L’histoire des Noblegriffon trouve ses origines dans les marches du royaume, au nord des Monts d’Or. Un roturier que ses contemporains ont surnommé le Griffon est adopté par un petit seigneur Œsgardien qui convainc son seigneur de confier à son improbable héritier son fief à sa mort. La légende dit que le nouveau seigneur, quelques années après la mort de son bienfaiteur, traque et tue un véritable griffon duquel il se confectionne un manteau. Bien que la réalité historique de cette fable est contestable — et contestée — il est certain qu’elle est à l’origine du nom de la lignée.
Les Noblegriffon se révèlent vite des seigneurs turbulents. Ils guerroient souvent et longtemps, notamment accontre leurs voisins serramirois. Ces derniers finissent par demander leur concours au duc de l’époque, qui vient en personne à leur rencontre. Ce grand pair du royaume tombe cependant sous le charme de la personnalité du seigneur Noblegriffon et s’il intime au baron d’Œsgard de lui retirer son fief pour apaiser ses vassaux à l’ouest des Monts d’Or, c’est pour mieux s’attacher le service du troublion. Les Noblegriffon entrent ainsi dans les bonnes grâces des ducs de Serramire et prouvent à plusieurs reprises à leur suzerain leur valeur. Cette bonne entente culmine lorsque Kaelevra Noblegriffon obtient que son fils, Kadekith, épouse la cadette du duc. Dans les années qui suivent, les aînés de la jeune épousée meurent les uns après les autres et Kadekith Noblegriffon devient finalement duc à la mort de son beau-père. Son règne est cependant de courte durée et il meurt sans héritier quelques mois après son premier et unique descendant, Garreth.
Si la lignée des Noblegriffon perdure grâce à Melinda, la sœur de Kadekith, elle entame une lente déchéance. En l’An 967:X, Noah Noblegriffon en est le dernier représentant et il ne possède plus ni terre ni charge prestigieuse, mais il est jeune encore et ne manque pas d’ambitions. Il parvient à mettre un pied dans la cour du seigneur de Versmilia, qui apprécit ses conseils. Rapidement, Noah s’éprend rapidement de Miravia de Versmilia et entreprend de lui faire la cour. Ils s’unissent devant la DameDieu à la faveur de l’An 969:X, mais cet heureux événement ne porte pas les fruits attendus par le Noblegriffon. Lassé des dents longues de son gendre, le seigneur de Versmilia l’écarte de sa cour et les deux époux décident de rallier Serramire-la-Cité en l’An 970:X.
Le couple s’installe dans un manoir en périphérie de la ville abandonné par ses anciens propriétaires. La jeune Katalina Noblegriffon naît deux ans plus tard, pendant une longue nuit d’hiver de l’An 972:X.
ii – L’enfance Entre Verimios de l’An 972:X et Favrius de l’An 988:X
La naissance de Katalina termine un accouchement long et douloureux pour Miravia, qui manque mourir en couches. Elle est sauvée par des guerisseurs talentueux, qui avertissent néanmoins Noah des séquelles avec lesquelles la jeune mère devra vivre. Sa santé fragile ponctue l’enfance de Katalina de péripéties d’autant plus difficiles que l’enfant comprit trop vite qu’elle en est à son corps défendant l’origine.
Noah, qui comprend que Katalina sera son unique héritière, décide de la préparer du mieux qu’il peut aux grandeurs qu’il veut pour elle. Katalina grandit donc avec l’idée qu’elle devra assurer la survie et la gloire de son illustre nom. Son éducation est confiée aux meilleurs précepteurs que son père peut lui dénicher et, par bien des aspects, s’aventure dans des sentiers que son genre et sa situation ne lui destinaient pas. La jeune Katalina est une enfant au caractère affirmé et elle défie souvent l’autorité des adultes qu’elle cotoie ; dans le même temps, elle est une élève consciencieuse qui ne ménage pas sa peine pour être à la hauteur des attentes de son père. La santé de Miravia se détériore encore un peu plus après le cinqquième été de Katalina et elle passe dans les années à venir la majeure partie de son temps alité. Cela affecte tant Noah que Katalina, qui se consacrent tous deux aux projets du patriarche.
En l’An 986:X, Noah commence à chercher à sa fille un mari qui pourrait servir ses ambitions. À ce stade, les Noblegriffon affrontent deux défis majeurs : ils sont ruinés et leur dernier héritier est une femme vouée à s’effacer derrière son seigneur et maître. Noah prend donc la décision d’organiser les fiançailles de Katalina avec un riche bourgeois Serramirois du nom de Elyas Farrer. Il s’agit d’une alliance de raison pour les deux hommes. Elyas adopte le patronyme de sa jeune épouse, ce qui lui ouvrira il l’espère des portes qui lui demeuraient closes avant, quand Noah s’assure de pouvoir continuer à mener un train de vie qui correspond à l’image qu’il se fait de son statut. Katalina, elle, vit mal ce qu’elle voit comme une union avilissante, mais la mort de Miravia quelques ennéades avant la cérémonie lui enlève toute véillité de rebellion. En Favrius de l’An 988:X, elle épouse donc Elyas.
iii – Le mariage Entre Barkios de l’An 988:X et Karfias de l’An 992:X
Les premiers temps du mariage entre Elyas et Katalina Noblegriffon ne sont guère heureux. Elyas est un homme fait de presque quarante ans, qui a déjà été marié et a déjà eu plusieurs enfants tous morts en bas âge. Katalina est pour lui un moyen pour une fin et il ne fera jamais le moindre effort pour lui faire croire le contraire. Katalina, elle, est une jeune femme à peine sortie de l’adolescence qui vit mal d’être « négociée » de la sorte. Elle décide cependant de tirer le meilleur parti de sa situation et harcèle littéralement son mari indélicat pour que ce dernier accepte de la former à l’art de la négoce. Elyas finit par accepté de guerre lasse, mais la Noblegriffon se révèle une élève douée et en l’An 991:X, elle s’est imposée à ses côtés comme un élément incontournable de son entreprise commerciale.
Dans le même temps, la rancœur de Noah Noblegriffon à l’encontre de son gendre va en grandissant ; comme le père de Miravia avant lui, Elya mesure sans peine l’ambition qui dévore le vieux patriarche et il n’a aucune envie de l’impliquer plus que nécessaire dans la tenue de ses affaires. Dans les premières ennéades de l’An 992:X, constatant l’envergure acquise par Katalina, Noah décide qu’Elyas a servi son dessein et commence à planifier son « évincement ».
Elyas meurt en Karfias de l’An 992:X dans des circonstances troublantes. Il laisse derrière lui les bases d’un empire commercial florissant, incontournable dans le duché de Serramire, mais dans le même temps cantonné à ses frontières. Katalina, qui avait fini par nourrir à l’égard de son mari une sincère amitié à défaut d’un quelconque amour marital, prend naturellement sa succession. Elle doit pour cela évincer sans ménagement son père, qui cherche dans les jours qui suivent le trépas de son beau-fils à retrouver le rôle qui était le sien auprès de sa fille avant son mariage. Désormais âgée d’une vingtaine d’années, Katalina n’est cependant plus aussi docile qu’à l’époque et elle prend le contrôle de l’une des plus grosses fortunes personnelles du Duché de Serramire.
iv – L’ascension Entre Favrius de l’An 992:X et Barkios de l’An 997:X
Son indépendance assurée, Katalina se tourne vers le sud. Son ambition n’est pas moindre comparée à celle de son père, mais contrairement au vieux patriarche, elle a désormais les moyens de les assouvir, quoique d’une manière que ses ancêtres n’auraient pas anticipé.
Elle cherche d’abord à s’implanter dans les baronnies des grands vassaux du duc de Serramire, ouvrant les premiers « comptoirs Noblegriffon » en dehors du domaine ducal. Elle tourne ensuite son regard sur Sainte-Berthilde, puis Erac et enfin Langehack. Dans ce dernier duché, la tournure des événements manque de peu lui échapper. elle fait en l’An 995:X la rencontre de Varlar, un bourgeois local qui lui rappelle beaucoup Elyas. L’année suivante, elle découvre que le Langecin escroque la bourgeoisie du duché en son nom. Découvrant cela et comprenant que c’est sa réputation au sud qui est en jeu, elle décide de réagir avec force. Elle réunit dans la plus grande précipitation des preuves des malversations de son partenaire commerciale, avant de le mettre au pied du mur. Varlar devient le gérant du comptoir Noblegriffon langecin à la fin de l’An 996:X et se révèle un gestionnaire compétent dès le moment où il a un couteau sous la gorge.
HISTOIRE
I – Le sombre Entre Verimios de l’An 997:X et Barkios de l’An 998:X
En l’An 997:X, tout semble sourire à Katalina Noblegriffon, qui plaît à se présenter à ses interlocuteurs comme possédant « l’une des plus grosses fortunes du Royaume ». Son réseau de comptoirs a capté l’intérêt du duc Merwyn de Serramire, qui la courtise. Pour Noah Noblegriffon, son père, ces épousailles annoncées avec le maitre de Serramire est l’aboutissement d’une vie. Loin de s’en satisfaire, la jeune Serramiroise multiplie les entreprises. Elle demande et obtient une audience auprès du roi Trystan I, avec lequel elle entretient par la suite des rapports cordiaux. Au sud, Varlar — un de ses employés — s’attire les bonnes faveurs de la duchesse Esidenir de Langehack. Les obsèques d’Arathor de Sephren, largement organisées avec le concours de ses comptoirs, sont une première occasion pour Katalina de s’afficher aux côtés du duc. Au début de l’An 998:X, elle est conviée par la baronne d’Etherna pour parler de l’implantation d’un comptoir sur ses terres. Après plusieurs jours de voyage sans encombre, elle tombe dans une embuscade tendue par une troupe de mercenaires employée par un daedhel nommé Nilhantar.
Peu de temps après l’enlèvement réussi de Katalina, Nilhantar envoie une demande de rançon au duc de Serramire. L’objectif du noirelfe est double : il espère bien tirer de son otage un large profit, mais aussi impressionner les hautes sphères Eldéennes. Pour se mettre hors de portée des foudres de Merwyn de Serramire le temps d’organiser l’échange, il amène Katalina au Puy. Pendant un peu plus d’un mois, elle subit les mauvais traitement de son ravisseur et de la sœur de ce dernier. Deux sévices en particulier la marquent profondément. D’abord, il trace de la pointe d’une dague son initiale sur son entre-seins et recouvre la blessure de sel. Ce faisant, il la marque, comme elle aurait pu marquer du bétail. Ensuite, il la viole dans un bassin en lui maintenant la tête sous l’eau, ce qui lui fait développer une aquaphobie sévère.
L’échange contre rançon a lieu quelques ennéades plus tard, dans la Dross. Katalina recouvre la liberté et s’installe dans le palais des ducs de Serramire. Son traumatisme prend de court Merwyn, qui ne sait comment se comporter et perd patience face à ce qu’il considère être des lubies. Ses attitudes sont parfois insultantes et Katalina décide de s’éloigner de Serramire sur un coup de tête.
II – Le sang-mêlé Entre Barkios de l’An 998:X et Barkios de l’An 999:X
Katalina décide de rallier la capitale où, elle l’espère, Trystan I l’acceptera à sa cour. Elle fait halte à Erac-la-Ville et y fait la connaissance de la sœur de Roi Astéride d’Erac. C’est le début d’une grande amitié entre les deux femmes. Astéride, de sept ans la cadette de son invitée, prend pourtant Katalina sous son aile. Quand le mariage de la comtesse de Scylla June des Isles avec proche de Trystan I nommé Hannibal de Roch est annoncé, elle convainc son aîné de l’y accompagner. La cérémonie est un calvaire pour la Serramiroise. Heureusement, le reste des festivités se révelent moins fastidieux. Elle fait d’abord la rencontre de Johann Reihart, une proche de Trystan I en froid avec ce dernier. Katalina accepte d’intercéder en sa faveur. Elle fait ensuite connaissance avec Aerandir Ancalimë. Le sang-mêlé est un ancien Haut-Prêtre d’Arcam et on le dit gardien du Mirroir du Prisonnier, un artefact divin qui permet à celui qui regarde son reflet de distinguer un futur possible au prix d’intenses douleurs.
L’intérêt que lui porte Aerandir la désarçonne et elle se surprend à lui confier des détails de sa captivité qu’elle n’avait jusqu’alors partagé avec personne. Le sang-mêlé lui propose de l’aider à surmonter son traumatisme. Étant réputé pour être un serviteur privilégié du maître des passions, l’offre est alléchante ; quand Aerandir lui apprend qu’il s’attend à ce qu’elle l’accompagne à Alëandir, Katalina prend cependant peur et refuse. Loin de se décourager, le sang-mêlé lui propose de jeter un œil dans le Mirroir. Intriguée, elle accepte ; le Mirroir entaille profondément ses avant-bras, mais ce qu’elle y voit la convainc de céder aux demandes de son bien étrange bienfaiteur. Katalina passe l’hiver et une partie du printemps dans la légendaire Anaëh. Cette expérience la marque profondément. Aux côtés du gardien d’Arcam, elle apprend leur langue, effleure avec émerveillement leur culture, découvre leurs coutûmes et se forme à leurs arts. Aerandir l’initie notamment à l’art du chant.
Le gardien préserve sa protégée des rumeurs de la Péninsule ; Trystan I fait en effet face à une coallition de barons rebelles, qui remettent en cause sa légitimité sur le trône de Diantra. Katalina ne prend vraiment la mesure des périls qu’a dû affronter le roi qu’une fois ces derniers écartés. Elle demande alors à Aerandir de la conduire dans la Péninsule.
III – Les Noblegriffons Entre Barkios de l’An 999:X et Verimios de l’An 999:X
Accompagnée d’Aerandir, Katalina rallie Erac-la-Ville où elle renoue avec Astéride. Dans le château ducal, elle s’offre au gardien après que ce dernier l’a aidée à surmonter assez son aquaphobie pour s’immerger complètement. Pour la première fois depuis son enlèvement par Nilhantar, Katalina se sent à nouveau pleinement maîtresse de ses choix et de son destin. Elle décide de retourner dans son domaine serramirois, notamment encouragée par la déchéance de Merwyn de Serramire, chassé du pouvoir pour avoir essayé de rompre son serment envers la royauté.
Une suite d’événements imprévisibles fragilise sa confiance en elle nouvellement retrouvée. Elle fait d’abord la rencontre de Kassandra, qui vient la trouver dans son domaine pour rencontrer Noah. La pirate aux cheveux de feu affirme être sa fille illégitime. Ébranlée par cette possibilité, la noble confronte son père et lui arrache l’aveu de sa culpabilité. Quelques jours après cette éprouvante confrontation, Katalina comprend qu’elle est enceinte. L’idée qu’elle ne sera bientôt plus la « dernière héritière Noblegriffon » l’emplit de joie et elle propose à Kassandra de rester auprès d’elle afin de réparer les fautes de son père. Le hasard veut qu’un autre bâtard Noblegriffon se soit mis en quête de retrouver Noah : Gabriel, le demi-oncle de Katalina. Ses méthodes sont beaucoup moins pacifiques que celle de Kassandra. Pour se venger de son demi-frère qui a essayé de le tuer, il enlève Katalina. Ce qu’il ignore, c’est qu’elle est la protégée d’un avatar divin. Quand Aerandir les retrouve, il maudit Gabriel, qui n’a d’autres choix que de fuir. Une seconde fois, Katalina confronte son père qui confesse son crime. Elle le bannit de sa demeure et lui interdit d’essayer de la revoir.
Cet incident fait prendre cruellement conscience au sang-mêlé de la fragilité de sa compagne. Il réalise aussi que son enfant à naître devra vivre la majorité de sa vie sans sa mère pour veiller sur lui. Prenant peur, il supplie Arcam d’intercéder en sa faveur auprès de Tyra. La Voilée accepte de prolonger la vie de Katalina, mais décide d’en faire son Vaisseau en échange. Elle lui confie aussi la bague des morts, faisant d’elle sa gardienne au même titre qu’Aerandir est celui d’Arcam.
