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| [MdO 2021] [La quête du mogarium] Épisode 1 - Le Voyage | |
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Braähm Main-Ferme
Nain
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Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 216 ans Taille : 1m43 Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: [MdO 2021] [La quête du mogarium] Épisode 1 - Le Voyage Sam 1 Aoû 2020 - 19:56 | |
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Dans les épisodes précédents…
Tout commence lorsque Harald Barbe-Sanglante propose à Thordril Hargrund de retrouver la trace du mogarium, et de forger ce minerai si rare. Ils se retrouvent plus tard dans une taverne aux ruines de Kirgan pour confirmer que la quête sera belle et bien confiée à Thordril. Braähm Main-Ferme les rejoint dans ce même lieu et donne une première piste pour retrouver ce minerai, et propose son aide à Thordril, qui l’accepte.
S’ensuit une longue discussion entre Thanes de l’importance de la quête, et de la validation par une grande majorité de Dawis. Braähm et Thordril partent chacun de leur côté, l’un pour préparer l’expédition, l’autre pour trouver la piste qui les mènera sans doute au minerai. Ils se retrouvent quelques ennéades plus tard pour les derniers préparatifs. Il est aujourd’hui l’heure de partir.
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8ème jour de la 3ème ennéade de Karfïas – 2ème mois de l’hiver. 18ème année du XIème cycle. Porte de la Grand-Loge des Main-Ferme.
L’aube se lève, les chariots sont chargés, et les voyageurs bien installés sur leurs montures. Les bêtes sont agitées, mais leur fourrure devrait les protéger suffisamment. Il fait un froid de chien, que même la pensée des fesses de Brynhild ne nous réchaufferait pas suffisamment. Mais comme disait Thordril, ce n’est pas le froid qui arrêtera de si fiers Dawis. Vingt mineurs, cinq guerriers, quinze soldats de métier, un forgeron et moi : voilà ce qui composait notre expédition. Ces quarante-deux barbes avaient tous fièrement répondu présent. Ainsi, nous nous étions donc préparé la veille pour le départ.
La tempête avait cessé deux jours auparavant. Le temps serait probablement clément pour quelques jours, puis c’était le flou total. Nous avions déterminé un itinéraire, et nous espérions pouvoir nous y tenir. Nous ne nous attendions à aucune difficulté sur les deux-tiers du voyage, mais tout se corserait une fois qu’on aurait bifurqué du Gazandrin. Nous estimions que la première partie du voyage prendrait tout au plus deux ennéades, et peut-être une et demie de plus pour arriver à notre destination. Pour ma part, je pensais cette estimation optimiste, et je m’attendais à ce que nous ayons peut-être dix jours de retard. J’espérai me tromper.
Mon manteau déjà trempé par l’humidité de l’air me donnait un peu de chaleur, et je sentais ma monture excitée, presque autant que moi, à l’idée de partir si loin. Dans mon dos, mon lourd marteau était bien rangé et couvert d’un tissu pour le protéger de l’humidité. J’avais choisi de l’emmener avec moi. Le retrouver après toutes ces années me donnait un sentiment étrange, mêlé de courage et de puissance. Je me sentais invincible, et ce malgré le poids des années sur mes vieux os. J’étais fier de participer à ce scénario qui serait clé pour le futur du Zagazorn, et du royaume tout entier.
Je lançais un regard à Thordril, qui semblait tout aussi impatient que moi à l’idée de partir. Aussi, je fis mes derniers adieux à mon fils et ma fille, qui me regardaient tous deux plein de fiertés. Loöte avait essayé de me convaincre de l’emmener, mais il restait trop jeune. Je ne savais si c’était pour être près de moi, ou de Sibris, avec qui il s’entendait décidément très bien. Finalement, il avait fini par comprendre et s’était résigné. Les anciens nous observaient, couverts de manteaux. Dailor s’avança et me serra l’avant bras, en me souhaitant bon courage.
Il était temps de partir. Je me raclai la gorge et criait :
« En avant ! »
Je donnais l’ordre à ma monture d’avancer, en tête du groupe, et j’observai Thordril, à ma gauche, faire de même. À ma droite, Dwarthal, qui revêtissait son armure couverte de fourrures, nous imita. Derrière nous, l’engrenage de l’expédition se mit en route, et c’est ainsi que notre périple commença.
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2ème jour de la 4ème ennéade de Karfïas – 2ème mois de l’hiver. 18ème année du XIème cycle. Sur le Gazandrin. Au quatrième jour de voyage, nous vîmes enfin la route qui s’avançait devant nous. Il n’avait pas neigé depuis des jours, aussi, quelques traces restaient visibles le long du chemin. La neige nous empêchait d’avancer facilement, mais nous avions pris un rythme suffisamment soutenu. En effet, il fallait réchauffer les montures, le bétail qui tirait nos chariots, mais aussi les nains. Une camaraderie plaisante s’était installée. J’étais en plein discussion avec une Sibris qui me parlait de Brynhild lorsque je vis l’un de nos éclaireurs revenir au galop. Je talonnai mon bélier pour le rejoindre.
« Holà, que s’passe-t-il ? - Droit d’vant, à pt’et 3000 mètres d’ici, y’a des restes d’un convoi marchand. J’vu trois barbes mortes, et cinq corps de Kobolds. »
Il reprit son souffle alors que je lançais des coups d’œil frénétiques autour de moi. Thordril et Dwarthal nous avaient rejoint.
« ‘Sont encore en feu. C’qui veut dire que ces saletés sont pas loin. - D’accord, va donc te réchauffer avec un demi de bière, dit Dwarthal. Braähm, j’propose que nous séparions notre groupe en deux. J’prends 10 soldats avec moi, on va traquer ces trucs et leur mettre la misère. L’reste de nos troupes protégera le convoi avec tes guerriers. Accompagne-moi. Thordril, fais comme tu veux, je ne connais pas tes aptitudes au combat. »
Il me regarda dans mon œil unique alors que j’acquisçai.
« C’est toi le chef. Je me tournais vers Thordril. Tu nous suis ? »
Dernière édition par Braähm Main-Ferme le Dim 7 Fév 2021 - 11:38, édité 3 fois |
| | | Thordril Hargrund
Nain
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| Sujet: Re: [MdO 2021] [La quête du mogarium] Épisode 1 - Le Voyage Mer 5 Aoû 2020 - 17:56 | |
| Après plusieurs jours à scruter les cartes, à discuter du chargement, à connaître les autres, la tempête s’était enfin terminée. Aussitôt, l’agitation reprit dans la haute tour, mais également au dehors. Déneiger était une activité qui demandait beaucoup de bras, j’y participais aussi. Les chariots étaient remplis, les bêtes préparées au voyage.
Le jour du départ fut déclaré 48h après la fin de la tempête. Elle n’avait pas reprise, donc selon certains, elle était complètement terminée. Bien que le soleil n’était pas encore levée, les préparatifs se terminaient, en attelant les bêtes aux chariots, et en apprêtant les montures de ceux qui ne seraient pas dans les chariots. Un grand cortège se préparait. Comme convenu, mes camarades restaient sur place, n’étant pas des mineurs. Moi, j’avais pas trop le choix, c’était ma quête ! Et puis, le fait de pouvoir admirer ce métal, le reflet de la torche dans le minerai, ça valait largement le voyage dans le froid.
En selle sur mon bélier, le départ se faisait attendre. Une certaine nervosité planait dans l’air, proportionnelle à la durée et la complexité du voyage. Braähm salua deux jeunes nains, ses enfants, avant d’annoncer, enfin, le début du voyage. En tête de file, je m’empressais de le rejoindre. Le Thane était vêtu d’un manteau qui semblait avoir un certain âge, qui datait d’un autre temps. A sa droite, un nain plutôt musclé avançait d’un pas décidé. Il avait renforcé son armure d’une couche d’une fourrure. Il se nommait Dwarthal, et commandait tout les soldats qui nous accompagnait.
Les premiers jours furent rudes, après tant de temps passé au chaud. Le froid restait mordant, et nous n’avancions pas aussi vite que je l’espérai. Les chariots n’étaient pas vraiment un moyen de transport commode. Néanmoins, les attelages étaient rudement bien manœuvrés en plein cœur des montagnes. Au moins, au fur et à mesure des levers de soleil, on voyait la neige fondre au profit des sentiers plats et agréables. Nullement inquiète, la compagnie chantait et parlait joyeusement à voix haute, oubliant les dangers potentiels se cachant derrière chaque rocher.
