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 Procès royal

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MessageSujet: Procès royal   Procès royal I_icon_minitimeJeu 16 Aoû 2018 - 16:35


Arkuisa de la huitième ennéade de Karfïas,
De la onzième année du onzième cycle.

Palais de Diantra.

Environ un mois après la création de la magna carta, le procès se tenait. Tous étaient réunis, ou presque, pour statuer sur le sort des accusés. Franco di Celini manquait à l’appel puisqu’il était toujours en vadrouille dans les terres lointaines de l’estrévent. Il y avait donc là un bon nombre de personnes, sans compter ceux qui seraient appelés à témoigner durant le procès. Il y avait aussi le régent et sénéchal du royaume, Aymeric de Brochant, à qui reviendrait la lourde charge de prendre une décision lorsque chacun aurait plaidé sa cause. Mais avant d’en arriver là, le nouveau chancelier serait le meneur, en charge du bon déroulement du processus. S’éclaircissant la voix, on demanda le silence de l’assemblée. Quand le brouhaha ambiant cessa, il put s’exprimer.

 - Bienvenue à tous. Nous sommes réunis ici pour un procès qui opposera les accusés Franco di Celini, absent aujourd’hui, et Tibéria Soltari-Beronti, respectivement Duc et Duchesse de Soltariel à l’accusation composée comme suit : du Signore Cortès di Alcacio, du Signore Cortés di Castigliani, du Signore di Lambruzzia, de la Signora di Maldi représentante des Sybronds, du Signore di Camarata, du Segniore di Polvo, du Segniore di Gentili, du Segniore di Barizani, du Signore di Marissi, du Signiore di Torres, du Signorie di Perocco, du Signore Martirigri ainsi que quatre autres seigneurs soltarii faisant partie des Vrais Soltarii et enfin de Son Excellence Louis de Saint-Aimé.

Une fois tous les participants scrupuleusement énumérés, et il avait fait bien attention à n’en oublier aucun, il devait enchaîner sur la suite et donc le déroulement du procès. Un cadre devait être posé avant d’entamer quoi que ce fut.

 - Afin que le procès se déroule dans les meilleures conditions, je me dois de vous expliquer les règles qui l’encadreront. D’abord et avant tout, chaque point sera débattu. Nous les aborderons un par un, les uns après les autres. La défense pourra répondre à l’accusation et faire appel à des témoins. Il en ira de même pour l’accusation face à la défense. Seuls ceux invités par moi-même à parler pourront s’exprimer. Si quelqu’un déroge à cette règle, il se verra exclu de la salle et congédié pour le restant du procès.

Il se devait de mettre en place cette sanction à laquelle il ne sera pas possible de faire appel, sans quoi le tout risquait de virer très rapidement au cauchemar. Le procès était déjà en lui-même quelque chose d’assez lourd et complexe pour que le déroulement ne se trouve pas entaché par des interventions intempestives. Réajustant ses feuilles sur son pupitre, le chancelier s’apprêtait à énumérer les chefs d’accusations. Ils étaient au nombre de six, ce qui promettait un procès assez long.

 - Les chefs d’accusation sont les suivants.

En premier lieu : La non protection de la terre vassale d’Ydril, laissée à son sort pour affronter l’invasion d’Altiom sans terres et du Roi de Naelis par les ducs de Soltariel.

En deuxième lieu : Le non respect des règles élémentaires de la guerre navale par les ducs de Soltariel en ayant outrepassé toute logique défensive dans l’établissement du blocus maritime. Celui-ci s’étant soldé par un échec, une demande de dédommagements a été formulée.

En troisième lieu : L'abus d’autorité des ducs de Soltariel, suivi d’un emprisonnement arbitraire et sans procès à l’encontre d’Angelina de Solaria, vassale du duché de Soltariel.

En quatrième lieu : La trahison de Franco di Celini, et donc des ducs de Soltariel, suite aux faits rapportés survenus à Port-Cinglant.

En cinquième lieu : La suspicion d’escroquerie des ducs de Soltariel à l’encontre de la couronne mais également à l’encontre des vassaux Soltarii ainsi qu’au Comté de Sybrondil.

En sixième lieu, il s’agit du chef d’accusation supplémentaire de la part de Sainte-Berthilde : L'accusation envers les ducs de Soltariel de félonie, de traîtrise, de lèse-majesté, de sabotage et de tentative de meurtre des soldats qui constituaient l’armée coalisée du Berthildois et de l’Eraçon.


Tous ici présents connaissaient sans doute chacun de ces chefs d’accusations par coeur. Mais il laissa tout de même le silence régner un instant. Il ne lui restait plus qu’à ouvrir les hostilité et il souhaitait laisser encore un peu flotter cette tension toute relative. Ce qui allait suive serait bien plus agressif et vindicatif. Il prit une gorgée d’eau avant de lancer les hostilités.

 - Bien, nous commencerons donc avec le premier chef d’accusation. Je le rappelle pour que nous l’ayons tous bien en tête : La non protection de la terre vassale d’Ydril, laissée à son sort pour affronter l’invasion d’Altiom sans terres et du Roi de Naelis par les ducs de Soltariel. Je donne la parole à l’accusation, spécifiquement au Signore Cortés di Castigliani. Vous pouvez développer.  

L’accusation ouvrait le bal, pour que la défense puisse mieux répondre. Il n’y aurait pas eu de logique à faire l’inverse et le chancelier n’avait plus qu’à attendre la suite, en distribuant la parole quand ce serait nécessaire.

_________________
Ombre fugace
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MessageSujet: Re: Procès royal   Procès royal I_icon_minitimeVen 17 Aoû 2018 - 6:30



La pression gagna un cran lorsqu'on lui manda de venir parler devant toute l'illustre assemblée. Guère habitué à tenir la tribune autrement que sur le pont d'un navire, le petit vavasseur soltaari avait parcouru un chemin impressionnant pour finir Amiral de la Marine Royale, plaidant la chute d'un pouvoir ducal gangrené. Fort de ses derniers succès en date, ce n'est pas en tant que total inconnu qu'il s'avança. Qu'on ne le connaisse de nom, laissa des regards tantôt circonspects où admiratif à son égard. Il arriva devant le nouveau chancelier, remplaçant feu Roderik de Wenden – et le Régent-Sénéchal, Aymeric de Brochant, qu'il avait déjà rencontré en Ydril. Sans se faire inquisiteurs où totalement désintéressés, les attitudes des deux hauts-officiers de la couronne le laissèrent perplexe. Qu'on l'ait appelé lui, et non son frère qui avait rédigé la Charte dans son entièreté, l'étonnèrent grandement. Ce remaniement de dernière minute laissait sans doute présageait que l'on préférerait écouter l'Amiral et non le soltaar.

Une guerre civile couvait à Soltariel. Selon l'issue de ce procès, des milliers d'hommes se préparaient déjà probablement dans l'ombre afin de répondre aux attaques de la petite Soltaari-Beronti, dans le cas d'un sursaut de sa part. Afin d'éviter d'en arriver là, Francesco tâcherait d'être le plus clair possible, de sorte que tous les chefs d'accusation finissent par révéler au grand jour la trahison du duc de Soltariel, ainsi que l'ingérence totale et entière de son épouse. Du fait de leur union maritale, l'un prendrait pour l'autre, etc... Car l'homme et la femme étaient unie, pour le bien et pour le pire, dans leur mariage sacrée devant la prêtresse de Néera. Que l'épouse soit mariée aux pires hommes que la péninsule ait connue n'y changerait rien. Du moins, si l'on respectait encore les règlements sacrés.

Mes seigneurs les chancelier et régent du royaume, dit-il en s'inclinant brièvement. Afin de commencer sur ce premier point, laissez-moi revenir sur les premiers faits survenus en Ydril et tous les facteurs qui ont permis à son déclenchement.

Il reprit sa respiration sans se préoccuper de la duchesse, assise non loin, qui attendait sûrement son tour pour se lancer dans ses atermoiements.

– Lorsque l'on parlait de guerre dans le Médian et de la plus grande armée jamais réunie pour y défaire celui que l'on nommait l'Ogre, le sud festoyait à Soltariel. N'y étant pas allé, car je me trouvais en cantonnement à Port-Royal, on me raconta que la fête avait été une belle réussite. Mais c'est aussi en ce moment de joie que le Vicomté de Calmérese, alors administré par le Haut-Viguier Théobald d'Arseflèse, fut la cible d'Ydril*. Je n'ai sans doute point besoin de vous rappeler que le vicomté était alors sous juridiction royale et que le sire Théobald était un représentant de la couronne. Toujours est-il qu'après le déclenchement de ces hostilités, le pis fut à venir. En d'autres circonstances, ce sera encore à vous de juger où non le comportement de la jeune Systolie, mais je ne fais que vous rappeller seulement les prémices du conflit.

Car il en arrivait à nouveau point encore non abordé. Une nouveauté, qui plus est.

– Comme déjà mentionné, je me trouvais cantonné à Port-Royal et répondais aux ordres de l'Amiral Franco di Celini. Ces derniers étaient clairs, quoique presque inexistants. J'étais chargé, en ma qualité de vice-Amiral, d'assurer les réparations des vaisseaux flambants neufs commandés par feu Cléophas d'Angleroy, alors qu'il était encore régent et qu'il demanda au duc de Celini de construire une nouvelle flotte royale. Cela fera d'ailleurs partie d'un autre point sur lequel je laisserais mon frère et d'autres personnes concernées prendre la parole si vous n'y voyez pas d'objection, messire Chancelier. Le fait est que l'on nous rapporta la présence d'une flotte conséquente en partance de Naelis et faisant route vers le sud du Royaume. A aucun moment, je ne reçus l'ordre d'intercepter cette armada, ne trouvant qu'en réponse un long silence de la part de l'Amiral, seul habilité à pouvoir prendre la décision. Cette flotte, mes seigneurs, était celle envoyée par un armateur thaari nommé Faeron Savarius, et emportant à son bord une armée composée d'hommes du Royaume de Naelis et de mercenaires à la solde d'Altiom. Cette force d'invasion ne trouva nulle résistance et put débarquer sereinement sur les côtes d'Ydril pour y laisser se déverser ses troupes. Vous n'êtes sans doute pas sans savoir que le vicomté de Calmèrrese fut particulièrement impacté, tout comme les vicomtés du Curzio et de Clozi.

Cette fois, il regarda la duchesse.

– Mes seigneurs, la suite parle d'elle-même. Les vicomtés royaux ont été abandonné à leur triste sort, car de Soltariel, alors seule capable d'y envoyer des hommes étant donné l'occupation des troupes royales dans le Médian, ne fit aucune action de contre-offensive où même de riposte immédiate** afin de, non pas forcément repousser l'envahisseur dehors, mais au moins de le gêner suffisamment pour que tout ne lui soit pas acquis si... aisément. Pour ce, il fallut attendre que la duchesse Tibéria ordonne que le blocus d'Ydril soit fait. Cela aussi fera partie d'un autre point, ce pourquoi je ne m'y attarderais pas. Mais c'est ce pourquoi tout ce temps perdu nous oblige aujourd'hui à mettre en évidence la non gestion totale de cette guerre par le trône ducal.

Un œil de nouveau pour les signataires de la Charte, qui attendaient leur tour avec grande impatience. Parmi eux, son frère Félipé, dont le regard bienveillant était probablement la seule source de réconfort dont il pouvait jouir.

– Mes seigneurs, là non plus je ne vous ferais pas l'affront de vous rappeler les devoirs d'un suzerain envers ses vassaux, ni même des obligations d'un vassal envers son suzerain. Mais les faits parlent d'eux-mêmes et ne sauraient être démentis vue le nombre de morts qu'il y a eu dans cette guerre. Ce n'est malheureusement pas aujourd'hui que nous pourrons réparer les erreurs qui ont été commises. Ça non, personne ne le pourra. Néanmoins, je vous demande seulement de considérer que Soltariel, appuyé de ses vassaux fidèles de Sybrondie et d'Ysari, aurait eu la force nécessaire d'empêcher l'envenimement de conflit et que rien a été fait.

Il savait qu'à l'aube de ce conflit, Tibéria de Soltariel était enceinte. Il était probable que sa défense repose d'ailleurs sur cet état qui l'avait empêché de prendre des bonnes décisions. Probable aussi qu'elle reporte les fautes sur son époux censé devoir gouverner le temps de sa convalescence.

– Il est vrai que dame Tibéria était enceinte. N'importe qu'elle femme a ce droit-là. Nous ne pouvons qu'avoir de la mansuétude pour cet état qui dut sans doute la priver de toutes ses facultés. Hors, vous comprendrez sans doute mieux pourquoi le conflit d'Ydril est devenu ce qu'il est en comprenant qu'il n'y avait à la tête de Soltariel, ni de duchesse, ni de duc, rendu absent depuis bien longtemps. Est-ce que cela veut-il dire que le peuple doit mourir parce que les pairs du Royaume sont absents où malades ? C'est la raison pour laquelle on nomme des hommes où des femmes régent(e) en l'absence d'un suzerain. Mais pour cette occasion, l'on ne vit nulle âme capable d'empêcher le drame survenu. Pour cette raison, nous accusons le couple ducal de mauvaise gestion de ce conflit et de non protection des terres vassales d'Ydril.

La suite serait pour l'accusée. Qu'elle avoue ses torts où qu'elle nie ne changerait pas l'histoire, ni tout ce qu'elle avait manqué. L'inexpérience et un tempérament trop caractériel avaient été ses principaux défauts qui l'avait fait plonger. Contrairement au duc, qui devait être rempli de vices et de couardise.