IV – Le Voile Du Voile jusqu’au Verimios de l’An 1:XI
Devenue le Vaisseau de la Voilée, Katalina cherche à prendre la mesure et à controler les dons de Tyra. Rendue aveugle par le regard divin sur elle, elle s’isole le plus clair de son temps. Si Aerandir comprend et respecte sa démarche, Kassandra est blessée par le silence soudain de sa demi-sœur. La pirate finit par la confronter ; Katalina garde le secret de son « élévation », mais accepte de passer plus de temps avec elle. Cela marque le début de leur relation sororale, qui reste néanmoins empreinte de gêne et de retenues. Sa cécité réveille d’anciens traumatismes liés à sa captivité Dornienne. Pendant un cauchemar particulièrement éprouvant, elle trouve pour la première fois refuge dans le Royaume de la Voilée. Déboussolée, elle erre quelques temps dans les Plaines, avant de s’engouffrer dans le Niflheimorn. Les conditions extrêmes de ces tunnels la mettent à rude épreuve. Ignorant tout du trépas de son ravisseur, elle se demande si Nilhantar subira, à sa mort, similaire tourments. Faisant un usage incontrôlé de ses dons, elle convoque malgré elle son Souffle. L’écho de la personnalité du daedhel la provoque rapidement, ce qui la pousse à dissiper son Souffle. Tyra apparaît alors devant elle et pour la punir, elle la condamne à porter en elle les souvenirs de sa victime, qui seraient autrement perdus.
Cet événement attire l’attention des cultes de la Voilée, qui interpretent l’avènement de la nouvelle gardienne. La Haute-Prêtresse de Tari Hithiel Isylindë et le Haut-Prêtre de Tyra Licsis font tous deux le déplacement pour la rencontrer. Très oppressée par la seule présence de Licsis, Katalina l’accuse publiquement de nécromancie quand elle comprend l’origine de son malaise. L’incident est d’importance et pousse Hithiel Isylindë à insister pour conduire la gardienne à Holimion. Katalina refuse, mais accepte cependant d’accueillir des membres du culte chez elle pour écouter leurs leçons. Le Voile coupe court à la crise qui s’annonce et la Déesse prend possession de son Vaisseau.
Peu désireuse de subir les affres de la grossesse, Tyra provoque l’accouchement de Katialyne trois ennéades avant son terme. Elle rejoint ensuite les Piliers, au cœur des Terres Stériles. Hithiel Isylindë n’hésite pas longtemps avant de se lancer sur ses traces. Elle est dans sa quête accompagnée par Johann, qui s’estime sa débitrice. Au prix d’un long et difficile voyage, les deux femmes et leurs escortes parviennent à retrouver Tyra. La déesse les félicite pour leur dévotion, puis leur ordonne de prendre soin de son Vaisseau quand elle partira ; en attendant que le moment soit venu, elle les endort.
À la fin du Voile, Hithiel et Johann se réveillent pour trouver une Katalina physiquement éprouvée par la longue possession qu’elle a vécu. Les deux femmes se plient au commandement de la Voilée et ramènent la gardienne chez elle. Pendant leur périple, Katalina se rend compte que les conséquences du Voile dépasse sa fragile condition physique. Elle est désormais habitée par la mémoire des Souffles qui ont trouvé refuge dans le royaume de la Voilée. Cette somme phénoménale de connaissances l’écrase de toute sa démeusure et elle peine pendant plusieurs ennéades à faire la distinction entre ses souvenirs propres et ceux des morts.
V – Mémoire Entre Verimios de l’An 1:XI et Verminos de l’An 6:XI
De retour dans sa demeure à Serramire, Katalina découvre qu’Aerandir l’a précédée et s’est enfui avec leur fille. Quant à Kassandra, la pirate ne s’est pas attardée après avoir appris la véritable nature de sa demi-sœur. Esseulée, la gardienne décide de ne pas rester à Serramire et rallie Erac juste à temps pour assister au mariage d’Astéride avec un chevalier errant du nom de Ciaran de Valis. Une fois la cérémonie passée, elle demande et obtient de pouvoir rester à Erac aussi longtemps qu’elle le désire. Quelques ennéades plus tard, le Feu d’Uriz Tebirahc Zaurahel décide d’user de l’artefact dont il a la garde pour pénétrer dans le Royaume de la Voilée. Son but est de rencontrer Elda, la prophétesse mythique qui aurait guidé les premiers daedhels jusqu’au Puy d’Elda. En réponse à cette intrusion dans son domaine, la Voilée convoque Katalina, qui parvient à le perdre dans les dédales souterrains du Royaume. Elle lui promet aussi de venir un jour à sa rencontre pour lui reprendre le rubis, qui était à l’origine un don de Tyra à Othar.
Tandis qu’elle joue avec Erwan, le fils sans père d’Astéride, Katalina se remémore un souvenir appartenant en réalité à Cyllian, la précédente gardienne de la bague des morts. Katalina apprend ainsi l’existence de Plume, la fille issue de son union avec Illiv’aere Det’tar. Pendant les jours qui suivent cet révélation, elle fouille « sa » mémoire à la recherche du moindre indice sur Plume. Cette expérience lui apprend deux choses. D’abord, les souvenirs des daedhels lui sont majoritairement inaccessibles. Ensuite, les derniers instants confus d’un esclave sur le point d’être sacrifié lui permettent d’entrevoir une enfant qui pourrait être Plume. Katalina décide de profiter de la prochaine « visite » de Tebirahc pour lui demander de lui restituer les restes de Cillian et la garde de l’enfant. Le daedhel accepte sous réserve que la Serramiroise le fournisse en armes et en armures qu’il retournera contre les anëdhels. Katalina accepte et l’échange a — une nouvelle fois — lieu à Thaar, quatre ennéades plus tard.
Katalina reste quelques jours à Thaar, le temps d’apprivoiser Plume. Elle parvient à apprendre rapidement la langue eldéenne grâce à la mémoire des morts, ce qui leur permet de communiquer. Plume a cinq ans et, comme il est de coutume pour ceux qui possédent autant de sang daedhel qu’elle, sa croissance s’est déjà fortement ralentie.
Quand elle est satisfaite par sa relation avec Plume, Katalina décide de retourner dans la Péninsule afin de confier les restes de Cyllian au Pieuré de Serramire. Depuis son manoir, elle fait forger deux chevalières pour Kassandra et Gabriel, puis repart sur les routes pour rejoindre Meca où, pense-t-elle, elle pourra retrouver les deux bâtards Noblegriffon. Arrivées à Ydril, elle et Plume embarquent sur un navire de la Marine Marchande. Pendant la traversée, la gardienne se découvre une très grande affinité avec l’océan d’Éris. À mi-chemin, elle se remémore une conversation qu’elle avait eu avec Aerandir pendant sa grossesse, mais se rend subitement compte qu’elle assiste à la scène du point de vue du gardien et pas du sien. Boulversée par la révélation de la mort de son compagnon, elle sculpte, en transe, une proue de glace éternelle à son effigie pour le navire. L’équipage, effrayé par cette démonstration de magie, essaie de la tuer. Katalina est blessée par un couteau de lancer qui se fiche dans son épaule. Tyra prend alors possession son Vaisseau et maudit ses agresseurs. Le vaisseau et les mortels présents — à l’exception notable de Katalina et Plume — se recouvrent intégralement de glace. C’est la naissance de l’Alkhâg. Un seul autre mortel, Amon Alocer qui a essayé de les protéger, survit ; il se réveille sur une plage Mécane pour raconter l’histoire qu’il a vécu.
Katalina et Plume, elles, reprennent conscience sur une plage du duché de Langehack. Tyra interdit à son Vaisseau de tenter une seconde fois de rejoindre Méca. La Serramiroise offre les deux chevalières en offrande à la mer pour prouver sa soumission. Elle décide aussi d’abandonner son nom et devient Mémoire.
Pendant les années qui suivent, Mémoire incarne le Vaisseau que Tyra veut qu’elle soit. Elle devient une femme froide et distante, même avec Plume qu’elle traite bien souvent avec indifférence et sans le moindre égards pour son jeune âge. Elles écument la Péninsule et l’Ithri’Vaan, parfois du propre chef de la gardienne, parfois pour répondre à une requête de la Voilée. En filigrane de ses vagabondages, Mémoire tente aussi de tenir la promesse qu’elle a fait au Feu d’Uriz, qui finit par nourrir une rancœur tenace à son égard.
En l’An 6:XI, Tebirahc Zaurahel décide de se venger des affronts dont il s’estime victime en s’en prenant à Meca. Les habitants de l’île vouent en effet un culte à Éris, qui est à la fois l’océan sur lequel ils naviguent et une véritable personnification de ce dernier sous des traits derrière lesquels se cachent Tyra. Devant l’urgence de la situation, Mémoire fait le choix d’abandonner Plume. Elle se met en quête de Johann, qu’elle sait être dans la région et qui depuis leur dernière rencontre est devenue, pour la force à l’amener rapidement à Ydril. De là, elle rallie Méca grâce à l’Alkhâg. Elle affronte frontalement le Feu d’Uriz dans un violent duel magique qui ne prend fin qu’au moment où leurs divinités tétulaires interviennent pour les séparer. Les deux dieux s’adonnent à de violents ébats que Mémoire vit comme un nouveau viol. Quand la gardienne se réveille sur une plage d’Ithri’Vaan, le souvenir brûlant de l’incident plante les graines de son conflit à venir avec Tyra.
Pendant plusieurs ennéades, Mémoire erre seule et sans but en Ithri’Vaan. Elle finit par être capturée par des esclavagistes, contre lesquels elle abdique sans chercher à se défendre. Des signes et des présages troublants empêchent cependant ses ravisseurs de la blesser ou d’abuser d’elle et ils la laissent croupir dans une geôle à Sol’Dorn en attendant de trouver quoi faire d’elle. Elle est finalement délivrée par le Feu d’Uriz en personne. Lui aussi a été durement marqué par leur affrontement, quoique pour des raisons bien différentes. La férocité de leur combat lui a en tout cas fait réviser son jugement à l’égard de Mémoire.
C’est le début d’une étrange cohabitation durant laquelle les deux avatars prennent la mesure de la similitude de leurs destins et des épreuves qu’ils doivent affronter. Rompant sa promesse, Mémoire renonce à lui reprendre le rubis et elle accepte même de l’accompagner quand il lui fait part de son désir de partir à la rencontre de la nouvelle élue de Kÿria. Taurë vient à leurs devants dans la Annon. Sans surprise pour Mémoire, la conversation qu’elle amorce avec le Feu d’Uriz est houleuse et les deux avatars en viennent même à s’affronter. Tebirahc prend le dessus sur Taurë, sans que Mémoire ne fasse rien pour défendre l’Instrument de la Première Déesse. C’est là un une faute et un affront aux yeux de Tyra, qui décide de punir son Vaisseau. Une fois sa gardienne revenue en Ithri’Vaan, Tyra la confronte dans la volonté de la soumettre à nouveau à sa volonté. Mémoire, qui ne parvient pas à oublier la « trahison » de la Voilée à Méca, refuse de lui céder.
Pour se venger d’elle, Tyra la maudit. Le jour, Mémoire croira que Tyra l’a abandonnée et devra affronter une vie esseulée sans la sensation de l’œil de la Voilée sur elle. La nuit, Mémoire se « réveillera » dans les Plaines du Royaume, en pleine possession de ses moyens et de sa mémoire, et devra se frayer un chemin jusqu’à elle pour lui dire si elle renonce à sa rébellion ou non.
VI – La Pèlerine d’Eyrolles Entre Verimios de l’An 6:XI et Favrius de l’An 7:XI
Déboussolée, esseulée, Mémoire trouve d’abord refuge dans un Sanctuaire de la Voilée dans les Septmonts. Elle entame son long châtiment de Sisyphe. La nuit, elle se hisse jusqu’au Heläe depuis les Plaines, rallie le Sirardeiel et renouvelle son défi à Tyra. Le jour, elle sonde le silence de son esprit à la recherche d’un signe qui ne vient pas. Après quelques jours de recherche infructueuse, entr’apercevant la possibilité d’une vie libérée du fardeau de la Voilée, elle prend la décision de retourner à Erac. Plus que Serramire, c’est dans l’ancien fief de Trystan I qu’elle commence à échafauder les bases de sa nouvelle vie.
Grâce au concours de serviteurs de Tyra, elle accoste à Sharas juste avant la fin de l’An 6:XI. Elle remonte ensuite le Ner jusqu’au Lac Balgur. Une fois à Cantharel, alors qu’elle envisageait jusque là de rallier Kerbourg, elle renonce subitement. Ce revirement s’explique surtout par sa prise de conscience des boulversements qui ont eu lieu à Erac depuis la mort de Trystan I. Elle a compris qu’elle n’y serait nullement pas la bienvenue et décide finalement de suivre une caravane qui l’amène à Eyrolles. Là-bas, elle rencontre un pêcheur nommé Pierre. Poussé par un puissant vague à l’âme venu d’un persistant sentiment d’impuissance depuis son départ d’Estrévent, elle se confie à lui. Elle lui dévoile son identité, sa nature et lui conte ses aventures. Pierre est vite fascinée par ses récits et la convainc de parler en présence de certaines de ses connaissances. C’est rapidement un groupe de fidèles qui se forment autour de la gardienne, qui se nourrit de leur dévotion naissante sans même s’en rendre compte. Des rumeurs sur la Pèlerine d’Eyrolles commencent à se répandre et elle accepte de voyager à Cantharel avec eux. Elle est cependant rapidement dépassée par la tournure des événements quand des jacqueries éclatent en son nom autour de la capitale marquisale, nourries par certains aspects anti-cléricaux de son discours. Elle est arrêtée par la marquise Arsinoé de Sainte-Berthilde, qui veut la juger pour mettre fin aux troubles qui agitent ses terres et sa cité.
La marquise découvre vite la difficulté de juger une gardienne, a fortiori « la » gardienne qui a été possédée par Tyra pendant le Voile. Plutôt que de risquer la colère des cultes et de la Déesse elle-même, elle décide de déplacer sa prisonnière dans le Tertre, une forteresse à l’est de son domaine. Fortement marquée par les récits des violences qui ont succédé à ses prêches, Katalina s’y cloître pendant plusieurs longues ennéades de Favrius de l’An 7:XI durant lesquelles elle dicte à sœur Ithe ses « mémoires ». Le manuscrit qui débouche de ces éprouvants entretiens est un texte confus, par trop souvent décousus, mais soupçonné par beaucoup de contenir de nombreux secrets.
VII – Meavh de Loqriv En Barkios de l’An 7:XI et Barkios de l’An 8:XI
Une fois les jacqueries matées et le calme revenu en ses terres, Arsinoé de Sainte-Berthilde déplace sous bonne escorte la gardienne jusqu’à la frontière que partage le marquisat avec le duché d’Erac. Elle l’y abandonne et Katalina trouve péniblement refuge dans une ville nommée Nefir. Là-bas, la Serramiroise fait la rencontre d’une vielle femme qui l’enjoint à l’accompagner jusqu’à Loqriv.
Elle découvre que sa guide est en fait une matronne de Lwar, une idole que les rivois ont l’habitude de dépeindre sous des traits étrangement similaires au sien. Elle découvre aussi que le Wagyl est une figure tutélaire de la région. Sans qu’elle n’en comprenne la raison ou le sens, elle se retrouve au cœur d’une vielle querelle entre les deux cultes. La nuit, elle dort sous le toits de Lwar et est confiée aux bons soins d’Aislinn, une jeune orpheline recueillie par les matrones. Devant le refus de la gardienne de donner un nom pour la désigner, l’enfant lui en choisit un : Meavh. Le jour, elle se prostèrne devant l’imposante figure du Wagyl sous le regard hautain des prêtres du dieu-serpent. Eux appellent Katalina Andall, qui est un mot qui veut dire « l’aveugle ».
