Besoin d'aide!

Aidan se contenta de la regarder avec amusement alors qu'il s'énervait qu'il ne choisisse pas l'issue de cette rencontre. Décidément, elle était pleine de surprise et il aimait cela, même s'il n'arrivait toujours pas à a cerner... Trop lunatique pour ça et pleine de paradoxe. Etait-ce à cause de son sang mêlé? Il en doutait, lui-même n'était pas aussi compliqué, même si c'était un sang elfique et non drow qui coulait dans ses veines.

- "Je ne cherche rien, vous culpabilisez toute seule Anna."

Il devait être énervant à opposer à la colère un calme olympien, et le pire, c'était qu'il ne le faisait absolument pas exprès. C'était dans sa nature profonde. Il réexpliqua plus en détail son enfance et Anna sembla comprendre. On ne volait pas le directeur de l'orphelinat voyons, c'était interdit! Mais Anna et Aida étaient issus de deux mileux radicalement opposés, non? Elle lui lança alors une banalité à pleurer. Mais c'était gentil d'avoir essayé. Il haussa les épaules :
- "Je ne sais pas. Je ne sais rien d'eux. Je préfère croire qu'ils sont morts et que c'est pour cela que j'ai du vivre dans cet endroit, que de penser qu'ils m'ont abandonné parce qu'ils ne voulaient pas de moi. C'est plus facile. Même si rationellement, j'en reviens toujours à la seconde hypothèse."


Parce qu'il était batard lui aussi. C'tait difficile pour un humain et une elfe (ou le contraire) de vivre ensemble... Alors avec un bébé... Bref, il repoussa ces pensées désagréables de son esprit alors qu'Anna se levait, incapable de rester tranquille cinq minutes. Elle le foudroya du regard, mais il en fallait plus pour l'impressioner. Elle lui intima de se lever, ce à quoi il répondit avec ironie :

- "Vu que vous avez roupillé toute la nuit, je veux bien le croire."

Ce qui n'était pas son cas à lui, mais il évita de le rappeler, elle le savait. Elle attendit qu'il propose quelque chose, avant de se décider à parler de se baigner. Là, elle le prit au dépourvu, cela se vit alors qu'il écarquillait les yeux :

- "Pardon?"

Mais n'était-ce pas elle qui lui avait dit il y a de cela quelques minutes qu'elle était pudique?

- "Je vous rappelle que c'est vous qui n'arrêtiez pas de regarder toute à l'heure... Je ne suis pas un goujat, ni un voyeur..."

Non mais... Qu'est-ce qu'elle allait penser? Qu'il s'amusait à mater toutes les filles qui se déshabillaient devant lui? Pfff... Elle lui intima de se retourner cette fois et de ne rouvrir les yeux que quand elle le lui dirait.

- "Vous êtes vraiment paradoxale Anna..."

Il la regardait, songeur, puis soupira et se rallongea, sur le dos cette fois, en fermant les yeux.

- "C'est bon, je ne regarde pas. Mais ne comptez pas sur moi pour faire une course..."

Il ne savait pas nager, où aurait-il apprit? Il attendit alors sagement qu'elle lui dise de venir. Il se demandait déjà comment aller dans l'eau sans se montrer nu devant elle et sans flignuer un autre pantalon. Quel casse-tête...

[Pas de soucis ]

Anna se sentait parfaitement idiote à présent, rongée par le manque d'action de leur entretien, elle avait proposée d'aller sa baigner. Il faut dire que leur conversation roulait sur des sujets plutôt dangereux et que cette interruption était lui en fait bénéfique, l'aventurière n'avait aucune envie de parler du "monopole de la cruauté", de son auto-culpabilisation ou même de son passé qui ne lui plaisait guère comme le reste d'ailleurs. Hors, Aidan se mettait à lui raconter sa vie et elle sentait que la politesse l'aurait obligée en faire autant une fois qu'il aurait eu terminé.

Puis, cela la soulageait énormément d'agir. Elle était faite pour l'action et non pas pour la réflexion, celle-ci se faisant toujours tourmenteuse, elle préférait donc l'éviter le plus possible. Lorsque la demi-drow déclara à son camarade qu'elle n'était pas fatiguée le moins du monde, il fit alors une remarque peu agréable comme on pouvait s'y attendre. Mais ce n'était pas grave elle ne lui en voulait pas, elle parvint même à ne pas le prendre au pied de la lettre, pour une fois. En revanche, l'autre remarque portait sur un sujet beaucoup plus délicat.

Comment savait-il ? Certes, la bâtarde avait un peu louché sur le corps d'athlète d'Aidan, ça avait été plus fort qu'elle. Mais si elle l'avait fait c'était uniquement parce qu'elle se sentait alors persuadée de passer inaperçue. Et ce n'était rien de bien odieux, elle lui avait simplement caressé tendrement le torse en pensée. Vint alors le moment où le sauveur se plaignit de son paradoxalisme. Ah bon ? Anna se trouvait au contraire parfaitement logique dans la suite de ses actes, elle avait finie par dénicher un heureux compromis entre repartir dans son coin et s'engager dans une discussion plutôt indiscrète avec Aidan. Et avait suffisamment prit de précautions quant à sa pudeur.

Après l'avoir regardé d'un air songeur auquel Anna répondit de la même façon, il obtempéra finalement en se couchant sur le dos. La jeune femme aurait préférée qu'il se couche sur le ventre, comme ça elle se serait sentie plus en sécurité. Ses bottes décrivirent une courte marche le long de la plage pour s'éloigner un peu d'Aidan qui fermait les paupières.

Au moment d'enlever ses vêtements elle fut prise d'affreux doutes, il lui semblait qu'elle s'apprêtait à retirer sa peau et c'était une sensation horrible, d'autant plus que ses habits là serrait des prés, créant ainsi un contact familier. Quand remontait la dernière fois où elle les avait ôtés, au juste ? A des lustres. Bref, ce n'était plus le moment d'hésiter ou la bâtarde allait inévitablement passer pour une dégonflée et une indécise. Bizarrement, elle voulait soigner son image.

