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 [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur...

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Haldren
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MessageSujet: [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur...   [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur... I_icon_minitimeMar 29 Déc 2015 - 12:41


[MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur... 548803mmorableguerreeraison

D'autres Rps liés à l'intrigue:







1er jour de la 7ème ennéade de Verimios, an 8 du XIème cycle

Haldren Baenfere, archimage de son état et dément mégalomane selon ses proches, finissait un copieux repas bien arrosé dans le palais de l’ancien Seigneur Protecteur d’Eraïson lorsque la nouvelle commença à bruisser. Elle se répandit dans les couloirs comme une trainée de poudre, parcourut les chemins de ronde, se glissa dans les oreilles pour ressortir par les bouches, atteignant tout un chacun à travers la cité.

« Les elfes arrivent ».

Il fallait entendre par là l’armée elfe, bien évidemment, et non les quelques forces déjà sur place. Depuis la chute de la cité, de petits groupes d’éclaireurs rôdaient aux alentours, tenant les drows à l’œil et rapportant ce qu’ils voyaient à leurs supérieurs. Des escarmouches régulières mettaient d’ailleurs aux prises ces guetteurs avec les patrouilles drows, sans que cela n’ait jusque là eu d’impact sur le cours des évènements. Mais l’approche d’une véritable armée changeait profondément la donne. Créant un saillant dans le front, Eraïson ne pouvait qu’être l’objet de toutes les attentions de la part des défenseurs de l’Anaëh, aussi cette nouvelle n’étonna personne bien qu’elle en inquiéta certains.

Combien de soldats elfes ? Quels types de troupes ? Qui les dirigeaient ? Quid des Noss ? Haldren n’en savait rien, et il ne lui serait pas venu à l’idée de demander aux officiers drows qui dirigeaient la ville ce qu’eux en connaissait. Outre qu’il aurait trouvé très impoli de sa part d’intervenir dans des affaires qui ne le concernait plus, cela n'interférerait guère avec son grand dessein. Les elfes ne pouvaient que venir en force pour déloger leurs ennemis, et cela lui suffisait amplement comme renseignement.

Le regard perdu dans le vague, Haldren saisit deux grains de raisin sur le plateau : un blanc et un noir, qu’il fit tourner doucement entre ses doigts.


Elfes… et drows… deux conceptions différentes du monde… deux idéologies… deux lutteurs prêts à s’empoigner pour jeter l’autre au sol. Qui sortira vainqueur ?

Un sourire qu’il faut bien qualifier de maléfique à défaut d’un autres terme plus adapté naquit sur ses lèvres. Son poing se referma, broyant les deux grains de raisin dont le jus sucré coula entre ses doigts d’ébène.

Le vainqueur ? Moi.

Se levant, l’archimage quitta la pièce et se rendit dans ses appartements. Avant que l’étau des elfes ne se soit trop resserré, il devait se hâter de rejoindre un entrepôt en ruine dans le quartier détruit par Uuvanio, à proximité des murailles. L’endroit conviendrait parfaitement à la réalisation de son plan car il se trouvait doté d’un réseau de caves en partie effondrées dans lequel il pourrait se cacher. Peu de drows en ville connaissant sa véritable identité, sa disparition n’étonnerait personne, surtout au milieu du chaos qu’engendraient les préparatifs pour résister à un assaut.

Lùthien, sa chère esclave elfe, était repartie pour Thaar quelques jours auparavant. Elle ne lui aurait guère été utile pour ce qu’il prévoyait d’accomplir, aussi préférait-il la voir en sécurité loin de ce qui se tramait ici. Ayant fourré dans un sac des rations de nourriture ainsi qu’une couverture, l’archimage sortit  la pièce et prit la direction des cuisines par lesquelles il savait pouvoir quitter le palais discrètement. Tout en marchant dans les rues d’un pas vif, l’ancien Senger du Vème ost marmonnait à voix basse :


Ce sont les avant-gardes qui ont été aperçues. Hmm, il faudra quelques jours aux elfes pour prendre leurs positions d’attaques, effectuer les ultimes repérages et lancer des coups de sonde afin de tester la solidité des défenses. Ils ne peuvent pas s’enliser dans un siège interminable sans risquer une contre-offensive ailleurs sur le front… cela me laisse juste le temps nécessaire pour préparer le rituel et l’activer lorsqu’ils assailliront les murailles.

Oui, décidément, tout s’annonçait pour le mieux !
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MessageSujet: Re: [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur...   [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur... I_icon_minitimeMar 29 Déc 2015 - 14:57

Tariho de la 6e ennéade de Verimios.
8e année du XIe cycle

Debout de plein pied dans les branches les plus hautes d’une timide canopée, tu veilles. La traîne de toile complétant ton armure claque rageusement sous la brise, animée de volonté d’en découdre par le vent mauvais soufflé par les ruines tranchant  l’horizon. Vous voilà donc face à ce qu’il reste de la belle Eraïson, consumée par la rage guerrière des sombres.
Votre camp est encore à la faveur du couvert végétal, mais chaque pas vers la cité déchue voit la canopée se rétracter un peu plus, et les géants de bois se livrer à de douloureuses circonvolutions. La forêt elle-même meurt autour d’Eraïson, et ce sont des murmures d’un mauvais augure qui vous parviennent de vos frères dont les racines sont piégées dans la terre brûlée. L’Anaëh empreint de tristesse vous partage sa douleur. La Prime Forêt dans son infinie colère vous exhorte, vous ses défenseurs à détruire l’envahisseur. Mais cette première cité n’est qu’un pas d’enfant. Les noirelfes font au Sud, dans l’Annon, bien plus d’horreurs encore qu’Eraïson ne pourra jamais en porter. Vous ne pouvez pas pourtant bras-le-corps vous jeter dans la lutte qui y fait rage. Reprendre ce qui est votre est tant question de devoir que d’honneur. Vous devez prouver à votre propre gente, qu’elle est capable de survivre… non… de vaincre même sur les réputés inarrêtables sombres.
Aux heures qui passent se succèdent les visages. Les elfes de la ville, décidés à sauvegarder l’intégrité de leur mère rassemblent lentement leurs hommes d’armes. Des visages que la mémoire de celui-qui-n’oublie-jamais n’aura su oublier ; d’autres que celui-qui-veut-savoir n’aura jamais eu l’occasion de rencontrer. Des centaines, des milliers d’hommes se déplaçant comme des fourmis aux visages inquiets. Peut-être certains savent-ils encore entendre la Symphonie, peut-être d’autres auront reçu du Voile une nouvelle ouïe. Tu ne peux qu’espérer ne pas être seul ici à entendre la supplique de la forêt, tu ne peux que rêver voir tes alliés galvanisés par le soutien de leurs frères au sang de sève.
Tu penses à ton clan, scindé par l’appel de leur mère, dont les plus féroces archers doivent donner de l’œil depuis les branches alentours. Tu penses à tous les Noss ayant pris les armes pour défendre un bien qui n’est pas le leur. Tu penses au Symbolisme derrière la forteresse d’Eraïson, pour laquelle trop de vies seront sûrement sacrifiées.
Tu descends d’un bond de ton perchoir, fourmi parmi les fourmis, glanant ça et là les derniers rires de certains des militaires puis de funestes conversations. Le regard assombri comme il ne l’était que rarement, tes yeux se posent sur ceux qui seront ton épée et ton bouclier durant les jours à venir. Tu t’imprègnes de chacun d’entre eux, de chaque visage, de chacun de leurs traits, pour qu’au possible jour où Tari viendra les cueillir, tes remerciements n’aient que plus de signification. Pour la première fois, tu ne parviens pas à garder ton calme face au visage de la mort.

Vous ne pouvez pas encaisser une défaire de plus.
Mais avez-vous véritablement besoin de cette victoire ? Et à ce prix ?
Vous avez lancé la pièce. Maintenant vous ne pouviez plus qu’espérer garder la face.


Dernière édition par Estiam Faerin le Lun 8 Fév 2016 - 3:03, édité 1 fois
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Halandarin Las'Danir
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MessageSujet: Re: [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur...   [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur... I_icon_minitimeJeu 31 Déc 2015 - 14:23




C'était une belle journée, alors qu'Halandarin observait la canopée, en suivant de son pas lourd une colonne de soldats, colonne interminables d'hommes et de femmes élevés pour la défense de l'Anaëh... Il n'avait que rarement vu de tels rassemblement... Non, à vrai dire il n'avait jamais décelé tant d'elfes rassemblés en un même lieu. Noss's et Elfes des cités s'étaient ainsi rassemblés pour protéger cette forêt qui n'était autre que la demeure qui avait vue leurs peuples s'ériger.

Il revêtait déjà son armure, armure d'acier Danirad, cet acier à la réverbération rougeâtre, sanglante, couvert d'une couche dorée, amenant la tenue à fortement le distinguer des quelques milliers de soldats dans les alentours.. Sa main droite utilisant une lance grandes de près de deux mètres, comment d'un bâton de marche, lance en acier autant travaillée que ce qu'il revêtait à l'instant. Ses brassards et jambières couvertes de gravure effeuillées et décorée a la loupe, une cape en tissus d'un vert foncé glissait dans sur ses épaules, couvrant légèrement son bras gauche inerte, et son dos. Alors qu'il avançait au milieu de ces colonnes, son regard se posa sur un être qui traînait dans les branches soutenant la canopée, comme bons nombres des Noss's les accompagnant...

C'est les dents serrés, le regard noir qu'Halandarin observe ce qu'il est advenu de la forêt bordant Eraïson, c'est le coeur lourd et la rage qui l'anime alors qu'il avance vers ces ruines au loin. Comme bon nombre, la symphonie n'est pour lui qu'un murmure, mais aujourd'hui, ce murmure n'est pas un doux murmure, il est le murmure d'être agonisants, d'êtres souffrants, d'êtres emprunts d'une volonté de revanche, une envie de sang. La part animal qui anime chaque elfe se voit attisée par les foudres de l'Anaëh, et c'est alors qu'ils traversent les cendres et la fumée, qu'ils foulent le sol jonché par les cadavres de quelques comparses qui n'ont pu survivre à leurs blessures suffisamment longtemps pour atteindre les bras réconfortant de leurs frères... Quelques soldats s'atèllent à rassembler les corps des frères tombaient plus tôt, et qui n'avait encore été retrouvés.
Cela n'affaiblis cependant pas leurs esprits revanchard, cela attise même d'autant plus la rage qui habite les elfes des cités, les quelques milliers de survivants d'Eraïson qui ont décidé de prendre part à la reprise de cette ville qui leurs appartient.

Alors qu'Halandarin s'avançait vers les premières lignes de la colonne, où se trouvaient quelques Protecteurs, dont quelques uns qu'il avait pu observer bordant la colonne en discutant avec des cadres importants de l'armée rassemblé.

Il vit enfin Estiam non loin, en tournant la tête vers l'arrière, observant une colonne d'homme, interminable, composée d'une dizaine d'elfes de large.

-Estiam ! Poussa-t'il dans la rangée, la traversant calmement, sans gêner l'ordre et venant attraper l'elfe et le sortir des rangs pour poursuivre la marche en dehors de celle-ci. Je t'ai enfin retrouvé.. Bougre diable, ces chiens paieront pour ce qui'ils ont fais... Bien, en tout cas nous y voilà... Avançons, j'aimerais glaner des informations sur la marche à suivre.

Glaner quelques informations, et surtout pouvoir donner son avis sur la marche à suivre... Après-tout, il avait lui même fait venir quelques Maître de la forge qu'il avait eu comme apprentis, et qui s'étaient portés volontaires... Il les avait jugés âpte à se joindre au combat, bien que certains resteraient sur les lignes arrières pour apporter le soutient nécessaire si le siège durait quelques mois. Les armures n'allaient pas se débosseler seules.
En parlant de ces maîtres de la forge, ils se trouvaient dans les arrières de la colonne à quelques lieux de là déjà, tirant du matériel avec d'autres camarades, vivres, métaux, armes de sièges en pièce détacher qui allaient très certainement amener à un jeu de puzzle des plus éreintant.

Son préavis sur cette bataille ? Son air sombre traduisait chacune de ses pensées.
Chaque elfe qui périrait sur cette muraille, il le vengerait, chaque sombre qu'il attraperait, il lui ôterait la vie. Il s'était même préparé à la possibilité de quitter ce monde dans les jours qui suivraient. Cela ne lui enlevait cependant rien de son envie d'en découdre une bonne fois pour toute.
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MessageSujet: Re: [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur...   [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur... I_icon_minitimeDim 3 Jan 2016 - 15:53

« et avant de partir je te remettrai cette bague  ».

La phrase revenait en boucle dans la tête de l’archimage alors qu’il parcourait les rues désertes d’Eraison, croisant juste par moment des groupes de soldats préparant la défense de la cité. La notion de devoir n’existait plus pour Haldren, toutefois il détestait ne pas tenir ses promesses, car alors il n’aurait pas mieux valu que la plèbe des mages ordinaires. Or quelques jours plus tôt,  il avait promis à son neveu de lui rendre la bague du Ditronw Da’re après la bataille, si ce dernier s’en montrait digne. Selon les prévisions de l’archimage, Khernal ne serait plus en mesure de recevoir son cadeau une fois la bataille terminée, ce qui le plaçait donc devant un dilemme moral des plus déroutant.


Non, je tiendrai parole, marmonna-t-il.

Tournant d’un coup dans une ruelle adjacente, Haldren entra dans une échoppe désertée depuis le premier assaut drow. Les biens qui y étaient vendus n’ayant qu’une valeur assez limitée, les pillards ne s’y étaient pas arrêtés bien longtemps et il put trouver ce qu’il cherchait. Attrapant une petite bourse de velours noir qui trainait là, Haldren y plaça la bague symbolisant la charge du Ditronw Da’re. Puis il referma les lacets de cuir qui fermaient la bourse et les scella avec de la cire qu’il fit fondre grâce à une chandelle.

Désormais, le plus dur restait à faire. Khernal avait beau être son neveu, rien n’obligeait Haldren à lui faciliter le travail. Après tout, se montrer digne de ce titre qu’il convoitait n’impliquait-il pas d’éviter également les chausse-trappes que son oncle mettrait sur son chemin ?

Saisissant le cachet de cire entre ses doigts effilés, Haldren se concentra et laissa le flux magique couler en lui. Lentement, comme une rivière se déversant dans un lac, il gorgea la cire d’énergie. Seul un mage passé maître dans l’art des pièges magiques pouvait réaliser cela avec un matériau aussi peu réceptif au noble art et aussi peu apte normalement à recueillir de l’énergie, mais l’archimage avait passé des siècles à réaliser de telles petites surprises pour ses ennemis. Hautement instable, l’énergie contenue dans la cire se relâcherait d’un coup au moment où quelqu’un briserait le sceau pour accéder au contenu de la bourse.

Satisfait, le drow contempla son œuvre. Nulle trace visible n’apparaissait sur la cire, et il aurait fallu la scruter magiquement pour réussir à discerner les lignes de force qui la zébraient de toute part.

Sortant dans la rue, Haldren tourna un peu jusqu’à ce qu’il repère un serviteur du C’nros. Hélant le gaillard, il lui remit la bourse et ces indications :


Porte ceci au seigneur Kre'Nael. Dis lui que c’est un cadeau de la part d’un membre de sa famille et qu’il ne doit en aucun cas ouvrir cette bourse avant la fin de la bataille.

Si Khernal faisait preuve de prudence et attendait quelques jours comme demandé, l’énergie contenue dans le piège serait en majeure partie dissipée, la cire ne pouvant la conserver correctement dans la durée. Le nouveau Ditronw Da’re en serait alors quitte pour une désagréable surprise lorsqu’il briserait le sceau et que l’explosion se produirait, sans doute subirait-il quelques brûlures légères sur les doigts mais rien de réellement grave. Si par contre son neveu fonçait tête baissée en se laissant aveugler par son avidité, les effets du piège pourraient alors  sérieusement le blesser… lui, ses proches, la pièce ou il se trouvait... voire tout le bâtiment.


Ne me remercie pas, mon cher neveu, c’est de bon cœur que je t’aide à devenir plus sage. La douleur n’est-elle pas la meilleure leçon possible ? murmura en ricanant l’archimage tout en regardant le serviteur courir en direction du palais du Protecteur.
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MessageSujet: Re: [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur...   [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur... I_icon_minitimeJeu 7 Jan 2016 - 14:11

Arrivés ensembles, d’autant plus vite séparés. Une fois tous les deux plongés dans les affaires militaires, vos talents eux-mêmes suffisaient à creuser la distance. Tous les deux devenus des hommes de guerre, vous n’en étiez pas moins de deux mondes sans comparaison. Halandarin est un Homme de Fer, de ceux capables de plonger au fort des hostilités et surtout, d’y survivre. Le Toer Tamindal fait partie de ces bêtes dont la force physique et la dextérité ne sont plus à prouver. Ses apprentis et lui auront sans l’ombre d’un doute étés appelés à s’entretenir avec ceux qui durant la fleur de l’affrontement seront à coup sûr leurs pairs. Ceux dont les lames tinteront. Ceux dont ils devront réparer au mieux les armures lorsque l’heure aura sonné. Ton ami et sa famille de forge appartiennent au monde des combattants de front.
Toi tu es un homme d’esprit. Un prédateur opportuniste. À la manière des archers tu attends ton heure, et tu frappes depuis le lointain. Canon de verre, fragile destructeur, tu restes dissimulé parmi ceux qui doivent toucher sans être touchés. Naturellement vous aviez été traînés vers différents instructeurs, mais ultimement, ce sont les mêmes commandements qui vous ont été adressés. Tout était vague encore cependant, vos armées encore en train de peaufiner leurs stratégies tandis que les ennemis continuaient de renforcer leurs défenses. Tous deux insatisfaits, le besoin de glaner des paroles d’expérience avait fini par vous rassembler. La voix grondant dans ton dos n’en laissait pas douter.
Tu lui tires littéralement ton chapeau en guise de sarcastiques félicitations, trouvant tout de même la force d’esquisser un timide sourire en direction de ton ami. Tu te rappelles clairement les mots que tu avais adressé à Anorn il y a quelques ennéades de cela. Tu te rappelles comme tu lui avais décrit ta vision du cycle de la vie, et tu étais sincère. Certains devaient mourir… c’est dans l’ordre des choses… et pourtant chaque éclaireur mutilé revenant au camp rajoutait une goutte au seau de frustration.

- Je ne compte pas réellement suivre la marche. Tu te retournes vers lui, sourire en coin aux lèvres J’ai une idée… à toi de voir si tu me suis ou pas.

Tu t’éloignes du camp, et file à travers les branchages, suivant la route empruntée par les éclaireurs jusqu’à longer les zones les plus clairsemées, victimes des Drows, entourant la cité. Depuis le couvert forestier, vous teniez l’avantage de la vision, mais les patrouilles sombres que vous pourriez croiser, à en juger par les quelques flèches Noss éparpillées dans la zone, en seraient bien conscientes. Pour savoir, c’était un risque qui valait le coup d’être pris. Observer les traces parcourues par la surveillance sombre, tenter d’en identifier les rotations s’il y en avait, évaluer les forces en présence… tout cela avait été fait et refait sans que de réelle réponse puisse être apportée. Apporter ta pierre, si minuscule soit-elle à l’édifice pourrait peut-être tout changer.

-

Un cri déchirant attire ton attention, mais ton ami ne semble rien avoir perçu… L’appel à l’aide vient de loin, de très loin. Ce sont les pleurs de la Symphonie qui t’éclairent sur le chemin du sang, des pleurs que le forgeron perçoit bien plus fébrilement que toi. À quoi sert de se précipiter lorsque l’on est déjà en retard ? Les plaies sont déjà ouvertes, et la mort a sûrement déjà fauché, d’ici à ce que tes yeux s’alignent avec la scène, elle sera bientôt terminée. Ton regard finit pourtant par percer à travers les feuillages, en direction de la savane. Après de longues heures d’infructueuses observations, vous alliez être témoins d’un triste spectacle.

