer un baiser sur le dos de celle de la Noblegriffon. Ce simple geste provoqua un enthousiasme certain chez leurs coatchs. Aimé fut le plus modéré des deux, se contentant de leur adresser un sourire ravi et appliquant une tape de félicitations sur l’épaule de son frère.
La soirée se poursuivit ainsi, le nouveau couple se montrant un peu timide dans la démonstration de leurs sentiments révélés. Timide ou maladroit ?... La confusion était toute naturelle. Ils devaient encore trouver leurs marques ensemble. Les garçons raccompagnèrent ensuite les deux jeunes femmes chez elle, comme à chaque fois qu’ils devaient se séparer à la nuit tombée. Une fois devant la demeure d’Aislinn, Sanaa et Aimé s’éclipsèrent assez rapidement pour laisser les amoureux se dire au revoir tranquillement. Après que la vaanie eut disparu derrière la porte d’entrée et qu’Aimé se soit éloigné de plusieurs dizaine de mètres, Digne enlaça la jeune femme et s’approcha pour l’embrasser une dernière fois. Il la garda ensuite contre lui quelques secondes encore.
-A très bientôt alors. Lui murmura-t-il avec sourire de malice et de bonheur mêlés.
Puis il la laissa lui échapper peu à peu. Voulant conserver un contact avec elle aussi longtemps que possible, il saisit sa main et la garda entre ses doigts jusqu’à ce qu’elle ne soit plus à sa portée et lui échappe. Il resta ensuite planté là jusqu’à ce que la porte se referme sur la silhouette d’Aislinn. Il se décida enfin à rejoindre son frère qui l’attendait plus bas dans la rue. L’aîné de la fratrie aurait sans doute la discrétion de ne pas trop l’interroger sur la façon dont les choses s’étaient déroulées mais il s’intéresserait sans aucun doute de savoir si son cadet était aussi heureux qu’il l’avait espéré. Digne lui parlerait également des projets de Varlar qui, mine de rien, l’inquiétaient un peu… Il n’avait pas voulu l’évoquer devant Aislinn que cela préoccupait déjà suffisamment comme cela. Elle avait pas besoin de porter ses craintes à lui en prime. Aimé serait sans doute de bon conseil pour l’aider à trouver la marche à suivre. Comme toujours.
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| | | Le Vaisseau de la Voilée
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| Sujet: Re: Amours de jeunesse Mer 27 Mar 2019 - 6:40 | |
| Elenwënas 50 Verimios de l’An 13:XI Le nouveau couple mit les ennéades qui suivirent à profit pour trouver — l’un comme l’autre et l’un avec l’autre — leurs marques. Pour sa part, Aislinn eut besoin de quelques jours pour prendre toute la mesure du soudain — et néanmoins espéré — tournant de sa relation avec le jeune Hadjaoui. Elle retourna dans tous les sens le déroulement des événements de la soirée, de ses confessions sur les projets condamnables de Varlar jusqu’à leur promesse de se revoir très vite, en passant bien sûr par leur troisième baiser passionné dont elle avait été à l’initiative. La Noblegriffon demeurait confuse encore en repensant à la hardiesse dont elle avait fait preuve, bien qu’elle pouvait l’expliquer sans mal. « Je ne veux pas être celle que Digne passe son temps à attendre, » avait-elle résumé à Sanaa. Et de garder par-devers elle l’autre versant de l’histoire : Je ne veux pas être celle dont il se lasse et ne se contente plus. Elle avait beau vivre en Estrévent depuis trois longues années, la polygamie de certains vaanis continuait de la rendre perplexe et dans les balbutiements de son idylle, elle n’avait pas pu s’empêcher de trouver dans cette étrange pratique une forme d’épée de Damoclès. La prévenance, la patience et la gentillesse de Digne eurent cependant rapidement raison de ses craintes et elle chassa finalement bien vite ses angoisses pour mieux profiter des attentions du jeune homme… et apprendre à en prodiguer, à son rythme et sans contrainte. De ses atermoiements des premiers jours, pourtant, elle ne dit rien au premier concerné — ou très peu —, quand bien même il l’y avait encouragé dès le premier soir et recommença plusieurs fois par la suite. Toute sa vie durant, Aislinn avait intériorisé ses ressentis, faute d’interlocuteurs à qui se confier. Ainsi à Katalina, elle avait avoué bien peu de choses, eu égard à tout ce qu’elle avait pu éprouver tout le temps qu’elle était restée à ses côtés. Sanaa était la première personne auprès de laquelle elle avait commencé à s’ouvrir et même à elle, les mots ne lui venaient pas toujours naturellement. Il n’y avait qu’à constater les longues ennéades durant lesquelles elle avait tû ses sentiments naissants pour Digne. « Le problème d’Aislinn, c’est que lorsque quelqu’un la frappe, sa première pensée est de se demander si son gourdin n’est pas trop lourd pour lui, » avait un jour doctement — mais peut-être un peu maladroitement aussi — expliqué Sanaa à l’affranchi. La Rivoise avait, c’était un fait, une capacité de résilience sans commune mesure avec la plupart des adolescents de son âge et une tendance quasiment maladive à mettre le bien être de ses êtres chers avant le sien propre. Entre les lignes, elle avait essayé de prévenir Digne contre les cercles vicieux que cela pouvait engendrer… De son point de vue inavoué, la relation de sa meilleure amie avec sa mère adoptive était un parfait et tragique exemple de ce à quoi la retenue d’Aislinn pouvait mener. Cet avertissement de mauvais augure mis à part, Digne avait peu de raisons de se faire du souci, car avant longtemps, Aislinn commença à vraiment s’épanouir à ses côtés. Elle s’invita de plus en plus souvent à l’auberge, « volant » au tavernier son employé chaque fois qu’elle le pouvait. Elle insista pour qu’ils continuassent son initiation à l’escrime. Elle le tint, aussi, au courant de ses « progrès » sur la question de son mariage, encouragé en cela par Sanaa, qui avait fini par lui faire comprendre que, non, cela n’avait aucune chance de le déranger. Aislinn en était venu à hautement apprécier ces moments d’échanges, durant lesquels le Hadjaoui la canalisait et l’aidait à mettre un peu d’ordre dans ses pensées. En l’occurrence, Varlar n’avait pas semblé particulièrement pressé de mener ses projets à bien. Tout juste lui en parlait-il de temps en temps. Il ignorait tout de l’idylle naissante de sa protégée et ce sursis laissait à cette dernière du temps pour organiser sa riposte ; pour l’heure, elle faisait son possible pour prendre au mieux la mesure de la véritable nature des comptoirs qui portaient le nom de sa mère de ce côté-ci de l’Olienne. Une tâche plus conséquente qu’elle ne l’avait considérée de prime abord. Une trentaine de jours après leur premier baiser, Aislinn et Digne s’entraînaient comme très souvent dans l’arrière-cour de l’auberge où le jeune homme et son aîné travaillaient. Cette fois-ci, contrairement à son habitude, la Rivoise se révéla distraite et peu motivée. Ce fut sans doute ce qui poussa Digne à couper court à leurs exercices. Il la connaissait assez bien désormais pour deviner quand elle voulait lui annoncer quelque chose, mais tournait son discours dans sa tête sans parvenir à lui faire franchir la frontière de ses lèvres. Ils rangèrent leurs armes factices, puis allèrent s’asseoir sur « leur » muret. Avant longtemps, Aislinn posa sa tempe contre l’épaule du jeune homme. Les yeux fermés, elle se concentra sur sa respiration. « J’ai un service à te demander, finit-elle par lui annoncer en se redressant pour planter son regard dans le sien. Ou plutôt, j’aimerais bien ne pas avoir à te le demander, mais je crois que sans ton aide, je n’y arriverai pas. » Elle dut se rendre compte elle-même qu’elle recommençait à présenter les choses dans le mauvais ordre, car elle esquissa un sourire complice à l’attention de son compagnon, avant de reprendre d’elle-même son explication par le bon bout. « Varlar est certain de ma docile coopération dans ses projets concernant mon futur mari. Je voulais faire profil bas afin de me laisser l’opportunité d’en apprendre un peu plus, mais plus le temps passe, plus je risque de me retrouver acculée et rattrapée par mon propre piège. Je ne dois pas oublier que de nous deux, il reste et restera le plus roublard. » Elle marqua une courte pause, puis entra enfin dans le vif du sujet : « Il a réussi à nous faire inviter dans une des nombreuses célébrations qui commencent à s’organiser pour fêter le début imminent des grands jeux et j’ai découvert qu’il prévoit de me présenter à mon… eh bien, à celui qu’il croit être mon futur époux. J’ai besoin de savoir qui est cet homme et de le rencontrer, ne serait-ce que pour lui expliquer que je ne suis absolument pas… disposée ? À m’unir à lui. » Elle baissa les yeux, un peu honteuse. Ayant déjà eu la « chance » d’assister à plusieurs événements mondains des hautes sociétés de Thaar, elle ne pouvait pas envisager que sa demande à venir pourrait causer autre chose à Digne que du tracas. « J’imagine que tu as tout sauf envie de te retrouver dans ce genre d’endroits, mais je dois t’avouer que ça me ferait très plaisir si tu acceptais de m’accompagner. » Elle sourit faiblement. « Ce sera l’occasion d’annoncer la bonne nouvelle à Varlar. » |
| | | Sauveur Hadjaoui
Humain
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| Sujet: Re: Amours de jeunesse Mer 27 Mar 2019 - 8:58 | |
| Si jamais Digne ressentit l'empressement d'Aislinn, il ne la suivit pas dans ses élans. Il profitait autant qu'elle de leurs baisers et de leurs étreintes mais il n'avait pas particulièrement envie que cela aille pour loin pour le moment. Comme il le lui avait dit, tout ceci était nouveau pour lui aussi et il voulait prendre son temps pour apprendre à appréhender chaque aspect de cette relation nouvelle. Apprendre à partager des moments avec l'autre autant que de l'attendre et de l'espérer après à peine une journée de séparation. Apprendre à entrer en contact avec elle de la manière qui lui plaisait le plus. Apprendre à reconnaître son odeur et à s'en imprégner. Apprendre à l'embrasser pour ne plus se sentir toujours aussi maladroit. Bien sûr, le désir avait commencé à poindre lors de quelques échanges un peu plus passionnés mais il les avaient alors rapidement interrompus de lui-même. Il n'était pas prêt. Aislinn non plus sans doute mais il savait que les femmes se reposaient souvent sur leur compagnon pour leur première fois et il n'avait pas encore les épaules pour ça... Il ne se sentait pas suffisamment confiant et à l'aise dans leur relation pour sauter le pas. Et l'empressement de la jeune femme sembla diminuer à mesure qu'elle constatait qu'il n'avait pas l'intention d'aller plus loin pour le moment. Il lui avait dit qu'il n'était pas pressé mais il ne parlait pas uniquement de ses désirs à elle... Il s'agissait aussi des siens.