Quand elle eut finie, la pile sur le sable était impressionnante à voir. Oui, elle était vraiment beaucoup habillée, surtout pour une femme. N'ayant rien gardée, elle se sentait étrangement légère. Sa gêne s'intensifia, elle ne voulait surtout pas donner l'impression à Aidan ni d'être une femme facile, ni d'être une excessive chochotte qu'il fallait sans arrêt protéger et rassurer. Cruel dilemme en effet. Devait-elle remettre sa longue jupe ? Hélas le tissu n'était vraiment pas pratique pour nager, elle se résolu à abandonner cette idée stupide et chercha du regard quelque chose, n'importe quoi, qui pourrait couvrir ses parties les plus intimes. Des projets farfelus virent à elle, elle ne voyait que des feuilles, sa ceinture, des cailloux... Bref, rien de très efficace. Elle ramassa toutefois une grande panoplie de feuilles en prévision de se préparer un pagne avec sa ceinture, priant pour qu'Aidan ne s'impatiente pas trop.

-Désolée, je suis un peu longue ! dit elle d'une voix forte. Excusez-moi aussi de ne pas vous avoir répondu tout à l'heure mais j'étais décontenancée, puis... je n'avais rien à ajouter. Vous faisiez erreur.

Elle avait déclarée ces phrases pour passer le temps et avait finie la confection de son pagne maison. Le résultant était branlant et moyennement efficace mais c'était toujours mieux que rien, elle l'enfila en serrant bien la boucle puis s'approcha de l'eau, enfonçant au passage ses pieds dans le sable, elle adorait l'effet que cela produisait sur sa peau. La demi-drow mit enfin une jambe à l'eau. De suite, soixante bons centimètres de profondeur, le liquide lui arrivait au bas des cuisses. Elle esquissa de petits pas précipités afin de se retrouver le corps entièrement immergé puis appela Aidan comme promis. Elle aussi, ne savait pas nager, elle n'irait donc pas plus loin.

La température était bouillante à souhait. Tel qu'Anna l'avait prédit, ce bain lui faisait un bien fou. Il lavait beaucoup de sang, de tristesse, de sueur et de peur. Elle fit de lents mouvements de bras, s'adaptant ainsi au rythmes des vaguelettes en attendant patiemment que son compagnon la rejoigne. D'ailleurs elle l'avait perdu de vue.

[Olala je m'étais pas rendue compte que ça faisait déjà 5 jours ]

Aidan était toujours en train d'analyser Anna, comme il le faisait de tout le monde. Savoir à qui on s'adresse était très utile. Sauf que là, il avait quelques difficultés à tirer une conclusion de son analyse... Anna était étrange. Elle ne lui semblait pas habituée aux rapports humains, ce qu'il pouvait comprendre de par son sang drow. Elle ne semblait guère encline à faire confiance, là encore, il comprenait, il était un peu pareil. Elle n'aimait pas parler d'elle, elle n'aimait pas s'apesantir sur un sujet... Elle ne semblait pas aimer réflechir tout simplement, mais plutôt agir. Ce n'était pas un sige de bêtise, mais le résultata d'une éducation qui échappait au demi elfe. Elle avait parlé de pudeur, mais alors qu'ils devisaient tranquillement en ne faisait rien d'autre, il avait fallu qu'elle trouve quelque chose à faire pour bouger. même si c'était quelque chose qu'elle avait renié plus tôt.

En bref, Anna était difficilement cernable et surtout avait une personnalité trouble dont Aidan n'avait pas fini de faire le tour. Ah il avait oublié de penser aussi qu'elle n'avait guère le sens de l'humour. Pas de bol quand même avec quelqu'un d'aussi cynique et ironique qu'Aidan... Mauvaise pioche comme on dit. Aussi quand il avait dit qu'elle, elle avait dormi toute la nuit, ce n'était pas pour la blesser mais pour plaisanter. Cela sembla lui échapper, comme toutes ses tentatives d'humour d'ailleurs.

De même elle sembla surprise quand il lui renvoya qu'elle ne faisait que le regarder toute à l'heure, quand il était torse nu. Oui, elle avait été discrète, très discrète même, mais quand même, on voyait bien où le regard allait et ce n'était pas forçément vers le visage du voleur. Pas tout le temps. Cela ne le génait pas plus que cela, mais il n'avait pu s'empêcher de le faire remarquer. Pour la taquiner. Après tout, elle n'avait regardé que ce qu'il avait bien laissé voir.

En tous les cas, il s'allongea sur le dos, croisa les mains derrière sa tête et suivit Anna au son de ses bottes et au froissement de ses vêtements, en pensée. Ainsi, il capta son hésitation quand il n'y eu aucun bruit après qu'elle se soit éloignée. Cependant, elle se décida et se déshabilla. un sourire amusé ourla les lèvres du voleur quand il se rendit compte qu'il y avait une sacrée épaisseur. Elle devait mourir de chaud là dedans... Elle hésita de nouvea puisqu'il ne l'entendit pas entrer dans l'eau... Etait-elle nue? Il résista à une furieuse envie de regarder.

Heureusement, elle s'excusa d'être aussi longue. Il se demanda ce qu'elle fabriquait quand même. Enfin, il entendit le clapotis de l'eau et elle l'appela. Pas trop tôt. Tiens, avec tout ça, l ne savait toujours pas comment faire pour ne pas se retrouver tout nu... Renfiler son pantalon mouillé peut-être? Oui, c'était sans doute la meilleure chose à faire. Il se redressa, aperçevant la chevelure noir dans l'eau et se leva. Il retira de nouveau sa chemise et ses bottes (elle aurait quand même pu proposer la baignade avant qu'il ne se change) et alla chercher son pantalon qui séchait, encore humide. Il se mit dos au ac et retira son pantalon sec, ne prenat pas la peine de dire à Anna qu'elle n'avait pas à regarder. Il n'offrait que ses fesses musclées à sa vue après tout, rien de bien méchant. Il renfila la vêtement humide avec une grimace et un frisson, puis se décida enfin à aller jusqu'au lac et à retourner dans l'eau chaude.

Et cela faisait un bien fou. Il se retrouva bientôt avec de l'eau jusqu'au cou, mais resta à distance raisonnable d'Anna pour ne pas céder à la tentation de la regarder à travers l'eau limpide.

- "C'est quand même étrange cette chaleur, je me demande d'où ça vient..."

C'était un peu banal, mais bon, quoi dire de plus? Anna semblait profiter de la chaleur de l'eau justement et Aidan devait admettre que cela détendait ses muscles mis à mal par le transport d'Anna dans ses bras la veille...