Avec chaque goutte de vermeil versée s’écrase au sol un peu de la faiblesse de l’un des camps. Lorsqu’une patrouille Noirelfe se retrouve aux prises avec des éclaireurs Sylvain, l’issue du combat est toujours certaine. Sans que l’on puisse prévoir qui sera vainqueur, on peut aisément deviner que des vies seront perdues. Tu avais le pouvoir de choisir quel parti souffrirait le plus. Vos alliés étaient en mauvaise position, en sous-nombre, livrant un combat dont ils semblaient avoir subi plutôt que provoqué l’engagement. Ils reculaient, ou du moins ils essayaient, et c’était là ta chance de renverser la balance.
Un geste d’une fantastique rapidité, dont la précision était le gage de séculaires répétitions. À tes côtés se tiennent tes gardiennes, Inwinén  l’Ondine et Inwinuru la fée de flammes, et à ton appel, depuis les ténèbres forestières, elles lançaient l’offensive. Le trait de flamme et la lance de glace filent à travers les feuillages dans une danse mortelle, comme ignorant la présence d’obstacles, ils avalent la distance pour se briser contre l’agresseur à l’arme relevée, contraint, ayant perdu la vie, de laisser sauve celle de sa proie.
La course effrénée de votre congénère sylvain à travers l’Anaëh, les regards choqués des camarades d’armes du Noirelfe tombé sous ton sortilège, ce ne sont que des symboles parmi d’autres d’une bataille qui ne fait que commencer.

- Il faut qu'on s'éloigne d'ici Halan, et vite.

L’une de tes mains vient cueillir ta coiffe, l’abaissant encore un peu, comme pour dissimuler au monde tes iris d’or habituellement si pétillants, brûlants maintenant d’une bien sombre flamme. S'éloigner de votre camp et de la majorité de vos forces armées... étais-ce la bonne solution ?
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Telenwë Neraën
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MessageSujet: Re: [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur...   [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur... I_icon_minitimeDim 10 Jan 2016 - 17:56

Arcamenel de la sixième ennéade de Verimios, VIII° année du XI° Cycle,
Forêt d'Anaëh.


Suite au Haut-Conseil qui s'était passé plus ou moins bien, la décision avait été prise qu'Eteniril se joindrait à la guerre contre les Sombres. Les choses s'étaient agencées très rapidement : Neraën, Falaedhel et Telleran avaient envoyé un messager transmettre les ordres du commandant afin que l'armée ait déjà commencé à se mettre sur le pied de guerre lorsque les trois elfes seraient rentrés dans leur cité. Une fois cela fait, il avait fallu réorganiser certaines choses, convoquer le haut-conseil puis le conseil d'Eteniril, préparer les affaires, et tant d'autres choses... Une ennéade. Pour être à l'heure au rendez-vous, Neraën n'avait qu'une ennéade pour faire tout ce qu'il avait à faire. Et sachant qu'une journée serait entièrement prise par l'enseignement de Maghden, le seigneur-protecteur remercia pour la première fois la Mère de l'avoir rendu insomniaque. Encore une chance, l'elfe avait eu l'intelligence de faire comprendre aux hauts-conseillers d'Eteniril suite à ses entrevues avec Delnwë et Kelendil qu'il y aurait des risques qu'Eteniril prenne part à la guerre. Pour tout dire, Neraën avait attendu que le Haut-Conseil d'Alëandir se fasse pour confirmer ou affirmer la participation - même si son avis sur la question était déjà assez tranché. Concernant l'armée, elle était faite pour se battre et prendre les armes à n'importe quel moment. Elle n'avait donc pas posé de problèmes.

Neraën regarda un moment le lacet de cuir paré de médaillons attaché à son poignet. Son esprit revint une nouvelle fois à la première entrevue qu'il avait eue avec Maghden et les deux Fondatrices, au goût quelque peu étrange qu'elle lui avait laissé ainsi que le rêve qui s'était ensuivi. Retour à la case départ. Aujourd'hui, ce ne serait pas au lac Uraal qu'ils arriveraient. Aujourd'hui, ce ne serait pas avec les Aigles de l'Armée Royale qu'il se battrait. Mais ce serait à nouveau une confrontation avec les Drows, une nouvelle bataille où la mort ferait rage et où la magie serait présente. Ce jour-là, il espérait sincèrement qu'un certain druide ne viendrait pas le voir avant le combat. Tinrael avait choisi cette voie il y a trois siècles. La Mère appellerait certainement Ëninril à en prendre une autre. Cela lui rappela la dernière fois qu'il avait longuement parlé avec les membres de la noss Wen'Döril ; depuis qu'il était devenu protecteur, il n'avait pas eu le temps d'aller les revoir, de reprendre à zéro. Tout comme il aurait aimé rencontrer les autres noss d'Eteniril, les choses avaient voulu qu'il se décide à repousser cela à après la bataille.

Il releva la tête en ressentant des êtres venir en sa direction. D'un signe de la main il fit arrêter l'armée en marche et descendit de cheval. Mille cinq cents Elfes. Les quatre mille autres ayant été réquisitionnés pour le Sud étaient directement partis pour le front, rejoignant l'armée royale. Si tout se passait bien, une fois qu'Eraïson serait reprise il devrait consolider son armée en rejoignant le gros des troupes. Il attendit et une patrouille d'elfes habillés aux couleurs de l'été (donc principalement du brun et du vert foncé), ne portant aucun symbole visible et ayant la capuche rabattue sur leur tête fit son apparition. Des éclaireurs, tout simplement. Ceux d'Eteniril, en temps de paix déployés aux frontières du protectorat, habitués à se fondre dans la forêt quelle que soit la saison. L'un des éclaireurs s'approcha du seigneur-protecteur - qui lui portait l'attirail plus réglementaire de l'armée - et fit son rapport.

"Seigneur-Protecteur, nous ne sommes plus qu'à quelques lieues du campement des différentes armées. Aucun drow en vue sur le chemin.
-Vous êtes-vous présentés ?
-Non.
-Y a-t-il beaucoup de protectorats présents ?

-Pas vraiment. Notamment Ardamir et Mera.
-Très bien. Repars avec ta patrouille et prévenez leurs guetteurs ainsi que la Dame-Protectrice d'Ardamir de notre arrivée. J'irai la voir une fois arrivés."


L'elfe s'inclina devant son seigneur-protecteur, fit signe à ses frères d'armes et ils disparurent instantanément dans la forêt. Neraën remonta sur sa monture, fit un signe à ses Elfes et tous repartirent. Les deux tiers de l'armée étaient bien visibles : capes blanches et armures de plaque aux reflets verts, lorsqu'Eteniril revêtait ses couleurs, ce n'était pas dans l'objectif d'être discrète. Lorsqu'elle venait, c'était pour infliger des dégâts à l'ennemi voire faire en sorte qu'il n'existe plus. Pour le côté discrétion, et c'était là que se trouvait le dernier tiers, ils étaient habillés de la même manière que la patrouille et n'étaient donc pas visibles pour qui ne faisait pas attention. Neraën ne chercha pas à les repérer, son attention était déjà assez focalisée sur le chemin à prendre ainsi que sur ce qui était devant, mais il était persuadé qu'ils avaient dû s'amuser à se disperser un peu partout pour prévenir d'éventuels dangers et surtout ne pas créer trop de "bruits" autour d'eux. L'ancien militaire, qui prenait pour la bataille d'Eraïson le commandement de l'armée puisque Falaedhel était allé avec la majorité de l'armée au front, regarda ceux qui étaient présents à ses côtés : le capitaine Menendas, les hauts-conseillers Telleran et Manel, ainsi que plusieurs lieutenants. Les deux elfes politiques, s'ils avaient finalement accepté que leur seigneur-protecteur mène la marche, allaient certainement être ceux qui allaient le plus l'énerver. Il comprenait qu'ils n'avaient pas envie de perdre si rapidement un troisième protecteur, mais Neraën était un guerrier dans l'âme... et on ne retient pas un guerrier qui va se battre avec les siens.

[MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur... 852568tumblrm7b3xaR2301qalrwko41280
Éclaireur de l'armée d'Eteniril

Enfin arrivés. A peine avait-il posé pied à terre qu'il donna ses ordres : installer le campement, mettre en place des tours de garde... Après seulement les soldats pourraient se reposer de la longue marche qu'ils venaient d'effectuer. Ne prenant pas lui-même le temps de respirer, il se dirigea vers la tente de commandement afin de se présenter aux protecteurs déjà présents. Halyalindë en premier lieu. S'il pouvait avoir au plus tôt une idée des événements qui allaient suivre ainsi que des forces présentes, cela pourrait lui permettre d'organiser au mieux tout le nécessaire. Il y passa un moment. Puis il revint au campement et convoqua un conseil. Les principaux personnages d'Eteniril s'assirent en cercle afin de discuter des événements à venir et de l'organisation, Neraën omettant volontairement de donner trop de précisions. Tous prirent une portion de nourriture lors de la réunion, n'ayant pas eu le temps de manger avant. Des prêtres de Kÿria ainsi que de Calimenthar étaient présents. A la fin de l'entrevue, le soir tombant, ils entamèrent des prières à leurs dieux respectifs. Puis enfin Neraën put respirer.

Lorsque l'on est fatigué, on est bien-heureux d'avoir la chaleureuse surprise de voir sa tente déjà montée. Même s'il n'y a pas beaucoup d'affaires, voire qu'il n'y a strictement rien à l'intérieur, l'idée de se dire que l'on peut s'asseoir et respirer à l'abri - enfin un abri relatif - est la meilleure. Lui qui se fichait de dormir à même le sol sous les étoiles, il fut quand même heureux de voir cela. La nuit était déjà bien avancée lorsqu'il entra dans la tente en compagnie de Telleran dans cette fameuse tente, terminant de discuter avec lui. Un coffre, un lit de fortune, une chaise, une table où il était possible de poser une carte dessus... c'était tout ce qu'il fallait et tout ce qu'il y avait. Il remercia intérieurement ceux qui avaient pris le temps de placer ces affaires. Tout en invitant son confrère mage à s'installer sur la chaise, il chercha dans le coffre une bouteille de vin ainsi que deux verres en céramique. Il posa le tout sur la table, servit du précieux liquide rouge dans les deux contenants et en servit un au haut-conseiller avant de s'asseoir sur le lit. Il y eut un mouvement de flottement dans l'air, aucun des deux elfes ne prononçant mot tant ils étaient fatigués. Le temps passa, le silence régnant toujours en maître absolu, les deux buvant doucement leur verre comme si cela pouvait les requinquer. Le bouchon roula sur la table et tomba sur le sol, heurtant la chaise en bois au passage, faisant un *pan* étrange. Telleran et Neraën regardèrent la pauvre chose un instant.

"Pan.
-Pan ?
-Pan.
-Panpan
-Pan !
-Panpan
-Pan pan pan...
-Pan panpan, pan panpan ?
-Pan pan panpan pan panpanpanpan
-Pan pan pan...


Les deux gus éclatèrent alors de rire, un rire nerveux qui eut au moins l'effet de détendre les esprits. L'alcool n'aidant pas, le guerrier et le mage eurent du mal à se ressaisir, l'un étant plus rouge de rire que l'autre.

-Qu'est-ce qu'on peut être bêtes !
-Haha je ne te le fais pas dire ! Ca faisait longtemps que je n'avais pas sorti une ânerie pareille !
-N'empêche, c'était pas mal... on pourrait presque en faire une musique.
-Une musique où à chaque "pan" un lapin apparaît ?

Telleran repartit à rire, la vision d'une armée de lapins étant plus idiote que n'importe quoi d'autre.
-Et encore ! Des lapins avec à leur tête un roi rongeur ! Et cette musique pourrait être... hum... la Marche royale.
-Neraën... un vrai gosse !

L'elfe sus-nommé arrêta de rire, un regard quelque peu mélancolique traversant son visage alors qu'un sourire idiot restait affiché sur ses lèvres.
-Je l'ai toujours été, Telleran... c'est juste que tu ne m'as pas trop connu ainsi. Mais je parie que si l'on rencontre des anciens lorsque l'on rejoindra les autres au front qu'ils te donneront une autre description de moi que ce à quoi tu es habitué.
-Peut-être n'est-ce pas une mauvaise chose... Mais j'y pense, ton armée de lapins... ce n'est pas un roi qu'il leur faut, mais un empereur ! Ce serait donc la marche impériale."


Et ils recommencèrent à rire, évitant malgré eux de faire trop de bruit. Une marche impériale... n'importe quoi ! Ils devaient vraiment être fatigués pour sortir des bêtises aussi enfantines alors qu'ils avaient chacun huit cents ans passés. Mais cela fit du bien. Neraën ne se souvenait pas avoir ri de la sorte depuis trois cents ans, ce qui lui laissa un arrière-goût de mélancolie dans la bouche pour le reste de la nuit. Une fois Telleran partit dormir, Neraën se reposa en s'asseyant et en laissant ses yeux regarder le vide. Il ne voulait pas dormir, pas avec la Symphonie qui criait non loin de lui. Parce qu'il avait fini par la ressentir lors de la soirée, une fois qu'il avait commencé à ne plus courir dans tous les sens. Et il savait que le mal de la Symphonie risquait de provoquer des rêves qui le fatigueraient plus que d'ordinaire et surtout plus qu'il ne pouvait se le permettre. Et même s'il arrivait à ne pas dormir, il savait qu'elle l'influencerait pour les jours à venir, qu'il lui faudrait faire avec. Et il craignait qu'il ne commette un impair à cause de sa trop grande sensibilité.




Kÿrianos de la septième ennéade de Verimios, VIII° année du XI° Cycle,
Protectorat d'Eraïson.


Un premier jour passa. Plus elle avançait, plus Neraën semblait être tendu, vouloir que les choses soient claires, concises et cadrées, son visage était ferme et certains se rendaient compte lorsqu'ils lui parlaient qu'à plusieurs reprises il dut se faire violence pour ne pas manquer de respect à son interlocuteur - qui n'avait en rien cherché une mauvaise réaction de sa part. L'approche de la bataille, pensaient certains. Le fait qu'il n'avait pas réellement fait partie d'une armée depuis trois cents ans et que lors de sa dernière bataille les choses ne s'étaient pas tout à fait bien passées, pensaient d'autres. Mais ce n'était rien de tout cela. Telleran, lui le savait. C'était uniquement la Symphonie qui, blessée en ces lieux, déteignait sur lui.

La deuxième nuit, veille du combat, elle fut assez forte pour le faire sombrer dans le sommeil, le temps de quelques heures. Un sommeil agité et éreintant, au point que lorsqu'il se réveilla enfin de son cauchemar, la respiration difficile et tout en sueur, il fut surpris de voir deux mages auprès de lui : Telleran et son vieux maître en magie de l'esprit, Celebrand. La fin de nuit fut difficile mais Neraën réussit à se re-concentrer sur la bataille à venir, ce qui l'aida à retrouver une forme tout à fait correcte pour se battre. Il discuta longuement avec Celebrand, seul, lui demandant ce qu'il faisait là - ce à quoi le mage répondit "La même chose qu'il y a trois cents ans." - et lui faisant part de ce cauchemar étrange. Une forêt prise par un immense incendie, une seule fleur survivante de cet enfer, un grand cerf de flammes, un trou noir sans fond, des collines constituées uniquement de morts elfes comme drows ou de blessés rampants défigurés, un crissement très aigu qui lui déchirait les oreilles... et enfin ces chaînes qui l'empêchaient de bouger, comme s'il était prisonnier et qu'au fur et à mesure on lui tirait dessus, créant douleur et le goût du sang dans sa bouche. Il n'était pas sûr de pouvoir comprendre, pas sûr de pouvoir traduire. Une vision d'horreur qui ne le ferait pas reculer. Mais il se demandait si ça ne pouvait pas y avoir un lien avec ce qu'il devait y avoir de l'autre côté d'Eraïson.

Lorsqu'il alla mieux, il se prépara et alla rejoindre les autres protecteurs. L'heure ne tarderait plus à sonner.


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Neraën


Dernière édition par Neraën Yeldoreï le Lun 8 Fév 2016 - 16:42, édité 1 fois
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Halandarin Las'Danir
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MessageSujet: Re: [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur...   [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur... I_icon_minitimeMar 19 Jan 2016 - 20:04




Décidément, Halandarin n'était pas sortis de ses surprises, en près d'un millénaire, il avait pu voir bon nombres de choses, mais il en avait aussi loupé un bon nombres... Aujourd'hui il se rattrapait en pouvant observer Estiam balayer un adversaire d'un seul geste... Fluide, gracieux... Poêtique, comme à son habitude...

Choqué ? Non, ce n'est pas le mot... Etonné ? Non plus, il avait vu bien plus impressionnant de la part de son camarades... Non.. Ce qu'il avait vu était les préludes de la guerre, du sang, des entrailles, et tout ces ressentis qu'il avait longuement accumulés grognaient.... Ils pourraient ENFIN se défouler, relâcher toute sa rage sur les semblables de cette femme qu'il n'avait pu se résoudre à tuer...

Il pourrait la relâcher, cette bête qui sommeillait en lui... Epargner ? Malgré tout ses enseignements, il ne pensait pas qu'il en serait capable... Non... Non il les briserait, tous... Ils les massacreraient... Il serait le dernier debout... Toute la hargne qu'il avait ressentis jusqu'à maintenant le fit trembler... Il était comme perché, suspendu dans le temps avant que son ami, légèrement inquiet ne vienne le secouer d'un coups de bras.

-Il faut qu'on s'éloigne d'ici Halan', et vite !

Sous l'injonction, il fut un instant pris au dépourvu... S'éloigner ? Ils allaient rencontrer plus de patrouilles... Pouvoir verser plus de sang, risquer leurs vies... Lancer les hostilités.
Il ne patienta pas plus longtemps, entamant la course dans cette forêt, allant de foulée impressionnantes en mêlant des gestes plus accrobatiques... Il voulait effacer tout cela de son esprit, il était noir, vicié, depuis ce dernier voyage, il avait constaté qu'il devenait... Mauvais. Comme si un parasite malmenait lentement mais sûrement son esprit.

-Allons-y Estiam.. Je paris que j'en trouverais d'autres avant toi... Dit-il sur le ton de la plaisanterie, d'un ton plus léger qu'il ne s'en serait cru capable. Débarrassons la Mère de ces parasites. Murmura-t'il finalement en foulant l'Anaëh de ses pas rapides, et violents...

Alors qu'ils se ruaient au travers de cette forêt, un véritable duel avait lieu dans l'esprit d'Halandarin, Assombrissant son esprit, son jugement... Il s'empara de sa lance en continuant la ruée, surprenant même son camarade par la vitesse qu'il déployait.. Il voulait penser à autre chose, se vider l'esprit...

Un arbre... Un autre.... Une branche à laquelle il s'agrippa se projetant sur une autre branche de manière à s'y hisser, ainsi plus proche de la canopée, il sautait de branches en branches, déployant plus d'énergie qu'il n'était logique de faire... Distançant même quelques instants son camarade... Celui-ci le hêlant une dizaine de fois avant qu'Halandarin ne décide à s'arrêter, trônant sur une branche imposante, il observait les alentours, comme le ferait un rapace, son regard d'acier, perçant au travers des quelques verdures, cherchant la moindre trace de leurs ennemis...

-Est-ce que tu les vois ? le coupa-t'il alors qu'Estiam, légèrement surpris l'observait, le faisant légèrement sursauter alors qu'il s'apprêtait à lui faire la morale.

-... Je sais qu'ils sont là... Non loin... Il faut les attirer... Nous pourrions ainsi commencer à décimer une partie de leurs troupes... Ces chiens doivent nous avoir vu approcher, ils vont probablement envoyer un contingent sur nos flancs, pour décimer nos vivres ou même nous affaiblir.. Ne les laissons pas tenter la chose. Brisons les bien avant cela. Tu pourrais les sentir ?

Il parlait bien entendue de cette connexion qu'il avait avec la symphonie, bien plus fine que la sienne... La sienne... Qui semblait être distante ces temps-ci, comme... Si elle ne voulait pas trop s'y frotter.
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Lœthwil
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MessageSujet: Re: [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur...   [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur... I_icon_minitimeMer 20 Jan 2016 - 12:01

S’éloigner… à peine avais-tu prononcé ce mot qu’Halandarin s’était jeté droit devant toi, suivant à grande foulée la direction générale vers laquelle se portait ton regard. Il court, il bondit, de plus en plus vite, plus vite que toi… Lorsque le forgeron se déplaçant à travers la canopée dépasse le chasseur, c’est qu’il va bien trop vite pour son propre bien. Halan ne tiendrait pas bien longtemps à cette foulée, mais il ne semble pas s’en préoccuper. La chaleur infernale irradiant à travers sa peau même, l’écho que trouvent les grognements de la Symphonie autour de son être. Il est en colère et d’un mauvaise colère. Il veut en découdre non pas pour protéger, mais parce que son esprit est embrumé par la rage qui autrefois vous a séparé d’une partie des vôtres. Tu le connaissais irritable mais avenant, et pourtant ses mots, son sourire avant qu’il ne se lance vers sa propre mort ne tenaient que de l’inconscient enragé. Si tu n’arrêtais pas ton ami maintenant, alors tu le perdrais à jamais.
Lorsqu’il s’est arrêté, tu as osé espérer que ce fut parce que son esprit s’était éclairé. Tes yeux se sont sévèrement posés sur lui, attendant que son rictus déformé par des sensations aussi dégoûtantes que contradictoire ne s’articule en des paroles plus sensées, mais tes espoirs furent vains. Le Toer Tamindal était pris de la malédiction du berserk. Ce serait ton travail que de l’en guérir, par la force s’il le faut.
Inwinén et Inwinuru toujours à tes côtés ne sont aucunement sollicitées par les torsions qui agitent tes mains. Si tes phalanges ainsi s’alignent et se brisent, c’est pour à partir de rien se créer une jumelle, de cristaux de roches forgées, qui imitant ton mouvement final vient s’abattre sur la joue du forgeron, manquant de le désarçonner de la branche sur laquelle il se tenait, et le forçant à s’y accrocher pour finalement y remonter. La guerre à laquelle vous participez n’est pas le moment de vous retourner les uns contre les autres, et ce n’est pas ce que tu fais. Ce que tu fais, c’est la seule chose qui pourrait te gagner l’attention d’un elfe dont les yeux sont voilés et les oreilles bouchées.