Depuis cette fameuse soirée où tout avait commencé, Digne avait un peu changé. D'un habituel un peu taciturne et triste, la culpabilité d'être libre quand deux de ses frères étaient toujours gladiateurs avait cessé de le ronger. Non pas qu'il n'y pensait plus mais son esprit était trop occupé par sa joie nouvelle pour se laisser se ternir sous ces sombres pensées. Courtois et Sauveur ne le voudraient pas. Aimé confia à Aislinn qu'il n'avait pas souvenir d'avoir déjà vu son frère aussi heureux que depuis qu'il savait que ses sentiments étaient partagés. Il se levait avec gaieté, déployait plus d'énergie dans son travail et était plus sujet à l'humour. Alors certes, les deux adolescentes leur rendaient plus souvent visite mais Kassim le tolérait en voyant le jeune rouquin abattre plus de travail que d'habitude. Les entraînements avaient continué et prenaient un tournant nouveau. Ils étaient l'occasion pour eux de se montrer moins timides l'un envers l'autre. Là où ils étaient balbutiants dans leurs nouveaux contacts, la pratique du combat leur était plus familière finalement et ils découvraient qu'ils avaient en fait déjà l'habitude de se tenir si près l'un de l'autre... A l'issue de chaque séance, Digne se sentait un peu plus confiant dans ses approches envers la jeune femme et espérait que cela soit réciproque.
Mais ce jour-là, Aislinn n'était pas à ce qu'elle faisait. Quelque chose la préoccupait et elle n'avait pas besoin de le dire pour qu'il le sache. Aussi prit-il l'initiative de cesser leurs exercices plus tôt et de l'emmener discuter, assis à leur emplacement habituel. Il ne lui posa aucune question et attendit. Depuis ce soir où elle lui avait parlé des projets de Varlar, il avait compris qu'il fallait juste lui donner l'opportunité d'ouvrir la bouche pour qu'elle se libère de toutes ces pensées qui lui encombraient l'esprit. Mais l'approche fut un peu différente cette fois.
-J'ai une service à te demander.
Digne se montra à la fois interloqué et toute ouïe.
-Ou plutôt, j’aimerais bien ne pas avoir à te le demander, mais je crois que sans ton aide, je n’y arriverai pas.
Il saisit sa main avec douceur et glissa ses doigts entre les siens. Lui serrant tendrement la dextre, il l'invita à poursuivre en quelques mots.
-Dis-moi.
Digne écouta les explications de sa bien-aimée sans l'interrompre. S'il n'avait rien contre l'idée du mariage en soi, c'était les implications tant pour Aislinn que pour eux deux qui l'amenait à être contre cette union et à vouloir l'aider à en réchapper. Il refusait qu'elle soit obligée de se marier à un inconnu, contre sa volonté qui plus est. Être obligée de vivre à jamais aux côtés d'un homme qu'elle n'avait pas choisi et qui n'aurait peut-être jamais la moindre affection pour elle, cela lui était impossible à concevoir. Sans parler des engagements que maris et femmes devaient honorer et auxquels il se refusait à songer... De plus, un péninsulaire leur interdirait de se fréquenter et il n'avait pas la moindre envie que leur histoire prenne fin aussi prématurément. Le jeune homme comprit bien vite où elle voulait en venir. Elle voulait qu'ils s'affichent ensemble afin que tout potentiel époux comprenne qu'elle n'était pas vraiment libre et peut-être même plus vierge. De ce qu'il savait, cela avait une grande importance en Péninsule... Cela pouvait marcher. Et c'était toujours mieux que de faire comme si de rien n'était en laissant les choses aller trop loin.
[color=#e7cd99]-Ce sera l’occasion d’annoncer la bonne nouvelle à Varlar. -Ouh... Je suis certain qu'il va être ravi de faire ma connaissance. Répondit-il avec humour.
Digne sourit. Ils avaient fait profil bas jusque là pour permettre à Aislinn de se rapprocher de son tuteur et en apprendre plus sur ses projets et le jeune homme avait volontiers accepté de jouer le jeu dans l'intérêt de l'héritière. Cependant, il ne doutait pas de l'accueil qui lui serait réservé... Non seulement il était le compagnon de l'objet des projets de Varlar mais en plus il n'était qu'un affranchi. Pas un sous-être mais presque... Si l'adolescente ne le voyait pas de cette manière et le considérait en tant qu'homme sans regarder son statut, nul doute que le vieux radin ne le regarderait pas du même œil. Cependant, cela engendrait un autre problème pour la soirée à laquelle elle le conviait.
-Je viendrais. Lui assura-t-il. Mais... Je pense que tu as vu l'étendue complète de ma garde-robe. On risque de me prendre pour ton serviteur.
Si sa marque d'esclave était dissimulée sur son omoplate, ses vêtements trahissait sa condition sociale. Il était propre et relativement soigné pour quelqu'un avec si peu de moyen. On sentait dans sa posture et sa façon de parler qu'il avait reçu un minimum d'éducation malgré ses années de servage mais il était clair, d'après la facture de ses habits, qu'il était de basse extraction. Donc pas une menace pour un éventuel courtisan.