Mais ces défauts ne justifiaient clairement pas que l'on ait pu perdre un comté du Royaume tout entier. Ceci étant dit, le pire pour la dame de Soltariel restait encore à venir.
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MessageSujet: Re: Procès royal   Procès royal I_icon_minitimeSam 18 Aoû 2018 - 0:23


Le jour était donc venu. Tibéria n’avait pas fermé l’œil de la nuit ainsi que personne d’autre dans la maison Soltari, d’ailleurs. Certains avaient même soulevé l’idée de vider la réserve d’alcool de la cabane, mais Tibéria voulait que ses gens aient l’esprit aussi vif que possible à défaut d’être entièrement reposés et qu’après le procès, il y aurait certainement d’autres raisons pour boire jusqu’à s’oublier soi-même. Malgré l’épée qui pendait au-dessus de sa tête, elle affichait une certaine sérénité. Peu importe l’issu, Tibéria voyait enfin le dénouement de cette saga. C’est donc dans un silence absolu et dans un calme apparent seulement que la duchesse écouta les premiers arguments de l’accusation.

Honnêtement, dès les premiers instants, elle n’en crut pas ses oreilles, pas plus que les gens qui l’accompagnaient, d’ailleurs. Si le procès était entièrement à l’image de ces premiers arguments, Tibéria avait presque de la peine pour eux. Néanmoins, elle attendit que ce soit son tour avant de s’exprimer. Sa voix ne laissait entendre aucun amusement dans son ton, elle ne présentait que les faits dans toute leur vérité.

« Il est vrai que Soltariel aurait dû réagir plus tôt à l’attaque d’Ydril en y envoyant des hommes, mais encore aurait-il fallu qu’ils soient sur place. En Vérimios de l’an 9, 500 soldats ont été mobilisés par Franco afin d’assurer la sécurité sur la route de l’or et la débarrasser des brigands qui la gangrenaient. Ensuite, dans le dernier tiers du mois de Karfias de l’an 9, un second déploiement de 300 chevaliers, 500 arbalétriers ainsi que 100 mages de guerre ont été envoyés à Diantra, toujours sous les ordres de Franco, afin de pacifier la ville en préparation du retour du roi. D’autres ont également été déployés à Vaillancourt au nombre de 500. Pour Diantra seulement, c’est 900 soldats. Comment est-il possible d’ignorer cela? C’est quand même 1900 soldats professionnels déployés sur une capacité de 2500. Ces hommes sont restés en place jusqu’à ce que je signe l’ordre de les rapatrier depuis Beronia dans la première ennéade de Barkiòs de l’an 10. Entre temps, j’avais moi-même envoyé un dernier petit contingent d’hommes afin d’aider directement la population locale : des ouvriers, des vivres et une poignée de soldats sous le commandement de Marcus Bonasoli. Quoi qu’il en soit, à la date du débarquement de Marcalm, Soltariel ne disposait que de 600 soldats professionnels disponibles. Il faut quand même un minimum de temps et de préparation pour envoyer des troupes. Donc entre le moment de les mobiliser, préparer les vivres et les armes et finalement faire le voyage, ça leur donnait le temps de se préparer aussi de l’autre côté. Certes, nous avons la capacité de déployer un nombre appréciable de miliciens, mais envoyer des non-professionnels sans savoir s’ils ne risquaient pas de se retrouver face à face avec les Ydrilotes ou pire, avec une armée coalisée Ydril-Naélis, ne me semblait pas raisonnable, même avec l’appui d’Ysari ou de Sybrondil. »

C’est ce qu’elle aurait dû faire, déployer les miliciens? Des hommes plus habitués à manier la fourche qu’une épée sans savoir ce qui les attendait de l’autre côté? De toute façon, elle venait de le dire elle-même, il faut du temps pour déployer des soldats : les mobiliser, préparer les armes et les vivre et faire le voyage. C’est sans parler qu’ils ne savaient pas exactement ce qui les attendait là-bas, surtout que jamais Aléandra n’a demandé l’appui de Soltariel.

« Les débuts de ma grossesse ont été particulièrement difficiles et personne n’aurait pu prévoir cela, c’est vrai. J’ai été extrêmement malade et incapable d’avaler quoique ce soit sans le rendre aussitôt, j’ai maigri et je me suis affaibli au point de remplir difficilement mes fonctions. Ce n’était pas un état que je pouvais contrôler et ils sont nombreux à avoir vu dans quel état je me trouvais. À la fin du dernier conseil que j’ai tenu, je me suis tout bonnement évanoui ce qui a achevé de convaincre mon entourage que je ferais mieux de m’éloigner pendant quelque temps. Durant ce même conseil, j’ai avancé le fait qu’Altiom était un traître, mais les conseillers ont déclaré que je parlais trop vite. Cet homme ici présent peut témoigner de ce qu’il a entendu pendant cette rencontre. » Elle désigna Hernando qui acquiesça d’un signe de la tête. « Je n’étais pas convaincu, mais à ce moment, je voulais juste quitter la pièce et aller me reposer. Voyez cela comme un aveu de faiblesse si c’est cela que vous voulez, mais je ne souhaite à personne de rendre systématiquement tout ce qu’elle avale pendant des ennéades entières. Quoi qu’il en soit, pendant cette absence qui s’est échelonnée entre la quatrième ennéade de Favrius et la deuxième ennéade de Barkios, Franco di Celini, en tant que duc consort, devait agir en mon nom. Toutefois, les nouvelles qu’on me transmettait ont fait état de son inaction. C’est d’ailleurs à ce moment, comme je l’ai dit un peu plus tôt, que j’ai signé l’ordre d’évacuer Diantra. J’ai appris plus tard que cet ordre fut très mal accepté par Franco qui a vu cela comme de l’ingérence sur son pouvoir. Toutefois, au moment de mon retour à Soltariel, on m’informa qu’il était lui aussi malade et qu’il se trouvait en convalescence au manoir Celini, mais ce n’était qu’un subterfuge pour prendre la fuite. Il m’a laissé une étrange lettre où il affirme quitter Soltariel pour trouver des alliés. J’ai cru qu’il avait perdu la tête. »

Elle détestait admettre que sa grossesse fut contraignante à ce point. Tibéria avait l’impression d’être faible et incapable. Pire encore, non seulement les débuts furent pénibles, mais l’accouchement faillit la tuer, ce que personne ne savait dans cette salle à l’exception de son entourage proche.

« Il y a deux choses qui m’intriguent dans le témoignage de monsieur. Premièrement, il affirme avoir été alerté par la présence d’une flotte en partance de Naélis. Or j’ai moi-même été alerté de l’attaque que lorsque le capitaine de la Loutre, un navire de surveillance côtière, a lui-même été témoin de l’attaque. Il a réussi à envoyer un message avant que le navire s’échoue et que son équipage ne soit capturé. Le vice amiral a-t-il pensé à alerter l’amiral? Même s’il revient à ce dernier de donner les ordres, n’aurait-il pas pu faire une exception s’il avait un doute raisonnable sur la menace qui planait? » Elle regarda ensuite Francesco et déclara simplement. « Pour terminer, il a affirmé avoir été stationné à Port-Royal par Franco pour veiller à la restauration de la flotte royale, or vous devez savoir que les bateaux sont construits à Boniverdi. Pourquoi l’aurait-il envoyé là-bas? Même si feu Cléophas d’Angleroy nous a permis d’utiliser Port-Royal, Franco jugeait plus pratique d’utiliser Boniverdi. Situé plus près de Soltariel, il pouvait y faire des allées et retours sans avoir à s’éloigner pour plusieurs jours consécutifs. Les navires n’ont pas été envoyés à Port-Royal. Du moins, pas avant que Franco ait perdu son titre d’amiral, soit après la cinquième ennéade de Barkios, donc plus d'un mois après l'attaque d'Ydril.»
Voilà de quoi miner un peu la crédibilité du Vice-Amiral…

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MessageSujet: Re: Procès royal   Procès royal I_icon_minitimeDim 19 Aoû 2018 - 13:57



Un hochement de sourcil plus tard, Francesco tâcha de savoir si ce qu'il avait entendu en dernier dans la bouche de la dame était vrai, où seulement le fruit de son imagination. Étant donné le regard satisfait de la soltaari après avoir terminé, il comprit que non, il n'avait guère halluciné. En sachant d'avance que ce qu'il s'apprêtait à dire ne manquerait pas de délégitimer encore plus la duchesse dans ses fonctions, il eut en tête une expression un peu familière. Celle-ci était utilisée pour mettre en évidence qu'une personne en avait trop dit, elle disait « t'as encore raté une occasion de fermer ta gueule ». Mais la vulgarité n'était clairement pas l'un de ses défauts. Pis, il eut même un peu de réticence à reprendre la parole, sachant éperdument qu'il était sur le point d'enfoncer un clou déjà rentré de moitié. Avant cela, il repensa aussi aux premières paroles professées par la duchesse, mettant en évidence son incompétence notoire pour gouverner. Pour cette raison, Francesco n'aurait même pas pris la peine de rebondir si seulement on ne l'avait pas accusé en retour. Il se serait avancé vers le Chancelier et le Régent, et leur aurait dit « Ces mots parlent d'eux même, l'accusation est fondée à juste titre ».

Mais non. Tibéria avait voulu remettre en doute sa parole afin de le déstabiliser où peut-être plus de le décrédibiliser. La manoeuvre était maladroite. Et pour la suite, elle le paierait très cher dans ses prochaines défenses.

– Mes seigneurs, la dame Tibéria m'accuse de deux points. Je vous demande le droit de me défendre et vous assure que cela ne sera pas long.

N'ayant même pas d'animosité envers la duchesse, il se demanda même si cela valait vraiment le coup d'en rajouter. Mais son honneur était visé. Le choix n'était guère plus possible.

– Ma dame, permettez-moi, sans vous en offusquer de vous expliquer en quoi consiste une hiérarchie militaire. L'Amiral est à la tête de l'amirauté, tandis que le vice-amiral prend ses ordres uniquement du premier, qui lui même pourra prendre ses ordres d'un seigneur régent du Royaume, où bien même du Roy en personne si celui-ci est en âge de commander. Lorsque je fus nommé Vice-Amiral, je fus, vous en conviendrez sûrement, placé sous les ordres de votre époux, alors Amiral du Royaume. Tandis que ce dernier se trouvait on ne sait où dans le Royaume, je restais stationné à Port-Royal, et ce, avant l'aube de ce conflit. Vous comprendrez également que Soltariel n'est pas la seule à disposer de navires rapides permettant de garder un œil sur les mers et les océans. Cela est d'ailleurs le fer de lance de la Marine Royale, qui avant d'intervenir, doit s'assurer du contrôle et de la sécurité. Hors ma dame, l'Amiral votre époux a brillé par son absence lorsque nos sentinelles rapportèrent la présence de potentiels envahisseurs. Seul le Roy, le Régent et l'Amiral, étaient en droit de prendre la décision d'interception. Il n'est pas dans mon habitude, en tant que Officier de la couronne, de désobéir aux ordres où de prendre moi-même une décision qui ne m'appartient pas. Alors je vous le répète, les derniers ordres de votre époux étaient clairs et limpides comme de l'eau roche, ils me demandaient de rester à Port-Royal afin de m'assurer des réparations de la flotte livrée. Il me fallut attendre le courrier* du chancelier Roderik de Wenden pour m'informer les soupçons de trahison de votre époux et pour me donner l'autorisation d'agir avec les moyens dont je disposais pour empêcher l'archipel de Nelen de tomber aux mains des rebelles et des estreventins.

Il était resté calme. Chose assez incroyable lorsqu'on savait que quelques années auparavant son surnom était « el furioso ». Là pourtant, il n'y avait pas de quoi s'énerver.

– Je tiens à rajouter, ma dame, que la flotte construite par votre époux en seulement deux mois, présentait des avaries et des marques de travail bafoué. C'est tout ce que l'on pouvait attendre d'une armada construite en si peu de temps. Pour cette raison, je fus amputé de plusieurs vaisseaux lorsque je partis mener la guerre au nom du Roy, dans l'Olienne. Inutile de préciser dès lors que la flotte royale, sabordée de la sorte, n'était clairement pas en mesure de lutter contre l'armada estreventine du dénommé Faeron Savarius, et que nous devons notre salut que grâce au courage exceptionnel dont firent preuve les marins de sa Majesté et également au destin qui nous fut favorable sur le champ de bataille.

C'était là un moyen de dire que malgré l'inaction de Soltariel, d'autres s'étaient affairés à combattre pour limiter que la situation ne s'envenime plus qu'elle ne l'était déjà.

– Je fus nommé Vice-Amiral en Karfias. Vous dites vrai lorsque vous évoquez que la flotte commandée par Cléophas d'Angleroy fut construite dans les chantiers navals de Boniverdi. C'est là-bas, d'ailleurs, que j'y rencontrais votre époux. Hors, vous apprendrez ma dame, que la flotte fut envoyée à Port-Royal sous l'ordre du duc** qui était encore Amiral et que j'ai moi-même supervisé son escorte, où je pus faire les premières alertes concernant les défauts de ces navires flambants neufs. Ce que vous dites est donc faux.

Il la regarda comme un père aurait regardé son enfant ayant commis une grave erreur.

– Ma dame, votre situation est déjà suffisamment pénible pour que vous fassiez l'erreur d'en rajouter. Vous ne pourrez jeter systématiquement vos torts sur le dos des autres, surtout lorsque ceux-là ont œuvré pour remplir leur devoir. Car en accusant sans fondements, cela se retournera de toute manière contre vous et vous décrédibilisera comme ce qui vous arrive à l'instant.

