[Mare Noire] Les Façons de Sol'Dorn

C’était vraiment le moment pour que Sol’Dorn vienne se mêler de vos affaires… pas que cela t’étonnait le moins du monde, vous étiez en zone de guerre après tout, mais pourquoi maintenant ? Ne pouvait-on pas attendre que tes affaires soient en ordre avant de forcer des prêtres purulents dans ton espace vital ? Mais au moins c’était là une affaire qui devrait être vite et rondement menée. Qu’y avait-il d’autre à ajouter après tout ? Si les prêtres hérétiques de Sol’Dorn s’étaient décidés à capituler – parce qu’appeler les armées Eldéennes au combat lorsque l’on était une pauvre ville étouffée comme l’était Sol’Dorn, c’était capituler – alors pourquoi pas ? Vous auriez enfin autre chose à penser que ce satané siège et toutes les imbécilités qu’il servait à excuser.

Du moins c’est ce que tu croyais.

Parce que le messager ne serait pas pris au mot par tous. Parce que l’hérétique ne serait pas jugé de la même manière par tous. Parce que l’un, trop froid, l’avait exécuté sans sommation. Parce que l’autre, trop tendre, désirait le tirer de son affliction, et que la dernière, trop curieuse, était incapable de se saisir du prétexte que l’on venait de gracieusement vous offrir. Au moins tout cela donnerait lieu à un divertissant spectacle. Tu avais toujours trouvé amusant de regarder la mort se perdre en confusion. Peut-être y avait-il eu un peu de ça dans ton acharnement à porter à conclusion vos dernières expériences, mais là… là c’était surtout l’espoir de voir la mort s’accrocher à la Triumvir qui rendait la situation intéressante.

La trame parcourue d’inquiétantes vibrations. La mage de l’esprit au sol. La mage de l’esprit relevée. Le calme qui refusait pourtant de revenir. La mort qui danse, danse, valse entre un homme et une femme, non contente de savoir que l’un lui était destiné, faisant risquer le même sort au second. La perspective de voir une Flamme étrangère conquérir les souvenirs de celle qui l’a recueillie. Toujours dans le silence cérémoniel qui t’a pris à l’arrivée des Kyorl, tu attends, tu observes, incapable de réprimer d’abord le début d’un sourire… puis un rictus de déception.
La main de Ran’Lyn trouve ton épaule nue, comme pour te réconforter, mais ses yeux ne donnent que sur l’Obok Senger. Quand celui qui avait abandonné le C’nros pour la Zho’Us Raghar se demandait quelle serait la réaction du militaire, c’étaient celles du Haut-Prêtre de Tesso qui t’intéressait le plus.

- Alors ?

Autant à Ssol’Riss qu’à Viconia, le ton pointu laissait entendre ton impatience. S’il fallait attendre que l’Obok Senger se décide à ramener sa carcasse surdimensionnée pour commencer à parler… ce n’est pas comme si dire quelque chose d’intéressant au lieu de le regarder avec des yeux d’amphi-hydrus serait probablement un peu plus motivant.

Je secoue la tête latéralement en réponse à Krish, lui murmurant quelques mots dans une grimace qui semble non maîtrisée. « Peut-être que tu devrais poser la question à celui qui a tué. L’a-t-il vraiment fait avec aussi peu de réflexion qu’on pourrait le penser ? » Je suis convaincu du contraire et pour cette raison me focalise tout ce temps sur la mauvaise chose, mais tu es là pour veiller, et tu attends que des choses se passent avant de prononcer un mot, Kiran. La moitié visible de mon visage se ferme et je fais un pas vers la forme surplombée par l’autre prêtresse de Kiran. Même à cette distance, même sous cet angle, je sais quoi chercher, et je le trouve. Je ne fais pas un pas de plus, un m’a suffit, et je semble me figer. Je sais qui il est, un Somnolent, et je connais sa mission, mais je n’en saurais pas plus, et ne partager que ça semble futile. Un pas en arrière et j’ai retrouvé ma place aux côtés de Krish, un nouveau murmure franchit mes lèvres. « Il est à nous. »

Pendant un instant je ne suis plus certain de la quantité et la qualité de la réflexion de Kerath. Cela ne devrait rien changer car personne ne peut les identifier eux, que même au sein de ton culte presque tous ignorent leur existence, que l’Obok Senger ne peut les différencier de nos ennemis, mais je suis légèrement agacé. La situation s’éclaircit quant à elle autant qu’elle s’obscurcit, et une porte se ferme alors que d’autres s’ouvrent. La seule certitude est que ce Somnolent est imparfait, alors que la mort n’aurait dû le ramener jusqu’à nous, et qu’une faute l’a poussé à se perdre. Heureusement, l’imperfection sert parfois, et ce pourrait être le cas. Je te demande de confirmer quelques choses, en silence, alors que les étoiles mauves disparaissent des ténèbres du masque. Quand tu me le confirmes je fais à nouveau le pas précédent, et un autre, et je reste en place, toujours aussi silencieux.

Là, Valsrik’Hrae est le premier à s’impatienter, je souris.

« Je sais ce qu’il est, je sais où il était. » Je commence, d’une voix calme et bien neutre. Je peux tout rendre compliqué, et tu me le proposes, mais je ne suis pas Ssol’riss Ulnen, et je peux servir plus d’une seule entité. « Un agitateur, probablement en contact avec les populations Dorniennes par la voie de Kiran. » Une pause. « Une maladie d’origine magique qu’il aurait contracté auprès d’eux ? » Une tête qui ne regardait personne qui se baisse alors que j’insulte la flamme d’un des tiens. « Un agent démasqué, un défi qu’ils nous envoient ? Un piège ? » La Gardienne ? Je ne le dis pas, que ce soit vrai ou non, cela ne pourrait-il pas laisser sous entendre que les Dorniens ont la véritable version de leur côté des murs ? Cette fois je pose un regard sur Kerath… « Une explication pour ça ? » …puis sur Viconia. « Ce que vous avez capté ? »

C'est l'Obok Senger qui parle le premier, finalement, et après une période d’hésitation qu’il passe à me regarder, il hausse la voix pour être audible même à travers son heaume. « Ce n’était pas un messager mais un message. Nous l’avons entendu, nous n’en avons plus besoin. » C'est logique, mais pas terriblement excitant, tu me dis, et j'acquiesce.

Krish acquiesce à la révélation du Haut-Prêtre. C'est exactement le genre de détail qu'elle voulait savoir. Un agent de leur bord... Pour Kerath, elle doute qu'il y ait plus qu'un mouvement extrême du à leur stratégie. Fort imprudent car la magie est quelque chose de traitre, surtout lorsqu'elle est utilisée avec suffisamment de ruse. Il aurait pu faire de gros dégâts, mais encore une fois, elle n'estime pas que le temps soi venu de chercher un coupable ou de savoir si ce geste était une bonne ou une mauvaise idée d'un point de vue stratégique. Elle aurait bien mis le Senger à genoux pour l'action accidentelle que cela avait produit sur Viconia, mais la jeune femme semblait parfaitement capable de s'en défendre toute seule. Si elle s'imposait cela aurait bien plus d'impact que si la Prime Flamme venait à sa rescousse.

Alors Krish réfléchit encore. Envoyer la Doth'Ka et le culte pour faire un rapport en une ou deux heures semblait la solution la plus prudente. Les précisions encore apportées par Ssol'riss lui semblent étonnamment claires. La réaction de Kerath, elle, était étonnamment... proche de ce qu'elle pouvait en attendre.

Mais qui disait message, disait que plus de leurs réseaux avaient peut-être été compromis. Attendre un rapport régulier ne lui disait nullement. Un signe et la Garde Silencieuse approchait d'elle.

