Les hôtes de ces bois | Cécilie - Dante

Fin 2e ennéade de Karfias
Berges de l'Olienne

Le murmure des embruns, sur le sable humide. Le vent qui frémit, dans les plumes des oiseaux. La clameur des vagues, qui reviennent, apportent, reprennent et s'en vont, encore, toujours. Le ciel s'assombrit, le ciel rougeoie dans le lointains, les infimes grains emportés par le vent griffent, collent, se faufilent. Le sable humide, qui s'écrase, se noie sous les pas, puis le sec, qui s'accroche, crisse doucement, est doux au touché. Comme repoussé par le vent marin, les arbres ploient légèrement vers les terres, bras verdoyants, résistants aux durs rayons journaliers. Le chuchotis de l'eau, celui des feuilles, celui du sable...

Un cri. Des cris. Plusieurs, qui se répondent, bondissent, s'envolent... Dans un rugissement, un éclat embrase le ciel pour s'éteindre aussitôt. Bruits d'agonis, cacophonie dans les branches, l'odeur du bois, du poil brûlé. De nouveau, le feu surgit pour disparaître, quelque part. Sons animaux, panique, cassure, piaillements de douleur, course qui se rapprochent...

Brusquement, des bêtes surgissent des bois, couvrant le sable de leurs traces griffus. Velus, presque de la taille d'un enfant, galopant à quatre pattes, ils sont plusieurs qui s'égaillent à droite, à gauche, certains surgissant plus loin, d'autres se précipitant même dans l'eau. Égarés, paniqués, certains ont le poil noircis, d'autres claudiquent et s'effondrent. Dans la confusion, le petit groupe se sépare, des individus de tous âges longeant la plage confusément... Alors qu'une boule de feule surgit d'entre les arbres, rase le sable et meurt dans un crépitement rageur dans les flots salés.

Suivant la piste des bêtes, un grand drow surgit d'entre les troncs noircis. Crasseux, un long entrelac grisâtre, autrefois crinière, raclant ses omoplates, son cuir noircis de plaies et blanchis de cicatrices, l'être avance à pas lourd, seulement vêtu de peaux miteuses lui ceignant les reins. L'une des larges pognes tient la carcasse de l'une des bêtes, noircie, gémissant encore, alors que lui... Lui avance, insatiable, fatigué, blessé à la hanche où vibre une plaie écarlate, le corps vibrant d'une énergie rude, lourde, qui laisse présager la violence dont il est capable. Dont atteste encore la voie noircie derrière lui. Impénétrables, les mires écarlates fouillent l'espace soudainement dégagé.

La journée est belle… Le ciel est bleu, les oiseaux lancent leurs appels. Le ressac de la mer se fait entendre. Le vent joue dans ses cheveux dénoués, les faisant allègrement voler en tout sens. Ici tout est calme. Depuis le temps qu'ils viennent, il n'y a jamais personne. le boisé les protège relativement des importuns. tandis que la pente douce leur donne un bel endroit pour se détendre, une plage secrète connue que d'eux seuls. ou presque.

Durant ces moments bénis, Dante a développé l'habitude de laisser le soleil caresser sa peau hâlée. Cette douce torture, cette douce chaleur lui plait. Indubitablement, infiniement. Plusieurs fois, il a déjà saisit au vol le regard admiratif de sa moitié détaillant le paysage de sa chair sous ce nouvel éclairage. Ses yeux les décryptaient avec autant d'attention que ses doigts lorsqu'elle était contre lui. Le sable qui lui racle la peau, le sel qui lui assèche l'épiderme, gratte ses cicatrices et ses scarifications . L'oisiveté ne peut durer indéfiniment certes, mais il n'a pas le courage d'y mettre un terme. Sa Ténébreuse est heureuse et ca lui suffit. Elle fredonne, parfois sans même s'en apercevoir. Détendue. Peut-être trop. Sa blessure est guérie, bientôt ils devront se remettre en route. Ils devraient en discuter… Mais ce n'est pas le moment. Savourer l'instant présent est tout ce qui compte.

Ils ont passé l'après-midi sur la plage. Ils ont parlé de choses sans importance. Elle a trouvé un coquillage d'un blanc nacré, le brandissant avec la fierté d'une enfant ce qui a amené un éclat de rire de son compagnon, rire qui a effrayé les goélands qui se sont envolés en une nuée cacophonique. Comme promis, elle a passé de longues heures à tracer dans le sable des schémas et des croquis pour illustrer les concepts de base de la magie. Expliquant. Réexpliquant. Tentant même de faire comprendre avec ces premiers principes pourquoi elle passe de longues heures à méditer pour tenter de comprendre les Lamentations sans réussir à percer tous leurs secrets. Attentif, Dante regarde tout ça, mais n'y comprend rien... Les schémas et les croquis entrent en contradiction profonde avec la façon dont il a été lui même façonné par la vie. Il s'y applique cependant avec la volonté et le sérieux qu'il a quand il se donne un but. A défaut de comprendre, l'assassin mémorise les concepts pour y réfléchir plus tard.  Au point que ce soit elle qui décrète la fin de la séance. Puisque, d'après elle, rien ne fixe mieux les souvenirs que de changer d'activité, elle traine son Chasseur vers les vaguelettes turquoises de cette mer qu'elle aimait tant. Sans se faire prier, l'homme la suit. Un bon moment passe avant qu'ils ne rejoignent la plage.

Cécilie ne passe qu'une simple chemise de lin blanc lui arrivant aux genoux, laissant à terre le reste des vêtements qu'ils ont rassemblé ces derniers temps. Le soleil commence à descendre, rougissant le ciel, les flots, et la crinière de la jeune femme. Ainsi, de pur blanc et de flamme, dos au soleil couchant. Le bleu surnaturel de ses yeux et le teint laiteux de son épiderme délicat n'en sont que plus flagrant, tranchant.. Feu et glace.  

On peut fuir sa nature, mais notre nature nous rattrape toujours. Ils peuvent vivre comme n'importe quel couple, mais ils restent néammoins de l'autre côté de la barrière. Là où hurlent les loups et saignent les moutons… Un cri. Des cris. Plusieurs, qui se répondent, bondissent, s'envolent... Dans un rugissement, un éclat embrase le ciel pour s'éteindre aussitôt. Bruits d'agonies, cacophonie dans les branches… .

Ils sont déjà debout. Dante s'immobilise, droit, regardant vers les bois la tête haute. Son coeur, étrangement, ralentit la cadence. Penchant la tête, ses longs cheveux lui tombent devant l'oeil marron qui s'obscurcit d'indécision. Par réflexe, un oeil vert blanc cherche Cécilie. Elle ne le regarde pas.

- Un mage. Puissant. Pyromancien. Seul. " laisse-t-elle tomber, l'oreille tendue dans la direction des lueurs.

Ses yeux perdu dans le vague ne servent pas à grand chose en cet instant. Attaqués, ils ne l'ont que rarement été ensemble. La légère tension qui raidie les épaules de la belle parle pourtant sans détour : ce qu'elle entend, elle le considère comme une menace.  En contrepartie, l'assassin va chercher son ceinturon et l'enfile prestement. A ses hanches la dague Zurthane et une autre, apportée par Tessa. Elle n'a pas de nom, n'en aura probablement jamais, mais elle remplit son office. Il ne met pas sa chemise, il n'a pas le temps. Par contre, l'homme renfile ses bracelets de force, autant pour protéger ses poignets que pour lui offrir une force de frappe supplémentaire. Son arc est resté à l'auberge ainsi que la majorité de ses affaires. De fort mauvaise humeur est il d'être à nu comme ca…

Le temps qu'il s'équipe, Cécilie à reculé d'un pas. Elle ne s'est pas ruée sur ses affaires. N'a même pas passé son pantalon. La lumière passant à travers sa chemise révèle parfaitement sa silhouette si frêle. C'est son expression de glace qui a quelque chose d'inhabituel. Régalienne et tendue, elle l'est dans l'adversité, mais cette façon de fermer les yeux, tendant littéralement l'oreille avec une concentration totale... Comprendre était plus important que de se préparer à fuir, car ce qu'elle entend ne peut être réel...