C’est au matin du 4ème jour que les ennuis sortirent de leur trou. Occupé à réchauffer mon bélier avec un bouchon de paille, j’entendis le galop précipité d’une monture qui m’était devenue familière : le bélier de Braähm. Inquiet, Dwarthal se mit en selle et me fit signe de venir. Je ne savais pas trop en quoi j’allais être utile, mais je me dirigeais vers lui, et nous nous dirigeâmes vers Braähm et son éclaireur.
D’après lui, une attaque a eu lieu sur le sentier. Une attaque de Kobolds. Nains et vermines avaient succombé, mais cela ne l’empêchait pas de se montrer inquiet. L’attaque semblait récente. En pleine maîtrise de la situation, Dwarthal organisa les dawis en deux groupes. Très sérieusement, il me demanda si je préférai venir avec eux, ou plutôt rester en arrière avec les guerriers amenés par Braähm. Ma réponse vint sans hésitation. Il n’y avait pas à hésiter.
« Je vais plutôt rester en arrière, c’est plus sûr. »
Il fallait bien quelqu’un reste en vie pour la quête, non ? Même si, à vrai dire, si ils ne revenaient pas de cette expédition, je ne me sentais pas apte à diriger toute une compagnie. |
| | | Braähm Main-Ferme
Nain
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| Sujet: Re: [MdO 2021] [La quête du mogarium] Épisode 1 - Le Voyage Lun 10 Aoû 2020 - 16:41 | |
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Je regardai Thordril et opinai de la tête en entendant sa réponse. Après tout, la jeune barbe n’était pas un guerrier. Qui sait, peut-être ne s’était-il jamais battu ? Si c’était le cas, il allait falloir le former très vite pendant ce voyage, sans quoi il serait relativement vite en danger. Chacun de mes mineurs savait se battre. Ils n’étaient certes pas aussi efficaces que nos spécialistes guerriers, qui eux-mêmes n’égalaient aucun des soldats de Dwarthal, mais ils étaient tous équipés d’une hache ou d’un marteau, selon leur préférence, et ils savaient s’en servir. J’attendis donc que dix des soldats de Dwarthal nous rejoignent et talonnai ma monture en suivant de près le commandant, les sens aux aguets. L’un d’entre nous pointa du doigt le flanc d’une colline en croyant avoir vu quelque chose nous épier, mais personne ne put le confirmer.
L’odeur de la braise nous atteignit quelques minutes avant la vision du chaos qui s’étalait devant nous. L’éclaireur avait été très concis en parlant de « restes ». Deux restes de chariots étaient effondrés sur eux-mêmes, n’ayant pas résisté aux flammes tout juste éteintes. Trois corps de Dawis gisaient au milieu de cinq corps de Kobolds. Ils avaient été dépouillés de leurs armes, et visiblement, les chariots avaient été vidés avant d’être détruits.
« Des pilleurs... » grommela l’un des soldats. Et il avait tout à fait raison.
Les Kobolds étaient réputés dans cette région pour leurs embuscades et leurs attaques surprises. Ils cherchaient à survivre en arrachant les provisions des voyageurs qui s’enfonçaient trop loin des villes. La vie était dure dans ces montagnes en hiver, et malheureusement, les innocents en payaient le prix fort. Le soldat qui avait parlé s’avança et observa la scène.
« Ils étaient nombreux, r’gardez ça » dit-il en pointant des douzaines de traces de pas. « On n’a plus rien à faire ici, commandant. Sont r’tournés dans leurs tanières pour un moment, à mon avis. »
Dwarthal soupira. Je rejoignais l’avis du cognard : autant continuer à avancer avec le convoi. Nous nous arrêterons pour enterrer ces dépouilles et recycler ce qu’il restait des chariots. Il serait tout à fait possible de récupérer la viande des béliers morts : avec cette température, la décomposition irait très lentement. Nous repartîmes donc en sens inverse, et c’est à mi-chemin que nous entendîmes le timbre si familier d’un cri de Kobold, et dans la demi-seconde, le sifflement de flèches tirées. J’en comptais quatre, dont trois qui n’atteignirent pas les sabots de nos montures, tandis que la dernière rebondissait sur l’armure d’un des soldats.
« Bon sang... »
Apparemment énervé, le Kobold qui avait donné l’ordre se montra et leva sa lance en nous hurlant dessus. Il était au sommet d’une colline à plusieurs dizaines de mètres, qui nous serait difficile de gravir dans des armures pareilles. Nos bêtes qui s’agitaient tout juste n’avaient qu’une envie : rejoindre le convoi, à l’abri, avec les autres. Dwarthal était visiblement concerné, tout comme moi. En effet, en fuyant, les Kobolds pourraient très bien nous suivre et arriveraient directement sur notre convoi, qui ne serait pas facile à défendre contre des flèches. D’un autre côté, les pertes seraient lourdes si on choisissait de franchir le flanc de cette colline. Enfin, nous ne pouvions définitivement pas rester sur place, ou je ne donnais pas cher de notre peau. Deux d’entre nous, équipés d’arbalètes, brandir leurs armes et firent feu. Les carreaux ratèrent leur cible, mais le Kobold visiblement effrayé hurla de nouveaux ordres, cette fois en nous pointant de sa lance à plusieurs reprises. Et les Kobolds étant ce qu’ils sont, nous donnèrent la solution très aisément.
Une vingtaine de ces créatures, leur chef derrière eux, dévalèrent la colline très rapidement. Armés de lances et d’épées courtes, ils étaient habillés de haillons ou d’armures de cuir, pour certains. D’autres continuaient de retirer leurs laines pour faciliter leurs mouvements dans ce qui serait le premier combat de notre expédition. J’eus un rictus sinistre en retirant mon propre manteau et en sautant de mon bélier. Les autres m’imitèrent, et prirent leurs armes. L’adrénaline m’envahit lorsque j’empoignai mon marteau. Il n’avait pas servi depuis tellement d’années, mais la sensation était toujours la même. Cette impression de puissance totale qui vous envahit, d’invincibilité. Je fis tourner le marteau dans les airs une fois avant de l’enfoncer sur la route enneigée.
« V’nez donc goûter au Tourmenteur ! » beuglai-je, alors que les soldats prenaient une position défensive. « BARUK ! »
Nous étions tous côte-à-côte, formions une ligne impressionnante de douze Dawis animés de vengeance pour leurs frères de race morts. Je brandis une nouvelle fois mon marteau et ricanai en observant ma première cible se ruer vers moi, prêt à frapper. Lorsqu’il fut en bas de la colline, à quelques mètres seulement de moi, je me ruai en avant et donnai un grand coup de Tourmenteur dans les dents du Kobold trop surpris pour réagir. Le choc le projeta en arrière dans un bruit sinistre, ses dents volèrent aux alentours dans une gerbe de sang, et ce fut le début du carnage. Le combat fut bref. Les professionnels éliminèrent proprement leurs ennemis sans réelle blessure. Je m’acquittai de ma deuxième victime en lui brisant l’épaule et en l’étranglant à terre. Dwarthal s’occupait de cogner le chef des Kobolds à mains nues. Il le maîtrisa à terre et commença à lui poser des questions, tandis que nous finissions les quelques survivants qui rampaient à terre.
Je ne comprenais pas vraiment la langue des Kobolds, mais ce n’était pas le cas du commandant. D’abord récalcitrant, la créature se montra relativement rapidement coopérative. Je vis une ombre passer dans le regard du Dawi, qui me fixa en blanchissant.
« On s’est fait avoir. C’t’une diversion. Le convoi, ils sont en train de l’attaquer. Braähm… Ils ont une meute de chiens ours. »
Une sueur froide me passa étrangement le long de l’échine. Sans perdre une seconde de plus, nous nous remîmes en selle et galopâmes en direction des échos d’un combat violent.
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| | | Thordril Hargrund
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| Sujet: Re: [MdO 2021] [La quête du mogarium] Épisode 1 - Le Voyage Ven 14 Aoû 2020 - 19:43 | |
| Sans essayer de négocier, l’autre hocha la tête. Les soldats arrivèrent à la suite de Dwarthal, et ils détalèrent. Je pris le chemin inverse pour revenir au centre du camp. L’ambiance était devenue lourde, pesante. Tous savaient qu’il se tramait quelque chose. Les joyeux chants et discussions avaient laissé place à des coups d’œil en coin, en silence. Les guerriers restant s’étaient déployés pour couvrir le camp et le surveiller, tandis que les préparatifs s’accéléraient.