- Ce n’est pas un jeu Halan. Prendre des vies de cette manière est loin de me faire plaisir. Je le fais parce que c’est le seul moyen de protéger notre mère. Peut-être pas dans l’Anaëh, mais les Drows aussi méritent de vivre. Les sombres ne sont finalement que les frères et les sœurs que nous avons été forcés d’abandonner au temps jadis, parce que la guerre leur a pris leur santé d’esprit… et regardes-toi maintenant ! Tu ne vaux pas mieux que les victimes du Linoïn ! La Symphonie n’est pas une pauvre vigie dont on peut impunément profiter ! Tu pensais sincèrement que je me servirais des arbres pour traquer les troupes ennemies alors qu’ils sont en train de pleurer leur propre sang ?

Tu te retournes, lui donne le dos, et abaisse l’avant de ta large coiffe, comme tentant de dissimuler un peu plus la déception et la peine qui te brûlent les yeux. Et alors, la main de pierre s’effrite, Inwinuru s’embrase, et Inwinén s’évapore, alors que, quittant les branches, tu entames ta marche retour vers le camp.

- Pour tenter une manœuvre aussi dangereuse, j’ai besoin de quelqu’un en qui je peux avoir confiance. Si jamais vous croisez mon ami, dites-lui que je l’attends.

Une mystérieuse victime chez les Drow pourtant avait suffi à échauffer leurs esprits. Les survivants de la patrouille, rentrés en catastrophe pour prévenir leurs quartiers généraux reviendraient sans doute venger leur compère, mais ils ne reviendraient pas seuls. Seulement partielle, mais ta manœuvre était une réussite. Les sombres ont commencé à s’agiter, ils sont sortis de leurs cachette. Malheureusement pour toi, si tu décidais de continuer ton chemin à ce rythme, et dans cet état d'esprit, alors ceux d’entre eux envoyés en battue dans la forêt feraient de ton séjour parmi les troupes d’Eraïson une bien courte expérience.
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Halandarin Las'Danir
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MessageSujet: Re: [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur...   [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur... I_icon_minitimeMer 20 Jan 2016 - 15:56



Il ne vit pas cette main de pierre filer vers son visage, le regard et la conscience embrumé par une rage qu'il ne se connaissait pas... Cette main le déstabilisa, il glissa en avant avant de se rattraper, légèrement sonné à celle-ci... Douloureusement il se redressa, le regard secoué, le cerveau qui rebondissait contre les parois de son crâne comme le ferait une balle...
Alors qu'il retrouvait son équilibre sur cette branche, toujours précaire, il posa son regard sur Estiam, la rage avait laissé place à la surprise, son corps s'était raidis, et se laisser maintenant tomber comme sur un nuage de coton... Le coups qu'il avait reçu aurait eu de quoi vous déboussoler, et il n'y échappais pas...

Ainsi sortis de ses noires pensées, il pu écouter attentivement les paroles de son ami...

- Ce n’est pas un jeu Halan. Prendre des vies de cette manière est loin de me faire plaisir. Je le fais parce que c’est le seul moyen de protéger notre mère. Peut-être pas dans l’Anaëh, mais les Drows aussi méritent de vivre. Les sombres ne sont finalement que les frères et les sœurs que nous avons été forcés d’abandonner au temps jadis, parce que la guerre leur a pris leur santé d’esprit… et regardes-toi maintenant ! Tu ne vaux pas mieux que les victimes du Linoïn ! La Symphonie n’est pas une pauvre vigie dont on peut impunément profiter ! Tu pensais sincèrement que je me servirais des arbres pour traquer les troupes ennemies alors qu’ils sont en train de pleurer leur propre sang ?

Alors qu'il se retournait, lui donnait du dos, Halan' ravala sa salive, le regard... Apeuré.
Il n'avait pas peur d'Estiam, c'était une peur plus irrationnelle... Il avait peur de ce qu'il avait dis... Le Linoïn... L'exilé... Aesus... Ces derniers jours, bien trop souvent on lui avait rappelé sa ressemblance avec ces êtres, ce qui l'avait autrefois plongé dans une rage noir l'amenait maintenant à réfléchir... Alors que son camarade quittait les branches habilement, Halan' l'observait de loin...

-Pour tenter une manoeuvre dangereuse, j'ai besoin de quelqu'un en qui je peux avoir confiance. Si jamais vous croisez mon ami, dîtes-lui que je l'attends.

Son esprit hésitait encore entre la rage incontrôlé, un hurlement qu'il voulait pousser... Et... Et un silence macabre alors qu'il observait cet ami s'éloigner, seul, dans cette forêt, le laissant à son tour, solitaire.

Son esprit allait de nouveau s'embrumer, il allait reporter toute cette rage sur cet ami qui le laissait pour cause, comme l'exilé qu'il se sentait devenir...

-Non... Il secoua la tête, reprenant une respiration calme, posée... Effaçant ses noires pensées d'un revers de la main, bousculant l'air qui se trouvait devant lui... Il a raison. Il respira doucement... Et alors... Qu'il sentait ces noires pensées s'estomper, il se laissa doucement choir sur cette branche, qui l'accueillit délicatement... Allongé sur le dos, il écouta... Attentivement... Se plongea dans ce calme serein, qui fut ensuite accompagné de notes lointaines...

Il l'entendait, plus éloignée que d'ordinaire, mais elle était là... Elle l'acceptait, et c'était tout ce qu'il lui fallait pour le remettre sur le droit chemin, bien qu'il en resterait sinueux et tortueux.

Quelque chose le fit sursauter... Une note, aigue, effrayante... Il se redressa de tout son long, s'emparant fermement de sa lance pour observer les alentours, son regard perçant les feuillages, les bois... Quelques minutes le séparaient du départ de son ami, et il fut d'autant plus tendu lorsqu'il entendit de nouveau cette note dans la direction qu'il avait prise...

Alors il partit, de la même foulée qui l'avait amené jusqu'ici, mais celle-ci motivée d'un tout autre sens. Son ami. L'inquiétude qu'il avait pour lui le porta dans la canopée, le projetant de branches en branches, se balançant tel un félin, silencieux il le restait... Si son ami se trouvait en danger, il devait s'occuper de ce danger...

Il finit par percevoir une tâche, dans la verdure... Une tâche noire, qui se mouvait avec félicité, et habileté... Pratiquement imperceptible en se cachant de telle manière dans les buissons de l'Anaëh.
Il aperçut, quelques mètres en aval, son camarade, Estiam, marchant les idées probablement travaillées par l'état dans lequel il l'avait laissé... Il n'eut le temps que de quitter sa branche, et de s'écrouler lourdement sur ce Drow, qu'il avait déjà sortis un arc et étendue une flèche, prête à filer et se ficher dans le dos de ce Frère...

Son poids le cueilli, brisant son épaule et déviant l'arc, la flèche fila vers la canopée, perçant le toit de feuillage dans un sifflement, le grognement sourd du Drow sur lequel il venait de tomber de son plein gré fut suivis d'un hurlement de stupeur, Halan' fut ainsi en prise avec l'être, sa lance avait roulé lors de l'action, déviée par un mouvement maîtrisé du sombre, ainsi, aux prises, Halandarin tentait avec une certaine difficulté de tourner la lame d'acier du couteau qui était pointé vers sa poitrine, en direction de celle du Drow...

Tout deux d'une musculature semblable, le regard hésitant entre la lame et l'être, tantôt effrayé, tantôt déterminé... Estiam s'était vivement tourné vers le fracas et le lieu de l'affrontement.

La lame plongea, lentement, dans le torse du Drow, vêtu de cuir, celui-ci sentit la lame perforer sa cage thoracique... Grognant de douleur, il finit par lâcher prise, la lame s'enfonçant jusqu'à son coeur lourdement...
Halandarin soufflait... Tenant toujours la lame dans ses mains... Quelques instants plus tôt, cette lame s'était trouvée à quelques centimètres de son torse, elle avait tailladé sa joue, et avait manqué de perforer sa gorge... Il se redressa difficilement, observant le Drow avant de poser ses mains sur ses genoux... L'air tout aussi étonné d'être en vie que d'avoir survécu sans trop de mal à cette chute... Il se tourna vers Estiam, puis vers le Drow.

-... Il... Il allait tirer... Tu vas bien ? Il porta son regard vers celui qui lui avait plus tôt fais une réprimande, réprimande qui lui fut bénéfique. Bon... On ferait mieux de ne pas rester là... Le vacarme va probablement attirer ses compères... Je doute qu'il soit seul. Halan' évita d'observer son ami dans les yeux et récupéra sa lance.. Il s'en voulait, et sa fierté voulait qu'il... Réagisse ainsi. Qui a dit que (TOUS) les elfes étaient rationnels ?
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MessageSujet: Re: [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur...   [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur... I_icon_minitimeMer 20 Jan 2016 - 23:34

Tu avances lentement, et surtout, sans peur. Bien loin de sous-estimer ton adversaire, c’est simplement à ton tour d’être aveuglé au danger, pas par la rage, mais par la déception. Espérer, voilà tout ce dont tu es capable. Prier la Mère pour qu’elle te rendre l’un des rares avec l’amitié que tu as tissée n’est pas factice. Qu’elle guérisse ses plaies pour qu’il puisse aider à la guérir en retour. Concerné par le sort de ton ami, incertain du choix qu’il aurait fait, tu avances en te préoccupant plus de celui que tu ne vois plus que de toi-même. Halandarin est capable de hargne, tu le sais habité d’une violence peu commune chez les elfes. Tu ne l’aurais cependant jamais imaginé aussi… cruel. Qui sait ? L’éventualité que tes mots aient raté leur cible reste bien réelle. Halandarin pouvait être en train de charger les sombres à lui seul à l’heure qu’il est, et par Calimenthar, il en tuerait probablement dans sa chute, mais alors il mourrait d’une mort bien stupide, en homme seul, et aigri.
Inconscient que tu es, suivant le chemin des éclaireurs. Ne réalises-tu pas le danger qui te guette à dissimulé derrière les troncs ? Ne réalises-tu pas le danger auquel tu exposes le camp entier auraient-ils la bonne idée de te suivre jusqu’à ce que tu sois rentré ? Heureusement pour toi tes chasseurs sont des assassins impatients, et leurs arcs sont déjà levés, s’ils tirent maintenant alors les autres seront sauv…
Le sifflement d’une flèche te force à lever la tête. Le carreau s’est perdu loin dans la canopée. Les animaux ont en grande majorité fui les lieux, trop exposés aux batailles et dénués de sérénité. Il n’y a qu’une proie que ce chasseur pouvait viser. Toi. Mais dans ce cas, soit il s’y était bien mal pris, soit quelque chose, ou quelqu’un, l’avait arrêté… Alors Halan t’avait suivi… et c’est grâce à lui que tu avais la vie sauve. C’était au tour du forgeron aujourd’hui de prendre une vie pour en sauver une autre. Il remportait de peu l’affrontement des colosses. En grand ingrat que tu es, tu n’avais finalement que faire d’être toujours debout, les yeux braqués sur le Drow percé au cœur par sa propre lame, une et une seule question occupait ton esprit. Ses sens s’étaient-ils exaltés durant le crime de guerre, ou alors avait-il été capable de respecter la vie de sa proie, en digne chasseur ?
Ton regard voilà par ta coiffe tente de plonger dans le sien, mais il te fuit, blessé dans sa fierté comme doit l’être celui qui se sait avoir fauté. Ses doigts tremblent de la bonne peur, son souffle est renforcé de la bonne colère. Halan n’a pas tué pour le plaisir de donner la mort. Il a tué pour préserver. Ton erreur, c’est lui qui l’a corrigée. À toi maintenant de le pardonner.

- Je vais bien… Kÿria soit louée, grâce à toi. Mais s’ils nous traquent on ne peut pas rentrer au camp. Ce serait leur donner une information trop précieuse. Il faut qu’on les retrouve et qu’on les tue… tous.

Tes yeux trouvent enfin moyen de plonger dans ceux du Toer Tamindal, et ton regard a changé. Il te connaît en tant que mage, il te connaît en tant que tisseur, mais il ne t’a jamais vu en tant que chasseur.

- Ce ne sont pas des fantassins, ils ne doivent pas être nombreux… Halan, si tu me fais confiance, reste ici, trouve à nouveau la pensée qui te rongeait et hurle. Hurle ta souffrance comme si c’était ton dernier souffle. Mais surtout, ne bouge pas d’ici.

Et encore une fois, tu t’en allais, à travers la canopée cette fois, dans un milieu où tu évoluerait plus vite. Hurler l’allègerait et hurler attirerait leurs chasseurs dans ton piège. Le seul à vous avoir vu n’a rien pu communiquer. Pour les autres, Halan peut tout aussi bien être le mage qui a fait tomber la première tête. Ils tenteraient de se débarrasser de lui sans savoir que depuis l’ombre, le sorcier veille.
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Halandarin Las'Danir
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MessageSujet: Re: [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur...   [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur... I_icon_minitimeJeu 21 Jan 2016 - 18:43



Le visage d'Halandarin, très sérieux... Se figea un instant sur un regard, mi-tendu mi riard...

-Hé.... Tu déconnes là ? Tu veux m'utiliser comme appât ?

Oui... Il voulait réellement l'utiliser comme appât... La fierté du Toer Tamindal en prenait définitivement un coups, aujourd'hui allait être pénible...

-Bon... Tu as raisons... Je te fais confiance... MAIS SI JAMAIS l'un d'entre eux vient à m'égratigner, je te jure que j'annihile cette partie de la forêt AVEC EUX.

Une menace en l'air, plus pour se détendre, sur un ton... Comico-dramatique, visant plus à calmer l'anxiosité qu'amenait la pensée d'être un appât dans l'esprit du Toer Tamindal...

Alors... Il attendit que son ami disparaisse dans les fourrées... Il observa autour de lui... ll se trouvait dans un simulacre de clairière, où la canopée ne dévoilait que par de rares dessin le ciel bleu qui trônait au dessus...

Il déglutit en regardant autour de lui... La forêt est calme, plus un animal ne baigne les lieux de sa présence, de son odeur, de ces bruits familiers qui pouvaient vous apaiser ou vous tendre comme la corde d'un arc... Les fleurs étaient closes, comme pour éviter de voir le massacre, et la symphonie lui paraissait toujours aussi éloignée... Le lançant quelque peu seul avec lui même...
Alors... Il ferma les yeux, inspirant longuement en suivant ses aspirations de mouvements de bras vers le bas, ses main vinrent se poser sur son torse, paume relevée vers le ciel, il continuait les cycles d'inspiration et d'expiration, longs et puissants...

Puis il replongea dans ses idées noirs... Son visage se crispait, ces idées, ces pensées le rongeait dés qu'il s'autorisait à les approcher... Et elles reprenaient ainsi leurs travails... S'il voulait expulser toute la frustration et la haîne qu'elles animaient en lui, il devait les laisser s'exprimer...
Alors qu'il se laissait lentement dominer par ces noires pensées, la symphonie s'en éloigna, toute personne qui pouvait la sentir sentirait dans les alentours une colère noire, couleur d'encre, mauvaise... Malsaine...

Alors qu'il inspirait une énième fois, tremblant de rage, il se prépara à expirer tout l'air de ses poumons en un hurlement de rage, bestial, pratiquement animal... Ininterrompu, externalisant toute sa rage cette haine, un hurlement qui porta sur plusieurs lieux, sans difficulté dans cette forêt presque trop silencieuse... Un hurlement qui en ferait probablement trembler plus d'un...

Puis il s'écroula à genoux... Plus exténué qu'il ne l'aurait cru suite à un hurlement long et qui lui avait demandé bon nombres d'efforts.... ll respirait vite, les bras ballants, l'air ailleurs... Dans le vide.
Il lui faudrait...Quelques instants, quelques minutes probablement pour s'en remettre, externaliser toute une rage que vous avez malaxé pendant des heures, des jours même, s'apparente bien plus à une libération et une vidange de vos forces qu'à autre chose...

Il se reposait entièrement sur son Frère, fermant les yeux pour se plonger un instant dans un calme qui lui faisait un bien fou.... Ses mains étaient teintés du sang qu'il avait versé plus tôt, celui du Drow qu'il avait abattus... Et cet allure qu'il avait donné maintenant l'impression d'un être dans un calme précédent l'ouragan qui viendrait d'ici qu'il sorte de sa douce léthargie.
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MessageSujet: Re: [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur...   [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur... I_icon_minitimeSam 23 Jan 2016 - 13:42

Tu t’éloignes dans le plus grand des silences, créant la distance entre le forgeron et ta propre vie, puisqu’elle est maintenant entre tes mains. Il est là, dans ton dos, livré aux assassins alors que tu fais mine de fuir tant que les yeux des sombres ne se sont pas posés sur vous. Ils ne savent pas que vous êtes deux, mais vous ne savez pas non plus combien ils sont. C’étaient des tueurs de l’ombre après tout, ils ne pouvaient pas être bien nombreux… du moins tu l’espères. Tu ne peux que compter sur la soif de sang des créatures du Linoïn pour que ton plan ait la moindre chance de porter ses fruits. Ça, et sur la force colossale d’Halandarin.
Dans ton dos, ton ami se referme sur lui-même, plonge au plus profond de la noirceur récemment née dans son cœur. La frustration, la colère, les passions interdites, la culpabilité… tout cela ne formait plus qu’une seule et même anxiété, qu’en un et un seul hurlement libérateur il tenterait d’expier. Ses poumons se vident, il pleure à la fois à la vie et à la mort, laisse bien plus d’énergie que tu ne l’aurais pensé dans cette vague de rage. Et le son résonne à travers les lieues larmoyantes de cette forêt perturbée, s’associant à la Symphonie dans le conte de leur souffrance. Le cri du Toer Tamindal trouve un écho parfait avec les chants des arbres, alors même qu’il ne les entend que faiblement. Toi par contre, amant de la forêt et aimant ton ami, ne peux te soustraire aux frissons qu’ils t’auront arraché. Là-haut, perché sur ta branche, à presque une cinquantaine de mètres du forgeron, tes yeux perçant les branchages et tes oreilles à l’affût du moindre son, le monde pesait sur tes épaules.
Heureusement n’étaient-elles plus aussi frêles qu’il fut un temps.
Ainsi à l’affut dans un milieu qui es le tien, et non le leur, ouvert aux puissants flux parcourant l’Anaëh, en fils de l’araignée, tu attends que les insectes fassent vibrer ta toile, et s’emmêlent dans le piège mortel.
Des buissons à l’Ouest sont emprunts d’un étrange mouvement, différent de tout ce que tu as pu observer chez les animaux de ta forêt, et bien trop discret pour ne rien présager de mortel. Depuis le couvert des feuillages se prépare probablement la corde qui signerait la fin de l’éternité de ton ami si tu venais à faillir à ta tâche. Il est encore au sol, paralysé par sa propre fureur, une cible facile, d’autant plus que les chasseurs le présumeraient blessé au suite de sa rencontre avec le premier d’entre eux. Alors le premier carreau entame sa course vers le crâne, d’abord dans une létale précision, avant de lentement perdre en altitude. Le bois se gorge d’eau, ajoutant un poids inattendu sur la flèche. La glace ronge la pointe de fer au point de la rendre friable. La flèche finit sa course contre le poitrail du forgeron, la pointe se brise contre son armure, mais la flèche ne le quitte pas. Maintenue contre un torse ayant vacillé sous le violent impact du projectile par de fins filets gelés.
Un second carreau, prenant naissance dans les branches, plus près de toi que tu n’osais le penser, un ennemi à ta portée, que tu ne peux affronter sans éveiller les soupçons. Tu le vois et doit lui rester invisible jusqu’à ce que sonne la dernière heure. Soumise au même discret traitement que sa jumelle, c’est entre les omoplates du forgeron qu’elle sembla se ficher. Halandarin ploie, simule à moitié la douleur, porte ses mains ensanglantées là où son corps devrait être percé, y répandant le fluide écarlate du Drow précédemment affronté, dévoilant un jeu d’acteur inespéré, mais il ne s’est pas écroulé. Une proie facile, un pauvre hère dont ils pourraient se délecter de l’agonie, un malheureux dont ils pourraient se moquer, voici ce qu’il offrait aux assassins… et sans plus d’attente, ils répondaient, les trois vivants d’entre eux, à son appel.