- Trois de vos membres. Les meilleurs. Je veux savoir s'il est passé par les grandes portes ou par un passage dérobé. Et je veux savoir si c'est bien la Haute-Prêtresse Ssasha qui nous a envoyé ce gamin dans deux heures grand maximum. Profitez-en pour un rapport sur la situation générale. " La jeune femme s'inclina respectueusement et s'éloigna pour disparaitre entre les tentes en un instant. La Triumvir légèrement en retrait se porta de quelques pas du côté de Viconia, les bras croisés, l'oreille tendue vers les échanges d'informations qui avaient lieu.

Le regard de Kerath passa du haut prêtre à la haute prêtresse alors qu’elle donnait des ordres qu’il n’entendait pas à son ombre mais peu importait qu’il les entendaient ou pas ces fameux ordres, après tout il s’en moquait, alors son attention se focalisa à nouveau sur Ssol’riss mais pas pour longtemps ; déjà parce que ça ne servait à rien de se demander ce qu’il cachait, et aussi parce que un mouvement dans son champ de vision périphérique lui fit tourner la tête alors il se tourna pour faire face à la prêtresse qui s’approchait et en l’écoutant il ne savait pas s’il devait rire ou pleurer. Mais voilà, c’était sa supérieur, et une prêtresse qui plus est, alors il lui obéis, il retira son heaume qu’il tint sous son bras et il hocha la tête. Sans détourner les yeux le général se racla la gorge pour parler.

« Je comprends. Ria’las retourne au camp nord et envoies des messagers aux forces du second ost éparpillées dans les seigneuries morcelées, qu’ils reviennent. Leur mission est terminée. »

Après un bref salut la commandante de la Garde Draconnique partit au pas de course vers les écuries du camp sud, faire le trajet à pied n’était pas particulièrement attirant. Puis il écouta le discours haché avec une certaine impatience. Tout ça pour ça… désormais qu’il n’avait plus son casque sur la tête tout le monde pouvait voir qu’il leva les yeux au ciel.

« Et alors? Ils sont aux abois, rien de nouveau. Une tentative désespérée de plus. Laissons-les crever de faim entre leurs murs et rejoindre leur place légitime. Place qu’ils auraient déjà dû rejoindre. »

Il avait hésité à se retourner pour adresser sa dernière phrase directement à Krish mais ça ne servait à rien d’ouvrir un second front maintenant. A la place il lança un regard noir à la seconde triumvir en croisant les bras sur son torse, le frottement du métal stria les oreilles de ceux autour, mettant un terme aux conversations.

« J’accepte que tu me… raccourcisse, comme tu dis, à deux conditions : que tu t’en occupes personnellement et que tu expliques bien aux osts que tu as exécuté un Obok Senger d’Thalack parce qu’il a osé tué un traître. »

- En effet.

Profitant d'une inspiration poussive de sa jeune collègue, Krish avance d'un pas. Là où elle ne montrait qu'un visage sombre quelques instant plus tôt, l'ordre sans détour de Viconia avait fait renaitre un petit sourire en coin.

- Et il n'a pas a poser de conditions à son exécution alors qu'il a failli tuer une Triumvir. L'accident n'est pas une excuse. Cette simple marque d'irrespect envers toi pourrait seule lui coûter la tête. C'est un tempérament de feu qui tente de justifier maladroitement un geste emporté tout sauf stratégique. Mais s'il refuse de tenir sa langue devant une personne qui n'a pas gagner son respect; ce que j'apprécie venant d'un Senger; regarde : il ne réfute pas sa responsabilité dans ta mise en danger et sait lorsque le temps est venu de mettre un genou en terre et d'assumer sa fautes devant sa supérieure légitime. " Elle doutait cependant qu'il demande ni pardon ni clémence. Tout ce qu'elle lui demandait, c'était de se taire. La situation était plus absurde que ça. La question du devenir du prêtre était sujette à caution. Celle du risque encouru par Viconia ne l'était en aucune façon.

Hélas, l'important pour l'heure n'était pas de convaincre l'un ou l'autre de ces jouteurs à deux écus, mais de faire en sorte que sa voix touche les oreilles qui avaient entendues le ton monter. Qu'ils entendent que leur général avait fait une erreur et qu'il en était conscient. Qu'ils voient le pouvoir exercé avec raison et fermeté, non qu'ils puissent l’interpréter comme un simple désir de domination.

- Comme tu es capable, toi, de savoir lorsque ta magie a porté si loin que tu n'es plus tout a fait toi-même. " ajouta-t-elle, regardant Viconia droit dans les yeux en se mettant de profil, comme un arbitre au bord du terrain. Lui retournant le regard, l'émeraude se pose dans le rubis doré sans peur. Le visage de nouveau sérieux, elle continua sans la lâcher. La façon de se tenir et la voix de la jeune mage n'avaient rien à voir avec son ordinaire grandeur. " Valsrik'Hrae, Ran'Lyn, faites profitez Ranaghar de notre hospitalité pendant que ces dignes prêtres accompagnent Viconia dans sa tente pour s'assurer que son corps, son esprit et sa Flamme ne portent aucune séquelle.  "Un sourcil fin se hausse abruptement sur le visage de Viconia, mécontent. L'implication ne lui plait pas... Se faire traiter comme ça, en sous fifre, voilà bien une nouveauté de Krish…  -  La Doth'Ka est déjà sur les traces de ceux qui nous ont envoyé ce mystérieux messager. Nous aurons de plus amples informations dans les deux heures. "

-Tu as raison, son châtiment peut attendre. Mes soins non.

Finit-elle par acquiescer avec réticence. De son point de vue, il aurait fallu agir vite et sans s'entre miner… Grinçant des dents silencieusement derrière un sourire de façade, elle se tourne alors vers celui qui a pris la peine de lui porter assistance.

-Maitre Ranaghar, le choix est tien…. Pour le temps de ton séjour, mon esclave et mes quartiers seront à ta disposition…  

Tranquillement, tournant les talons, elle relâche le bras du mâle, lentement, et se dirige vers ta tente, droite et raide. Se forçant à aligner un pied devant l'autre, attendant d'être dans son intimité avant de s'autoriser à s'affaler sur les coussins de sa couche.

Se détournant du dos de sa consœur, Krish se tourna donc vers le second problème. Debout au dessus de Kerath, elle prend une seconde pour le regarder, attendant au besoin la fin d'un verset pour lui demander respectueusement d'arrêter de prier.

- Ta tête ne tombera pas pour l'instant. Nous avons encore à parler de ce prêtre, mais tu as menacé la vie de celle que tu as juré de servir en acceptant la charge d'Obok Senger. Il est hors de question que cela reste impuni. " Tout en parlant, elle avait saisit le bras de l'homme, l'étendant sur le côté tout en maintenant sa seconde main sur son épaule pour lui faire comprendre qu'elle ne l'autorisait pas à se relever. En quelques mouvements précis, elle défit elle-même la spallière et les protection de bras de l'Obok Senger sans toucher au reste de son armure. Elle tira son couteau sans hésiter pour couper le tissus matelassé si elle en trouvait, jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien sur la peau couturé de l'homme. Alors seulement, elle lui demanda de se remettre debout... Et dès qu'il fut sur ses pieds, elle se plaça pour rompre l'articulation du coude d'un coup sec.

- Tu m'as privé de mon bras droit pour les heures à venir, il n'est que justice que je te prive du tien. Je t'interdit d'utiliser la magie pour le soigner. Les prêtres qui s'occupe de ma consœur nous diront si cette perte mutuelle doit être permanente ou non. " lança-t-elle bien fort avant de le relâcher, lui faisant face, yeux dans les yeux pour attendre sa réaction. Si sa réaction n'était pas trop violente, elle aurait sans doute le temps de l'inviter à la retrouver dans la tente de l'état major d'ici deux heures, quand son bras auraient été pansé.