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| | | Le Vaisseau de la Voilée
Ancien
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| Sujet: Re: Amours de jeunesse Jeu 28 Mar 2019 - 20:53 | |
| « Je ne le laisserai pas s’en prendre à toi, » répondit très vite Aislinn à Digne lorsqu’il évoqua la réaction possible de Varlar quand le vieux Langecin le rencontrerait. Elle avait longuement hésité avant de se décider à l’inviter à se présenter à son bras à cette fameuse soirée ; elle n’était toujours pas persuadée qu’elle agissait de la manière la plus sage qui fût et même le sourire du jeune Hadjaoui ne parvint pas à chasser complètement ses craintes. Elle mêla ses mains aux siennes avec tendresse et commença à masser doucement ses paumes avec ses pouces. « Je ne laisserai personne toucher le moindre de tes cheveux, lui promit-elle avec un aplomb, une détermination et une sincérité que Digne n’avait peut-être pas anticipé. — Je viendrais, lui assura-t-il et le cœur de la Rivoise se gonfla de gratitude. Mais… Je pense que tu as vu l’étendue complète de ma garde-robe. On risque de me prendre pour ton serviteur. — Je ne me fais pas trop de soucis pour ça, » répondit-elle en pouffant. L’idée qu’elle ne serait pas seule pour affronter son futur prétendant — et ses potentielles protestations — la soulageait indubitablement et cela se constatait rien qu’à la manière dont elle se tenait ; elle était d’un coup beaucoup plus détendue au niveau des épaules et bien moins voûtée. « Il est possible que j’aie déjà évoqué mon intention de t’embrigader dans cette gageure à Sanaa et elle n’attend plus que le moment où elle pourra t’habiller des pieds à la tête. » Elle darda sur lui des prunelles où l’amusement le disputait à la contrition et elle souffla un « désolé » muet… avant de retourner nicher son visage dans son cou et de le serrer dans ses bras. « Ce sera vite fini, lui promit-elle encore. Cette soirée, les projets de Varlar, je vais faire ce qu’il faut pour que nous n’ayons plus à nous en soucier. » |
| | | Sauveur Hadjaoui
Humain
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| Sujet: Re: Amours de jeunesse Ven 29 Mar 2019 - 11:44 | |
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La réaction d’Aislinn surprit le jeune Hadjaoui. Il ne craignait pas le moins du monde un nobliau avare, pas plus que les convives de la soirée à laquelle il promit de se rendre. Il savait se défendre, et pas seulement avec une arme à la main. Il se moquait bien de ce que l’on pouvait penser de lui et des regards qui se poseraient sur eux. Il était certain que les péninsulaires présents ne verraient pas d’un bon oeil qu’une jeune femme couche avec un homme hors mariage et plus encore s’il était de basse extraction alors qu’elle était noble de sang. Aislinn ne s’en souciait sans doute pas davantage. Au contraire, c’était ce qui lui éviterait la noce qu’elle refusait de conclure. Il avait bien l’intention de les laisser dire et de ne pas réprimer l’expression de ses sentiments. -Il est possible que j’aie déjà évoqué mon intention de t’embrigader dans cette gageure à Sanaa et elle n’attend plus que le moment où elle pourra t’habiller des pieds à la tête.Digne laissa sa tête partir en arrière dans un râle de dépit. -Je ne sais pas qui je dois craindre le plus… L’arrogant Varlar ou Sanaa la furie.Il éclata de rire puis vint déposer un baiser sur les lèvres d’Aislinn pour lui faire savoir que ce n’était rien. L’essentiel, c’était qu’elle parvienne à s’extirper de cette situation dont ni elle ni lui ne voulait. Il lui faisait confiance pour y parvenir et l’aiderait comme il le pourrait. Il s’était proposé de lui-même quelques jours après qu’elle lui ait avoué les projets de Varlar et il était heureux qu’elle ait pris son offre au sérieux. A sa demande, il la serra dans ses bras avec tendresse, libérant ses mains pour mieux pouvoir l’étreindre. Ils restèrent là encore un petit moment à peaufiner les détails de cette soirée avant de retrouver Aimé et Sanaa comme prévu. Apprenant que les deux tourtereaux étaient de sorti, l’aîné des Hadjaoui proposa à la vaanie qu’ils se fassent quelque chose de leur côté, prenant un air faussement jaloux. Souhaitant profiter de la maison vide, la rouquine suggéra aussitôt qu’ils se retrouvent pour passer la soirée chez Aislinn. Mais la maison serait plus remplie qu’elle ne l’espérait… Le soir venu, Aimé vint se présenter à la porte de la demeure Noblegriffon. Digne n’était pas avec lui. Il avait passé une bonne partie de sa journée avec les deux jeunes femmes pour se préparer. Il fallait l’habiller, le coiffer, lui expliquer le déroulement de la soirée, les convives, les conventions sociales de ce genre d’évènements... C’était un travail plus conséquent qu’il ne l’aurait cru mais il se révéla être un élève consciencieux et assidu. Il ne le faisait pas pour lui, mais pour Aislinn. Et son affection pour elle était largement suffisante pour lui donner la patience de se plier à toutes les exigences d’un évènement mondain. Alors que le jour déclinait largement, trois coups furent frappés à l’entrée de la demeure. La porte s’ouvrit sur la jeune rouquine à qui Aimé adressa un sourire sincère. -Bonsoir Sanaa. Je suis désolé mais il y a un petit imprévu... Tu as déjà entendu parlé de Sauveur ?Se décalant, il laissa apparaître un homme un peu plus jeune et pourtant plus grand que lui. Les cheveux bruns, il portait une tunique et un pantalon de faible facture ainsi que des sandales à lanières, comme tous les esclaves. Son corps avait pris un peu d’épaisseur, Hashar ayant intensifiés ses entraînements du fait du tournoi qui approchait. On distinguait le dessin de quelques muscles sous l’épais tissu. Ses traits étaient carrés et son expression plutôt sombre mais son regard était moins dur qu’il n’y paraissait. -Bonsoir. Dit-il sur un ton qui était à l’image de son apparence. -En fait c’est autant une surprise pour toi que pour moi ! La nouvelle propriétaire de l’Aile Blanche a décidé d’accorder des soirs de permission à ses gladiateurs. Sauveur n’a pas voulu nous en avertir sinon je t’aurais demandé la permission avant.-Je peux retourner à l’école si je te dérange. Lança Sauveur avec sarcasme en faisant mine de repartir. -Dis pas de bêtises ! Aimé le saisit par la tunique pour l’empêcher de s’en aller et son cadet de s’y plier sans vraiment résister. Sauveur, je te présente Sanaa ! Notre hôtesse pour la soirée.-Enchanté Sanaa. Dit-il en inclinant faiblement la tête dans la direction de la jeune femme, son regard gris tâché de marron dans l’oeil droit se plongeant dans ses yeux clairs. -Enfin, si tu veux bien de nous ? Rectifia Aimé, soucieux de ne pas imposer son frère à leur soirée.
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| | | Le Vaisseau de la Voilée
Ancien
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| Sujet: Re: Amours de jeunesse Dim 31 Mar 2019 - 9:22 | |
| Sans s’en cacher, la jeune Vaanie dévora du regard le fameux Noble Lame, dont elle avait eu vent des exploits par le truchement des Hadjaoui. C’était la première fois qu’elle le rencontrait et elle devait avouer qu’il n’était pas tel qu’elle l’avait imaginé ; et dans le même temps, elle aurait été bien incapable de détailler en quoi. « Tout l’enchantement est pour moi, » répondit Sanaa à Sauveur en esquissant une révérence pleine d’élégance. Elle ajouta ensuite à l’adresse d’Aimé : « Bien sûr que je veux bien de vous. Vous êtes arrivés juste à temps, ils sont sur le point de partir. » Et la Vaanie de faire un pas de côté pour les inviter à ne pas rester plus longuement sur le palier de la porte, puis de reprendre son examen du gladiateur quand ce dernier la dépassa. Elle darda ensuite un regard joyeux sur Aimé et ne fut pas surprise de déceler semblable bonne humeur dans ses prunelles pleines de sagesse. Depuis le début de la romance entre Digne et Aislinn, Sanaa avait passé un temps certain avec l’aîné des Hadjaoui et elle en était venue à beaucoup l’apprécier ; ils étaient notamment très complices dès lors qu’il s’agissait de s’extasier sur les gestes d’affection que se réservaient leurs protégés. La demeure du tuteur d’Aislinn était par beaucoup d’aspects similaire à celle qu’il avait possédée quelques années plus tôt à Ys ; elle était aussi d’une taille comparable, ce qui en disait long sur l’enrichissement personnel du vieux Langecin, car qui pouvait le plus à Ys pouvait le moins à Thaar. La poterne d’entrée débouchait dans les couloirs d’une espèce de cloître, dont le jardin était parfaitement entretenu et d’une grande beauté. C’était pour beaucoup grâce à Aslinn, expliqua rapidement Sanaa en les guidant jusqu’à la porte principale. « Le vieux schnock se fiche comme d’une guigne de sa demeure, tant qu’elle semble prospère. Ça lui coûte moins cher, à ce qu’il paraît. » Aimé était habitué à entendre la Vaanie se plaindre de Varlar, mais il manquait à Sauveur beaucoup de clefs pour prendre pleinement conscience du mépris que la jeune adolescente nourrissait à l’égard du Langecin. Elle avait avoué à Digne que, au moins légalement, elle lui appartenait encore, comme toutes les possessions d’Aislinn et ce jusqu’au seizième anniversaire de l’héritière. La façon dont le benjamin Hadjaoui avait accueilli la nouvelle l’avait beaucoup aidée à trouver un peu de paix intérieure sur cette question et elle avait fini par mettre Aimé dans la confidence à son tour. Quant à Sauveur, elle doutait très fortement qu’il fût au courant, mais elle n’ignorait pas que lui aussi était asservi à quelqu’un et tandis qu’elle posait sur lui un regard amusé par sa propre tirade, elle prit conscience qu’ils étaient peut-être plus similaires qu’elle n’avait pu le penser de prime abord. À lui comme à elle, on voulait faire croire que ses chaînes étaient invisibles et légères, mais il devait savoir qu’il n’en était rien et qu’à tout moment, la daedhelle qui le possédait pouvait tirer violemment sur ses liens pour le ramener « à sa place ». C’était quelque chose que Sanaa redoutait plus que tout — que Varlar finît par se lasser et décidât de la revendre avant la date fatidique —, même si elle refusait de se laisser gouverner par cette crainte. À moi, cependant, on ne demande pas de me battre en risquant ma vie, songea-t-elle pour nuancer ses réflexions. Elle les guida jusqu’au cœur de la demeure : un ensemble de pièces construites autour d’un grand salon où Varlar pouvait rencontrer ses partenaires commerciaux dans de bonnes dispositions. C’était là-bas que Digne et Aislinn continuaient de discuter de la soirée à venir. Juste avant de pousser l’ultime porte qui les séparait des deux tourtereaux, Sanaa se figea et esquissa une grimace mi-figue mi-raisin en se tournant vers Aimé. « Je parie tout ce que tu veux qu’en découvrant la présence de Sauveur, Aislinn va proposer à Digne de tout annuler pour qu’il puisse profiter de son frère. » Elle reporta son attention sur le principal concerné. Le regard toujours un peu sombre du gladiateur l’empêcha de poursuivre. Je ne peux pas lui demander de promettre à Digne qu’ils auront d’autres occasions de passer une soirée ensemble, avait-elle réalisé juste à temps. Et l’adolescente de couper court à cet interlude en ouvrant en grand la porte… pour découvrir Digne et Aislinn enlacés si étroitement qu’un assassin n’aurait pas pu glisser entre eux la lame de sa dague, en train d’échanger un long et passionné baiser. |
| | | Sauveur Hadjaoui
Humain
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| Sujet: Re: Amours de jeunesse Dim 31 Mar 2019 - 11:58 | |
| Sauveur soutint sans mal le regard que Sanaa posait sur lui tandis qu'elle le découvrait mais sa tête pencha légèrement sur le côté, s'interrogeant sur sa signification. Elle ne faisait pas qu'associer son nom à son visage, c'était un peu plus que ça... La jeune femme les invita à entrer et ils ne se firent guère prier. L'un comme l'autre pénétrait dans ces lieux pour la première fois. Si Aimé avait suffisamment entendu parler de Varlar pour se faire une idée de l'intérieur, le gladiateur était assez loin d'imaginer que ce serait aussi... épuré. La décoration était tout juste présente. C'était simple... Même l'appartement d'un champion de son école était plus fastueux que cette maison. Sauveur garda néanmoins cette réflexion pour lui et suivit son frère et la dénommée Sanaa. Alors qu'elle les guidait, les faisant presque visiter les lieux au passage, lui prenait le temps de la détailler à son tour. Ses traits étaient étonnants. Un savant mélange de différentes caractéristiques physiques que l'on ne retrouvait pas partout. Ses longs cheveux roux ondulés associés à sa peau mat étaient à la fois surprenants et enchanteurs. C'était presque exotique dans une contrée où la diversité était pourtant si présente. A la finesse de ses courbes, il devinait qu'elle était assez jeune mais il ne lui aurait sûrement pas donné quatorze ans. Elle semblait avoir quelques années de plus, tant physiquement que par l'aplomb dont elle faisait preuve. Quoi qu'il avait acquis le sien depuis longtemps... Quant à sa réelle condition, rien ne lui permettait de le deviner et ses frères ne lui en avaient pas parlé. Il savait que l'adolescente était leur amie et qu'Aislinn avait tapé dans l’œil de Digne mais c'était à peu près tout.