Meavh est finalement arrachée aux griffes des matrones de Lwar et des prêtres de Wagyl par Farren de Loqriv, qui voit en elle un moyen de communiquer avec ses dieux et l’épouse.
Conjointement à ces événements, le châtiment de Mémoire se poursuit. Cela ne fait pas encore un an qu’elle doit, chaque nuit, traverser le Royaume souterrain, mais la tâche se révèle de plus en plus ardue. Si jusque là son Souffle était assez léger pour lui permettre d’atteindre le Heläe, où la traversée est paisible, ses échecs, son impuissance, sa colère et l’absurdité de son supplice sont autant de fardeaux qui l’alourdissent et l’entraînent finalement vers le Niflheimorn. Bien que le souvenir de ces épreuves harassantes s’estompent dès l’instant où elle rouvre les yeux, elles ont tout de même un fort impact sur sa santé mentale et physique.
Meavh commence tout juste à délirer à cause de la mémoire des morts quand Farren se lance à l’assaut de Lyrion voisin avec l’ambition assumée de le soumettre à sa loi. Le jour supposé de sa mort, dans les premiers jours de Vermios de l’An 7:XI, les abords de la falaise sur laquelle est construite son château s’affaissent. Seule Aislinn et Meavh survivent à la catastrophe, sauvées croit la seconde grâce à l’intervention du Wagyl. Elles se réveillent sur une plage au sud du duché, seulement pour constater la sévérité de l’état de la gardienne. Elle souffre d’une fracture ouverte à l’avant-bras gauche qui contraint les pêcheurs qui les trouvent à amputer pour éviter la propagation d’un début infection. L’événement traumatique entraîne Meavh par le fond et malgré les bons soins de ses bienfaiteurs, elle met presque un an à se remettre des contre-coups de sa blessure. Elle ne doit sa survie qu’à la bonté d’âme d’une vielle matrone, qui les prend en pitié elle et Aislinn. La petite Rivoise ne ménagera pas ses efforts pour s’assurer de sa bienveillance, aidant partout où elle le peut.
En Barkios de l’An 8:XI, des rumeurs lui parviennent faisant état d’un étrange donjon qui se serait échoué dans la Calanque des Souffles, une crique réputée des falaises eraçonnes. Meavh soupçonne qu’il s’agisse de restes du château de Loqriv et décide de s’y rendre. Incapable de la raisonner, Aislinn décide de s’y rendre avec elle. Elles parviennent par miracle à descendre le long de l’unique sentier escarpé qui mène à la petite plage de la calanque, mais l’épreuve les épuise et elles manquent d’y mourir, incapable de faire le chemin du retour. Elles ne doivent leur survie qu’à l’arrivée providentielle de Pierre, qui est est sur les traces de la gardienne depuis son arrestation à Cantharel.
VIII – La fin du châtiment Entre Verimios de l’An 8:XI et Favrius de l’An 11:XI
Aislinn guide Pierre jusque dans le village où elle et Katalina avaient trouvé refuge après la destruction du château de Loqriv. Ils s’y installent tous trois et le pêcheur veille sur la convalescence de l’enfant et de la gardienne. Les mois qui font l’effet d’un cauchemar sans fin ni but pour Aislinn et Pierre, qui voient Katalina osciller entre trop courts moments de lucidité et longues crises de délires.
À la fin de l’An 8:XI, Pierre décide en désespoir de causes de ramener la gardienne à sa terre natale. Au terme d’un éprouvant voyage, ils arrivent à Serramire en Karfias de l’An 9:XI juste à temps pour assister au grand tournoi organisé par et pour le marquis Aymeric de Brochant. Pendant les festivités, Katalina dévoile plusieurs fois son identité. Il n’en faut pas moins pour que les rumeurs de son retour se propagent. Elles parviennent jusqu’aux oreilles du marquis, qui se met en tête de lui demander un oracle à propos du « Bohémond de Soltariel » dont personne ne sait dire à l’époque s’il est bien le fis d’Aetius d’Ivrey. Prenant peur, Pierre leur fait donc quitter précipitemment la ville.
Dans ce qu’il pense être un de ses désormais rares moments de lucidité, Katalina lui demande de l’emmener à Ys. Ils voyagent jusqu’à Alonna, puis longent un bras de la Sirilya jusqu’à atteindre l’Olienne. Ils ne parviennent cependant pas à embarquer sur un navire en partance pour les principautés. Ils passent Barkios de l’An 9:XI dans une précarité très importante et Pierre s’endette pour pouvoir subvenir aux besoins des deux femmes sous sa protection. Il lui faudra un an pour rembourser ses créanciers. La dernière ennéade de Favrius de l’An 10:XI, Katalina, Pierre et Aislinn embarque sur un navire qui doit les conduire jusqu’à Ys. Le premier jour de Barkios, alors qu’ils viennent tout juste de quitter Thaar, elle s’endort sur une couchette inconfortable. Après un énième supplice, elle se présente face à Tyra et accepte de se soumettre à nouveau, ce qui marque la fin de son châtiment. La Voilée lui fait grâce d’un an pour se remettre et panser ses plaies.
IX – L’Yssoise Entre Barkios de l’An 10:XI et Favrius de l’An 11:XI
Quand elle accoste à Ys courant Barkios de l’An 10:XI, Katalina sait que le temps lui est compté. Le souvenir des tourments de Plume reste cuisant dans sa mémoire et elle refuse jusqu’à l’idée de faire subir quelque chose de similaire à Aislinn ou à Pierre. Libérée de l’injonction sans cesse renouvelée de traverser le royaume souterrain de la Voilée, Katalina peut enfin jouir d’un sommeil un tant soit peu réparateur. L’effet sur sa santé se fait presque immédiatement ressentir et elle peut entamer sa lente convalescence.
Elle conduit Pierre et Aislinn jusque chez Varlar, dont elle avait retrouvé la trace grâce à la mémoire des morts et qui reste encore à ce jour son débiteur. Elle n’a pas besoin d’insister longtemps pour qu’il accepte de leur ouvrir son foyer, sans doute choqué et peiné par sa piètre mise. L’année consentit par Tyra file ensuite trop vite entre les doigts de la gardienne, qui sent à nouveau l’œil de la Voilée sur elle. Ses progrès sont trop lents à son goût, même si au début de l’An 11:XI, les rechutes qui la voient céder aux hallucinations de la mémoire des morts sont devenues rarissimes. Elle commence donc à préparer son départ, ce qui implique d’assurer une situation stable et confortable à Pierre et Aislinn. Elle discute longuement de Varlar de ses différentes entreprises commerciales et l’aide à réaliser, début Favrius de l’An 11:XI, une très belle opération qui démultiplie sa richesse.
Avant la fin du mois, elle fait venir de la Péninsule un Mestre Serramirois et son apprenti, ainsi qu’Odylin d’Oquebosque. Ce dernier est un capitaine paladin de Tyra qui doit, avec Varlar, attester de sa véritable identité. Avec leur aide, elle fait consigner par le Mestre la fillation d’Aislinn aux Noblegriffon et fait de l’orpheline rivoise son unique héritière. En plus de cela, elle autorise Varlar à utiliser son illustre nom pour fonder « son » comptoir Noblegriffon, à la condition qu’il accorde une rente à vie à Aislinn afin de la tenir éloignée du besoin.
Le premier Barkios de l’An 11:XI, elle quitte Ys escortée par Odylin d’Oquebosque, sans trouver le courage de faire ses adieux à son héritière ou à Pierre.
X – Les Maudits Entre Barkios de l’An 11:XI et Vermios de l’An 12:XI
D’Ys, Odylin d’Oquebosque et Katalina Noblegriffon rallient Thaar en bâteau. Ils espèrent trouver un second navire qui les conduiraient jusque dans le Nord de la Péninsule. Le paladin a pour mission de ramener la gardienne dans le pieuré de Serramire et Katalina espère être en mesure ensuite de rejoindre Sainte-Berthilde où elle espère faire amende honorable pour les troubles qu’elle a causé dans le marquisat pendant l’An 8:XI. La Voilée a cependant d’autres projets pour son Instrument et, prenant possession d’elle, la soustrait à Son paladin en la jetant dans les eaux troubles du port de Thaar. La gardienne se réveille sur une rive de Garnaad, à une demi-lieue de Diantra.
Elle fait la rencontre d’Alix, une adolescente vivant dans les fauxbourgs de la capitale du Royaume des Phiirams depuis la mort de sa mère. Katalina passe trois jours à ses côtés pour reprendre un peu de force, avant de se présenter devant les portes du palais royal. La prenant pour une manante un peu folle, les gardes cherchent à la chasser et quand elle refuse de quitter les lieux, l’enferment dans les geôles du Roi. Elle distille depuis sa cellule miracles étranges et prophéties dérangeantes. Des rumeurs la concernant finissent pas atteindre le clergé de Tyra et des prêtres sont dépêchés sur place au plus vite pour vérifier son identité et la libérer le cas échéant. Quand Katalina sort finalement de sa cellule, le conseil de régence fait des pieds et des mains pour s’assurer de son confort pour apaiser son éventuel courroux. Sa seule demande est cependant de pouvoir rencontrer Altiom d’Ydril. Otage de sa Majesté Bohémond I, Altiom est un noble Ydrilote aux multiples facettes et un véritable troublion habitué des révoltes et des guerres qui ont secoué le duché de Soltariel depuis le Voile. La Voilée se soucie bien évidemment peu de ses turpitudes temporelles. Cependant, Altiom s’est livré par le passé à un rituel impie pour sauver son ami le Roi de Naelis Glenn Hereon et qui a profané Son royaume et la Déesse réclame désormais son dû. Devant un conseil de régence médusé, Katalina accuse Altiom de nécromancie et réclame de pouvoir le tuer. Les nobles lui refusent le droit d’ainsi accuser, juger et condamner l’un des leurs. Le clergé de Tyra lui apporte au contraire son soutien, car il est difficile aux prêtres présents de la contredire en public. Ils s’activent cependant en coulisses pour trouver une médiation, mais c’est sans compter la tenacité de Katalina, qui finit par obtenir gain de causes après plusieurs ennéades de bloquage. Elle arrache à Altiom son Souffle et disperse ce dernier quelques jours avant la fin du mois de Barkios de l’An 11:X.
Elle est par la suite évacuée précipitamment de Diantra par le culte de Tyra, qui promet à la noblesse Diantraise qu’elle n’y remettra plus les pieds. Quelques ennéades plus tard, elle s’installe à Soltariel dans le grand temple dédié à sa déité tutélaire. Elle se tient à l’écart des prêtres et des fidèles, n’accordant de son temps qu’au haut-prêtre Anselme le Vieux. Quand ce dernier rencontre en Karfias de l’An 12:XI T'sisra Do'ath, une daedhelle qui a reçu de Tyra la tâche de créer un grand rassemblement religieux en Son nom, elle demeure à l’écart. Elle est cependant présente à la veillée de Bellogno — une petite ville à quelques lieues de Soltariel — quand T’sisra prend la parole devant une foule de pèlerins et elle assiste, impuissante et complice, à ce que le culte surnommera vite l’avènement des Exaltés de Bellogno. Une trentaine de pèlerins fondent en pleurs à la fin de l’intervention de T’sisra, assurant avoir vu Tyra en personne. Ils ne quitteront jamais l’étrange état de transe dans lequel cet événement mystique les aura plongés et seront pris par la suite en charge par le clergé, qui les considèrera comme des oracles et fera tout pour les garder en vie le plus longtemps possible.
Après ces événements qui lui rappellent encore une fois combien Tyra sait se montrer cruelle, Katalina sait que son temps dans le Sud touche à sa fin. Elle demande à Anselme de pouvoir rallier le pieuré de Serramire. Le haut-prêtre y consent à regret, conscient du trouble que sa présence crée chez ses ouailles. À Serramire, Katalina retrouve Odylin et avec le paladin elle organise la prochaine étapde de son voyage. Il lui faut rallier Naelis avant le début de Barkios de l’An 12:XI pour rencontrer le Roi Glenn Hereon, qui à l’instar d’Altiom s’est attiré l’ire de Tyra. Ayant eu vent du sort de son ami, Glenn a quant à lui décidé d’entreprendre un voyage désespéré à Diantra pour plaider sa cause auprès du clergé de Néera, dans l’espoir que la DameDieu le protège des foudres de Sa sœur aînée. En son absence, Katalina rencontre la Reine Glinaina Hereon. Elle aide l’elfe à accepter la mort de son époux. Glenn, qui n’a pas obtenu la protection qu’il espérait à Diantra, pénètre dans sa cité quelques ennéades plus tard. Il sait que son temps est compté et veut faire ses adieux, mais ne s’attend cependant pas à se retrouver nez à nez avec la gardienne. Katalina l’accuse à son tour de nécromancie et réclame son Souffle, qu’elle disperse ainsi qu’elle l’avait fait avec Altiom.
La gardienne quitte précipitemment Naelis et ordonne Odylin de la conduire dans les Principautés où le paladin l’aide à traquer les chamans du clan Zurthan Akadjis. Ils sont les derniers responsables du rituel voulu par Altiom d’Ydril pour sauver Glenn Hereon et les derniers Souffles contre lesquels Tyra réclame vengeance. Il faut deux mois à Katalina et son guide pour les traquer et les tuer, mais quelques jours avant la veillée marquant le début de l’An 13:XI, le dernier nécromant tombe sous leurs coups.
XI – Enyalis Entre Karfias de l’An 13:XI et Vermios de l’An 13:XI
Tandis qu’Odylin les mène tous deux vers le nord et le duché des Septmonts, Katalina sait que son temps avec le paladin touche à sa fin. Alors qu’ils sont sur le point de quitter Thaar, une anëdhelle du nom d’Elbereth les approche. Elle est une novice sur le point de devenir une prêtresse de Tari et explique qu’elle a reçu l’ordre d’escorter Enyalis — ainsi que les anëdhels nomment la gardienne — jusqu’à l’île d’Holimion. Le paladin refuse de lui abandonner la Noblegriffon, mais la principale concernée ne lui laisse pas le choix. Les deux femmes rejoignent les compagnons de voyage de l’elfe — tous issus du clergé de Tari —, puis prennent la direction de l’Anaëh. Ils évitent Sol’Dorn, pénètrent la Annon, rallient Ardamir et rejoignent enfin Alëandir ; depuis sa première visite dans la cité du Trône Blanc, plus de quatorze ans ont passé.
Quelques jours après leur arrivée, Katalina fausse compagnie à ses gardiens et pénètrent l’Harmalaica. Son but est de se présenter devant l’Estel, qui abrite le Souffle de Myrhyarmen. Pendant le Voile, c’est dans l’Estel que Kÿria s’est incarnée et c’est devant l’Estel que, dans les derniers jours de Karfias de l’An 13:XI, Katalina se prosterne pour implorer le pardon de l’Aînée. Par le truchement de l’Estel, la Déesse y consent, mais à la condition que le Vaisseau de la Voilée lui abandonne son bâton. Désespérée, Katalina plante son bien le plus précieux dans la terre meuble de l’Harmalaica. L’Estel, scellant la bouture, lui offre de revenir quand dix années auront passé, pour qu’elle puisse récupérer de l’arbre qui aura poussé un nouveau bâton qui pourra la guider.
