[MdO2017] La Lice - Chevaliers.

La finale approchait à grand pas. L’après-midi avait servi à la concentration des finalistes... ou pas. La foule s’était à nouveau amassée dans les gradins alors que certaines nobles n’avaient pas daignés lever leur cul durant ses quelques heures qui se sont écoulées.

« Nous voilà enfin à la finale ! Nous aurions d’ici peu le nom du grand champion de ce tournoi ! »

On entendit de plus en plus la foule scandant le nom de leurs favoris.

« Place, place! Sa grandeur Roderik de Wenden, comte d’Arétria, bouclier de l’Est Arétan est appelé sur la lice ! »

Les Arétans donnèrent de la voix, au point d’interrompre l’arbitre tout au long de l’entrée en lice du concurrent.

« Sire Tancrède de Léjante dit le Hardi est appelé sur la lice ! »

Cette joute serait prometteuse, et bientôt la bière coulerait à flot lors du banquet organisé en l’honneur du vainqueur. Les hommes allaient festoyer, les femmes allaient subir mais qu’importe, la fête rendait les gens plus heureux.

De femme, pâté, fruit, jambon,
Qui en prend peu le trouve bon.

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HRP

La finale est lancée.
Nous vous invitons à laisser les concurrents concernés ainsi qu'entité poster sans les interrompre.
Les joueurs peuvent envoyer leurs coups à entité

Finalement, on y est.

Roderik entra en lice sous le flot des acclamations arétanes. Pour une oreille non-avertie, celles-ci parvenaient presque à faire illusion dans un public majoritairement serramirois, lequel prenait donc fait et cause pour le garçon du pays : Tancrède de Léjante, le chevalier que nul n'attendait et qui s'était hissé, contre toute attente, jusqu'à la phase finale de ce tournoi, s'étant offert le luxe de sortir le frère du marquis en personne.
Jolie manière d'entrer en société, il est vrai, reconnaissait Roderik, et il ne doutait pas que ce tournoi ouvre bien des portes pour un chevalier si prometteur. Néanmoins, la bonne fortune ne porterait pas plus loin les pas du serramirois : sa romance avec le succès allait prendre fin. Roderik n'avait pas traversé chaque phase de ce tournoi pour échouer en finale.

On le présenta à la foule, et alors qu'il entendait les mots, il se rappelait, avec un soupçon d'étonnement et, peut-être, de nostalgie, combien son ascension était récente. Comte d'Arétria depuis moins d'un mois, et couronné du prestige d'une bataille pour-laquelle on avait tendance à exagérer le rôle qu'il avait vraiment joué ; il jouait, dorénavant, dans la cour des grands. Son sang avait beau être noble et d'une famille ancienne, nul Wenden n'avait brillé aussi haut que lui. Cette pensée lui donnait parfois un sentiment de vertige ; d'autres fois, comme c'était présentement le cas, elle l'emplissait d'orgueil, elle l'auréolait d'une fierté crue qui l'amenait à prendre tout le monde de haut.
Il nota qu'on continuait à l'affubler du surnom de "Bouclier de l'Est Arétan". Un honneur ancien donné à sa maison, laquelle gardait depuis la nuit des temps la trouée vers Serramire, protégeant ainsi la frontière orientale du comté d'Arétria. Pourtant, aujourd'hui, il n'était plus le bouclier de l'est, mais le gardien du comté tout entier. Peu importe, au fond, car personne ne prêtait vraiment attention à la signification des titres honorifiques aujourd'hui, et il n'allait certainement pas se défaire d'un usage si ancien à sa maison.

Il se mit en place dans la lice, et attendit sous le soleil de plomb l'arrivée de son adversaire.

Son aîné de frère l’avait chassé de ses terres pour son absence de rigueur quant à l’entrainement au sol, mais aussi par jalousie, pour son succès cuisant lorsqu’il se saisissait d’une lance. Quel homme méritait d’être acclamé alors qu’au soir venu, cette même personne courait la gueuse et levait le coude jusqu’aux matines ? Pourtant, il était bien là, pièce maîtresse du divertissement le plus prisé des Landes.