De nouveau, il refit face au nouveau chancelier et au régent.

– Cela nous est riche d'enseignement, mes seigneurs, et vous prouve l'inaptitude de ma dame de Soltariel. A cela donc je rajouterais que l'excuse d'avoir des troupes dispersées aux quatre vents n'en est pas, puisque Soltariel pouvait aisément compter sur ses deux vassaux d'Ysari et de Sybrondil. Qui pour le premier, envoya des vaisseaux bien trop tard sur l'ordre de la duchesse lors du blocus d'Ydril, et pour le second, m'apporta de précieuses informations qui me permirent de mener la guerre contre le dit Faeron Savarius***. Je sous-entends ici que sans les informations données par la comtesse Victoria di Maldi, je ne serai probablement pas ici pour témoigner. Alors que de Soltariel, ma dame, nous n'avons jamais reçu aucune aide. Je pense pouvoir affirmer que la comtesse de Sybrondil et le couple baronnial d'Ysari, confirmeront mes paroles.

Cette comtesse, il ne l'avait jamais vu et ignorait même si elle se trouvait dans la salle. Pour sûr que oui, mais il aurait été bien en peine de l'identifier.

-Pour ce qui est de l'état de santé dont vous fîtes victime, le duc et vous, et bien cela prouve à tous dans cette assemblée que nul conseil de régence ne fut formé et que le duché de Soltariel fut livré à lui-même jusqu'à l'arrivée du Chancelier de Wenden et des armées du Roi. Je crois maintenant que tout a été dit pour ce chef d'accusation.

Il avait fait exprès de ne pas mentionner que le duc de Soltariel n'avait probablement jamais été malade, car l'heure n'était point encore venue. Mais que la dame se le dise; plus elle se chercherait des excuses, pire ce serait. Qu'une simple dame enceinte n'ait pas la force de se lever pour nourrir sa famille passait encore. Mais qu'une duchesse, à la tête de l'une des plus puissantes terres du Royaume n'accepte pas de reconnaître qu'elle avait manqué de mener son pays à sa perte... Et bien, il n'aurait de cesse de lui faire avouer. Peu importe son âge ; peu importe sa nouvelle maternité.
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MessageSujet: Re: Procès royal   Procès royal I_icon_minitimeDim 19 Aoû 2018 - 18:16


Tibéria haussa un sourcil. En fait, en tentant de déstabiliser le vice-amiral, elle se mit quelque peut les pieds dans les plats. Toutefois, alors qu’il exposait la faille dans le discours de la duchesse, il dit quelque chose qui alluma une lumière dans l’esprit de Tibéria. Elle ne comptait pas se laisser abattre de cette façon. Francesco avait sa part de responsabilité et elle allait le démontrer.

« Je comprends parfaitement le fonctionnement de la hiérarchie, mais vous n’avez pas répondu à ma question précédemment : avez-vous, oui ou non, tenté de contacter l’amiral lorsque vous avez eu vent de la présence de la flotte qui venait vers nous? Je n’ai reçu qu’une lettre de votre part, celle m’informant que Franco a rejoint un mouvement de révolte bien après l’attaque d’Ydri. Vous reprochez à Franco de briller par son absence, mais n’était-il pas aussi duc? Du coup, nous pouvons raisonnablement nous attendre à ce qu’il remplisse aussi ses fonctions ducales et qu’il ne soit pas constamment à veiller sur la flotte à vos côtés. Si c’est cela qu’on attendait de lui, alors il aurait peut-être été préférable de nommer quelqu’un d’autre, non? Vous tentez de me faire porter la responsabilité des choix ou des non-choix de Franco parce que je suis marié à lui et vous tenter de justifier le fait que vous n’avez pas réagi à la présence de la première flotte à cause de la hiérarchie militaire qui vous en empêche. »

Elle regarda ensuite le chancelier.

« Franco était bel et bien sur le territoire de Soltariel au moment de l’attaque. Si le vice-amiral nous avait envoyé un message depuis Port-Royal, il serait arrivé qu’environ 1 jour plus tard par la voie des airs ou cinq jours par la voie terrestre. À condition que Franco ait répondu à l’appel et envoyé ses ordres, personnellement, je ne peux pas savoir si cela aurait laissé suffisamment de temps au vice-amiral pour intercepter la flotte, seul lui pourra le dire. Toutefois, cela nous aurait donné le temps de nous préparer de notre côté. Je crois que c’est cela qui nous est reproché ici, non? Si nous avions été alertés, nous aurions pu prendre les décisions qui s’imposaient en rapatriant nos hommes et peut-être même empêcher complètement le débarquement. Il ne s’agit pas de rejeter la faute sur quelqu’un d’autre, mais d’un simple constat : nous n’avons reçu aucun message à Soltariel à propos de la menace qui venait sur nous. Le vice-amiral affirme ne pas avoir le pouvoir de prendre lui-même des décisions, mais est-ce que cela aurait été de la désobéissance de sa part que de nous alerter? Est-ce que Franco, à ce moment-là, a vraiment été négligent dans ses fonctions en étant absent de Port-Royal pour occuper ses autres tâches? »

La mention de Sybrodil lui avait fait plisser les yeux, premier signe d’agacement chez la duchesse. Elle se demandait si Francesco savait pour les frasques de la comtesse. Il était encore trop tôt pour en parler, mais Tibéria comptait bien tout dévoiler avant la fin du procès.

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MessageSujet: Re: Procès royal   Procès royal I_icon_minitimeLun 20 Aoû 2018 - 20:29


A peine les premiers échanges effectués que de la tension pouvait déjà aisément se faire sentir. Victoria était restée impassible durant les différents plaidoyers. Elle le resta tout autant lorsque son nom fut cité par l’Amiral de la flotte royale; Francesco. La comtesse se remémora alors leurs missives qu’ils s’étaient échangés. Et même si au départ, une certaine tension était née, celle-ci fut vite balayée au profit d’un travail coordonné au service de sa Majesté.

Victoria chassa bien vite ces souvenirs de son esprit pour se concentrer sur les échanges en cours. Son regard fixa la Duchesse puis l’Amiral avant de repasser sur le régent, puis à nouveau sur le chancelier qui se mit à parler :

« Je vous prie, Segniore di Castigliani, de répondre à la question qui vous a été posée. Avez-vous oui ou non contacté l’ancien Amiral Franco di Celini concernant la menace venant de l’Estrévent ?

- Une lettre a été envoyée spécifiquement au duc de Soltariel. Qu'il n’en ait pas parlé à son épouse n'est guère mon problème. Lança-t-il à l'encontre de la dame qui s'entêtait à jouer aux plus malines. En cela, voici une preuve de plus que vous n'aviez aucun contrôle sur vos terres alors que Soltariel vivait l'une des plus grandes humiliations de son histoire.

- Merci bien. Cela suffira, vous pouvez retourner à votre place. J’invite désormais sa Grandeur Victoria di Maldi, Comtesse de Sybrondil, à venir témoigner. »

Tous les regards se tournèrent alors vers Victoria. Celle-ci se leva, doucement et fit quelques pas en direction de l’avant-salle. Habillée et parée sobrement, les cheveux lâchés, son visage était resté des plus impassibles. Le contrôle de ses émotions, c’est sur cela que Victoria se devait de jouer sa carte. Et c’était d’ailleurs absolument nécessaire si elle ne voulait pas en venir à incendier la salle entière.

Dorénavant à quelques mètres à peine, la Comtesse prit soin de saluer le chancelier ainsi que le régent d’une révérence puis elle attendit patiemment les questions auxquelles elle devrait faire face.

« Je constate ma Dame, qu’en bas de cette charte figure votre signature.

- Oui Messire, j’ai signé cette charte tout comme l’entièreté des nobles Sybronds.

- Vous en reconnaissez donc toutes les accusations ?

- Oui Messire.

- Bien. » Acheva-t-il avant de mettre de côté le fameux vélin.

« Suites aux accusations qui viennent de se succéder, pouvez-vous m’expliquer l’absence d’intervention de Sybrondil face à l’invasion d’Altiom Sans Terre ? Vous accusez Soltariel de ne pas être venu en aide aux terres royales ydrilottes mais je suis curieux de savoir ce que vous avez vous-même fait. »

La première réaction de Victoria fut une profonde respiration. Elle se doutait bien que cette question viendrait sur le tapis mais à aucun moment ne croyait elle qu’elle viendrait du chancelier. La Comtesse aurait plutôt cru que seule une idiote telle que la duchesse aurait pu la lui poser. Mais soit. La voilà sortit d’entre les lippes du Chancelier, que pouvait-elle faire d’autre dorénavant que de répondre posément ?

« Ydril est, malgré ce que l’on croit, une terre férocement gardé par sept cités portuaires fortifiés ainsi que plus d’une dizaine de forteresse réparties sur l’ensemble de son territoire. Ydril dispose également de l’armada la plus puissante et la plus expérimentée d’entre toutes. Celle-ci est constituée d’une cinquantaine de navires et de 2400 marins réputés parmi les meilleurs du Royaume, à cela on peut ajouter pas moins de 5000 soldats Ydrilottes, tant professionnels que miliciens, auxquels se sont ajoutés 3000 estréventins.

Sybrondil quant à elle dispose d’une petite armée et d’une flotte moyennement équipé. Seules, rien n’aurait pu être fait si ce n’est affaiblir le comté. Nous…


- Il s’agit donc d’avoir préféré la sauvegarde de vos terres au fait de venir en aide au Roy.

- Non, messire. Ce que je souhaite vous expliquer, c’est que j'ai agi selon les moyens dont je disposais. Voyez-vous, je sais reconnaître un potentiel échec militaire lorsque celui-ci se présente et absolument rien n’aurait pu nous garantir la victoire si nous étions les seuls à s’être engagé dans cette guerre. Les terres de sa Majesté étaient effectivement en train d’être conquises par un étranger mais foncer tête baissée n’aurait en aucun cas réglé la situation. »

Victoria prit une légèrement pause avant d'expliquer les moindre de ses faits et gestes.

« Dans un premier temps, nous escomptions une réaction de Soltariel. Sachant que le couple ducale était, selon les dires de son Altesse ici présente, au courant de la situation en Ydril dès le départ des hostilités, nous nous attendions à en recevoir rapidement.

Cependant, nous nous sommes tout de même immédiatement attelé à faire appel à notre réseau d’espionnage, aussi bien en Estrévent qu’en terre Ydrilotte, ce qui a permis d’obtenir des rapports réguliers sur la position des forces armées ennemies et surtout d’identifier plusieurs potentiels armateurs estréventins qui auraient pu être à l’origine de l’aide octroyée au Royaume de Naélis pour venir envahir Ydril.
* »

Elle évita volontairement de préciser que c’étaient grâce à ses informations que l’Amiral actuel avait pu défaire une attaque visant Nelen, préférant éviter de s’attirer les lauriers dont elle ne s’estimait pas forcément digne.

« Au fil des ennéades, nous n’avions toujours pas reçu le moindre signe de vie de la part du Duché alors que les informations qui nous parvenaient démontraient un couple ducal complètement absent.  

J’ai ensuite entreprit une correspondance** avec son Altesse Tibéria pour ainsi tenter d’obtenir des informations concernant les futures intentions du duché à l’égard de l’envahisseur. Je lui ai également fait part de la disponibilité de Sybrondil à rejoindre le conflit aux côtés des Soltaris, et ce, à tout instant.

A cette première missive, j’obtins une réponse, qui ressemble en tout point aux dires que son Altesse vient de vous révéler: une grossesse l’empêchant de gouverner. Mais j’obtins également une autre information importante qui m’empêcha toute intervention en Ydril.


La Duchesse venait de convoquer Altiom Sans-terre à se présenter devant elle, elle donna également l’ordre à Sybrondil de surveiller les côtes Ydrilotes mais ordonna également qu’aucune armée ne soit levée.

- Si vous avez un témoignage ou une missive, je vous prie de me présenter cela à l’instant.

- Oui Messire, voici -elle fit signe à son fidèle conseiller, Gregorio, d’apporter un tas de missives avant d’en piocher une en particulier- la lettre reçue de son Altesse Tibéria, datée au sixième jour de la 1ère ennéade de Barkios, 5 ennéades après le début des hostilités. »

La lettre fut en premier lieu donnée au chancelier qui invita alors l’un de ses assistants à la lire à haute voix à l’assemblée présente.


Sixième jour de la 1er ennéade
Bàrkios
An 10 du 11ème cycle

À la Comtesse Victoria de Sybrondil,

Votre Grandeur,

Sachez ma chère dame que mon silence fut bien malgré moi. Durant le mois de Favrius, au moment même où Altiom d’Ydril débarquait à Ydril, j’ai eu le bonheur de découvrir que j’étais enceinte. Ma joie fut cependant de courte durée. Non seulement je devais faire avec l’envahisseur, mais la grossesse m’a également rendu extrêmement malade au point de me forcer à prendre congé à Beronia, la demeure de ma famille, jusqu’au début de Barkios. C’était bien contre ma volonté, mais j’étais tout simplement trop épuisée pour remplir mes fonctions. Durant mon absence, j’ai tout de même été en mesure de passer certains ordres. J’ai d’ailleurs ordonné le rapatriement des troupes Soltari déployées au nord à Diantra et Vaillancourt. Elles y avaient été envoyées pour pacifier la région. Des vivres et de l’aide avaient d’ailleurs été envoyés à Diantra pour soutenir la population locale. Une dizaine d’hommes s’y trouve toujours afin de surveiller la situation.