Le convoi était prêt, mais personne pour le diriger. Un soldat quitta son poste pour venir me voir.
« Alors, que fait-on ? »
Je fus pris de court. Il me croyait responsable, en l’absence du thane et du chef des soldats. Je balbutiais la première pensée qui me vint à l’esprit.
« On attends encore. Braähm ne devrait pas tarder à revenir »
Quelques grognements se levèrent. Sans doute voulaient-ils savoir où leurs camarades avaient fourré leurs nez. Le silence revint, entrecoupés de coups de sabots et blatèrements. Mais un bruit sourd apparut d’une colline. Et des aboiements. Un soldat beugla un avertissement, inutile.
« Une attaque de chiens ours ! »
Ils étaient déjà sur nous. Une dizaine de canidés, baveux et en colère, se jetèrent sur les convois et les béliers. Sans organisation, chacun défendait sa couenne, les chiens ne faisant pas de différence entre de la viande de bélier et celle de Dawi. Désemparé, je n’avais pas ma hache sur moi, elle était dans mes paquets. Je commençais à la chercher quand un grognement me fit tourner la tête. Lorsque je me retournais, il me sauta dessus. Je m’écartais, et je ne pris qu’un coup de griffe, au lieu de me faire arracher la joue. Mon bélier vint à la charge et donna un coup de corne à l’animal, qui gémit, et s’écarta.
Je ramassais ma hache au moment opportun. Des Kobolds descendaient à la colline, ordonnant à leurs bêtes de revenir à la charge. Je grimpais sur mon bélier en colère, et je fonçais vers l’ennemi, le sang dégoulinant de mon visage. Dans leur idiotie, les attaquants se ruèrent vers moi. Trois Kobolds furent projetés par mon bélier. Tendant la hache, je tranchais le bras d’un autre, tandis que je continuais ma course folle. Encore deux Kobolds écartés et je tirais sur la bride pour faire demi tour. Je prenais un instant pour regarder l’escarmouche d’un point de vue plus élevé, sur les étriers.
Les soldats prenaient la situation bien en main. Des cadavres d’ennemis étaient déjà à terre. Même les mineurs se débrouillaient bien. J’en voyais un égorger un Kobold d’un coup de hache, très proprement. Il n’en restait plus beaucoup debout. Aucun chien ours vivant, et il ne restait que quelques Kobolds, qui fuyaient misérablement. Je les chargeais sur la fin, avec un cri rageur.
L’attaque avait duré très peu de temps, aussi rapide que la surprise qu’ils avaient voulu provoquer. Lorsque je revins, Braähm et Dwarthal revinrent du chemin, avec les soldats, avec des regards étonné, qui balayaient la clairière du regard. Je galopais vers eux.
« Il y a eu une attaque pendant votre absence. Des kobolds, avec des chiens ours, qui nous ont pris par surprise. Mais nous les avons repoussé rapidement. » |
| | | Braähm Main-Ferme
Nain
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| Sujet: Re: [MdO 2021] [La quête du mogarium] Épisode 1 - Le Voyage Sam 15 Aoû 2020 - 14:19 | |
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Nos montures galopaient vite, le vent nous giflant le visage. À ma droite, la mine inquiète de Dwarthal ne me disait rien qui vaille. Peut-être s’affolait-il pour ses enfants, qui étaient restés à l’arrière. Derrière nous, les soldats suivaient à la trace. Il fallait rejoindre le convoi au plus vite. Des cris et des hurlements montaient derrière les collines. Je reconnus le glapissement caractéristique d’un chien-ours qu’on éventrait. Nous entendions des ordres beuglés par les deux camps, et s’ensuivaient des chocs d’armes en métal. Visiblement, les Kobolds avaient choisi la charge. Ils ne souhaitaient sûrement pas blesser les animaux pour faciliter le transport des marchandises qu’ils pourraient voler s’ils réussissaient, ou était-ce simplement pour éviter de toucher leurs chiens. Nous espérions ne pas arriver trop tard lorsque les bruits diminuèrent pour s’éteindre finalement, peu avant notre apparition.
Je m’attendais à beaucoup de choses, mais pas à ça. J’avais totalement sur-estimé la force Kobold qui attaquerait le convoi, et sous-estimé mes mineurs. Autour du convoi, des cadavres de Kobolds et de chiens-ours parsemaient le sol. Aucun de nos animaux n’avaient l’air mort, et je ne vis aucun cadavre Dawi. Thordril galopa vers nous, la hache à la main, du sang partout sur son bélier et lui-même.
« Il y a eu une attaque pendant votre absence. Des kobolds, avec des chiens ours, qui nous ont pris par surprise. Mais nous les avons repoussé rapidement. »
Je le regardais avec un grand sourire, alors que Dwarthal et les soldats continuait pour retrouver les autres. Visiblement, je m’étais inquiété pour rien.
« Quel soulagement, Thordril. On a croisé l’reste de ce groupe, ils ont essayé de nous retarder. Apparemment, vous n’aviez pas besoin de nous. » Je repris mon souffle et talonnai ma monture pour reprendre lentement le chemin menant vers les chariots. « C’est du bon boulot, ils ne reviendront pas nous chercher des noises. Par contre, va falloir se tirer d’ici assez vite : certaines bêtes bien plus redoutables vont sentir l’odeur du sang. »
Je laissai la jeune barbe vaquer à ses occupations pour retrouver Jnordil, qui nettoyait sa hache, plongé dans ses pensées. Il se tourna vers moi lorsque je le hélai.
« Holà, des blessés ? » « - On a deux mineurs qui sont pas en état d’marcher. L’un s’est fait mordre la jambe qu’il a failli perdre, et un autre a pris un méchant coup au ventre. Pour les soldats, j’crois que y’en a un qui est touché. » « - Ils irons dans les chariots. Et les bêtes ? » « - Deux sont blessées à la patte, mais rien de grave. Faut les soigner et une bonne nuit de repos. Braähm, le petit Thordril, il se bat bien, mais j’ai peur qu’il ne soit téméraire. Il a chargé tout seul dans le tas... »
Je hochais la tête et le quittai après l’avoir félicité de sa bravoure, puis je rejoignis Dwarthal, qui était agenouillé aux côtés de son fils, allongé sur un drap. Sibris était près d’eux et observait en silence, le teint pâle.
« Daïn va bien ? » « - Ça commence mal pour lui. » répondit-il d’une voix sinistre. « Il a une grosse entaille sur la joue et sur le bras. On lui a également transpercé l’épaule. Il s’en sortira, mais il va pas pouvoir se battre avant un moment. » Il laissa échapper un hoquet de tristesse. « Son adversaire devait être redoutable... » « - Je confirme. » déclara Sibris à voix basse. « Si je n’étais pas venue l’aider, il y serait resté. »
Je vis le père serrer la main intacte de son fils et baisser la tête. Je n’allais pas m’attarder, mais j’avertis tout de même le commandant de la suite des opérations.
« Nous allons soigner nos blessés et repartir dans l’heure. Nous irons jusqu’aux débris de la caravane pour enterrer les marchands, et nous continuerons un kilomètre de plus avant de s’arrêter pour la nuit. »
J’attendis qu’il acquiesce silencieusement pour finalement m’installer sur un chariot, près de Thordril. Je pris mon marteau et le posai sur mes cuisses, avant de sortir un tissu de ma besace pour nettoyer le sang de la pierre noire, tout en déclarant d’un ton grave :
« On m’a relaté tes exploits. Je m’attendais pas à ce que tu saches te battre, Thordril. C’est une bonne nouvelle. »
Je le regardais droit dans les yeux. Mon œil unique le fixa. Mon visage était impassible, même s’il se doutait probablement que je voulais le réprimander. Je choisis mes paroles sagement tout en gardant une voix autoritaire.
« Fais attention, tout de même. Tu as eu de la chance cette fois, ces Kobolds n’étaient pas bien méchants. La prochaine, ce s’ra sûrement pas aussi facile. » Je mis ma main sur son épaule. « Il y a autre chose. Les mineurs me connaissent, Dwarthal et les soldats aussi. Si je décidais de rester en arrière, on sait que ce serait pour une bonne raison. Mais toi, personne ne te connaît, ici. Pourtant, on sait tous une chose : on est là pour toi, pour trouver le mogarium, et que tu puisses le forger. Si tu n’es pas prêt à te battre pour ça, pourquoi les soldats, les mineurs et les autres le feraient ? » Je lâchais son épaule et repris le nettoyage de mon arme. « Je sais que c’est difficile, de mettre sa vie en péril. Mais la prochaine fois, viens avec nous, au devant du danger. Et pas seul. Tu ne manques pas de courage, maintenant, nous le savons. Mais il faut aussi savoir se jeter face à l’inconnu. »
Était-ce ma place de lui dire ces paroles ? Je n’en avais aucune idée. Mais il fallait qu’il les entende. L’expédition entière avait choisi de prendre le risque de donner sa vie pour cette quête. Le jeune nain devait en prendre conscience.