La flopée d’amateurs de sensations fortes n’avait jamais grimpé le Léjantais sur le piédestal de favori et pourtant, chacune de ses présences renouvelées étaient marquées d’un second souffle d’applaudissements, comme si la roture trouvait un moyen d’être plus bruyante encore. Bien que maintenant, officiellement devenu favori de la piétaille Serraminoise, par défaut malheureusement, mais tout de même, le boucan créé par les estrades relevait de l’irréel pour le jeune cavalier qu’il était. Chaque places disponibles étaient prises et encore, certaines personnes s’étaient montées les unes sur les autres dans l’espoir d’apercevoir ne serait-ce qu’un échange musclé. Ce serait mensonge que d’affirmer que sa tête n’avait pas gonflée, non pas des douces caresses métalliques reçues, mais de ses victoires qui s’accumulaient. Enivré sous les encouragements, sobre comme à son habitude, le cavalier saluait la foule d’un simple mouvement de la main, jusqu’au moment où il foula le sable de la lice. « Mon petit Mouston ! Sache que peu importe ce qu’il adviendra, tu as besogné adroitement. Tu m’auras épaulé et ce, sans vergogner. Bien que ta sale trogne de citrouille gangrénée ternisse l’image que je projette, je t’apprécie bien ma fripouille. Maintenant va ! Va chercher ma lance, pardi ! » Lança Tancrede, énergétique à souhait, la main sur son épaule à le secouer comme on le ferait à son fillot, radieux sourire étempé contre son visage juvénile.

Une fois monté sur le dos de son percheron au poil cendré, les mirettes du Léjantais tombèrent sur Roderik qui se trouva  proclamé meurtrier de sa bonne humeur. Il avait observé son dernier combat et ne l’avait certainement pas laissé de marbre. Sa technique était prudente et mortelle à la fois, comme un fauve qui attendait le moment juste pour se saisir de sa proie. Il se sentait déjoué d’avance, comme s’il avait un coup devant lui. Le morveux qui lui servait d’écuyer fixa la lance contre son avant-bras et en fit de même de son bouclier, bien que ce dernier lui arracha une grimace. « Prends garde, chiabrena ! J’ai le bras grevain à souhait, cette targe est une vraie estrapade ! » Mais son écuyer n’en eut cure, la fixant tout de même suffisamment vigoureusement pour qu’elle ne chute sous l’impact.

Visière abaissée, Tancrède hurla de fausses insultes comme il le fit pratiquement chaque fois, comme pour se convaincre de sa supériorité, même si la réalité était tout autre. « SAC À MORVINE ! BARONNET ! VIENS LÀ QUE JE TE PÊLE ! »

HRP

Tancrède : Coup au casque ==> 3 points
Roderik : coup au cimier ==> 1 point

Jet de dés de chute réussi par Tancrède : 5 (palier 3)
Jet de dés de chute réussi par Roderik : 12 (palier 5)

Cumul des points

Tancrède : 3 points
Roderik : 1 points

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Le soleil avait asséché la lice durant toute la durée de l’après-midi. Rendant ainsi la boue de la veille plus solide. Une trainée de poussière suivait de près les deux concurrents qui s’étaient élancés corps et âme l’un vers l’autre. Le choc fut brutal. Le jeune chevalier opta pour la même technique que lors de sa demi-finale, touchant ainsi le comte au casque. Malheureusement, il en fallait plus pour arriver à  faire tomber l’Arétan qui lui avait opté pour un simple coup au cimier.

La foule applaudissait abondamment mais se demandait surtout comment le comte allait pouvoir remonter au score.

« Sa Grandeur Roderik de Wenden marque un point pour avoir touché le cimier ! Sire Tancrède de Léjante marque quant à lui trois points pour avoir touché le casque ! Chevaliers ! Préparez-vous pour la deuxième manche !  »

Poursuivant sa chevauchée jusqu'au bout de la lice, Roderik bouillonnait de rage sous son heaume trempé de sueur. En son for intérieur, il songeait qu'il démarrait très mal cette rencontre. Il savait pourtant que son adversaire aimait frapper fort dès le début de la joute, comme il l'avait fait au cours des précédentes ; mais Roderik s'était laissé aller à croire que le serramirois changerait de tactique pour le désorienter. Pas de chance, le serramirois n'avait rien changé du tout, et la frappe au casque l'avait surpris alors qu'il aurait dû s'y attendre ; heureusement Roderik n'avait pas été désarçonné et avait réussi à porter un coup au cimier, mais il était mené au score. Pour l'heure, la victoire souriait à l'adversaire.

Le cœur battant à tout rompre, Roderik s'efforçait de lutter contre la pression alors qu'il se mettait en place pour la deuxième attaque. La chaleur lui montait à la tête et le mettait mal à l'aise.

Juste avant l’impact fatidique, le Hardi redressa le menton comme à chaque fois, lui barrant vision mais lui assurant au change qu’aucune infiltration indésirable ne pénètre en sa visière. Il entendit – et senti – sa lance se désagréger suite à l’impact qu’elle subissait une fois cible atteinte. Se retournant vers Roderik, une fois sa course abrégée par Naros qui planta ses sabots profonds dans le sable, c’est avec colère et haine qu’il le constata encore entier. « Ventredieux ! Mordioux ! Vieille trogne de radis confite dans du jus de pissaille ! Cet homme frappe et est aussi rebuste qu'un buffle! » Furibond, le hardi lança hargneusement le restant de sa pique contre le sol, accueillant sa remplaçante à l’aide de Mouston.