Une mascarade. Une véritable mascarade. Tu savais Viconia complètement folle, tu savais Urgoll’Ven avoir cédé, mais s’il on t’avait dit que leur bêtise avait fini par atteindre Krish… que le feu d’Uriz lui-même s’était mis à prendre part ces stupides jeux… tu ne l’aurais pas cru. Et surtout pas lorsque cela venait d’une amie. Finalement, d’entre toutes les informations rassemblées à l’aune de l’arrivée du prêtre-faux-traître, ce fut probablement celle-là la plus importante : la vanité avait pris vos dirigeantes. Une vanité qui les poussait à croire leur vaine expertise plus précieuse que celle d’un Sombre ayant compris les mêmes choses, plus vite, et sans avoir recours à quelconque magie de bas étage. Une vanité qui les poussait à blesser vos chefs de guerre à la veille de batailles. Une vanité qui les poussait à croire qu’elles étaient celles que vous aviez juré de servir.

Jusque-là tu n’avais pas réagi, tu t’étais contenté d’attendre ton heure, marinant dans ta première vexation. Toi, récipient du pouvoir de Tal’Berith, Krish venait de te parler comme à un servant. Et d’entre tous, Krish devrait savoir que l’on ne te parle pas comme à un servant. Certes, elle est le Feu d’Uriz. Certes, vaisseau de la Chimère, tu es son Gardien. Mais tu n’es pas son esclave. Trahir Kerhel fut autrefois ton choix, et tu ne l’avais pas fait pour une égarée.
Les yeux de Kerath plongent dans ceux de Krish. Les yeux de Krish échappent à ceux de Kerath. Lentement mais sûrement, le visage de la Triumvir fait une gauche, poussé avec délicatesse par une force invisible lasse d’attendre, lasse de ce carnaval Vaani, déçue de constater ce que devenaient les drows une fois loin du Puy d’Elda. Les yeux de Krish échappent à ceux de Kerath, lentement mais sûrement, pour être amenés face aux deux vitres violacées sans âme qu’étaient les tiens. Proche d’elle comme au jour où elle t’a sauvé, tu la défies d’un regard aveugle. Aujourd’hui tu lui rendais la pareille.

- Que Ranaghar aille voir aux P’leiks si j’y suis. ta voix grave privée de son habituelle agitation déclare ces mots de manière presque solennelle Un peu plus et il y aurait au moins trouvé Viconia. tu lèves un sourcil Et Feu d’Uriz ou pas, à ce rythme, en temps et en heure tu les y rejoindras.

Sur ces mots Ran’Lyn approche, non pas toi, mais Kerath. Les mâchoires du nécromancien claquent comme s’il eut froid, et à l'écoute de l'écho rendu à ses cliquetis par les os de l'Obok Senger, il s’enquiert de blessures qu’il a le pouvoir de soigner. Le pouvoir mais pas la possibilité. Pas immédiatement. Privé de son patient par une Eldéenne dont sa guérison aurait dû être la préoccupation principale, le nécromancien n'a d'autre choix que de s'arrêter. Les prêtres font l'oeuvre des dieux, et Ran'Lyn respecte les dieux. De toute façon, même sans qu'il ne s'en mêle le message passera. Restait simplement à espérer que la servante de Kiran l'entendrait.

- Personne tu m’entends ? Personne ici ne vous sert vous. tu rends à la Triumvir pleine maîtrise d’elle-même Triste est le sort de celui qui se prend pour un dieu. Mais que l'on me tue s'il faut que je laisse tout Elda le partager.

Et si pour avoir dit la vérité tu dois chuter, alors tu chuteras. Si à ta foi tu dois la mort, alors tu mourras. Et alors à chaque Voile, lorsque tu seras encore et encore appelé à renouveler ta trahison ; à chaque Voile, avant de rappeler à Kerhel qui tu as choisi, tu auras une pensée pour le Royaume dont le combat n’appartient plus qu’aux dieux. Tu auras une pensée pour ceux qui en ont provoqué la chute. Tu auras une pensée pour ceux qui trop heureux d’avoir été faits maîtres sur terre, croupissent à jamais enfermés dans la glace. Privés de la chaleur de leur propre Flamme. Condamnés à se souvenir chaque instant que même s’ils l’ont cru de leur vivant, aucun d’entre eux ne brûle aussi fort qu’Uriz.

Pas certain de saisir l’enjeu des confrontations auxquelles il assiste, l’Excentrique garde la ligne qu’il a décidé d’adopter et de soutenir l’une des moins hostile à sa présence lorsqu’elle requiert sa présence pour la soutenir - physiquement tout au moins - quand elle fait face à la grosse brute.
Tu n’es qu’une béquille… Tu n’es qu’une béquille… Tu n’es qu’une béquille… Par les dieux, qu’elle n’en vienne pas à le cogner avec sa béquille !
Il est pas à l’aise, conduit au coeur d’une mêlée alors qu’il est bien mieux à l’écart, mais il s’abstient de montrer quoique ce soit, il prend sur lui parce qu’il redoute la façon dont certains, plus animal que les autres, peuvent voir les signes visibles. Impassible, il n’est qu’une béquille, plus attentive néanmoins qu’en général aux moindres interactions avec la Trame, au cas où ça partirait à ce niveau-là.

Et là, au milieu de tout ce foutoir, Krish ne l’oublie malheureusement pas, et là… Bah les avis divergent… Qui a-t-elle décidé de punir, ou à qui joue-t-elle un mauvais tour ? A l’un, l’autre, les deux ? En tout cas, suggérer, c’est de la cruauté gratuite. Et puis quoi encore, une bise sur la joue chacun pour faire bonne figure ? Vilaine ! Vilaine ! Bon, ça ne dure pas, Viconia renouvelant sa proposition et Valsrik'Hrae rejetant l’idée avec virulence, la question ne se pose plus… ou presque… Presque oui, parce que c’est pas en niant avec violence quelque chose qu’on la fait disparaître complètement et ceux qui connaissent le Façonneur savent qu’il peut partir en vrille aussi sûrement qu’un guerrier un peu sanguin. Au milieu de ces esprits qui s’échauffent, y a forcément émulation.
Bref ! Il est temps qu’il sorte de son mutisme, juste un petit coup, l’Excentrique, et puis merde, l’autre, il se prend pour quoi ? Ça lèche les bottes boueuses et des militaires et derrière, ça ose parler !

“Aucune chance que j’t’y croise, Klez par contre, probable qu’il te retrouve de l’autre côté.” Oui oui, il a suggéré ça, rien de moins ! Et avec un grand sourire mauvais qui assume totalement. Bon, faut déjà savoir qui est Klez, mais bon, un individu dont le nom signifie littéralement Machin, Bidule ou Truc, j’vous laisse deviner de qui il s’agit. Bon, à côté de ça, il ne nie même pas pouvoir s’y retrouver car il ne fait aucun doute que ça ne sera pas le cas et donc, qu’il s’en fout. Ce qui importe, c’est de suggérer que l’autre aille encore plus bas. Et dire qu’à la base, il a rien contre l’autre, mais c’est lui qu’à commencer !

Là-dessus, et sans accorder plus d’attention - physiquement tout du moins, sur le plan magique, il est à l’affût, évidemment près à punir la moindre audace - il se détourne pour emboîter le pas de Viconia, suivi de très très près - accroché à son manteau - par son assistant. “Je te suis, je crois que l’hospitalité que m’accorderait l’autre, là, ne serait pas franche.”

D’ici quelques instants, il pourra retrouver un peu de quiétude, à l’abri des regards hostiles.