Mais voilà, ceci n’est pas le sujet de cette lettre, mais il y a tout de même un lien avec ce qui nous intéresse. Au départ, je n’avais pas l’intention de rester inactive face à l’envahisseur. Altiom est un traître à la couronne. Si je peux comprendre, dans une certaine mesure, son désir de vouloir rentrer chez lui, je ne crois pas que de le faire avec l’aide d’une armée étrangère soit la meilleure façon d’y parvenir. Je comptais sur le retour des troupes pour tenter une action. Or, rien n’est arrivé. Visiblement, un ordre n’a pas été passé, mais comme j’étais absente, je ne peux pas savoir avec certitude ce qui est arrivé. C’est quelque chose que je vais devoir régler de mon côté avec mon époux.

Malgré cela, il n’est pas trop tard pour prendre en main la situation. Altiom d’Ydril se trouve toujours en Péninsule et il doit se présenter devant moi afin de s’expliquer. Ne soyons pas dupes, il y a peu de chance qu’il vienne devant moi. Ce serait un manque flagrant de courage, mais s’il a moindrement l’instinct de conservation, il va se tenir loin de Soltariel. Il pourrait être tenté de fuir s’il lui vient à l’oreille ce que j’ai l’intention de lui faire. Je vous demande donc de garder l’œil ouvert et de vous tenir prête à l’intercepter en cas de problème. Quelques bateaux sybrons sur les côtes d’Ydril seront certainement d’une grande aide et pas uniquement dans la capture du traître s’il tente de s’échapper. Il faut savoir que la Comtesse Aléandra di Systolie n’a pas non plus opposée une résistance aussi farouche qu’on aurait pu espérer de son côté et aucun appel à l’aide n’a été envoyé. En attendant que son implication dans cette histoire soit éclaircie, faisons sentir notre présence sans prendre d’actions plus directe. Je ne vous demande pas de déployer votre armée, mais tenez-vous prête au cas où la situation évoluerait.

Que les Cinqs vous guident.


Tibéria de Soltariel
Duchesse de Soltariel

Procès royal 821313SoltariiBerontii


« Bien. Poursuivez votre Grandeur.

- Sybrondil s’est attelé à la surveillance des côtes Sybrondes, Ysaroises et Ydrilottes.*** Notre armée ne fut point levée vu que l’ordre de Soltariel était de ne pas le faire mais nous nous sommes tout de même attelés à nous préparer à la guerre tout en continuant de recevoir nos rapports réguliers sur les faits et gestes de l’ennemi. Puis, nous reçûmes ceci: »

Victoria sorti une seconde missive qu’elle tendit également au chancelier qui une fois de plus, invita l’un de ses assistants à la lire à l’assemblée.


Premier jour de la 2e ennéade
Bàrkios
An 10 du 11ème cycle


À la Comtesse Victoria de Sybrondil,

Votre Grandeur,

En fait, j’espérais qu’avant la réception de votre réponse, j’aurais de meilleures nouvelles à vous annoncer. Voyez-vous, Franco est présentement souffrant. Un mal mystérieux le force à garder le lit depuis près de deux ennéades maintenant. Même si les guérisseurs ont confiance de le voir se remettre sur pied très bientôt, l’inquiétude plane quand même. Voilà pourquoi je dois assumer autant de responsabilités malgré mon état, mais cela n’est pas aussi épuisant qu’on pourrait le croire. Je suis parfaitement en mesure d’assumer mes fonctions si c’est cela qui vous inquiète.

Pour ce qui est de la surveillance des côtes par les Soltarii, j’ai déjà des mesures en place auxquelles je vais ajouter des effectifs mieux armés. Au moment d’écrire ces mots, les navires sont déjà en route. Idéalement rien ne devrait pouvoir sortir des ports d’Ydril, mais il pourrait effectivement être tenté de passer par une autre route. J’espère ardemment que cet homme aura le courage de ses ambitions et qu’il se présentera devant moi afin d’éviter d’envenimer plus encore la situation. Je l’attend dans la troisième ennéades de Barkios. Si la population locale appuie cet homme, cela pourrait également avoir une grande incidence sur la suite des choses. Une chose est certaine cependant, c’est qu’il commence à attirer l’attention du Nord. Les ambassadeurs qui résident à Soltariel posent des questions et avec raisons. Je ne crois pas qu’Altiom ait réellement réfléchi à la portée qu’aurait son geste.

Aléandra di Systolie sera convoquée à Soltariel. Dans d’autres circonstances, j’aurais préféré me rendre à Ydril en personne, mais je ne peux me déplacer et c’est peut-être plus sûr ainsi. Je vous invite donc à venir me rejoindre à Soltariel pour cette rencontre. Dans l’éventualité qu’elle refuse de se déplacer, nous évaluerons les options à prendre. Si cela implique de prendre les armes, soit! Des ordres ont déjà été donnés, au cas où.

En attendant, prenez soin de vous,

Que les cinq vous gardent


Tibéria de Soltariel
Duchesse de Soltariel


Procès royal 821313SoltariiBerontii



« Quelle a été votre réponse factuelle suite à cette missive ?

- Sachant que ma suzeraine préféra opter pour une rencontre diplomatique dans un premier temps, je lui ai assuré de ma présence à ses côtés face à ma cousine, Aléandra, si elle estimait celle-ci nécessaire. Son Altesse voulait croire en une solution pacifique, moi-même j’ai tentée de résonner ma cousine, en vain.  

Quelques jours plus tard, un nouvel ordre fut donné par le duché, celui de rompre tout échange commercial avec Ydril : la guerre était officiellement déclarée.


- A quelle date avez-vous reçu cet ordre je vous prie ?

- Aux alentours de la première ennéade de Verimios. Je me dois de vous spécifier que Sybrondil n’a pas respecté les volontés de Soltariel, Messire. Nous avons dans un premier temps rompu tout échange commercial avec Ydril puis vint le blocus et la capture de mon cousin, l’Amiral d’Ysari. Sur quoi, en tant que matriarche de la famille, j’ai dû entreprendre une nouvelle correspondance avec la Comtesse d’Ydril. Parmi celle-ci, en échange de sa libération, je promettais une réouverture des échanges commerciaux entre Sybrondil et Ydril*. J'y ait vu un moyen de berner la Comtesse et de nous octroyer un avantage certain en cas de guerre ouverte.

- Réouvrir les échanges commerciaux allait à l’encontre des ordres donnés par votre suzeraine. Cette décision redonne un avantage non négligeable à l’ennemi, quand il s’agit uniquement de récupérer votre cousin ma dame. Il serait bon d’expliquer cette action plus en détails, les apparences ne sont pour le moment pas flatteuses.

- Je ne suis pas du même avis que vous en ce qui concerne l'octroi d'un avantage non négligeable. En soit, cessez tout échange commercial avec Ydril n’était en rien une bonne idée. Voyez-vous, le Comté se procure vivres et armes de la part du nord, du médian, du Langenacin ou encore de l’estrévent avec qui ils continuaient de commercer des ennéades durant avant que la couronne n’ordonne par le biais de l’ancien Chancelier, Roderik de Wenden, de cesser toute activité commerciale avec le comté rebelle**. Couper nos échanges commerciaux, alors que les spécialités de Sybrondil ne sont que l’huile d’olive, le marbre et les soieries n’ont fait qu’attiser la colère des marchands Ydrilottes, colère qu’ils ont reportés sur la couronne***, le peuple se ralliait doucement à l’envahisseur. J’ai donc décidé de rouvrir les échanges commerciaux, non seulement pour obtenir la confiance de ma cousine et ainsi espérer un retour de l’amiral Ysarois mais ce fut également une tactique militaire, comme précisé.

Grâce à ces bateaux, et au double-jeu auquel je m'adonnais avec ma cousine, Sybrondil a pu infiltrer une centaine de soldats dans les ports et forteresses du Comté rebelle*. Ces saboteurs avaient pour ordre de rester discrets et de se renseigner sur chaque point de défense de chaque ville. Cette information et cet avantage tactique, je l’ai immédiatement transmise à l’ensemble des chefs de guerre de la coalition**, et notamment à l’ancien Chancelier qui m’ordonna d’utiliser ce moyen de subterfuge pour faire entrer des dizaines de barils de feu de Pharet dans les différents ports et forteresses infiltrés***. Si les redditions n’avaient point eues lieux, ces saboteurs auraient pu offrir un avantage certain à la coalition

En conclusion, Messire. Il est vrai qu’aucune troupe Sybronde n’a été déployée à l’instant même où l’envahisseur posa le pied en Ydril, mais face à l’inactivité de Soltariel et à notre incapacité à résoudre militairement seule cette guerre, Sybrondil a tout de même contribué, mais à sa manière, en optant par la ruse plutôt que par la force que nous ne possédons pas; pendant que leurs Altesses étaient soit trop occupés à pacifier une région en compagnie des Langencins, soit d'être trop souffrant pour désigner un conseil de régence.

Le Duché était au courant de l'invasion, et ce, dès les prémices de la rébellion, et pourtant aucune troupe n'a été rappelée avant le début du mois prochain alors qu'il ne leurs auraient fallu que deux ennéades pour revenir. Deux ennéades qui auraient pu servir à lever les troupes Sybrondes et Ysaroises. Mais au lieu de cela, nous obtuses que le silence... et lorsqu’enfin, la Duchesse daigna agir après la fuite de son époux, ce n'était que dans le seul but d'éviter une guerre en tentant de négocier avec l'ennemi. Si l'ancien chancelier n'était point intervenu, le duché serait encore en proie à quelconques vaines négociations.

Et en cela, je reconnais mes propres fautes.
» Victoria croisa un instant le regard de Tibéria.

« Je suis fautive d'avoir été naïve en pensant que Soltariel serait apte à gérer cette crise, attendant seulement les ordres de leurs parts tout en planifiant seule quelconques subterfuges. Fautive de ne pas avoir apporté plus de conseils, de ne pas avoir insistée sur certains points tactiques ou de m'être déplacée plutôt auprès de son Altesse pour lui apporter ce que, visiblement ses conseillers, n'étaient point aptes à lui donner. » Victoria fit une brève pause. « Mais à aucun moment, son Altesse n'a jugée bon de demander conseil à ses vassaux. Le premier à l'avoir fait n'était autre que l'ancien chancelier. »

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MessageSujet: Re: Procès royal   Procès royal I_icon_minitimeMer 22 Aoû 2018 - 17:33


Les arguments allaient bon train et il notait chacun d’eux. Du moins dans sa tête, parce qu’un greffier retranscrivait lui littéralement les moindres mots. Chacun y allait de ses accusations, de ses preuves et de ses explications. Quand la Comtesse de Sybrondil eu terminé de justifier son inaction apparente, il la remercia et la renvoya à sa place. Il avait ciblé quelques questions pour cette dernière, dans l’espoir de ne pas rendre la chose trop longue et désorganisée. Il détestait qu’on s’éloigne du point de discussion parce qu’il ne voulait pas qu’on essaie de noyer le poisson. Presque tous les éléments de l’accusation et de la défense étaient prouvés, restaient quelques uns dont il ne pouvait juger de part ses yeux la véracité.

 - Bien. Je vous remercie pour vos plaidoyer et témoignages, je pense que nous avons largement fait le tour de ce premier chef d’accusation. Les informations nécessaires au rendu d’un verdict des plus justes sont réunies. Nous n’allons pas nous étendre plus sur ce dernier.

Il aurait pu interroger les barons d’Ysari sur le sujet, comme il venait de le faire avec la comtesse de Sybrondil. Mais il ne pensait pas cela pertinent et si le régent avait des questions à la fin du procès, il était certain qu’il ne se gênerait pas pour les poser. Lui ne faisait office que d’organisateur et veillait à ce que le plus d’informations soient entendues et récoltées. Il avait été convenu qu’il serait le seul intervenant de la couronne jusqu’à ce que tous les chefs d’accusations soient débattus.

 - Passons au suivant, qui je le rappelle est le suivant : Le non respect des règles élémentaires de la guerre navale par les ducs de Soltariel en ayant outrepassé toute logique défensive dans l’établissement du blocus maritime. J’appelle le signore Cortés di Castigliani pour qu’il nous rappelle en tant qu'Amiral de la flotte royale les règles élémentaire de la guerre navale. Il pourra également nous éclairer sur la manière dont ces dernières n’ont pas été respectées, selon cette charte, par les ducs de Soltariel. Si vous voulez bien.

Il invitait par là même celui qu’il venait d’appeler à s’avancer et à prendre la parole. Ce point ne devrait pas s’éterniser, parce que certains éléments avaient déjà été évoqués précédemment. Du moins le pensait-il.

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MessageSujet: Re: Procès royal   Procès royal I_icon_minitimeJeu 23 Aoû 2018 - 12:57



Là encore, on lui manda de parler en premier, mettant de nouveau à l’écart son aîné qui était pourtant l’instigateur de la Magna Carta soltaari. Adonc répondrait-il volontier aux interrogations du Chancelier demandant qu’un éclaircissement soit fait sur les préceptes basiques de la guerre navale. Notamment lorsqu’il était question de l’établissement d’un blocus maritime. Pour la suite, il laisserait le soin à son frère Félipé de rappeler les faits et de mentionner en quoi le blocus d’Ydril était voué à devenir un monumental échec dès le départ des navires. Il ne manquerait certainement pas d’évoquer là-aussi tous les manquements dont firent preuves la duchesse et son entourage d’incompétents notoires. Là aussi, la duchesse n’hésiterait probablement pas à rejeter la faute sur les autres. Mais qu’elle se rassure, au moment de donner l’ordre du blocus, elle était encore souveraine pleine et entière.