Cet événement est une véritable épreuve pour Katalina, qui se servait des gravures qui recouvraient son bâton pour distinguer ses souvenirs de ceux des Souffles qui l’habitent. Elle est retrouvée dans un état presque catatonique par des prêtres de Tari, qui la ramène dans le temple de la Dame-Écume d’Alëandir. Artiön Laergûl se présente quelques heures plus tard aux prêtres de Tari et demande une audience avec Enyalis. L’entrevue est houleuse et le souverain des taledhels n’obtient pas les réponses qu’il escompait. Le lendemain, Elbereth décide de précipiter leur départ d’Alëandir et conduit enfin la gardienne à Holimion. Katalina y passe le reste de l’An 13:XI à surmonter la perte de son bâton. Pendant cette période, des rumeurs circulent dans les hautes sphères de l’Anaëh et nombreux sont ceux qui font le voyage jusqu’au Sanctuaire d’Holimion dans l’espoir de recevoir un oracle de sa part. Si le clergé filtre les demandes, jugeant l’exercice dangereux, il en est certain qu’ils ne peuvent refuser. Les rares élus repartent cependant avec plus de questions que de réponses. Quelques jours avant la fin de l’An 13:XI, Enyalis confie à Elbereth son désir de se recueillir sur la bouture de son bâton. L’elfe hésite, mais finit par céder. Une fois dans la capitale elfique, Katalina parvient à lui fausser compagnie, puis elle convainc ensuite des Lëandrins de la reconduire jusque dans les principautés.
XII – La troisième voie Depuis Karfias de l’An 14:XI
Dernière édition par Mémoire le Dim 1 Déc 2019 - 15:15, édité 20 fois
Guzandrakka
Ancien
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Sujet: Re: Katalina Noblegriffon | MAJ Mar 31 Mai 2016 - 17:01
Ancienne Fiche:
NOM & PRENOM : Noblegriffon & Katalina AGE : 26 ans SEXE : Féminin RACE : Humain
PARTICULARITE : Par de nombreux côtés, cette jeune femme issue de la petite noblesse Serramiroise est bien atypique.
∞ Katalina Noblegriffon est à la tête de l’un des empires commerciaux les plus florissants de la Péninsule Humaine, ce qui fait d’elle une des plus grandes fortunes du Royaume. Elle compense donc une importance politique mineure par un rôle majeur dans l’économie, intervenant dans presque toutes les villes d’importance. Elle a réussi à tisser avec Diantra de nombreux liens par le biais d’accords commerciaux basés sur sa participation à l’effort de guerre, et la relation de son représentant, Varlar, avec feue la Duchesse Esidenir de Langehack lui ouvrit un marché privilégié dans ses terres. Malgré tout, cette position presque dominante n’apporte pas que des avantages : le mépris est souvent au rendez vous pour cette femme « ne sachant pas rester à sa place ».∞ Son séjour au Puy l’a transformée. Mentalement, d’abord elle souffre d’une hydrophobie handicapante, qui transforme chaque bain en une épreuve harassante, et elle a développé une légère agoraphobie. Plus la foule est importante, plus les chances qu’elle contienne un violeur est importante. Physiquement, elle a repris sa silhouette d’entend, mais le « N » gravé de façon barbare avec la pointe d’une dague ne disparaîtra sans doute jamais.∞ Son ancienne relation avec Merwyn, alors Duc de Serramire, l’a désignée aux yeux de la Cour comme une femme prête à tout pour combler son manque d’influence politique. Ses liens avec Aerandir, Dieu de l’Amour, renforce d’autant plus cette histoire aux yeux des mauvaises langues, effaçant même la pitié qu’ils auraient pu ressentir pour celle qui fut l’espace de quelques temps l’esclave d’un drow.∞ Humaine de pure souche, elle aborde désormais un visage rappelant vaguement celui des sang-mêlé avec les elfes, depuis sa rencontre avec Shealth Daeth’Lynn. Même si ces traits se sont atténués, à son grand soulagement, elle a mis elle-même un certain temps avant de se reconnaître dans le miroir. Cette nouvelle particularité jette un peu plus l’opprobre sur un personnage déjà haut en couleur, accusé par certains de sorcellerie taboue.∞ Grâce à son « long » séjour chez les elfes, elle parle désormais couramment leur langue, même si son expression n’est pas parfaite. En cela, elle surpasse bien des nobles « érudits », mais elle n’a pas encore eu l’occasion de s’en vanter.
ALIGNEMENT : Communauté de la Lumière METIER : Héritière des Noblegriffon & Riche négociante CLASSE D’ARME : Aucune
POSSESSIONS : Il serait long et épuisant de faire l’inventaire des possessions de Katalina. Pour faire simple, à part le respect de ses pairs et des terres, elle possède à peu près de tout. Ses comptoirs sont susceptibles de lui fournir les marchandises les plus improbables. Pour autant, certaines possessions de Katalina sont plus importantes que d’autres.
∞ La famille Noblegriffon est issue de la noblesse Oësgardienne, mais sa présence dans la baronnie frontalière remonte à plusieurs siècles, et même eux ne savent plus avec exactitude où se trouvent leurs terres d’origine. On sait juste que, à force de conquête, elle s’est progressivement étendue jusque dans Serramire, avant de perdre ses terres Oësgardiennes au profit des Seigneurs locaux. Ce sont ses terres Serramiroies qu’elle considère comme son héritage, même si elle n’a plus aucun droit dessus après son passage sur le trône ducal.∞ Dernier vestige de sa puissance, la demeure des Noblegriffon, construite dans la ville ducale, a été totalement rénovée puis agrandie ces cinq dernières années par Katalina elle-même, comme un premier pas pour redorer le blason de sa famille. Sans faire nullement de l’ombre à la demeure du Duc, elle reste un des « monuments » de la cité, et vaut la peine d’être vue. Depuis l’enlèvement de Katalina, Noah Noblegriffon, son père, y vit seul.∞ Eparpillés sur tout le territoire, les comptoirs Noblegriffon sont des points de vente souvent connus et appréciés de la population pour leurs efficacités. C’est sûr eux et sur le réseau qu’ils forment que s’appuient en grande partie la puissance économique de la famille. Ils interviennent dans un nombre impressionnant de domaines, variant selon la région considérée, tout en restant un interlocuteur privilégié des nobles en recherche de financement. De nombreux accords les lient d’ailleurs aux Grands de ce monde, que ce soit à Langehack, à Diantra où à Serramire.∞ La garde robe de Katalina a subit l’influence d’Anaëh, et elle porte désormais la majeur partie du temps des robes dites « elfiques ». S’habillant souvent de blanc et de bleu, elle privilégie les robes aux couleurs pastelles, aux motifs simples et aux larges manches. Ayant ramené de son voyage quelques robes « authentiques », elle a ensuite commandé aux meilleurs couturiers de Langehack des « reproductions » plus adaptées à ses formes humaines. La plus part de ses commandes utilisent les tissus les plus réputés de la capitale culturelle de la Péninsule… au diable la dépense, quand on est à la tête d’une des plus grandes fortunes du Royaume, il faut le montrer.
DEscriptION PHYSIQUE : Katalina est toujours apparue comme une femme belle et épanouie. Sous le regard arrogant des mâles de sa race, promptes à juger sur l’apparence, elle semble fragile et délicate, et peut-on leur en vouloir de la juger ainsi ? Sa silhouette menue et sa petite taille, dépassant avec peine le mètre soixante cinq, ne peuvent en effet que les conforter dans cette idée. Par un quelconque caprice du destin, son visage apparaissait bien souvent plus jeune qu’il ne l’était véritablement, et elle a toujours su en jouer, sans jamais arriver à s’en réjouir pour autant. On se méfie moins de la jeunesse inexpérimentée, après tout. Ainsi, leur réaction face à elle n’est pas la même que celle qui pourrait naître d’une rencontre avec l’une des beautés sulfureuses qui éclosent un peu partout sur le sol fertile de la Péninsule. Les hommes ne ressentent pas la soudaine envie de la coucher sur leur lit pour la posséder. Quand ils ne la connaissent pas, leur premier reflexe est plutôt de lui adresser un regard teinté d’affection sincère alors qu’ils observent ses frêles épaules. Mais cette impression première ne survit pas à un examen plus détaillé. Née noble et éduquée comme telle, on lui apprit très jeune qu’elle devait en permanence être mais surtout apparaître fière et sûre d’elle, et c’est une leçon qu’elle n’eut aucun mal à appliquer, aidée par un tempérament indéniablement indépendant. Les épreuves qu’elle a du traverser ces derniers mois ont affecté malgré elle son apparence. Naturellement mince, elle avait atteint des sommets de maigreur quelques semaines après sa libération, son appétit volatile ne faisant rien pour la pousser à se nourrir comme elle l’aurait du. Passant la majeur partie de ses journées enfermée dans la chambre mise à sa disposition par Merwyn de Serramire, sa peau vira au pâle et ses yeux se parèrent de cernes, contraste presque choquant avec le séculaire regard bleu-gris de sa famille, pétillant et plein de vie, avec lequel elle regardait le monde quelques semaines auparavant. Heureusement, grâce au concours inattendu et salvateur d’Aerandir, elle se présente de nouveau aux yeux du monde sereine et en paix avec elle-même, peut-être plus encore qu’avant son séjour malheureux dans les tréfonds de l’Elda. Ayant pu chasser ses démons, elle a repris poids et couleur, et respire de nouveau la santé. Mais ce n’est pas sa « renaissance » qui fit le plus parler quand elle rejoignit la cour de son Roi, mais plutôt la notable influence d’Anaëh sur ses traits. Car si jusqu’à maintenant, il n’était pas rare de sous-estimer son âge, il est désormais devenu maintenant difficile de l’estimer. Pour l’œil initié, elle est une sang-mêlé, fille de l’union consommée entre elfe et humain. Et pourtant, il n’en est rien, et seule la magie particulière de la Prime Forêt et de ses habitants est pour quelque chose dans cette subtile transformation, que le temps a d’ailleurs en grande partie atténuée, à son grand soulagement. Encadrant son visage devenu si particulier, ses longs cheveux noir-corbeaux font sa fierté. Elle peut passer plusieurs heures à en prendre soin, et c’est bien là la seule démonstration de superficialité qu’on pourrait lui reprocher… en plus de son goût prononcé pour les belles choses en général, bien évidemment. Abordant jadis des trésors d’esthétisme sophistiqué jour après jour, elle les laisse désormais la plus part du temps détacher, parfois tressés… ce qui ne veut pas dire qu’elle en prend moins soin. Elle les parfume d’ailleurs de légères et subtils senteurs de miel et de rose, envoutantes fragrances ramenés du royaume des elfes.
DEscriptION MENTALE : Du haut de ses vingt-six années, Katalina Noblegriffon a vu sa personnalité se façonner lentement au grès de ses péripéties, qu’elles soient heureuses ou non. Fille unique, elle a dans ses premières années de sa vie jouit d’une liberté relative comparée aux autres jeunes filles de son âge. Son père l’adorait, et elle savait en jouer à la perfection. Pour autant, elle n’a jamais pu éviter les longues heures quotidiennes réservées à ses leçons. Dernière héritière d’une famille déchue par le temps, elle était aussi sa dernière chance, et cela explique en grande partie l’éducation presque princière dont elle bénéficia. Sans être érudit, elle dispose donc de connaissances importantes sur l’Histoire de son Royaume, sur les mathématiques - ce qui lui permet de garder le contrôle sur ses affaires - et même des théories politiques. Ses connaissances sur l’économie, elle les doit à son époux, Elyas Fhraen, qui durant les années de leur mariage la considéra plus comme une élève un peu obtuse que comme une épouse dévouée à sa cause. Amoureux de l’argent, il voyait en elle un moyen de s’enrichir et non de perpétuer une lignée qui ne l’intéressait pas. Elle fut donc une épouse délaissée, rarement honorée, et ce n’était pas pour lui déplaire. A la mort accidentelle de son mari, forte de deux éducations complémentaires, elle put s’imposer à la surprise générale comme le successeur d’une affaire commerciale présente dans tous le duché grâce à sa connaissance de ses rouages invisibles. C’est à cette époque, alors que commencèrent à pulluler rumeurs et diffamations sur son compte, qu’elle affirma son caractère indépendant. Se détachant du joug de son père, elle poursuivit l’œuvre de feu son époux au delà de ce qu’il aurait pu espérer, mêlant audace et génie sans toujours s’en rendre compte. Au fur et à mesure que sa renommée dépassait les frontières de Serramire pour bientôt s’étendre sur toute la Péninsule, les rumeurs se faisaient de plus en plus malsaines. Pour mieux s’en protéger, elle les prit comme un défi, un aveu de faiblesse de la part d’une élite dépassée par son émergence. Si bien qu’elle n’hésita pas, lors de l’enterrement du Duc de Langehack, à apporter son soutien à celle qui avait perdu son père, attirant sur elle les regards hautains d’une noblesse austère. S’épanouissant dans la contestation, en marge d’une société qui ne voulait pas d’elle, elle s’amusait à égaler puis à surpasser la fortune de bien des « Grands ». Comédienne de génie, elle aimait mener en bateau ceux qui la pensaient faibles et manipulables. Pour autant, il est important de souligner l’importance qu’elle donne à sa famille et au rayonnement de cette dernière dans la noblesse péninsulaire. Héritage de l’éducation de son père, elle cherchera toujours à redonner à son blason sa gloire d’antan. C’est dans cette optique qu’elle a accepté sans même protester - ce qui, chez la demoiselle d’alors, était tout de même assez rare, car si elle finissait toujours par plier, elle y allait toujours de ses contestations aussi - son mariage avec un homme de deux fois son âge, et c’est aussi dans cette optique qu’elle a plus ou moins dépossédé son père de ses biens à la mort du dit mari, se jugeant plus capable que ce dernier pour accomplir le dessein qu’il lui avait lui-même confié. Son enlèvement et sa détention par Nhilantar mirent un coup d’arrêt à cette vie à la fois trépidante et passionnante. Dépossédée de tout, rabaissée à l’état d’esclave, livrée aux plus bas instincts d’un drow sadique et cruel, elle vit son monde imploser et ses certitudes s’envoler. Ne restait plus que la douleur, cuisante et terrible, et la peur, pernicieuse et omniprésente, comme seules compagnes. Réduite à l’état de femme objet, que l’on humilie pour le plaisir et que l’on possède quand on le souhaite, elle tenta bien au début de lutter mais du rapidement se rendre à l’évidence et abdiquer. Les larmes, symbole suprême de sa défaite et de sa honte, ne furent plus retenues et elle sortit de cette trop longue épreuve traumatisée par bien des égards. Coup mortel à sa fierté, la façon cavalière dont Merwyn de Serramire la traita une fois libérée la poussa à le fuir. C’est grâce à Aerandir qu’elle commença à sortir la tête de l’eau, quand il l’emmena loin des ses tourments, dans la Prime Forêt. A son contact et grâce à l’apaisante Anaëh, elle put retrouver un semblant de sérénité. Fascinée par le personnage, elle s’est laissé entraîner dans sa ronde mystique, s’ouvrant doucement à ce monde qu’il voulait lui faire découvrir. Après plus d’une saison à ses côtés, la fascination n’a toujours pas disparu mais cède peu à peu le pas à une atypique complicité. Jamais elle ne comprendra parfaitement le sang mêlé, mais elle sait désormais qu’il est un homme sur lequel elle peut compter. Pour autant, son étrange rapport avec Arcamenel, Dieu des Sentiments, la rend parfois méfiante quant à ses propres inclinaisons, et elle tente pour le moment de les refouler. Pour autant, elle retrouve parfois dans ses bras l’insouciance qu’elle a laissée malgré elle au Puy d’Elda. Pour autant, le tableau qui se dessine doucement devant elle n’est pas encore parfait. Sa rencontre avec une légende du peuple elfique, Shealth Daeth’Lynn, a transformé ses traits, et son reflet la laisse toujours des plus… perplexes. Mal à l’aise, elle tend à fuir les regards des autres, et continuera sans doute jusqu’à ce qu’elle finisse par accepter ses traits elfiques. Aussi, pour l’heure, la figure provocatrice des dernières années a cédé la place à une jeune femme réservée, mal à l’aise en public et dans l’ombre d’un Gardien qui s’est improvisé son Protecteur.