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| | | Thordril Hargrund
Nain
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| Sujet: Re: [MdO 2021] [La quête du mogarium] Épisode 1 - Le Voyage Lun 17 Aoû 2020 - 18:27 | |
| Après m’avoir entendu, le Thane fut rassuré. Pas de mort, pas de blessé grave. L’attaque avait été fièrement détournée. Néanmoins, il voulait presser le départ, de peur d’une nouvelle attaque. Il fallait toutefois d’abord soigner les blessés. Il avança pour laisser passer les soldats.
J’imitais mes camarades en allant laver ma hache du sang ennemi, et également mon bélier, dont les cornes avaient rougi. C’était quelque chose que je n’avais jamais fait. Même si j’avais été au sein d’escarmouches, ou d’attaques, je n’avais jamais été en première ligne, dans la nécessité de défendre ma peau. J’escortais les blessés pour les évacuer, et je réparais les armes ainsi que les armures amochées. La sensation d’attaquer, de foncer, de sentir la peur des êtres aux yeux écarquillés, de les tuer, c’était nouveau. Et grisant.
A coté de moi, j’entendais un soldat grogner dans sa barbe. Une des pointes de sa hache s’était brisée, et laissait place à un bord émoussé. Je cherchais rapidement de quoi aiguiser une arme dans une sacoche de voyage, et je lui proposais naturellement mes services. Rapidement, une nouvelle pointe s’était formée. Certes, la hache était désormais déséquilibrée et moins belle, mais ça ferait le travail demandé. Je n’attendais point de remerciement.
Le temps avait passé. Le soleil s’élevait haut dans le ciel et nous n’étions toujours pas reparti. J’eus largement le temps de nettoyer mon bélier, qui n’était pas sorti indemne non plus de l’escarmouche. Ses cornes recourbées possédaient désormais des petites fissures. Mon doigt passait sur l’émail inégale, toutefois solide. Je sentais qu’il avait besoin de repos. Comme nous n’allions pas repartir tout de suite, je le laissais manger tout son soûl, et replier ses pattes pour se reposer.
J’arrivais près d’un chariot. Mon estomac gargouilla. Je n’osais toutefois prendre des vivres, alors que personne ne se donnait le droit de se sustenter. Aussi restais-je assis, en tentant d’oublier la faim qui me tenaillait soudainement.
Je fus surpris par l’arrivée de Braähm, qui s’installa à coté de moi. Son marteau était toujours maculé de sang, qui essuya à l’aide d’un bout de tissu. Il engagea la conversation, d’un ton qui ne me plaisait guère. Bien que j’étais une jeune barbe, encore néophyte en beaucoup de choses, je n’avais plus l’habitude d’être conduit, réprimandé ou supervisé. J’avais dû prendre mon indépendance rapidement, et je l’avais apprécié. Bien apprécié. Même si c’était sous couvert de compliment que je n’avais jamais reçu, j’avais du mal à me faire à l’idée qu’ils faisaient tous un « effort » pour moi. Retrouver le mogarium était important ! C’était un sacrifice honorable, non une purge. Sans cette motivation, qui irait crapahuter dans la montagne dans la pire saison ? Je baissais la tête, le sentiment de sur puissance ayant diminué, mais je ne m’excusais pas pour autant.
Ce fut le départ de la compagnie qui me dispensa de tout commentaire. Comme convenu, nos camarades tués par ces vils Kobolds furent enterrés, et nous leur rendîmes hommage avant de repartir. Cette autre face de la bataille me faisait froid dans le dos. Un des soldats qui avait accompagné Braähm me confia qu’ils avaient attaqué ici un petit groupe de Kobolds, et qu’ils avaient appris d’eux l’embuscade au camp.
Nous prîmes un certain retard, à cause de cette journée où peu de kilomètres furent parcourus, avec des bêtes blessées. Néanmoins, au fur et à mesure des journées suivantes, le retard fut plus ou moins rattrapé. Si il était encore question de temps, par ailleurs. |
| | | Braähm Main-Ferme
Nain
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Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 216 ans Taille : 1m43 Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: [MdO 2021] [La quête du mogarium] Épisode 1 - Le Voyage Mar 18 Aoû 2020 - 20:42 | |
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L’absence de réponse de Thordril me laissa quelque peu déçu, mais Jnordil vint nous voir en nous disant que tout était prêt et qu’il fallait partir. Je sautait donc du promontoire en disant à plus tard à Thordril, et inspectait une dernière fois le convoi rapidement avant de monter sur mon bélier de nouveau. On avait mis les blessés au milieu du groupe, entassés dans un chariot. Dwarthal veillait sur eux, en compagnie de sa fille. Ils semblaient endormis l’un contre l’autre. Une pensée me vint pour mes propres enfants, alors que je donnai l’ordre du départ.
Comme convenu, nous nous sommes arrêtés moins d’une demi-heure plus tard pour enterrer les marchands morts. Nous avons ensuite continué et établi un campement pour la nuit. Les jours suivants furent plus calmes. Les quelques évènements ne dépassaient pas l’importance d’une roue cassée ou d’une cheville foulée en glissant. Les chants avaient repris, et chaque soir, l’un d’entre nous contait une histoire à l’assemblée. Les tours de garde étaient gérés par Dwarthal et ses cognards, chose somme toute très agréable. Je pouvais profiter de presque six heures de sommeil chaque jour, un luxe qui ne m’arrivait jamais en voyage. Je ne pouvais probablement pas tenir sans ces nuits réparatrices : je me faisais vieux.
Daïn se remit de ses blessures. Il ne pourrait pas se battre de sitôt, mais il avait retrouvé sa bonne humeur. Il se vantait d’avoir enfin de belles cicatrices à montrer à sa tante une fois de retour, et Sibris en fut presque jalouse. La fraternité s’était installée entre tous les Dawis. Tous s’enchantaient de parcourir ces magnifiques montagnes, même par ce temps si froid. Cette première partie du voyage se passait donc plutôt à merveille, je n’aurai pas pu espérer mieux.
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4ème jour de la 6ème ennéade de Karfïas – 2ème mois de l’hiver. 18ème année du XIème cycle. Montagnes au Nord-Est de la Haute-Virnée. Au quinzième jour de voyage, nous atteignîmes enfin l’intersection que nous avions décidé de prendre. La neige n’avait pas fondu, nous allions donc devoir progresser lentement, très lentement. Le plus gros du voyage était donc encore devant nous. Les mineurs se relayaient pour dégager la neige au devant du convoi à l’aide de pelles et de pioches. Nous avions décidé de former deux colonnes de chariots, entourées des soldats et des guerriers qui guettaient le moindre mouvement. La neige tomba plusieurs jours d’affilée, ralentissant encore nos efforts. Elle durcissait la nuit et devenait de la glace. Il fallait d’abord dégager les chariots, reprendre la route, progresser de quelques kilomètres sans se perdre, et s’arrêter de nouveau pour dormir. Bref, un travail éreintant, qui sapait le moral et minait nos visages.
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8ème jour de la 6ème ennéade de Karfïas – 2ème mois de l’hiver. 18ème année du XIème cycle. Montagnes au Nord-Est de la Haute-Virnée. Quatre jours de plus passèrent, durant lesquels nous subîmes un éboulement. Un chariot fut rendu inutilisable, et nous perdîmes la moitié de nos réserves d’alcool. Plus personne ne chantait, on ne désirait tous qu’une seule chose : arriver à cette fichue caverne. Un énième soir tombait, et nous montions de nouveau le camp. Mes os me faisaient mal, le froid pénétrait mes vêtements malgré toutes les couches que je portais. Je m’installai près du feu, dans ma tente, et me roulai confortablement dans une couverture chaude qui m’apportait un peu de réconfort. Je m’étais à peine assoupi lorsque j’entendis un cri d’horreur.