Krish attendra son heure, l’excentrique la lui subtilise. Tes crocs restent dissimulés par tes lèvres, ce qui n’est pas le cas de ceux de Ran’Lyn. Les claquements de dents prennent pause, et le regard rieur du nécromancien se jette sur celui qui fuit. Ils se sont bien trouvés, Ranaghar et Viconia. Tous deux adeptes d’un odieux culte de la personne au détriment des dieux dont ils sont censé faire la volonté. Mais c’est que malgré lui, le drow – s’il on peut toujours l’appeler ainsi – aux oreilles tombantes venait peut-être de faire le plus grand des aveux, et ton compagnon ne manquerait pas de lui faire savoir.


- Ranaghar ! la voix graveleuse de Ran’Lyn hèle le façonneur se dirigeant vers sa nouvelle nourrice Content que tu te réalises moins méritant que le gobelin.


Et ce n’est finalement que la gravité de l’envers du décor qui l’empêcha de rire. Ta vie ne tenait qu’à un fil. Et par extension, il en était de même pour la sienne. Mais lui non plus n’avait pas peur de la mort. Au contraire, grand cynique qu’il devenait lors de ses colères, Ran’Lyn ne demandait qu’à te rejoindre au Nahali, que continuant de te posséder là-bas il lui soit donné de se moquer de la déchéance du Royaume d’Elda pour le reste de l’éternité.

Le grotesque répond au grotesque, et ceux qui devraient incarner l’esprit s’enfonce un peu plus loin dans de biens piètres échanges…

Et si ce sont d’abord les maîtres qui s’envoient des saloperies à la figure, il semble qu’à présent qu’ils se détournent l’un de l’autre, les hostilités baissent d’un cran, et à l’ouverture du cabot et ses aboiements moqueurs, c’est le gobelin qui répond… Enfin, façon de parler. Car il ne parle pas un traître mot évidemment, et en comprend à peine plus - ça n’est pas la voix mais la volonté du façonneur qui le dirige - mais il serait triste pour le cabot qu’il ne récolte aucune attention.

Le gobelin jette un oeil en arrière, s’arrête quelques instants et regarde vers le façonneur, guettant une réaction qui ne vient pas, même pas un tressaillement d’oreilles, il creuse la distance dans les pas de Viconia, alors, reportant un instant sa sale gueule verdâtre vers le nécromant, il hausse les épaules, l’air de dire “Bof, tant pis !” et s’en retourne dans les pieds de son maître, sa course chahutant l’imposant sac - relativement à sa petite personne - qu’il porte, donnant l’exemple au cabot.

Tandis qu'elle s'occupait du maccabée, la sombre était à l'affût de la moindre information sur ce qui se déroulait. Et pour le coup, elle en avait eu pour son grade. Dans quoi s'était elle glissée ? Elle eut l'impression de voir un liquide se cristallisait après une secousse et de se trouver au milieu. Piégée.

Ainsi le prêtre venait de Sol'Dorn. Cela la soulagea un peu de ne pas l'avoir immédiatement reconnu. Mais ces autres rumeurs, que ce prêtre soit un agitateur, ou atteint d'une maladie magique, l'intriguaient au plus haut point. Surtout la maladie. Elle savourait cette idée comme un bonbon acidulé. Elle avait encore plus envie de l'étudier, de le mettre à nu et de la traquer. Heureusement que ses lèvres étaient cachées par le masque. Heureusement, sinon l'état major au presque complet aurait pu y voir un sourire cupide. Peut être… peut être qu'elle allait avoir une nouvelle Orbb'aphyon à ajouter à sa petite collection.

Bon. Après réflexion, lors de sa première approche, elle n'avait rien remarqué. Ceci dit, elle ne l'avait pas cherché. Mais l'état du patient était parfaitement compréhensible : il était en état de choc. Mais qui ne le serait pas ? Il avait dû souffrir énormément. Et ce froid… La sombre n'arriva pas à réprimer un frisson.

Je vais te faire... raccourcir…

Brusquement elle sentit son sang fuir son visage. Non… Non… Non ! Elle voulu arrêter la Triumvir, mais ne pu bouger. Elle avait raison. Alors quand Viconia marcha vers Kerath, Na'ri se recula pour les laisser passer. Elle les comprenait tout les deux. Mais.. C'est elle qui devait partir en premier… pas lui. Pas Lui.  

Impuissante, inopérante, stérile. Pour changer. Encore. Toujours.
Elle n'était plus là, mais à un autre siège. Plus loin plus au nord. Le chaos régnait. Il s'était passé quelque chose d'anormal. Autour d'elle les drows mourraient comme les mots qui lui parvenaient. Autour d'elle les elfes décédaient d'une coupure, d'une griffure. Pour des dieux. Pour une terre. Pour rien.
Elle avait fuit. Ne sachant trop comment. Mais l'odeur du sang est tenace. Elle l'avait sur elle. Cette odeur métallique, épaisse, écœurante. Elle en avait le goût en bouche. Pour ne pas hurler, elle se mordait les joues.

Sagar était à genoux et se laissait faire. Il était son phare dans ce cauchemar éveillé. Non. Pas Lui. Pas Lui.
Une Triumvir recule. L'autre s'avance. Cela ressemble à une dance. Une danse et ce n'était que les premiers pas. Une tête contre un bras. L'échange était favorable. Il vivrait.
Quand un drow s'approcha de son mâle, Na'ri réagit enfin.

- Suffit ! Sa colère était glaciale, sa voix forte et polaire.

Ran'Lyn était aussi grand qu'elle était petite. Aussi large, qu'elle était menue. Aussi moqueur qu'elle était sérieuse.

- Vous ne le toucherez pas. Si elle le pouvait, elle l'aurait foudroyé du regard. En guise de réponse, le concerné s'arrêta, leva les mains et baissa les yeux en marque de respect.

Pendant ce temps, les deux civils continuaient allègrement leur petit jeu, allant de piques en vexation. C'était irritant.

Elle fit volte face alors que le gobelin venait de finir sa mimique, sa colère n'était pas retombée pour autant.

- Vous ! Elle regardait à présent Valsrik'Hrae. Vous ne méritez pas votre place ici. Du respect !

Debout au dessus de Kerath, elle prend une seconde pour le regarder, attendant au besoin la fin d'un verset pour lui demander respectueusement d'arrêter de prier. Mais il continua obstinément, avatar ou non elle n’était pas une déesse, elle passait donc après eux.

Il se laissa ensuite faire et attendit avec une certaine appréhension la punition qui l’attendait. Puis il obéit et la rupture lui arracha un cri de douleur, le forçant à retomber à genoux, les dents serrés, il ne fut pas loin de perdre sa langue. Il prit une grande inspiration et se releva avec difficultés, son bras pendant mollement sur son côté. Que ce soit l'éclat de Valsrik ou celui de ses comparses, Krish n'avait pas relever. Dès que son corps lui avait permi de bouger, elle s'était de nouveau tourner vers Kerath. Elle avait fait ce qu'elle avait à faire et elle ne comptait pas lui renier son droit de réponse parce que trois moustiques faisaient flamber le brasier qui grondait en elle. Kerath lança un regard de braise à la triumvir, avec difficulté il ouvrit la bouche et articula d'une voix tremblante :

« Donne moi ta main. »

La main griffue ne bougea pas, elle lui tendit sans hésiter sa véritable main directrice : la gauche. Méfiante mais stoïque. Elle n'arrivait pas souvent à savoir à quoi s'attendre avec lui, mais elle le respectait assez pour y laisser quelques doigts si cela devait advenir. Le colosse se mordit l’intérieur de la joue dans une vaine tentative de relocaliser la douleur qui irradiait de son épaule. De sa main valide il attrapa le premier cordon qui pendait à son cou pour le retirer solennellement avant de laisser tomber l’anneau couronné d’une émeraude dans la paume de Krish.

