La fin n'est que le début [Adriano']

Le tir réussi du Duc avait quelque chose de satisfaisant. Bien qu’il ne doutait plus de ses aptitudes martiales depuis longtemps, son rôle en tant qu’Amiral de la flotte Ducale de Soltariel l’avait longtemps tenu éloigné des combats sanglants sur les ponts des navires, pour l’obliger à demeurer un dirigeant, capable de choisir la tactique, l’attaque, la défense… hiver, n’est pas un acte stratégique très répandu : la vision est limitée, les lignes de front sont décousues, et le terrain accidenté ne permet point de réaliser toutes les manœuvres désirées… Mais Adriano savait tout cela. Il comptait donc prendre les cultistes à leur propre jeu… Mais ces derniers avaient pensé à la même chose.

Qu’importe, les troupes Alonnaises étaient d’ores-et-déjà au front. Tenant une ligne sur le flanc, les Soltarii n’étaient point en grand danger sur leur flanc Nord. Les minutes semblaient durer des heures tant les combats étaient serrés et violents.

L’arrivée des renforts eut l’effet d’une avalanche. Sur l’autre flanc des Soltarii, ils tirèrent une rangée de carreaux qui vint éclaircir les rangs des cultistes face aux boucliers du front principal derrière lequel se trouvait Adriano. Profitant de cet effet de surprise déstabilisant, Et de manoeuvrer les troupes qui, elles, se battaient comme de beaux diables des tréfonds des océans. Être à nouveau au beau milieu des combats avait quelque chose d’agréable pour Adriano…

Le front principal était correctement tenu. Les cultistes avaient beau attaquer avec ferveur et violence, ils s’écrasaient contre les boucliers, tombaient sous les lames… Et étaient transpercés de traits qui, bien que peu nombreux, étaient d’une précision redoutable. Estimés à une trentaine d’individus au départ, les rangs des cultistes fondent comme neige au soleil. Les rangs des Suderons, eux, tenaient bon, bien que les actes du pyromancien aient provoqué plusieurs blessures, parfois très sérieuses…

L’attaque par le flanc, en revanche, était inattendue. Adriano s’attendait à un piège, mais point de ce côté-ci de la forêt. Manœuvrer une troupe à travers la forêt, même en pleinAdriano donna un ordre simple.

<< Un pas en avant ! >>

Sur l’instant, l’ensemble de la ligne de front fit un pas en avant. Le bruit sourd et les cliquetis des armures firent un son d’une force dantesque. Les cultistes les plus proches des boucliers tombèrent, trébuchant sur les cadavres de leurs camarades ou chutant face aux coups de boucliers. Sans demander leurs restes, les Soltarii rompent la formation et enfoncent leurs lames dans les crânes, les gorges et les poitrails des cultistes offerts en pâture.

L’assaut sur le flanc prit ensuite une seconde tournure. Rechargeant leurs arbalètes, dégainant leurs lames pour certains, la tenaille se referma sur les cultistes. Le massacre serait terrible, mais l’ordre tomba :

<< Je veux des survivants à interroger ! >>

Les ordres du Soltari ne tombèrent pas dans l’oreille d’un sourd. Faisant écho aux Suderons, les alonnais utilisèrent la même stratégie. Dans un mouvement gracile, ces derniers avancèrent avant de décocher un coup d’épée vers les cultistes qui tentaient de les attaquer. C’était une danse macabre, coordonné à la perfection. Si bien qu’après quelques minutes, il était clair que les cultistes n’avaient plus l’avantage. Certains prirent leurs jambes à leur coup, tandis que d’autres semblèrent redoubler d’ardeur devant l’adversité. Bientôt, il ne resta que quatre individus haletants. Inutile de dire que la situation n’était guère favorable pour ces derniers.


Mais les cultistes n’avaient pas dit leurs derniers mots, alors que les soldats étaient occupés avec ce qui se passait devant eux, un cultiste sortit rapidement des bois avant de se mettre à courir vers le Duc. Les bruits de la bataille semblaient camoufler ses pas, alors qu’il s’approchait dangereusement de ce dernier. Puis, au dernier moment, il leva une épée pour frapper le Duc. Soudainement, un carreau d’arbalète transperça l’individu, l’arrêtant rapidement dans sa course, avant qu’il ne s’écrase au pied d’Adriano en respirant difficilement.


La baronne, quant à elle, expira doucement, avant de laisser tomber l’arbalète. Ses mains tremblaient légèrement, clairement sous le choc, la jeune femme venait de réaliser qu’elle avait pris la vie de quelqu’un et ce n’était pas une situation dans laquelle elle aurait voulu se retrouver. Elle se retourna vers ses soldats, alors que certains la regardèrent avec un air fier, tandis que d’autres étaient clairement étonné. Adélina expira de nouveau avant de prendre la parole ; « Vous avez entendu le Duc. Ligotez-les. Nous les ramenons à Soltariel. » L’un des soldats s’approcha rapidement de la baronne avant de prendre la parole;

« Vous allez bien, Votre honneur? »

« Oui, faites ce que j’ai demandé maintenant. »


Le soldat acquiescat avant de s’éloigner de cette dernière, se disant que la jeune femme devait certainement avoir besoin d’un moment pour respirer.


La bataille faisait rage. Bien que les effectifs en jeu soient de faible ampleur, les combats, eux, n’avaient rien à envier à ceux des grandes batailles rangées que la Péninsule a pu connaître durant son histoire. L’ancien Amiral de la flotte Soltarii était même… Surpris. Les batailles navales avaient cette aura particulière, à la fois passionnante et terrifiante, que seuls des experts pouvaient apprendre, connaître, maîtriser… Et apprécier, d’une certaine manière.

Sa lame dégainée, le Duc regardait sa ligne et celle de la Baronne, satisfait de voir que le piège des cultistes se retournait contre eux-mêmes. Face aux fuyards, Adriano ne donna qu’un ordre :

<< Pas de foyards ! Capturez les… Ou tuez les ! >>

Des soldats du flanc Soltarii se détachèrent afin de donner la chasse. Bons tireurs, ils n’hésitèrent pas à tirer leurs carreaux aux travers des jambes, genoux et chevilles des cultistes en fuite… Ceux-là seraient arrêtés. Les autres fuyards seraient assassinés… Du moins, Adriano l’espérait.

Ses machinations et réflexions furent soudainement interrompues par le bruit d’une lame qui tombe dans son dos, suivi d’un gargouillement inepte. Se retournant, il comprends : on a tenté de l’assassiner. Suivant la trajectoire du carreau, Adriano vit la Baronne en partie choquée d’avoir fait ce qu’elle venait de faire.

Mi-figue, mi-raison, Adriano maintint son regard sérieux et son attitude guerrière, et gratifia la jeune femme d’un hochement de tête. La suite lui donna toutefois satisfaction : quatre cultistes sont faits prisonniers, en plus de deux blessés touchés par les soldats en poursuite. Adriano connaissait d’ores-et-déjà sa prochaine tactique pour les faire parler…

<< Votre Altesse ! Votre Altesse ! Nous avons 6 prisonniers ! >> Dit l’un des soldats haletants.
<< Parfait ! >> Répondait-il, regardant passer les cultistes prisonniers qui avaient déjà les yeux, les mains et les pieds bandés. << Ramenez-les sous cortège gardé, jusqu’aux geôles du palais. Qu’ils-y subissent le châtiment de la goutte, jusqu’à-ce qu’ils parlent. >>