Pendant qu'elle barbotait tranquillement, et en attendant Aidan, Anna agissait exactement comme lui sans le savoir, elle essayait aussi de cerner le caractère de l'autre. Il avait un manque de délicatesse tout à fait exécrable, un humour un peu pervers, mais ce qui était sûr et certain, c'est que son sang-froid, lui, était exceptionnel. Oui, ce contrôle de soi-même s'avérait étonnant, la jeune femme était loin de lui arriver à la cheville dans ce domaine là. Grâce à cela, il pouvait sans problème rester immobile à veiller durant des heures tel qu'il l'avait fait lorsqu'elle était grièvement blessè par exemple, ou aussi lors de la pêche.

Quelque part, c'était vrai, les deux hybrides étaient un peu complémentaires l'un de l'autre. Aidan apprenait la légèreté à Anna, qui le lui rendait plus ou moins bien en le clouant au sol de par ses pensés du logique à toute épreuve. Non en fait, c'était surtout Aidan qui était complémentaire pour Anna...

Tiens, et, une autre pensée qui lui trottait dans la tête. Fichue pensée, que n'aurait elle pas donnée pour pouvoir l'expédier en enfer ? Le jeune homme avait il vraiment oublié de refermer sa chemise, tel qu'il le prétendait ? Ou était-ce... un oubli volontaire ? Ne courait elle donc aucun risque démesuré en l'ayant invité à se baigner avec elle, alors qu'elle était presque nue ? C'est trop tard, Anna. lui dit une voix dans sa tête, la sienne.

Aidan se révéla soudainement à elle, il faut remarquer qu'allonge sur la plage ensoleillé, on ne ne voyait pas grand chose du personnage. Damnation ! Le voilà qui, après être allé cherché son pantalon, se mettait cul-nu devant elle. On put entendre de très loin, au milieu des flots le gémissement surpris de Fauyeur. Pourquoi ..? Ce n'était pas un problème d'attirance, puisque elle-même avait regardée avec insistance le jeune homme, simplement de la honte. Et puis aussi, ses arrières-pensés : le viol, la perversion, toutes les immondices dont on parlait si souvent, en ville. Ce garçon venait de la ville, pas de quoi là rassurer.

L'aventurière se referma lorsque son sauveur la rejoignit dans l'eau, il n'était certes pas trop près, mais inexplicablement, elle perdait tous ses moyens. Une banalité sur la chaleur fut prononcée, sans doute une vaine tentative de détendre l'atmosphère. Bien sûr qu'elle ne savait pas d'où elle venait, cette chaleur torride, pour elle c'était le soleil qui provoquait ce phénomène puis terminé.

Esquissant un geste de panique, Anna voulut serrer sa poitrine entre ses bras pour l'y dissimuler, bien qu'elle soit déjà suffisamment cachée par le liquide bleu pour peu qu'on y regarde pas de trop près. Elle avait un mauvais pressentiment, la curieuse impression qu'Aidan se rapprochait lentement. Ou peut-être était-ce juste les vagues qui lui faisait cet effet. Bref, effectuant ce mouvement, la demi-drow fut déstabilisée par un remous, elle recula de deux pas et réalisa avec horreur qu'elle ne touchait plus le fond. Merde, elle s'était tenue trop près de la limite entre le profond et le pas profond. Anna avala malgré elle une goulée d'eau chaude.

-Hiiii ! Je me noie ! cria elle stupidement à deux pas de la zone sécurisée.

Non, elle n'avait jamais apprise à nager. Étrange pour une aventurière, cependant elle n'avait pas prétendue être une experte toutes catégories. La jeune femme craignait l'eau. Escalader les arbres et les montagnes, combattre sans peur un Delltozis... cela elle pouvait le faire aisément, mais se déplacer en surface aquatique...

[Hj : T'as raiiison =/ c'était long x_x! Néanmoins j'ai survécu! =D]

Anna ne semblait pas tranquille, regardant Aidan approcher, comme méfiante. Il avait suffisamment comprit à qui il avait à faire pour ne pas s'amuser à venir trop près. Et puis, comme di précédemment, il ne voulait pas céder à la tentation de décourir une poitrine sous la transparence de l'eau.

Par contre, il ignorait tout des pensées de la demi drow et était très loin de songer qu'elle pouvait le voir comme un violeur... Oui, il venait de la ville, mais quand il avait besoin de satisfaire un besoin urgent, c'était vers les prostituées qu'il se tournait. Ou vers quelques amourettes vite commencées et vite finies. Jamais il n'avait forcé qui que ce soit. Son sang elfique l'en empêchait. Et son expérience traumatisante à ce sujet.

Car oui, malgré qu'il soit un voleur, issu des bas fonds, son héritage elfique était bien présent : das ses traits, mais aussi dans son maintien et dans sa mentalité. Il y avait quelque chose de digne en lui, c'était ainsi.

Quoiqu'il en soit, quand bien même il aurait lorgné sur les formes d'Anna, il ne l'aurait pas prise de force.

Elle s'éloigna alors encore un peu, essayant de ùmasquer sa poitrine...

Et là, c'est le drame...

Il entendit un cri perçant suivi de quelques paroles. Elle se noyait?! Mais il ne pouvait rien faire si elle se noyait, ne sachant pas nager lui-même!!! Bon allez, c'était pas le moment de paniquer : action, réaction, avec une dose de réflexion. Et surtout du sang froid. Et ça, il en avait à revendre.

- "Anna, ne vous débattez pas que je vous attrape. Vous n'allez pas vous noyer dans 1m75 d'eau quand même!"

Sa voix était autoritaire et en même temps étrangement rassurante. Il était plus grand qu'elle... Une chance. Bon bien sûr, en se débattant, elle l'avait bien arrosé, mais il avança le plus rapidement possible vers elle et tendit la main pour qu'elle s'en saisisse. Il se doutait bien que vancre sa panique n'était pas chose aisée, mais c'était nécessaire :

- "Allez Anna, une aventurière comme vous doit avoir du sang froid! Donner moi la main et tenez vous tranquille."

Dans la bataille et avec ses cheveux trempés, ses oreilles en pointe se dévoilèrent, dévoilant ainsi son sang mêlé. Mais de un, il n'y fit pas attention et de deux, Anna avait peut-être déjà deviné à qui elle avait à faire. Sinon, elle aurait tout le temps de l'apprendre une fois qu'elle aurait pied.