« Bonne chance. » Déclara-t-il avec sincérité avant de se retourner pour s’en aller, sa main gauche posée vainement sur son bras meurtri.

Krish posa les yeux sur l'anneau au creux de sa main et ses mâchoires se serrèrent davantage. Encore un... Par Uriz. Après un Haut-Prêtre, un Obok Senger... Tous les mâles de sa race étaient-ils soit lâches soit débiles ?

- Pourquoi ? »

Il ne semblait plus y avoir de spectateurs. Elle gardait simplement son regard rouge et or sur la nuque du guerrier, faisant tout ce qui était en son pouvoir pour ne pas craquer. La question l’arrêta mais il ne se retourna pas.

« Tu te fous de ma gueule? » Son intonation, malgré la douleur et la colère, laissait penser qu’il se posait réellement la question.

- Répond. » gronda-t-elle sombrement. Il se retourna finalement, les yeux brûlants d’une colère ardente.

« Tu oses me poser la questions? » Il déglutit bruyamment. « Je ne me battrais pas pour un triumvirat qui respecte les traîtres mais qui crache sur ses généraux. Je ne me battrais pas pour un triumvirat qui est près à exécuter un loyal serviteur parce qu’il a tué un traître. Je ne me battrais pas pour un triumvirat qui punit un Senger qui honore les traditions de son ost. Mais j’ai compris, si je veux continuer à tuer des traîtres ce n’est pas à ton service que je pourrais. En tout cas, bonne chance, tu en aura besoin si tu continues dans cette direction. Je pars mais à ma place d’autres pourraient vouloir changer de triumvirs. »

- Mais par Uriz ! Fait le ! " rugit-elle en serrant le point sur l'anneau qu'on venait de lui donner. " Nous ne savons pas si c'est un traitre et tu le sais très bien. Par contre tu as manqué tuer une triumvir. Et c'est pour ça que tu paie. Ne te cache pas derrière les traditions de ton Ost ou la mort de ce Dornien. Tu as fait une erreur. Assume la et prouve moi que j'ai eu tord si tu le penses vraiment. " Elle s'approcha de lui saisissant son bras valide pour le forcer à reprendre l'anneau. Ses traits étaient agités par l'émotion mais la colère n'était pas la seule perceptible. L'espoir. L'emportement. La passion. " Arrête de te contraindre. Tu crois en la Méritocratie ? Alors bat toi pour elle et prouve moi que j'ai tort. Bat toi pour m'évincer si tu penses que tu peux faire mieux. Prouve moi qu'Elda vaut mieux que ce que je lui offre. Prouve moi que mon idée n'est pas la meilleur façon d'asseoir un empire qui nous permette de réduire l'Anaëh en cendre. Cesse de m'interroger sur Ma stratégie et défend la tienne. Sur le long terme. A grande échelle. Tu crois en Uriz ? En nos Dieux ? Ne te conduit pas en lâche. Partir c'est la voie la plus facile. " Elle tenta de refermer de force le poing de l'Obok Senger sur son anneau d'émeraude mais il tint son poing ouvert malgré des doigts qui faiblissaient davantage à chaque secondes.

« J’étais prêt à crever pour ne pas ébranler ta stratégie, j’ai fermé ma gueule durant toute ta tirade alors que tu confirmais l’insulte de Viconia aux osts, j’ai accepté une punition injuste pour toi et maintenant tu me dis que j’aurais dû faire quelque chose ?! Tu m’as dit que tu ne voulais pas de généraux qui s’occupe de politique ou de diplomatie et maintenant tu me dis ça ? Putain mais c’est quoi ton problème Krish ? Qu’est-ce que tu veux à la fin ?! Et quand est-ce que j’ai défié le triumvirat ? J’ai activement participé aux purges en me faisant le champion de ceux qui ne pouvaient pas combattre, le second ost a été le premier à sortir du Puy pour lancer l’Eda Vengeur et Uriz sait que j’ai mené plus de missions contre les despotes que n’importe qui d’autre ! Et par les dieux comment est-ce que j’ai manqué de tuer Viconia ? Pour ce que j’en sais je l’ai sauvé, qui sait si elle serait encore en vie si je n’avais pas tué le dornien et son sort ? Tu as brisé mon bras parce que j'ai tué un traître, peu importe ce que tu en dis! Et que Meingal me foudroie si c'est une punition juste! Tu m'as brisé mon bras d'épée alors que Viconia a l'air d'aller plutôt bien. Je ne pars pas par lâcheté mais parce que vous m'empêchez de servir les dieux! »

Du menton il désigna son bras brisé en serrant les dents, il serrait les dents de douleur mais surtout de colère et de frustration.

- Tu nous a déjà défié en ordonnant cette ordalie juste au moment ou je suis partie à Thaar. Et aujourd'hui tu as mis Viconia en danger. C'était elle qui était en train d'incanter, Kerath. Elle était dans son esprit. Dans l'esprit de l'homme que tu as tuer. A travers lui elle a vue Teiweon. Ce genre de chose ne laisse jamais indemne. Tu ne l'as pas sauvé bon sang ! Tu as interrompu son sort et mis en danger son esprit et sa Flamme ! Même si physiquement elle va bien, elle pourrait ne plus jamais être elle-même ou sa Flamme même pourrait être abimée. Voilà le risque que ton empressement lui a fait prendre ! J'ai pris ton bras pour ça, pas parce que tu as tuer un homme qui était d'ailleurs peut-être de notre côté ! Et tu trouves qu'une blessure au bras que je t'oblige à garder jusqu'à avoir les rapports des prêtre à son sujet c'est cher payé pour un acte pareil ?! Elda serait devenue à ce point pleurnicharde que même un Obok'Senger refuse d'assumer ses erreurs d'un peu de douleur ?!
- Est-ce que c’est si mal que ça qu’elle ne soit plus elle-même ? Et oui c’est cher payé. Tu m’empêches de faire la seule chose que je sais faire ! Tu as retiré un général du champ de bataille pour le reste de sa vie à t’entendre. Regarde ma gueule, regarde mon épaule. Regarde bien et oses me dire que je n’ai pas et que je ne souffre pas pour Elda, regarde-moi et ose me dire que je n’assume pas mes erreurs ! »
- Cette fois ça suffi. Je ne t'empêche pas de combattre, je te fais payer ton erreur d'aujourd'hui. Tu agis comme un gamin gâté qui refuse d'appliquer les règles. Tes faits d'armes te valent de ne pas être exécuté sur le champ mais ils n'excuser pas ton acte. Tu as mis en danger la Flamme d'un supérieur. Tu nous a privé d'informations importantes pour la gestion de la fin du siège. Tu es puni. Tu ne trouve pas ça juste ? Nous allons régler ça dans les formes. " Elle se tourna vers la plus proche prêtresse de Kiran. " Soignez son bras. Mettez le nombre nécessaire. Qu'il soit près pour un combat à midi. " avant de se retourner vers le général. " Quoi qu'il arrive, je ne te laisserai pas déserter comme Urgoll'Ven l'a déjà fait. Gagne et tu pourras me rendre cet anneau, le reprendre ou briguer la place de Karliik Glenn. Et je reconnaitrai publiquement que la punition que je viens de t'infliger est injuste et que j'aurais du laissé Viconia seule s'occuper de cette affaire avec toi. Perd, et tu t’agenouilleras devant moi en implorant mon pardon, en reconnaissant que ton attitude est irrespectueuse et que ton emportement a nui à Elda. " Droit dans les yeux, elle attendait un signe d'assentiment.