« DES ENGEANCES ! »
Un gargouillis abominable s’ensuivit. Je me levai en hâte, pris mon marteau et sortit de ma tente en cherchant quelque chose dans ce noir presque insondable. Quelques lumières ressortaient ça-et-là, provenant de lanternes et de petits feux allumés. Je gueulai du mieux que je pus, en espérant que tous m’entendent dans la cacophonie du combat :
« Regroupez-vous ! Regroupez-vous ! »
Un grognement sauvage à ma droite arracha un réflexe qui me sauva la vie. Mon marteau vrilla sur le crâne du monstre qui explosa à l’impact. Je courus vers le plus proche des soldats qui se battait à mains nues avec l’une de ces créatures. Je donnai un coup dans son ventre, ce qui la repoussa suffisamment pour que le soldat ramasse sa hache et la décapite. Je reconnus enfin Sibris qui me lança un regard plein d’effroi.
« C’est quoi ça ?... » « - Pas l’temps d’t’expliquer. Reste près d’moi. »
Et nous nous enfonçâmes dans le chaos.
Dernière édition par Braähm Main-Ferme le Lun 31 Aoû 2020 - 8:22, édité 2 fois |
| | | Thordril Hargrund
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| Sujet: Re: [MdO 2021] [La quête du mogarium] Épisode 1 - Le Voyage Sam 22 Aoû 2020 - 18:37 | |
| Si j’avais pu me plaindre à un moment donné de la qualité de ce voyage, ce fut de vaines plaintes. La deuxième partie fut beaucoup plus éprouvante. Plus en altitude, la neige revint nous tourmenter. Voici le vrai coté des voyages en montagne. Nous passâmes la majorité de notre temps à l’arrêt, à dégager la neige sur le chemin pour faire avancer les chariots. Chaque bras disponible était convié à la tâche, et les journées devaient épuisantes. Les nuits semblaient plus courtes, et les esprits se refermaient.
Ce n’était pas le danger le plus grand, toutefois. Nous surmontâmes un éboulement, qui fut fatal pour un de nos chariots, contenant la denrée la plus importante en cette situation : l’alcool. La mélancolie s’installa dans nos cœurs, comme le froid, qui s’incrusta dans nos os et n’en sortit plus. Le voyage ne semblait ne jamais se finir, l’horizon ne jamais se dégager. Le feu ne réchauffait pas les âmes.
Alors que je dormais profondément dans ma tente, avec un mineur, je fus réveillé en sursaut par des bruits de bagarre. Mon compère fut également debout, mais parce que il empêchait une créature de lui saisir la gorge. Les yeux ronds, je reculais. Je n’avais jamais vu une telle créature. De la stature d’un nain, ses yeux fous et ses crocs lui donnaient l’air assoiffé de sang. J’entendis l’appel au dehors, un appel à se rassembler, mais je ne pouvais pas laisser l’autre seul. De même force, il peinait à se débarrasser de son adversaire. Je lui donnais un coup de poing dans la joue, mais il ne lâchait pas prise. Il se retourna vers moi, avec un cri animal et me sauta dessus. Je tentais de me débattre pour échapper à ses mains, mais mon salut ne vint que du mineur qui lui trancha la tête d’un coup sec. Elle retomba près de mon cou. Je tendis le bras pour prendre une de mes haches avant de sortir de la tente.
Sous la lumière des feux allumés, on voyait le chaos du combat. Il ne ressemblait en rien à une simple petite embuscade. Ces créatures étaient venues pour nous tuer. A ma droite, un monstre vint me sauter dessus, avec autant de hargne que la précédente. Tremblant, je lui donnais des coups de hache, mais les blessures ne la firent pas reculer. Elle se saisit de mon bras, déchirant les vêtements et la chair, et s’apprêtait à mordre lorsque je donnais un coup de hache sur l’un de ses membres, qui se coupa net. La bête hurla, et disparut dans les ténèbres, laissant un sillage de sang sur son chemin.
Je ne la poursuivis pas. Je n’eus pas le temps. Devant moi passa un soldat en difficulté, qui se traînait alors qu’une des créatures s’était accroché à lui. Courant derrière eux, je donnais une frappe sur le dos de l’animal, qui s’étala sur le sol. Elle me sembla morte et inerte, mais je reculais d’un pas en la voyant frémir de nouveau.
La situation ne semblait pas s’améliorer. Les créatures semblaient être aussi nombreuses qu’au départ, et ne voulaient pas fuir. Les cris des bêtes se mélangeaient aux notre, des cris de rage, de terreur, de douleur. |
| | | Braähm Main-Ferme
Nain
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| Sujet: Re: [MdO 2021] [La quête du mogarium] Épisode 1 - Le Voyage Dim 23 Aoû 2020 - 12:56 | |
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La pénombre était scène d’épouvante. La nuit insondable nous cachait peut-être les horreurs de la bataille qui se jouait autour de nous, mais le vacarme continu était lui-même terrifiant. Les grognements des engeances se mêlaient aux cris des Dawis qui se battaient férocement. Le bruit de la chair tranchée ou écrasée s’ajoutait à celui des corps qui s’écroulaient. Une mauvaise odeur s’était également installée, qui provenait probablement de ces bêtes. Le froid était également insupportable. Toute cette atmosphère me prenait aux tripes. Je ne m’attendais pas à cette attaque. Ces engeances ne devraient pas être avancées aussi loin en Haute-Virnée.
Nous n’avions pas fait dix pas qu’une autre créature se jeta sur moi, suivie de près par l’une de ses compères. Je ne l’avais pas vu arriver. Elle tenta de griffer mon armure sans succès tout en mordant ma protection à l’épaule. Je me débattais avec elle en lui infligeant des coups de coude dans sa nuque, mais elle persistait. À côté de moi, Sibris repoussait efficacement son adversaire. Elle lui avait déjà tranché un bras et s’apprêtait à lui donner le coup fatal. Je plaçai mes mains autour du cou de l’engeance et tentai de le lui briser, mais sa force dépassait la mienne. La jeune barbe vint enfin à mon secours et souleva la bête pour la lancer quelques mètres plus loin. Je fus surpris de la force de cette jeune Dawi. Elle semblait pleine de promesses. Sa hache fendit l’air pour s’abattre sur la créature qui couina en s’éteignant.
Je me relevai tant bien que mal en lui souriant.
« Je comprends pourquoi Brynhild te tient en si haute estime ! » dis-je en ramassant mon marteau.
Elle me répondit avec une grimace. Nous entendîmes les pas de plusieurs personnes qui venaient vers nous et nous retournâmes pour leur faire face, prêts à en découdre. Nous fûmes soulagés de constater que ce n’était qu’une troupe de quelques mineurs répondant à mon appel. Tous avaient du sang sur eux, et plusieurs semblaient blessés. Leur mine était sinistre, ils avaient peur. L’un d’eux me fit part de ce qu’ils avaient vus, et étaient venus chercher mon aide. Apparemment, Dwarthal et certains de ses hommes s’étaient regroupés dos à un chariot et faisaient face à une multitude de ces bêtes. Sans hésitation, j’ordonnai à tout le monde de me suivre, et lui demandai de nous guider. Il ne nous fallut que quelques dizaines de secondes pour les retrouver. La situation était catastrophique.
Le groupe était en effet acculé. Dwarthal au milieu de la ligne, et trois cognards de chaque côté, dont son fils. Autour d’eux, des dizaines de corps d’engeances, et quelques Dawis, morts. Les soldats semblaient épuisés et n’allaient plus tenir. Je beuglais un « En avant ! » qui firent retourner quelques têtes et nous nous jetâmes dans la mêlée. Le combat fut chaotique. Nous fûmes rejoints par d’autres mineurs perdus venus prêter main-forte. Je vis des têtes tranchées, des mâchoires écrasées, du sang gicler, tout autour de moi. Nous avions un grand avantage sur ces bêtes : nous étions armés et protégés. Elles n’avaient rien d’autre que leurs griffes et leurs dents. Je parvins à me frayer un chemin jusqu’à Dwarthal, et nous nous mîmes dos à dos en criant au-dessus de cette cacophonie.