-Je parie tout ce que tu veux qu’en découvrant la présence de Sauveur, Aislinn va proposer à Digne de tout annuler pour qu’il puisse profiter de son frère. -Nous aurons d'autres occasions de nous voir. J'interdirai à Digne de se priver de son bonheur pour moi. C'est sa première sortie avec sa dulcinée et elle le détend à ce que j'ai entendu dire.
Ah oui, Aimé lui avait fait un petit résumé des derniers évènements... Il en était très heureux pour son unique petit frère et ne le laisserait pas se saborder lui-même, même avec la complicité de sa petite amie. Mais alors qu'il achevait sa phrase, Sanaa ouvrit la porte sur les deux tourtereaux dans une posture plus gênante pour eux que pour ceux qui les découvraient dans ce baiser si passionné.
-Finalement, j'étais loin du compte. Plaisanta Sauveur sur un ton sarcastique.
Digne releva subitement la tête vers la porte. Dire que tout ceci n'avait commencé qu'avec un éclat de rire... Suivi d'une étreinte durant laquelle leurs lèvres s'étaient retrouvées... Mais la fièvre les avait pris et ils ne s'étaient pas rendu compte à quel point leur baiser s'était éternisé. Et ni l'un ni l'autre n'était prêt à l'interrompre lorsque le petit groupe fit irruption dans la pièce. Le benjamin avait encore le cœur battant du désir qui s'était emparé de lui et fuyait désormais le lieu du crime mais il continua à tambouriner dans sa poitrine du fait de la stupeur mais aussi de la voix qu'il reconnaissait sans le moindre effort.
-Sauveur ?...
L'interpellé baissa machinalement la tête pour passer sous la porte et entra dans la pièce tandis que son frère adressait un dernier regard à sa belle avant de la délaisser pour aller à la rencontre de son aîné. Ils se serrèrent dans les bras l'un de l'autre, s'adressant quelques tapes amicales dans le dos. Ils ne s'étaient pas vu depuis... trop longtemps. Digne avait eu la tête à bien d'autres choses. Pour une fois qu'il était aux abonnés absents pour de bonnes raisons, Sauveur ne lui en voudrait certainement pas ! Après un petit moment, le gladiateur prit son frère par les épaules et l'observa de la tête aux pieds.
-Tu es beau comme un prince. -N'exagère pas.
Sauveur lui adressa un sourire en coin puis releva le regard vers la jeune femme dont il venait de quitter les bras. Découvrant son visage, il marqua un temps d'arrêt. Elle ressemblait un peu à Lina, la blonde n'ayant pas quitté ses pensées depuis ce premier soir... Mais jamais Azza n'avait jamais refait appel à elle. Faisant comme si de rien n'était, il se reprit en un rien de temps.
-Aislinn je suppose ? Ravi de faire ta connaissance. -Mais qu'est-ce que tu fais là ? S'étonna Digne. -La sombre nous donne des permissions maintenant. Je voulais vous faire la surprise mais on dirait qu'on ne se verra pas plus de cinq minutes. Le jeune homme voulut commencer une phrase mais son frère l'interrompit aussitôt. Et je vous souhaite de passer une excellente soirée, les amoureux.
Digne ne répondit pas tout de suite. A vrai dire, ils n'avaient pas encore prononcer ces mots-là... Non pas que lui n'y pensait pas ou qu'il n'éprouvait pas ces choses-là mais il avait tant d'autres choses en tête. Tout était nouveau, de son cœur qui s'emballait à chaque fois qu'elle apparaissait au simple fait de lui prendre la main en passant par ces vagues de désir qu'il essayait à la fois de maîtriser et de mieux appréhender... Et, finalement, il ne lui avait jamais dit à quel point il l'aimait. Il se sentait un peu idiot de ne pas l'avoir fait plus tôt. Il chassa bien vite cette pensée et formula une phrase bien différente que celle qu'il avait à l'esprit la minute d'avant.
-Je suis sûr que Sanaa sera une excellente hôtesse. Tu n'y perds pas au change. -Nous verrons ça.
Sauveur posa à nouveau son regard sur la belle rousse. Ses yeux étaient bien clairs pour quelqu'un au teint aussi hâlé. Cela ne faisait que rajouter à la curiosité de son apparence qui lui allait pourtant si bien.