C'est une... bête. " souffle-t-elle en rouvrant les yeux.

A peine a-t-elle croisé le regard de Dante, qu'une chaleur inexistante se propage sur le côté droit de son corps. Ses réflexes sont loin d'être ceux de son Chasseur, mais sa perception des choses est différente... heureusement. Sans réfléchir, elle saute sur le côté, se retrouvant à moitié allongée dans le sable tandis qu'une orbe de flamme passe là où elle se trouvait une seconde plus tôt.

Pour l'homme c'est ce foutu frisson qui lui remonte le long de la nuque qui le fait bondir hors champ, lui sauvant la peau. Il pourrait s'occuper de Cécilie, mais Dante sait qu'elle n'a rien, elle n'a pas crié, il n'a pas senti de chair brûlée… Pour le reste, il lui fait confiance. Ils sont un…

Ce truc par contre a voulu la buter. D'un coup, il devient plus coulant, semble rétrécir de quelques centimètres. Les bêtes s'égaillent  autour d'eux, enflammées... Souffrantes... L'odeur de poil et de chair brûlée lui monte aux narines… La Bête déroule ses anneaux. La prunelle marron tourne au miel, la verte devient radioactive tandis qu'il se tourne vers la silhouette qui vient de sortir d'entre les troncs brûlés. Un sourire fou, mauvais aux lèvres. Et ils accrochent le regard de l'assaillant, là-bas, à la lisière du boisé. Quel spectacle doit il offrir en cet instant précis, les scarifications rituelles de son torse parfaitement visible. Prière appelant, par la destruction de cette chair, l'appel à la Destruction. Cette chair mutilée arborant des scarifications perpétuellement renouvelées, rafraîchies... Cette chevelure noire cachant à moitié le visage de cet être qui, en comparaison de lui, a l'air d'un enfant… De cet éphémère qui le contemple de son regard double. Il tient terrain, attirant l'attention de l'assaillant sur lui afin que sa compagne puisse se préparer.  L'oeil exercé détaille le truc. Sale, mal nourri, couturé de cicatrices… Le regard sanguin lui retourne la même inhumanité que la sienne… Celle qui se déploie, ravie, en cet instant. Emplissant son être. Ce truc, pressent il confusément, pourrait être parfaitement lui. Et ils s'en foutent royalement au final.  

Avec des entrechats souples vers la droite, l'assassin s'éloigne de la jeune femme. Derrière eux, les animaux se sont tus, s'éloignant à toute vapeur entre les rochers de la plage.  Ils ne quittent pas l'autre du regard, ne tolèreront pas qu'il porte son attention ailleurs. Ce truc a failli tuer La Maitresse des Lamentations…  Maintenant, ils veulent sa mort.

Pulsation. Ce qui le secoue. Ce qui l'agite encore. Un pas, après l'autre. Le regard de sang qui balaye, voit les éphémères, ne s'arrêtent... Qu'à peine. Clignement de paupières, il cherche à nouveau, ses lippes crispées, légèrement relevées en un rictus incertain. L'étendu de sable, le bleu de l'eau... L'air marin le fait frissonner. Un pas, après l'autre. La silhouette, qui s'est levée, s'avance... Le sombre s'en détourne, sans s'arrêter, s'accrochant, remontant la piste des griffes sur les grains, des touffes de poils noircis. Le battoir compresse la chair encore vivante, sans qu'il y pense. Son flanc le tiraille, son corps le tiraille, la chuintement incessant de l'eau, le crissement des pas sur le sable. Siens. Autres. Ombre en bordure de vision, qu'il ignore, sans intérêt... La vie. Il cherche la vie qui fuit, il cherche les cris, les pulsations vives. Il cherche... Une crispation. Un pas qui se rate. Auquel succède un autre, qui réussit. Lourdement.

Au loin, les bêtes continuent de fuir. Grimpant les rochers, le voyant venir, elles continuent, creusent la distance... Et retournent brusquement sous le couvert végétal.

Le pas qui ralentit. Le poids qui s'alourdit. Le sombre regarde sans voir, son souffle lui raclant la gorge. Déçu. Vague déception. Ventre creux, cœur vide, esprit... Absent. Retrouver l'équilibre pour demeurer, simplement, douloureusement, debout. La tête tourne vers les arbres, le bras se lève, lacéré de marques blanches comme de veines saillantes... Mais retombe. Là. Il le sent. Une inspiration, une sensation, que la face se tourne vers la mer et elle voit. L'éphémère. Du bruit. Une ombre. Quelque chose qui l'indiffère. Pourtant... Quelque chose, qu'il sent. Quelque chose qui le tiraille. Quelque chose qui lui dit de montrer ses crocs. Déjà visibles, par sa grimace esquissée, crispée, qu'il ne relâche ni n'étend. Mâle. Replié. Fixant. Croisant le regard rouge... Las. Froid.

Entre les doigts raides, l'animal gémit. A ce frémissement, le drow réagit. Serre. Serre. Serre. Sans réelle attention. Le regard flou, perdu entre l'éphémère debout et la mer, au ressac clamant, au ressac claquant... Assourdissant. Paupières qui se ferment. Se rouvrent. Froissement de la chair, la chose frémit dans sa pogne. Frémit et meurt. Liquide coulant, gouttant, sombre sur le sable clair. Ventre creux. Ventre crevé. La faim, quelque part... Qui a relâché son entreprise et le laisse. Là. Las.

La silhouette, qu'il entraperçoit. Quelque chose qui le picote. Quelque chose qui veut l'agiter. Quelque chose qui tente de le raviver. Dans le visage usé et gris, il n'y a rien, rien que le vide, l'usure, la fatigue, des creux qui font des pointes qui les séparent d'autres creux. Les crocs se devinent sous les gencives. Il le sent, là. Qu'il devrait... Bouger. Menacer. Rien. Rien ne vient. Rien qu'un chuintement qui lui assèche la gorge, la racle et la cisaille, en un son haché. Un rire. Si peu de temps. Le temps que le large torse tressaute, puis se vide. Amplement. Plus creux encore. Sous les masses tirées des muscles se devine le dessin des côtes.

<< Quand on te dis que ça va aller

Les cendres sont froides >>

Cette chose... Plus morte que vivante... Cécilie l'écoute.

Ses jambes nues étendues dans le sable, elle n'a pas le réflexe de se relever. Ce qui vient d'apparaitre entre les arbres est trop surprenant pour ça. Elle cherche... Et elle ne trouve que le néant. Il n'est mu que par l'instinct. Il n'est vivant que par une étrange obligation. C'est une bête, plus animale qu'humaine... ou dans ce cas, plus animal que... drow ? Peut-être ?

Ce rythme lent, poussif, crevé... Elle n'a jamais entendu une essence aussi... détruite. Les légères fêlures qu'elle perçoit dans son propre rythme ou celui de Dante ne sont rien par rapport à ces arythmies, et cette vibration essoufflée. Pour la première fois, elle entendait non pas une âme en train de craquer... Mais une qui était déjà tomber en milliers d'éclats et continuait à battre malgré tout. C'était la toute première fois. Et ça n'avait pas de sens...