« J’ai d’jà perdu plusieurs soldats ! » s’écria-t-il. « J’ai l’impression qu’ça ne s’arrête jamais ! » « - Que Brissea soit clémente, j’espère qu’il y a d’autres poches de résistance, sans quoi le bilan sera désastreux ! » lui répondis-je sur le même ton anxieux. « - J’ai pas vu Thordril ni Jnordil. J’espère qu’ils vont bien. »
Je n’osais lui répondre. Jnordil n’était pas un très bon combattant. Si personne n’était venu à son aide, il serait sans doute mort à l’heure qu’il était. Trouver du mogarium sans lui serait une autre paire de manches. Le combat semblait se calmer autour de nous, et nous pûmes nous reposer quelques minutes. C’est à ce moment que le vis. Une lueur rouge violacée dans son regard me transperça, et un frisson glacial me parcourut. J’étais certain que ce n’était pas dû à la température. Cette engeance me regardait, à une quinzaine de mètres de distance. La peau noire, les poils plus longs que ses congénères, la bouche entrouverte, elle semblait animée par une conscience maléfique. Sa tête se pencha légèrement sur le côté, et la terreur s’empara de moi. Je me recroquevillai en lâchant mon marteau, et tirai sur mes cheveux en hurlant. Deux mineurs s’approchèrent, très inquiets, mais leurs mains réconfortantes n’arrangèrent rien. Dwarthal suivit mon regard, et comprit. Il prit sa hache de jet et la lança sur l’espèce de sorcier. L’arme se planta dans sa cuisse, rompant sa concentration, et le sort me libéra. Son hurlement suraigu résonna longtemps dans la montagne, nous pétrifiant quelques secondes. Il leva le bras vers nous et ferma le poing. Alors sortirent de l’ombre d’autres engeances, peut-être une cinquantaine, qui fonçaient droit sur nous. Dwarthal leva sa hache.
« Dawis du Zagazorn, avec moi ! »
Notre cri de guerre emplit l’espace alors que nous courrions droit sur ces créatures. Le choc allait être colossal. J’ignorais délibérément la douleur dans mes vieux os. Je savais que je passerai les prochains jours immobile dans un chariot, à me maudire de ma hardiesse, mais l’adrénaline du combat me poussait à puiser dans mes ressources. J’avais bien fait de me tenir en forme pendant ces longues ennéades qui avaient suivi mon départ de Kirgan. Une pensée me vint pour Thordril et Jnordil. J’espérais qu’ils allaient bien.
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| | | Thordril Hargrund
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| Sujet: Re: [MdO 2021] [La quête du mogarium] Épisode 1 - Le Voyage Ven 28 Aoû 2020 - 17:51 | |
| La puanteur du sang donnait à la réalité un air de cauchemar. Pour autant, je ne pouvais pas m’endormir, rester dans mes pensées. Si on ne bougeait pas, on était attrapé, saisi à la gorge.
Dos à moi, j’entendis un cri de terreur. Je me retournais, hache déjà prête à frapper, lorsque je vis deux corps rouler dans la poussière dans ma direction. Faisant bloc avec mon corps, j’encaissais le choc, mais le poids me fit tomber également. Du coin de l’oeil, je pouvais voir la face terrorisé de Jnordil, qui tentait en vain de se débarrasser du colosse qui le tenait. Ils devaient être tombés d’une hauteur. Heureusement pour lui, ma venue soudaine et le choc avait légèrement sonné la créature. D’un coup de manche, je l’écartais du corps de Jnordil. Il retomba de l’autre coté. Il fut prompt à se relever, les yeux brillants de colère. Mais moi aussi. Je fonçais vers lui, mais la bête me saisit les bras, je ne pouvais plus bouger. Pendant un instant, personne ne bougeait. Nous lutions tout les deux. Il fut le premier à lâcher pour me frapper au visage, mais j’avais senti son étreinte se desserrer. Je m’écartais sur le coté, mais je sentis une griffure sur ma tête. Je frappais à l’aveugle, dans la douleur. La créature chancela et ramena sa main vers son bras entaillé. Je lui criais dessus, dans l’espoir de l’effrayer.
« Va ! Retourne dans les profondeurs de ta caverne ! »
Jnordil, ayant repris ses esprits, tenait un bâton à coté de moi, l’air déterminé. Devant deux nains aussi sûrs d’eux, la bête cracha, avant de se terrer dans la pénombre pour chercher des proies faciles. Pendant cet instant de répit, je me tournais vers le nain.
« Comment ça va ? Rien de cassé ? » L’autre bougea ses bras, et les regarda.
« Non, ça va. Est-ce que tu sais c’est quoi, ces choses ? »
« Pas du tout ! Et je ne préfère pas le savoir ! »
« J’étais parti voir du coté des chariots et des béliers, pour voir si ils avaient attaqué les vivres ou les bêtes. Mais j’ai été attrapé. A deux, on va les cogner plus fort, ils vont voir ! »
Il ouvrit la marche, malgré le danger. Braähm me l’avait présenté comme notre meilleur atout pour le Mogarium, mais je ne lui avais jamais réellement parlé. Il n’était pas renfermé, mais semblait se méfier des étrangers. Comme tout mineur, ce n’était pas vraiment un combattant. Moi non plus, mais j’avais déjà vu des créatures plus effrayantes au fond des cavernes. Je ne pouvais pas le laisser marcher devant, dans la pénombre, sans torche.
Je passais devant lui pour l’arrêter.
« Je passe devant. »
Je ne m’attendais pas à ce qu’il réponde cordialement.
« Pardon ? Serais-je qu’un pisse-lait à tes yeux ? Toi même tu l’étais il n’y a pas si longtemps ! »
« Je suis armée d’une hache et pas toi, c’est une raison suffisante. »
Je voyais l’autre grogner dans sa moustache et serrer ses mains sur le bâton. Je soutins son regard, jusqu’à ce que Jnordil soupire.
Je pris donc la tête de notre curieuse compagnie. Jnordril avait visé juste. On pouvait voir des yeux brillants et malins se balader près des chariots, mais surtout les bêtes se démener comme elles pouvaient pour se défendre. Profitant de l’effet de surprise, nous courûmes vers les premiers ennemis visibles. Ils n’étaient pas beaucoup, peut être trois. Se pensant en supériorité, ils foncèrent vers nous avec un sourire, comme si la victoire leur était acquise. C’était mal connaître l’obstination naine ! J’incitais Jnordil à se rapprocher d’eux, et de les repousser, il s’affaira à la tâche comme il le pouvait. Nous devions rester collés, car leur stratégie visait à vouloir nous faire tomber pour nous égorger.
Notre stratégie, c’était de les rapprocher des béliers. Fumant et excités, ils sentaient eux aussi le danger. Certains manquaient à l’appel, mais ceux qui étaient restés attachés pouvaient toujours décocher des ruades mortelles. D’un coup d’épaule, Jnordil fit basculer l’une des créatures vers l’arrière main d’un bélier, qui rua d’une telle violence que Jnordil bascula en arrière aussi. La bête retomba inerte sur le sol. Saisissant ma chance, je sautais vers lui pour l’achever. Les deux autres bêtes sautèrent sur mon dos d’un seul coup. Je retombais à plat ventre sur le cadavre. Je me débattais pour ne pas les laisser saisir ma nuque. Ils tentèrent, probablement, de m’arracher les bras et de lacérer le dos. Je croyais être perdu, à la porte du monde d’en dessous, quand un cri s’éleva au dessus de moi. Aussitôt, l’agitation cessa. Pour autant, je ne pouvais pas me lever, le poids était trop fort, mon propre poids. Je sentais le sommeil me gagner, progressivement.
« Hého, t’endors pas maintenant, c’est pas le moment de partir ! »
D’un geste brusque, il me saisit et tenta de me remettre debout. Je chancelais. Le monde tournait autour de moi, et il était si sombre. Voyant qu’il ne pourrait rien obtenir de moi, il me dirigea, pas à pas, vers un chariot, pour m’asseoir à l’intérieur.
« Bon, ça sera mieux que les rochers et la neige au moins. »
Je pouvais l’entendre, mais pas vraiment répondre. Je me sentais comme absent. Mes sens étaient émoussés. Jnordil revint avec des bouts de tissu. Il attacha l’un d’eux sur mon bras droit, tentant d’arrêter le saignement. Il me laissa l’autre dans la main, comme si je devais le faire.