Submergée par moins de dix minuscules centimètres d'eau et une panique aveugle née d'une trop grande crainte, Anna battait follement de jambes et des bras en tout sens, perdant complètement le contrôle d'elle même mais trop occupée à se débattre pour pouvoir s'en rendre compte.

Elle croyait qu'elle allait mourir, que sa vie dépendait de ces quelques mouvement. Certes elle était bien loin de la vérité, mais il n'empêchait cependant que sa frayeur était réelle et terrifiante, une peur panique de l'eau qui l'entourait était en son être gris. Pourquoi donc avait il fallu que la demi-drow ait proposée de se baigner... même pas moyen de revenir en arrière.

Puis cette voix ferme qui l'appelait, qui était-ce déjà ? C'était Aidan, le garçon qui lui avait sauvé la vie à deux reprises et s'apprêtait à lui venir en aide encore une fois. Anna n'était point en danger, sauf bien sûr si elle décidait de s'éloigner toujours plus loin, le seul danger venait évidement de son cœur.

Dans un éclat de lucidité fugitif, l'aventurière devina une chevelure mouillée et des oreilles pointues, il venait à elle, s'approchant. Mais, oreilles pointues ? Son esprit ne s'attarda néanmoins pas sur ce point révélateur, il y avait urgence.

La main se tendit vigoureusement, Anna n'avait aucun mal à l'attraper, préférant instinctivement de toutes façon n'importe quelle autre issue à celle de la noyade, sa paume grise attrapa donc celle du demi-elfe conformément à ce qu'il lui demandait. Il tira sur la prise qu'elle lui offrait, sortant ainsi la demi-drow de son terrifiant bain. Une fois qu'elle fut enfin hors de la zone où elle n'avait pas pied, Anna respira très bruyamment et ce à de nombreuses reprises, cherchant désespérément à retrouver son souffle après cette dure épreuve.

-Ça va, ça va ! fit elle plus pour elle même qu'à l'intention d'Aidan, les yeux encore exorbités.

Elle était hors de danger, oubliant fatalement tout le reste, ne se souciant à présent nullement d'être vue. Son sauveur était trempé mais pas autant qu'elle qui avait eu droit à un petit lavage de l'intérieur en absorbant du liquide bleu.

-Merci... merci beaucoup de m'avoir ramenée. haleta elle.

Anna recouvra rapidement ses esprits, elle n'était restée qu'une dizaine de secondes sous l'eau, pas si traumatisant en fait. C'était surtout elle qui avait dramatisée. L'aventurière jeta ensuite un regard mauvais à Aidan, en totale contradiction avec le précédent, empli de gratitude.

-Pourquoi ne m'avez vous pas informée de votre hérédité ? fit elle. Je ne vous aurais rien dis... alors comme ça vous êtes un elfe, ou un demi-elfe ? En tout cas cela ne se voyait pas beaucoup sans les oreilles.

La musculature fine, belle à en tomber, de son compagnon trouvait désormais son explication logique. Sa noblesse aussi, de par son sang, il devait immanquablement mieux se comporter que ses congénères villageois. La demi-drow se tenait à un mètre à peine de lui et elle n'avait presque plus peur. Un miracle du à la patiente inépuisable et aux actes bienfaisants de Aidan, qui prouvaient ses honorables intentions.

La situation aurait été catastrophique si Aidan s'était mis à paniquer à son tour. Car alors, il aurait communiqué sa propre panique à celle d'Anna et elle se serait noyée bêtement. C'était ainsi. L'idéla, bien sûr, ça aurait été qu'il sache nager, mais ce n'était pas le cas. Il fallait donc réflechir vite et bien et être efficace. Et ça, c'était son rayon.

Un ton calme et autoritaire, une main qui se tendait et voilà qu'il sentait celle d'Anna dans la sienne. Elle l'avait entendue, elle avait cessé de paniquer un bref instant, l'instant où leurs paumes s'étaient rencontrées. Et maintenant qu'il la tenait fermement, elle n'avait plus aucune raison de paniquer, puisqu'il était son raccord avec la terre ferme.

Il l'attra à lui, fit quelques pas vers la terre pour qu'elle retrouve pied et n'ai pas d'eau jusqu'au cou. Du coup, il dévoila la poitrine de la demi drow au grand jour. Et ce serait mentir que de dire qu'il ne la regarda pas, même un bref instant. Cependant, il se concentra sur son visage aux yeux exorbités, au souffle court et aux cheveux trempés. Elle avait bu la tasse.

Aidan attendait placidement qu'elle se reprenne, légèrement inquiet, mais l'inquiétude se la disputait avec cette onchalance caractéristique du voleur. Elle lui dit alors que tout allait bien avant qu'il ne pose la question et le remercia.

- "Je n'allais pas vous laisser bêtement vous noyer après m'être échiné à vous sauver de votre blessure quand même. J'aime le travail bien fait et que vous mourriez sous mes yeux ne l'est pas."

Son ton était redevenu léger et détendu, plaisantin. Cependant, il se figea sous le regard noir d'Anna. Quoi? Elle l'accusa alors de ne pas lui avoir dit qu'il était un demi elfe. Inconsciemment, il porta une main à une de ses oreilles, découverte. Il soupira mais ne répondit pas tout de suite. Il se passa une main dans les cheveux, les rejetant ainsi en arrière.

- "Vous avez la réponse. Cela ne se voit pas quand mes oreilles ne me trahissent pas. Sauf pour les elfes qui ne voient que ça. Non, je ne suis pas un elfe, pas plus que vous êtes une drow."

Mise à part les elfes, les autres races ne faisaient pas la différence entre un demi elfe et un humain et un elfe. Mais les elfes au regard acéré voyaient l'imperfection dans les traits des sang mêlés, ils voyaient le physique un peu plus massif et d'autres détails encore.

- "Qu'est-ce que cela aurait changé si je vous l'avais dit? Vous ne m'avez pas tout dit de vous et je vous ai caché bien des choses. Mon ascendance est une des choses que je cache à tout le monde, c'est ainsi. Ne le prenez pas personnellement."

Quand la dénudation d'Anna fut visible, Aidan ne manqua pas d'y jeter un coup d'oeil maladroit. La jeune femme ne dit rien, elle se se plaisait un peu à cette marque d'intérêt sans pour autant entrer en extase, cela va de soi. De plus son regard se focalisa bien vite sur des endroits moins personnels. Elle ne put s'empêcher de penser qu'ils entretenaient là une sorte de rapport sexuel à leur manière, avec une infinie discrétion, par de simples roulements d'yeux. Aidan lui revendiqua à sa façon son autre sauvetage. Certes, ce n'était pas le même danger que lorsqu'elle perdait son sang... néanmoins elle lui devait un fière chandelle, elle l'avait déjà remercié.