Elle passait au travers de lui sans rien arracher et sans avoir à prendre de précaution. Il n'y avait plus d'égo. Plus de sentiments complexes. Plus d'émotions. Si elles existaient encore quelque part, elles étaient si bien refoulées qu'elles n'étaient plus perceptibles.

Une bête sauvage à l'essence mise à nue...

Elle l'écoute et le regarde à la fois, fascinée. Il approchait un peu, plus perdu qu'agressif. Immonde. Effrayant. Mais placide.

Elle se pencha soudain en avant. Elle venait de repérer quelque chose d'étrange dans ce désert de cendre... Doucement, elle se releva. La bête lâche une sorte de rire poussif, fou qu'il est. Mais elle est là, méfiante. Au lieu de simplement écouter, Dans son dos, sous sa chemise, les mots apparaissent, couvrant jusqu'à ses flancs alors qu'elle s'enfonce avec plus de précautions vers cette anomalie... Cette magie totalement étrangère qui le lie à... autre chose. Une magie sauvage... Non. Plutôt naturelle. Qui reste active sans qu'il n'y prête la moindre volonté et qui est cramponnée à lui... comme une minuscule Lamentation.

- Méfie-toi... Il est lié à quelque chose de magique... Je n'ai jamais senti ça... "

Elle n'ose toucher à ce qu'elle sent. De toute façon, elle doute d'avoir même la technique suffisante pour interagir avec une chose pareille. Et puis elle ne sait pas ce que ça déclencherait... Mais elle a envie de savoir... De comprendre ce qu'est cette chose... Son combat intérieur défait la précision de sa concentration. Avant qu'elle ne puisse réajuster ses investigations, peut-être la bête brisée aura le temps de la sentir roder près du lien qui reste encré en lui quoi qu'il se passe.

Bon, alors ce truc est relié à autre chose… Et aux paroles de Cécilie, l'ennemi tourne la tête vers la jeune femme qui se relève. Le contraste est saisissant, Humanoïde à la race indéfinie faisant face à la sublime jeune femme qui a toute son attention semble t'il. Il ne s'occupe plus de l'ombre qui quitte son champ de vision, ayant changée de tactique.  

On pourrait croire qu'il fuit mais non… La Bête est en chasse, utilise les rochers comme couverture. Cécilie peut entendre les tambours de guerre. Le pied Nu s'enfonce dans le sable fin faisant un cercle concentrique parfait   autour de l'inconnu. Pour apparaitre à un peu plus de 5 mètres dans son dos.

Un grondement sauvage peut faire dresser les oreilles du Sombre. La tête penchée par devant, juste à côté d'un gros rocher, avec les arbres dans le dos, l'assassin est là. L'Errant est encerclé et s'il reste un instinct de survie, il doit sûrement se demander lequel des deux éphémères est le plus dangereux. Le grondement est plus grave, plus bas encore que ce que la Maitresse des Lamentations a connue à ce jour. Un grondement agressif et possessif.

Le pied nu s'avance, mais sans qu'il fasse un pas. Dans sa tête, ca discute stratégie.

S'il attaque Cécilie on lui tombe sur le râble…
Wais, s'il incante vers elle?
Un coup de couteau dans les omoplates. Il pourra pas nous gérer à la fois. Il a un choix à faire.
Il sait… Ya un risque. Techniquement on est les plus dangereux.  
J'avoue que ca aurait été mieux qu'il sache pas, elle aurait pu le bouffer pendant qu'on l'occupe.  
Ca a des oreilles pointues… C'est trop sombre pour un elfe même si c'est dur à dire.
On peut le provoquer…  
Tu pense qu'il a encore un cerveau quelque pat dans ce que ta femelle a détecté?  
Si on l'énerve, on aura l'avantage… Et puis, pourquoi pas jouer au chasseur chassé?  
On lui offre quoi comme apéritif? Allez mon grand, ca fait longtemps que j'ai pas entendu Ma Prière traverser ta grande gueule…  
Si ca prend juste ca te faire plaisir…  

Un sourire suave, doux, éclaire les traits du damné. Il commence la Prière à Zhak'Bar qu'il ne récite jamais en présence de Cécilie habituellement. Mais il la récite avant chaque chasse… La voix grave commence la litanie.

Xal a l'aphyon d'ussta siltrin, xal l'Elge doer wun nindol tresk'ri
que par la mort de ma chair, la Destruction  prenne vie en ce monde [/color]

Tandis que la voix plus grave encore, animale, s'élève plus fort pour l'arcaniste.
Ta faim?

Les deux prunelles, de miel et de ce vert malsain, attendent, se préparent. Les bras légèrement écarté, comme s'il s'offrait au bon vouloir du gus devant lui. Quiconque le connait par contre, ne se laisserait pas abuser devant ce don manifeste de sa personne… Les lèvres continuent leur prière sacrificielle au dieu de la Destruction. Cette même prière qui est gravée dans sa chair et son âme au fer rouge.  

Là. Une sensation. Un effleurement. Atypique. Les mires sanglantes se sont portées sur la femelle. Une grande inspiration. Regard fixe. Visage creux. Ses pas se sont suspendus. Il est figé, cerné, sans paraître concerné. Juste... réagir. Réaction à ça. Réagir à l'immatériel. Yeux grands ouverts, respiration presque éteinte. Pulsation régulière d'un cœur pesant, attention dérangeante d'un être comme vide. Les lippes ont frémis, demeurent incertaines, retroussées légèrement. Mais... Les sons. Les sons qui l'atteignent. Les sons qui font échos. Les sons qui... Le sombre se retourne vers l'humain, qui ne se cache pas. Les battoirs se crispent, s'entrouvrent, se courbent, craquent... Le cadavre animal tombe. Chuchotement du sable. Indifférence du sombre. Il a entendu.

Le regard de sang qui se fixe sur cet être intrus. Les crocs sont davantage visibles. L'esquisse d'un rictus. Et... Les mires voient. Les mires fixent, suivent, les marques sur la chair. Le souffle du sombre suinte. Les paupières s'ouvrent sur encore plus de rouge. Les sourcils nuancés de gris se froncent, vacillent. La gueule carnassière s'entrouvre, alors que les lippes frémissent. Bougent. Forment, infimes mouvements, les sons.

Le géant vacille. Un pas. En arrière. L'écarlate fixe le vide, entre le visage et le torse. Sans voir. Les paupières restent fixement ouvertes. Les mires s'assèchent. Un liquide tente de les protéger, en vain. Car les yeux fixent. Fixent, se perdent, ne voient pas, pas ici, pas maintenant. Un pas, puis un autre. Souffle bloqué. Mâchoire tremblante. Les muscles tressaillent. La grande carcasse vibre. Lentement, il recule.

Elle frémit en entendant Dante entonné sa prière. Maintenant qu'elle la comprend, elle l'apprécie encore moins. Mais c'est son contrat... Son combat... Que cet étranger est peut-être en train de relancer. A cette pensée, l'agacement lui monte au nez. Peut-être qu'il se serait mu en colère si elle n'était pas à ce point intrigué par le sombre animal qui se tient entre eux...

... Et qui recule vers elle. Ou plutôt, il s'éloigne de Dante. Un pas. Puis un autre. Maladroit. Lourd. Il tient à peine debout et ses muscles noueux semblent s'être ratatinés sur une charpente trop large. Elle ne voit pas son visage, mais il est clair de là ou elle est, que Dante le terrifie.