« Tu bouges pas. Je vais chercher quelques Main-Ferme pour te soigner et te remettre sur pied correctement. »
Je commençais à retrouver mes esprits. Je hochais la tête, et je tentais de couvrir ma blessure sur mon autre bras. Finalement, je me contentais d’appliquer une pression sur la plaie à ma joue, en attendant. |
| | | Braähm Main-Ferme
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| Sujet: Re: [MdO 2021] [La quête du mogarium] Épisode 1 - Le Voyage Dim 30 Aoû 2020 - 17:56 | |
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On n’a jamais vraiment vécu avant d’avoir participé à une charge d’infanterie, disait l’un de mes ancêtres dans un vieux journal. Je compris aujourd’hui la signification de ces termes. Quel étrange sentiment que de se sentir comme un seul corps, une seule unité, face à la menace qui se rapprochait dangereusement de nous. À ma droite, Sibris, la bouche grande ouverte, hurlait sa rage et son envie de sang. À ma gauche, Rülkir, un mineur que je connaissais bien, avait les yeux rivés sur ses adversaires, sa belle barbe rebondissant à chacun de ses pas. Ils étaient tous deux armés de leur hache déjà sanglante. J’avais en main mon vieux marteau, Tourmenteur, qui semblait prendre un certain plaisir à trouver et écraser os et cartilages, après tant d’années de repos. Où était-ce le mien ?
La distance qui séparait les engeances des Dawis se réduisait à chaque seconde. Bientôt, je pus voir la couleur des yeux de mes ennemis, et j’avais déjà choisi ma première cible. Je brandis mon marteau au-dessus de moi et sautait pour abattre Tourmenteur. L’engeance me regarda, levant ses bras pour se défendre en crachant sa haine. La figure écrasée par le poids de l’arme, elle s’écroula, morte sur le coup. Autour de moi, le choc entre les deux armées fut brutal. Je vis des têtes rouler de leur corps décapité. Je vis des nains pris par surprise par le bond des créatures, qui se battaient par terre. L’armure des soldats brillait à la lueur des torches, alors que les engeances semblaient se fondre dans l’obscurité. J’entendis un cri de rage et vis Dwarthal découper l’une d’entre elle en deux, verticalement. La force de ce Dawi était impressionnante.
Mais je n’avais pas le temps d’observer le combat qui se déroulait autour de moi : deux engeances me fixaient du regard et s’apprêtaient à m’attaquer. Je fis tourner mon marteau dans les airs pour les effrayer en rugissant. Mauvaise pioche : cela sembla les énerver plus qu’autre chose, et elles se ruèrent vers moi. Je jurai et frappai la première dans mon élan, mais elle esquiva le coup. La deuxième me sauta dessus, et nous roulâmes par terre. J’entendis quelqu’un crier mon nom. La bête me frappa de toutes ses forces sur la tête. J’entendis mon cou craquer, et je crus bel et bien que c’était la fin. Ma nuque tint bon, et je regardai de nouveau l’engeance qui préparait un autre coup. Je rugis de nouveau et la fit basculer sur le côté pour me retrouver au-dessus d’elle. J’enfonçais alors mes pouces dans ses yeux et pressai de toutes mes forces sur sa caboche. Son hurlement de souffrance me fit un haut le cœur, et j’appuyai plus fort pour en finir. Je sentis alors une force me soulever comme une chiffe molle.
Devant moi, à moins de deux mètres, le sorcier avait le bras tendu, droit sur moi. Quelque chose, une force invisible, m’enserrait et m’élevait au-dessus du sol. Je me sentais impuissant, et mon cou me faisait atrocement mal. Je tentais de remuer les bras inutilement, et la chose ricana, contemplant son œuvre d’un air sinistre. Je sentis mon être s’affaiblir, mes forces m’abandonner, ma vie s’éteindre doucement. Je sentis des larmes monter à mon œil unique, qui brouillèrent ma vision. Et d’un coup, la pression relâcha, et je tombais de la faible hauteur à laquelle je m’étais élevé. Je levai les yeux et je vis une Sibris épuisée, la hache toujours brandie, aux côtés du sorcier dont la tête manquait. L’air lourd qui s’était installé autour de moi se dissipa peu à peu, et je recommençai à souffler. Une toux étrange me vint, et je me surpris à cracher du sang, qui fit fondre la neige devant moi.
« C’est peut-être un peu trop pour toi, papy ? » me lança Sibris qui s’était approchée et me tendait une main secourable. « Allons, debout, on a encore du pain sur la planche. »
Je balbutiais quelques mots mais ma gorge se serra. Elle venait de me sauver la vie. Comment la remercier suffisamment ? Je lui adressai un signe de tête qui me fit grimacer de douleur, et attrapai son bras pour me redresser. C’est à ce moment que j’entendis de nouveau mon nom crié, par une voix bien familière. Jnordil courait vers moi, l’air très inquiet.
« Braähm ! Thordril va pas bien, il lui faut de l’aide, et vite ! »
Je me frottai la nuque et ramassai mon marteau. Je me tournai vers Dwarthal qui nous avait rejoint.
« Va, on s’occupe du reste. Y’a plus trop de danger ici. »
Toujours muet, je penserai à les remercier du fond du cœur une fois que tout se serait calmé. Jnordil me servit de guide, et nous récupérâmes deux autres mineurs pour nous servir d’un semblant d’escorte, au cas où. Les quelques minutes qui s’écoulèrent me parurent interminables, et nous arrivâmes finalement à un chariot un peu à l’écart. Il y gisait un Thordril évanoui dans une mare de sang, probablement le sien. Je m’installai près de lui et examinai ses blessures. Rien de bien grave, il s’en tirerait si on refermait ses blessures. Jnordil et les deux autres Dawis s’en chargèrent, alors que je m’asseyais pour penser à mes propres douleurs. J’aurai un sale torticolis demain, pensai-je en me frottant la nuque.
La nuit continua alors que les échos du combat s’éteignirent peu à peu. Je redoutai la fin de cette bataille, le bilan probable m’effrayait. Combien de pertes avions-nous subi ? Qu’avait-il fallu faire pour repousser ces adversaires si nombreux ?
Je pense m’être assoupi, puisque j’ai vu l’aube se lever juste devant mes yeux. Tout était paisible autour de moi. On nous avait laissé dans le chariot, Thordril et moi, et recouvert chacun d’une couverture très lourde. La jeune barbe ronflait, ce qui était plutôt bon signe. Je tentai de me lever mais mes jambes refusèrent de bouger. Contrites par le froid et la douleur, seuls mes doigts de pied remuaient encore. Mes bras fonctionnaient à peu près, mais je ne pouvais pas bouger la tête. On m’avait mis une espèce de coussin dur autour des épaules pour tenir mon cou immobile. Brisséa soit louée, je m’en tirais vraiment bien. Une simple inspiration et une odeur de chair grillée me vint au nez. De la viande de bison, visiblement, probablement mort pendant la bataille. Le petit déjeuner allait être plus que convenable.
Il ne s’était pas passé quelques minutes qu’un des soldats me vit réveillé. Il alla chercher un Dwarthal qui n’avait peut-être pas dormi de la nuit, vu les cernes sous ses yeux. Il s’enquit de mon bien être et de ma convalescence. Les mots s’échappaient de ma gorge difficilement.
« Ma nuque a pris un sale coup. J’peux plus bouger mes jambes, j’ai peur de d’voir rester immobile pendant un moment. » « - Pas d’inquiétudes. On va bouger dans quelques heures, mais tu peux t’reposer pendant les prochains jours, on s’occupe de tout. »
Un silence gênant s’installa, que je décidai de rompre avec une question très directe.
« Il nous reste combien de Dawis ? »
Le commandant me regarda d’un air attristé, puis baissa les yeux en soupirant.
« On a une dizaine de blessés, plus toi et Thordril. En tout, nous avons compté dix-huit morts. » Un poids tomba au creux de ma poitrine. « Cinq soldats, et treize mineurs, dont les deux blessés de l’attaque des gobelins. Ils ont été dévorés pendant la nuit, personne n’a pensé à eux dans c’te bataille... » « - Je vois. Merci, Dwarthal. Transmets mes sincères remerciements à ta fille qui m’a sauvé la vie. » Son visage s’illumina. « - Je lui dirais, sois-en sûr. Elle dort là, elle est épuisée. »
J’eus un petit sourire discret avant de le remercier de nouveau. Lorsqu’il s’éloigna, Thordril ne ronflait plus. Le Dawi se réveillait doucement, probablement dans la souffrance. Je lui lançai un regard amical et effaçai toute trace d’inquiétude sur mon visage.