Réagissant à son attaque, le héros commença ensuite à faire des manières, se passant la main dans le cheveux, soupirant, prenant son temps... Anna avait envie de lui hurler de se dépêcher, le silence était long, surtout pour elle. Il lui avoua ensuite être demi-elfe et ne pas s'assumer en tant que tel. Il n'était pas elfe et lui balançait à la figure qu'elle n'était pas Drow non plus, parlant aussi des sylvains contre lesquels il semblait assez fâché.

-Comment savez-vous pour ma race ? C'est moi qui vous l'ait dit, non ? voulut s'assurer l'hybride.

Elle oubliait vite sa peau grisâtre qui ne pouvait appartenir à aucune autre catégorie. Aidan parla ensuite de choses cachés et demandant ce que cela aurait fait si il avait avertit la demie, il l'accusa aussi de ne pas avoir parlé. Des larmes de déception se mirent alors à couler le long des joues d'Anna, il lui semblait que le passé là rattrapait, elle avait bu la tasse et s'était mise à nue rien que pour éviter ce type de discours, en vain...

-Ce n'est pas juste ! J'ai... j'ai... l'aventurière perdait toute cohérence. Je suis pas obligé de parler ! Non... je veux pas !

Essuyant ses larmes d'un revers de main, la bâtarde soupira et commença à se mettre en colère, sans véritable logique, peut-être parce qu'elle se sentait menacée ou incomprise. Fauyeur leva les poings et frappa violemment sur la surface de l'eau, ne se contrôlant plus et projetant ainsi des éclaboussures sur le demi-elfe, c'était ridicule. Se faisant sauvage, la jeune femme vint se coller contre son sauveur, d'une enjambée aquatique, jusqu'à se qu'il puisse sentir son haleine de poisson, qu'il ne puisse détacher son regard de ses lèvres et lui attrapa les poignets. Une drôle de hargne l'envahissait, elle se mit ensuite à lui cirer dessus.

-Vous devriez jouer franc jeu avec moi ! Savez vous à quel point il est difficile d'être demi-drow ? Non, n'est ce pas ? Non ! Alors que, elfe... les gens vous adorent tous, c'est merveilleux... un sylvain représente la grâce, l'intelligence, l'habilitée... Un drow le mal et l'abomination ! puis ponctua sa phrase d'un grognement.

Anna releva leurs bras à auteur des oreilles, usant de sa force, ils étaient ainsi presque nez contre nez, position vaguement sensuelle. Oui décidément, elle se sentait furieuse. La dernière tirade de Aidan avait bel et bien finit par la faire se déchainer.

Anna lui demanda comment il savait qu'elle était demi drow. Il lui lança un regard un peu surpris, avant de répondre calmement :

- "J'y ai fais allusion et vous avez confirmé mon impression... Je suis désolé, mais cela est flagrant chez vous pour peu qu'on ai le sens de l'observation."

Sa peau grisâtre suffisait à l'étiqueter comme bâtarde de drow.

Alors survint une réacton chez la jeune femme qui prit totalement au dépourvu le voleur, et ce n'était pas rien. Il était difficile de le laisse bouche bée, mais là... Jamais il n'aurait pu imaginer qu'une petite phrase anodine ai l'effet d'une bombe chez Anna. Elle se mit à bafouiller quelques paroles incohérentes, sous son regard abasourdi.

- "Mais Anna, je ne vous demande rien et..."

Il ne termina pas sa phrase alors qu'elle frappait violemment la surface de l'eau comme une enfant qui pique une colère. Aidan détourna la tête, un réflexe pour éviter de se retrouver avec de l'eau dans les yeux. Mais du coup, il se retrouva avec une Anna collée à lui sans rien avoir vu venir. Elle se saisit de ses poignets. Il eut un vague mouvement pour la faire lâcher prise, une réaction naturelle de prooie trop souvent chassée et qui détestait être entravée. Anna était trop près et il se sentait menacé autant qu'elle. Cependant, il cessa alors qu'elle se mettait en colère et lui balançait toute sa hargne en pleine figure.

- "Vous ne pouvez pas exiger de moi que je vous raconte tout de ma vie alors que nous ne nous connaissons que depuis une journée Anna! Certaines choses doivent rester secrètes! Et vous n'êtes guère plus bavarde! Comment pouvez-vous demander à quelqu'un de tout vous dire quand vous ne faites pas de même de votre côté? Et puis arrêtez avec vos préjugés! Les elfes représentent le bien et les drows le mal... Oui c'est vrai, mais leurs bâtards ne sont bien vus ni des hommes ni des elfes. C'est à nous de nous faire une place et de décider quelle voie prendre. Nous devons sans cesse nous faire une place de par notre naissance. Ma place, je l'ai voulu discrète et dans l'ombre, c'est mon choix. Mais vous Anna, quelle est la votre?"

En réaction de la colère d'Anna, la voix d'Aidan s'était faite plus forte, montrant un début d'énervement. Certes, il n'était pas véhément ou haineux envers elle, mais exaspéré par ses constantes sautes d'humeur et par ses réaction démesurées. Aidan ne se mettait jamais en colère. Jamais. Là, il s'énervait doucement, mais en gardant toujours une voix relativement calme bien qu'empreinte d'impatience, comme pour parler à une enfant butée et colérique. Et le fait qu'elle le tienne entravé lui déplaisait fortement. Si rien ne transparaissait dans ses traits, son regard gris, lui étincelait.

La réaction d'Aidan ne fut pas oisive, ni aussi dégénéré que la sienne. Il lui expliqua en haussant à peine le ton toute l'absurdité de ses dires, il la remettait en fait à sa place avec beaucoup de de doigté. Il n'était pas humain. Peut-être avait il peur, se sentait il menacé, entravé... mais le demi-elfe n'avait que peu de sensibilité pour son interlocutrice, son regard brillant et ses propos semblaient lui indiquer qu'il se souciait bien plus de lui prouver ses torts que de la ménager. Il ne ménageait pas une petite chose pleurnichante et paranoïaque à souhait, qui plus est de couleur grise.