Elle fronce les sourcils, perplexe, sans s'éloigner de lui pour l'instant. Cette bête étrange est-elle terrifiée par Dante... Ou par les mots qu'il vient de prononcer en langue sombre. Pour éviter de l'effrayer, elle glisse dans le sable chaud pour sortir de l'ombre de l'étrange créature, s'éloignant un peu de la trajectoire qui le conduit peu à peu vers la mer. Juste un peu. Après avoir remâcher ses mots - et constater qu'elle manquait vraiment de pratique - la jeune femme articula avec précaution :

- Vel'uss tlu dos ?
Qui est-ce que tu être ?

Les sons. Les sons qui résonnent. Les sons qui aiguillent. Les sons qui... Un pas après l'autre. Lourd. Frémissant. Les mires fixent. Les lippes se crispent. Lentement, les crocs se font plus visibles. Brusquement, l'autre bouge. Vif mouvement de tête. Une femelle/. La gueule se referme. Les crocs crissent. Les battoirs se closent en poings durs. Le grand torse s'emplit, erratique. Le souffle s'étrangle, est rauque. Les veines se tendent. Les muscles se contractent. Un infime tremblement. Un faciès lacéré par un rictus. Déchiré par la tension. Les mires écarlates larmoient sans ciller. Fixent, vacillent... Un pas, après l'autre.

Répétés. Les sons. Insistant. Présents. Frappants.

Soudain... D'autres. Autre rythme. Autre hauteur. Autre se... Brutalement, le faciès est vide. Le regard sanguin regarde la femelle, comme surpris. Cligne des paupières. Comme perdu.

Les sourcils se froncent. Le regard baisse, cille, vacille. Les mains s'ouvrent, se crispent, hésite. Le géant semble se replier en lui même avec un rictus contrarié. Les mires s'agitent, tressautent. Les épaules se lèvent comme pour charger, encaisser... Et retombent rapidement. Les paupières se lèvent sur un regard las. Le sombre se détourne, sans un mot. Désintéressé. Vide. Fuyant regard comme présence. Contournant l'éphémère qui s'interpose. Se dirigeant vers les arbres à pas lourd. Chaque pas est plus ample et rapide que le précédent.

"Que par la Destruction vienne la purification... "

Le coeur de l’homme ralentit, ses perceptions s’affinent. Les bras toujours ouverts, Dante s’avance gardant la même présence, la même distance d’avec l’inconnu. Cécilie dit quelque chose, mais il n’en tient que plus ou moins compte.

Les sourcils se froncent. Le regard baisse, cille, vacille. Les mains s'ouvrent, se crispent, hésite. La femelle recule d'un pas, prête à fuir. Le géant semble se replier en lui même avec un rictus contrarié. Les mires s'agitent, tressautent. Les épaules se lèvent comme pour charger, encaisser... Et retombent rapidement. Les paupières se lèvent sur un regard las. Le sombre se détourne, sans un mot. Désintéressé. Vide. Fuyant regard comme présence. Contournant l'éphémère qui s'interpose. Se dirigeant vers les arbres à pas lourd. Chaque pas est plus ample et rapide que le précédent.

"Que par la purification les Fils du Prime Dragon se lèvent, forts et fiers."

L’energumène s’approche maintenant Mais l’assassin tient son terrain, reste directement entre lui et sa fuite eEntre eux la proie du géant. Même ainsi, le Sombre semble écraser l’humain de son ombre, le réduisant à la taille d’une poupée en comparaison.

- Attendez ! " Pour la seconde fois, la jeune femme appelle la créature, suivant ses mouvements pour ne pas se retrouver trop loin. Elle entend la prière comme un bruit de fond qui l'empêche de ce concentrer pleinement. Elle préfèrerait ne pas avoir à mettre le feu aux poudres, mais cette chose est trop intrigante pour qu'elle la laisse partir ainsi.  " Qu'est-ce que vous êtes ? A quoi êtes-vous lié ? C'est ce qui vous a mis dans cet état ? "

Le sombre secoue la tête. Des sons. Moucherons. Gêne. Il ne regarde pas. L'être devant lui... Il le bouscule sans agressivité. Un geste d'agacement. Un rictus d'agacement sur son faciès. Lourd, si lourd... Et eux qui ne sont que du bruit. Ses gestes se raffermissent

Il veut l’écarter de son chemin mais ne rencontre que le vide. Souple et rapide, Dante esquive en un arc de cercle souple profitant de sa taille et de sa stature moindre . Le pied de l’homme s’élève, faisant un croc en jambe au colosse

- Non ! " Le mot frappa l'oreille de Dante une seconde trop tard.

Lent. Balourd. Ses pieds qui se dérobent. Le corps s'effondre avec un grognement. Un genoux heurte le sol. Les mains ensuite. La plaie à son flanc palpite. Perle, le rouge.

L’odeur du sang, capiteux, fait saliver l’assassin qui se recroqueville sur lui-même, pret a attaquer. Une belle proie au sol, voilà ce qu’il voit. Il gronde sourdement, dévoilant ses dents blanches et droites. Il ne pense plus. Ils ne sont qu’un.... dédié à la chasse et à la mort... Seul le « non» de la jeune femme le retiens d’assouvir sa Faim.

Dans les quelques secondes qui séparent l'amorce du coup de la chute de la créature, Cécilie avait commencé à incanter. Les murmures qui franchissaient ses lèvres pâles comme la mort n'étaient plus compréhensibles par les vivants. Ses yeux rendus d'un noir abyssal par ses pupilles dilatées à l'extrême étaient braqués sur la chose à genoux.

L'éphémère qui s'agite. L'autre qui murmure. Ses sens qui le tiraillent... Le colosse contemple la poussière, terre craquelée, la respiration imperturbable... Un ronflement. Rauque. Heurté. Rire en réalité. Sans se soucier de sa plaie, le sombre se relève.

Le grondement de l’assassin se tarit, laisse la place au silence. Toujours ramassé sur lui-même, l’homme reprend sa place sur la trajectoire de l’autre. Lui couper la route pour laisser à sa maîtresse le temps qu’il lui faut. Les prunelles dépareillées ne quittent pas celles du drow tandis que son coeur bat lentement.... que son souffle ralentit, se fait quasiment imperceptible, plongeant le corp abîmé dans l’immobilité de la chasse. Ainsi recroquevillé il n’est pas impressionnant et d’ailleurs ce n’est pas son but. Son objectif est d’être  efficace.

Ce qui n'est pas exactement celui de sa compagne. Des mots et des dessins aux couleurs changeantes s'étalaient sur la peau de la jeune femme. Au fur et à mesure que le sort se tisse, elle se rapproche du tambour crevé qui sert d'essence à cette chose sauvage. Derrière le corps. Derrière l'esprit. Cette chose faite de volonté, que d'aucun pensaient porteuse du libre arbitre. Cette chose qui pouvaient influer sur les Arcanes. Et comme un boa, elle glissait de plus en plus proche, précautionneuse, discrète. Elle l'enserrait dans ses anneaux pour le plier à une volonté qui ne serait plus sienne, mais elle ne baissait pas sa garde. Si l'état délabrer de cet être lui avait permis d'avancer profondément, elle surveillait l'instant ou l'instinct de survie frapperait. Le moment ou l'essence elle-même de la créature s’apercevrait que quelque chose n'allait pas et engagerait le combat contre la domination qu'elle essaierait de lui imposer.