HRP

Tancrède : lance croisée ==> 0 point
Roderik : frappe au casque dévié en frappe au cimier ==> 1 point

Jet de dés de chute réussi par Tancrède : 9 (palier 4)

Cumul des points

Tancrède : 3 points
Roderik : 2 points

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Cette joute promettait d’être fichtrement intéressante. Celui qu’on pensait être apte à écraser le petit chevalier Serramirois se retrouvait de plus en plus en mauvaise posture ! Après avoir subi un coup au casque, voilà qu’il tente lui-même d’infliger la même frappe à son adverssaire. Mais c’était sans compter la stratégie de Tancrède, qui opta pour une lance croisée. Il fut néanmoins touché au cimier. Restant en selle, il restait dorénavant qu’une seule manche pour départager les deux chevaliers. La foule fit entendre de sa voix et les Arétans n’arrêtèrent d’encourager leurs Comte. Après tout, tout était encore possible.

« Sa Grandeur Roderik de Wenden marque un point pour avoir touché le cimier ! Sire Tancrède de Léjante ne marque quant à lui aucun point mais à joliment dévié l’attaque au casque de son adversaire  ! Chevaliers ! Préparez-vous pour la dernière manche !  »

Sentant sa lance dévier pour ne heurter que le cimier du Hardi, Roderik retint un juron entre ses dents. Commence doucement à me gonfler, cette espèce de trou de balle avec ses insultes à la mords-moi-l'noeud, songea-t-il alors qu'il réclamait d'un geste impatient une nouvelle lance à son écuyer. Il était toujours mené, et désespérait de trouver la faille qui lui permettrait de venir à bout du Léjantais. Selon toute probabilité, le prochain assaut serait le dernier, et le vainqueur du grand tournoi de Serramire serait alors connu ; et Roderik avait le pressentiment de plus en plus désagréable que ce ne serait pas lui.

Il respira un grand coup avant le troisième et dernier assaut, rassemblant ses dernières forces physiques et mentales, tant la pression de cette joute épuisait les deux. C'était le moment ou jamais d'aller chercher cette victoire, et j'irais la chercher jusque dans le con de Néera s'il le faut, quand bien même je préférerais éviter.

Sa lance, légèrement inclinée de travers fit dévier celle de son adversaire dans l’espoir que son adversaire rate sa cible. Écopant d’une touche au cimier, le score s’égalisait pratiquement et cela n’était pas pour le rassurer. Il ne manquait plus qu’un échange pour clore le tournoi et à peine commençait-il à s’en rendre compte … Laissant comprendre que sa fougue n’avait jamais été entachée par l’éreintement, bien que ce ne fût l’absolue vérité, il ne pouvait se permettre de défaillir, surtout pas à ce moment décisif. Or, une fois retourné près de son écuyer, il s’arma une tierce fois mais cette fois-ci, sans piper le moindre mot.

Ce dernier coup sembla avoir ébranlé sa confiance et c’est ce pourquoi il s’élança sans vociférer ne serait-ce qu’une seule insulte. Malgrés tout, son regard hérita au change d'une détermination hors du commun.

HRP

Tancrède : Frappe à l’écu ==> 2 points
Roderik : Frappe de travers  ==> -2 points (coup à la limite de l’illégalité et très déshonorant, je demanderais aux spectateurs d’en prendre compte aussi bien durant la joute qu'après le tournoi.)

Jet de dés de chute échoué par Tancrède : 2 (palier 8)
Jet de dés de chute réussi par Roderik : 10 (palier 6)

Cumul des points

Tancrède : 5 points
Roderik : 10 points

Vainqueur

Roderik de Wenden
Nous vous laissons jouer la victoire/défaite.

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Il chuta. Tancrède chuta lourdement de son étalon. Le chevalier Léjantais avait perdu face à l’Arétan. Pourtant, ce n’était pas des applaudissements qu’on pouvait entendre venant de la foule mais des huées et ce, aussi bien du bas peuple que de la noblesse. Le Comte souhaitait gagner au prit de son honneur, utilisant un coup à la limite de l’illégalité. L’arbitre fut stupéfait, lui qui arborait déjà fièrement un tournoi sans aucune fausse note, le voici en finale avec un tel scénario. Son regard croisa celui du marquis à la recherche d’une quelconque solution.  Il n’obtint malheureusement aucune réponse. Son sang bouillonnait, il ne pensait pas que ce Comte si apprécié était capable d’un tel acte. Il ne méritait pas la victoire, mais les règles autorisaient la frappe de travers, et Tancrède était malheureusement tombé.