Francesco s’avança une fois de plus à la vue de tous. Faisant fi de ces regards curieux qui l’épiaient, il souffla un coup avant d’adresser de nouveau toute son attention à l’étonnant couple composé d’un tout nouveau chancelier et régent du royaume.

-Loin de moi l’idée de vous apprendre ce qu’est la guerre navale, mes seigneurs. Je gage, que nous tous, ici présent, avons reçu les préceptes de base. Certains plus que d’autres pour sûr. Je puis néanmoins réexpliquer comment l’on doit procéder pour l’établissement d’un blocus maritime visant à interrompre toute capacité de nuisance navale d’un adversaire, où de le priver d’approvisionnements ou de renforts provenant de l’extérieur. En de nombreux points, vous l’aurez compris, un blocus ressemble au siège d’une place forte terrestre. Vous-même, seigneur régent, qui avait conduit moult sièges durant vos guerres, savait que l’on ne peut en établir un sans un travail fait en amont. Celui-ci consistant à étudier le terrain, comme sa topographie comprenant les reliefs et pour un blocus, les fonds marins, ainsi que la surface à recouvrir pour priver à l’ennemi toute possibilité de sortir où de faire entrer. Suite à cela, il est primordial d’étudier les alternatives en cas de retraite forcée. Il faut donc, avant d’établir un blocus, savoir si l’on pourra bénéficier d’une voie sécurisée afin de se replier. Que ce soit sur terre où sur mer, la chose est la même. Suite à cela, l’établissement d’un blocus nécessite de connaître les capacités de l’adversaire comme on le désirerait pour assiéger une ville. Si l’on bénéficie d’espions, ces derniers doivent donc rapporter les capacités militaires de l’adversaire. En conséquence de cela, l’Amiral pourra savoir combien de bâtiments seront nécessaire pour être envoyé. Là non plus, je ne vous ferais pas l’affront de spécifier qu’il faudra au minimum, disposer d’une force équivalente, et dans le meilleur des cas, d’une force largement supérieure pour pallier aux avantages défensifs dont disposeront les ennemis.

Il s’arrêta un bref instant afin de voir si tout le monde suivait bien ou si certains s’étaient endormis.  

-Si tous les points sont réunis, on peut alors établir un blocus maritime. Mais là aussi, plusieurs conditions doivent être réunies. Car si la poliorcétique est un art, il en est tout autant lorsque l’on souhaite bloquer une ville entière. Tout comme pour l’établissement d’un siège, il conviendra de mettre en place plusieurs périmètres permettant d’anticiper toutes manœuvres de l’ennemi. Que celle-ci provienne de l’intérieur par une sortie, où de l’extérieur par l’arrivée des renforts, vous conviendrez assurément qu’à tout moment l’ennemi pourra se retourner contre vous ; vous faisant passer de l’assiégeant à l’assiégé. Le plus généralement possible, lorsqu’on dispose d’une force nécessaire et suffisante, les périmètres peuvent être au nombre de trois. Le premier, qui est le plus avancé de tous en direction de la ville bloquée, doit être composé de bâtiments les plus anciens, reliés les uns aux autres de chaînes en fer. Ces dernières, si elles ne peuvent empêcher des actions de sabotage ciblées de l’adversaire, peut néanmoins avoir l’intérêt de freiner où d’empêcher toutes les potentielles sorties. Le deuxième périmètre, maintenant, se trouve au milieu. Celui-ci est composé de tous les meilleurs appareils, guettant les mouvements à l’avant et à l’arrière. Placé au milieu, l’Amiral en charge du blocus, pourra garder un œil à tous les azimuts comme le ferait un seigneur de guerre positionné au sommet d’une colline surplombant une cité fortifiée assiégée. Pour finir, le troisième périmètre, est le plus étendu et se trouve à bonne distance. Il est impossible à ces navires d’être reliés comme ceux se trouvant dans les deux premiers périmètres, mais ils jouent leur rôle de navettes et de sentinelles permettant de prévenir une quelconque arrivée de renforts venant de l’extérieur.

Il était pas loin d’avoir enfin fini son exposé, mais tint quand même à rajouter quelque chose.

-Tous ces points ont été observé et respecté lors du dernier blocus d’Ydril qui se solda par la reddition de la cité et la livraison du dénommé Altiom. Je laisse maintenant la parole au Signore Cortès di Alcacio, afin qu’il explique en quoi le blocus entreprit par la duchesse de Soltariel n’a respecté, à aucun moment, tous les points qui ont été cité précédemment.

Il n’était guère dans son habitude de se mettre en avant. Mais il fallait reconnaître qu’entre les deux blocus établis à Ydril, un océan avait séparé les deux méthodes. Félipé se présenta dès lors à ses côtés et il put regagner sa place, non loin maintenant de la comtesse de Sybrondil, qu’il avait enfin vu pour la première fois. Cette dernière, quoique jeune, donnait une impression à la fois de dureté et de gentillesse. C’était bien l’impression qu’elle lui avait donné à travers ses dernières lettres. C’est alors que son frère prit enfin la parole.

-Signore Chancelier, signore Régent, permettez-moi de vous rappeler les faits qui ont amené à ce que cette action soit présentée dans la Magna Carta Soltaari. Sans avoir besoin de revenir sur ce qui a été dit précédemment concernant la non-gestion du conflit en Ydril, par le couple ducale, il faut que vous compreniez que l’ordre du blocus de la cité d’Ydril fut la première action ayant fait entrer Soltariel en guerre contre les traîtres d’Ydril et leurs alliés d’estrévent. Il fallut attendre bien plus d’un mois avant qu’une telle chose se fasse. Là aussi, mes futurs arguments auront pour but que vous compreniez en quoi cette manœuvre était vouée à l’échec avant même d’être perpétuée.

Félipé avait bien plus d’aisance que lui à l’oral. Il semblait jouer avec les mots et donnait l’impression de pouvoir rebondir facilement à n’importe quelle question.

-Je me nomme Félipé Cortès di Alcacio, signore de ce domaine du même nom en bordure d’Eris. Je fus nommé commandeur de l’arsenal de Boniverdi après que le signore Alfredo di Rasteli fut éconduit de ses prérogatives pour les problèmes survenus sur la construction des navires commandés par l’ancien régent Cléophas d’Angleroy. A cette époque, je m’assurais donc des travaux de construction des futurs appareils lorsque je fus mis au courant du départ d’une partie de l’armada soltaar dans le but d’établir un blocus contre la cité d’Ydril. Sans doute que mes seules prérogatives de commandeur de l’arsenal n’ait pas intéressé la duchesse pour trouver des conseils, j’eus la surprise de découvrir qu’une dizaine de navires, seulement, partiraient pour Ydril. Rejoint par quatre vaisseaux de l’armada d’Ysari, cela faisait donc quatorze navires* en partance pour un blocus. L’amiral Franco étant absent, malade, où que sais-je, aucun amiral où vice-amiral ne fut nommé à la tête de la flotte. Seul Ysari disposait donc d’un amiral pour quatre vaisseaux. Je vous rappelle donc, signores, que l’ordre d’une telle manœuvre, ne pouvait être donnée que par le où la duchesse de Soltariel. Lorsque nous vîmes cette dernière, à Boniverdi**, afin de saluer les marins en partance, la question n’avait plus lieu d’être. Ma dame Tibéria de Soltariel approuvait et cautionnait un tel départ.

La suite, vous la connaissez sans-doute, signores. Quatorze navires établirent le blocus d’Ydril et la plupart périrent lors d’une sortie du traître Altiom. Alors, il est vrai que nous étions en guerre et que les morts sont monnaies-courantes. Cela justifie-t-il d’avoir envoyé plus d’une centaine de marins à une mort certaine ? Et bien non ! Car si l’on reprend tous les points évoqués par l’Amiral de la Marine Royale, l’on comprendra aisément qu’aucun d’eux n’ont été respecté. Comment justifier alors que quatorze navires furent envoyés bloquer la première puissance maritime de notre Royaume disposant de la plus grande armada – au nombre d’une cinquantaine d’appareils évoqués précédemment par la comtesse de Sybrondil – Comment peut-on donner un tel ordre lorsqu’on sait éperdument que l’on envoie des vies à une mort certaine ? La guerre ne justifie pas cela. L’ignorance, l’incompétence et la bêtise, oui. Car quand bien même la duchesse Tibéria ne fut point présente pour prodiguer ses ordres lorsque notre flotte subissait des dommages, elle fut celle qui donna l’ordre d’intervention et qui vint les saluer le jour de leur départ. Pour cette raison, comment ces pauvres hommes pouvaient penser avoir une chance d’établir tous les préceptes requis pour l’établissement d’une telle action ? Comment le pouvaient-ils ma dame ? Alors oui, ce sont des héros et méritent désormais d’être honorés par tous nos marins encore vivant. Mais s’ils le sont, ce ne sera pas grâce à vous. Pour cette raison, je vous accuse de tous les manquements liés à cette déroute et à cette humiliation. Je vous accuse de ne pas avoir respecté les règles élémentaires de la guerre navale pour avoir envoyé quatorze navires affronter la plus puissante armada du Royaume, et je vous accuse d’avoir tué tous ces soltaar et ces ysarois partis se battre en votre nom !


Qu'elle ose encore reporter ses fautes sur d'autres et elle en subirait une énième fois les conséquences.
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MessageSujet: Re: Procès royal   Procès royal I_icon_minitimeLun 27 Aoû 2018 - 12:32


Tibéria en avait assez d’entendre toutes ces histoires. C’était d’un ridicule sans non. On l’attaquait de tous les côtés, mais aucun d’eux n’admettait leur propre part de responsabilité. Francesco était incapable de prouver l’existence de cette lettre et ne trouvait rien de mieux à dire que si Franco ne l’avait pas fait lire à sa femme — à condition qu’il y ait bel et bien une lettre — qu’il n’avait rien à voir avec ça. Du coup, qu’est-ce que cela prouvait? Rien du tout, sauf peut-être la culpabilité de Franco. Tibéria n’aurait jamais pu prédire l’arrivée de ces bateaux et pourtant on la jugeait comme si elle avait dirigé ces navires jusqu’à la côte. Elle n’était pas devin! Elle ne possédait pas de don de prémonition, car si c’était le cas, elle ne serait certainement pas ici à subir cette pathétique mascarade élaborée par des gens visiblement frustrés. Tibéria aurait pu fuir. Faire comme Franco et aller s’installer en Ithri’Vaan, reprendre les activités de sa tante et les maudire sur les 20 générations à venir. Tibéria avait les moyens de leur faire payer. Même sans titre, elle ne sera jamais pauvre. Elle jeta un bref regard à sa tante qui lui avait confirmer la veille que les coffres de Béronia étaient vides depuis quelques ennéades déjà en attendant l’issus du procès. S’ils décidaient de prendre le domaine, au moins ils n’auraient pas l’argent. Elle aurait donc pu partir, pourtant elle était là à se battre pour son avenir et celui de sa fille. Son regard glissa ensuite brièvement sur la comtesse. Cette femme était répugnante. Elle rampait aux pieds de la couronne en s’autoflagellant avec ses demi-aveux de culpabilité. Le problème c’est qu’en bafouant ses ordres en envoyant des navires de marchandises, elle se rendait coupable de trahison. Elle avait quand même apporté son soutien à l’ennemi, même si ce n’était que du marbre, des soieries et de l’huile d’olive. En fait, Victoria lui avait désobéi deux fois : la première en ne venant pas à Soltariel comme demandé pour une rencontre avec Ydril et en envoyant les navires. Même si cela n’était qu’un subterfuge, son devoir aurait été de la prévenir et peut-être qu’elles auraient pu travailler ensemble. Peut-être. Victoria était la seule des grands vassaux à avoir signé la charte, cela pourrait grandement lui porter préjudice. Le moment viendra où elle lui mettra sous le nez l’ampleur de sa bêtise, mais pas maintenant. Elle voulait achever cette femme et Tibéria allait s’assurer que le dernier coup porté serait fatal.