Lent. Affaibli. Résolu mais sans grande énergie. Indifférent à l'agressivité de l'un. Ignorant les murmures de l'autre. Avancer, seulement avancer. Des bruits. Des ombres. Qui disparaitront bien assez t-... Presque debout, le géant vacille. Cligne des yeux. Son être se fige. Frémit. Il l'a senti. La sent. Là. Maintenant. Sensation insidieuse. Mires sanglantes s'écarquillant. Souffle s'étranglant. Un étaux sur un cœur erratique...

Rugir. Il le devrait. Se débattre. Frapper. Tuer. Seule la lassitude répond. Le poids. L'écrasement. Une respiration rauque, alors que le regard se trouble, que les épaules s'affaissent. La présence, là... Intrusive. Immonde. Rugir, lacérer, étrangler... Il le devrait. Mais, en cette instant, le géant ne parvient qu'à trembler de faiblesse.

Un raclement. Un chuintement. Heurté, malhabile, sec, désagréable. Entre les crocs de la tête basse, rampe un grondement rauque, presque informe. Épuisé.

"...Vri...ne'wi...nith..."
...A...rrêt...e.

Dans la tête de Dante, ca discute ferme…

C'est quoi ca?
… Je sais pas mec, mais il fait dur…
Ya l'air d'un bagron moribond, il dessouffle… Ca vaut tu la peine de gaspiller de l'énergie là dessus? Il doit être immangeable…
Ta changé d'idée, tu le veux plus?
T'en voudrais toi?
… Non, y'a l'air plein de parasites en plus, faudrait que je nous purge après pour pas choper de cochonneries…
Moi non plus j'aime pas trop ca quand tu nous purge.
Mais il est trop proche de Cécilie à mon goût.
Tasse toi de son chemin, qu'il aille crever tranquille…
…
Quoi? s'exclame la Bête, irritée de s'être faite déranger, finalement, pour un minable…
Laisse moi tenter un truc. Il a faim… Si ca l'allume pas, rien le fera…

L'humain, devant les paroles du colosse, se redresse et se relève, les yeux réduits à deux minces fentes incandescentes, ne bougeant pas d'un iota. Vicieuse sort de son fourreau sans un chuintement, avant qu'il ne se taillade l'avant-bras légèrement, ajoutant une plaie à la mosaïque de cicatrices qu'il arbore. L'odeur du sang, l'appel du sang se fait, liquide vital qui suinte légèrement de l'épiderme malmenée.

Un pas, deux de reculons. Feintant la retraite. L'éloigner de sa compagne… A tout prix…

-T'as faim du con?  Viens me bouffer… 

Mais rien. Toujours rien. Rien que cette grande carcasse qui vacille sous le simple mouvement que fait sa tête tuméfiée pour tendre une oreille du côté de Cécilie. Elle sent son attention bien qu'il n'ait pas posé les yeux sur elle. C'est à elle qu'il vient de s'adresser, elle n'en a aucun doute. Mais la langue est si pataude et l'accent si prononcé qu'elle ne comprend pas le mot. Seul le ton l'interpelle. Épuisé. Rocailleux... Comme si une montagne de s'effondrer sur elle-même. Usée par les siècles. Appesanti par la douleur. Depuis combien de siècle l'agonie de cette créature dure-t-elle ?

Il y a un moment de flottement, l'éternité condensé en quelques longues secondes, entre les trois êtres.

Il n'a pas faim?!.... La Bête est étonnée....
  non pas  faim ni Faim s’il avait si Faim il essayerait de nous bouffer… Il avait la dalle en sortant du bois… Il chassait
Alors qu'est ce qui a changé?
Je sais pas. Nous? Il a essayé de nous buter et maintenant ils nous touche pas.



Brisé, le Sombre l'est autant que ce qu'il parait être. Son esprit se cabre à peine, pourtant il sait que les Lamentations se fraient un passage. Il sent qu'elle s'est immobilisée à sa demande. Par contre, il ne peut savoir qu'il s'agit de pragmatisme et non de pitié. Si elle va trop loin, il est si faible qu'il lui semblait prêt à tomber en poussière entre ses doigts. Elle a la preuve qu'il sait parler à présent, et elle a l'attention qu'elle cherchait. Alors elle recule, s'immobilisant tout de même, prête à fondre à nouveau vers l'essence de cette créature intrigante. Sa voix avait encore les relents d'outre-tombe des vers nisetiens lorsqu'elle s'efforça d'articuler de son mieux :

- Vel'bol tlu linked ulu dos ?
Quoi être lié à toi ?

Suspendu, son souffle. L'avancée monstrueuse. Le regard las se porte par delà l'épaule. Vers la femelle... Près de lui, le mâle râle. L'indiffère. Ne lui importe, l'indispose, que la présence là où le regard ne porte pas. Vague rictus, frémissement du visage. Quoi... Les mires écarlates cherchent sans voir. Retombent, finalement, dans l'oubli des paupières mi-closes. Respiration, qui le tiraille, chuintante. S'esquisse l'ombre d'un sourire... Qui meurt presque aussitôt. Les mâchoires s’entrouvrent... Se referment. Un grondement, presque... Plaintif, essoufflé. La tête retombe, fuit les regards. Les épaules tremblent... Alors qu'il rit. Rire sec, éphémère, sans joie. Le rire, lui aussi, trépasse. Le poids, qui écrase ce qui n'est pas lui. Dans le silence, un nouveau chuintement.

"...Uss...ta...xuz."
...Ma...fin...

L'humaine fronce les sourcils. Elle n'est pas sûre de comprendre... Enfin elle est même sûre de ne pas comprendre. Très bien, il appelle la mort de ses veux, mais le sort qu'il y a en lui n'a rien de mortel... enfin ça n'a pas l'air... Pour ce qu'elle arrive à en saisir, c'est à dire rien ou presque.

- Nau... Faer wun dos.  Vel'bol tlu ol ?
Non... Magie dans toi. Quoi être ?

Dante se redresse de toute sa taille, penchant la tête de côté il examine attentivement le colosse
Distraitement, il porte son estafilade à sa bouche et lèche la plaie, tout en ne quittant pas le truc d'un regard incandescent… l'assassin réfléchit. Sa fin... Le sens du mot fin se décline en plusieurs variations.  Certaines hors de propos qu'il ne prend même pas la peine d'examiner.

 -Sa fin?… Une dame quelque part à laquelle il est lié?
 -Non, s'il était vraiment comme un chien, elle serait pas loin et il serait plus agressif… De toute façon, t'a déjà entendu quelqu'un appeler sa compagne sa fin toi? Sa finalité?
-Ca se pourrait, mais si ce gus court après il resterait pas comme ça sans rien foutre… Chaque respiration serait de trop. Non, sa fin… Son but?…
-On tiens quelque chose là je pense.
-Ta gueule et laisse moi penser une seconde…

Il récapitule tout ce que Cécilie lui a dit, l'attitude, les réactions du drow.Ta fin... Quelque chose au bout... Vide.... Mort.....

Une hypothèse folle traverse Dante...

"Aliénor... Nous pensons que c’est un dédoublé et qu'on lui a pris l'Autre, .... Demande lui s’il sait où son double est.... Toi, il te répond."

Les yeux de la belle s'arrondissent légèrement. C'est une possibilité... et loin d'être idiote avec ça. Mais il y a quand même un immense problème...

"Euh... Comment tu dis 'Double' ?"

C'est une bonne question, un concept inédit. Il y a une seconde où Dante réfléchit à la formulation adéquate. Puis la voix grave lui répond lentement.

"Dans le contexte actuel je dirais ça:  vel'klar Zhah l'byr wund dos? Vite de même, je ne trouve pas mieux.
Où est l'Autre en dedans de toi?