Hors cette attitude constituait hélas une sorte de signal de départ pour l'aventurière. Celui qui venait de l'informer de la raison, la raison de douter. Il en fallait fort peu, cela démarrait au quart de tour. Toujours dormant en elle, continuellement prêt à se réveiller dès qu'on faisait appel à lui. Dévastant cruellement certitudes et acquis, emportant tout sur son passage, c'était le doute ou la folie passagère. Voir un mélange des deux.

- Ma place ? Mais je n'en ai pas ! clama elle, avec un bel optimisme et une grimace de tristesse affreuse. Je veux juste me détruire la race noire.

Pas mal comme objectif, pas du tout démesuré ! Ils étaient là -coincés- cernés de toutes parts par les flots, le regard du monde entier paraissait poser sur eux, attendant de voir ce qu'ils allaient faire. Anna était prête, prête à frapper, mutiler, cogner, hurler, se déchainer... Bref, à infliger un quelconque châtiment au cachotier, qui le méritait bien selon elle. Même si Aidan raisonnait correctement, il n'en était pas moins qu'il lui avait menti et se vantait de lui cacher encore certaines choses. Sa colère se distilla dans ses veines, se faisant subtile sans qu'elle ne sache vraiment pourquoi. Elle redoutait de passer à l'acte.

Sa position aurait été propice à l'assenement d'un éventuel coup de crane, rien d'autre cependant. Anna n'aller pas se battre avec ses jambes, elles étaient sous l'eau, ni pouvoir utiliser ses bras car ils étaient occupés à broyer les poignets de son camarade. La belle avait aussi du sang Drow, il remontait de temps en temps à la surface malgré sa volonté contraire. Inutile de chercher à l'oublier celui-là, il cohabitait avec le sang humain - on ne pouvait lui dire de s'en aller comme à un valet, ou le congédier en le grattant tel un vulgaire bouton d'acné. En fait, Anna croyait que sa place était parmi les humains même si elle n'en disait mot, sûrement pas chez les sombres.

Trop de doute l'envahissait néanmoins, cela n'était pas propice à dispenser de judicieux châtiment. Soit ! Qu'il lui dissimule ce qu'il lui plaira. Après tout ils n'étaient pas mariés, et cela n'arriverait certainement pas à cause d'un regard de travers. Elle libéra le demi-elfe de l'étau de ses mains, espérant qu'il allait la frapper pour expier sa faute et pouvoir en commettre une nouvelle. Son enfantin caprice n'avait déclin qu'afin d'en permettre un autre d'un genre un peu différent. L'hybride eut même l'audace de le lui demander gentiment en le regardant bien droit dans les yeux, à ce jeu là c'était presque toujours le regard charbon qui triomphait des quelconques iris colorés lui faisant face.

- Vous dites vrai. Mais je n'ai pas supporté que vous vous moquiez de moi, tout sauveur héroïque que vous êtes ! Allez-y, donnez moi donc un coup de poing pour vous venger ! Mon comportement ne mérite que ça. Il faut que je récolte ma semence.

Elle baissa ensuite la tête vers la droite sans détourner le regard, exposant sa joue. Pourtant elle savait bien que par nature, les hommes n'aimaient pas cogner quand ils étaient fixés intensément par deux prunelles perçantes. Ils n'aiment pas obéir, non plus, surtout les bâtards. Anna ne prenait pas le moins du monde ce brave Aidan pour un garçon violent, elle lui offrait simplement une occasion de se défouler, et de bonne grâce. Cependant l'expression qu'elle arborait alors laissait présager de probables représailles. Inévitables étant un mot plus véridique encore.

Effectivement, Aidan n'était pas quelqu'un de très empathique... Et quand il lui arrivait de se plaindre, c'était dit sur un ton ironoque et en acuun cas plaintif. Il détestait la pitié. Il détestait les regards appitoyés, les mines compatissantes. Cela l'horripilait. Il ne se génait pas pour remettre à leur place ces personnes. Aidan était un gamin des rues, élevé à la dure. Il n'y avait pas de place pour la faiblesse et les geignements dans la rue. Si bien qu'au lieu de plaindre les gens, il les secouait. Il avait tendance à abandonner rapidement les personnes prises de tête et geignardes.

Voilà pourquoi il parlait si durement à Anna, sans toutefois perdre totalement son calme. mais qu'elle se bouge, qu'elle réagisse, mais qu'elle arrête de pleurer sur son sort! Elle n'y pouvait rien pas plus que lui. Il ne se lamentait plus sur sa bâtardise, il avait seulement choisi de la dissimuler aux yeux du monde. C'était son mécanisme de défense, son choix.

Elle lui lança alors à la figure qu'elle n'avait pas de place, qu'elle voulait juste tuer les drows. il eut un petit rictus :

- "Eh bien faites-le! Il y a des milliers de gens, elfes, hommes, nains ou je ne sais quoi qui rêvent de la même chose que vous! Pourquoi ne pas leur proposer vos service? Pourquoi ne pas ajouter votre épée à la leur? Parce qu'en temps que demi drow, vous allez vous faire jeter? Oui, c'est possible, mais à vous de leur prouver que votre sang n'est pas aussi perverti que celui d'un de vos géniteurs à la peau noire... c'est difficile, mais c'est faisable. Mais il faut encore en avoir le courage et sincèrement, je pense que vous l'avez."

Elle n'était pas mauvaise... Elle ne l'avait pas attaqué. Méfiante, parano, oui, dangereuse, sans aucun doute, mais ce n'était pas une meurtrière sanguinaire... Ce n'était pas une drow.

Elle finit ar le lâcher après qu'il eut vu une lueur mauvaise dans ses yeux noirs. il ne préférait pas penser à ce qui lui était passé par la tête durant ces quelques instants. Il se massa les poignets, reconnaissant volontiers qu'elle avait une sacrée poigne! Il lui lança un regard abasourdi quand elle lui demanda de le frapper. Son regard se durcit alors qu'il répondait d'une voix coupante :

- "Non."

Elle lui offrait sa joue... Elle avait quand même un grain.