Le moment était venu d’enchaîner sur le second point de cette charte, le fiasco naval. Tibéria écouta sans rien dire. Cet homme aimait définitivement s’entendre parler et son frère était pareil. Le chancelier s’adressa ensuite à elle avec sa première question. « Votre Altesse Tibéria Soltari-Béronti, est-il vrai que vous avez nié les conseils du signore Félipé Cortès di Alcacio, commandeur de l’arsenal de Boniverdi, à propos du blocus que vous décidiez d’organiser en Ydril ? »

« Chancelier, je n’ai pas nié les conseils du signore Felipé Cortès di Alcacio tout simplement parce qu’il ne s’est jamais adressé à moi, que ce soit avant ou après les faits. Comme je l’ai dit précédemment, je n’ai aucune connaissance en termes de bateaux ou de combat naval. Je ne vais pas nier non plus que j’ai passé l’ordre, mais j’aimerais toutefois qu’on m’explique quelque chose. En tant que commandeur de l’arsenal, les préparatifs juste avant une action militaire tombent sous la responsabilité du commandeur. Après tout, l’arsenal n’est pas seulement l’endroit où l’on construit les navires de guerre, mais c’est aussi là où ils sont conservés contrairement aux navires marchands qui sont gardé au port. Le commandeur doit s’assurer qu’ils sont en ordre, qu’il n’y a pas de réparations à faire, bref de l’aspect technique qui inclus également l’avitaillement juste avant le départ. Le commandeur reçoit effectivement ses ordres de l’amiral, mais en absence d’amiral, c’était effectivement moi qui passais les ordres. Les préparatifs devaient donc se faire par l’intermédiaire du commandeur, la seule personne apte à passer les ordres aux capitaines et à s’assurer que les navires soient en état pour ce genre de manœuvre. Signore Felipé n’avait donc aucune raison d’être étonné ou même d’ignorer le départ de ces bateaux, surtout qu’il y a eu deux déploiements distincts. L’une des lettres lues précédemment par la comtesse en fait mention : d’abord il y a eu des navires envoyés pour la surveillance des côtes ydrilottes, puis le déploiement d’effectifs armés. Le départ de deux flottilles depuis l’arsenal ne peut donc pas être passé inaperçu aux yeux du commandeur, c’est impossible. »

« Sur quels conseils et sur quelles connaissances vous êtes-vous appuyée pour décider du nombre de bâtiments qui composeraient le blocus ? »

« J’ai eu l’idée du blocus et je vais vivre avec cela jusqu’à la fin de mes jours. Rien ni personne ne pourra ramener ces hommes, mais je suis loin d’être la seule responsable. Je suis consciente de mes lacunes, tout le monde en a, c’est pourquoi je demande toujours conseil à mon entourage avant de prendre des décisions importantes, mais depuis l’attaque en Ydril, les gens les plus à même de me conseiller ont refuser ou ignorer totalement mes demandes. La comtesse semblait particulièrement satisfaite de son plan et de ses idées, mais jamais elle n’a eu l’idée d’en parler. Elle a même ignoré toute tentative de rencontre, et ce, depuis mon arrivée à Soltariel. La lettre qu’elle a elle-même lu devant vous est très clair : je l’ai invité à me rejoindre à Soltariel pour une rencontre avec Aléandra di Systolie, mais elle m’a totalement ignoré jusqu’à ce que la couronne soit impliqué. Je me demande si ces dernières actions ne sont pas motivées par un désir de mal me faire paraître sachant que dès le départ, elle s’est présentée à Cléophas d’Angleroy en offrant sa terre, ses hommes et ses richesses à la couronne. Lors de ma rencontre en privé avec lui, il m’a fait part de ses projets et de la façon dont il l’a apaisé en faisant d’elle une comtesse. Il a utilisé l’expression arrogance pharétane en parlant de Victoria. Bref, elle s’est montrée nettement moins empressée de collaborer avec moi. Je ne vais pas rejeter l’ingéniosité de son plan, mais c’était de son devoir de m’en faire part, son devoir de me porter conseil comme je l’ai demandé. De même, jamais signore Félipé ne s’est présenté à moi, il ne s'est pas non plus manifesté lorsque les bateaux ont quitté l’arsenal après qu’ils aient été apprêtés selon les responsabilités qui incombent au commandeur de l’arsenal. Oui, j’ai donné l’ordre, mais personne ne l’a contesté avant aujourd’hui. Que devons-nous en conclure?
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MessageSujet: Re: Procès royal   Procès royal I_icon_minitimeMar 28 Aoû 2018 - 9:23


Impassible.

- Merci pour vos réponses Votre Altesse. Je vous laisse reprendre votre place et j’invite Sa Grandeur Victoria di Maldi à s’avancer. Ma Dame, votre suzeraine porte là des accusations qui demandent explications. Avez-vous refusé de rencontrer cette dernière pour lui prodiguer vos conseils ? Parce qu’alors il serait bien facile de la blâmer quand vous auriez préféré l’attente puis l’action solitaire, avec des moyens limités, à une collaboration en bonne et due forme.

Victoria avança jusqu'au devant du Chancelier puis répondit calmement:

« Messire. Voici les copies des missives que j'ai envoyés à Dame Tibéria. »

Copies des lettres:

« Comme vous pouvez le constater, je me mets à sa disposition pour la conseiller et lui atteste que Sybrondil se tient prête à lever son armée.

Dans la première réponse de Dame Tibéria, celle datée au sixième jour de la première ennéade de Bàrkios, me demande-t-elle de venir à ses côtés pour la conseiller? Non. Y a-t-elle donné des ordres? Oui.

Messire Chancelier, ne suis-je pas sensée diriger un comté? Si Dame Tibéria m'ordonne de me préparer à la guerre, ne dois-je pas respecter ses ordres et mettre tout en œuvre pour préparer le comté à mener une guerre en dehors de ses terres ?
»

Victoria laissa un instant les auditeurs réfléchir à cette réflexion puis reprit :

« Vous constaterez également que je lui conseille de faire surveiller les côtes Ydrilotes avec la flotte Soltarie vu que celle-ci est mieux équipée pour l'Eris que la flotte Sybronde. Sur quoi elle me répond qu'à la place, un blocus sera mené. Dame Tibéria n'avait donc, semblerait-il, pas besoin de mon conseil vu que ceux que je lui offraient n'étaient point écoutés. Pourquoi aurais-je dû m'acharner à lui prodiguer des conseils dont elle ne voulait visiblement pas? »

Victoria fit une nouvelle pause.

« Dans la seconde réponse de Dame Tibéria, datée celle-ci au premier jour de la deuxième ennéade de Bàrkios, elle me fait part de son projet de convoquer Dame Aléandra et m'invite effectivement à me rendre à Soltariel pour cette rencontre. Suite à cette invitation, j'ai répondu positivement à sa demande, je n'ai donc à aucun moment refusée de la rencontrer, mes lettres sont là pour le prouver.

Pourtant, Dame Tibéria m'accuse de ne pas être venue à Soltariel mais pourquoi y serais-je allée?

M'a-t-elle fait part d'une quelconque date pour cette rencontre avec Dame Aléandra? Non. A-t-elle reprit contact avec moi pour me spécifier que la convocation a été envoyée? Non. Que celle-ci est bien arrivée? Non. M'a-t-elle à un quelconque moment renvoyé une missive pour me faire part du refus de la Comtesse de se présenter à elle et me demander de la rejoindre pour planifier la suite des hostilités? Non.

Dame Tibéria m'a demandée d'être présente lors de cette rencontre mais ne m'a rien spécifié d'autre par la suite. Aurait-elle peut-être souhaité me voir arriver directement? N'avais-je pas une guerre à préparer et à mener suite aux ordres de la Duchesse, justement?
»

Un léger silence s'installa avant que le chancelier ne pose sa seconde question:

 - Ne vous est-il pas venu à l’esprit de mettre votre suzeraine dans la confidence de votre stratégie, ma dame ? S’il est vrai que vous avez usé de ruse, vous avez tout même apporté une aide certaine à l’ennemi. Votre suzeraine ne l’aurait-elle point désapprouvé ?

« Dame Tibéria aurait été au courant et ce, dès le conseil de guerre si celle-ci n'avait pas été invitée à quitter la pièce par feu Roderik de Wenden, suite à sa décision d'une mise sous tutelle royale. Car cette stratégie, Messire Chancelier, et pour cela, j'ai tous les chefs de guerre présents ici dans cette salle qui peuvent témoigner, je l'ai immédiatement révélée durant cette réunion.

Dame Tibéria me reproche de ne pas lui avoir signalé au plus tôt la mise en place de cette ruse... Pourquoi l'aurais-je fait? Mes conseils ne lui étaient, semblerait-il, d'aucune utilité vu qu'elle ne les écoutait pas. Cela ne prouve-t-il pas qu'elle ne cautionne aucune de mes idées?

Pour le peu que nous avons échangés durant cette correspondance, la plus part du temps, je recevais que quelques ordres noyées dans ses nombreuses plaintes. Les actions de Soltariel continuaient toutefois d'être inexistantes ou désastreuses. J'ai donc décidé d'agir de mon côté et j'en assumerais les conséquences si vous estimez que mon devoir était plutôt d'écouter et d'attendre Soltariel plutôt que d'agir.
»

La conversation s'arrêta là. Le chancelier s'apprêtait à renvoyer Victoria à sa place lorsque celle-ci lui demanda si elle pouvait parler librement une dernière fois. Sur quoi, il accepta. La Comtesse se tourna alors légèrement puis s'avança doucement vers Tibéria, laissant toutefois une distance respectable entre les deux jeunes femmes.

« Ma Dame, vous clamez ici, devant toute cette assemblée, que je vous ai totalement ignorée depuis votre arrivée à Soltariel. Pourtant, Sybrondil s'est attelé à respecter le moindre ordre venant du Duché jusqu'à ce que j'estime qu'il était temps d'agir sans vous. Nous nous sommes attelés à la sécurisation et la rénovation de la route d'or ou même l'apport en matière première pour la construction de la flotte royale. Le Comté ne vous a donc pas ignorée « en tant que suzeraine ». Si vous escomptiez de moi une relation plus amicale que cela, sachez que je suis avant tout votre vassale et pas une amie qui se doit de venir vous tenir la main à la moindre occasion.

Quant à vos allégations concernant les propos tenus par Feu Cléophas d'Angleroy à mon égard, je ne puis accepter que vous bafouiez ainsi, non seulement mon honneur mais également sa mémoire. Une rencontre entre l'ancien régent et moi-même a bien eu lieu mais celle-ci ne s'est en aucun cas déroulée comme vous le prétendez. Messire d'Angleroy a effectivement décidé d'ériger la baronnie en comté mais dans l'unique espoir que ma voix à votre table soit mieux écoutée et ce, car il qualifiait Soltariel comme, je cite: de « souffrante ».

Deux procès tenus par la Couronne à l'encontre de Soltariel en l'espace, seulement, de deux ans. Deux procès où l'acte de trahison est jugé. Pardonnez-moi ma Dame, mais cela ne fait que confirmer la gangrène qui touche votre Duché.
»

Toujours aussi impassible, Victoria regagna sa place.


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MessageSujet: Re: Procès royal   Procès royal I_icon_minitimeMer 29 Aoû 2018 - 17:46

Le chancelier n’était pas convaincu que la dame di Maldi agissait réellement en sa faveur en attaquant librement Tibéria Soltari-Béronti. Mais là n’était pas son rôle que de la conseiller, comme il ne lui revenait pas de juger, du moins sur l’instant, la défense de la Duchesse. Il l’écouta attentivement, tout comme le régent qu’il imagina très bien tiquer à la mention du nom de feu Cléophas d’Angleroy. Ce dernier n’avait pas brillé auprès de la couronne dans ses derniers instants et il savait le peu d’affection que lui portait Aymeric de Brochant. La suite, il l’avait décidé ainsi, verrait Félipé répondre à la seule question qu’il avait pour lui, avant qu’il ne passe au prochain point.

- Signore Félipé Cortés di Alcacio, j'ai une dernière question pour vous sur ce point. Pouvez-vous nous confirmer que vous étiez parfaitement au courant de l'ordre donné par Tibéria à propos du blocus et que vous n'êtes nullement allé à son encontre en lui signifiant qu'elle faisait à votre là une erreur stratégique considérable ?

Il ne se fit pas prier pour lui répondre.

- Je vous remercie Chancelier de me laisser répondre à cette question. J'essaierai d'être le plus bref possible. Au risque de me répéter, je n'ai jamais nié que l'ordre ne m'était pas parvenu. Bien qu'en temps de guerre, nous veillons à ce que tous les navires soient prêts au départ, car ils vont et viennent. Lorsque, donc, je dis que je fus mis au courant, c'est bien pour dire que je reçu l'ordre. Alors laissez moi clarifier une chose, Chancelier. Lorsque l'amiral Tibaldo di Martirigi ordonna à mon frère aîné Federico de partir affronter avec sa seule caraque des pirates mecans, il y alla sans se poser de question et le paya de sa vie. Lorsque feu Roderik de Wenden, Chancelier du Royaume, ordonna à mon frère Francesco de partir défendre l'archipel de Nelen, avec des navires défaillants, il ne remit là non plus en question son ordre alors qu'il savait la mission extrêmement périlleuse. Adonc, signore Chancelier, lorsque je reçus l'ordre de mettre dix navires, avitaillés et prêts, à disposition de la duchesse, j'obéis. Remettre en question un ordre revient à désobéir. Cela instaure l'incertitude et la peur dans la tête des hommes, ce qui contribue inexorablement à la défaite. Alors, je reconnais avoir exécuté l'ordre transmis, et ce, en sachant que j'envoyais mon neveu à une mort certaine. Quant aux conseils à donner. Je laisse les contradictions de la dame Tibéria parler d'elle-même. Si cette dernière à avoué prendre toujours des conseils de son entourage lors de décisions importantes... A cela, Chancelier, si l'on ne me fait point part des projets avant que ces derniers ne soient des ordres, je n'ai malheureusement pas de dons de clairvoyance pour anticiper les manœuvre issues de l'imagination de la dame.

Il ne fut pas surpris quand sa réponse ne reçut pas une réponse concise, puisque depuis le début du procès les protagonistes aimaient à se lancer dans de longes tirades. Il se félicita de n’avoir posé qu’une question, sans quoi ils en aurait eu pour un moment encore. Au moins avait-il une réponse. Il n’y avait désormais plus de raison de s’attarder sur ce point.

- Nous pouvons à présent nous pencher sur le troisième chef d’accusation, qui n’est autre que l'abus d’autorité des ducs de Soltariel, suivi d’un emprisonnement arbitraire et sans procès à l’encontre d’Angelina de Solaria, vassale du duché de Soltariel. J’invite son altesse Tibéria Soltari-Béronti à nous éclairer tous sur cette situation. Je vous invite par là même à solliciter un témoin si vous en avez un, ma dame de Solaria n’étant pas ci présente pour nous transmettre le sien.