Lentement, le géant s’est crispé. Les mires sanglantes fixant la femelle... Puis le mâle qui le lui retourne de fort étrange façon. Ses oreilles, dans la crinière sale, frémissent . Les tripes qui se nouent, un grondement sourd qui rampe dans la gueule... Silencieux, les bras toujours écartés, la dague Zurthane en main, l’humain se prépare à l’éventuelle attaque. Cecilie n’a pas statué si elle le voulait ou non. Tant qu’à eux, ils passent leur tour. A leurs réflexions, le sombre se hérisse. A leurs questions, il ne répond pas. Sa gorge se tord, racle, grogne... Ce n'est qu'à force de répétition que se distingue un mot, rude et rauque. Un frisson de mauvais augure parcoure la nuque de Dante.

"...vvVENORRRSHhh."
...SILENCE.

Il en a profité pour bouger. Emporté, l'être affaibli s'est ranimé, se mouvant. Difficilement. Décidé. La magie est attirée... Et en un instant relâchée, grossière. Une bourrasque, brutale, qui enrage et tournoie autour de l'élémentaliste, balayant les éphémères. Par réflexe l’assassin se planque derrière le rocher, ça n’empêche pas le vent de lui fouetter violemment le visage, de lui piquer les yeux...Il se cache le visage d’un bras. Les grains de sable tempêtent et piquent, le géant vacille aussitôt, pris d'un vertige... Et se jette en avant. Le premier pas est lourd. Le second puissant. Arrachant à sa carcasse cette énergie si rare, le sombre s'élance dans les bois.

Un cri aiguë. Bref. Cécilie s'est protégé le visage des deux mains, mais soumis à la surprise, les marques vacillent. La magie, telle un serpent, se tortillent et s'échappe pour se transformer en dragon. Encore à distance de sa cible, le sort ne trouve qu'une direction à suivre. Celle d'où il vient. La mage en a conscience. Les lamentations bondissent... Mais sa concentration n'y est pas. Une vague de feu glacial la percute de plein fouet, se répandant en elle comme un coup de foudre que les Lamentations tentent d'absorber. L'encre de ses marques la brûle. Leurs couleurs ternes devient vive, illuminées de l'intérieur. Des dizaines de fer chauffés à blanc se posent sur sa peau.

Les bras serrés autour d'elle, la tête rentrée dans les épaules, elle tombe à genoux avant d'être renverser par la bourrasque. Prostrée. Mâchoires crispées sur un cri qui ne quittera pas sa gorge.

Au bref cri de sa compagne, le coeur de Dante ne fait qu’un tour. L'homme, au mépris du bon sens et de toute sécurité pour lui même, bondit hors de sa cachette et va la rejoindre.

Le Sombre sent. La magie qui s'affole, se détourne, ravage un corps... Et il n'en a cure. Le mâle s'est détourné. Il en profite. A grandes enjambées.

Dante ne parle pas, mais se porte au secours de sa compagne. Pour la première fois de sa vie, il ne sait pas quoi faire. Les Lamentations brillent et ca a l’air douloureux... Très. Les grandes mains s’activent. Recherchent des plaies des bosses....

Il relève la tête et envisage le fuyard, gravant la silhouette, le visage dans sa mémoire.... Cependant il ne laisse pas sa compagne. Elle n’aurait qu’un mot à dire...
Pour le moment par contre, sa Ténébreuse a besoin de lui.

Sans douceur mais sans brusquerie, Dante pose une grande main qui se veut réconfortante sur la jeune femme au sol. Il se laisse l’opportunité de pouvoir contre attaquer s’il revient. Sinon il l’aurait prise dans ses bras.

- NE ME TOUCHE PAS ! " rugit-elle sèchement en sentant Une main la froler. Elle n'a pas ouvert les yeux. Un gémissement de douleur ponctue la fin de son exclamation avant que ses mâchoires ne se verrouillent à nouveau.

Elle avait l'habitude de faire attention en utilisant sa magie. Les situations de combat ou elle était en prise directe avec l'adversaire étaient une rareté, et dans ces cas là, elle ne faisait pas dans la dentelle. Elle laissait les Lamentations se repaitre, mordre et déchiqueter. Mais là, elle avait voulu comprendre. Elle avait pris des risques inconsidérés et ses sens étaient saturés par la douleur du contrecoup. Recroquevillée sur le sol, elle s'était remis à genoux par instinct. Elle aurait été bien incapable de dire comment elle avait réussit, mais c'était le cas et elle commençait à respirer à nouveau. Haletante. Sa gorge sifflait. La première pensée qui lui vint fut pour sa mémoire déjà lacunaire. Ce retour lui avait-il pris quelque chose de plus ? Comment aurait-elle pu le savoir de toute façon.

Elle déglutit difficilement. Les bras toujours crispés autour d'elle. Elle se détourna pour déverser le contenu de son estomac, portant une main tremblante à ses lèvres pour se bâillonner en reprenant son souffle. Le sable crissait sous ses dents.

- I-il est... parti ? " demanda-t-elle avec un hoquet, la voix tremblante et les yeux toujours clos.

- NE ME TOUCHE PAS ! "

Dante enlève sa main aussitôt, désemparé. Il ferme sa grande gueule, ne sait pas trop comment gérer la douleur de sa Ténébreuse. Quand elle se remet à genoux, son compagnon fait le tour aur les mains et les genoux, faisant s'envoler le sable autour de lui dans son empressement, pour se planter directement devant elle. Dans les prunelles dépareillées, luit une profonde lueur d'inquiétude et de rage. Inquiétude devant sa souffrance, rage contre l'inconnu qui est venu saloper ce moment de calme. Contre ce monde de merde qui est encore venu le chercher, le faire chier quand il partageait des moments de paix et de calme.

Une nouvelle preuve qu'une vie calme, et normale, n'est pas pour lui. Ni pour Cécilie… Putain ils faisaient pas chier personne… L'homme se tasse pour la laisser vomir avant de recouvrir le tout d'une bonne couche de sable.

Elle lui a demandé de ne pas la toucher… L'a t'elle oublié? Elle n'a vraiment, non mais vraiment pas l'air bien…

- I-il est... parti ? " 

Il y a un moment ou Dante regarde par dessus son épaule, vers où le gus est disparu. 

Oui il est parti… Si tu veux toujours le bouffer, je te le ramène par la peau du cul… Sinon… 

l'homme lève la main pour écarter une des courtes mèches rousses, mais se retient au dernier moment. Dante n'ose pas la toucher… Puis, il se relève debout et fixe les bois…. Il n'a pas beaucoup de retard sur le gus. Le rattrapper et l'égorger. Lui déchirer la trachée. Lui arracher le coeur et le jeter. Le détruire de la façon la plus lente et douloureuse possible.

Et, pour ça, la Bête n'a même pas besoin de rien dire. C'est une colère froide, calculatrice qui fait frémir l'assassin…

Derrière la douleur et les larmes qu'elle ne cherchait même pas à retenir, le monde s'étendait à nouveau en flaques floues. Du blanc. Du bleu. Une lumière rouge sang. Au loin, du vert. Tout proche, sa silhouette aux cheveux noires. Elle avait réussit à imprimé la réponse de son Chasseur. L'étrange sombre avait disparut. C'était toujours ça de moins à gérer. Sinon elle se serait forcer à se lever. Enfin elle aurait essayer.