« Alors, comment tu t’sens ? »
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| | | Thordril Hargrund
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| Sujet: Re: [MdO 2021] [La quête du mogarium] Épisode 1 - Le Voyage Ven 11 Sep 2020 - 19:10 | |
| Je me sentais très fatigué, lourd. Je sentais que je reprenais conscience doucement. Les sons commençaient à devenir plus forts, plus distincts. J’entendais des conversations. Mon esprit embrumé ne me permettait pas d’en déduire quoique ce soit. Les voix m’étaient familières, les autres sons également. J’avais envie d’ouvrir les yeux, mais je n’y parvenais pas.
Sonné, j’entendis tout de même une conversation proche de moi, que je pouvais comprendre. Avec surprise, je reconnus la voix fatiguée de Braähm tout près de moi. Il parlait avec Dwarthal, au sujet de la bataille. Les monstres ! La mémoire me revint, l’énergie qui restait en moi irrigua mes membres.
J’ouvrais les yeux. Aussitôt, le soleil me fit plisser les yeux un instant. Toutefois, la lumière était tamisée par le tissu qui recouvrait le chariot. Braähm, constatant mon réveil, s’enquit de mon état. Je tournais la tête pour le regarder, et je grimaçais, sentant une douleur me vriller le cou, et le dos.
« J’ai senti de meilleurs jours. Je n’avais jamais connu ça. Tant de violence... »
Ma phrase s’interrompit, faute de souffle. Ma bouche me semblait sèche, et mon ventre vide.
« Et toi, comment vas-tu ? Tu es blessé ? »
L’autre se redressa avec une grimace.
"C'était pas une mince affaire... Je m'attendais pas à rencontrer des Engeances ici. Pas vraiment d'blessures, mais mes articulations me font atrocement mal. J'vais sans doute rester dans l'chariot pendant quelques jours. J'me fais vieux."
Même en ayant posé la question, je me sentais pas l’envie d’avoir de la compassion. J’avais trop mal partout.
Malgré ma faiblesse, j’avais trop faim pour m’endormir. Je hélais un soldat qui passait à toute vitesse devant le chariot, pour avoir quelques vivres, que je partageai avec Braähm. Le départ se fit assez vite, après une nuit de repos. Des soldats étaient postés pour la garde du camp, ils se relayaient pour la nuit. Le lendemain matin, je me sentais moins meurtris. Je parvenais à faire quelques pas, mais Braähm me conseilla de rester dans le chariot pour le trajet de ce jour là. Probablement qu’il ne voulait pas rester seul à l’intérieur. |
| | | Braähm Main-Ferme
Nain
Nombre de messages : 181 Âge : 32 Date d'inscription : 24/03/2020
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 216 ans Taille : 1m43 Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: [MdO 2021] [La quête du mogarium] Épisode 1 - Le Voyage Mer 23 Sep 2020 - 16:09 | |
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Le vent glacé venait réveiller toutes mes douleurs. Je sentais mon corps qui criait de cesser cette folie. On ne crapahute plus dans les montagnes en plein hiver à 213 ans ! Le poids des années qui s’étaient accumulées me fit doucement déprimer. J’avais passé ma vie à me battre, à creuser et à voyager. Ces dernières années bien plus calmes m’avaient forcé à abandonner marteau et pioche pour tenir les comptes et faire fleurir le commerce de la Main-Ferme. Grâce à moi et au savoir-faire de nos mineurs, nous avions réussi à survivre, mais je m’étais empâté. J’en payais le prix, aujourd’hui. Je n’aurai peut-être jamais dû entreprendre ce voyage. Peut-être était-il temps pour moi de rendre le bracelet qui cinglait mon poignet, représentant mon statut de Thane, et rejoindre le cercle des anciens de mon clan.
Cette idée m’emplit d’une profonde déception. Le goût de l’aventure m’avait épris de nouveau, et je n’étais pas prêt à le délaisser une deuxième fois. Ma sagesse et mon corps me hurlaient que je le regretterai, mais je ne pouvais plus baisser les armes. J’empoignais Tourmenteur et observais son éclat sombre. J’en avais tué, des ennemis, grâce à lui. Combien de vies avais-je ôté, en ne ressentant rien d’autre que la fierté de protéger mon clan et ma famille ? Je ne pouvais me résoudre à abandonner maintenant. Même après cette quête, qui d’autre que moi pouvait mener nos nains ? Il me fallait encore entreprendre tant de choses… Mon esprit divagua quelques temps encore alors que Thordril se délectait de nourriture près de moi. Nous n’échangeâmes pas un mot de plus. Il n’y avait rien à dire. J’avais peur de me lever et d’aller voir quels Dawis avaient péri. J’avais peur que mon corps ne puisse même pas mettre un pied devant l’autre. Je n’eus pourtant pas le choix.
Peu après être passé, Dwarthal revint me voir et me demanda de le suivre. Il m’aida à me relever et à marcher un peu avant que je trouve mon rythme. Nous nous dirigeâmes vers un pic en bois enfoncé sur le sol sur lequel était attachée… était-ce possible ? Une engeance, encore en vie. À la lueur du jour, on distinguait nettement mieux ses traits. Les poils de barbe et les cheveux si longs, la taille et la corpulence si familières… Pas de doute possible. Cette créature avait, autrefois, été un Dawi en bonne et due forme. Ce fut une révélation pour bon nombre d'entre nous. Pas pour moi. Autour de nous, les corps de nos ennemis de la nuit avaient déjà été brûlés, et ceux de nos compagnons enterrés.
« Tu sais ce que ça signifie, n'est ce pas ? »
La question du commandant raviva des souvenirs peu agréables. Je soupirai et regardai la créature qui me jetait un regard plein de haine. Une vilaine plaie à son abdomen devait sans doute la faire terriblement souffrir. Elle ne survivrait pas bien longtemps. Autour de nous, la quasi totalité du convoi observait notre prisonnier, impassiblement. J'élevais la voix pour me faire entendre.
« Certainement... Je pense que tu sais déjà ce que sont ces bêtes, mais je vais faire un petit rappel pour ceux autour de nous. On les appelle les engeances de Brisséa. »
Je lui fis alors un résumé de deux bonnes minutes sur ce que je savais à leur sujet. Elles étaient apparues peu après le Voile. Anciennement Dawis, elles avaient perdu toute trace de raison et étaient devenues bêtes sauvages. Je ne les avais jamais vu se regrouper ainsi, organisées comme elles l’étaient. Le mage qui avait failli me tuer y était sûrement pour quelque chose. Nous en avions croisé plusieurs pendant ces quelques années, mais elles n’avaient jamais été un danger pour nous. J’avais entendu des rumeurs de ces regroupements, mais je n’y avais pas cru.
« Il faudra faire un rapport à Harald à ce sujet. Ce que nous venons de vivre n'est pas anodin. Quelqu'un, ou quelque chose, est derrière tout ça. J'en suis sûr. »
L’engeance toussa et nous cria dessus. Son haleine puait la pourriture. Nous essayâmes de la secouer et d’en tirer quelque chose, mais visiblement, elle ne nous comprenait pas. Nous abrégeâmes ses souffrances et je laissai le commandant prendre la charge du convoi, alors que je m’en retournai à mon chariot. Sur le chemin, je croisai Jnordil, au visage inquiet.
« Braähm, nous avons perdu les deux tiers de nos mineurs. On ne peut pas se permettre de commencer à creuser si nous en perdons davantage, ce serait bien trop risqué. » « - Du calme, mon ami. » Je posai ma main sur son épaule et le rassurai. « Je le sais bien. Les guerriers et les soldats devront de toute façon nous donner un coup de main. Nous verrons quand nous y serons. Pour le moment, veille à tes blessures, sois là pour les survivants, et prie Brisséa pour que nous arrivions tous indemnes à notre destination. »
Nous discutâmes encore quelques moments, puis je rejoignis Thordril qui s’était assoupi. Je sombrai moi aussi dans un sommeil très réparateur. Autour de nous, le camp s’activait. Dwarthal avait pris la décision de nous laisser une journée de répit. Nous partirions le lendemain. Aucun nuage à l’horizon, c’était une bonne chose, nous allions probablement passer une fin de voyage plus agréable que les jours passés.
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7ème jour de la 7ème ennéade de Karfïas – 2ème mois de l’hiver. 18ème année du XIème cycle. Montagnes au Nord-Est de la Haute-Virnée. Il nous fallu sept jours de plus pour parvenir sur le flanc de la montagne qu’on nous avait indiqué, des ennéades plus tôt. À la première vision de son sommet crochu, un élan de soulagement nous avait atteint. Le reste du voyage s’était donc bien passé sans encombres. Jnordil me lança un regard plein d’espoir. La première étape de notre quête était terminée.
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