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| | | Le Vaisseau de la Voilée
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| Sujet: Re: Amours de jeunesse Dim 31 Mar 2019 - 18:28 | |
| Qu’Aislinn eût été capable de retenir le petit cri de surprise qui lui avait chatouillé la gorge tenait du miracle. La jeune femme s’écarta de Digne rouge comme une pivoine et bredouilla quelques excuses inaudibles, sans pour autant lâcher la main de l’Hadjaoui avec qui elle échangeait un baiser passionné quelques secondes plus tôt. « Sauveur ?… » réagit Digne en premier et elle darda sur lui des prunelles étonnées, avant de porter son attention sur le gladiateur. Laissant son compagnon profiter de ses retrouvailles avec son frère, la Rivoise occupa ses doigts en essayant de remettre un peu d’ordre dans une coiffe qui n’en avait pas particulièrement besoin. Ses cheveux étaient nattés serrés au niveau des tempes, puis attachés en une demie-queue au sommet de son crâne. À partir de cette base simple, mais efficace, Sanaa avait fait des merveilles en agrémentant ça et là les mèches blondes de son amie avec des perles et des pierres semi-précieuses dont les couleurs froides étaient autant de rappels du vert pâle de sa robe. Elle avait refusé qu’on l’affublât de ces « morceaux de tissus qui ne couvraient rien, ne suggéraient pas grand-chose et laissaient voir tout ce qu’elle ne voulait pas montrer » et son vêtement était donc relativement sage, eu égard à ce que les Vaanies abordaient volontiers. Ses principales audaces résidaient dans l’échancrée de son dos, bien plus prononcé que tout ce qu’elle avait pu porter jusqu’alors, ainsi que ses bras pour grande partie nus. Elle avait concédé cette fantaisie à Sanaa qu’à la condition qu’elle pût l’accompagner d’un long châle diaphane… qu’elle n’arrêtait pas de remettre en place depuis le moment où on le lui avait installé sur les épaules. Elle reporta son attention sur les Hadjaoui quand Sauveur le complimenta sur sa tenue ; Aislinn eut très envie d’abonder dans le sens du gladiateur, car il était vrai que Digne était resplendissant dans sa toge immaculée, mais quelque chose dans l’attitude de Sauveur l’en empêcha. Elle savait qu’en son temps, Aimé lui aussi avait été obligé de se battre dans l’arène, mais aux yeux d’Aislinn, il avait toujours dégagé une présence rassurante ; impressionnante, mais apaisante. Depuis qu’elle avait posé les yeux sur Sauveur, la Rivoise ne pouvait qu’être frappée par le contraste qu’offraient les deux frères. Et de se demander si, du temps où il maniait l’épée pour survivre, Aimé inspirait quelque chose de similaire à la rage contenue de son cadet. Si seulement je pouvais faire quelque chose, regretta-t-elle à nouveau. Si tout cet argent que je suis censé posséder pouvait servir à autre chose qu’à en amasser toujours plus. Malheureusement, elle savait Sauveur jouir des faveurs de la Princesse Marchande Maralina Irohivrah ; il était impensable qu’elle parvînt à convaincre Varlar d’aligner sur la table assez d’or pour que la maîtresse de Uldal’Rhiz acceptât de renoncer à son jouet. Cette idée alimentait sa colère, car elle résumait tout ce qu’elle détestait de Thaar. Quand il lui adressa directement la parole, elle croisa son regard et son malaise décrut légèrement. Ses yeux étaient durs, mais elle pouvait déceler dans ses prunelles une joie sincère pour le bonheur naissant de son benjamin. Cela la rassura un peu. Elle allait pour lui répondre quelque chose, mais Digne fut le plus rapide et elle ne lui en tint aucunement rigueur. Elle s’avança pour les rejoindre, mais demeura en retrait tout de même, pour ne pas s’imposer plus que de nécessaire. La petite phrase du gladiateur provoqua en elle un mélange de sentiments qui n’était pas si éloigné de ce que pouvait ressentir son « amoureux », ainsi que l’avait vocalisé Sauveur avec une simplicité désarmante. « Bien sûr que je suis une excellente hôtesse, abonda un peu crânement Sanaa au dernier échange des Hadjaoui. — Digne m’a énormément parlé de toi, put-elle enfin répondre aux salutations de Sauveur. Je suis heureuse de pouvoir te rencontrer et je te promets de prendre soin de ton frère tout le temps qu’il sera à mes côtés. » Elle pensait en premier lieu à la soirée vers laquelle ils se dirigeaient — elle ne parvenait pas à se départir du sentiment de l’emmener tout droit dans un panier de crabes —, mais pas seulement. Ainsi que Digne avait pu s’en rendre compte désormais, Aislinn avait un instinct de protection très développé. « En vrai, Digne, si tu veux rester ici pendant que je… commença-t-elle avant d’être coupée pas son amie. — Ah ah ! triompha-t-elle en se tournant vers Aimé. Je le savais. Je la connais comme si je l’avais faite. » Confuse, Aislinn darda un regard empourpré et un brin accusateur sur la Vaanie, qui lui décocha son plus beau sourire en retour. « Je voulais juste dire que je comprendrais si c’était sa volonté, c’est tout… » protesta-t-elle en s’en remettant au principal concerné pour trancher une bonne fois pour toutes la question. Pour sa part, elle savait qu’elle ne pouvait plus se dérober et elle le lui avait assez répété pendant qu’ils se préparaient. |
| | | Sauveur Hadjaoui
Humain
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| Sujet: Re: Amours de jeunesse Dim 31 Mar 2019 - 20:15 | |
| Sauveur comprit sans mal qu'Aislinn ne parlait pas prendre soin de son frère uniquement pour la soirée et, depuis la première fois depuis son arrivée, un sourire étira un coin de ses lèvres. Il inclina la tête en direction de la jeune femme.
-Je n'en doute pas. Puis, appuyant sa prise sur l'épaule de son frère, il poursuivit. Ni que ce soit réciproque.
C'était la première fois que Digne n'avait pas à endosser le rôle du protégé et cela lui faisait le plus grand bien. Alors oui, sa bien-aimée était assez maternelle avec ceux qu'elle appréciait et elle avait le pouvoir de le défendre sur bien des aspects. Mais il était certains domaines où il était plus à même de lui venir en aide. Il était une excellente oreille, il savait la rassurer et la réconforter et il n'était pas un mauvais guerrier. Aux paroles de son frère, le dernier né des Hadjaoui se tourna vers Aislinn et lui sourit tendrement avant de tendre une main vers elle. Lorsqu'il sentit ses doigts effleurer sa peau, il mêla ses phalanges aux siennes et son regard se mua en véritable expression de bonheur. De voir son cadet aussi épanoui, quelque chose se mit à briller dans le regard de Sauveur. Malgré son air sombre et cette rage qui n'attendait qu'une provocation sur son statut ou sa famille pour se réveiller, il savait aimer et se réjouir pour ses proches. Et Digne lui semblait si différent en cet instant...
Après un bref silence, la jeune héritière reprit la parole, aussitôt coupé par Sanaa. Aimé eut un sourire amusé. "Comme si elle l'avait faite" ? Il faudrait déjà que ce soit possible mais cela n'en rendait sa phrase que plus drôle encore. Il croisa les bras, attendant de voir ce que Digne allait répondre. Ce dernier eut une hésitation et se tourna vers Sauveur. Il n'était même pas en train de l'interroger du regard, il savait déjà ce qu'il allait répondre... Il craignait simplement que son frère ne comprenne pas.
Mais qu'est-ce qu'il racontait ? S'il avait pu lui pardonner de ne pas avoir eu le courage d'aller le voir à l'Aile Blanche, il ne pourrait pas lui en vouloir pour ce qui allait suivre. Son regard se posa à nouveau sur la jeune femme et il posa sa seconde main sur la sienne.
-Tu as besoin de moi ce soir. Tes plans se dérouleront nettement moins bien si je suis absent. Et je tiens à ce qu'ils réussissent. -Qu'est-ce que je disais... Sauveur adressa à son frère un regard satisfait car c'était exactement ce qu'il souhaitait l'entendre dire. Filez.
Digne sourit et posa une main amicale sur le bras de son frère. Puis il échangea un regard avec Aislinn. Ce qui les attendait n'était pas forcément des plus réjouissant mais ils leur fallait en passer par là pour pouvoir vivre pleinement leur relation. Ce n'était qu'un mauvais moment à passer et ils le faisaient pour elle et un peu pour eux aussi. Finalement, il l'attira vers la porte, souhaitant une bonne soirée à ses frères et son amie au passage. Lorsque les deux tourtereaux disparurent dans le couloir, Aimé frappa des mains.
-A nous ! Besoin d'aide pour quelque chose, Sanaa ? Nous sommes tes chevaliers servants.
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| | | Le Vaisseau de la Voilée
Ancien
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| Sujet: Re: Amours de jeunesse Dim 31 Mar 2019 - 21:23 | |