La terreur d'avoir perdu une part d'elle-même lui donnait presque autant la nausée que la douleur qui lui brûlait le corps. Mais puisqu'elle n'avait aucun moyen de savoir, il fallait bien la ravaler. Sa respiration haletante. Sa gorge sifflante. Elle voulut se redresser vers Dante mais un hoquet la poussa de nouveau à se recroqueviller. Il fallut un long moment à ses prunelles pour distinguer ses mains comme autre chose que des formes blanchâtres... Et des traces de couleur qui s'effacent... deviennent uniformes. Rouge. Non. Pas du sang. Roses. Là ou ses tatouages étaient visibles quelques secondes plus tôt, des brûlures couvraient sa peau. Elles suivent l'emplacement exacte de l'encre des Lamentations, reproduisant les mots et les glyphes. Elle ne voit pas de cloque, mais la douleur vient de là. Aiguë.

- Je voulais comprendre... juste comprendre... " murmura-t-elle sans bouger plus que le stricte minimum, la voix tendue et terne.

Le sable contre ses jambes. La chemise sur ses épaules. L'air sur son visage. Les grains sec crissaient sous ses dents. La nausée et le froid qui s'insinuaient l'attiraient vers l'inconscience, mais elle était résolue à l'ignorer. Ses poumons se gonflaient d'air en un douloureux ballet exagéré. Elle devait se calmer. Elle tenta de serrer les doigts, mais à peine ses marques commencèrent à se plisser que la douleur redoubla. Elle se tendit de plus belle. Serra les mâchoires de plus belle. Tout ça pour étouffer un gémissement qui gargouilla tout de même dans sa gorge.

- Je suis désolée... Je n'ai pas fait assez attention. " murmura-t-elle.

Elle voulait juste se rouler en boule dans un coin, sans bouger. Ce n'était pas la première fois qu'elle essuyait un contre coup ou qu'elle perdait le contrôle d'un sort, mais cela restait rare. Elle n'utilisait pas sa magie de façon inconsidérée. Plus depuis cette fois il y avait près de dix ans, où elle était restée entre la vie et la mort pendant une ennéade entière le temps que son maître rattrape ses imbécilités. Plus depuis le rituel à la porte des morts et l'installation des Lamentations dans son corps. Elles étaient une magie active, constamment en éveil, et Cécilie ne savait pas quels pouvaient être les effets d'un contre coup avec elle. En soit, elle s'estimait déjà chanceuse d'être vivante.

Les gestes de Dante étaient précis. Assurés. Le rythme lent et répétitif de sa voix grave avait quelque chose de rassurant, presque une berceuse scandée. Elle le laisse la toucher. Elle ne voulait pas qu'il s'éloigne de toute façon. Si elle ne voulait pas qu'il pose la main sur elle un peu plus tôt, c'est qu'elle n'était pas sûre que toute la magie se soit dissipée. Elle ne voulait pas le voir essuyer une décharge... Ou pire, être utiliser par les Lamentations pour rétablir leur équilibre. Mais à présent, il n'était plus question de magie. Il n'y avait plus qu'une jeune femme au corps blessé... et à la faim grandissante. Non... En réalité, les Lamentations étaient plus actives que jamais. Elle les sentaient s'agiter, se retourner. L'interférence ne leur avait pas fait du bien.

Les dizaines de voix qu'elle percevait lors de ses méditations remontaient à sa conscience sans qu'elle ne le veuille. Des constats, des conseils, des ordres, des hypothèses, des demandes, des mises en gardes qui rendaient le monde plus confus. Elles voulaient le sombre. Elles craignaient le sombre. Il était un danger et elle n'arriverait pas à l'avoir. Il était l'avenir inéluctable. Une curiosité. Un ennemis à abattre coute que coute. Elle l'aurait. C'était trop risqué. La jeune femme se sentait observée. L'ombre rampait toujours là où elle ne regardait pas... Mais elle écoutait la multitude des Lamentations, toujours attentive à leurs avis chaotiques.

Mais malgré la douleur et les voix qui voilaient son regard d'une attention distraite, le fait que lui sache quoi faire, la rassurait. Il agissait sans montrer de doute, et pourtant ses mots prouvaient la difficulté qu'il avait à garder son calme. Entêtée, elle avait seulement refusée qu'il lui mette de l'onguent sur les mains et le visage. Refusant également qu'il lui bande les doits dans l'espoir de pouvoir faire quelque chose au besoin.

- Non. " Ses doigts brûlés vinrent agripper le bras de son Chasseur lorsqu'il se remit à parler de chasse. Par réflexe sa main se crispa plus qu'elle ne l'aurait du à cause de la douleur, perdant la légèreté qu'elle gardait toujours lorsqu'elle effleurait la peau sensible de son compagnon hors de leurs ébats. " Ça va... Je ne veux pas les nourrir. Pas tout de suite. Elles sont... agitées. " faute de meilleur terme pour lui faire comprendre ce sentiment étrange d'activité. Mais la vérité était aussi plus simple. " J'ai juste besoin de me reposer un peu. Reste. S'il te plait. " Elle s'étendit tant bien que mal pour venir caresser de sa joue celle du jeune homme, serrant les dents pour ignorer les pics que ce simple contact causait à son épiderme.

Sur le côté bénin de l'affaire, il pouvait avoir des doutes. Le repos aiderait, certes, mais les brûlures étaient bien réelles. Plus proches d'un grave coup de soleil que des effets d'un feu de joie, elle étaient tout ce qu'il y a de plus banales à première vue, leur forme mise à part.

Elle se redresse, se relève même, avec de l'aide. La tête lui tourne, plus pâle que jamais. Mais elle s'accroche à la conscience des deux mains. Appuyée sur l'épaule de Dante, elle suit ses directives, s'éloignant de la plage ou se rapprochant de leurs affaires au besoin.

- Pas du tout... " souffle-t-elle en s'efforçant de paraitre convaincante. " Mais je peux encore aider. Du moment que tu ne me demandes pas d'utiliser ma magie tout de suite. "

Passé les premières minutes, elle marchait un peu mieux, quoi qu'en serrant les mâchoires à chaque fois que la plante de ses pieds se posait à nouveau sur le sol. Remettre ses vêtements était hors de question pour le moment. L'idée même de sentir le tissus sur sa peau la révulsait d'avance... Et elle regretta d'avoir pris ses bottes plutôt que ses ballerines de cuir fin.

- Attends... " dit Date en ramassant rapidement leur affaires avant d'enjamber les trois misérables pas qu'elle a réussit à faire seule en tenant debout. " Tu veux que je te porte?
- Tu n'en as pas d-déjà assez sur... les bras ?

Le genoux de la jeune femme céda au moment ou elle tenta maladroitement de se tourner vers lui et son bras ne parvint à se rattraper à son épaule qu'au dernier moment. Elle se remit d'aplomb tant bien que mal, sa peau protestant copieusement au contact du torse contre lequel elle frotta en se redressant. Si une chaleur anormale émanait de la peau de la jeune femme, elle frissonnait de froid...

- Oui... "

Un peu de chaleur. Une surface stable sur laquelle il l'étend. Sans protester davantage et sans même avoir à prendre le moindre remède, elle sombre.

Cela fait bien longtemps qu'elle n'aime plus dormir. Bien longtemps avant de quitter la péninsule. Bien longtemps avant d'être mariée. Paradoxalement, elle dort même mieux depuis que le Néant la menace. Elle a testé des dizaines de mélange d'herbes et de concoctions alchimiques pour l'aider à dormir. Les doses ont augmentées au fil des mois... des années. Les compositions ont changées. Le résultat n'était jamais particulièrement concluent plus d'une ennéade ou deux. Les insomnies revenaient toujours. Depuis qu'elle avait vu le Néant au moins, elle dormait. Elle dormait par nécessité uniquement, parce que son corps et son esprit en avaient besoin, mais elle dormait. Depuis qu'elle avait rencontré Dante, elle dormait chaque jour... et parfois elle dormait bien.