«  Sa Grandeur Roderik de Wenden est Vainqueur ! »

Voilà, il n’aura rien de plus venant de l’arbitre. A l’annonce du vainqueur, les huées s’intensifièrent.

Avant même d'entendre s'élever les huées, Roderik sut, en voyant son adversaire s'écrouler dans la poussière, qu'il ne tirerait aucune joie de cette victoire. La pression retombée, il réalisa ce qu'il venait de faire ; et il regretta, mais le mal était fait. Il s'était laissé submerger par sa colère et par son désir de gagner, et cela l'avait poussé à se déshonorer, alors même qu'il avait accompli un parcours sans faute pour se hisser jusque-là.
Qu'avait-il fait ?

Il fronça les sourcils, un peu hébété par la violence des huées. Une part de lui-même trouvait le public bien injuste : après tout, il n'avait pas triché, sa frappe avait été portée avec une précision certaine, et il avait fait mouche ; il ne volait pas la victoire, non, pas vraiment. Mais l'autre part de lui-même trouvait à cette victoire un goût bien amer. Pour la première fois, il se réjouit de ce que son père ne soit plus là pour assister à son succès.

Il chevaucha vers Tancrède et descendit de son cheval, alors que son adversaire se relevait. Il s'approcha d'une démarche mal assurée, avec l'intention de le féliciter pour son parcours, sans savoir à quelle réaction s'attendre. Ils se regardèrent un moment, et Roderik, retirant son heaume, sut ce qu'il avait à faire.

- Chevalier, vous vous êtes battu honorablement. C'est vous qui méritez la victoire, avoua-t-il.

Et, se tournant vers la foule, il lança d'une voix de stentor :

- Non, je ne suis pas le vainqueur ! La victoire revient à Tancrède de Léjante ! Et sans demander son avis au principal intéressé, il attrapa son avant-bras pour le lever en l'air.

Tout s’effondra.

Roderik porta un coup si tant fort, qu’une fois le cavalier chassé hors de son siège de cuir, Naros se redressa sur ses pattes arrière et chuta contre la rambarde de bois qui séparait le duo de corridors. Le décor vola en éclat, alors que Naros fourragea le sol de ses sabots pour se redresser et galoper à vive allure vers la ligne de départ, tandis que Mouston, bras dans les airs, affolé comme jamais, se rua vers Tancrède qui gisait dans la poussière. Il lui ôta son heaume en essuyant du revers de sa manche une abondante coulisse sanguine, ruisseau rougeâtre s’écoulant de son crâne jusqu’à son menton. Ses yeux semblèrent aussi petits que ceux d’un bambin s’éveillant au petit matin, tandis que sa mâchoire était crispée de douleur. La main potelée du petit homme tapota la joue de Tancrède dans l’espoir de l’éveiller, ce dernier vraisemblablement sonné. « Messire! Messire! » S’écriait l’escuyer, en giflant le perdant. « Est-il aussi tombé, mon Mouston ? » Souffla péniblement le chevalier. « Non pas … Il vous a oblitéré d’un horrible coup, vous ne pouviez l’éviter … » « Aide-moi à me remettre sur mes guibolles, chapon maubec … » Une fois fait, de nouveau sur ses deux jambes, la frimousse barbouillée par sa récente blessure, Roderik s’approcha. D’une main franche, Tancrède chassa sa fripouille de compagnon d’une poussée contre son visage grassouillet.

Une main chassa de son œil un désagréable mélange de sang et de sueur pour bien mesurer le vainqueur de la joute, mais cette fois-ci, d’un regard horriblement mauvais.« Chevalier, vous vous êtes battu honorablement. C'est vous qui méritez la victoire. » Les lèvres de Tancrède se serrèrent et s’apprêtèrent à vociférer tous les jurons possibles et inimaginables en son honneur, mais n’en eut le temps puisqu’il se fit surprendre par sa déclaration, son bras endolori soulevé par son adversaire. Alors la foule s’emballa, fidèle à ce qu’elle savait faire de mieux, gueuler, crier, encourager, taper des mains à outrance. Le tumulte de la foulée agissait comme d’une vague d’amour et de soutiens envers le « perdant », amenuisant dès lors son animosité envers le Chevalier de Wenden. « Il nous faudra parler. Et boire. Tu me dois bien ça. » Souffla la première lance de Léjante et nouvellement de Serramire, envers Roderik.