| « Oula, surtout pas ! prostesta Sanaa en levant les bras devant elle. Aislinn m’a raconté en détail ce qu’est vraiment un chevalier et, crois-moi sur parole, tu vaux bien mieux que ça. » Elle darda un regard un brin provocateur sur la gladiateur avant d’enchaîner : « Et je ne connais pas encore très bien Sauveur, mais je suis certaine que c’est aussi ton cas. » Elle fit quelques pas en direction du centre de la pièce et commença à tourner lentement sur elle-même en continuant gaiement : « Bref, bienvenue chez le vieux schnock. Si vous cassez quelque chose, faites en sorte que ce soit quelque chose de cher. » Elle tendit un bras en direction de trois fauteuils disposés autour d’une table basse sur laquelle on avait fait installer trois verres, autant de bouteilles et quelques amuse-bouches. « Les serviteurs de Varlar ont eu la gentillesse de nous préparer de quoi nous sustentés. Le plat principal — un tajine de légume — est encore dans la cuisine, il faudra aller le chercher un peu plus tard, expliqua-t-elle. Ils sont partis, désormais, on ne pourra donc pas les remercier. Le vieux refuse de les laisser occuper une des chambres de sa demeure, il dit que ça lui fait faire des économies. » Elle marqua une pause, rattrapée par une évidence ; elle pivota à nouveau sur ses pieds pour faire face aux deux frères et leur offrit une petite moue contrite. « Aimé commence à avoir un peu l’habitude, mais je sais que j’ai tendance à… hum. M’acharner sur ce pauvre Varlou. » Elle haussa les épaules. « Je vais écouter le conseil que m’a un jour donné un grand sage — elle fit un clin d’œil à Aimé — et ne plus penser à sa vilaine trogne à partir de… maintenant ! » Elle fit quelques pas de côtés, puis s’installa confortablement dans l’un des fameux fauteuils qu’elle avait désignés quelques secondes plus tôt. Elle ramena ses jambes sous elle avec simplicité, puis se lova dans les coussins qui bordaient le dossier et les accoudoirs de son siège. « Vous avez vu comment ils étaient gênés ? enchaîna-t-elle quand elle eut trouvé une position qui lui convenait. C’était tellement mignon. » Et la Vaanie d’esquisser un sourire de connivence à Aimé, avant de darder un regard plus ambigu sur Sauveur. Si Aislinn avait été impressionnée par le gladiateur, Sanaa, elle, se découvrait fascinée par ce sombre personnage. Elle n’avait qu’une envie qu’il parlât de lui, de sa vie, de ses combats, de ses victoires aussi. Elle voulait qu’il lui expliquât comment il gardait la tête haute face à ceux qui ne cherchaient qu’à lui faire ployer l’échine. Et dans le même temps, elle savait que c’était la pire des choses à faire. Assurément, il espérait profiter de sa soirée sans qu’une adolescente trop curieuse le ramenât sans cesse dans cette arène à laquelle il cherchait à échapper. Dans une villa des Soieries appartenant à un riche marchand proche du Conseil. Aislinn et Digne ne mirent pas beaucoup de temps à parcourir la distance qui séparait la demeure de Varlar de la villa où se tenait la fameuse fête durant laquelle le destin d’Aislinn était appelé à se nouer… ou, si elle parvenait à ses fins, à se dénouer. Les quelques mercenaires chargés par le propriétaire des lieux ne les retinrent pas et ils purent se mêler aux convives sans plus de peine. Plusieurs choses devaient s’imposer à eux, avec des degrés de violence variés. D’abord, ils venaient clairement de pénétrer dans un autre monde. Même Aislinn, qui vivait dans un confort certain depuis que Varlar était devenu son tuteur, n’avait jamais été confrontée à quoique ce fût de similaire. Tout transpirait l’opulence. La nourriture qui débordait des plats, les plats eux-mêmes qui étaient en argent pour la plupart. Les vêtements des invités rivalisaient de tissus et de métaux hors de prix. Une courtisane leur coupa la route : elle portait tellement peu de tissu qu’Aislinn put bien malgré elle entrevoir son intimité, mais les étoffes dont était faite sa robe étaient entrelacées avec des fils d’or purs. La donnerait-elle à Digne, il pourrait sans doute racheter sa liberté à l’un de ses frères… et avec l’une de ses bagues, peut-être même les deux. C’était encore pire que ce qu’elle avait anticipé ; dépassée, elle n’osait pas regarder Digne droit dans les yeux, tant elle regrettait de l’avoir amené dans pareil endroit. Fort heureusement et ainsi qu’ils le découvrirent quelques minutes plus tard, si toutes les pièces de la villa étaient assaillies de thaaris, toutes ne présentaient pas un niveau d’agitation semblable à celle dans laquelle ils avaient débouché à leur arrivée. En errant un peu au hasard — et en passant notamment devant un bassin où se baignaient des Vaanis nus comme le jour de leur naissance —, ils finirent par trouver dans une annexe de la demeure beaucoup plus calme. Soulagés, ils acceptèrent les verres de vin chaud aux épices qu’un serviteur leur proposa, avant de dénicher une banquette sur laquelle ils s’installèrent. De Varlar, il n’avait pas encore repéré l’ombre d’une trace, mais Aislinn ne se sentait pas totalement remise de sa première immersion dans l’hystérie des grands de Thaar pour l’affronter, lui et son potentiel prétendant. « Je ne sais pas ce que l’avenir nous réserve, Digne, souffla-t-elle à son oreille en se lovant contre lui, mais j’espère que jamais nous ne ressemblerons à ça. » Elle resta pelotonnée contre lui quelques secondes supplémentaires, avant de darder des prunelles soupçonneuses sur les autres âmes présentes dans la pièce. Mis à part quelques riches marchands eux aussi confortablement installés, la principale attraction de cette partie de la fête était le spectacle de deux danseuses et d’un barde. « Au moins, ici, les gens semblent un tant soit peu civilisés. » |
| | | Sauveur Hadjaoui
Humain
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| Sujet: Re: Amours de jeunesse Lun 1 Avr 2019 - 10:51 | |
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Les deux frères échangèrent un regard amusé à la tirade de Sanaa sur les chevaliers. Ils n’en connaissaient rien, si ce n’était cette expression. La prochaine fois, Aimé se contenterait d’un simple “Nous sommes tes humbles serviteurs” ! A mesure qu’elle parlait, Sauveur découvrait de plus en plus l’excentricité de leur hôtesse. Il était forcé de reconnaître qu’elle n’avait pas sa langue dans sa poche et il était évident qu’elle détestait ce… “Varlou” ? Au final, il ne connaissait même pas son vrai nom mais il devrait faire avec car la rousse promis de ne plus penser à lui sous les conseils de son frère. Il garderait donc pour lui ses questions. Il serait toujours temps de les poser à Aimé sur le chemin du retour.
Imitant la jeune femme, les deux Hadjaoui allèrent s’asseoir. Saveur se retrouva en face de Sanna et Aimé entre eux deux.
-Vous avez vu comment ils étaient gênés ? C’était tellement mignon. -Je pense surtout que Digne ne rentrera pas ce soir. Rétorqua Sauveur avec ironie.
Aimé éclata de rire.
-Heureusement que tu n’as pas dit ça devant eux ! -Ça m’a démangé figure-toi…
Si l’aîné des Hadjaoui était d’une bonne humeur doucement exubérante en tout temps, Sauveur était bien plus mesuré dans son attitude. Son humour ne semblait pas forcément en être de prime abord. Aimé le connaissait suffisamment pour faire la différence dans la seconde mais cela pouvait prêter à confusion pour les autres. Ce soir-là, il était d’un peu meilleure humeur que ces derniers temps. Ces traits d’humour fusaient et étaient plus perceptibles qu’à l’accoutumée. Aimé rit. La soirée s’annonçait bonne. ~~~~~~~~~~~~
Si Aislinn était choquée par les tenues et l'opulence, Digne n’en était pas vraiment surpris. En tant que vaani, il était moins sensible à tout ce qui avait attrait au corps. Il s’entraînait bien torse nu devant elle depuis le début et ne s’était même pas dit un seul instant que cela pourrait la mettre mal à l’aise… Quant à la richesse que les hôtes affichait, il la jugeait tout simplement inutile et ne comprenait pas ce besoin qu’avait les gens fortunés de faire un tel étalage de leurs biens. Il n’aurait sans doute pas tant d’affection pour la jeune rivoise si elle avait été comme eux… Ou bien leur relation aurait été bien plus compliquée qu’elle ne l’était actuellement. C’était des gens simples qui voulaient une vie simple. Profiter de ce qui comptait vraiment. A quelques occasions, Digne posa sur sa bien-aimée un regard afin de s’assurer que tout allait bien mais jamais il ne parvint à entrapercevoir ses yeux alors qu’il la sentait de plus en plus mal à l’aise. Il serra sa main sur la sienne pour tenter d’attirer son attention et la rassurer. La foule n’était pas vraiment son truc mais il avait plus d’assurance qu’il n’y paraissait. Il savait se détacher de ce qui l’entourait pour se concentrer sur l’essentiel.
Après un moment d’errance, ils finirent par trouver une pièce plus calme où ils purent prendre un verre et un siège. Aislinn vint se blottir contre lui. Il en fut presque surpris. Heureux, mais surpris. Il était prévu qu’ils fassent comprendre qu’elle n’était pas disponible mais il ne s’attendait pas à ce qu’elle s’affiche à ce point. Tant mieux, cela signifiait qu’il pouvait se montrer parfaitement naturel avec elle durant toute la soirée.
-Je ne sais pas ce que l’avenir nous réserve, Digne, mais j’espère que jamais nous ne ressemblerons à ça.
Un sourire se dessina sur les lèvres du benjamin. Un sourire à la fois paisible et heureux.
-Cela sous-entendrait que notre histoire perdurerait au moins quelques années… J’aime beaucoup l’idée. Acheva-t-il avant de déposer un baiser sur le front de la jeune femme.
Alors qu’Aislinn estimait que les personnes qui les entouraient avaient une attitude plus civilisée que dans les autres pièces qu’ils avaient traversé, son regard se porta sur les deux danseuses. Il remarqua bien vite leur tatouage. Le même pour les deux. Au même emplacement… Tous les esclaves n’étaient pas marqués au fer. C’était rapide et pas cher mais assez inesthétique. Rien ne devait altérer le physique dans certains domaines. Mais il ne garda bien de le faire remarquer à la Noblegriffon. Elle vivait assez mal de posséder une esclave elle-même et se sentait confuse par rapport aux Hadjaoui et l’expérience qu’ils avaient de l’asservissement. Si elle ne l’avait pas vu, il la préserverait d’une source supplémentaire déstabilisation. Il lui adressa un sourire et passa un bras derrière elle pour la serrer brièvement contre lui et attirer son regard.
-N’oublie pas que je suis avec toi. Quoi qu’il arrive.