- Dire que cette ordure a tué Berg’yon.

Les mots claquent dans une langue que tu peines à déchiffrer. L’un des sombres vient poser son gant froid sous la gorge du forgeron, contemplant avec sadisme la proie qu’il a refusé d’achever pour profiter de sa prétendue hémorragie. Le second poing du Drow se referme, se préparant à s’abattre sur le visage de ton ami, symbole d’une ultime humiliation… mais les phalanges n’auront fait que s’écraser sur les écailles de cristal, ton œuvre, arrachant un rictus de douleur au sombre, à la faveur du sourire provocant du forgeron.

- Profite de ta magie tant que tu le peux encore, ordure. Au moins te savoir sorcier rendrait presque la mort de notre regretté collègue acceptable.

Le dernier, mal-aise de ne pas avoir eu son mot à dire, privilégia le langage de la lame. Une arme faisait son chemin encore une fois vers le visage d’Halandarin, pour n’y rencontrer cette fois encore que cette même carapace de tortue, de glace et de pierre forgée, se levant pour barrer la route aux agressions, puis disparaissant à la seconde suivante. Et alors, comprenant ton jeu, Halan se lève, puisqu’il est invincible. Halan s’élance vers ceux qui ne peuvent le heurter, car il te fait confiance. Le Toer Tamindal, aise de ta protection porte un puissant coup, forçant vos adversaires à reculer. La stupeur prend les visages des Drows face à cet homme mourant qui les a acculés.
Tes bras se croisent devant ta face, sourcils froncés, ta poitrine va chercher tes cuisses. Et alors que tes genoux se plient, tirés par l’élan de tes épaules, tes bras se séparent, cisaillent l’air, et donnent vie à la terre. Les Drows voulaient marcher sur l’Anaëh, et bien l’Anaëh leur marchera dessus. Sous les pas de la jambe de pierre sera à jamais immortalisée l’expression de leur crainte. La dernière qu’ils aient pu exprimer avant que tu ne leur brises les os.
Te voilà à nouveau aux côtés de ton ami. Les yeux fuyant les cadavres difformes dont les os, chairs et armures ont été ployés ensembles. La voilà la vérité de la guerre. Tuer ou être tué. Et posséder entre ses mains un pouvoir tel que le tien faisant d’un être une cible de choix, vous les mages serez de ceux qui prendrez le plus de vie. Pour l’instant tu préfères ne pas y penser. Tu veux juste te reposer, et pour un temps faire semblant d’oublier. L’absence de sourire en attestait, c’est un ordre plus qu’une proposition.

- Rentrons au camp maintenant.

HRP:
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Haldren
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MessageSujet: Re: [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur...   [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur... I_icon_minitimeMar 26 Jan 2016 - 14:02

Peu de bâtiments se trouvaient encore intacts dans ce quartier de la cité, mais Haldren avait repéré cet entrepôt abandonné le long de la muraille lors de ses précédentes explorations. Bien qu’il soit branlant et à la charpente en majeure partie effondrée, le lieu donnait accès à un réseau de cave qui servirait parfaitement les desseins de l’archimage. Lors de l’assaut, les combats se concentreraient vraisemblablement sur les murailles et aux alentours du palais, il pouvait donc espérer qu’aucun elfe ne parviendrait jusqu’à lui avant la fin du rituel.

Se frayer un passage au milieu des décombres lui prit du temps, mais il réussit finalement à atteindre un escalier de pierre s’enfonçant dans le sol. Sa torche à la main, Haldren entreprit la descente jusqu’à arriver dans les galeries qui servaient autrefois à stocker diverses victuailles à l’abri des éléments. Les lieux ressemblaient presque à un labyrinthe, impression renforcée par les éboulements qui fermaient certains passages. Mieux valait ne pas tourner claustrophobe ou avoir peur de l’obscurité, tant l’endroit se trouvait sinistre.

Et le drow continuait sa descente…

Il arrvia enfin dans une vaste salle souterraine, dont la voute massive le rassurait sur sa solidité. Des futs de chênes brisés gisaient dans un angle, ce qui tendait à indiquer qu’il se trouvait dans une ancienne cave à vin. Dommage qu’il ne reste plus rien à boire, se dit intérieurement l’archimage en ricanant. Posant son paquetage, il explora les lieux, ne dérangeant que quelques rats ou araignées en vadrouilles. L’entrepôt devait être abandonné depuis plusieurs années à voir la couche de poussière qui gisait au sol.

Après avoir nettoyé au mieux le centre de la pièce, le drow sortit les éléments nécessaires au rituel. Le plus important consistait en un magnifique rubis écarlate qui lui servirait de focalisateur. L’ayant posé par terre, Haldren commença à tracer avec du charbon de bois des cercles et ellipses découlant tous du rubis. En général, il méprisait souverainement les artifices et autres fadaises des rituels, les tenant pour inutile à un mage réellement talentueux. Toutefois, ce qu’il s’apprêtait à tenter risquant non seulement de le tuer mais également de détruire le monde, il se permettait quelques précautions. Lorsqu’il eut fini, il contempla le dessin tracé à même le sol. De l’art abstrait ? Pas vraiment, il s’agissait des lignes de forces qui guideraient la magie durant le rituel. Les avoir ainsi tracées au sol permettrait au drow de les visualiser aisément sans devoir s’y concentrer.


Bien, commençons, marmonna-t-il.

Incantant, Haldren appela à lui son art, et de petits vortex noirâtres auréolés de bleu apparurent sur les cercles extérieurs. Une nouvelle incantation et les vortex se distendirent, ouvrant des portails vers le plan des Ombres. Comme attirée par le monde de Miradelphia, l’énergie noire se mit à couler des portails, guidée par le sortilège du drow jusqu’au rubis dont le rougeoiement s’intensifia. Peu à peu, la gemme se remplissait d’énergie, suffisamment lentement pour ne pas risquer de la relâcher abruptement.

Le rituel prendrait du temps car l’archimage ne souhaitait pas se faire repérer avant l’heure fatidique. Pour réussir à créer un Nœud, il lui fallait tout d’abord disposer d’une surcharge locale d’énergie apte à déchirer la trame même de l’espace-temps. Mais la région d’Eraïson grouillant de mages drows ou elfes, tous auraient aisément senti l’amas d’énergie en train de se former, et auraient pu remonter à sa source. A l’inverse, une gemme n’émettait pas de signature thaumaturgique identifiable, et s’il emplissait le rubis avec un débit suffisamment assez faible, personne ne pourrait déceler ses préparatifs. La seule crainte d’Haldren venait de la possibilité qu’un mage particulièrement attentif à tous les échos de l’ether ne réussisse à distinguer l’ouverture prolongée des portails d’Ombre. Mais au milieu des préparatifs de l’assaut, il aurait fallu un vrai coup de chance ou un esprit incroyablement méthodique pour y arriver.
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MessageSujet: Re: [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur...   [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur... I_icon_minitimeLun 8 Fév 2016 - 1:40


Cinquième ennéade de Verimios
8e année du 11e Cycle
Nord d'Eraison

Voilà plusieurs jours déjà qu'elle avait de nouveau quitté Ardamir avec une troupe de neuf Limiers, dix gardes, cinq prêtres de Kÿria, six de Tari, deux mages du Cercle d'Anadris et deux Noss. Les derniers qui devraient rejoindre les alentours d'Eraison. Il ne restait personne de mobilisable en Ardamir. Les Civils qui voulaient se joindre aux hostilités avaient été fortement encouragés à rester là-bas, à l'exception notable des forgerons, des ébénistes et des guérisseurs quelle que soient leurs formes.
Depuis deux ennéades, les rares moments qu'elle ne passait pas à s'occuper de problèmes logistiques liés à l'attaque conjointe entre Protectorats, elle s'était entraînée avec les neuf même personnes. Pour certains, cela remontait plus loin encore, cinq d'entre eux formaient sa garde rapprochée. Elle aurait voulu voyager plus léger, mais séparer ce petit monde en deux n'aurait servit à rien et aurait même put être complexe pour assurer la protection des prêtres. Alors les Limiers avaient fait ce qu'ils savaient faire de mieux : disparaître.

Sous leur couvert des arbres, dans leurs formations habituelles, ils formaient comme un périmètre autour de la colonne. Ils avaient trompé et détourné les rares patrouilles sombres trop importantes pour être silencieusement éliminées. Si bien qu'en arrivant en vue du campement où Le Commandant Feran et elle avaient prévu de fixer l'état-major, aucun drow ne devait savoir qui avait fait le voyage depuis l'intérieur des terres.

Halyalindë inspira à pleins poumons en lâchant la bride de sa monture, ne la guidant qu'avec les hanches. Elle n'était pas revenu aussi près des combats depuis que Eninril… Enfin depuis que sa perception de la Symphonie avait changé. Un léger sourire se peignit sur son visage.

Les membres de sa troupe étaient silencieux, angoissés pour la plupart. Randil était distant depuis leur affrontement près d'Ardamir. Le Haut Conseil avait enfin fait son choix et une fois de plus elle n'avait rien fait de très original. Pourtant, tout avait changé. Elle se sentait libérer d'un grand poids. Les elfes avaient de nouveau un roi, un roi qui mettait tout en œuvre pour repousser les Drows et unir les Cités. Tout ne dépendait plus que leurs maigres efforts à elle et Kal. Elle retrouvait un équilibre qu'elle n'avait pas ressenti depuis des années... des siècles peut-être. Et toute la préparation qu'elle s'échinait à avoir depuis sa nomination en tant que Protectrice s'achevait ici. Le lac d'Uraal. Le Siège d'Alëandir. Ellyrion. Cette bataille ne serait pas une défaite de plus, elle laisserait rien de tel se produire. Elle le sentait jusqu'au fond de ses tripes.






A peine avait-elle mis pied à terre que Feran apparue entre deux tentes dans son armure soigneusement ajustée. Randil ne s'interposa pas, occupé à humer l'atmosphère complexe de ce camps qui sentait arrivé rapidement les prochaines batailles.

« Heureuse de vous voir Protectrice !
lança la brune en saluant la nouvelle venue.
-De même, Commandant.
-Alors ça te fait plus bizarre de me donner du « Commandant » ?
-Les choses changes !

L'ancienne seconde de la Protectrice sourit à pleine dents avant de parcourir rapidement des yeux l'ensemble de la troupe.

« Il ne vous manque personne ?
-les autre sont encore sous les couverts. A peut près autant que ce que tu vois. Aucun drow ne sait que nous sommes là. C'est pas dix mages et deux loups qui changeront le monde, mais c'est mieux que rien.
-Et Killen ?
-à Ardamir avec Kaëlis. Je ne pouvais pas laisser la Cité sans protection.

La Commandante acquiesça sans cesser son inspection… et s'arrêta un peu plus sur les deux elfes sauvages qui marchaient au milieu de la troupe mais ne fit pas de commentaire. Killen l'avait averti des événements d'Ardamir avec ce fameux chef de clan… et elle doutait que quelqu'un dans la cité ignore encore que la protectrice était protégée par des Noss. Par contre, leur mine patibulaire n'inspiraient vraiment pas confiance. Elle ne doutait plus que ce que lui avait dit Killen sur la tentative de meurtre était tout à fait fondé… A se demander pourquoi cette tête de mule de Protectrice les gardait près d'elle.

Elle donna quelques ordre autour d'elle, alla respectueusement se présenter aux délégations de prêtres et revint se planter non loin de sa sœur d'arme qui remettait les rennes de Maeghan à l'un des hommes de la troupe.

« Merci pour les guérisseurs supplémentaires, ça a pas du être facile de les convaincre.
-a vrai dire, ça a été le plus simple que je ne le pensais. Par contre, les Anadrisiens…
-Tu m'étonnes. J'espère juste qu'ils suffiront.
-ça m'étonnerait, mais leur aide sera non négligeable pour boucher les tunnels sans risquer de tout voir exploser.
-Je suppose que tu vas vouloir tout vérifier et tout re-vérifier ?
-J'avoue, tu me connais bien. »

Tout en continuant à parler, les deux femmes commencèrent à s'enfoncer dans le camp. Quelques soldats levaient la tête sur leur passage, certains pour les saluer, d'autre se replongeant aussitôt dans leurs affaire. Entre autres faits d'armes, les échos du Haut-Conseil étaient rapidement parvenu jusqu'ici et pour le meilleur ou le pire, leur Protectrice n'était pas devenue Régente.





Julas, Sixième ennéade de Verimios
8e année du 11e Cycle
Camp principal d'Eraison

Les journées étaient passées à une vitesse folle. Les entraînements s'étaient intensifiés. Les revues et les ajustements des plans s'affinaient de jour en jour. Notant des défauts dans la cuirasse de leur adversaire autant que dans la leur. Feran était d'une grande aide, comme toujours. Depuis le temps qu'elle tenait les alentours d'Eraison, elle avait eu le temps d'être en contact avec tous les Noss qui avaient débarqué. Et même s'ils avaient convaincu la majorité de se joindre plutôt au Front Sud étant donné que pour chasser les drows de la Cité, ils leur fraudaient se battre en milieu urbain, ils se montreraient terriblement utiles en tant que petits groupes coordonnés.

Devant l'incapacité des hauts gradés à se mettre d'accord quant à la conduite à tenir, Halya avait officiellement déclaré une alliance entre Ardamir et tous les Noss qui voudraient se battre à leur côté pour chasser les drows de cette parcelle d'Anaëh. Nulle doute que certains clans essaieraient de garder la Cité pour empêcher les elfes de s'y réinstaller, mais c'était toujours préférable à la voir rester aux mains des Drows. De plus, les nombreux Appels qu'Ardamir s'évertuait à lancé depuis des années, le fait que la Protectrice soit à demie Noss et continuellement accompagnée par deux membres des clans ainsi que son implication personnelle dans les démarches – pour le moins dangereuses – que les citadins avaient réalisées le mois précédent auprès des plus grands clans d'Eraison lui donnaient une réelle crédibilité. Halya suspectait même que la présence de Randil avait joué en sa faveur dans plus d'une rencontre. Déjà, elle espérait que les clans se joignent à eux et en effet, beaucoup avaient fait acte de présence. Alors le devenir devenir de la Cité… Ils pourraient s'en préoccuper après.

Pour cela, un conseil des Noss, rassemblant un émissaire de chaque clan voulant participé, avait été constitué et informé de la stratégie des citadins. Ils avaient eux-mêmes décidé de leur façon d'intervenir… et les différentes parties présentes avaient bien failli finir par s'étriper. Mais a force de conciliation et de haussage de ton pour maintenir tout ce beau monde à la même table, Halyalindë avait fini par obtenir un plan prenant en compte l'intervention de plusieurs Noss aux qualité bien différentes.

Au final, le plan était simple. Le travail en amont des mages et des Noss avait permis de localiser les tunnels qui s'éloignaient d'Eraison. Depuis plusieurs ennéades, des clans et des éclaireurs tiraient à vue sur toute tête noire un peu trop visible sur les remparts ou à des fenêtres. Et au premier jour de le sixième ennéade, ils étaient enfin tombés ! Enfin ils espéraient qu'il n'y en ait pas d'autres et que les drows n'auraient pas le temps d'en tirer les décombres. Pour cela ils devaient agir vite.





Elenwënas, Sixième ennéade de Verimios
8e année du 11e Cycle
Camp principale d'Eraison

Le soleil était à peine levé lorsqu'Halya sortie de sa tente, portant sa vieille armure débarrassée de toutes les pièces métalliques trop abîmées. Deux épées pendaient à sa hanche, un couteau était attaché à chacun de ses bras. Même pour faire les quelques pas qui la séparait de la tente de Feran, elle avait repris cette habitude salutaire. La tension montait dans le camp, dans moins de trois jours, l'attente serait terminée. Pour certains, c'était un nouvel Ellyrion en perspective malgré le net avantage que l'organisation elfe avait dans cette entreprise. Pour d'autres tout était déjà fini et gagné. Dans l'ensemble, les esprits s’échauffaient. Les soldats étaient depuis trop longtemps coincé loin de chez eux dans cette ambiance de mort et de violence. Et la Symphonie n'arrangeait rien.

Maintenant, Halya la sentait distinctement battre au creux de son estomac et murmurer à son oreille, intégrant ce qu'elle lui soufflait avec tant de force comme une partie de ses propres souvenirs. Il lui arrivait encore souvent de parler d'événements alentours dont elle aurait dû ignorer jusqu'à l'existence comme il lui arrivait de décrire des actes et des personne d'un point de vue étrangement primaire et extérieur, surtout lorsqu'elle était en état de stress, mais elle en avait pris son parti. Après tout savoir avant même que leurs éclaireurs ne les trouvent, que des drows s'enfonçaient sous le couvert des arbres pouvait s'avérer être un sacré avantage… et de toute façon, Fernis n'était pas là pour lui prodiguer ses conseils.

Pour la Protectrice, plus les jours avançaient, plus la Symphonie renforçait cette impression d'électricité dans l'air. Une peine et une rage qui lui brûlait le creux du ventre. Une soif de retour à l'ordre. Une rancœur profonde. Tout cela exacerbait son envie d'aller de l'avant, de se battre, d'arrêter de se tourner les pouces pour enfin recommencer à chasser. Vraiment chasser. Sa meute lui manquait un peu plus à chaque seconde. Sandriel, Ahna, Unmiriel… Même les Limiers avec lesquels elle s’entraînait… ce n'était pas la même chose. Alors en plus de sa frustration, l'humeur de Randil déteignait aussi chaque jour un peu plus sur elle. Et il avait faim.

Heureusement peut-être, c'étaient toutes ces émotions qu'elle avait appris à refouler au long de ses siècles dans l'armée, depuis le lointain temps où, dans sa folie, elle tuait de ses mains au sein d'une véritable meute de loup. Aussi, ce bouillonnement intérieur ne se voyait que par un pragmatisme exacerber et une baisse considérable de son appréciation de l'humour.





Arcamenel, Sixième ennéade de Verimios
8e année du 11e Cycle
Camp principal d'Eraison

Une estoc passa à un cheveux de son visage. Elle se laissa couler en arrière, profitant de son élan pour percuter le menton de son assaillant d'un coup de talon avant de se ramasser pour bondir hors d'atteinte du second adversaire. Prenant appui sur une cible qui traînait au fond du terrain, elle prit de la hauteur une seconde et replongea dans la mêlée. Coup de poignard, revers, roulade, coup de coude, esquive, épée, poignard, parade et le dernier ennemis fauché d'un coup de pied circulaire, tombant face contre terre, une pointe de lance sur la nuque.

Elle se releva en respirant à fond avec une moue crispée. Elle n'avait pas besoin de jeter un autre coup d’œil pour savoir que l'un des combattant de son équipe était à terre.

« Cinq survivants sur six, sept morts de notre côté… vous avez perdu un gars et votre pari.
-une bouteille de Leoras à mes frais en rentrant Hiel, c'est noté.
-J'espère bien ! Mais... vous arrivez vraiment à voir comme ça dans une vrai mêlée ?
-C'était mon travail Hiel, savoir où son chacun de mes gars. » dit-elle en aidant sa dernière victime à se relever.

Enfin plus son atout que son travail mais elle n'allait pas s'étendre là-dessus. Elle n'était toujours pas au summum de ses capacité… et de toute façon, ne le serait qu'avec Randil à ses côté,  l'adrénaline d'un vrai combat et du sang sur sa lame. Ici, loin d'un Randil en pleine chasse, avec des armes émoussées et la Symphonie qui était plus tendue que sauvage, tout était différent.

Elle se dérouilla une épaule par de grands mouvements circulaires avec un soupire. Il fallait qu'elle fasse mieux.

« On y retourne ? Même avantage pour vous.
-Même pari ?

Le  limier de sa garde rapprochée sourit de toutes ses dents, plus arrogant que nécessaire… Si elle l'appréciait autant, ça devait être à cause de ça d'ailleurs, il lui rappelait bien trop Sandriel… en moins doué.

-Je pense que pour cette fois…
-Protectrice !

Halya fit volte face. Deux hommes accouraient dans sa direction. Un messager portant la cuirasse cuivre et vert d'Ardamir suivit de ce qui avait tout l'air d'un éclaireur. Ses couleurs ne trompaient pas : Eteniril. La Protectrice sourit aussitôt.