- "Je ne me moquais pas de vous Anna, ou du moins, pas de façon sérieuse. Et je ne suis pas un sauveur héroïque. Je ne suis qu'un stupide voleur qui a préféré s'encombrer d'une femme à moité mourrante par honneur plutôt que de la détrousser et de la laisser claquer. Me voilà bien récompensé de ma bêtise. Mais toute horripilante et énervante que vous êtes, je ne vous frapperais pas sur commande. Vous avez beau me le demander, m'offrir votre joue, je ne vous frapperais pas. Je n'en ai pas envie. Vous êtes simplement paumée et déchirée par vos deux sangs qui se mélangent et qui n'auraient jamais du se rencontrer. Alors vous vous défoulez sur moi. Peu importe en fait et je préfère votre colère à vos pleurnicheries."

Son discours n'était peut-être pas toujours très délicat, mais il était sincère. Maintenant, il se demandait si elle n'allait pas lui sauter à la gorge. Elle ne semblait pas apprécier qu'on lui balance ses quatres vérités.

- "Et maintenant, est-ce vous qui allez me frapper?"

C'était une scène mouvementée, menée tambour battant par des pulsations cardiaques assourdissantes qui prenait place au lac de Rioska. Anna dévoilait au demi-elfe son projet de destruction envers sa race maternelle, et celui-ci lui expliquait en retour qu'il lui était possible de s'engager au sein d'une compagnie poursuivant le même but. Selon lui, en insistant bien, les chevaliers de la lumière accepteraient parmi leurs rangs une bâtarde de sombre. Peut-être qu'il avait raison, que Anna aurait le courage de faire ses preuves. Cependant la simple idée de rejoindre la société normale et de se mêler à des gens effrayait la demi-drow.

Aidan se frotta vigoureusement les poignets, qu'elle avait serrée au point qu'ils deviennent blancs à cet endroit. Une petite et indécelable lueur de satisfaction s'alluma alors dans les yeux de la nageuse, rien que le fait de savoir son geste efficace l'excitait férocement. Rarement sa part néfaste n'avait été aussi proche de reprendre le dessus. Mais comme il put le constater, Anna fit ensuite une offre douteuse à Aidan.

A laquelle il répondit par une longue tirade. Le jeune homme parlait beaucoup, ses mots semblaient sincères. Cela au moins était une très bonne chose, la limpidité du ton évitait à la demie de se poser trop de questions, elle le croyait sans peine. Par contre, pour ce qui était du reste, le sens des propos touchait au cœur.

- Je vous sais gré de votre franchise.

Toujours le doute... Allait-elle le frapper ? L'aventurière s'imagina assener un coup à son interlocuteur et sa témérité l'abandonna aussitôt. Non, elle n'allait pas lui faire plus de mal, elle n'en avait plus envie. Quelle lunatique impression Fauyeur devait donner d'elle, tour à tour pleurnicharde, colérique, puis désespérée. Au regard abasourdi d'Aidan, elle comprenait avoir réellement donnée libre cours à sa hargne, il paraissait secoué.

- Mes pleurs vous ennuient on dirait... C'est difficile pour moi de me calmer, je l'avoue. Mais ne vous inquiétez pas, je ne désire plus la violence.

Une grande tristesse intérieure envahissait Anna, ce n'était plus des larmes de crocodile ni quoi que ce soit d'autre qu'une mélancolie secrète, elle se sentait drôle et pesante. Le poids de ses tourments, elle l'avait avalée. Aidan n'avait rien fait a part l'aider, il avait aussi accepté gentiment de venir se baigner, ce n'était vraiment pas de sa faute tout ce qui lui arrivait. En plus, il avait raison sur toute la ligne. L'aventurière n'avait alors plus envie de faire trempette, elle voulait remonter à la plage, seulement c'était un dur duel contre la pudeur à mener. Elle désirait même s'en aller, se retrouver en solitaire pour se recueillir et méditer au sujet de ce qu'elle avait compris.

- Je me tire d'ici. Fit elle, ne trouvant rien de mieux à dire. Je crois avoir assez nagée et mériter un peu de solitude. Vous rencontrer m'aura été bénéfique, je vous remercie Aidan. Vous avez été génial...

Elle sourit, il était vrai que le garçon s'était montré irréprochable. Pas très compréhensif certes, mais patient, tolérant, amusant, de bon conseil aussi. Anna commença alors à rejoindre le bord du lac en marchant, dos au voleur. Le fait qu'Aidan ait avoué être un voleur ne l'ayant pas choqué le moins du monde, elle n'avait même pas ciller à l'annonce de la nouvelle. L'absence d'eau dévoila ensuite sa chute de reins, sa croupe magnifique et finalement ses jambes. Elle faisait mine de ne rien ressentir, néanmoins la gêne occupait tout son esprit. Aidan put admirer son pagne maladroit qui n'avait pas réussi à tenir bien comme il faut avec cette histoire de fausse noyade, les feuilles ayant été utilisées à sa confection s'écartaient par endroits sur des parcelles de fesses grises.

Lorsqu'elle eut atteint la plage, l'hybride se tordit le cou pour lancer un coup d'oeil plaintif au jeune homme, elle était un peu désolée de le laisser là en plan. Cependant telle était sa décision, il lui fallait... prendre ses distances. Anna alla ramasser ses vêtements, les mis en vitesse et prit une position impatiente, les mains sur les hanches. Elle n'était pas si mal élevée, la jeune femme attendait que son ami revienne à elle lui souhaiter l'au revoir pour s'en aller enfin vers d'autres horizons.

[Hj = Pop ! On va clore ce RP hein, il a bien duré.]

Aidan venait de se découvrir un talent : dompteur de fauve en colère. La preuve, il venait de calmer Anna qui avait des envies de meurtre peu de temps auparavant... peut-être que d'opposer le calme à la tempête était effectivement la meilleure chose à faire. C'était tout l'un ou tout l'autre : soit ça énervait, soit ça apaisait. Il eut de la chance que cela eut un effet lénifiant sur les nerfs à vif de la demie drow.

Elle le remercia alors de sa franchise à son égard et il se contenta de hausser les épaules. Si c'était pas malheureux de se voir remercier pour une qualité qu'on l'utilisait quasi jamais? Aidan étant voleur, il lui arrivait souvent de mentir. Mais pas cette fois, pas dans ces circonstances.

- "Les pleurs de n'importe qui me portent sur les nerfs. Je n'aime pas les gens qui s'appitoient sur leurs sorts au lieu d'agir, c'est tout. Mais je suis ravi d'apprendre que vous n'allez pas me frapper. Parce qu'entre nous, si j'avais désiré les affrontements, je serais devenu un guerrier."