« Si les dieux jugent bon de t’accorder la victoire je m’agenouillerais et je demanderai ton pardon et je reconnaitrait que j’ai eu tort et que ma décision fut prise trop vite au détriment d’Elda. Si les dieux décident que j’ai raison Viconia renoncera à sa position et demandera, à genoux, le pardon  des osts pour son insulte. »

- Je ne suis pas son champion. Je me bat en mon nom propre. Démerde toi avec elle si tu veux qu'elle abdique.

« Dans ce cas si je gagne tu reconnaîtras en public que la punition est injuste et qu’elle n’avait pas lieu d’être après que je t’ai accordé mon pardon. Et tu m’expliquera pourquoi le Père t’as choisi. »

- Que les prêtres de Meingal soient prévenus. " Elle acquiesça et se tourna vers Valsrik et Ran'Lyn. La garde d'ébène n'était pas présente spécifiquement autour de la Triumvir après la prière du matin mais avec tout le chahut, bien des soldats avaient été attiré sur la place, et bien des officiers et gardes avaient trouvé plus prudent de suivre le mouvement de foule. Si plusieurs avaient faillit se jeter dans la bataille au moment ou Kerath avait abandonné son anneau, l'intervention d'un membre de l'étude noire fraichement débarqué ne semblait convenir à personne. Les murmures grouillaient sur ses paroles, sa raison, celle de Krish, celle de Kerath. La Prêtresse qui s'était interposée et qui avait permis à la Triumvir et à l'Obok Senger d'arriver au terme de leur houleuse discussion marquait les esprits alentours.

Le respect... voilà qui semblait être le grand absent des drows arrivé du Puy la veille et la grande remise en cause de Krish et Kerath. La confrontation entre les soldats qui obéissaient pour les leur et la vision sans respect ni solidarité qu'offraient les mages civiles était violente. Krish avait des avis favorables et défavorables au sein des Ost, mais elle était là depuis le début. Elle avait combattu à leur côté, et si on pouvait la taxer d’intransigeance ou d'injustice aujourd'hui, elle avait respecté les tradition et avait elle aussi fait l'effort qu'elle avait demandé à ses troupes.

- Sache que, par serment, les Obok Senger jurent de servir Elda et son roi. Utiliser ta magie pour me contraindre aura été ta dernière erreur. " Elle marcha jusqu'à lui sans ajouter quoi que ce soit de plus et tendit la main. " Ton focaliseur. "

Tu sens le regard de la prêtresse dans ton dos. Et tu réalises lorsque ses lèvres s’écartent qu’elle ne comprend pas. Le respect ne s’offre pas. Gagner le respect des siens est une tâche ardue. Le conserver l’est encore plus. Fut un temps pas si lointain où peu – peut-être même aucun – d’autres drows pouvaient se targuer d’avoir pleinement obtenu le tien. Mais Krish, tu la savais marcher dans la bonne direction. Fut un temps pas si lointain où tu découvrais les crocs d’une doeben, l’érudition d’une forgeronne, la foi sans failles de l’ancienne épouse d’un Haut-Prêtre. Fut un temps pas si lointain où tu te battais avec elle, toi qui n’est pas fait pour poser le pied sur le champ de bataille, car le combat qu’elle menait en valait la chandelle. Aujourd’hui… aujourd’hui tu te retrouvais face à une flamme éteinte dont les braises avaient été perverties.

Une punition. Comme elle s’était écartée sans plus de considération de toi, tu avais laissé le faux-contact se briser. Tes yeux loin de leurs yeux, tu n’en voyais pas moins tout. Absolument tout. À ta propre manière. Une punition. Une désespérante punition qui ne te tira pas le moindre émoi, si ce n’était une profonde déception. Parce qu’un homme de guerre était puni pour avoir fait honneur à son rôle. Parce qu’un homme de guerre était punie pour l’imprudence d’une mage. Parce que la magie de Viconia s’était déployée après que Kerath ait fait le premier pas, que Kerath n’était pas mage et qu’elle aurait dû savoir ce qui lui en aurait coûté. Parce que même s’il ne fut pas un véritable traître, le faux-prêtre en avait endossé le rôle et avait rempli sa mission. Quoi qu’il en ait été, les choses auraient dû être simples. L’affaire aurait dû être rapidement scellée. Une tête serait tombée. L’un des vôtres, son œuvre fait, aurait trouvé le repos. Puis vous seriez partis au combat. Et vous seriez revenus vainqueurs.

Mais parce qu’une imprudente avait été mise à une place dont elle n’est pas digne, parce qu’une Triumvir indigne en place forçait les régnants à oublier le véritable mérite, parce que pour défendre la Viconia qu’elle avait cru – avec la même naïveté que toi il y a quelques années de cela – une marcheuse prometteuse, Krish avait dû se trahir.

Sauf qu’il était trop tard maintenant pour faire amende honorable. Le mal était fait.

La chienne était installée, et Krish était sa maîtresse. Tel maître tel chien, alors il fallait maintenir l’illusion de force. Parce qu’une Viconia faible, c’était une Krish faible. Et Krish ne pouvait pas laisser l’Elda la penser faible. Pas quand elle le maintenait en laisse autour de Seigneuries empestant le sang frais. Alors il fallait forcer le respect. Forcer un respect immérité. Forcer un respect qu’elles auraient dû naturellement gagner, naturellement obtenir, parce qu’ainsi va la hiérarchie Puysarde. Aucun pacte n’est plus fort que le lien des drows avec leurs dieux. Aucun pacte entre êtres de chairs n’est plus fort que votre foi. Ainsi en va votre monde. Les forts sont les choisis des dieux. Les faibles ploient devant les forts car les forts irradient de leur puissance. Les faibles ploient devant les forts car seuls les forts peuvent les guider vers la réalisation de l’Eda Vengeur.

Lorsque les forts ploient devant les faibles, alors l’Elda se meurt. Et aujourd’hui, alors qu’un homme de guerre est puni pour ne pas avoir ployé devant une faible, il s’approche de son dernier souffle… mais au moins, il semblerait que de son dernier hoquet il ait réussi à raviver des braises qui menaçaient des s’éteindre. Pour le meilleur et pour le pire.

- Sache qu’Obok Senger ou Wanre, aucun roi ne vaut la trahison du Clor d’Dormagyn. ta main alla chercher à ta ceinture, tes doigts se refermèrent sur le dragon d’os, le manche de la baguette toucha la paume du Feu d’Uriz, mais tes phalanges se refusèrent à lâcher Prive le Puy du Sorcier qui le sert, relaxe l’impie qui nous a volé nos savoirs, ton visage se tourne vers le prêtre de Tesso dans un dernier message silencieux avant de revenir vers la Triumvir mais ne t’étonne pas quand la première promesse de ton peuple te donnera froid.

Ta poigne se desserre. Ton focaliseur t’échappe. Ton monde s’éteint. Tout n’est à nouveau plus qu’obscurité. Le mouvement n’est plus. Le haut n’est plus. Le bas n’est plus. Tu ne sais plus où tu es. Tu remontes dix ans en arrière. Tu es à nouveau perdu. À nouveau privé de tes sens. À nouveau face à l’épreuve de Tal’Berith. L’espace d’un court instant, la panique te gagne, mais cette fois-ci seulement, tu es épargné par la douleur. Seulement comme la première fois, désorienté, tu tombes.
Tes coudes dans la poussière, pathétique poupée de chiffon que tu es sans ta magie, tes oreilles se rouvrent, tes narines se rouvrent, tes doigts caressent la terre, et ton visage se refuse à laisser passer le moindre signe de faiblesse. Comme le messager, tu as accompli ton devoir. Demain… demain à toi les portes du Nahali.