-Nous avions peur de ne pas vous voir arriver à temps.

Les questions d'intendance furent réglées avec les officiers et l'éclaireur reparti aussi sec. Quelques heures plus tard, Halya avait enfin la joie de pouvoir saluer son confrère. Hors du contexte guindé… et de sa propre rigidité mentale, elle redécouvrit l'homme avec lequel elle s'était si bien entendu, le soir de sa nomination.

Les troupes supplémentaires comblaient définitivement leur déficit et au vu de la réputation des dites troupes, leur donnait même un certain confort. Ils pouvaient lancer leur dernière attaque. Deux jours plus tard, alors que les Noss seraient réunis autours des axes des tunnels et des points fragiles de l'enceinte, les troupes citadines feraient une attaque conjointe par trois brèches différentes. Une couverture d'archers et de mages serait en ligne de fond, à l'exception des quelques mages militaires. Leur déplacement se ferait au compte goutte et avec une grande prudence, car perdre des prêtres et des civils était impardonnable.




Kÿrianos, Septième ennéade de Verimios
8e année du 11e Cycle
Camp principal d'Eraison

Une fois de plus, Halya n'avait pas attendue les premiers rayons pour se lever. La veille avait été un petit moment de calme avant la tempête, mais le jour J était arrivé. Elle n'était pas encore sur le champ de bataille que son cœur battait déjà à grand coups lents. Randil n'avait presque pas dormi. La tension dans l'air ne lui réussissait pas. Les animaux n'étaient pas fait pour attendre ainsi… Et elle non plus.

A la lueur d'une lampe à huile, elle s'était débarbouillée et soigneusement préparée, passant une nouvelle fois l'armure que le Toer Tamindal lui avait offert… Elle ne comprenait toujours pas son geste, mais elle lui en était infiniment reconnaissante. Ne portant d'un pantalon de lin et une chemise fine sous le harnachement, elle l'ajusta méticuleusement, jusqu'à ce que chaque partie de l'armure, chaque feuillet de métal volontairement terni ou de soie sombre suive ses gestes comme une seconde peau. Au début, elle avait été septique, mais cette armure la laissait encore plus libre de ses mouvements que son ancienne protection tout en était plus résistante. Elle était protégée des orteils au menton et sentait l'armure s'ajuster au moindre roulement de ses muscles… presque plus une combinaison de cuir de soie et de métal qu'une armure de plate rutilante comme en portaient les fantassins.

Une fois sa cape verte et cuivre portant le Symbole d'Ardamir jetée sur ses épaules et son cor d'ivoire passé en bandoulière, elle s'attela avec autant de minutie à ses armes. Son épée d'Aigle au côté du fourreau rutilant de l'épée valirienne Sans-Nom, un autre cadeau de Halandarin. La dague de Kaelan à son bras gauche, un une lame elfique sur son bras droit, un poignard sur chaque cuisse et trois couteaux bien plus fins.

Sous l’œil vigilant de Randil, elle passa sa main encore humide dans ses cheveux défaits. Elle hésita un instant mais du se rendre à l'évidence : ils étaient juste un peu trop long Elle tressa les mèches qui risquaient de lui obstruer la vue et parvint à dénicher une lanière de cuir pour attacher les attachées à l'arrière de son crane. Par contre, ils restaient trop court pour qu'elle risque de se faire agripper. De ce côté là, tout allait bien.

Chaque détail, chaque choix avait son importance. Une fois lancé dans la tourmente, on ne savait jamais quand on en ressortait.

Il faisait toujours sombre quand elle était enfin sortie pour se rendre dans la tente d’État-Major pour la dernière mise au point. Mais elle n'était pas là seule à bouger. Le camp, déjà en éveil, se préparait en silence, profitant du couvert de la nuit pour mettre en place leur ordre de marche. Les soldats s'entraidaient pour attacher et vérifier leurs protections, les plus prévoyants vérifiaient une dernière fois l'état de toutes leurs armes et de toutes leurs munitions. Ceux qui étaient déjà près tentaient de mettre la main à la pâte dans l'organisation, donnant un coup de mains aux lieutenants des différents corps, servant de messagers. Quelques prêtres priaient en cercle avec quelques fidèle en mal d'un soutient mystique qui leur aurait garanti de revenir entier. Les elfes n'avaient pas l'habitude d'attaquer, c'était même peut-être la première fois de leur histoire qu'il allaient attaquer une ville pour tenter de la prendre… et cela se ressentait. Le calme était encore là mais la tempête ne tarderait pas.

Un grand nombre d'officiers et quelques émissaires Noss étaient déjà là. Randil se contenait à peine. Neraën ne tarda pas à compléter le tableau. Les derniers rappels furent faits. Le Signal pour la charge simultanée serait donné par Mera, logiquement la dernière armée à se mettre en place. Un coup de cor pour la mise en formation, un second coup de cor pour la charge. Ils utiliseraient la fin de la nuit et la lumière rase de l'aube pour approcher discrètement quelques contingents des murs. Après tout reposerait sur le capacité d'adaptation… Autrement dit : les Aigles seraient un atout précieux et ils pouvaient tous être reconnaissant au Commandant Kelendil d'en avoir dépêché.

A la sortie de cette dernière réunion, Halya interpella un instant Neraën. Après lui avoir demandé une dernière précision, elle lui tendit le bras, un sourire confiant sur les lèvres.

« Rendez-vous devant les Portes du Palais. Nous fêterons ça comme il ce doit. »

Après une brève accolade, elle rattrapa Feran, saluant Estiam au passage, aperçu quelques pas plus loin.




~ mélodie ~

Derrière la Cité, le soleil se levait lentement. Pour l'instant la plus grande partie des troupes étaient encore sous le couvert des arbres. Les contingents d'avant-garde, grâce au travail des éclaireur et des mages militaires, avaient déjà atteint le pied des murailles sans déclencher de piège. Halya sentait la forêt vibrer autour d'elle, prête à se déchirer en un cri perçant.

A l'avant des troupes, juchée derrière Feran sur le même destrier qui piaffait à cause de la proximité de Randil, Halya jeta un regard en arrière. Elle avait du forcer la main à bien des gens pour être en première ligne. Perdre une Protectrice en pleine guerre aurait été un gros problème. Mais ses affaires étaient en ordre, son successeur averti et reconnu par le Conseil. Et elle était à la place qu'elle devait occupée. Devant tous ces visages prêts à donner leur vie pour leur famille, leur Cité, leur Peuple. Elle se sentait proche de chacun d'eux sans en connaître personnellement plus d'une poignée. En cette heure toute particulière, elle aurait voulu les inspirer. Mais elle n'était pas douée pour les grands discours. En tant que défenseur, elle n'avait jamais eu le temps pour des discours. C'était par sa présence et ses actes qu'elle pouvait inspirer ses hommes… si elle les avaient jamais inspiré.

Au bout d'une petite éternité, le premier coup de Cor retenti dans le lointain.

Dans une cacophonie parfaitement étudiées, les bras se bandèrent, les boucliers se redressèrent, les mains se refermèrent sur les pommeaux des épées, sur les corps des lances, sur le bois des arcs. Les rênes se raccourcirent d'un coup, les chevaux de nouveau attentif. Feran et sa Protectrice échangèrent un regard… Mais au lieu de descendre comme prévu, Halya se leva, debout sur la croupe de la monture de son amie, petite silhouette sombre aux cheveux sanglants.

Dans le silence assourdissant, elle parcouru une dernière fois les visage tournés vers elle. Dans l'Ombre de la Première Oeuvre, elle distinguait à peine leurs traits mais leurs yeux semblaient presque luire. Elle sentait leurs regards posés sur elle. Ils savaient tous que certains ne reviendraient pas. Mais cette fois, ils allaient eux-même à l'affrontement. Le courage que demandait un tel acte était bien différent.

Elle n'avait pas le temps de trouver les mots. Pas le temps de les choisir avec soin. Le second coup ne tarderait pas. Alors elle dit  l'évidence même.

« Aujourd'hui nous défendrons notre Soeur. Notre Famille. Et nous le ferons Ensemble. »

D'un geste rapide, elle tira l'épée Sans-Nom et pointa vers le ciel sa lame aux reflets verts.

Le second coup de Cor raisonna.

« Pour le Peuple. Pour l'Oeuvre. Pour Kÿria ! »

Elle sauta à terre. L'armée s'élança.


Rappel des Enjeux:
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Telenwë Neraën
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MessageSujet: Re: [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur...   [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur... I_icon_minitimeLun 8 Fév 2016 - 16:39


Tous étaient présents, il ne manquait plus que lui. Lui qui était enfin calme, même s'il n'arrivait pas tout à fait à comprendre ce qu'il se passait. Longuement discuter avec Celebrand lui avait fait du bien, le vieux mage l'ayant assez connu pour un minimum arriver à le rassurer concernant la magie. Parce qu'il n'était pas temps de fléchir. Parce que Neraën devait croire en lui en cette matinée de guerre, ne pas avoir peur de son "don".

C'est habillé en tenue de combat qu'il arriva au conseil : habits blancs et bruns, armure de plaque au reflet vert, une dague à son côté, son épée double en main et l'avant de ses cheveux rattachés en arrière pour ne pas être gêné lors des combats à venir. Tous ceux qui étaient présents à l'état major purent voir que le protecteur n'était pas dans son assiette, que ce soit de par ses traits tirés ou sa façon d'être, à cran et sec dans ses paroles. Fort heureusement, personne ne prit le parti de le chercher, notamment qu'il écoutait et que le peu qu'il disait était loin d'être dénué de sens. La carte d'Eraïson, il avait pu la voir des dizaines de fois et réfléchir autant que faire ce peut à la stratégie mise en place ainsi qu'aux rues qu'il faudrait emprunter. Lui ainsi que le capitaine Menendas - qui était présent à cette réunion - étaient prêts à passer à l'action. Chose étonnante pour ceux qui n'étaient pas au courant du mal qui prenait le vieil elfe, d'ailleurs, était que ses traits tirés, ses cernes et sa froideur contrastaient pleinement avec l'assurance qu'il montait quant au combat à venir. Quoi que les elfes aient pu en penser, celle qui sembla réagir le plus à son état fut la dame-protectrice d'Ardamir. Alors que tous repartaient terminer les préparatifs avant le grand assaut, elle appela Neraën afin de lui demander une dernière précision. Précision à laquelle il répondit sans poser de questions.

Alors qu'il allait repartir vers son armée, elle eut un geste qui provoqua un sursaut de sa part. Il ne s'y était pas attendu, tellement habitué qu'il était à être distant des autres, et surtout il se doutait vu son état de ce qui allait se produire... Et effectivement, lorsque la main de la protectrice toucha son bras, Neraën vit tout ce qui pouvait faire l'apparence physique de la personne se désagréger pour laisser place à une forme humanoïde lumineuse, dont à travers l'intensité blanche il arrivait encore à percevoir les traits du visage et certaines choses plus ou moins matérielles. Elle continuait à sourire, ne se rendant pas compte du lien qui venait de se créer entre les deux anciens Aigles.

"Rendez-vous devant les Portes du Palais. Nous fêterons ça comme il ce doit.

Pendant un moment il ne sut réagir, restant planté là sous la tente, face à celle qui venait sans le vouloir de braver un interdit que le seigneur-protecteur s'était depuis longtemps fixé. Pourquoi Halyalindë, pourquoi ?

-La cité n'est pas si grande. Peut-être nos routes se croiseront-elles avant que nous n'ayons atteint le palais. Mais je compte bien fêter la victoire des nôtres ce soir, sois-en rassurée."

Il sourit, de ces sourires qui laissent passer un arrière-goût de tristesse. Désormais son interlocutrice n'était plus une commandante, plus une dame-protectrice, même plus une elfe... Elle était une âme faite de caractère et de bonté, une âme qui ferait tout ce qui était en son pouvoir pour faire ce qu'il y avait de mieux. Seul le souvenir de ce qu'il voyait d'elle avant la création du lien lui permettait de mettre un statu sur cette personne. Alors il termina l'accolade qu'elle avait entammée, ce qui était désormais ne l'empêchant plus d'entrer en contact physique avec elle, puis inclina brièvement la tête pour la saluer avant de se détourner afin de retourner auprès de son armée. Juste ce simple geste avait créé un tel contact... alors qu'en serait-il avec les Drows, lors de la bataille ?


Quand vint enfin le lever du soleil, Neraën se trouvait au-devant des Elfes d'Eteniril. Plus d'un avait râlé de le savoir vouloir être en première ligne, voulant même l'interdire de faire une telle bêtise. A ceux-là, il avait répondu sur un ton plus qu'acerbe qu'il ferait fi de leurs recommandations déplacées et que jamais un meneur d'elfes resterait à l'arrière alors que les siens risquaient leur vie sur le champ de bataille, surtout en Eteniril. Ainsi il avait fini par être tranquille de ce point de vue là, ses hauts-conseillers comprenant enfin qu'ils n'arriveraient à aller plus loin dans leurs idées. Lorsque le premier coup de cor sonna à travers la forêt, Neraën se tourna vers les siens, sans mot dire. Son regard déterminé ainsi que sa présence parmi eux était tout ce dont ils avaient besoin. Pour le courage, le protecteur avait fait un discours fort avant que les siens ne viennent à se déplacer jusque là où ils se trouvaient actuellement. Pour que le courage et la foi ne quittent pas leur coeur, pour qu'ils soient les guerriers reconnus d'Eteniril. Que leurs coeurs s'ouvrent à l'Anaëh et à sa Symphonie, que leurs lames fassent tomber leurs ennemis et que le sang souille la tunique immaculée de l'uniforme d'Eteniril. Pas leur propre sang ; celui de tous les ennemis qu'ils rencontreront. Et que la couleur écarlate qui les touchera leur rappelle la raison de leur combat ainsi que leurs frères morts ou qui se battent encore pour des valeurs qu'ils ne sauraient oublier. Voilà ce qu'il avait scandé aux siens, voilà les mots auxquels les soldats de son protectorat étaient habitués. Le deuxième chant du cor retentit. Neraën se retourna vers Eraïson et, le premier marcha vers la cité à travers les arbres. Désormais il n'était plus protecteur, mais commandant et soldat.

La grande majorité de l'armée était en tenue "officielle", le reste étant séparé en patrouilles avec les tenues de guetteurs. Cette dernière partie était répartie auprès des mages qui avaient pour but que l'accès à la faille soit plus facilement accessible. Ces mages n'étaient pas très nombreux mais ils avaient une importance que personne ne leur retirerait : ils permettaient de par leurs dons d'éviter trop de pertes parmi leurs frères. Les patrouilles, elles, avaient également pour charge de tirer sur toutes les têtes noires qui dépasseraient des murs d'Eraïson afin d'empêcher de réelle concentration sur les attaquants visibles, tout en essayant de faire en sorte que l'ennemi ne devine pas où sont exactement les mages. Du côté des militaires aux bonnes armures, on pouvait voir un enchaînement de manoeuvres se faire au fur et à mesure que la situation évoluait. Le but, pour l'instant, était bien simple : faire en sorte que les mages infiltrés dans l'armée arrivent jusqu'à la brèche - qui avait été quelque peu comblée par l'ennemi - et utilisent leurs pouvoirs pour faire en sorte qu'elle soit franchissable par tous.

Après avoir crié un dernier ordre, Neraën se colla contre les murs de la cité, essayant de concentrer son attention vers le haut afin d'espérer ne pas être surpris par des Sombres. Il manquerait plus qu'il meurt bêtement parce qu'un caillou lui était envoyé sur la figure ! Faisant un signe de la main, il s'approcha de la brèche. Tout autour de lui n'était que mort et magie, ce qui ne l'aidait pas à rester tranquille. En reprenant son épée de la main droite, il se rendit compte que le vieil elfe qu'il était tremblait. Pas par peur ; par mauvais souvenirs. Au même moment arrivèrent les mages qui avaient accepté de par leurs capacités à aller à l'avant de la bataille, contrairement à leurs confrères, afin de rouvrir une bonne fois pour toute la brèche. Neraën salua rapidement de la tête chacun d'eux, comme pour leur souhaiter bon courage. Mais dans sa tête, il repensait à la stratégie et aux emplacements des différents protectorats par rapport aux failles. Pour une question de nombre on avait placé Eteniril à celle où se trouvaient le moins de Sombres, de sorte à ce qu'elle puisse rapidement retrouver les autres et s'ajouter en aide. Le groupement où se trouvait Halyalindë devait entrer dans un quartier proche et si tout se passait bien, c'est celui-là que Neraën rejoindrait en premier. Le protecteur repensa alors au lien qui s'était établi entre la jeune elfe et lui... il allait falloir qu'il s'y habitue rapidement, que ce fait le chagrine ou pas.

L'un des mages présents était un elfe blond à la peau quelque mâte, de forte carrure pour un elfe. Un mage habitué au combat, certainement. Neraën le regarda un instant user de son art, non sans avoir de froid lui parcourant l'échine, puis il fit attention au reste de l'armée qui arrivait petit à petit. Plus qu'à attendre que les mages aient terminé, et le véritable assaut commencerait.
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Lœthwil
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MessageSujet: Re: [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur...   [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur... I_icon_minitimeLun 8 Fév 2016 - 21:25

Arcamenel de la 6e ennéade de Verimios
8e année du XIe cycle
Nord d’Eraïson

Tu tires sur tes muscles endoloris par les toxines, cherchant au même temps confortable appui parmi les branches. L’œil éteint, perdu dans tes pensées, tu t’ironises à toi-même pour ne pas sombrer. Si chaque lendemain était comme hier, alors tu survivrais aux batailles… mais c’est ton propre corps stressé qui finirait par te tuer. C’est finalement ainsi que mourraient beaucoup des tiens. Vaincus par la colère, ou par le chagrin. Un soupire rieur vient chatouiller tes lèvres. Faites l’amour plutôt que la guerre, de toute façon, les deux vous tueront de la même cruelle manière.
Loin des armes, loin de l’armure. Loin des histoires véhiculant pessimisme comme espoir. C’est dans tes braies que tu embrasses le mieux ton rôle. Face au bras dont les dessins te rappellent ton propre rôle et la peau de ton dos raclant contre l’écorce, tu penses bien mieux que sous la carapace de métal. À l’aube d’un pénible sommeil, tu sais pleinement prendre conscience de tous les enjeux. Demain il n’y aura pas de place pour les remords. Demain tu ne pourras pas être le chasseur. Demain tu devras à la fois être l’implacable guerrier et ne pas te perdre dans la folie sanguinaire.

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Kÿrianos de la 7e ennéade de Verimios
8e année du XIe cycle
Nord d’Eraison.

Les cœurs battent à l’unisson. Ceux des sourds suivant le rythme des entendants, ceux des entendants à l’unisson avec la Symphonie brisée. Il était temps. Les elfes se sont levés avant le jour, et c’est déjà au combat qu’Halandarin t’accueillit, ton attirail déjà en main, n’attendant que la venue de celui qu’il en avait fait propriétaire. Tes longs cheveux ramenés en chignon, tu étains finalement fin prêt. Les premiers rayons ne perçaient pas encore le couvert que les nervures d’or de la robe de métal et de soie arachnéenne brillaient déjà. Que l’astre du jour reste caché dans l’ombre de Sélène, il ne suffit que des flammes de votre ferveur pour illuminer les cieux.

Pour toi ce fut le temps des au-revoir, les derniers instants durant lesquels tu pourrais profiter des sourires de tes amis. Tu salues de loin la protectrice d’Ardamir, tu presses le Toer Tamindal de rejoindre ses compatriotes, mais jusqu’à ce que la bataille décide de vous réunir, tu t’éloignes d’eux. Tu t’éloignes de tes amis car durant la guerre ils te seront autant des obstacles que tu leur sera une pierre d’achoppement. Tu risquerais pour Halan ou Halya plus que tu ne le ferais pour aucun autre, et au fort de la pleine guerre, c’est quelque chose que tu ne peux te permettre. Pour avoir les idées claires, et t’épargner la barrière des sentiments, tu as quitté les gens d’Ardamir pour te rapprocher des mages d’Eteniril.

 
Le cor sonna une fois.

Et alors votre armée en se crispant doubla de volume. Les bras se serrèrent, les dos s’arquèrent et les poitrines se gonflèrent d’adrénaline. Dans le regard du protecteur vibra à nouveau son discours, l’appel au sang pour protéger le sang. La voix d’un combattant, Protecteur plutôt que Seigneur.

Le cor sonna une seconde fois.