Eh oui, lui il préférait fuir la violence, tout simplement. Il volait en paix, le plus pacifiquement possible et voilà. Pas de bain de sang, pas de combats, ou très rarement. Enfant, il avait été bagarreur pour faire taire ses camarades moqueurs, mais plus maintenant.

Anna prit alors congé. Elle commença à retourner sur la plage, offrant au demi elfe une vue imprenable sur son physique irréprochable. Et ne soyons pas hypocrite, il profita de la vue. Elle se rhabilla en vitesse et le regada de nouveau, semblant attendre une réaction de sa part. Mais quelle réaction espérait-elle? Il hésita, puis leva les yeux au ciel et rejoignit la terre ferme également, le corps ruisselant d'eau.

- "Eh bien... au revoir Anna. Je ne sais si cette rencontre aura été bénéfique pour moi, mais en tous cas, elle restera inoubliable."

Il lui fit un petit clin d'oeil et lui tendit la main pour se dire au revoir.

- "Peut-être nous reverrons-nous un jour et j'espère que d'ici là, vous serez en paix avec vous-même et aurez trouvé votre place."

Et finalement, il se pencha vers elle et embrassa doucement sa joue. Juste un petit baiser mâtiné de tendresse et d'un brin de complicité.

[Tout à fait =) ]

Enfin à l'abri sous son épaisse couche protectrice de linge noir, l'aventurière regardait Aidan venir à elle, avec la difficilement évitable nostalgie de la séparation. Ou plutôt un mélange entre ce sentiment et une sorte d'empressement, décidément les mélanges constituaient sa spécialité - avec le doute. Le beau jeune homme se planta face à elle et lui prodigua les vœux habituels, auxquels il ajouta un timide baiser d'amitié.

- Cela ne m'était pas arrivée depuis longtemps. Remarqua alors Anna à haute voix.

Ce n'était rien d'autre qu'une petite marque d'affection mais la demi-drow en fut émue, il lui paraissait qu'une partie des lèvres fines de son camarade était restée collées contre sa joue. La partie la plus douce, indéniablement. Si bien que le commentaire lui avait échappée, en effet ce n'était pas sa tasse de thé que de commenter les faits et gestes d'autrui, elle était devenue aussi discrète que le voleur, côté parlote. Même si celui-ci avait la langue plus déliée, seul un fou oserait prétendre le contraire.

- Espérons que les dieux vous place à nouveau sur mon chemin ! Conclut la jeune femme.

Anna ne croyait pas vraiment à l'existence de divinités à l'instar de la grande majorité des gens. En effet, sa méfiance maladive lui interdisait d'accorder sa foie aussi facilement et de plus, pourquoi le destin s'acharnerait-il sur ceux de sa race, si la bienveillance divine était réelle ? Pourquoi personne «là-haut» n'empêchait l'humiliation des demi-drow ? Cette expression n'était qu'une tournure de phrase...

Après avoir serrée la main d'Aidan en évitant toutefois de lui arracher le bras par excès de force, car elle y mettait de l'effet. Et accrocher son épée en bandoulière, Anna se détourna de son sauveur non sans lui adresser un dernier au revoir visuel, les yeux écarquillés par l'intensité du moment d'adieu. Elle disparut au bout d'une vingtaine de pas seulement, car la forêt de conifères bordait presque le lac de Rioska, la sang-mêlée y fut bien vite engloutie, hors de vue de sa passagère rencontre. L'atmosphère régnant dans les bois était pesante mais tranquille. Où se rendrait Aidan ? A Diantra, là où était sa place ? Le demi-elfe l'avait délivrée de la mort avec l'aide d'un inconnu car son ventre s'était réouvert lors du découpage en tranche d'un oiseau hors du commun. Cette blessure l'avait faite énormément souffrir, Anna se souvenait de l'interminable douleur qui l'avait tiraillée. Cependant, à présent, la cicatrice était suffisamment reformée pour laisser penser qu'il n'y aurait plus jamais d'autres séquelles de ce genre.

La tirant brutalement de ses réflexions, quelque chose de dur entra en collision avec son estomac. Il s'agissait en fait de la tête d'un nain de petite taille, il portait un sac de tole trois fois trop gros pour lui et était aussi lourdement armé. Le tissu s'effilochait par endroits, laissant voir des provisions, cette créature partait pour un long voyage et avait de la réserve. La hache à la ceinture du barbu était parfaitement dissuasive contre les voleurs.

- B'jour m'dame ! dit il. Je m'appelle Thuroc, épicier itinérant, 'me rends à Kirgan. Votre sac à l'air tout vide, je peux vous servir quelque chose ?

Anna ne s'attendait vraiment pas à trouver un marchand ambulant ici, néanmoins il tombait à pic, même si il lui avait fait mal au ventre. L'aventurière lui avait en fait rentré dedans en contournant un arbre immense, perdue dans ses pensées. Elle acheta un peu de tout ce qu'avait le barbu, et il possédait pas mal de marchandises nourrissantes à souhait. Puis reprit sa route, ayant désormais la certitude de ne pas crever de faim.

[Suite ici - suite déjà terminée depuis quelques jours hihi]

Le jeune voleur esquissa un mince sourire quand Anna lui répliqua que cela ne lui était pas arrivé depuis longtemps... Quoi? Un petit baiser amical? Ou bien ce genre de rencontre? Il ne savait pas trop, mais ne demanda pas à en apprendre davantage non plus.

Etrange Anna au caractère si versatile, aussi prompte à se mettre en colère et à devenir violente, que de nouer un lien et faire preuve de gentillesse.

Il acquiesça quand elle parla de se revoir de nouveau, si les Dieux le voulaient bien. Aidan avait une idée bien diffuse des Dieux. Il ne les vénérait pas, il les ignorait en fait, comme eux l'ignorait, c'était aussi simple que cela.

Elle lui serra la main et fit volte face, s'éloignant, non sans un dernier regard vers lui. Il eut un petit sourire, puis, une fois seul, il retira son pantalon trempé et en remit un sec, se rhabilla, se recoiffa sommairement et s'allongea dans l'herbe le temps de faire sécher sa chemise, les bras croisés derrière la tête, à contempler les nuages. Son esprit pensa alors à LilY, sans qu'il ne sache vraiment pourquoi... Il le savait déjà, tôt ou tard, il reviendrait dans la cité des hommes.

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