Ta paume se dirige vers un Ran’Lyn arrivé à ton chevet, lui interdisant un pas de plus, et maladroitement tu te relèves. Tu te relèves pour une dernière déclaration. Aux autres. À elle. À tous ceux qui veulent bien l’entendre.

- Le pacte de la chair à la chair, ou le serment qui vous a vu Consacrés ? tu lances d’une voix mal placée Lequel est vraiment digne de votre respect ?

Tu as choisi ton camp, et ton camp est fait de Drows féroces. Tu as choisi ton camp, et ton camp est puissant.

L'été tirait à sa fin. Il ne subsistait que les orages.

Ô rage.
Mais point de désespoir. Une rage pure, aux éclats vifs et tranchants.

Ô rage.
Un an de patience. Un an de siège pour que tout soit remis en question maintenant.
Sagar. Kerath. Qu'as tu fait ? Qu'as tu dit ?

Ô rage.
De voir encore et toujours les siens se diviser, se disperser, s'étriper.
Le jour, où ils s'unirons vraiment, ce jour là, ils seront grands. Peut être. Ce n'était pas aujourd'hui.
En attendant, il lui fallait panser, soigner, raccommoder. Cependant, elle n'en avait pas l'envie. Elle voulait étudier. Chercher. Ne pas prendre partie.

Ils étaient trois. Trois prêtres de Kiran s'apprêtant à partir avec leur régiment. Elle était allée voir le gisant, le second le dirigeant et le dernier de l'aide s'enquérant.
Ils étaient plus nombreux à présent. Pas des milles et des cents. Juste cinq. Autant qu'une main. Rapidement, ils se frayèrent un chemin. A côté du corps, ils déposèrent la civière. Tous entendirent l'ordre de la Triumvir. Du regard, ils se concertèrent. L'un partit sur les pas de la mage. Les autres vers l'Obock Senger.

Quand le mage inconnu s'effondra, elle eut un mouvement pour aller l'aider. Mais déjà Ran’Lyn était à ses côtés. Elle se retira, comme il l'avait fait. A chacun son partenaire.

- Le pacte de la chair à la chair, ou le serment qui vous a vu Consacrés ? Lequel est vraiment digne de votre respect ?

Sous le voile, un mince sourire étira les lèvres de la prêtresse. Comment connaissait il déjà ses penchants ? Les rumeurs devaient aller bon train.

- Pourquoi choisir ? Elle n'avait pas le temps de palabrer.

Pour elle, tout était digne de son respect, du plus simple esclave au plus puissant des personnage, de l'animal qui nourrit à celui qui chasse. Après tout, ce n'était qu'une histoire de confiance. Mais, c'était autre chose. Cela n'avait rien à voir.

La prêtresse passa son chemin pour aller à la rencontre de la Haute Prêtresse de Teiweon.

- Suliss, je souhaiterai avoir votre permission pour étudier le messager après la combustion de son cœur. Il ne peut plus parler, mais son corps le peut encore. Il était déjà froid avant sa mort. Ses brulures ne viennent surement pas d'une flamme. Je veux vérifier pour son bras. Et puis… je veux chercher la maladie si elle existe, sans mettre un autre prêtre en danger.

Une fois l'assentiment de la Haute Prêtresse de Teiweon obtenu, elle s'en retourna vers l'Obock Senger du second ost. Il l'attendait dans la douleur, elle le savait. Mais elle ne lui avait pas fait l'affront de le renvoyer seul. Et elle s'occuperai de lui, comme demander, mais après. Une fois décontaminée.

Ensemble, ils se dirigèrent vers le temple de Kiran.

- Pourtant un pacte de chair semble t'avoir gagner quelqu'un d'assez fidèle pour risquer sa vie pour toi. " laissa nonchalamment tomber Krish à la pompeuse déclaration du mage.

- Si tu n'y vois qu'un pacte de chair l'aveugle répond du tac au tac, en direction d'oreilles plus proches c'est que je ne suis pas le seul à avoir sacrifié mes yeux à l'Etat-Major.

Krish soupesa le sceptre, laissant le blafard s'égosiller et prendre à parti les hommes et les femmes alentours. ça n'avait rien d'une arme. Un travail délicat. Le touché tiède et léger de l'os. Elle était presque chagriné de son devenir.

La prêtresse venait juste de répondre au mage de façon tout aussi bravache que sa première intervention, lorsque la Triumvir fit un pas sur le côté pour abattre le sceptre de l'aveugle sur la tempe de son compagnon si prévenant. Ran'Lyn, par un réflexe maladroit mais salvateur, réussit de son avant-bras à parer l'assaut. Là-dessus, l'attitude du nécromancien changea. Il avait peut-être quitté le C'nros, mais le C'nros ne l'avait pas encore entièrement quitté. La posture de la Triumvir se fit également plus maitrisée. Que cela lui demande un ou dix coups ne semblait pas la gêner outre mesure. Armant un nouveau coup de sceptre pour le toucher aux côtes, le véritable intérêt de ce coup était de changer d'appui. Le pied botté de l'eldéenne pied fusa vers le genou du mage, couvert par la feinte. Un cliquetis retentit alors que le nécromancien rassemble la magie, sa droite gardée en l'attente du coup à venir, sa gauche ouverte sur une main destructrice, cherchant le contact de son adversaire. Le corps penché en avant, Ran'Lyn se vit contraint d'accueillir le talon de la Triumvir contre son genou, mais refusa de broncher face à la douleur. S'il devait tomber, il l'embrasserait. D'un baiser de mort.

Fou qu'il était... La lutte était le point fort de l'eldéenne, même avant son retour au Puy. Mais elle connaissait la spécialité de son adversaire et comptait bien briser sa concentration. Utilisant la force du mouvement qui l'avait propulsée au contact et celle que mettait désespérément le mage à l'attirer à lui, elle se laissa aller violemment au contact. Dénudant son côté droit, elle leva le coude pour que l'impact de leur chute commune le projette directement dans le nez si bien fait du mage. La mâchoire du nécromancien se serra sous la douleur, ses dents crissèrent les unes contre les autres dans un bruit trop sonore pour être naturel et ses bras se refermèrent autour du tronc de la forgeronne. Là tous les muscles de son corps se tendirent, décidés à l'emprisonner. Elle avait échappé au pire, pour l'instant. Mais déjà, alors qu'ils roulaient au sol comme un couple en querelle, la douleur s'immisçait dans l'articulation des épaules de la combattante. Serrant les dents, elle gronda et se cabra. Ses mains se refermèrent sur le crâne de l'homme dans un mouvement particulièrement douloureux. Son épaule gauche céda à demi. La droite tint bon. Ses griffes lui permirent de ne pas lâcher prise. Ran'Lyn refusait de la lâcher, son dos se décollant du sol avec le mouvement que la triumvir avait tenté pour se redresser. Il tint bon, tirant de toute ses forces pour garder le contact qui permettait à sa magie de ramper sous la peau de l'eldéenne. Alors, Krish se laissa aller totalement vers l'avant, projetant au sol la tête qu'elle tenait encore. Le son mâte retenti puissamment malgré la terre battue.

Un tressaillement des deux combattants. Un grondement de douleur de la vainqueur. Les bras du mage glissèrent le long du dos de la Triumvir, flasques. Les mains tordues.

La magie était brusquement montée en puissance sur la dernière seconde mais elle reprenait rapidement son état premier autour d'eux, mais briser la concentration du mage l'avait dispersée brutalement. Krish se redressa doucement, gardant contre elle son bras gauche en une posture particulièrement raide. Son visage tirait un peu sur le gris, mais son regard luisant était toujours débordant d'une rage fondamentale traduit en une morgue des plus lourdes.