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| | | Le Vaisseau de la Voilée
Ancien
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| Sujet: Re: Amours de jeunesse Mar 2 Avr 2019 - 6:44 | |
| Sanaa n’eut guère besoin de plus qu’une petite heure pour s’en convaincre : Sauveur la fascinait. Malgré les rires et les traits d’esprit, malgré les sourires et les tapes amicales dans le dos, ce qu’elle voyait elle, c’était cette violence contenue qui ne quittait jamais tout à fait ses prunelles, qui faisait écho à la sienne. Elle s’était rendu compte, récemment, qu’elle avait passé la moitié de son existence en tant qu’esclave ; depuis ses sept ans, elle était une babiole qui s’achetait au prix qu’on voulait bien lui accorder. Aislinn était devenue comme un sœur à qui elle confierait sa vie sans la moindre hésitation, mais Varlar n’avait pour elle que du mépris et chaque fois qu’il la menaçait de la reprendre à sa protégée et de la revendre pour une bouchée de pain, la rage de ne pas s’appartenir se rappelait à elle. Elle aurait voulu avoir les poings du gladiateur ; elle aurait voulu pouvoir dégager cette aura invisible, mais impossible à ignorer, qui sourdrait de chacun de ses gestes et s’agitait à chacune de ses paroles. Avant longtemps et sa troisième coupe de vin aux épices aidant, son esprit commença à vagabonder. Elle voulait le posséder et s’offrir, le goûter et se sentir désirée. Elle voulait qu’il vît en elle une femme, pas une chose. Elle le voulait ; son corps le voulait en elle. D’abord, par pudeur, elle fit son possible pour le cacher. La présence d’Aimé la paralysait presque. Elle craigaint que l’aîné des Hadjaoui la jugeât. Pourtant et à mesure que la soirée s’étirait, des mots et des gestes lui échappaient et elle crut lire un ou deux fois une lueur d’intérêt dans le regard de Sauveur ; ces flammes discrètes dans les yeux du gladiateur lui mirent les sens en feu et inhibèrent un peu plus ses scrupules. Aux paroles douces et rassurantes du jeune homme, elle opina lentement du chef. Elle ne savait plus à quoi elle s’était attendue, avant d’accepter de rejoindre Varlar dans cette maudite villa, mais elle comprenait mieux les manœuvres du Langecin désormais. Il aurait pu organiser la rencontre entre sa protégée et le prétendant qu’il avait choisi pour elle dans sa demeure, mais Aislinn aurait alors été dans un environnement connu et confortable, dans lequel elle aurait pu raisonner la tête froide. Malgré ses efforts, l’adolescente n’était apparemment pas parvenue à endormir tout à fait la méfiance de son tuteur, qui espérait sans doute que le bruit, l’alcool et la décadence de la soirée pousseraient la Rivoise à… Quoi ? La faute ? « Je sais, » répondit-elle finalement à son compagnon. Elle avait parlé si doucement que, couverte par la musique, sa voix avait dû être parfaitement inaudible pour Digne. Elle lui sourit quand il l’interrogea du regard, mais plutôt que de se répéter, préféra enchaîner. « La prochaine fois que je t’inviterai quelque part, je choisirai un lieu plus propice à une soirée agréable, » lui promit-elle et ses yeux riaient pour elle. Son attention fut attiré par des mouvements sur sa gauche et elle remarqua que trois couples dansaient en marge de la performance du troubadour et de ses accompagnatrices. Ses joues rosirent tandis que son inconscient lui souffla une idée. « À moins que… nous ne sommes pas condamnés à forcément passer un mauvais moment. » Elle fit une légère pause, avant d’ajouter : « Sanaa m’a appris les bases de certaines danses vaanies… » Elle ne se sentait de toute façon pas le courage d’affronter Varlar sur l’instant. Elle avait cru qu’il lui suffirait de se frayer un chemin jusqu’à lui, de rencontrer le Péninsulaire qu’il avait fait venir pour elle, de leur expliquer à tous deux qu’elle n’était pas à troquer et à les planter là. C’était toujours son intention que de le faire, mais elle avait besoin de se détendre un peu avant… et pas avec le verre qu’on lui avait donné quelques minutes plus tard et auxquels elle n’avait pas touché. Elle se redressa légèrement, puis remit son châle en place, avant de plonger dans les yeux de Digne son regard à elle. |
| | | Sauveur Hadjaoui
Humain
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| Sujet: Re: Amours de jeunesse Mar 2 Avr 2019 - 12:16 | |
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La soirée s’écoulait dans une bonne ambiance. Les rires d’Aimé faisaient résonner la pièce tant il y allait de bon coeur. Ceux de Sauveur étaient plus rares et plus ténus mais il appréciait grandement ses quelques heures de liberté. La première bouteille était déjà vide. Les garçons ne tenaient pas les compte mais le gladiateur n’était pas un gros buveur. Il lui semblait même que son frère avait une assez bonne descente ce soir. Celui-ci entreprit d’ailleurs de s’éclipser quelques minutes et Sanaa en profita pour aller chercher le plat. Alors que tout le monde sortait, Sauveur finissait son verre. Le reposant et déglutissant, il regarda la porte une seconde puis se leva. Sans connaître les lieux, il parvint sans mal à trouver le chemin des cuisines. Il pressa le pas et rattrapa presque la jeune femme, arrivant à peine quelques secondes après elle. Les assiettes et les couverts étaient soigneusement empilés à côté du tajine. Imitant Sanaa, il s’en approcha avec l’intention de prendre ce qu’il y avait de plus lourd pour lui éviter la peine d’avoir à le porter. Passant près de la vaanie, il fit exprès de la frôler et fit comme si de rien n’était.
Au fil des heures, il avait remarqué un changement dans les regards qu’elle lui portait. Elle s’était d’abord montré naturelle puis presque timide, comme si elle se retenait de quelque chose. Mais certains signes survinrent… Des mots échappés, des gestes incontrôlés… S’il s’était interrogé sur le sens des regards qu’elle avait posé sur lui au début, il n’avait plus de doutes à présent. Elle avait pour lui un intérêt auquel il ne s’attendait pas… Pas plus qu’il ne s’attendait à lui porter la même attention. Sanaa l’intriguait, son apparence avait quelque chose de très attrayant, presque envoûtant. Il aurait pu se perdre dans ses yeux et, s’il n’y avait eu Aimé, il aurait déjà plongé son visage dans son cou. Tout en elle l’attirait et inspirait son esprit fébrile. Il regardait ses cheveux onduler sur ses épaules, il était saisi par la curiosité d’en connaître le parfum. Lorsqu’il voyait un pan de chair dépasser de sa robe, il mourrait d’envie de le toucher pour apprécier le velouté de sa peau. Il ne pouvait s’empêcher de regarder ses lèvres quand elle parlait et il serrait les mâchoires tant il voulait en découvrir le goût.
Faisant mine d’ignorer le contact qu’ils avaient failli avoir, Sauveur prit le tajine et demanda où il devait l’apporter. Suivant les indications de Sanaa, il le porta jusque dans la salle à manger. Elle le rejoignit bien vite avec les couverts mais ils ne firent que se croiser, ses pas à lui le reconduisant dans le salon pour récupérer leurs verres. Tandis qu’elle dressait la table, il revint discrètement et se posta derrière elle. Il l’effleura encore en posant un gobelet devant l’assiette qu’elle venait de poser. Profitant d’être près de son oreille, il lui susurra quelques mots, laissant son souffle venir chatouiller son lobe et la naissance de son cou.
-Ne bois pas trop. Ce serait dommage...
Il n’eut pas le temps d’en dire plus, Aimé entra à son tour dans la pièce, brandissant les deux bouteilles encore pleines qui avaient été délaissées sur la table du salon. Sauveur se détacha de Sanaa, non sans avoir suspendu son regard au sien l’espace d’une seconde interminable. Il savait qu’elle le désirait et il la voulait tout autant. Il aurait eu le temps de l’embrasser dans la cuisine et même de l’étreindre mais il n’en avait rien fait. Il ne l’avait même pas touchée, seulement effleurée. Il aimait cette sensation de désir et de frustration mêlés et cherchait à la développer chez Sanaa, repoussant leur premier contact autant que possible. Mais il ne le faisait pas sans raisons… Il venait de lui promettre à demi-mots de l’en libérer plus tard, une promesse qui devrait l’aider à apprécier cette attente tout en développant son désir de la voir prendre fin. Cependant, si elle continuait à descendre ses verres à son rythme actuel, elle se mettrait dans un état où, soit, elle n’aurait aucun souvenir de la fin de la soirée, soit, elle ne serait même pas en état d’assouvir son envie. Et il ne voulait ni l’un ni l’autre.
Ils se mirent à table et la soirée reprit son cours. Sauveur choisit sa place de manière à pouvoir voir Sanaa mais qu’aucun d’eux ne puisse toucher l’autre. Pour développer leur frustration, mais pas seulement. Plus expérimenté, il voyait leur désir monter peu à peu depuis leur arrivée et il craignait que s’ils se touchaient, leurs gestes aillent un peu trop loin et que leur désir soit gâché par la découverte de leur attirance par Aimé. Le repas commença et les deux frères demandèrent à la vaanie de transmettre leurs compliments aux serviteurs de la maison tant ils apprécièrent. Le gladiateur prit discrètement en charge le service des boissons. Il se servit assez peu et fit de même pour Sanaa. En revanche, il remplit le verre de son frère aussi souvent que possible et avec une savante discrétion. L’alcool appelant l’alcool, l’aîné des Hadjaoui but sans même s’en rendre compte. Malgré la masse qu’il fallait abreuver, malgré le copieux tajine, malgré les desserts très appréciés, Aimé commença à avoir du mal à finir ses phrases et ses fous rires étaient interminables et pourtant si communicatifs qu’ils en devinrent contagieux. Sauveur échangea quelques regards avec l’objet de ses désirs au fur et à mesure que la boisson faisait son oeuvre. Il était rare qu’il puisse choisir avec qui il passait la nuit. Cela ne s’était d’ailleurs pas reproduit depuis Lina. Les seules femmes dont il avait eu la compagnie étaient fortunées et avaient payé pour quelques heures avec lui, il ne pouvait pas se refuser à elle. Il se forçait donc et n’y éprouvait qu’un demi plaisir. Mais ce soir… Ce soir, non seulement il avait le choix mais il en mourait d’envie en prime. Les heures s’écoulant toujours, il sentit peu à peu son corps tout entier commencer à lui crier qu’il la voulait. Il la voulait contre lui. Il voulait son corps, le parcourir, l’enfiévrer et le posséder de la seule manière qui lui était acceptable et délectable.