HISTOIRE : Il serait inutile de parler de Katalina sans évoquer les Noblegriffon, la destinée de la jeune femme étant fortement liée à celle de sa famille. Vielle famille de la Péninsule, elle aurait obtenu ses lettres de noblesse il y a cinq cents ans, quand un dénommé Riren Griffon - ce surnom viendrait du fait qu’il aurait tué un griffon, mais il est difficile de dire s’il s’agit d’une réalité ou d’une histoire inventée - aurait obtenu des terres en Oësgard en échange des services qu’il aurait rendu dans l’armée de ce qu’était alors le duché de Serramire. De l’homme on ne garde que peu de traces, et les détails quant à son ascension dans le monde privilégiée de la noblesse se sont perdus avec le temps. Les mentalités de l’époque étant différente, il n’était pas rare de voir les guerres féodales se multiplier, si bien que les frontières restaient très floues. C’est grâce à cette agitation que les premiers Griffon, devenus Noblegriffon, annexèrent et perdirent des terres, se déplaçant lentement mais surement vers les terres serramiroises, jusqu’à ce que finalement ils n’aient de terres que dans le domaine ducal. Il y a 270 ans, l’avènement de Kaelevra, qui est désormais considéré comme le « moins Noblegriffon des Noblegriffon » reste un événement majeur de la famille. Résolument militaire depuis sa fondation, la lignée gagnait et perdait ses terres au grès des batailles. Rompant avec la tradition de ses ancêtres, il négocia un mariage contre Aerin de Serramire, en cédant à la famille ducale ses terres. Durant les années qui suivirent, les successeurs potentiels du vieux duc de l’époque moururent un à un, dans des circonstances troubles et jamais éclaircies, si bien qu’avant de mourir, le père n’avait plus comme progéniture que sa plus jeune fille. Haineux envers ce beau-fils qui lui avait pris ses fils - du moins en était-il persuadé sans pouvoir en apporter la preuve - il décida de nommer comme héritier Kadekith, son petit fils, alors âgé de 10 ans. Quand finalement le duc mourut, Kaelevra assura la régence le temps que son fils atteigne sa majorité, mais ne quitta jamais réellement le pouvoir, si bien que l’on se souvient aujourd’hui de Kadekith comme d’un homme amoureux d’Hélène de Silen, son épouse, d’un excellent militaire - le « plus Noblegriffon des Noblegriffon » depuis Riren, disait-on par opposition à son père - et surtout de l’homme de paille de son père. C’est son père qui apporta le soutien de Serramire à Erac quand les tensions entre le duché et le marquisat de Sephren se firent plus violentes que d’habitude, participant ainsi à la chute du dit marquisat. Il n’eut pas le temps d’effacer cette réputation après la mort de son père, mourant quelques années plus tard en laissant un unique hérité derrière lui. Garret Noblegriffon, contrairement à son père, fut un Duc respecté de Serramire le temps de son règne. Malheureusement pour lui, il mourut jeune, peu de temps après avoir fêté ses trente ans, d’une mauvaise chute lors d’une chasse. Laissant le trône ducal sans hériter, il mit un terme brutal à l’apogée de sa famille, perdant par la même occasion ses terres ancestrales au profit de l'ancienne famille régnante : les Serramire. C’était il y a 200 ans environ, et ils ne s’en sont toujours pas remis. La famille de Katalina est issue de la branche de Melindra, et garda le nom Noblegriffon. Elle survécut dans les premiers temps grâce aux vestiges de l’influence glanée durant le passage sur le trône ducal, mais cela ne retarda que de quelques années sa déchéance, et elle rejoignit rapidement les rangs de la « petite » noblesse. Reldas était un digne héritier de Kaelevra, même s’il ne put jamais s’illustrer avec le même brio que son ancêtre. Cherchant à préserver les vestiges de ce qui avait été, il légua à son fils Noah un héritage préservé… et un demi-frère au sang bouillonnant, Gabriel. Quand ce dernier apprit l’existence de son demi-frère, il craignit pour l’héritage de sa fille à naître… Aidé par l’alcool, il se débarrassa du bâtard, du moins essaya, quelques jours après l’accouchement de Miravia de Versmilia, cousine du Seigneur de la fière cité serramiroise. A noter que les erreurs de son père ne l’empêcha pas d’enfanter une enfant illégitime à son tour, une fille nommée Kassandra qui fut recueillie par un homme de Meca. Il n’est toujours pas au courant, pour lui, la mère de l’enfant n’est qu’une voleuse lui ayant ravi les boucles d’oreille de son ancêtre, Melindra… Il avait beau les lui avoir offerts, il avait pourtant prévu de les lui reprendre le moment venu. La départ précipité de la belle l’en empêcha.
Spoiler:
L’hiver s’était rendu maître de la Péninsule depuis quelques semaines déjà. Sous son joug, les terres s’étaient parées de blanc, l’eau s’était figée, devenant glace. Le ciel avait perdu l’éclat bleu des beaux jours. Mais au milieu de cette tourmente froide, la vie continuait. Et, pour certain, prenait un nouveau virage. La lune observait la scène, à moitié masquée par les nuages. Mais les contes de fée ne sont pas toujours au rendez-vous. Dans le meilleur des mondes, l’accouchement de Miravia se serait passé sans encombre, et elle aurait pu serrer ce petit être qu’elle avait enfanté avec un sourire radieux. Dans le meilleur des mondes, le père aurait été à ses côtés, lui serrant la main pour la soutenir. Mais le monde est rarement ce qu’il devait être, et c’est dans la douleur que naquit Katalina, cette même douleur que sa mère dut affronter seule. Pour donner la vie, elle frôla la mort. Et l’enfant à peine sortie de la matrice maternelle devenait déjà secondaire. On l’emmitoufla dans des draps propres et chauds et on se porta au secours de la mère. Quand Noah revint, son épouse était hors de danger, mais sa fille était destinée à devenir son unique héritière. Il lui fallut bien des semaines pour se faire à l’idée qu’il n’aurait pas de fils pour lui succéder, mais il finit par accepter cette idée.
* * *
« N’est-elle pas merveilleuse ? »
La petite Katalina passerait bientôt le cap du premier mois. Accrochée au sien de sa mère qu’elle tétait avec concentration, elle était en plus bercée avec tant de tendresse qu’elle ne faisait pas attention au monde qui l’entourait. Quittant des yeux la liasse de documents qui le narguait depuis plus d’une heure, il releva les yeux vers les deux femmes de sa vie et esquissa un sourire attendri. Se levant, il partit d’agenouiller devant elles, et caressa doucement le crâne de sa fille.
« Merveilleuse, oui. Et bientôt, elle sera aussi belle que sa mère. « Mais c’est les yeux de son père qui feront tout son charme. » murmura Miravia.
Le père en question esquissa un sourire amusé, alors qu’il captait dans les yeux mi-clos du bébé les reflets bleu-gris de son propre regard. Une teinte particulière qui, disait-on, remontait à Riren lui-même. Il avait pris cela pour un signe, la preuve qu’elle aurait son rôle à jouer dans la grandeur de sa lignée. Les Noblegriffon et la grandeur, une longue histoire d’amour, qui remontait à bien des siècles. A partir de quand avait-il fait de la renommée de leur nom leur principale obsession ? Difficile à dire, mais c’était de cette façon qu’avait été éduqué Reldas, et c’était cette même éducation qu’il avait transmis à Noah.
« Elle est la dernière de mon sang… Le bâtard de mon père est mort. » Il omit bien entendu de dire que c’était de son fait. Mais il n’avait pas eu le choix. C’était à sa fille qu’il revenait de donner une renaissance à sa famille, pas à un… hybride. « Tu ne me diras jamais comment, n’est-ce pas ? - Ce n’est pas une scène que j’aime ressasser, Miravia. C’était un accident stupide, et même si je ne regrette pas sa mort, je ne m’en réjouis pas.
Elle savait, l’épouse dévouée, qu’il mentait, mais elle n’en dit rien. Parce qu’elle savait qu’elle n’y pouvait rien non plus. Quoi qu’ait pu faire Noah, elle ne pouvait se permettre de simplement s’en aller, le bien être de sa fille primant sur le reste. Quand elle sentait le corps chaud contre elle, elle ne regrettait pas son mariage. Avec n’importe qui d’autre, elle n’aurait pas s’occuper elle-même de sa fille, mais les Noblegriffon était assez « déchu » pour qu’elle puisse déroger à cette règle sans qu’on ne lui en tienne rigueur.
« Quoi qu’il arrive, Noah… Promets-moi que tu ne répéteras pas la même erreur que ton père. »
Une erreur ? Quelle erreur ? Il avait été l’instrument de son père, celui qui devait, à sa mort, continuer à travailler à la gloire de leur nom. Ce n’était pas une erreur, juste une évidence. Mais Miravia ne semblait pas vouloir le comprendre. Se relevant, il embrassa son front.
« Tout ira bien. »
Katalina réussirait là où il avait échoué.
* * *
La jeune Katalina avait cinq ans, désormais. Fille d’un père exigeant, elle restait néanmoins préservée de sa folie des grandeurs par une mère aimante et bien loin de ces préoccupations. En vérité, elle était encore une petite privilégiée, bercée d’amour, encore aveugle des problèmes des adultes. Car son regard d’enfant ne voyait pas la santé de Miravia décliner lentement. Durement marquée par son accouchement, elle avait mis des mois à s’en remettre complètement, et l’hiver était devenu pour elle une saison dangereuse et bien souvent annonciatrice de bien des tourments. Elle décrépissait lentement, sous le regard impuissant d’un Noah qui, s’il ne l’aimait pas d’un amour éperdu et sincère, n’en gardait pas moins une certaine affection pour la mère de sa fille.
« Chat ! »
Pleine de vie, l’enfant voulait jouer avec sa mere, sans savoir quelle douleur était la sienne. Cachant sa souffrance derrière un sourire attendri, Miravia ne fit pourtant aucun geste pour se lever. Passant par hasard par là, son père s’engouffra dans la chambre et souleva sa fille sans aucune difficulté. Lui aussi avait été confronté à la magie, quelques années plus tôt. Lui aussi avait faillit mourir. Mais contrairement à son épouse, il s’en était parfaitement remis, même si visage paraissait dix ans plus vieux.
« Princesse, laisse donc ta mère se reposer un peu. - Mais on est encore au milieu de l’après midi ! - Ca va aller, Noah. Je… - Pas de mais, toutes les deux. Katalina, tu vas venir avec moi, il est temps que nous ayons une petite conversation.
Et c’est ainsi que, profitant de la faiblesse de Miravia, le père commença à parler à sa fille de sa « destinée ». Cinq ans, c’était peut-être un peu jeune, pour de si frêles épaules, mais c’était aussi l’âge parfait pour la modeler selon ses désirs.
* * *
« Vous ne connaissez pas encore Katalina, je crois ? »
Noah était un homme qui avait bien vécu. Âgé de bientôt quarante cinq ans, il en paraissait quinze de plus, à cause d’une virulente maladie qui l’avait laissé affaibli et vieilli. Malgré ça, il dégageait comme une aura d’assurance qui faisait qu’on le regardait et qu’on l’écoutait avec attention. Digne héritier d’une famille déchue, il portait avec honneur son nom et caressait en secret le rêve de lui rendre toute sa gloire. Et c’était pour cela qu’il présentait en ce début d’hiver sa fille unique à Elyas Fhraen. L’homme était un bourgeois, sans noblesse aucune, mais il possédait ce qui faisait cruellement défaut au patriarche : de l’or. Les souverains n’étaient plus un souci pour cet homme affichant la trentaine… Soit le double de sa potentielle future épouse.
« Enchanté. »
Elyas n’était pas intéressé par la jeune fille. Il ne recherchait pas une épouse, quand il avait répondu favorablement à l’invitation de Noah Noblegriffon. Non, ce qu’il voulait, c’était ouvrir certaines portes qui lui restaient encore obstinément fermées. Et une alliance avec la noblesse, même la petite noblesse serramiroise, était le meilleur moyen possible pour y parvenir. Impassible, Katalina ne laissait rien paraître de ses sentiments, gardant un masque austère et impénétrable. Elle esquissa un sourire affable à celui qui la traitait déjà avec dédain avant de s’incliner légèrement, répondant par un « Tout l’enchantement est pour moi, sire. » courtois. Elle avait été préparée toute sa vie à cet instant, celui où son père la vendrait, la sacrifiant sur l’autel de la gloire des Noblegriffon. Mais cela ne la dérangeait pas pour autant, car elle avait autant que son père l’envie de voir son nom rayonner par delà les murs de la cité ducale. Pour autant, elle aurait aimé qu’on lui choisisse quelqu’un d’autre… Quelqu’un qui aurait pris la peine de la détailler, de la considérer un peu plus. Elle avait d’autres projets qu’être une poupée qu’on agite devant les gens pour les attendrir… Mais pour une étrange raison, elle sentait que c’était ce destin là qui l’attendait, comme bien d’autres. Sauf qu’elle n’était pas comme les autres, son père le lui avait assez répété.
« Tu peux nous laisser, Katalina. »
Elle ne se fit pas prier. Saluant une dernière fois Elyas, elle se dirigea à petit pas vers la porte. Les hommes allaient discuter de l’avenir des femmes, et elles n’avaient pas leur mot à dire. Rien de nouveau sous le soleil de la Péninsule, en somme. Sans perdre de temps, la presque déjà fiancée se dirigea vers les appartements de sa mère. Sans vraiment savoir pourquoi, elle avait besoin de se confier à quelqu’un. Elle ne savait même pas ce qu’elle allait dire, mais elle voulait le dire. Ca ne ferait pas de mal de se laisser un peu aller. Être la dernière chance d’une lignée vieille de plusieurs siècles n’était pas toujours un fardeau simple à porter… Elle toqua discrètement à la porte, au cas où Miravia dormait encore. Le printemps était bien avancé, mais sa mère se remettait encore d’un hiver particulièrement rude à son égard.
« Mère, c’est moi. Tu es réveillée ? »
Une toux faible lui indiqua qu’elle l’était, et quelques secondes plus tard, Miravia l’invita à entrer, ce qu’elle fit sans tarder. Comme toujours quand elle observait sa mère alitée, elle ressentit un pincement au cœur mais n’en laissa rien paraître. Les médecins lui donnaient un an à vivre, peut-être deux, mais elle ne voulait pas y penser. Tout comme elle ne voulait plus penser à son mariage à venir. S’asseyant sur le lit de sa mère, elle prit sa main dans les siennes et la serra doucement.
« Raconte-moi tout, je suis sûr que tu en meurs d’envie. »
* * *
Les mois qui suivirent parurent ne durer que quelques semaines, et la pauvre Katalina ne comprit pas tout ce qui put lui arriver. Elle revit quelques fois Elyas, et ils n’échangèrent jamais plus de quelques mots, bien souvent des politesses creuses et formelles. Elle passa beaucoup de temps avec sa mère dont la santé s’améliorait avec le retour du printemps, fuyant son père sans réellement savoir pourquoi. Certes, il l’avait vendu, ni plus ni moins, à un parfait inconnu, mais il ne le lui avait jamais caché et il fut même un temps où la jeune et innocente enfant qu’elle avait été attendait avec impatience le jour où elle pourrait enfin faire la fierté de son père. Seulement voilà, depuis elle avait grandi, et étrangement, l’idée lui plaisait beaucoup moins. Surtout depuis qu’elle avait rencontré son promis.
« Il n’est même pas noble, père ! Qu’il ait deux fois mon âge, je peux le comprendre, mais vous me donnez à un… roturier ! »
La confrontation était finalement arrivée. Noah avait voulu parler à sa fille des détails de la cérémonie, détails qu’elle connaissait par cœur pour les avoir déjà entendu de sa bouche un bon millier de fois. Saisissant l’occasion en vol, elle avait décidé de vider son sac une bonne fois pour toute. Katalina avait toute sa vie entendu parler de la grandeur de son nom et de sa lignée, et elle s’était laissé convaincre sans mal. La désillusion avait été cruelle, mais elle n’avait pas voulu décevoir son géniteur en contestant son choix. Sauf que sa bonne volonté n’était pas sans limite.