Le chancelier donnait cette fois la parole à la défense en premier lieu, lui permettant de s’expliquer avant même de contre-attaquer. Ainsi peut-être, éviterait-il que cela s’envenime.


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MessageSujet: Re: Procès royal   Procès royal I_icon_minitimeMar 4 Sep 2018 - 0:49


Tibéria pourrait résumer la réponse de Félipé en une seule phrase : j’ai envoyé mon neveu à la mort, car sinon, ça aurait été de la désobéissance. Est-ce que cela l’excusait? Pas vraiment. La famille est sacrée dans le sud. Il n’y a pas plus grand déshonneur que d’être rejeté par son propre sang et c’est peu dire pour un peuple aussi orgueilleux que les Soltarii. Le chancelier souhaitait passer au point suivant, mais avant de se faire, Tibéria avait une ou deux choses à dire avant. Elle fixa donc Félipé dans les yeux. «  Il y a une différence entre être surpris de constater que seulement dix bateaux seraient déployés et être triste devant la perte d’un être cher. Je suppose qu’il est plus facile de rejeter la faute sur moi que d’admettre que vous auriez pu changer quelque chose, mais comme vous venez de le dire: vous ne vouliez pas le faire. » Il ne voulait pas le faire, car cela aurait été de la désobéissance, mais Tibéria ne lui aurait jamais fermé la porte au nez s’il s’y était présenté avec ses propres idées. Non, il préférait se présenter en victime obligée d’obéir plutôt que d’admettre qu’il aurait pu éviter cela s’il s’était manifesté. Puis elle regarda Victoria qu’elle savait calme seulement en apparence. « Premièrement, j’aimerais féliciter vos copistes dont le zèle est tel qu’ils prennent le temps d’enluminer même les copies de chacune de vos missives ? Vos copistes sont à ce point désœuvré et vos correspondances si précieuses pour qu’on les duplique avec un tel soin, toutes prêtes à être opportunément sorties pour un procès ? » Elle haussa un sourcil interrogateur avant de reprendre. « Dans la lettre, c’est très clairement dit que je vous invitais à Soltariel pour cette rencontre et que si elle refusait de se déplacer, nous évaluerons les options à prendre. Relisez la lettre, c’est écrit textuellement. Le "nous" impliquait votre présence et malgré que vous ayez accepté, vous n’êtes venu que bien plus tard. Passer une ennéade ou deux à Soltariel au printemps le temps de discuter en personne de la marche à suivre ne vous aurait que très peu retardé dans vos démarches, alors que les troupes n’ont effectivement marché en Ydril que le deuxième jour de la première ennéade de Karfias. Sachant que vous vous êtes également permis un séjour à Diantra peu après le conseil de guerre où la stratégie commune devait être mise en place, je suppose que vos préparatifs n’étaient pas si importants ou que vous jugiez avoir suffisamment fait votre part déjà. Non, au départ, vous n’êtes pas venu à Soltariel, car cela ne vous arrangeait pas. Certes, vous obéissez, mais seulement lorsque vous avez quelque chose à y gagner. La réfection de la route d’or allait bénéficier à Sybrondil, donc pourquoi protester? Quant à l’utilisation du bois, il s’agit d’un ordre de la couronne et non pas de Soltariel. En refusant, vous auriez été obligé de vous expliquer devant le même homme à qui vous aviez proposé vos ressources quelque temps plus tôt. » Elle marqua une brève pause, le regard fixé sur la comtesse avant de regarder le chancelier. « Cléophas d’Angleroy est également l’homme qui a utilisé son pouvoir à la régence pour élever Merval en Principauté, se soustrayant ainsi aux obligations du royaume. » N’avait-il pas demandé à tout le royaume d’entrer en guerre contre le médian alors que ses hommes et lui-même n’ont même pas posé un pied à l’extérieur de Merval le moment venu?

Sans rien ajouter de plus, Tibéria prit une lettre envoyée par Roderik de Wenden. Elle regrettait sa mort, aussi violente que mystérieuse. Elle espérait qu’il soit en paix et que la lumière serait bientôt faite sur ce tragique événement qui ne l’avait pas seulement emporté lui, mais aussi le reste de sa famille. « Feu le chancelier Roderik de Wenden m’a fait parvenir cette missive tout juste avant mon départ pour Diantra et j’aimerais vous en faire part avant d’aller plus loin. »

A Tibéria di Soltari-Beronti, Duchesse de Soltariel,

Tibéria,

En ces heures de liesse où le royaume célèbre à Diantra son unité retrouvée, je ne puis m’empêcher de songer à vous, recluse dans l’attente du jour béni où vous donnerez jour à, je l’espère, quelque vigoureux garçon dont Soltariel pourra tirer grand prestige. Sachez que mes pensées vous accompagnent dans cette épreuve.

Hélas, je me dois aussi de vous tenir informée de certains faits qui me chagrinent. Vous ne savez que trop bien la duplicité de votre cousine Angelina, que vous fîtes embastiller avec fermeté pour les fautes qu’elle a commises à votre égard. J’ai eu à cœur, lorsque l’on me chargea de la tutelle de votre duché, de traiter Dame Angelina avec une certaine souplesse, par humanité. Il semble de toute évidence que je connaissais fort mal votre cousine, et que la dureté avec-laquelle vous l’aviez traitée n’était pas injustifiée.

Peut-être savez-vous déjà, à l’heure où vous lisez ces lignes, que le Concile s’est achevé et a désigné à la Régence du Royaume Aymeric de Brochant. Je ne m’inquiète pas de ce dénouement et m’en réjouis au contraire ; s’il est vrai que j’aspirais à mener ce royaume vers une ère de paix et de justice, je crois que le marquis de Serramire s’y emploiera à merveille et il a déjà requis mon aide.

Peut-être avez-vous également eu vent de la présence à ce Concile de votre cousine Angelina. Je dois confesser que cette initiative était la mienne. Il y a quelques ennéades, j’ai pris la disposition de la transférer hors du palais de Soltariel où elle vivait sous surveillance ; j’étais alarmé par la ferveur avec-laquelle certains illuminés se revendiquant comme ses partisans sollicitaient sa libération. L’incendie du domaine de Solaria qui a suivi peu après prouva que j’avais vu juste. Pour mieux la soustraire à l’attention de gens malintentionnés, j’ai choisi de l’emmener avec moi à Diantra. Lors du Concile, il m’a paru naturel de demander à Angelina de siéger avec nous, en qualité de membre de la famille ducale de Soltariel ; en dépit de ses fautes, elle n’en demeurait pas moins votre cousine, et elle y fit acte de présence sans prendre la moindre décision.

Hélas ! Le Concile à peine achevé, Dame Angelina profita du relâchement de ma surveillance pour filer à la missédoise. Mes hommes la recherchent activement à l’heure qu’il est ; malheureusement, la facilité avec-laquelle votre cousine sait se mêler au petit peuple est à la hauteur de son incapacité à se mêler aux gens de son rang. Je ne sais où elle compte aller ; peut-être a-t-elle déjà reçu l’assistance des hommes qui ont brûlé le domaine de Solaria. Elle a laissé derrière elle une lettre qui vous est destinée, dans-laquelle elle se livre longuement sur les reproches qu’elle vous fait et sur sa vision simpliste et candide du monde. Lorsque nous nous verrons, je vous la remettrais en main propre ; mais la lecture de ce torchon ne vous apportera pas grand plaisir. Elle constituera malgré tout une preuve contre toute théorie douteuse qui voudrait nous accuser de l’avoir fait disparaître.

En fuyant ses responsabilités avant même la tenue de son procès, Dame Angelina s’est désignée coupable de toutes les charges qui pesaient contre elle. Il n’appartient pas à la couronne de la juger, dans la mesure où ses crimes ont été commis à l’encontre de Soltariel ; mais puisque nous assumons temporairement la tutelle du duché, nous ratifierons sans hésitation la transmission de toutes les propriétés de Dame Angelina au fisc ducal.
L’incendie du manoir de Solaria a emporté nombre de biens de grande valeur qui auraient dû vous revenir ; par bonheur, les biens les plus précieux du domaine demeurent intacts : ses villages, ses champs, ses rivières et ses forêts sont vôtres, avec tous les revenus que vous pourrez en tirer. Utilisez-les à bon escient.

Avec mes respects,

Roderik, de la maison de Wenden, comte d’Arétria, seigneur de Wenden, Grand Chancelier du Royaume.


« Malgré cela, je peux comprendre que vous désirez en savoir plus sur ce qui s’est passé avec l’ancienne dame de Solaria. Cela commença simplement par une lettre dans laquelle elle confessa une relation avec Oscario d’Anoszia, le fils d’Arichis d’Anoszia. Vous n’êtes pas sans savoir mes précédents liens avec cette famille et de la façon dont cela s’est terminé. Voici la lettre en question.»

Ma chère Tibéria,

C’est le cœur lourd que je prends ma plume ce jour, j’eu aimée ne pas avoir a le faire mais parfois nos désirs sont bien peu de choses en comparaison de ce que nous impose nos devoirs. C’est avec tristesse que j’ai appris les rumeurs courant quand au départ de ton époux. Te savoir esseulée en cette période me peine profondément, j’aurais aimée etre a tes cotés mais il semble que tu refuses toute visite, pourtant je ne saurais que trop te conseiller de ne point rester isolée en ces temps troubles qui agitent notre bon duché. J’ose espérée que tu te portes aussi bien que se peut en pareille situation et que tu prends grand soin de ton enfant a naître.

Tant de maux t’accablent déjà et pourtant je me vois contrainte de porter une autre ombre sur ton soleil, tu m’en vois profondément désolée, mais si je le fais c’est par ce que je veux que tu l’apprennes, si pas de ma bouche, au moins de ma plume et non pas de quelques lèvres étrangères. Je te pris par avance de m’excuser de la brusquerie de mes aveux, mais je crains qu’il n’y’ai pas de bonnes façons de t’annoncer les choses alors je me contenterais des faits. Te souviens tu quand nous nous sommes revus après mon retour de Langehack ? Je t’ai fais part du résultat de mon voyage en Nanie, mais nous avons également parler de mes sentiments a l’égare d’Oscario.

De nos sentiments et de la situation qui était la notre. Ce jour la, je ne t’ai pas dis toute la vérité. Je pourrais invoquée bien des excuses, mes craintes concernant le choc que te causerait cette nouvelle, ma dévotion envers Oscario, mon refus quand a la possibilité que tu te sentes coupable de mon malheur alors que tu semblais déjà tant affliger. Non, je ne chercherais pas m’excuser, si je ne t’ai pas mentis ce jour la, je ne t’ai pas non plus dit toute la vérité. Aucune excuse ne saurait justifier cela. Mais cette fois s’en est fini des faux semblants, il est tant que tu apprennes tout ce qui s’est passé sur l’archipel des Frimas.

Tu sais déjà qu’Oscario est venu m’y rejoindre, qu’il a demandé ma main et que nous projetions de nous marier devant un prêtre et nos familles a notre retour a Soltariel, tout comme tu sais que quand nous avons regagnés la péninsule tout n’était plus que chaos et désolation. Il avait tout perdu, son frère, sa sœur, ses terres, sa vie d’antan. Il a dont préférer me quitter, jugeant qu’il ne saurait n’être que pour moi une complication, voir un danger. Ce que tu ignores en revanche, c’est que si notre union n’a point été célébrer par un religieux, nous ne nous en sommes pas moins mariés en Nanie. Nous avons échangés nos vœux sur la plage et devant les dieux. Les deux semaines que prirent notre retour furent une lune de miel enchanteresse, mais alors aucun de nous n’avait idée de ce qui nous attendrait ensuite.

Tu ne sauras jamais combien de fois j’ai désirée te le dire depuis, mais le moment ne semblait jamais opportun. Il y’eut tes fiançailles, ton mariage, mon invalidité, ta grossesse et peut etre aussi la crainte que cette vérité ne jette un froid sur les sentiments que tu me portes et la confiance que tu me prêter jusqu’alors. Si je prends aujourd’hui le risque que cette vérité vienne se glisser entre nous, c’est par ce qu’il est temps d’en finir avec cette mascarade, fini les faux semblants. En cette période, tu aurais pue avoir besoin de mes conseils ou de ma présence a tes coté et je ne trouve pas honnête que tu ne puisses le faire en toute connaissance de cause. Cela et le fait que je compte révéler prochainement mon union avec Oscario, ce simulacre qu’est ma vie depuis notre mariage doit prendre fin. J’élève sa fille, je suis sa femme et pourtant des nobles de toutes part se croient encore permit de me faire la cour et de demander ma main. Ce n’est pas respectueux, ni pour moi, ni pour mon époux, ni pour eux.

Si je voulais aussi que tu en fusses informée avant tout autre, c’est pour te préserver. Il est hors de question que l’on utilise ce fait pour se jouer de toi, pour te faire passer pour naïve ou pour n’utiliser comme une arme. Quand la nouvelle sera publique, tu n’auras rien a feindre, tu ne seras pas étonnée, tu maîtriseras la situation et tu choisiras toi meme la façon dont tu dois prendre cette nouvelle. Je n’oserais pas demander ton pardon, qu’importe que j’eu a taire ce secret pour les bonnes raisons et que jamais je ne t’ai menti, je n’en ai pas moins omit la vérité, je t’ai cachée sciemment des choses et il est ton droit que de m’en vouloir pour cela. Voila pourquoi si tel est ton bon vouloir, tu peux faire de cette lettre ma démission en bon et due forme de mes fonctions de conseillère ducale et d’Ambassadrice de Soltariel. Mais si ton désir est de m’avoir a tes cotés alors fais moi mander et je répondrais présente, quand bien meme ton souhait serait de me faire arrêter et jeter aux cachots. Je ne me déroberais pas de mes responsabilités, je ne peux que t’encourager a faire face aux tiennes avec honneur, courage et détermination.