Ce ne fut pas le cas cette fois, l'esprit emporté vers son Néant habituel... ou presque. Son corps continua de frissonner un moment, de moins en moins fort, jusqu'à ce qu'elle finisse par se détendre, pelotonner contre le corps de son amant.

Une mélodie la suit quelque part hors d'atteinte. Grave. Scandée. Sombre.

Des murmures inintelligibles... Puis de plus en plus présents. Les murmures d'une langue oubliée qu'elle parle depuis des années. Une comptine qui prend place sur le rythme sourd et lourd de la mélopée.

Vole, Vole, Belle Il menteur aux grands yeux,
la Bête amère a le Danger est là Juste ici au cœur creux.
Danse, Danse, Belle au grand cœur,
Dans la mémoire gît la douleur.

Leur présence l'incommode et la rassure à la fois. Leurs voix la bercent autant que la musique grave. Leur présence stable est plus oppressante qu'elle l'a été depuis bien longtemps, mais sentir leur vigueur est une gage de vie. Elles savent tant de choses... Alors elle les coutent. Elle cherche à les faire parler. Elles existent pour un but qui n'a plus lieu d'être mais tout ça a été réglé il y a longtemps.

Le soleil a disparu depuis deux bonnes heures lorsqu'elle inspire un peu plus fort. Au premier mouvement que tente son bras pour se poser sur son front, un frisson de douleur lui remonte des orteils au haut du crane. Un hoquet lui échappe et elle ouvre les yeux.

- Dante...? " Un chuchotement étrangement étonné. Sa gorge sonne sèche comme du papier de verre. Elle s'y reprend à quelque fois avant de déglutir... et sourit largement. " J'entends la mer... " Ses paupières papillonnent lourdement. Elle ne bouge pas d'un poil, mais sourit toujours. " ça va bien avec ta voix... Ou est-ce qu'on est ? "

- On doit être le... 16 ou 17 Karfias de l'an 16... 17... "

Elle fronce les sourcils, mais oublie rapidement le sujet de son mécontentement visible. En se pelotonnant davantage contre lui, elle pousse un grondement satisfait qui dérape en une expression plus douloureuse. Sa peau la brûle au moindre contact... Mais elle s'en fiche. La chaleur du torse ravagé contre lequel elle est appuyée lui fait un bien fou alors que sa propre peau est bouillante.

- Dit le encore. Appelle moi encore ta Ténébreuse... ... On a pas fêter la nouvelle année. " s’aperçoit-elle en se crispant lorsque l'une de ses mains atterrit sur la cicatrice qu'elle voit, juste là près de son visage. Elle fronce de nouveau le nez. Ses pupilles n’accommodent pas le moins du monde. Seules existent des tâches de gris plus ou moins compréhensibles.

- C'est dommage. A Frontière je m'étais dit que quitte à pas connaitre ton anniversaire je pourrai t'offrir un cadeau à ce moment là. M'étais même renseigné sur les patrouilles d'eldéens un peu isolées... Mais je suis trop lâche. Je serait pas aller au bout. Je pensais aussi à une petite lame que tu pourrais caché dans tes bracelets de force. "  Elle sourit de plus belle en écoutant sa respiration, les battements de son cœur. Il est là, tout près d'elle. Tout près tout près. " Je sais pas si vous fêtez les anniversaires comme en péninsule... "

Enfin, elle remonte la tête et tombe dans le regard de son Chasseur, se provoquant au passage une nouvelle crispation de douleur. Si son seuil a légèrement augmenté ces dernières années, elle y reste sensible même en tentant de l'ignorer. A ses yeux bleus perlent quelques larmes, mais son expression n'en pas affectée. Sa main se lève vers le visage de Dante. Elle plisse les yeux de concentration... Et son index vient se poser sans force au milieu des sourcils froncés de Dante.

- Tu n'es pas content. " remarque-t-elle doctement.

Il s'inquiète... alors du fond de son esprit flottant, elle se concentre pour répondre à son importante question, profitant des caresses de la grande main sur ses cheveux roux. Elle se redresse, forçant sur ses bras tremblant pour se mettre à genoux à califourchon sur les genoux de son compagnon sans se préoccupé de la couverture. L'effort suffit à rendre sa respiration plus que poussive, la douleur lui abrase la peau et la chaleur qu'elle dégage est toujours aussi forte. Elle retombe sur le torse de Dante, accrochée à ses épaules, le visage dans son cou. Le monde tourne trop vite, alors elle ferme les yeux.

- Je me souviens... de notre départ de l'auberge. De la plage... De ton rire... des dessins dans le sable... et... " elle rit légèrement, rapidement rattrapé par son manque de souffle " De toi qui comprend rien à la magie. Et après... " Elle prend un moment pour respirer, se rendant compte que derrière l'homme sur lequel elle est échouée, il y a un arbre à l'écorce rêche. Il était resté là longtemps ? Son esprit vagabonde et il faut un rappel de Dante pour lui permettre de se focaliser à nouveau. " Quelque chose est arrivé... Une sorte de créature mage du feu... Je n'ai pas fait attention... Il est arrivé quelque chose et j'ai perdu le contrôle de mon sort. Les Lamentations m'ont protégé... hors de mon contrôle. Elles me parlaient... Et tu étais là. J'ai eu peur qu'elles s'attaquent à toi. Et puis la douleur... " Sa voix était descendue au fur et à mesure que les évènements repassaient. Elle ne savait visiblement pas ou s'arrêtait le rêve et ou commençait la réalité, tous ces ressentis avaient une importance égale et des émotions brutes lui revenaient au cœur. " Je préférais me souvenir seulement de ton rire et du coquillage. "
- Laisse les bouffer le souvenir du mage, je m'en rappellerai pour deux...  Et si elles bouffent le souvenir du coquillage et du rire,  je te le ferai revivre demain....  Qu'elles te fasse oublier nos vacances et je te referai vivre des meilleures....... Si tu as besoin, tu sais que tu peux prendre ce que tu veux. " Sa voix grave tombait dans l'oreille de la jeune femme sans qu'elle soit certaine d'en comprendre les mots. " Je les laisserai pas te faire m'oublier...
- Hein ? " Cette fois elle s'accrocha de toutes ses forces pour saisir le sens qui lui passait au-dessus de la tête. L'oublier ? Pourquoi ? Par les Lamentations.

- J'ai pas besoin. Et Je n'oublierai pas. Je t'ai dit qu'elles l'avaient déjà fait. Mais depuis que je ne les contraint plus, je me suis jamais aperçu qu'il me manquait quoi que ce soit. Il a fallut qu'elles passent plus d'un an à me ronger... sans avoir rien d'autre... affamées... assoiffées... Et moi je n'écoutais rien. Je ne comprenait rien. " Elle sourit de nouveau, se détendant progressivement des agression diverses qu'elle s'était elle-même faite subir en bougeant. " Elles sont là pour ça... depuis si longtemps. Un pouvoir pour dévorer d'autres pouvoirs. Un piège. Elle voulaient vivre et détruire. Elles ne peuvent pas me détruire moi. " Sa tête bouge légèrement au creux du cou de son compagnon, seule parcelle de son corps affaiblit à remuer encore un peu. Ses lèvres suivent sa carotide, la mordillant au passage. " Embrasse moi. "