« Et puis, il me regarde comme une de ses marchandises ! Je ne serais même pas étonnée de me retrouver vendue sur un de ses étales… - Avec un tel caractère, il ne trouvera aucun, de toute façon. - Père ! »
L’enfant foudroya le parent du regard. Même en sachant qu’il plaisantait, elle ne pouvait que s’offusquer face à cette remarque mesquine et inutilement blessante. Ne voyait-il pas qu’elle était sérieuse ?
Sortit du fin fond de la corbeille.
Le Vaisseau de la Voilée
Ancien
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Sujet: Re: Katalina Noblegriffon | MAJ Dim 5 Juin 2016 - 6:58
Si ça vous va, ça me va.
Guzandrakka
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Sujet: Re: Katalina Noblegriffon | MAJ Mar 7 Juin 2016 - 11:30
Sympa la fiche ! Y a deux trois trucs dans l'histoire qui serait différent aujourd'hui vis à vis de la position de Gardien, on en parlera sur Skype, néanmoins ça a était joué et ça reste assez littérale pour que ça ne dérange pas.
Trois petites précisions modifications quand même :
Pour la date de naissance, on est dans la 9ème année du 11ème cycle, tu as mis la 11ème année.
Pour le bâton, tu parles de runes elfiques gravées dessus, ça porte un peu à confusion, ça serait plutot de l'écrit elfique, à moins que le bâton soit réellement magique ?
Et enfin dans l'histoire, petite coquille :
Citation :
"L'idée que son père eut ainsi trahi son père, si cela n'avait rien surprenant, ajouta au dégoût que lui inspirait Noah et elle le chassa de chez elle.
Voilou ^^
Le Vaisseau de la Voilée
Ancien
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Sujet: Re: Katalina Noblegriffon | MAJ Mar 7 Juin 2016 - 11:50
Ce troll é_é.
Sinon, je c/c ici une partie du MP que j’ai envoyé à Aymeric, qui résume assez bien ma position sur le Gardiennage ; j’ose rappeller que j’ai pas mal poussé pour leur couper leurs ailes.
Citation :
À la réflexion, ça serait le contexte parfait pour une intrigue/ambiance que j’ai envie de mettre en place autour de Kata et du Gardiennage. Tu as peut-être eu l’occasion que je n’étais pas (plus, il faut le dire) favorable au caractère absolu, messanique et totalitaire et je voudrais appliquer mes beaux discours avec Kata en la plaçant en Oracle plus qu’en Jésus, justement. Plutôt qu’une espèce de femme sainte, sage ou whatever, le culte de Tyra la verrait comme un « simple » vaisseau utilisée par la Déesse pour leur parler. L’idée serait que le culte va vouloir mettre la main sur la globe trotteuse pour la remettre à sa place, aka sous leur contrôle.
Guzandrakka
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Sujet: Re: Katalina Noblegriffon | MAJ Mar 7 Juin 2016 - 12:15
Mais c'est pas du troll, j'ai dit que j'aimais le tout é_é !
Et vrai, c'est la bonne version que tu cites, je voulais juste qu'on en recause ensemble.
Walidé mémé.
Code:
[Métier & Classe] : Vaisseau de la Voilée, Gardienne de Tyra
[Race & Sexe] : Humaine & Féminin
[Classe d'arme] : Magie (Spécial)
[Alignement] : Chaotique Bon
Foire au RP ~ Pour tout ce qui est recherche de compagnons RP. En bref, que du bonheur ! Journal de bord ~ Pour archiver tes liens de RP qui content l'histoire de ton personnage {Vivement conseillé}. Et enfin, si tu as des question, n'hésite surtout pas à demander l'aide d'un parrain, ou à tout simplement poser tes questions dans la partie créée à cet effet.
Azza
Drow
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Sujet: Re: Katalina Noblegriffon | MAJ Ven 30 Nov 2018 - 19:04
Je mets ici la version courante, pour référence.
Spoiler:
(Prénom & Nom) Katalina Noblegriffon a, au cours de sa vie, porté de nombreux noms, notamment Mémoire ou Meavh.
(Âge) Elle est née l’hiver de l’an 972 du cycle précédent, ce qui lui fait trente-six ans en cette neuvième année.
(Race & Sexe) Elle est née humaine et femme.
(Alignement) Chaotique bon.
(Classe d’arme) Magie.
(Métier) Elle est le Vaisseau de la Voilée, celle que l’on nomme sa Gardienne.
(Particularités) Katalina est devenue aveugle dès l’instant où Tyra a posé son regard cruel sur sa personne. Cependant et malgré sa cécité, elle semble toujours en mesure de savoir où se trouvent les gens autour d’elle avec une acuité dérangeante pour ses interlocuteurs, qui doivent dès lors soutenir son regard laiteux.
(Équipement) Katalina ne possède plus qu’un bâton de marche sur lequel elle a patiemment gravé, au fil des ans, d’étranges liturgies elfiques dont bien peu de gens, en Péninsule, pourrait deviner la signification. Dans ses moments de doute, la Gardienne s’en saisit et les parcourt du bout des doigts, jusqu’à retrouver un semblant de sérénité.
(Description physique) Jeune, Katalina ne manquait pas de charmes, mais les années ont passé et le destin n’a pas été tendre avec elle. Aujourd’hui, elle est une femme brisée, à commenter par son corps. Les privations, d’abord, l’ont rendu d’une maigreure maladive. Les épreuves, ensuite, ont marqué sa peau, du |\| infâme au creux de sa poitrine, jusqu’à l’impressionnnant brûlure qui dévore son flanc gauche. Son visage, jusqu’alors relativement épargné, a payé à son tour son tribut lors de la destruction de Riv : une première marque barre sa lèvre inférieure, juste à côté de la comissure gauche, une seconde part de son œil gauche, à jamais à moité clos, et remonte jusqu’à son front, fendant son sourcil. Mais sa blessure la plus importante, c’est sans l’ombre d’un doute son bras gauche, réduit à un moignon. Une fracture ouverte d’où naquit une vilaine gangrène força en effet l’amputation au dessus du coude, à mi-chemin de l’épaule.
Seul ses cheveux, finalement, sortirent chaque fois miraculeusement indemne et elle aborde désormais une impressionnante crinière de jais qui lui tombent aux chevilles. D’aucuns affirment qu’il faut pour ce miracle remercier Tyra, qui se serait prise d’affection pour eux et interdirait à son Vaisseau de jamais y toucher.
(Description mentale) Depuis plus de dix ans, Katalina est le Vaisseau de la Voilée et cette dernière s’est souvent montré bien cruelle avec son instrument, jusqu’à le briser tout à fait. Écrasée par un regard divin cruel, la serramiroise a en partie perdu sa lucidité ; quand elle le peut, elle se mure dans le silence, jusqu’à finalement répondre à des voix qu’elle seule peut entendre. Lorsqu’elle est pleinement consciente, cependant, il lui arrive de redevenir, l’espace d’un temps, la femme de Serramire qu’elle était jadis.
Dans tous les cas, Katalina ne ment jamais, mais dit rarement toute la vérité. Il en résulte que ses discours, par trop sybillins, manquent bien souvent de clarté.
(Histoire) Les origines de la famille Noblegriffon prenaient leurs racines en Oësgard, où un homme sut s'attirer les faveurs de son baron et fut récompensé d'une terre. Il prit le nom de « Noblegriffon » parce que, disait-on, il avait tué l'une de ces créatures un jour. La légende dit qu'il se fit un manteau des plumes de la bête, mais la relique ne fut jamais retrouvé et Katalina ne crut jamais à la réalité de ce conte pour enfant. Toujours était-il que les Noblegriffon guerroyèrent souvent et longtemps, gagnant et perdant terres et privilèges, jusqu'à ce que leur domaine se retrouvât sur ceux du duc de Serramire lui-même. L'intelligence de Kaelevra Noblegriffon fut d'obtenir la main de la cadette de son suzerain et d'offrir au duché un héritier en la personne de son fils, Kadekith. Si la succession ne jouait pas en la faveur du nouveau-né Nobelgriffon, le hasard voulu que les enfants du ducs moururent les uns après les autres, comme cela arrivait souvent. Il y en eut bien certains pour accuser Kaelevra, mais sa culpabilité ne fut jamais prouvé et ainsi, les Noblegriffon devinrent-ils ducs du plus grand duché du Royaume. Malheureusement, si Kadekith eut un fils prénommé Garenn, ce dernier n'eut pas le temps de perpétuer la lignée. Les Serramire profitèrent de sa mort prématurée pour reprendre trône et terres, entamant par la même occasion la lente déchéance des fils de Melinda Noblegriffon, la deuxième fille de Kaelavra.
Katalina était la descendante de cette femme, de par son père. Noah Noblegriffon était un homme empli de fierté pour le passé glorieux de sa famille et aigri par son état. Il avait épousé Miravia de Versmilia, fille du seigneur de la ville du même nom, mais avait été déçu de voir l'homme lui dédaigner ses privilèges. Sans doute le noble avait-il été déçu par son gendre qui, il fallait l'avouer, était plus doué pour parler que pour agir. Toujours était-il que, très vite, Katalina fut destinée aux plus grands destins. Elle devait être celle qui changerait les choses et il la prépara en conséquence. Elle reçut une éducation qui finit par coûter très cher à son père, qui vit peu à peu ses rêves s'éloigner. Aussi décida-t-il de marier sa fille à une étoile montante de la société Serramiroise ; bien que bourgeois et dépourvu du moindre sang bleu, Elyas Farrer était devenu l'une des premières fortunes du duché, grâce à un commerce florissant. Noah « l'adopta » et le maria à sa fille, l'un y gagnant la noblesse qui l'empêchait de commercer avec certains Grands et l'autre l'argent qui lui manquait tant. la seule perdante fut la jeune Katalina qui, à seize ans, se trouvait déshonorée par le choix de son père. Pour couronner le tout, Miravia fut emportée par Tyra peu de temps avant les noces, finalement vaincu par un mal insidieux qui ne l'avait jamais lâché après son accouchement difficile.
Les premiers temps du mariage ne furent guère heureux. Elyas n'était pas particulièrement intéressée par la jeune femme qu'était Katalina et la délaissait souvent. Elle entreprit de le harceler pour qu'il acceptât de lui apprendre son métier, ce qu'il fit pour avoir la paix. Il ne devait jamais regretter son choix : Katalina se révéla être plus que douée et devint rapidement indispensable. Voyant sa fille gagner en prestige et en influence, Noah décida qu'Elyas était devenu plus gênant qu'utile et organisa sa mort. Cet assassinat — dont il emporta le secret dans sa tombe — devait lui permettre d'effacer la honte qu'il avait représenté. Katalina n'avait pas eu d'enfant, elle n'était certes plus vierge mais il ne doutait pas, alors, de pouvoir lui trouver un autre parti, plus acceptable aux yeux d'une noblesse s'attachant à ses principes. La fortune nouvelles des Noblegriffon lui offrait cette chance, pensait-il, tout comme il pensait être capable de contrôler la chair de sa chair. Peine perdue, Katalina s'était habituée à cette indépendance et si elle se retrouvait libérée de la figure imposante du mari, ce n'était pas pour retourner sous l'influence de celle de son père.
Décidant que Serramire ne lui suffisait plus, elle commença à implanter ce qui deviendrait rapidement les « Comptoirs Noblegriffon » dans toute la Péninsule, descendant vers le Sud comme une vague que rien ne voulait arrêter. Elle devint l'intermédiaire idéale pour obtenir sans effort une marchandise lointaine grâce au réseau dense que formait ses points de vente et ses entrepôts furent bientôt célèbres pour leur diversité et leur importance. Très vite, elle commença à prêter de l'or, faisant de la noblesse ses débiteurs. À vingt-cinq ans, elle avait réussit au delà des espérances de son père, allant jusqu'à se rapprocher du Roi et du Duc. Il fut déjà évoqué ce qui arriva ensuite : par la ruse, un drow parvint à l'attirer sur les routes et la captura. Il l'amena au Puy, où il la battit, la viola et l'humilia, pour finalement l'échanger contre rançon à Merwyn Séraphin. Ce dernier fut bien en deçà des attentes qu'on aurait pu formuler à son égard et son empressement à oublier cette épisode et à agir comme si rien ne s'était vraiment passé blessa Katalina autant que cela la tortura. Après qu'il eut multiplier les avances et qu'elle fut certaine qu'elle ne saurait y répondre, elle préféra fuir ce qui la précipita dans les bras d'Aerandir, plus connu comme étant le Gardien d'Arcamenel. Il entreprit de la convaincre, voulant qu'elle le suivît jusque dans les lointaines et méconnues terres elfiques. Elle refusa mais accepta de regarder dans le Miroir, artéfact divin du prisonnier, quand il le lui demanda. Elle vit Merwyn dans les bras d'une autre et elle-même, dans ce qui semblait être une ville elfique. Alors elle renonça et mêla ses pas au sang-mêlé.
À Alëandir, elle entreprit de se reconstruire et se rapprocha d'Aerandir. Ce dernier accepta de la suivre quand elle décida de retourner chez elle. Elle décida d'éviter Serramire, encore incertaine de la conduite de Merwyn à son égard après sa défection, et rejoignit Erac ou elle s'entretint avec le Roi et sa sœur, Astéride. Ce fut dans la ville de naissance de Trystan qu'elle s'offrit finalement à Aerandir et qu'elle tomba ensuite enceinte. Elle fit la connaissance, d'une façon très désagréable, avec son oncle et demi-frère de Noah, qui lui apprit des détails désagréables sur son père. Poussée par la nécessité d'en apprendre plus, Katalina se décida à rallier Serramire, où elle découvrit l'existence d'une demi-sœur. L'idée que son père eut ainsi trahi sa more, si cela n'avait rien surprenant, ajouta au dégoût que lui inspirait Noah et elle le chassa de chez elle. Le pauvre homme trouva un un refuge condescendant à Versmilia, où son beau-père le regarda dépérir et mourir.
Peu de temps après, Aerandir fit preuve de trop d'arrogance en demandant à ce que sa compagne bénéficiât de plus de vie qu'elle n'en avait le droit. Pour le punir, Tyra accéda à sa requête mais investit Katalina qui devint sa Gardienne, condamnant le couple jusqu'alors heureux à une fin inéluctable. Le Voile la précipita : Katalina ne put même pas voir sa fille naître et se retrouva perdue dans le désert, possédée par une Déesse qui se retrouvait coincée dans un corps mortel. Quand la Malenuit prit fin, elle ne savait plus marcher et à peine parler et quand elle retrouva, grâce à Hithiel — la haute prêtresse de Tyra — et Johann — qu'elle avait aidé avant de devenir Gardienne et qui s'était mise en tête de payer sa dette — les murs de son manoir, plus rien n'était pareil. Les deux Gardiens se séparèrent bientôt, appelés par des desseins plus grands qu'eux, et Katalina se retrouva tout à fait seule. Alors, elle devint Mémoire, Gardienne de Tyra, et sillonna la Péninsule et l'Ithrii Vaan. Elle se dévoila plusieurs fois, sa seule présence dans une région ranimant la foi des peuples. On se pressait pour la voir, on entamait des pèlerinages là où elle était passée, pour les plus croyants. Elle incarnait l'icône qu'elle était censée être. Le reste du temps, elle voyageait simplement, prenant soin d'une étrange enfant au sang-mêlé qui n'était autre que la fille de la précédente Gardienne.
Finalement émergea un autre Gardien, l'ancien Obok Senger drow devenu Premier Feu. Elle s'opposa à lui plusieurs fois, l'épisode le plus célèbre se déroulant très certainement Meca. Les deux s'affrontèrent jusqu'à manquer se tuer tous deux et ils ne durent leur survie qu'à l'intention des Dieux eux-mêmes. Mémoire se réveilla sur une plage langecine et elle entreprit de rallier l'Ithrii Vaan. Après avoir à nouveau fait la rencontre de Tebirahc, elle accepta de l'accompagner pour qu'ils puissent voir la nouvelle Gardienne de Kÿria. Ensuite, Mémoire se décida à faire pèlerinage à Nisétis, où elle n'avait plus été après le Voile. Là bas, elle fit la rencontre de Johann, qui l'attaqua pour se venger des tristes événements qui avaient précédés l'arrivée de la Gardienne à Meca. L'agression mit en évidence la faiblesse de Katalina, qui souffrait des contrecoups du Voile et des différentes possessions dont elle avait été victime autant que du peu de soin qu'elle accordait à son corps.