Et les Sylvains partirent à l’assaut. Attaquant et non défenseurs. Te voilà perdu parmi les combattants d’Eteniril, ton armure aux couleurs de l’automne détonnant parmi les capes de blanc immaculé. Tu avances en silence, conscient de ton importance parmi les quelques mages qui permettraient la trouée, sachant le nombre de vies pesant sur tes épaules. Les flèches pleuvent, les vôtres comme celles des sombres, alors que vous vous approchez dangereusement des fébriles fortifications. Les quelques fractions de secondes qu’il te faut pour t’ouvrir aux flux te semblent une éternité, chaque cri, fût-il de douleur ou d’exhortation s’allonge sur une pénible éternité alors que tes doigts s’arquent et que tes bras se plient. Hier encore tu pensais que la peur te prendrait aux tripes, que la haine que crache les Sombres te déstabiliserait… il n’en est plus rien. Dans un silence royal, tu lèves ton golem depuis le néant. La créature de terre, de pierre et de fer suivant tes mouvements comme le ferait une ombre pose avec une déroutante délicatesse ce que l’on aurait appelé ses mains contre le mur. À travers lui, tu sondes la terre. Tu sondes la roche.

Tu sondes la roche à la recherche d’une faiblesse, mais les affrontements te forcent à danser. Les gardiens de la forteresse volée tentent de briser ta concentration, de te séparer de ta création, mais savent-ils réellement quelle est ta magie ? Plus que de conjurer le feu, l’eau et la terre, tu les habites. Tu ressens le monde à travers chacun de tes soldats, tu as appris au cours des temps à voguer de tes sens aux leurs, de ton esprit à leur matière. Tu es autant d’hommes que la magie te permet d’en invoquer. Pour te défendre de l’attaque, rien de plus facile que d’être trois. Les lourds pas de celui qui lève la terre se font aussi fluides que la pluie de printemps, la fée des eaux rejoint ton cortège, soufflant ses flocons sur les projectiles ennemis, à l’occasion délivrant une gerbe de glace mortelle alors que toujours le géant de pierre cherche le vide.

Tu marches sur un fil, saute de la belle à la bête jusqu’à ce que finalement tu trouves ce que tu cherches, et alors tes mains et celles du golem se crispent, et il tremble, et la terre à ses pieds tremble, portant le mur en résonnance. L’onde de choc est localisée et violente, les autres élémentalistes auront senti le message. Là où frottent les pierres naît la poussière. D’un effort commun, vous avez abattu vos propres barricades, faisant poussière du pan de mur qui retenait vos armées. Vous pouviez entrer. C’est maintenant que la véritable bataille allait commencer.

Mais il y avait quelque chose de malhonnête dans cette magie. Votre effort semblait avoir dérangé les flux plus que de nécessaire, là où vous auriez dû la dévier et la reconcentrer, la magie s’est raréfiée… comme si un autre se tentait à la voler. Cette fois encore tu te séparerais des autres, sentant planer un autre… un plus grand danger.


Dernière édition par Estiam Faerin le Ven 12 Fév 2016 - 15:00, édité 1 fois
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Halandarin Las'Danir
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Le courage... Il lui en faudrait...

Non pas pour s'élancer à l'assaut de ces murs, non pas pour prendre la vie de ces Drow's, mais pour distinguer ces êtres de celle qu'il haïssait plus que tout au monde...
La hargne, la rage qui l'habitait était immortelle, quoi qu'il ferait, elle ne saurait étancher sa soif. Il le savait. Ce qui allait lui demander un effort surhumain, était de rester Elfe.

Alors qu'il se trouvait sur le surplomb aux côtés de la Protectrice d'Ardamir, Halandarin observait les alentours, il n'avait probablement jamais été si serein, et si tendu à la fois... La corde d'un arc aurait craqué depuis longtemps, les nerfs d'un jeune elfe aurait succombé à toute la haîne qui l'habitait... Il se savait loin d'Estiam, suffisamment pour ne pas avoir à se retenir... Et c'était bien là le problème... Cette part de lui même qui lui hurlait de se déchaîner, de déchaîner sa rage sans détour, sans égards avait bien trop de tentation pour ne pas prendre le dessus.

Ses dents grincèrent les unes contre les autres alors qu'il tenait cette lance à la hampe d'acier dans sa main droite, son armure abrasée couvrant chaque parcelle de son corps... Sa nuque couverte de minuscules écailles d'acier, ses bras couverts de la même maille si particulière.
Alors qu'il relevait la tête vers la Protectrice, il la vit se lever, sur la croupe de la bête...

Un discours ? A quoi bon....

Ils savaient tous ce pourquoi ils étaient là. Ils connaissaient les enjeux, et de toute la haîne qui les habitait, Halan' en était probablement l'incarnation. Sa main droite se crispa sur la hampe de cette lance, son cuir tané grinçant sur le cuir entourant la hampe d'acier... Son regard s'embrasa petit à petit en voyant ses confrères s'élancer, et la Protectrice mettre pieds à terre.

Il fut aux premières loges pour voir le mur s'effriter par les sortilèges d'Estiam et de ses confrères et consœurs mages, tout dans la finesse... Comme toujours.
Il jeta un regard à la Protectrice, hochant de la tête. Il voulait voir ce que donnerait son oeuvre au combat... Et quoi de mieux que de suivre celle qui la portait ?

-Quand vous voudrez. Protectrice.

Il avait décidé de s'en remettre à elle... De lui donner les chaines. S'il venait à devoir succomber à sa rage, cette rage qui embrasait son regard... Ce serait dans le but de protéger quelqu'un. Estiam était trop loin, mais il se jurait de le retrouver une fois dans ces murs... Il y avait bon nombres de ses connaissances qui partaient à l'assaut de ces murs... Quelques forgerons avaient décidé de s'emparer de leurs marteaux pour se joindre aux rangs... Il en remarquait à quelques emplacement... Ils seraient fort utiles... D'autant plus qu'il n'avait été accepté que parce que le Toer Tamindal lui même les avait entraînés, et les avait désignés.

Ils étaient des Maîtres de la forge... Ses apprentis, ses enfants... Ils voulaient venger leurs frères et leurs soeurs...

Non... Ils ne connaissaient pas l'entière histoire. Ils le tueraient lui sinon... Ce qu'il pouvait se haïr ... Ce qu'il pouvait la haïr...

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MessageSujet: Re: [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur...   [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur... I_icon_minitimeJeu 11 Fév 2016 - 16:06

Alëandir
Cinquième ennéade de Verimios,
Huitième année du onzième cycle.

Quatre ennéades après son discours, il était revenu sur la même place. Il leur avait donné rendez-vous, et il était heureux de voir que beaucoup avaient répondu à son appel. Lorsqu'il fut certain que tout les volontaires étaient rassemblés, qu'il n'en manquait pas un, il demanda le silence. Il l'obtint rapidement, et quand il sut qu'il avait capté l'attention de tous, il prit la parole.

- Mes frères, Mes sœurs. Je tenais avant tout à vous remercier d'avoir été si nombreux à répondre à mon appel. En vous demandant votre aide, en en appelant à votre bon sens et à votre sens du devoir, je n'en attendais pas tant. Je suis agréablement surpris de voir que vous n'êtes pas qu'une dizaine, qu'autant d'entre nous sont touchés par la situation, et conscients du risque qu'encourt notre peuple. Le pire n'est pas encore derrière nous, ces remerciements sont donc peut-être prématurés. Je voulais aussi vous rappeler brièvement que nous allons nous mettre en route pour le Front. Nous allons marcher vers la souffrance, la mort, et la désolation. Nous ne partons pas pour une balade de santé, ni pour satisfaire une certaine curiosité. Certains d'entre nous ne reviendront pas vivants. Certains ne reviendront même pas du tout. Je veux que vous en soyez conscients. Et je veux vous le rappeler maintenant, lorsqu'il est encore temps pour vous de faire demi tour. De changer d'avis et de rebrousser chemin. Sur ces paroles, allons-y. Nous avons beaucoup à parcourir.

Le départ d'Alëandir fut assez chaotique, les troupes eurent du mal à se mettre en place, à coordonner leurs mouvements, et leurs positions, mais cela ne dura pas longtemps. Sa garde rapprochée, et les quelques soldats de la Quatrième Saison qu'il avait emmené avec lui organisèrent rapidement les troupes. La plupart avait une monture, mais certains étaient tout de même à pied, et il fallait s'assurer qu'ils suivent. Anorn avait quitté la capitale en laissant Aldartha derrière lui, et en suppliant Arwain de ne pas le suivre. Elle voulait participer à la reprise d'Eraïson, elle voulait aider les blessés, apaiser les esprits. Il avait du lui expliquer maintes et maintes fois qu'elle serait plus utile chez eux, à veiller sur leurs terres, et sur leur peuple, qu'à ses côtés. Lui faire entendre raison n'avait pas été chose aisée, mais elle avait fini par accepter la chose. C'était donc seulement entouré de ses conseillers qu'il avait pris la route pour le sud.

***

Camp principal d'Eraïson
Julas, Sixième ennéade de Verimios,
Huitième année du onzième cycle.

Après une longue ennéade de marche, de progression difficile à travers Anaëh, Anorn était finalement arrivé au campement. Les mages qu'il avait amené avec lui furent rapidement pris en charge, dispersés au sein de l'installation en fonction de leurs capacités, et en fonctions de leur niveau. On finissait d'organiser les ost, révisant méticuleusement l'organisation de chacun, redonnant quelques ordres avant que tout ne commence. Dans une ennéade, ils n'auraient pas droit à l'erreur. Ils ne pourraient plus retoucher quoique ce soit, ils ne pourraient changer subitement leur stratégie. Il n'avait aucune connaissance à ce sujet, il ne pouvait donc juger la leur, mais il faisait totalement confiance aux commandants de l'armée en place. On lui désigna rapidement une tente, et il s'engouffra dedans, suivi de près par ses deux gardes. Ces derniers faisaient partie de sa vie depuis maintenant quelques ennéades, et il ne s'y faisait toujours pas. Il leur demanda de sortir, avant de s'asseoir sur sa couche pour essayer de réfléchir un instant. Il venait d'arriver, et il se demandait déjà ce qu'il pourrait bien apporter ici. Il allait sans doute retourner dans les mouroirs, après l'assaut. Il n'était pas de ceux qui montaient au front, de ceux qui savaient guider, et qui savaient se battre. Inspirant profondément, il défit sa cape et étira son dos. Il avait envie de profiter de cette accalmie, mais il savait qu'il ne le pourrait pas. Il allait bientôt être sollicité, et la solitude apaisante allait bientôt voler en éclat.

L'ambiance était d'ors et déjà lourde, beaucoup de soldats ici présents l'étaient depuis bien plus longtemps que lui, ils avaient vécus la prise d'Eraïson, le massacre des sombres, et la perte des leurs. Ils véhiculaient ce passé sordide, ils transpiraient de haine, et d'envie de vengeance. La tension était palpable dans l'air, même si elle n'était pas encore à son paroxysme. Cela allait aller de mal en pis au cours des jours qui allaient suivre, et lorsqu'il serait temps d'y aller, l'air vibrerait de rage animale, et d'envie meurtrière. Quand on finit par le mander, il sortit de sa tente et rejoignit celui qui l'avait appelé. Il s'agissait d'un commandant, qui souhaitait qu'Anorn donne quelques conseils aux mages qui iraient au front. Des conseils purement techniques, certes, mais qui pourraient sans doute sauver leur vie.

- J'aimerais que vous écoutiez attentivement ce que je vais vous dire. Pour certains, ce ne sera rien de nouveau, je sais que beaucoup d'entre vous on déjà entendu ce genre de chose, mais il me semble essentiel de les répéter aujourd'hui. Vous ne savez pas ce qu'est le combat, vous ne connaissez pas les sentiments qui vont envahiront lorsque l'assaut sera lancé, et c'est de cela que vous devrez vous méfiez. Plus que de l'ennemi lui même. Vous êtes des mages, et vous allez donner de votre corps, de votre esprit, et quiconque donnera trop ne pourra revenir en arrière. Syez vigilants, ne vous ouvrez pas constamment au flux, ne le laisser pas vous consumer, vous absorber, vous faire sien. Je sais que vous voudrez repousser vos limites, et c'est là quelque chose de très noble. Mais ne vous mettez pas plus en danger que nécessaire. Ne vous laissez pas emporter par vos émotions, par vos toutes nouvelles capacités, et votre soudain débordement d'énergie. Ce serait préjudiciable pour nous tous. Ne perdez pas de vue que la magie est loin d'être quelque chose de facile, quelque chose de gratuit. Chaque effort aura des répercussions. Vous le savez, mais ne l'oubliez pas.

Il était si facile de se perdre dans l'immensité du flux, lorsqu'on restait ouvert trop longtemps, lorsqu'on voulait donner plus que ce qu'on ne pouvait réellement, qu'il était essentiel de le rappeler. Dans les mouroirs, tout était différent, parce que son corps pouvait s'éteindre à tout moment, tomber de fatigue et refuser de continuer. Sur le champs de bataille, l'adrénaline était telle qu'elle ne laisserait aucun répit les gagner, si ce n'était celui délivré par Tari. Il se sentait tout particulièrement responsable d'eux, de ces mages qui avaient accepté de quitter les murs de l'Académie, pour se lancer dans les folies de la guerre. Parce que tout ceci était en grande partie de son fait, il avait été l'instigateur de la chose, et si cela ne se déroulait pas bien, il savait qu'il en serait le seul responsable.

***

Camp principal d'Eraïson
Elenwënas, Sixième ennéade de Verimios,
Huitième année du onzième cycle.

Un air sérieux sur son visage, les mains croisées devant lui, les pieds plantés dans le sol, Anorn écoutait attentivement celui qui était venu le chercher. Certains éclaireurs étaient bien amochés, et on était venu quérir son savoir, ou à défaut le savoir de ceux qu'il avait amené avec lui. Il n'y en avait pas énormément, d'après l'elfe qu'il avait devant lui, mais suffisamment pour mobiliser quelques mages supplémentaire. Rassurant l'informateur, il dénicha quelques apprentis, ainsi que d'autres un peu plus expérimenté, et il se rendit là où on avait placé lesdits blessés. Il donna certaines directives, insistants pour que les plus jeunes profitent de ces temps de repos pour apprendre les choses les plus essentielles auprès des autres. Lui repéra un jeune éclaireur relativement mal en point, et attrapant un apprenti au passage, il s'installa à son chevet. S'ils n'agissaient pas rapidement, l'elfe risquait fortement d'y passer. Une vilaine entaille descendait de son oreille jusqu'à son menton, ouvrant presque sa joue en deux. Un morceau de bois, sans doute une flèche dont l'extrémité avait été cassée, saillait de sa cuisse gauche. Enfin, une profonde travée s'était dessinée d'abord sur ses côtes, puis sur son abdomen, laissant parfois entrevoir des viscères. Anorn se demandait comment il pouvait être encore en vie, mais celui qu'il avait pris avec lui le tira bien vite de ses pensées, puisqu'il rendit sans se faire prier le contenu de son estomac. L'archimage ne s'en offusqua pas, et il attendit patiemment qu'il ait fini. Lorsqu'on se releva, pour faire de nouveau face au blessé, il l'attrapa par le bras, et lui demanda de le regarder dans les yeux.

- Je peux comprendre que cette situation soit déroutante, qu'elle te révulse au plus haut point, et qu'elle bouleverse tes sens. Mais maintenant, tu dois te ressaisir. Cette elfe a besoin de nous. Alors ne le laissons pas partir pour le royaume de Tari seulement à cause de nos états d'âme. Ne me lâche pas la main, je vais te guider.

S'ouvrant doucement au flux, il attendit de sentir l'apprenti plus détendu pour se mettre à l'oeuvre. D'abord, lui expliqua-t-il, il fallait s'occuper de tout ce qui était profond, de ce qui était urgent. Faire une rapide inspection du corps qu'ils avaient devant eux, pour définir les zones à soigner en premier. La flèche n'avait touché aucune artère vitale, le sang commençait même à coaguler. Restait donc la plaie la plus importante, celle qui barrait son abdomen. Il entreprit d'inspecter un à un les organes internes, passant en revue rapidement chacun d'entre eux, s'assurant qu'aucun n'avait été endommagé. Il était chanceux, malgré tout. Seuls les muscles avaient été tranchés, et il s'en sortirai peut-être. Peu à peu, il reconstituait les tissus, recollant les chaires, raccommodant les artères et les veines. Si l'autre n'avait pas été tant fasciné par le monde qui s'offrait à lui, et par le travail impressionnant qu'il voyait se dérouler sous ses yeux, il aurait sans doute pu percevoir l'anneau au cou d'Anorn chauffer doucement la peau de son torse. Se dégageait de ce dernier une certaine aura, qu'on pouvait sans doute assimiler à une concentration intense. Lorsque le plus gros fut passé, et lorsque la respiration de l'éclaireur redevint plus calme, plus profonde, l'elfe millénaire se retira et laissa la place au plus jeune.

- Refermer les plaies superficielles ne devrait pas te poser de problème, je me trompe ?
- Je, non, je devrais m'en sortir, mais ce que vous avez fait là...
- Tu en seras capable un jour, sois patient. Tu verras, bientôt les décennies te rattraperont, et tu ne verras plus ceci comme quelque chose d'exceptionnel. Seulement comme quelque chose que tu feras tout aussi bien. Essaye de ne pas le rater, quand même, le plus gros est passé pour lui, mais il serait dommage que ses cicatrices deviennent un handicap ! déclara-t-il sur le ton de la rigolade, en quittant les lieux.

Bientôt arriverait l'instant où l'humour ne pourrait plus être, où l'heure sera si grave qu'elle ne pourrait être dédramatisée. Autant profiter de cette accalmie pour s'autoriser quelques plaisanteries.

***

Camp principal d'Eraïson
Kÿrianos, Septième ennéade de Verimios,
Huitième année du onzième cycle.

On lui avait expliqué en long en large et travers la stratégie qu'ils avaient adopté, les positions de chacun d'entre eux, et les objectifs de chaque détachement. Il avait enregistré toutes ces informations, parfois assez indigestes, avec plus ou moins de facilité. Mais il l'avait fait. Parce qu'il savait cela important, et même s'il n'avait pas d'avis éclairé à ce propos, il se devait d'être informé correctement. Il sentait autour de lui le camp s'éveiller lentement, mais sûrement. C'était aujourd'hui, qu'on lancerait l'assaut. Aujourd'hui qu'on irait récupérer Eraïson. Et tous le savaient, tous transpiraient cette envie bestiale de se lancer dans la bataille, de récupérer ce qui leur appartenait. Anorn ne passa pas d'armure, comme beaucoup le firent. Il n'irait pas au front, et n'avait nullement besoin de se parer d'un tel attirail de métal. Il fut prêt bien avant les autres, et tandis qu'il faisait les cent pas, il réfléchissait à ce qu'il allait bien pouvoir leur dire. A eux, à ceux qui allaient se battre, à ceux qui ne reviendraient pas, à ceux qui changeraient de visage lorsqu'ils reprendraient Eraïson, à ceux qui ne seraient plus jamais les mêmes. Finalement, tous furent rassemblés, et il fut temps pour lui de prendre la parole. On ne lui avait certes rien demandé, on n'avait rien attendu de lui, rien demandé. Mais il savait devoir le faire. C'était son peuple que l'on envoyait là bas, son peuple qui se mettait en danger.

- Mes frères, mes sœurs. L'heure où nous reprendrons Eraïson approche à grand pas. L'instant où nous reprendrons ce qui nous a été lâchement volé par les sombres est proche. Bientôt, nous marcherons vers la victoire. Je tenais à vous dire que je suis fier de chacun d'entre vous, j'admire votre courage, et votre volonté. Votre dévouement envers notre peuple. N'ayez crainte, Kÿria guidera chacun de nos pas. Chacun de nos actes. Veillera sur chacun d'entre nous. J'aimerais rappeler maintenant une partie du dogme de la Déesse Mère. Tel la flèche, vif et acéré, silencieux et magnanime ; ni défaillance en ton cœur, ni souffrance inutile. Atteint ton but et ne renonce pas, que seule la nécessité guide ton bras. Tel la Mère, sévère et bienveillante, coléreuse et confiante ; pas un instant n'oublie l'amour qu'elle porte aux siens. Protège l'inconscient et puni le vilain. Ainsi seulement l'Ordre peut-être maintenu, et permettre sans danger que le monde évolue.