- Des mots. Beaucoup de mots. Mais rien d'autre. Mage ou non, ça ne change rien. Des aveugles. Des faibles. Du bruit. Un dévouement de façade bien au chaud dans vos palais et vos laboratoires. Plus avide de contester ceux qui agissent pour prouver leur soit disant intelligence que de faire ce qui doit être fait. Il semblerait que le Puy soit devenu un cloaque pendant que je regardais ailleurs. La désertion d'Urgoll'Ven, cette querelle d'enfant pour le titre de Prime Sorcier. Et maintenant ça... Une fois de plus, vous me prouvez que j'ai eu tort de vouloir déléguer et dialoguer. Il est temps de faire place nette. "

Elle prit le temps de ramasser le sceptre pour le passer à sa ceinture pour reprendre son souffle et réordonner sa lourde crinière blanche sous sa tiare d'or au soleil de pierres rouges, avant de revenir auprès de celui qui avait harangué la foule et que ne manquerait surement pas de le faire à nouveau.

- Kerath a gagné le droit de me tenir tête. Tu l'as perdu avec les années de silence. " Pour la suite, la voix de la Triumvir était gonflée et forte, s'adressant à tous ceux qui s'étaient rassemblés et regardaient des bribes d'une situation dont ils avaient pour la quasi-totalité raté le début. " Ran'lyn aura ce qu'il mérite pour t'avoir soutenu. Pour ton appel à la trahison, ta tentative d'affaiblissement de la cohésion de l'armée, ton blasphème envers la Prime Flamme et l'utilisation de ta magie pour contraindre une Triumvir, tu seras marqué afin que nul n'ignore ta disgrâce envers le peuple eldéen. Tu seras banni d'Elda et tout sujet de notre empire aura pour devoir de t'abattre à vue. " De son bras droit, son visage tendu n'offrant pas à qui que ce soit le plaisir d'une grimace, elle fait signe aux quelques gardes d'ébène présents dans son champ de vision. " Nous te donnerons un jour d'avance avant d'envoyer des chasseurs de prime récupérer ta tête. Nous verrons ce que tu vaux sans ton fidèle Ran'Lyn. J'espère que tu nous donneras un peu de fil à retordre et que tu seras digne de tes ambitions. "

- J'ai peut-être contraint une Triumvir, mais qu'on sache que j'ai créé une Reine.

Elle se tourna vers le garde qui avait accouru le plus vite.

- Menez celui-là dans les geôles de Kiel. Je m'en occuperai plus tard. Envoyez moi six gardes d'ébène dans la tente de Viconia et prévenez les Repentis de se rendre à ma tente. Que celui-ci soit amené au temple. Transmettez mes ordres à Kedra, elle s'occupera des marques. Et s'il vous agace, tuez-le. "

- Dommage qu'elle soit trop imbécile pour voir ce qu'elle perd ! La puissante main d'une garde se referma sur l'épaule du mage qui continuait à parler, mais ce fut une autre poigne qui lui donna une bourrade dans le dos pour le forcer à avancer et à la fermer par la même occasion.

Sans plus un regard pour quiconque, Krish s'éloigna entre les tentes. Le premier qui oserait l'invectiver recevrait dans le ventre le poignard qu'elle avait à la ceinture.

Il y a les journées particulièrement improductives et il y a les journées comme celle-ci. Le chaos a embrasé une assemblée censée représenter la classe dirigeante d’un Puy, et je t’entends rire. Ce ne pourrait être autre chose que ton œuvre, et j’ignore s’ils s’en rendent compte alors que cette fois ton serviteur n’a pas agi. Cette fois il n’en a pas besoin, alors qu’il voit les insultes des uns, les combats des autres, les fuites de certains, et les enjeux du jeu auquel ils jouent. Le Puy est sorti pour l’Eda Vengeur, pourrait-il se replier maintenant ? Sol’Dorn tomberait, cela n’était pas remis en question, mais après ? Une Triumvir qui tente de séduire un hérétique, un Obok Senger qui risque ne plus l’être, un Prime Sorcier qui ne le sera jamais, une Reine ? Des possibilités s’ouvraient, d’autres se refermaient, non, il n’y avait pas de risque, mais l’ampleur de ta tâche est importante, alors qu’on a déjà reproché à ton précédent serviteur de ne pas être à la hauteur.

Peut-être que c’est le moment ? Je ne sais si l’idée vient de Toi ou si elle vient de Vaerian, mais elle est venue de la même façon.

Je me suis figé au moment où le chaos a pris le dessus pour mieux l’écouter, pour mieux l’explorer, mais je reprends vie alors que plus personne d’important ne m’entoure. Un de tes masques s’approche et je lui donne des directives, beaucoup, à partager. Les tiens iraient à Sol’Dorn, pour comprendre, comme la Garde Silencieuse, et chercher là où cette dernière n’irait pas chercher. Les tiens surveilleraient Viconia et Ranaghar, à la fois pour comprendre, à la fois en réponse à la demande muette de l’aveugle, une demande que tu m’avais déjà faite. Les tiens surveilleraient Kerath et Na’ri, car le premier était une clé pour les prochains événements et car cette dernière pouvait apporter des réponses. Les tiens surveilleraient Valsrik’Hrae, et s’il venait avoir besoin d’aide, privé de Ran’lyn, quelqu’un qui aurait entendu ses mots viendrait l’aider. Le masque s’éloigne, le masque sait ce qu’il doit dire et à qui il doit le dire.

Il ne reste que la Reine, et personne d’autre que ton serviteur le plus fidèle ne peut remplir ce rôle, alors que je m’élance lentement à sa suite, vers sa tente ?

LA SUITE

7h30

• Ils riraient bien à nous voir - Viconia et Ranaghar
  
• Entre eux deux - Kerath et Na'ri
  
• Une prière n'est pas forcément pour les dieux - Krish et Myr'Hennis

7h50

• Le masque qu'on ne voit pas - Krish et Ssol'riss

10h00

• Les petits rapporteurs - Etat Major à propos de Sol'Dorn

11h00

• Condamnation - Vals et Ssol'riss
  
• Il est onze heure du matin, et tout va bien ! - Krish et Ranaghar

11h30

• Les rejetons de Sol'Dorn - Ssol interroge les enfants

12h00

• Alea jacta est - Ordalie

12h15

• Attention ça pique - Soins post-ordalie

14h00

• Prime Flamme et Prime Alliance - Krish et un prima sanguis

14h15

• Mon vieil ami - Valsrik'Hrae et Krish

14h45

• La mort d'est pas une fin - Na'ri et Viconia

15h00

• Les dés sont jetés mais pas l'anneau - Kerath et Krish

16h00

• Les petits papiers - Krish et les notes de services
  
• Vent mauvais - Viconia et Ciri

16h15

• Temps mort - Vicnoia et Krish

16h30

• A l'heure du gouté, faisons dinette - Kerath, Na'ri et les enfants

17h00

• Le spectacle doit continuer - Discours présidentiel

17h40

• A propos de ce que j'ai dit ce matin - Kerath et Valsrik'Hrae

21h00

• Demain à l'Aube - Conseil de Guerre avant l'entrée dans Sol'Dorn.

00h00

• Les égoïsmes du Silencieux - Ssol'riss & Krish
  
• Après le marteau, l'enclume - Myr et Krish

8e jour de Favrius

06h00

• Le chaos, la bourbe et le sang - Prise de Sol'Dorn
  
  • Mais quel bordel au bordel - Apparition d'un étrange monstre près des docks
    
  • Halloween - Embuscade près du cimetière de la basse-ville.
    
  • La résistance de Kiel
    
  • Une bonne flambée et ça repart - recherche sur les créatures
    
  • Dans les ténèbre les lier - prise du Haut temple