Tyra décida de se jouer de son Vaisseau une nouvelle fois et lui fit croire qu’elle l’avait abondonnée ; Katalina, qui avait cru attendre ce jour, se découvrit perdue et dévastée. Le hasard de ses errances la conduisit dans le Berthildois, ou elle finit par rassembler autour d’elle une poignée de fidèles séduits par ses enseignements sur les Dieux. Pour autant, très vite, les choses échappèrent à son contrôle et elle finit par fuir ce monstre qu’elle avait engendré ; elle rallia Riv, un étrange pays perdu dans l’Eraçon, jusqu’à s’installer à Loqriv où résidait Farren, le seigneur local, qui la remarqua et finit par l’épouser. Alors qu’elle pensait avoir enfin trouver un semblant de paix, un wagyl immense fait d’eau, d’écumes et de vagues s’abattit sur la ville et la détruisit, l’emportant dans la mer déchaînée. Ce fut Tyra qui l’en sortit, prenant possession de son Vaisseau pour mieux la mettre à l’abris, portant dans ses bras une Aislinn elle aussi miraculée. La Déesse alla à la rencontre de Pierre, le premier parmi les fidèles de la Pèlerine, qu’elle avait par quelques signes et sortillèges attirer jusqu’ici, et lui confia son Instrument, ce que ce dernier fit de longues ennéades durant. Quand elle fut remise, Katalina ordonna qu’on la conduisît à Serramire, sans en préciser les raisons. Sur leur chemin, elle les guida jusqu’à un temple de la Voilée où ils trouvèrent Plume, son ancienne protégée, qu’elle convainquit de les accompagner.
Le Vaisseau de la Voilée
Ancien
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Sujet: Re: Katalina Noblegriffon | MAJ Ven 30 Nov 2018 - 20:35
J’ai profité de l’occasion pour corriger pas mal de fautes et préciser un peu certaines choses qui confinent à l’ordre du détail. De vraiment important, j’ai complété l’histoire pour préciser son chemin depuis mon dernier post.
Spoiler:
Il était clair, cependant, que Katalina ne s’était pas remise de la destruction de Loqriv et de la perte de son éphémère mari. Terriblement affaiblie par cette épreuve, elle ne parvenait plus à contrôler les vagues incessantes de souvenirs qui lui avaient valu son surnom de « Mémoire ». Cette nouvelle descente aux enfers dura une bonne année, durant laquelle elle demandait à ses compagnons de voyage — Pierre, Aislinn et Plume — de l’emmener à tel ou tel endroit… jusqu’à finalement réclamer de retourner à Loqriv. Katalina les mena jusque dans la Calanque des Souffles, une crique enchâssée dans les hautes falaises du duché d’Erac dans lequel avait échoué le donjon rivois.
Pierre fut le premier à disparaître, pendant l’une de ses excursions dans une ville voisine. Plume, qui après ce triste événement pris la charge des opérations, s’absentait parfois plusieurs jours durant à la recherche de nourritures, vêtements neufs et autres fournitures primaires. Se faisant, elle laissait seule Aislinn veiller sur Katalina, ce qui n’était pas une mince à faire pour une enfant si jeune. La petite rivoise crut même son heure arrivée un soir où Plume ne revenait toujours pas, mais c’était sans compter le petit miracle que ramena finalement la sang-mêlé noirelfique avec elle.
Katialyne, la fille perdue de Katalina.
Après le Voile, Aerandir était parti avec elle, ne laissant à sa compagne aucun moyen de savoir où était sa fille. Katialyne avait été l’une des raisons qui avaient poussé Katalina a voyagé autant aux quatre coins du monde connu. Quand Katialyne avait manifesté le désir de retrouver celle qui l’avait mise au monde, son père avait refusé de l’accompagner et l’avait plutôt confiée à la garde de deux bardes-prêtresses d’Arcam — deux (fausses) jumelles qui accordaient un statut quasi divin à la petite Katialyne — avant de poursuivre son propre chemin. Tout juste le curieux personnage avait-il consenti à leur donner un indice : Rive, dans le duché d’Erac. Une fois parvenues au duché, Katlialyne et ses gardiennes — Lïn et Nÿl étaient leurs noms — avaient eu de la chance, car, tandis qu’elles enquêtaient sur la mystérieuse Meavh de Riv, elles étaient tombées par hasard sur Pierre. Par chance, Lïn et Nÿl — c’était leur nom — connaissaient cette région peu connue d’Erac. Une fois parvenues au duché, Katlialyne et ses gardiennes avaient eu de la chance, car, tandis qu’elles enquêtaient sur la mystérieuse Meavh de Riv, elles étaient tombées par hasard sur Pierre. L’homme n’était pas mort et cherchait désespérément à retrouver, lui aussi, sa maîtresse. Il avait accepté de dire tout ce qu’il savait à l’étrange trio, en échange du droit de les accompagner..
C’était donc une sacrée compagnie que le hasard du destin et la malice d’au moins deux dieux avaient rassemblée autour de la serramiroise : Katialyne, Aislinn, Plume, Pierre et les deux bardes, Lïn et Nÿl. Ils trouvèrent d’abord refuge dans un petit hameau dans le Lyron. Puis, quand la condition physique de Katalina et Aislinn le leur permit, ils entamèrent un long — et lent — voyage vers l’Ithri’Vaan. Ils mirent presque deux mois pour rallier Tall, dans le Langecin, enchaînant des pauses pouvant aller jusqu’à une ennéade quand Katalina en avait besoin. C’était que l’avatar de Tyra était dans un bien triste état et, si son corps guérissait lentement grâce aux bons soins de ses camarades de voyage, la santé de son esprit était beaucoup plus préoccupante. Pendant quelques jours après les retrouvailles avec Katialyne, Katalina avait semblé être elle-même, ce qui avait laissé espérer à Pierre, Plume et Aislinn la fin de son calvaire. Malheureusement, leurs espoirs avaient vite été déçus. Il faudrait un long moment à l’éphémère dame de Loqriv pour reprendre véritablement le dessus.
Ils durent attendre un mois supplémentaire, avant que l’on jugeât l’état de Katalina satisfaisant pour prendre la mer. Ils trouvèrent un navire qui allait jusqu’à Thaar et, contre toute attente, le voyage fit beaucoup de bien à la serramiroise ; son état se dégrada à nouveau quand ils accostèrent à Thaar, ce qui les poussa à attendre une ennéade supplémentaire avant de pouvoir rallier leur véritable destination : Ys. Lïn et Nÿl en étaient originaires et y avaient des amis qui pouvaient les nourrir et les loger simplement contre le plaisir de profiter de leurs talents le soir venu.
En l’An 11:XI, Katalina continue sa vie à Ys, entourée de sa troupe bien particulière. Ses progrès sont réels, mais trop souvent encore elle se fait happer dans des souvenirs qui ne sont pas les siens et il lui faut parfois plusieurs heures pour reprendre le dessus. La présence de Katlialyne semble aider.
Et j’ai rédigé deux paragraphes sur ses capacités magiques actuelles :
Spoiler:
Katalina est une avatar de Tyra, la déesse de la mort du panthéon pentien. Pendant le Voile, elle a été le Vaisseau de la Voilée et a été plusieurs fois possédée par cette dernière depuis. En plus de dix ans, elle a « accompli » plusieurs miracles, mais la vérité est que ses dons sont plus des malédictions pour la serramiroise. Elle est assaillie en permanence des souvenirs de défunts (de personnes proches de ses interlocuteurs, ou des lieux qu’elle visite) ce qui lui permet en théorie de savoir beaucoup de choses qu’elle devrait normalement ignorer. C’est sans compter les limites de la mémoire des races mortelles d’une part, ainsi que ses propres failles d’autre parts. Dans le meilleur des cas, Katalina doit faire d’importants efforts pour ne pas se laisser submergée ces souvenirs qui ne sont pas les siens, mais dont elle peine bien souvent à distinguer de ses souvenances à elle. Dans le pire des cas, elle est forcée de revivre certains souvenirs, sans plus réussir à les distinguer des siens ou de la réalité. Elle a touché le fond dans la Calanque des Souffles et réapprend peu à peu à vivre avec son « don » depuis, mais c’est là une éventualité qu’elle ne pourra plus jamais écarter.
De son lien avec la Voilée, Katalina tire cependant un second don, sur lequel elle jouit d’un contrôle beaucoup plus important cette fois : elle possède une profonde affinité réelle avec l’eau, ce qui n’a dans un premier temps pas été évident pour cette ancienne hydrophobe. La proximité d’une mer, d’un océan ou même d’un fleuve l’apaise. Elle est aussi capable de plier l’eau à sa volonté, pour lui donner la forme qui lui plait le plus ; elle peut démontrer, dans cet pratique, une maîtrise qui laisse souvent pantois son auditoire. Elle se sert souvent de ses talents comme d’un exutoire, en « rejouant » les souvenirs qui la traversent à un moment donné. Elle accompagne souvent ses représentations de ses chants ; elle a tout de même eu un gardien d’Arcam comme professeur ! Pour autant, il est loin le temps où elle était capable de tenir tête sans frémir face à un Feu d’Uriz. Elle n’a plus utilisé son aquamancie comme une arme depuis leur duel à Méca et ne s’en sent plus la force.
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: Katalina Noblegriffon | MAJ Ven 30 Nov 2018 - 21:31
Erf
Code:
[Métier & Classe] : Vaisseau de la Voilée, Gardienne de Tyra
[Race & Sexe] : Humaine & Féminin
[Classe d'arme] : Magie (Spécial)
[Alignement] : Chaotique Bon
Foire au RP ~ Pour tout ce qui est recherche de compagnons RP. En bref, que du bonheur ! Journal de bord ~ Pour archiver tes liens de RP qui content l'histoire de ton personnage {Vivement conseillé}. Et enfin, si tu as des question, n'hésite surtout pas à demander l'aide d'un parrain, ou à tout simplement poser tes questions dans la partie créée à cet effet.
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Sujet: Re: Katalina Noblegriffon | MAJ Jeu 28 Nov 2019 - 7:34
Fiche mise dans le présentoir pour mise-à-jour.
Ancienne fiche:
(Prénom & Nom) Katalina Noblegriffon a, au cours de sa vie, porté de nombreux noms, notamment Mémoire ou Meavh de Loqriv. Elle use indifféremment de ces noms quand on lui demande de se présenter.
(Âge) Elle est née au cœur de l’hiver de l’An 972:X, ce qui lui fait trente-huit années en l’an 11:XI.
(Race & Sexe) Elle est née humaine et femme.
(Alignement) Chaotique bon.
(Classe d’arme) Magie.
(Métier) Elle est le Vaisseau de la Voilée, celle que l’on nomme sa Gardienne.
(Particularités) Katalina est devenue aveugle dès l’instant où Tyra a posé son regard cruel sur sa personne. Cependant et malgré sa cécité, elle semble toujours en mesure de savoir où se trouvent les gens autour d’elle avec une acuité dérangeante pour ses interlocuteurs. Quand elle a vécu parmi eux, les prêtres rivois l’ont obligée à porter un épais tissu, afin qu’ils n’aient pas à supporter la vision de ses pupilles laiteuses. Pour une raison qu’elle garde pour elle, elle continue à leur obéir, même après leur mort.
(Équipement) Katalina ne possède plus qu’un bâton de marche sur lequel elle a patiemment gravé, au fil des ans, d’étranges liturgies elfiques dont bien peu de gens, en Péninsule, pourraient deviner la signification. Dans ses moments de doute, la Gardienne s’en saisit et les parcourt du bout des doigts, jusqu’à retrouver un semblant de sérénité. Elle possède aussi une bague qui ne l’a jamais quitté depuis qu’elle est devenue Gardienne et qui serait, selon toute probabilité, un artefact de Tyra.
(Description physique) Jeune, Katalina ne manquait pas de charmes, mais les années ont passé et le destin n’a pas été tendre avec elle. Aujourd’hui, elle est une femme brisée et son corps porte les stigmates de ses épreuves. Les privations, d’abord, l’ont rendu d’une maigreur maladive. Les épreuves, ensuite, ont marqué sa peau, du |\| infâme au creux de sa poitrine, jusqu’à l’impressionnante brûlure récoltée dans son duel contre le Feu d’Uriz à Meca et qui dévore son flanc gauche. Son visage, jusqu’alors relativement épargné, a payé à son tour son tribut lors de la destruction de Loqriv : une première cicatrice barre sa lèvre inférieure, juste à côté de la commissure gauche ; une seconde part de son œil gauche, à jamais à moite clos, et remonte jusqu’à son front, fendant son sourcil. Mais sa séquelle la plus importante est sans l’ombre d’un doute son bras gauche, réduit à un moignon. Une fracture ouverte d’où naquit une vilaine gangrène força en effet l’amputation juste au-dessus du coude.
Seuls ses cheveux, finalement, sortirent chaque fois miraculeusement indemnes de ses péripéties et elle aborde désormais une impressionnante crinière de jais qui lui tombent jusqu’à même le sol. D’aucuns affirment qu’il faut pour ce miracle remercier Tyra, qui se serait prise d’affection pour eux et interdirait à son Vaisseau d’y toucher. Même la paire de ciseaux la plus solide ne saurait y remédier, ainsi qu’Aislinn en a souvent fait l’expérience.
(Description mentale) Depuis plus de dix ans, Katalina est le Vaisseau de la Voilée et cette dernière s’est souvent montrée bien cruelle avec son instrument, jusqu’à le briser tout à fait. Écrasée par un regard divin cruel, la serramiroise a en partie perdu sa lucidité ; quand elle le peut, elle se mure dans le silence, jusqu’à finalement répondre à des voix qu’elle seule peut entendre. Lorsqu’elle est pleinement consciente, cependant, il lui arrive de redevenir, l’espace d’un temps, la femme de Serramire qu’elle était jadis.
Quand elle est elle-même, Katalina est souvent pleine de douceur et de bienveillance à l’égard de ceux qui prennent soin d’elle. Elle aime Aislinn, Plume et Katialyne comme une mère peut aimer ses filles. Elle voue une confiance aveugle en Pierre, mais s’en veut de l’avoir arrachée à sa vie de pêcheur. Par contre, elle se méfie de Lïn et Nÿl, tout en cultivant secrètement le projet de se servir d’elle pour retrouver Aerandir. Dans tous les cas, Katalina ne ment jamais, mais dit rarement toute la vérité. Il en résulte que ses discours, par trop sibyllins, manquent bien souvent de clarté.
(Histoire) La famille Noblegriffon tirait ses racines d’Oësgard, où un homme sut s'attirer les faveurs de son baron et fut récompensé d'une terre. Il prit le nom de « Noblegriffon » parce que, disait-on, il avait tué l'une de ces créatures un jour et s’en était fait un manteau ; la relique ne fut jamais retrouvée pour le prouver et plus personne ne croyait en la réalité de cette légende. Toujours est-il que les Noblegriffon guerroyèrent souvent et longtemps, gagnant et perdant terres et privilèges, jusqu'à ce que leur domaine se retrouvât sur ceux du duc de Serramire lui-même. L'intelligence de Kaelevra Noblegriffon fut d'obtenir la main de la cadette de son suzerain et d'offrir au duché un héritier potentiel en la personne de son fils, Kadekith. Si la succession ne jouait pas en la faveur du nouveau-né Nobelgriffon, le hasard voulut que les enfants du duc mourussent les uns après les autres, comme cela arrivait souvent. Il y en eut bien certains pour accuser Kaelevra, mais sa culpabilité ne fut jamais prouvée et ainsi, les Noblegriffon devinrent-ils ducs du plus grand duché du Royaume. Malheureusement, si Kadekith eut un fils prénommé Garenn, ce dernier n'eut pas le temps de perpétuer la lignée. Les Serramire profitèrent de sa mort prématurée pour reprendre trône et terres, entamant par la même occasion la lente déchéance des fils de Melinda Noblegriffon, la deuxième fille de Kaelavra.