Des voix s'étaient mêlées à la sienne, lorsqu'il avait récité les deux couplets qu'il estimait appropriés à la situation. On l'avait suivit, on l'avait soutenu, comme il cherchait à les soutenir maintenant. Ses paroles avaient été brèves, certainement incomplètes, peut-être même inutiles pour certain. Mais il espérait tout de même avoir insufflé un peu plus de courage, un peu plus de détermination. Si ce n'était pas le cas, au moins aurait-il essayé. Et ce fut sur ces paroles qu'ils s'éloignèrent, marchant sans faillir vers leur objectif.
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Telenwë Neraën
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MessageSujet: Re: [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur...   [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur... I_icon_minitimeVen 12 Fév 2016 - 11:18


Alors que la magie était à l'oeuvre non loin de lui, peut-être bien plus que les arcs et les flèches, Neraën essayait de se concentrer sur la bataille en elle-même. Pour se fermer au maximum à la magie. Pour réagir lorsqu'il le fallait, pour quelque raison que ce soit. Cela parut long aux yeux du protecteur, néanmoins il ne put qu'admettre que la démonstration des mages était, en plus d'être impressionnante, tout à fait efficace. Du golem de terre sorti du sol lui-même à la douce créature d'eau, les vibrations dans le sol suffirent à ce que la faille par laquelle les Elfes devaient passer soit suffisamment agrandie pour que les premiers guerriers puissent pénétrer dans la ville. Une troupe d'archers vint ouvrir la voie et lorsqu'ils purent passer en relative sécurité, Neraën fut l'un des premiers à aller de l'avant, faisant au passage un signe de tête aux mages en reconnaissance de leur travail.

C'était vide. Un grand vide. Et ce pas seulement pour la vue. Il ne savait quoi, mais quelque chose le rongeait de l'intérieur, quelque chose en lien avec ce vide. Les derniers drows sur la muraille furent assez rapidement abattus puisqu'ils étaient dorénavant pris de deux côtés. Portant son arme de manière défensive, Neraën s'avança de quelques pas. C'était troublant. Trop même. Une grimace se dessina quelques secondes sur son visage alors qu'il se rouvrait sans grande confiance à la Symphonie meurtrie. Juste quelques secondes... juste le temps de ressentir la vie. Vie qu'il ne ressentit pas en-dehors de ses Elfes.

"Protecteur !

Il n'avait fait que quelques pas que déjà des soldats l'avaient devancé pour se mettre en formation autour de lui. Le vieil elfe se retourna et eut la mauvaise surprise de constater que parmi tous ceux qui étaient déjà entrés, plusieurs étaient sous forme de lumière blanche ; comme lorsqu'un lien se créait entre lui et d'autres. Menendas le rejoignit alors.

-Vous devriez éviter d'aller ainsi de l'avant, nous ne savons pas quelles horreurs nous ont concoctées les Sombre.
-C'est bien là le problème, capitaine... et tutoie-moi. Ils ont certainement dû vouloir protéger d'autres zones comme le centre de la cité ou d'autres points qui avaient le plus de risques d'êtres attaqués. Ou bien...


Au même moment à différents points, des éclaireurs firent des signes avec leurs mains, signes qui furent compris par tous les membres de l'armée d'Eteniril qui les regardaient. Arrivait du monde. Des Elfes ?

-Non... des morts-vivants."

Ainsi commençait le véritable combat, du moins pour cette partie de la cité. Dans l'horreur la plus ignoble du point de vue elfe, puisqu'il s'agissait de rendre hors état de nuire des leurs voire même des connaissances, s'effectua un véritable carnage. Il était plus difficile de faire définitivement tomber des zombis que des êtres vivants, aussi fallait-il s'adapter, le nombre de coups étant à privilégier sur la qualité de celui-ci. Des morts parmi les Elfes, il y en eut. Et à chaque fois que c'était l'un de ceux qui avaient établi un lien magic avec leur seigneur-protecteur, ce dernier le ressentait au fond de ses entrailles. Tristesse et douleur. Mais c'était là l'un des revers d'une certaine devise : choisir et guider, vivre et risquer, avancer et préserver. Quoi qu'il arrive, quelles que soient les pertes - qui pourraient être bien plus importantes - il fallait avancer. C'est pourquoi l'armée finit par reprendre sa marche vers le lieu où devait se trouver l'armée d'Ardamir.

Alors qu'il approchait, Neraën - qui avait beau essayer de se fermer complètement à la magie, d'autant plus que des mages étaient non loin de lui - était de plus en plus mal à l'aise. Déjà qu'il avait un peu de mal à encaisser la dernière bataille à cause de cette première fois qu'il ressentait la mort d'une personne liée magiquement à lui, en plus il ressentait que quelque chose n'allait pas. Il n'aurait su dire quoi, mais plus il avançait plus cela le déstabilisait. A commencer par l'impression de malgré le fait de se fermer - enfin ceci était relatif avec lui - au flux qu'il avait l'impression que sa relation-même avec la magie changeait. Qu'il se créait un "vide". Un vide anormal qui n'était pas dû à lui. Cela venait de l'extérieur, certainement quelque chose situé quelque part dans la cité. Et donc qui pouvait être potentiellement dangereux.

Lorsque les armées d'Ardamir et d'Eteniril se rejoignirent enfin, Neraën alla voir la dame-protectrice d'Ardamir.

"Halyalindë !

Il attendit qu'elle se tourne vers lui pour continuer, cette fois-ci en parlant normalement.

-Content que vous ayez pu passer. J'espère que vous n'avez pas trop subi de pertes. Nous concernant nous avons essuyé quelques attaques de morts-vivants. Ils semblaient nous attendre et avoir en conséquence préparé un comité d'accueil digne de ce nom. Enfin... Il va falloir que je vérifie quelque chose, je dois donc me séparer de mon armée. Le capitaine Menendas la prend en main. Fais bien attention à toi."

Puis sans lui laisser le temps de répondre, il se détourna, le visage bien plus ferme qu'à l'accoutumée. Menendas avait insisté pout que Neraën ne fasse pas preuve de folie en partant seul, aussi avait-il fini par accepter que cinq guerriers ainsi qu'un l'accompagnent. C'était peu, mais le pauvre capitaine avait compris qu'il n'arriverait pas à faire mieux avec une telle tête de mûle. Et puis l'armée adverse serait concentrée sur les déplacements des armées, pas d'un simple groupe.


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MessageSujet: Re: [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur...   [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur... I_icon_minitimeVen 12 Fév 2016 - 23:15

La Symphonie flirtait entre le soulagement de voir les hordes d'elfe quitter ses frondaisons et la peur des affrontements et la rage qui émanait des combattants. Un bruit de tonnerre déchira l'air. Les mages et les Limiers équipés de bonbonnes alchimiques venaient de réussir leur mission. La brèche était ouverte.

Halya n'en avait pas douté. Elle avançait au même rythme que l'infanterie, dépassée par le premier peloton de cavalerie… Qui changea brusquement de direction, retardant leur charge pour éviter une zone piégée, repérée par les éclaireurs. Les premiers drows attirés par l'explosion et le son du cor déclenchèrent une salve de flèche bien avant que la petite formation de cavalerie ne soit au niveau de l’ennemi. En peu de temps, le travail conjoint des mages et du fer de lance que formait la cavalerie permis aux soldats à pied d'arriver jusqu'à la brèche, toujours couverts pas les archers.

Ils s’engouffrèrent dans la Cité sans plus de résistance, Un frisson couru sur l'échine d'Halya C'était la première mauvaise nouvelle de la journée... Comme prévu, Un groupe principalement composé d'archers et de mages  se dirigea vers l'escalier le plus proche menant aux remparts. Le regard aiguë d'Halya sonda la ruelle qui longeait le rempart. Un mot à Faren et les effectifs du détachement étaient doublés. Le gros de l'armée ralentit. Ils étaient passés par l'une des brèches les plus proches du centre ville et du Palais. Il n'y avait qu'une raison pour laquelle les drows ne réagissaient pas... Un piège.

Rapidement, les troupes furent réorganisées pour la guérilla, les rangs resserrés. Même larges, les rues ne permettaient pas à beaucoup de combattant d'avancer du front. Un dernier hochement de tête envers Feran et elle prenait la tête d'un autre groupe. Doucement, les elfes se répandirent dans la Cité en direction du point de rencontre avec Eteniril. Les Limiers, moins à l'aise en ville qu'en forêt, avaient pris de la hauteur. Chaque bâtiment était fouillé pour ne pas se faire prendre à revers.

Le silence absolu dura une éternité. Une odeur de moisi prenait à la gorge. Puis la clameur de combat aux alentours des remparts. Le hurlement d'un Limier sur un toit non loin. Un fracas de roche qu'on éclate. Les soldat eurent à peine le temps de courir. Les façades des deux habitations s'effondraient. L'odeur moite et dérangeante se fit plus forte. Dans la cacophonie de l'éboulement, on pouvait à peine entendre une nouvelle clameur de combat à quelques pas, dans une rue adjacente.

Halya roula à terre pour éviter une poutre, emportant le soldat le plus proche dans son élan. La poussière obscurcissait l'air. Des cris de douleurs émanaient des décombres... Ceux qui étaient entrés n'en ressortiraient pas... Mais elle n'y faisait déjà plus vraiment attention.

Des formes dans le brouillard. Une odeur de charogne lui soulevait le cœur. L'épée Sans-Nom à la main gauche, elle tira doucement une dague de l'autre, sans cesser de guetter la fumée, ses yeux plissés pleurant légèrement à cause de cette même brume de sable. C'était comme tenter de voir à travers du verre pilé. Des bruits de pas. Des grattements. Des grincements. Randil grondait, mal à l'aise. Le poil hérissé, près à bondir Ce qui se déplaçait dans le nuage n'était pas naturel. Ce n'étaient pas des drows... Une rage sourde tordit encore plus le ventre de la Protectrice.

« NE TENTEZ PAS DE TRAVERSER ! REJOIGNEZ LA SECONDE COLONNE ET FAITES LE TOUR ! ARCHERS ! SUR LES TOITS ! LIMIERS ! CHERCHEZ LES MAGES ! RESTEZ GROUPÉS ! FRAPPEZ FORTS ! VISEZ LES ARTICULATIONS ! SES CHOSES SONT CORRIACES MAIS ELLES PEUVENT ETRE ABATTUES ! »

~ Ambiance ~

Une tête apparue dans la poussière qui retombait lentement. La peau pendante, la joue déchirée sur une mâchoire blanchâtre. Dépourvu de lèvres, ce qui restaient de ses chaires verdâtres était tendue sur des dents brisées. Les cartilages du nez retenus par quelques filaments. Une orbite creuse. Un œil laiteux piqué de coups de bec. Quelques touffes de cheveux blancs...Une fille. A peine adulte.

Ces chiens avaient osé.

Alors que les jambes de la guerrière se détendaient comme des ressorts, elle ne put s'empêcher de distinguer le sourire de l'elfe représenté sur le médaillon de bois. Trop insignifiant pour intéresser les pilleurs sans doute...

Sans une once d'hésitation, la dague de la guerrière fit sauter les tendon du poignet de la créature. Son épée la trancha net au niveau du tronc dans un reflet vert-argent et une gerbe de sang épais. Pas un son n'avait franchi les lèvres d'Halyalindë. Sa concentration tendue à se rompre, elle nota tous les sons, les mouvements, les échos. Chaque entité, amie comme ennemie, évoluait dans un espace connu et prévisible. Quatre en mauvaise posture d'ici quelques secondes.

Le buste du cadavre heurta le sol avec un gargouillis.

Randil bondit. Un hurlement de rage retenti un peu plus loin dans la brume. Chaque muscle de la guerrière se détendit. Emporter par son premier mouvement de tailles, elle se laissa basculer en avant pour mieux se relever. Ses mouvements se synchronisèrent sur ceux du loup, plongeant au cœur des décombres instables pour les traverser. Chaque pierre était un obstacle risqué autant qu'un appui. Chaque allier survivant, un combattant à couvrir. Tendons et points d'appuis lâchaient un par un.

Sous le tonnerre des cris et la Symphonie assourdie et déchirée, une masse énorme fit vibrer un pan de mur en équilibre dans les décombres. Un cri suivit d'un gargouillis. Un mort de plus. Un autre cadavre ambulant tomba sous la multitude de coup de la Protectrice. Le visage d'Halya se tordit en un sourire à la fois avide et dégoûté. Plusieurs cris de douleurs dans son dos. De sauts en attaques, elle se dirigea progressivement vers eux. Quelques secondes lui furent nécessaires pour retrouver le plein usage de ses yeux. Un coup dans le dos lui coupa la souffle. Elle répliqua. Bougea... Et leva un sourcil de surprise : son armure était intacte.

Devant elle, avançant pesamment entre ses hommes, un monstre de chair. Un amas de corps attachés ensemble dans une œuvre immonde et suintante. Des morceaux de visages étaient encore visibles. A peine contenue par les elfes de ce côté de l'éboulement, la créature envoya voler un soldat. Halya s'élança en grondant. Un délicieux frisson la traversa de la pointe des oreilles au bouts des orteils en sentant Randil passer près d'elle. Les véritables combats venaient de commencer.


Dans les rues parallèles, les combats se poursuivaient. Le premier monstre de chaire ne mit pas longtemps à tomber sous les assauts répétés. La Protectrice dégagea sa lame du monstre et sauta au sol dans un mouvement à peine humain. Ses immondes membres s'agitaient encore, à deux doigts de se refermer sur la gorge d'un blessé. Le bougre se traîna tant bien que mal en arrière. On vient l'aider à se mettre rapidement à l'abri d'un renfoncement. Il hocha de la tête en remerciement mais son bienfaiteur était déjà retourner au combat, lance à la main. De ce côté de l'effondrement ils n'étaient qu'à peine plus d'une trentaine. Dont quatre Limiers de la garde rapprochée de la Protectrice et le Noss qui ne la quittait jamais. A eux de tenir ou d'avancer autant que possible pour que les autres colonnes puissent leur prêter main forte.

« PIEGE AU PROCHAIN CROISEMENT ! » cria une voix forte du haut d'un toit alors qu'une de ses flèches venait se ficher dans l'épaule d'un zombi, déviant de peu l'attaque qu'il s'apprêtait à porter à un soldat au prise avec un autre de ces monstres.

Les formations se faisaient et se défaisaient. Halya avait cessé de réfléchir, enfin. L'instinct avait repris ses droits. Elle parait chaque brèche dans l'organisation de ses hommes, prévoyait sans en avoir conscience les suivantes. Les coups pleuvaient dans les deux camps. L'épée si particulière que lui avait confiée le Toer Tamindal tranchait sans discontinuer. L'exaltation qui étreignait la guerrière était à peine entachée par la nature de leurs ennemis. Pendant près d'une heure, les soldats tinrent sous l'assaut des créatures. D'autres tonnerre de fin du monde explosaient de temps à autre, transformant peu à peu les rues en véritable labyrinthe piégé, près à s'effondrer sur les assaillants.

Les elfes fatiguaient. Resserrant de plus en plus les rangs. Se couvrant mutuellement pour quelques instants de répits. Heureusement, la rue formait un goulot d'étranglement. Les victimes restaient rares. L'organisation n'avait pas été rompue une seule fois. Les rares ordres aboyés par la Protectrices avaient évité de justesse que les monstres les prennent à revers et donner quelques avantages en utilisant les bâtiments éléments de leur environnement.

Puis la donne avait changée à un carrefour. Rejoins par le gros des troupes, les trente-quatre résistants se retrouvèrent à plusieurs centaines. Les Zombies commencèrent à être refoulés. Quatre blessés graves, deux morts. Une paille. Mais les discours et les petites exploits devraient attendre.

Ils continuèrent à s'enfoncer dans la Cité mais entre les pièges magiques, les changements de directions et les zombis portant le visage de personnes parfois connues, les pertes avaient été bien plus lourdes que prévues. La Protectrice et la Commandantes donnaient des ordres éclairés. Halya resta un moment dans le gros des troupes pour les réorganiser. Quelques détachements particuliers leur permettrait de minimiser les pertes et de s'orienter facilement, quitte à devoir ralentir l'allure. Une fois fait, elle se glissa un moment sur le dos de Randil pour rattraper le peloton de cavalier de Feran. Elle leur jeta à peine les décisions qu'elle venait de prendre et repris le combat. Leurs premiers drows. Un sourire carnassier se dessina sur le visage de la louve. L'odeur chaude du cuivre se mêlait à la puanteur de la mort. Mordant, tranchant, courant, glissant, sautant, déchirant, ils se frayèrent un chemin malgré les pertes.  

Une grande place. D'autres couleurs. D'autres uniformes. Ils avaient atteint le point de rendez-vous. Très vite, tous les ennemis furent refoulés de l'endroit. Les deux armées se regroupaient, sécurisant les quartiers déjà acquis. Quelques instants de repos. Halya bouillait intérieurement. Incapable d'attendre, elle avait à peine repris son souffle, vérifier l'état de ses troupes et donné quelques ordres qu'elle s'élançait de nouveau vers l'avant-garde.

Un appel lui fit faire volte face. Toujours basse sur ses appuis, la majeure partie du visage recouverte de sang, les cheveux collés par la sueur autant que par des fluides macabres, elle posa son regard farouche sur un visage ami. Elle pencha légèrement la tête, concentrer pour ne pas simplement lui tourner le dos et retourner vers ses hommes et les lignes ennemis. Elle ne put pas écouter précisément chacun de ses mots mais le sens principal, lui, elle le saisit tout à fait.

Il y avait quelque chose d'anormal.

Et les imprévus étaient la pire chose qui puisse arriver à une armée.

Sans crier gare, elle saisit brutalement un soldat par l'épaule.

« Dites à la Commandante Feran que je suis avec le Protecteur Neraën. »


Un signe de sa part et les cinq guerriers qui ne l'avaient pas lâchée se retrouvèrent près d'elle. Randil gronda, en faisant s'éloigner deux qui s'étaient aventurés trop près de lui et se pourlécha ses babines sanglantes. Avant de courir à la suite de Neraën, Halya pris le guerrier Baar'Ane par le col, sentant immédiatement la pointe d'un couteau se ficher entre deux plaques de son armures non loin de son nombril. Incapable d'en faire le moindre cas dans l'état dans lequel elle se trouvait, elle souffla à son oreille :

« tente encore une fois de m'attaquer pendant cette bataille et c'est ta tête qui roulera au sol comme celle de ton chef. Oublie volontairement de me défendre et ce sera pareil. Je me moque d'avoir une preuve. Je le saurais. »

Une bourrade pour le faire reculer. Le métal et le silex crissèrent l'un sur l'autre. Elle lui tourna le dos sans un regard et rattrapa Neraën à petites foulées.

pour Eraison:
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MessageSujet: Re: [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur...   [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur... I_icon_minitimeVen 12 Fév 2016 - 23:47



La cité est ouverte à ses anciens possesseurs, et c’est sous la pluie de flèches dont on finit par oublier les possesseurs que le flot de métal, de cuir, de sueur et de chair Sylvaine s’est engouffré à travers la brèche. La fée s’est évaporée, le golem est devenu poussière puis néant, mais tu es toujours pleinement ouvert aux flux, prêt à réagir à la moindre menace, et traquant la source de ton malaise. Les archers sombres restés dans les remparts, pris en cisaille poussèrent leurs derniers cris lorsque tes yeux se posèrent sur les ruines de ce qui fut autrefois l’une de vos magnifiques cités. La végétation est morte, les pierres sont craquelées, Eraïson n’est qu’un radeau de désolation voguant sur la terre brûlée. La végétation a peur de se réapproprier les lieux, parce que la Symphonie y pleure d’acides larmes de sève et y gargouille de rage. Il y eut un temps de flottement, et puis Liltalaima se mit à grogner. L’ennemi approchait sous sa forme la plus écœurante.

À quel point pourrais-tu regretter la puanteur de mille Toer Tamindal baignés de liqueur et de gerbe ? Tu ne le saurais que lorsqu’une brise provocatrice exposerait tes sinus à l’infect parfum d’une armée déjà morte. Tu ne pourrais le concevoir qu’à la vision d’elfes arrachés au sein de leur mère jusque dans la mort. Non contents de tuer les Sylvains, les Noirelfes dans leur quête de vengeance les ont humiliés, les ont bafoués, et sont allés jusqu’à leur interdire le dernier repos. Voilà maintenant que tu manques de succomber à la rage, toi qui ne reconnais pourtant aucun des visages à moitié nécrosés. Tu imagines sans la connaître la douleur de ceux retrouvant dans ces ennemis leurs anciens partenaires, amis et famille, devenus corps sans âmes et sans pitié. Le véritable combat s’engage. Les flux tourbillonnent. C’est ton extrême concentration qui te sauve des effluves sentimentales, c’est l’immense quantité de magie emmagasinée sur le champ de bataille, et l’idée des dangers qu’elle représente, qui t’empêche de sombrer.

Un rideau de carreaux transperce l’armée de trépassés de part en part, sans ralentir sa marche le moins du monde. La magie vient exploser contre les viscères délabrées, creusant les premières trouées dans les rangs des golems de chair, et puis finalement, ce sont les forces armées qui plongent, à force de bras de jambe, tous tranchants en avant dans l’immondice. Dire que tu es à l’aise dans cet affrontement de la vie contre la mort serait un mensonge, comme il en serait un de dire que tu ne t’attendais pas à de telles stratégies de la part de ceux qui ont empoisonné le l’Uraal il y a quelques décennies de cela. Qu’Eteniril se rassure, tu ne leur a pas menti, et en cette heure, tu le leur prouverait.