Il lui tardait que la soirée se termine et faisait tout pour qu’elle s’achève ici. Il était venu avec Aimé et il était convenu qu’il devait repartir avec lui. Alors il le rendait incapable de rentrer pour être forcé de demander une chambre pour la nuit pour son frère. Lui se contenterait très bien de partager celle de la jeune femme qui le dévorait du regard et dont la respiration -comme la sienne- se faisait de plus en plus difficile à mesure que le désir se faisait oppressant. ~~~~~~~~~~~~
Digne suivit le regard d’Aislinn et découvrit où elle voulait en venir avant même que ses paroles ne deviennent plus claires. Il détourna la tête et cacha son embarras derrière un sourire amusé. Discret comme il était, il n’avait jamais vraiment dansé. Il connaissait les pas mais n’avait pas beaucoup pratiqué jusque là. Cependant, il devait reconnaître que danser avec elle le motivait davantage. Il posa à nouveau les yeux sur la Noblegriffon.
-Eh bien je suis curieux de voir ça. Déclara-t-il avec sincérité avant de poser son verre et de se lever, offrant sa main à la jeune femme.
Aislinn posa ses doigts sur les siens et ils se dirigèrent ensemble vers les trois couples. Arrivés à proximité, Digne s’arrêta et invita sa cavalière à venir se placer face à lui. Il prit ses mains dans les siennes et entreprit de la guider dans ses premiers pas de danse. Les pas étaient simples et répétitifs, faciles à retenir. Cependant, après quelques boucles des mêmes mouvements, il souffrait presque de la savoir à distance de lui. Il improvisa donc de petites variantes, l’attirant à lui avant de la repousser un peu. Tenant toujours ses mains, il la fit tourner sur elle-même et l’enlaça dans cette position, amenant son dos à se poser contre son torse. Il fit quelques pas supplémentaires avant de la replacer face à lui. Quelques dizaines de secondes plus tard, la musique s’acheva pour enchaîner avec une autre au rythme plus lascif. Le musicien avait sans doute repéré les quelques couples qui dansaient dans un coin de la pièce et voulait leur donner l’occasion de se rapprocher un peu. Digne ne se laissa pas surprendre et libéra une main d’Aislinn pour venir poser la sienne sur sa taille. Porté par la mélodie, ils évoluèrent à un rythme plus lent, prenant le temps de s’observer, yeux dans les yeux, et de s’échanger des sourires heureux, amoureux et gênés. Il la fit tourner sur elle-même en quelques occasions et, chaque fois qu’il la récupérait, il la faisait revenir un peu plus près de lui sans s’en rendre compte. Sa main passa peu à peu de sa taille à son dos. Alors qu’il se balançait d’un pied sur l’autre, son pouce effleura le bas de l’échancrure que la robe présentait au dos de la jeune femme. Il se surprit à laisser son pouce caresser les quelques centimètres carrés de peau qui lui étaient accessibles ici. Jusqu’à maintenant, il ne s’était pas montré très aventureux concernant le corps de la belle. Il le voulait, il ne pouvait pas le nier, mais il se montrait réservé en la matière, conformément à son souhait de prendre son temps malgré leur désir grandissant à tous les deux. A partir de ce moment, Digne n’éloigna plus Aislinn de lui une seule seconde. Il avait même tendance à l’attirer un peu plus dans ses bras… Son pouce ne fut pas le seul à rencontrer la peau de la jeune femme. Un à un, tous ses doigts remontèrent dans son dos, à l’abri des regards sous le châle qui le recouvrait par pudeur. Il remonta ainsi jusqu’à mi-dos afin de pouvoir appliquer de multiples caresses sur sa peau nue. Elle était si douce et délicate qui lui semblait impossible de se lasser un jour de ce contact. Combien de mélodies passèrent-ils ainsi ? Deux ? Trois ? Peut-être même une seule… Il ne s’en rendait même plus compte.
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| | | Le Vaisseau de la Voilée
Ancien
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Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 44 ans (né en 972) Taille : Niveau Magique : Avatar
| Sujet: Re: Amours de jeunesse Mer 3 Avr 2019 - 6:49 | |
| Aux jeux de Sauveur, Sanaa réagit de différentes manières à mesure que la soirée avançait. Dans un premier temps, elle douta. Les initiatives du gladiateur faisaient écho à ceux qu’elle s’interdisait et elle crut qu’elle devait y voir un reflet de son propre désir qu’elle projetait bien malgré elle sur des gestes nonobstant innocents. Ensuite, elle prit peur. Lorsqu’il lui susurra sa promesse à l’oreille, elle manqua lâcher ce qu’elle tenait à ce moment-là. L’hésitation, d’un coup, n’avait plus de sens, car ses pensées n’étaient plus un fantasme qu’elle pouvait étouffer quand elle le souhaitait. Il lui suffit cependant de croiser le regard de Sauveur pour que ses atermoiements fussent balayés, brûlés par un désir puissant qu’elle n’avait jamais ressenti jusqu’alors. C’était étrange et déroutant, un peu effrayant toujours, mais enivrant surtout. Elle avait envie d’y céder tout de suite et maintenant, sans plus attendre, sans plus mentir. Dans ce jeu de cache-cache que le Vaani avait initié, elle avait vaguement conscience d’être la souris. Elle s’en moquait ; il pouvait bien obtenir tout ce qu’il voulait d’elle, car il n’était rien qu’elle ne souhaitât pas lui donner, quand il était tant qu’elle rêvait de lui prendre. Finalement, Sanaa se révéla, contrairement aux promesses de Digne, une bien piètre hôtesse ; à tout le moins pour Aimé, qui ne se rendit fort heureusement compte de rien. Elle observa son cadet manipuler le Hadjaoui et se réjouit de le voir rapidement sombrer dans la folie douce induite par la boisson. Elle rit avec lui, le moqua et l’asticota, seulement pour l’encourager à la paresse quand il tenta de se lever. « Tu peux prendre la chambre d’Aislinn, » proposa-t-elle spontanément quand Sauveur referma finalement son piège sur sa victime. Dans cette dernière, il y avait deux lits, mais Sanaa se souciait peu de ne pouvoir dormir cette nuit-là dans ses propres draps. Elle avait une autre idée en tête, étrange et peut-être un peu malsaine, dont elle ne savait trop si elle devait blâmer l’alcool ou sa trop grande rancœur à l’égard de l’homme qui jamais ne lui reconnaîtrait son droit à sa liberté. Elle se donnerait à Sauveur dans le lit de Varlar. Elle tacherait les draps du vieux Langecin avec ses premiers sangs. Ce serait son ultime acte de défi, sa plus belle marque de mépris et elle se moquait d’ignorer s’il découcherait ou non ce soir-là ; elle subirait son courroux sans broncher si elle le devait. Et tandis qu’elle guidait Sauveur, qui lui-même soutenait Aimé, jusque dans leur sanctuaire à elle et Aislinn, elle ne pouvait plus penser à rien d’autre qu’à son cœur qui battait la chamade et son bas-ventre qui la chauffait délicieusement. La chaleur des doigts de Digne sur son dos arracha plus d’un frisson à la Rivoise. Sous les caresses du jeune homme et les subtils picotements que chacun de ses mouvements provoquait de la base de sa nuque au creux de ses reins, elle sentait que son épiderme s’éveillait. Avant longtemps, elle dardait sur lui un étrange regard ; pour mille et une raisons, il lui était difficile d’interpréter les sensations qui l’envahissaient en cet instant présent, mais elle était certaine d’une chose : dans les bras de Digne et tandis qu’il dessinait avec tendresse la courbure de son dos, elle lui vouait une confiance absolue. Elle savait qu’elle n’avait rien à craindre ; ni ses gestes à lui, ni ses sentiments et ses émois à elle. S’il put croire avoir été trop loin et faire mine de retirer ses mains, elle l’en empêcha en saisissant ses coudes et en secouant lentement — intensément — la tête. « Je t’aime, Digne Hadjaoui, » lui avoua-t-elle. Dans cette période charnière de son existence, tandis que l’incertitude sur l’avenir s’ajoutait aux doutes sur la vertu des projets qu’elle commençait tout juste à fomenter dans le secret de son esprit, elle comprenait enfin qu’il était cette ancre à laquelle elle pouvait se raccrocher, l’îlot paisible sur lequel elle pouvait se réfugier, le bras sur lequel elle pouvait compter pour l’aider à se relever. Et la Rivoise de chercher à cueillir ses lèvres, une nouvelle fois. |
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