Katalina était la descendante de cette femme, de par son père Noah Noblegriffon, un homme empli de fierté pour le passé glorieux de sa famille et aigri par son état. Il avait épousé Miravia de Versmilia, la fille du seigneur de la ville éponyme. Ce dernier, déçu par son gendre dont il avait vite compris qu’il n’était que paroles vaines, ne lui avait jamais accordé les terres promises lors du scellement des fiançailles.
Cette déconvenue avait rendu plus amer encore le noble sans terre, qui décida que la destinée de Katalina serait bien plus grande que la sienne. Elle devait être celle qui rendrait ses lettres d’or aux Noblegriffon et il la prépara en conséquence. Elle reçut la meilleure éducation qu’il pouvait lui offrir, mais qui finit par le ruiner. Aussi se décida-t-il à la marier à une étoile montante de la société Serramiroise ; bien que bourgeois et dépourvu du moindre sang bleu, Elyas Farrer était devenu l'une des premières fortunes du duché, grâce à un commerce florissant. Noah « l'adopta » et le maria à sa fille, l'un y gagnant la noblesse qui l'empêchait de commercer avec certains seigneurs et l'autre l'argent qui lui manquait tant. La seule qui se sentit lésée par cette affaire fut la première concernée. La jeune Katalina, à seize ans, se trouvait déshonorée par le choix de son père. Pour couronner le tout, Miravia fut emporté par Tyra peu de temps avant les noces, finalement vaincu par un mal insidieux qui ne l'avait jamais lâché après son accouchement difficile.
Les premiers temps du mariage ne furent guère heureux. Elyas n'était pas particulièrement intéressé par la jeune femme qu'était Katalina et la délaissait souvent. Elle entreprit de le harceler pour qu'il acceptât de lui apprendre son métier, ce qu'il fit pour avoir la paix. Il ne devait jamais regretter son choix : Katalina se révéla être plus que douée et devint rapidement indispensable. Voyant sa fille gagner en prestige et en influence, Noah décida qu'Elyas était devenu plus gênant qu'utile et organisa sa mort. Cet assassinat — dont il emporta le secret dans sa tombe — devait lui permettre d'effacer la honte qu'Elyas avait représentée. Katalina n'avait pas eu d'enfant, elle n'était certes plus vierge, mais il ne doutait pas, alors, de pouvoir lui trouver un autre parti, plus acceptable aux yeux d'une noblesse. La fortune nouvelle des Noblegriffon lui offrait cette chance, pensait-il, tout comme il pensait être capable de contrôler la chair de sa chair. Peine perdue, Katalina s'était habituée à cette indépendance et si elle se retrouvait libérée de la figure imposante du mari, ce n'était pas pour retourner sous l'influence de celle de son père.
Décidant que Serramire ne lui suffisait plus, elle commença à implanter ce qui deviendrait rapidement les « Comptoirs Noblegriffon » dans toute la Péninsule, descendant vers le Sud comme une vague que rien ne voulait arrêter. Elle devint l'intermédiaire idéale pour obtenir sans effort une marchandise lointaine grâce au réseau dense que formaient ses points de vente et ses entrepôts furent bientôt célèbres pour leur diversité et leur importance. Très vite, elle commença à prêter de l'or, faisant de la noblesse ses débiteurs. À vingt-cinq ans, elle avait réussi au-delà des espérances de son père, allant jusqu'à se rapprocher du Roi et du Duc. Il fut déjà évoqué ce qui arriva ensuite : par la ruse, un drow parvint à l'attirer sur les routes et la captura. Il l'amena au Puy, où il la battit, la viola et l'humilia, pour finalement l'échanger contre rançon à Merwyn Séraphin. Ce dernier fut bien en deçà des attentes qu'on aurait pu formuler à son égard et son empressement à oublier cet épisode et à agir comme si rien ne s'était vraiment passé blessa Katalina autant que cela la tortura. Après qu'il eut multiplié les avances et qu'elle fut certaine qu'elle ne saurait y répondre, elle préféra fuir Serramire. Cela la précipita dans les bras d'Aerandir, plus connu comme étant le Gardien d'Arcamenel. Charmé, le sang-mêlé voulut la convaincre de le suivre jusqu’au cœur de la lointaine et méconnue Anaëh. Elle refusa cette improbable entreprise et consentit seulement à regarder dans le Miroir, artéfact divin du Prisonnier, quand il le lui proposa. Ce qu’elle y vit la fit changer d’avis.
À Alëandir, elle entreprit de se reconstruire et se rapprocha d'Aerandir. Ce dernier accepta de la suivre quand elle décida de retourner chez elle. Elle décida d'éviter Serramire, encore incertaine de la conduite de Merwyn à son égard après sa défection, et rejoignit Erac ou elle s'entretint avec le Roi et sa sœur, Astéride. Ce fut dans la ville de naissance de Trystan qu'elle s'offrit finalement à Aerandir et qu'elle tomba ensuite enceinte. Elle fit la connaissance, d'une façon très désagréable, avec son oncle et demi-frère de Noah, qui lui apprit des détails désagréables sur son père. Poussée par la nécessité d'en apprendre plus, Katalina se décida à rallier Serramire, où elle découvrit l'existence d'une demi-sœur. L'idée que son père eut ainsi trahi sa mère, si cela n'avait rien surprenant, ajouta au dégoût que lui inspirait Noah et elle le chassa de chez elle. Le pauvre homme trouva un un refuge condescendant à Versmilia, où son beau-père le regarda dépérir et mourir.
Peu de temps après, Aerandir fit preuve de trop d'arrogance en demandant à ce que sa compagne bénéficiât de plus de vie qu'elle n'en avait le droit. Pour le punir, Tyra accéda à sa requête, mais investit Katalina qui devint sa Gardienne, condamnant le couple jusqu'alors heureux à une fin inéluctable. Le Voile la précipita : Katalina ne put même pas voir sa fille naître et se retrouva perdue dans le désert, possédée par une Déesse qui se retrouvait coincée dans un corps mortel. Quand la Malenuit prit fin, elle ne savait plus marcher et à peine parler et quand elle retrouva, grâce à Hithiel — la haute prêtresse de Tyra — et Johann — qu'elle avait aidé avant de devenir Gardienne et qui s'était mise en tête de payer sa dette — les murs de son manoir, plus rien n'était pareil. Les deux Gardiens se séparèrent bientôt, appelés par des desseins plus grands qu'eux, et Katalina se retrouva tout à fait seule. Alors, elle devint Mémoire, Gardienne de Tyra, et sillonna la Péninsule et l'Ithri’Vaan. Elle se dévoila plusieurs fois, sa seule présence dans une région ranimant la foi des peuples. On se pressait pour la voir, on entamait des pèlerinages là où elle était passée, pour les plus croyants. Elle incarnait l'icône qu'elle était censée être. Le reste du temps, elle voyageait simplement, prenant soin d'une étrange enfant au sang-mêlé qui n'était autre que la fille de la précédente Gardienne.
Finalement émergea un autre Gardien, l'ancien Obok Senger drow devenu Premier Feu. Elle s'opposa à lui plusieurs fois, l'épisode le plus célèbre se déroulant très certainement Meca. Les deux s'affrontèrent jusqu'à manquer se tuer tous deux et ils ne durent leur survie qu'à l'intention des Dieux eux-mêmes. Mémoire se réveilla sur une plage langecine de laquelle elle entreprit de rallier l'Ithri’Vaan. Après avoir à nouveau fait la rencontre de Tebirahc, elle accepta de l'accompagner pour qu'ils puissent voir la nouvelle Gardienne de Kÿria. Ensuite, Mémoire se décida à faire pèlerinage à Nisétis, où elle n'avait plus été après le Voile. Là-bas, elle fit la rencontre de Johann, qui l'attaqua pour se venger des tristes événements qui avaient précédé l'arrivée de la Gardienne à Meca. L'agression mit en évidence la faiblesse de Katalina, qui souffrait des contrecoups du Voile et des différentes possessions dont elle avait été victime autant que du peu de soin qu'elle accordait à son corps.
Tyra décida de se jouer de son Vaisseau une nouvelle fois et lui fit croire qu’elle l’avait abondonnée ; Katalina, qui avait cru attendre ce jour, se découvrit perdue et dévastée. Le hasard de ses errances la conduisit dans le Berthildois, ou elle finit par rassembler autour d’elle une poignée de fidèles séduits par ses enseignements sur les Dieux. Pour autant, très vite, les choses échappèrent à son contrôle et elle finit par fuir ce monstre qu’elle avait engendré ; elle rallia Riv, un étrange pays perdu dans l’Eraçon, jusqu’à s’installer à Loqriv où résidait Farren, le seigneur local, qui la remarqua et finit par l’épouser. Alors qu’elle pensait avoir enfin trouvé un semblant de paix, un wagyl immense fait d’eau, d’écumes et de vagues s’abattit sur la ville et la détruisit, l’emportant dans la mer déchaînée. Ce fut Tyra qui l’en sortit, prenant possession de son Vaisseau pour mieux la mettre à l’abri, portant dans ses bras une Aislinn elle aussi miraculée. La Déesse alla à la rencontre de Pierre, le premier parmi les fidèles de la Pèlerine, qu’elle avait attiré par quelques signes et sortilèges jusqu’ici, et lui confia son Instrument, ce que ce dernier fit de longues ennéades durant. Quand elle fut remise, Katalina ordonna qu’on la conduisît à Serramire, sans en préciser les raisons. Sur leur chemin, elle les guida jusqu’à un temple de la Voilée où ils trouvèrent Plume, son ancienne protégée, qu’elle convainquit de les accompagner.
Il était clair, cependant, que Katalina ne s’était pas remise de la destruction de Loqriv et de la perte de son éphémère mari. Terriblement affaiblie par cette épreuve, elle ne parvenait plus à contrôler les vagues incessantes de souvenirs qui lui avaient valu son surnom de « Mémoire ». Cette nouvelle descente aux enfers dura une bonne année, durant laquelle elle demandait à ses compagnons de voyage — Pierre, Aislinn et Plume — de l’emmener à tel ou tel endroit… jusqu’à finalement réclamer de retourner à Loqriv. Katalina les mena jusque dans la Calanque des Souffles, une crique enchâssée dans les hautes falaises du duché d’Erac dans lequel avait échoué le donjon rivois.
Pierre fut le premier à disparaître, pendant l’une de ses excursions dans une ville voisine. Plume, qui après ce triste événement pris la charge des opérations, s’absentait parfois plusieurs jours durant à la recherche de nourritures, vêtements neufs et autres fournitures primaires. Se faisant, elle laissait seule Aislinn veiller sur Katalina, ce qui n’était pas une mince à faire pour une enfant si jeune. La petite rivoise crut même son heure arrivée un soir où Plume ne revenait toujours pas, mais c’était sans compter le petit miracle que ramena finalement la sang-mêlé noirelfique avec elle.
Katialyne, la fille perdue de Katalina.
Après le Voile, Aerandir était parti avec elle, ne laissant à sa compagne aucun moyen de savoir où était sa fille. Katialyne avait été l’une des raisons qui avaient poussé Katalina a voyagé autant aux quatre coins du monde connu. Quand Katialyne avait manifesté le désir de retrouver celle qui l’avait mise au monde, son père avait refusé de l’accompagner et l’avait plutôt confiée à la garde de deux bardes-prêtresses d’Arcam — deux (fausses) jumelles qui accordaient un statut quasi divin à la petite Katialyne — avant de poursuivre son propre chemin. Tout juste le curieux personnage avait-il consenti à leur donner un indice : Rive, dans le duché d’Erac. Une fois parvenues au duché, Katlialyne et ses gardiennes — Lïn et Nÿl étaient leurs noms — avaient eu de la chance, car, tandis qu’elles enquêtaient sur la mystérieuse Meavh de Riv, elles étaient tombées par hasard sur Pierre. Par chance, Lïn et Nÿl — c’était leur nom — connaissaient cette région peu connue d’Erac. Une fois parvenues au duché, Katlialyne et ses gardiennes avaient eu de la chance, car, tandis qu’elles enquêtaient sur la mystérieuse Meavh de Riv, elles étaient tombées par hasard sur Pierre. L’homme n’était pas mort et cherchait désespérément à retrouver, lui aussi, sa maîtresse. Il avait accepté de dire tout ce qu’il savait à l’étrange trio, en échange du droit de les accompagner..
C’était donc une sacrée compagnie que le hasard du destin et la malice d’au moins deux dieux avaient rassemblée autour de la serramiroise : Katialyne, Aislinn, Plume, Pierre et les deux bardes, Lïn et Nÿl. Ils trouvèrent d’abord refuge dans un petit hameau dans le Lyron. Puis, quand la condition physique de Katalina et Aislinn le leur permit, ils entamèrent un long — et lent — voyage vers l’Ithri’Vaan. Ils mirent presque deux mois pour rallier Tall, dans le Langecin, enchaînant des pauses pouvant aller jusqu’à une ennéade quand Katalina en avait besoin. C’était que l’avatar de Tyra était dans un bien triste état et, si son corps guérissait lentement grâce aux bons soins de ses camarades de voyage, la santé de son esprit était beaucoup plus préoccupante. Pendant quelques jours après les retrouvailles avec Katialyne, Katalina avait semblé être elle-même, ce qui avait laissé espérer à Pierre, Plume et Aislinn la fin de son calvaire. Malheureusement, leurs espoirs avaient vite été déçus. Il faudrait un long moment à l’éphémère dame de Loqriv pour reprendre véritablement le dessus.
Ils durent attendre un mois supplémentaire, avant que l’on jugeât l’état de Katalina satisfaisant pour prendre la mer. Ils trouvèrent un navire qui allait jusqu’à Thaar et, contre toute attente, le voyage fit beaucoup de bien à la serramiroise ; son état se dégrada à nouveau quand ils accostèrent à Thaar, ce qui les poussa à attendre une ennéade supplémentaire avant de pouvoir rallier leur véritable destination : Ys. Lïn et Nÿl en étaient originaires et y avaient des amis qui pouvaient les nourrir et les loger simplement contre le plaisir de profiter de leurs talents le soir venu.
En l’An 11:XI, Katalina continue sa vie à Ys, entourée de sa troupe bien particulière. Ses progrès sont réels, mais trop souvent encore elle se fait happer dans des souvenirs qui ne sont pas les siens et il lui faut parfois plusieurs heures pour reprendre le dessus. La présence de Katlialyne semble aider.
Résumés des personnages liés
Plume, née en l’An 997:X, du Feu d’Uriz Illiv’aere et de la Gardienne de Tyra Cyllian. Très débrouillarde malgré son jeune âge. Entretien une relation conflictuelle avec Katalina.
Aislinn, née autour de l’An 998:X, de parents inconnus. Recueillie par les prêtresses de Lwar à Loqriv. Considère Katalina comme sa mère.
Pierre, né en l’An 970:X. Ancien pêcheur de Eyroles, « converti » par la Pèlerine en l’An 7:XI. A juré de la protéger depuis et donnerait sa vie pour elle.
Katialyne, née en l’An 999:X, du Gardien d’Arcamenel Aerandir et de la Gardienne de Tyra Katalina. Enfant muette, à la peau et au cheveux blancs et aux yeux verts de son père. Indéchiffrable pour le commun des mortels.
Lïn et Nÿl, nées en l’An 968:X. Bardes, prêtresses d’Arcam, sang-mêlées. Elles ont la désagréable manies de finir leurs phrases. Attribuent un statut d’avatar à Katialyne.