Tu soulèves la terre brûlée d’un bras et tu fais descendre les nuages de l’autre. Le mouvement vole l’énergie à l’eau pour l’offrir à la pierre. D’un côté tu crées le froid, de l’autre tu souffles la chaleur. La pierre se fend, ses entrailles bouillonnent, le fluide brûlant prend vie et s’échappe des pores de sa roche mère. La langue de feu modèle sa génitrice à l’image qu’elle s’en fait. Ainsi naît la sculpture du cracheur de magma. Les nimbus se condensent, le froid tourbillonne. L’eau et la glace s’allient, retenus entre eux par l’atmosphère électrique créée par la tempête qui les accompagne. Il serpente et cueille chaque goutte d’eau pour les faire siennes. Au-dessus de toi se soulève celui qui est né du déluge et apporte le blizzard. Et tu es leur maître. Maître d’une magie aussi élégante qu’elle est destructrice. De jetés en vrilles, bras claquant puis glissant au rythme des pulsations que te siffle ton focaliseur surchauffé, tu verses le magma et appelle la foudre. Tu te laisses vivre au bord du fil, à deux doigts de te perdre dans l’art au lieu de le posséder. Tu deviens un catalyste fou, tu t’agrippes à des flux bien trop accessibles, bien trop ordonnés, comme déjà guidés. Tu utilises pour cette bataille une arme offerte par l’ennemi. Si l’épée de Damoclès est mise entre tes mains, c’est pour mieux t’humilier lorsqu’elle versera ton sang.

Celui qui agit dans l’ombre secoue son appât, et toi Sorcier alléché tu rassembles le poisson, et tu te jettes avec droit dans ses filets. Tu avances aux côtés de tes créatures, croyant fermement protéger ceux qui deviendraient en réalité devenir tes victimes si tu ne stoppes pas ton jeu. Et alors tout s’arrête. Un nom sonne dans le lointain… et alors c’est le vide. Halyalindë… Alors ici se rejoignent les troupes d’Ardamir et d’Eteniril. Halyalindë est toujours en vie… tu n’en attendais pas moins d’elle après tout. Tu t’avances en direction du cri pour entendre ce qu’il en est, laissant s’effriter tes créatures sans refermer ton ouverture, tu cherches à savoir ce qu’il est advenu d’olorïel, mais c’est tout autre chose que tu apprends. Plus les mots sont clairs et plus la magie s’amenuise. De si peu… mais plus tu t’approches d’eux et plus ta communication avec les flux est difficile. Le capitaine…votre capitaine… TON commandant décide de s’éloigner, pour vérifier. Et l’imbécile plonge dans le vide, emportant avec lui ton amie.

Et alors la vérité te frappe, et tu comprends ce qu’il cherche. Et contre tous les ordres, tu te jettes à sa poursuite, rattrape aisément le petit groupe pour lui barrer le chemin. Ton regard, emprunt d’une sévérité que personne n’aurait pu lui soupçonner, plonge dans celui du Protecteur… et alors, ignorant toute notion de rang, de politesse, ou même de respect, tu t’adresses directement à lui.

- Espèce d’idiot ! Lorsque l’on recherche la source d’une anomalie magique, c'est non seulement une aberration que de rejeter les flux, mais c'est le comble de la stupidité que de se diriger vers le déficit ! La source d'une anomalie est toujours là où il y a excès. La magie peut être rassemblée, mais jamais chassée. Du moins pas par un mage.

Tu prends les avants, à la recherche des fluctuations dans la magie des lieux, à l’écoute du moindre tintement. Tu oublies la Symphonie pour un temps, ton métronome interne cherche à suivre vers où est-ce que cette insidieuse brise porte les flux.

- Si vous tenez réellement à trouver l'origine de l'altération, suivez-moi plutôt que lui.

Aussi sensible que tu sois aux variations des flux, aussi confiant aurais-tu voulu paraître devant eux, tu sais très bien que traquer d'aussi infimes variations se prouverait un travail de Titan. Même pour toi. Qu'est-ce que tu aimerais qu'Anorn ait été là pour te prêter main forte... ou que le commandant d'Eteniril daigne véritablement s'ouvrir.

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Haldren
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MessageSujet: Re: [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur...   [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur... I_icon_minitimeSam 13 Fév 2016 - 16:34


Les caves sous l’ancien entrepôt n’étaient plus éclairées par des torches, celles qu’Haldren avait amenées avec lui se trouvant depuis longtemps entièrement consumées. Mais il n’en était plus nul besoin désormais, car les lieux rougeoyaient comme si un dieu dément venait de les tirer tout droit des enfers. Les voutes massives et les débris de barriques entassées dans les coins semblaient prendre vie à la lueur écarlate émanant de la gemme que l’archimage gorgeait d’énergie. Il devenait presque difficile de deviner qu’il s’agissait à l’origine d’un rubis, tant ce joyau brillait comme un petit soleil crépusculaire. Un œil de feu entouré de plusieurs vortex magiques pour assister le dément dans son rituel, un cercle de pouvoir apte à déchirer la trame même de la réalité et permettre d’enclencher l’un des pires cataclysmes de l’histoire de Miradelphia.

Depuis des heures, Haldren guidait les flux d’énergie vers le rubis, le gavant telle une oie de carnaval. Les sortilèges magiques qui se déchainaient durant la bataille et les forces vitales issues des âmes des morts lui permettaient d’accélérer la cadence, et il phagocytait avec ardeur tout flux passant à sa portée. Un façonneur censé vous expliquerait que les gemmes ont une capacité limité d’absorption, et que la dépasser vous placera face à un grave danger d’instabilité. Si une gemme peut mathématiquement contenir une quantité d’énergie infinie, elle atteint assez vite le stade où le moindre effleurement relâchera d’un coup tout ce qu’elle a accumulé. Le façonneur qui s’y risquerait ne survit généralement pas à l’expérience, pas plus que sa maison ou la cité dans laquelle il réside.

Le drow savait cela, et il était pleinement conscient que le rubis se trouvait largement au-delà de toutes les marges de sécurité recommandées dans les grimoires. Mais au contraire d’un façonneur, il ne cherchait nullement à enchâsser un sortilège dans sa gemme, ne l’utilisant que comme un réservoir pour son rituel. La création d’un Nœud impliquait en effet d’amasser dans un espace réduit bien plus d’énergie qu’un mage ne pourra jamais en manipuler. Pour éviter de se faire désintégrer par les forces occultes qu’il maniait, Haldren devait donc prendre le risque de réaliser son rituel en tenant dans ses mains une mini-bombe prête à exploser à la moindre erreur de sa part.

Autour du rubis, à l’intérieur des cercles tracés au sol, l’air paraissait anormalement épais, presque tangible. La zone devenait opaque, empêchant de voir ce qui s’y déroulait lorsqu’on ne la regardait qu’avec ses yeux. Un mage, lui, repérait immédiatement la fracture qui se créait lentement, telle une blessure s’ouvrant sous l’assaut du scalpel. La trame même de l’univers se trouvant entre de telles concentrations de magie ne résistait plus que fort difficilement, et Haldren attendait avec avidité le moment où les lois physiques céderaient enfin le pas à celles du chaos. Par moment, une bouffée d’énergie s’échappait du Nœud en formation et filait dans une direction aléatoire.

En surface, dans une rue toute proche, un mage elfe se retrouva nez-à-nez avec un zombie. Pris par surprise, il incanta à toute allure un sortilège de lame d’air qui lui permettrait, l’espérait-il, de cisailler les tendons de la créature et de la ralentir suffisamment pour que des soldats viennent l’achever. Alors que ses doigts dansaient le savant ballet des praticiens des arcanes, l’elfe fut prit dans une de ces bourrasques chaotiques qui jaillissaient du Nœud en formation. Tel un nonagénaire qui aurait avalé une boite entière de Viagra, il se sentit brutalement emplit d’une énergie inconnue, quasi douloureuse, et qui se démenait pour être relâchée. Le sortilège enfla, et la lame d’air qui jaillit trancha non seulement les tendons du zombie, mais également la chair, les os, et le bâtiment qui se trouvait derrière.

Atterré, le mage elfe regarda ses mains d’où venait de jaillir cette puissance incroyable. Il se sentait dans la peau du propriétaire d’un petit caniche pelé qui voit avec stupéfaction son vieux toutou mordre férocement un rottweiler. Dans une telle situation, Raoul Wolfoni aurait probablement sortit une tirade du style « Alors ? Je l’ai éparpillé par petits bouts façon puzzle, le gros con de Montauban ! Moi quand on m’en fait trop, je négocie plus. Je dynamite, je disperse, je ventile ! ». L’elfe n’ayant aucune connaissance des talents de dialoguiste d’Audiard, il lui fallut se contenter d’un modeste « ben merde alors » qui lui valut une note de six assez généreuse de la part du jury. Ironie de l’histoire, ce moment de surprise l’empêcha de remarquer à temps le second zombie qui approchait de l’autre côté.

[HRP : La suite de l’event pour mon perso se déroulera dans ce rp]
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MessageSujet: Re: [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur...   [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur... I_icon_minitimeVen 19 Fév 2016 - 15:01

La salle était vide, silencieuse. Le brasier crépitait, récemment nourri de ce qu'on avait pu trouver pour ça. Il faudrait que les elfes l'éteignent eux-même quand ils reprendraient l'endroit, Elvad se l'était juré, il brûlerait tant qu'il y aurait encore un fils du Père debout dans le palais. Il se releva de sa position agenouillé, portant son regard sur la salle alentours. Elle était baigné de la lumière du soleil à travers les larges fenêtres de l'ancienne salle de réception, rendant inutile les braseros qui la parsemaient pourtant. Au dehors, il percevait le grondement des armées elfiques qui devaient déjà progresser à travers la cité. Si les pièges des mages avaient fonctionné, ils en auraient pour de longues minutes à reprendre le contrôle des rues. Se retournant vers l'autel d'Uriz, Elvad plongea son regard dans les flammes épaisses, presque vivantes. Du poing il se frappa la poitrine à l'emplacement du cœur, faisant résonner son épaisse cuirasse sous les élégantes voûte elfique. Puis il fit demi-tour et se dirigea d'un pas rapide et droit vers la sortie de la pièce, attrapant au passage la peau d'ours qu'il avait jeté sur un chandelier éteint et l'attachant à ses épaulières comme une cape.

Lorsqu'il arriva, après quelques escaliers, dans l'entrée principale du palais, il fut assaillis par le bruit des soldats drows. La grosse centaine de guerriers qui avaient décidés de rester derrière dans le seul but de faire payer aux taledhels chaque mètre récupéré était assemblée ici, chacun préparant ses armes, enfilant son armure, s'encourageant par des blagues ou des prières. Il n'y avait pas d'unités ou de formations ici, juste une poignée de vétéran qui ne craignaient plus la mort depuis des décennies et n'avaient que faire de leur destin tant que celui-ci était sanguinolent. Ce qui ne voulaient pas dire qu'ils n'avaient rien préparé : les armes de sièges conçus par les drows au début de l'occupation de la ville, désormais inutile au vu du peu de servants, avaient été démontés et utilisés pour créer des barricades renforcés de tout ce qu'on avait pus récupérer, des statues au mobilier. Certains des couloirs et des entrées secondaires du palais avaient été effondrés au mieux pour canaliser l'avancée des troupes elfes qui voudraient reprendre les lieux directement sur leur position.
Dans les rangs, des outres d'une étrange boisson jaune tournaient parmi les soldats. La mixture fumait et dégageait une odeur particulièrement désagréable mais l'on pouvait voir des soldats s'en servir de grands bols qu'ils descendaient d'une traite, généralement après avoir trinqué à leur mort prochaine. Après avoir bu, leurs mouvements devenaient saccadés, leurs pupilles s'agrandissaient et ils étaient comme nerveux, secoués de tiques. Certains se débarrassaient de leur armure, prétextant qu'elle les gênait. D'autres se mordaient les lèvres jusqu'au sang ou frappaient à main nues des planches de bois suffisamment fort pour faire apparaître leurs phalanges.

Elvad rejoignit un endroit où une petite dizaine de soldats s'affairaient à se préparer, autour d'un peu de matériel laissé par l'armée pour leur usage. Il posa son casque sur la table et amena à lui un pot en terre cuite contenant une graisse épaisse. Un des soldats lui tendit l'une des outres qu'il refusa d'un geste. Attrapant sa hache à la ceinture, juste sous le manche, il commença à en tartiner la lame de graisse. Il lui fallut plusieurs minutes pour recouvrir correctement le métal noir. Une fois ceci fait il reprit son casque à la main et se dirigea vers l'entrée du hall. Là, juste en face de la porte principale, on avait dressé un genre de gibet auquel, pendu par les mains, était accroché le cadavre du Dyarque, voulu comme une ultime provocation. Il s'arrêta non loin, légèrement en retrait, portant son regard au-delà des barricades dressées par les drows et des portes bâties par les elfes, dans les larges rues qui s'étendaient vers la ville, guettant l'arrivée de leurs ennemis tandis que les bruits de bataille se rapprochaient petit à petit. Il enfila son heaume et attendit.
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MessageSujet: Re: [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur...   [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur... I_icon_minitimeSam 27 Fév 2016 - 23:08


Ardamir et Eteniril étaient réunies. Les protecteurs de chacun de ces protectorats étaient partis vers le nord-est, guidés par quelque chose que les Elfes en général n'arrivaient pas à ressentir. Menendas ragarda un moment son protecteur et commandant partir, inquiet de devoir laisser Neraën sans grande protection mais n'ayant pas le choix que d'obéir à son ordre. Il avait déjà réussi à négocier cinq soldats et un mage, c'était déjà pas mal vu la tête de mûle que son supérieur hiérarchique était. Alors la marche reprit et il ne concentra son esprit plus que sur la reprise de la ville. De toute façon, même s'il ne pouvait comprendre ce qui amenait le commandant à lui confier les troupes, il ne pouvait désormais plus rien faire d'efficace pour l'instant le concernant.

L'avancée était dure, périlleuse, semée de pièges magiques. Mais rue par rue, quartier par quartier, les deux armées avancèrent. Mais au bout d'un moment, avant qu'elles ne purent retrouver celle qui passait par la troisième brèche, ils se retrouvèrent devant un phénomène tout à fait anormal.

"Restez pas là il faut avancer !
- Capitaine...
- Quoi ?
- Il faut que vous veniez voir.


Menendas jeta un regard noir à la jeune épéiste qui le regardait confusément. Il n'aimait pas lorsque les soldats trainaient, c'était même rare que cela arrive. Surtout pour un mort. Mais comme dans le trio contemplatif se trouvait l'un des soldats que l'on pouvait qualifier d'anciens, il accepta en bougonnant de s'approcher. Et le jeu en valait la peine : un mort, l'un des leurs, mais qui s'était éteint seulement après avoir reçu un coup d'épée dans la cuisse. L'arme l'avait certes traversé, mais de là à le tuer ? Les dires de la jeune femme confirmèrent son angoisse naissante : avant de s'éteindre brusquement, même la jambe percée de part en part l'elfe avait pu communiquer sans problèmes, un mage de la vie aurait suffit à ce qu'il puisse à nouveau bouger. Mais son esprit était subitement parti. De même, il s'avéra que d'autres soldats connurent ce même funeste sort, sans que personne ne sache pourquoi.

- Toi, va prévenir la commandante d'Ardamir qu'il y a un souci ! Il y a des risques que ce soit de la magie. Et vous tous, cria-t-il ! Que je vois un seul d'entre vous se laisser se faire blesser, quelle qu'en soit la raison, et il aura affaire à moi ! De même, le premier qui s'amuse à faire l'humain, j'lui en colle une ! Alors quand on aura enfin ces putains de Drows en face de nous, même s'ils vous en ont fait voir de toutes les couleurs et qu'ils ont osé profaner nos frères, nos familles, vous restez maîtres de vous ! Et maintenant on y va, sinon les autres vont tous se les faire avant nous !"

Le mot passait et les différents hauts-gradés comme anciens dans les différentes armées faisaient en sorte que ni la haine ni la peur ne prenne d'assaut leurs frères. Encore des morts-vivants, encore un quartier. Puis enfin ils débouchèrent devant le palais. Ou du moins ce qu'avait été le palais d'Eraïson, désormais plus que l'ombre de lui-même. Peu fous, les Elfes ne s'attaquèrent pas au bâtiment comme ces idiots d'Humains auraient fait, c'est-à-dire en y allant tête baissée tout en hurlant... c'est un peu comme cela que les éphémères se rendaient compte bien trop tard pour eux qu'il ne fallait pas s'attaquer à la Prime Forêt ni à ses habitants. Les Elfes s'étaient donc répartis de sorte à ce que même la magie ne puisse que toucher le minimum d'entre eux, en cas d'attaque de la part de satanés mages. Après concertation, plusieurs patrouilles aussi bien ardamiroises qu'eteniriliennes furent dépêchées pour faire un bilan des fortifications drows et voir comment ils pourraient les faire sortir de leur nid provisoire. Encore une fois, les mages de guerre allaient être bien utiles.

Lorsque les différents rapports furent faits auprès du capitaine Menendas et de la commandante Feran, le premier prit un temps de réflexion. Le commandant de la troisième armée était désormais avec eux.

"Bon... ce sont des sombres, ils aiment donc le combat. Ca ne m'étonnerait pas qu'ils vendent leur âme dans un dernier combat. Mais le mieux serait de les faire sortir en premier histoire d'être sûrs qu'ils ne vont pas user de magie.

Menendas était d'un calme parfait, mais au fond de lui c'était une véritable rage qui le tenaillait. Utiliser les morts elfes pour en faire des zombis contre leurs propres frères, user de magie noire pour prendre la vie de blessés, et maintenant exiber le cadavre de l'ancien protecteur d'Anaëh ! S'il ne savait pas autant maîtriser ses émotions et que les siens n'avaient pas appris à en faire autant au sein de l'armée, plus d'un se serait certainement rué sur le palais ou bien d'autres auraient baissé les bras face au désespoir. Et cela personne ne pouvait se le permettre. Pas maintenant, pas si près de leurs objectifs.

- Un moyen pourrait être de les enfumer avec de la magie, de sorte à les forcer de sortir. Ce sera déjà plus simple pour les exterminer ensuite. Pour le reste on a les archers qui pourront les avoir à distance. Placés dans les maisons, ce ne devrait pas être trop compliqué pour eux."

Il n'était pas le meilleur concernant les stratégies de siège - ce qui pouvait se comprendre puisqu'il n'avait jamais eu à en faire et que les batailles dans les bois ou encore la protection de sa propre cité étaient ses domaines de prédilection. Peut-être que les deux commandants auraient des idées plus précises ?
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Halandarin Las'Danir
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MessageSujet: Re: [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur...   [MdO-10ans] Je vous offre du sang, de la peine, des larmes et de la sueur... I_icon_minitimeSam 5 Mar 2016 - 14:13





-122... Souffla-t'il en essuyant la pointe de sa lance, assis sur un décombre, en haut d'un toit de brûlé, couvert de sang et de suie, celui-ci se fondait particulièrement bien dans ce décors...

De là haut, il observait la bataille se déroulait, et fondait sur les quelques malheureux qui passaient à porter...

Il exécutait avec hargne, violence et rage... Il ne veillait pas à sa santé, et cela lui avait valu une dizaine de coupures assez légère sur les bras, et une entaille suffisamment importante pour l'inquiéter sur la résistance de son armure... Halandarin était cependant couvert de sang, mais pas le sien... Celui des elfes qui étaient morts à ses côtés, des Drow qu'il avait littéralement déchiqueté, éviscéré, torturés...

Le Toer Tamindal avait goûté au sang une fois de trop, et cela l'avait totalement embrasé, son regard ne témoignait d'aucune pitié, d'une simple haîne, d'un esprit prédateur... Mais la pause qu'il venait de prendre était bienvenue... De là haut, il observait le palais à quelques cinq cents mètres, en voyant la cours le bordant d'ici, il avait pu remarquer le mouvement d'un groupe d'elfes... Ils voulaient vider l'enceinte du Palais ? Probablement... Il observerait... Calmement... Paisiblement, avant de fondre sur les proies qui sortiraient de cette enclave... Par simple principe il attendrait que la situation soit.... Risquée pour ses "frères"...

Il attendrait donc ici, observant l'avancement du piège tendu par les elfes, qui commençaient déjà à enfumer la grand porte à l'aide de ce qu'ils trouvaient...


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