Tu es désormais seule pour gérer les affres du pouvoir, mais cette couronne qui est tienne tu l’as ardemment voulue, désormais tout un peuple compte sur toi, ton peuple, tu ne peux faillir et leur faire défaut. Sois lumineuse Tib, sois une Soltariel, sois duchesse et ne laisse rien obscurcir ton soleil, pas meme moi. Surtout pas moi, si tenter que je pusse te demander encore la moindre faveur alors elle sera la suivante, ne te soucies pas de moi, ne diriges pas une seule de tes inquiétudes vers moi. Je ne te suis pas une menace, je ne l’ai jamais été et ne le serait jamais. Que les dieux te gardent et puissent ils prendre grand soin de toi en attendant que la paix illumine a nouveau nos contrées.

Avec toute mon affection, ta cousine Angelina.


« Cette lettre m’a laissé perplexe à plus d’un niveau, car elle écrit comme si je savais qu’Oscario était venu la rejoindre lors de sa mission, mais je ne le savais pas. Je savais qu’il y avait eu des rapprochements entre eux, mais c’était avant qu’Arichis ne commette sa trahison. Je n’avais donc absolument rien contre sa relation. Au contraire, à l’époque j’espérais sincèrement qu’elle puisse enfin connaître le bonheur, bien qu’Arichis lui, ne voyait pas les choses de la même façon. La vérité est qu’ils n’avaient aucune idée de ce qui pouvait se passer à Soltariel au moment de leurs retrouvailles, donc il serait injuste de lui reprocher ce qui est arrivé là-bas, mais pourquoi en parler maintenant si ces événements étaient passés et n’avaient plus d’écho aujourd’hui? Parce qu’ils en ont un. Nous connaissons tous le résultat du procès d’Arichis : il fut dépossédé de ses biens et condamné à l’exil avec ses fils. Les filles ont été épargnées et, plus tard, Sysiphe renia son nom afin de garder sa place aux côtés de son épouse et de leurs jeunes enfants. Pour sa part, Oscario a toujours été loyal envers son père et si celui-ci ordonne, il exécutera même si cela lui en coûte. Il représente donc une menace à ne pas négliger et comme Angelina venait d’admettre qu’elle le considère toujours comme son époux et même qu’elle élève sa fille, cela soulevait son lot d’inquiétudes. J’insiste en disant qu’à ce stade, ce ne sont que des suppositions. Il me fallait plus d’informations, des réponses que je n’aurais qu’en la rencontrant. C’est pourquoi je l’ai fait venir à Soltariel et que j’ai demandé à Hernando Bertolotti, chef de la garde ducale ici présent, d’agir en tant que témoin. Je l’invite donc à raconter lui-même ce qui s’est passé lors de cette rencontre. »

Hernando se leva de sa place. Il ne portait pas son armure, mais une version simplifiée de son uniforme avec la tunique écarlate et le soleil sur sa poitrine. Il affichait ses couleurs avec fierté et était content de pouvoir enfin s’exprimer. « Avant toute chose, il faut savoir que les gardes ducaux sont partout à l’intérieur du palais. Notre fonction n’est pas seulement de veiller à la sécurité de la famille ducale, mais également celle de tous les habitants et invités de passage à Soltariel. Pendant longtemps, le garde était constitué d’esclaves venus de l’Ithri’Vaan et entraînés depuis l’enfance pour défendre et protéger. Les précédents ducs aimaient mieux confier leur sécurité à des étrangers qu’à des gens de Soltariel, car la réputation des habitants est telle qu’ils ne leur faisaient pas confiance. Peu après la défection d’Arichis, Tibéria a réorganisé la garde afin de la constituer uniquement de Soltarii. C’est à ce moment que j’ai officiellement pris mes fonctions alors que j’étais soldat avant. Lorsque la duchesse m’a demandé d’être présent pour cette rencontre, j’ai accepté. Peu importe où se trouvent le duc et la duchesse, il y a toujours des gardes présents à leurs côtés. Sinon, nous sommes postés aux portes dans les couloirs. Nous sommes donc souvent des témoins privilégiés dans le château, quand ça va bien ou quand ça va mal. J’étais également là lorsque la duchesse a reçu cette lettre. Elle ne l’a pas dit, mais dès le départ, j’ai exprimé le désir de la faire arrêter. Pour moi, des liens supposés avec un homme souhaitant très certainement attenter à la vie de la duchesse m’était suffisants, mais Tibéria tenait à lui parler, j’ai donc obéis et je me suis tenu de l’autre côté de la porte durant cet entretient.

Son Altesse a été très franche dès le début. Elle lui a demandé si Oscasio d’Anoszia se trouvait présentement sur les terres du duché. Elle n’a jamais répondu. Elle ne s’est même jamais approchée d’une réponse claire. Elle s’est plutôt égarée dans un discours à propos de ses sentiments et de la nuance entre mentir et cacher des informations dans le but, selon elle, de protéger Tibéria. Elle s’est présenté comme la victime des événements et a dit qu’elle préférait tout perdre en ayant eu la chance de connaître le bonheur que de n’être qu’une coquille vide sans sentiment.

Le ton a rapidement changé. Angelina lui a demandé si elle comptait la faire arrêter maintenant, mais la rencontre commençait à peine et la duchesse n’avait toujours pas l’information qu’elle souhaitait avoir. Cette femme essayait clairement de noyer le poisson comme on dit chez nous : elle évitait la question tout en parlant le plus possible. Elle cherchait à faire fâcher Son Altesse en tentant de la faire culpabiliser et à la pousser à faire un faux-pas. Elle disait d’abord qu’elle ne lui en voulait pas en faisant référence à ce qui est arrivé avec Arichis, puis après qu’elle était égoïste alors que Tibéria attendait de la loyauté de sa part. Elle s’est longuement épanchée sur ses responsabilités qui, selon elle, l’ont empêché de vivre pleinement sa vie.

Pour être honnête avec vous, à ce point je commençais moi-même à être énervé. Notre monde n’est-il pas régi par les serments que l’on porte et les responsabilités qui en découlent? N’est-ce pas là une question d’honneur? »
Hernando secoua la tête comme s’il cherchait à remettre de l’ordre dans ses idées. « Avec ses égarements et son obstination à ne pas répondre à une simple question, une chose m’est apparue clairement : elle ne voulait pas trahir Oscario, mais en ne voulant pas non plus se ranger aux côtés de Son Altesse, elle trahissait également le serment qu’elle a prêté. »

Tibéria lui fit signe qu’elle souhaitait maintenant reprendre. Hernando acquiesça et la laissa continuer. « Je tiens à rappeler à cette assemblée que lors du procès de l’Anoszia, il a été clairement dit que ceux qui seraient trouvés coupables d’aider Arichis subiraient le même sort que lui. Oscario servira son père et les intérêts de la famille jusqu'à son dernier souffle. En lui portant une quelconque assistance, Arichis ne pouvait qu'en bénéficier. Elle me reprocha de vouloir faire respecter la volonté d’un roi avant celle de mon peuple. Le roi est aussi celui qui a fait condamner Oscario. Elle a admis avoir vidé Solaria de ses richesses et de les avoir distribué à ceux qui en auraient besoin tout en conversant une partie pour elle-même. Finalement, elle refusa de déployer ses hommes contre Ydril. Elle se justifia en disant ne pas croire en cette guerre, mais Ydril n’est-elle pas l’ancienne place forte des Anoszia? N'est-ce pas là une autre façon de dire qu’elle ne souhaitait pas prendre les armes contre des alliés? De même, il m’apparaissait comme probable qu’elle ait envoyé une partie de ses richesses en Ydril surtout qu’une rumeur circulait au même moment disant le Dragon d’Or des Anozias aurait été aperçu là-bas. J’ai donc décidé de la faire arrêter, car les motifs étant suffisamment graves pour justifier mon geste. Nous parlons ici d'une probable trahison à la couronne. Sa position de noble lui permettait certe d’être gardé dans une chambre sous surveillance, mais avec ses liens avec la famille Anoszia, je craignais qu’on se serve d’elle comme d’une porte d’entrée pour le palais et comme source d'information. En la gardant dans les cachots, nous avions un meilleur contrôle sur les allées et venues : personne ne pourrait l’atteindre et elle ne pourrait atteindre personne. Finalement, Roderik de Wenden a mis le duché sous tutelle et a décidé de relâcher les conditions de détention d’Angelina. La suite des événements est relatée dans la lettre du chancelier.

L’accusation me reproche un abus de pouvoir et une absence de procès. Je tiens à dire que l’arrestation d’Angelina a eu lieu le cinquième jour de la première ennéade de de Vérimios et que la Magna Carta fut dévoilée dans sa première fois le quatrième jour de la deuxième ennéade de Vérimios. Dites-moi comment il aurait été possible de faire une enquête exhaustive ainsi qu’un procès pour trahison en une ennéade seulement avec les préparatifs pour Ydril? Je tiens également à souligner le fait qu’il y a des appuis notoires à Angelina qui ont signé cette charte en premier : Giovanelli, Poniti, Corelli... Saviez-vous que Poniti et Corelli sont parmi les premiers à s’être rallié à Arichis lorsqu’il a exprimer son désir d’être duc de Soltariel? Est-ce donc seulement un hasard qu’il y ait tant de gens ayant déjà eu ou ayant encore des liens avec la famille Anoszia que ce soit directement ou par l’intermédiaire de ma cousine parmi les signataires originaux de la charte? Comme l’a dit lui-même le défunt chancelier : En fuyant ses responsabilités avant même la tenue de son procès, Dame Angelina s’est désignée coupable de toutes les charges qui pesaient contre elle. »


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Victoria di Maldi
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MessageSujet: Re: Procès royal   Procès royal I_icon_minitimeLun 10 Sep 2018 - 17:46


- Votre Altesse, je vous remercie ainsi que votre témoin. Je vous invite à reprendre votre place et à laisser celle-ci aux soutiens de Dame Angelina. J’aimerais que les signori di Ponitti, di Lambruzzia, di Giovanelli et di Corelli répondent aux questions de son altesse Tibéria Soltari-Béronti. Expliquez-nous je vous prie la raison de cette accusation.

Les seigneurs concernés s'avancèrent puis saluèrent le chancelier ainsi que le régent. Puis, ils échangèrent un regard pour accorder leurs violons. Ils s'étaient concertés avant le procès et avaient finalement déduis que le destin d'Angelina n'était point entre les mains de la couronne mais du Duc et de la Duchesse de Soltariel. Seul le couple ducal avait en son pouvoir de lui accorder pardon ou au contraire de la juger coupable et l'actuel couple ducal tendait plutôt pour la seconde option. Il ne restait donc plus qu'une solution: plaider de façon à ce que Tibéria soit coupable de ses actes, et en cela, les seigneurs présents avaient plus d'un tour dans leur sac. Le premier à prendre la parole n'était autre que le signori Ponitti.

- Messire Chancelier, si vous me le permettez, je souhaiterais dans un premier temps répondre à la Duchesse. Il se tourna vers sa suzeraine puis enchaîna. Ma Dame, sachez qu'effectivement, je fus parmi les premiers à soutenir l'Anoszia, mais ce fut à la demande de Dame Angelina qui, une fois de plus, refusa de prétendre au trône auquel elle y est bien plus légitime que vous, mon soutien allait à son encontre car il avait décidé de vous prendre vous comme épouse. Je ne m'attarderais pas plus sur ce point, sachant surtout que la toute première personne à l'avoir soutenu, ici, parmi nous tous, n'est autre que vous.

Ce fut au tour de Corelli de s'avancer et de prendre la parole.

- Messire Chancelier, concernant le chef d'accusation qui est ici soulevé, nous tenons à rappeler que nous ne remettons aucunement en cause la suspicion de culpabilité émise envers Dame Angelina. Ce que nous reprochons à son Altesse, c'est d'avoir emprisonné -et donc jugé coupable sans avoir établi de procès- Dame Angelina et ce sans aucun respect pour son rang. Lorsque la Magna Carta fut transmise à Feu Roderik de Wenden et qu'un procès fut réclamé, Son Altesse n'a à aucun moment goûté aux cachots et n'a d'ailleurs même pas été assignée dans ses appartements. Elle fut libre de circuler dans son palais, sur ces terres et même à voyager jusqu'à Diantra pour y rendre hommage au roi alors que les charges retenues contre elle et son époux sont aussi aggravant que celles retenues contre Dame Angelina. Son Altesse se défend d'avoir emprisonné sa cousine car celle-ci représentait un danger. Pourquoi ne pas lui avoir confisqué son autorité sur ces terres dans ce cas? Tout comme le fit l'ancien Chancelier à l'encontre du Duché en établissant la mise sous tutelle royale?

Ce fut au tour du seigneur Giovanelli, reprenant le flambeau.

- Messire Chancelier, Votre altesse.  Commença-t-il en regardant aussi bien le chancelier que le régent. Nous sommes conscients que la fuite de Dame Angelina ne lui est en rien favorable et en cela, la décision de Feu Messire de Wenden de lui retirer droits et titres n'est en rien discutable vu qu'au lieu de rester pour se défendre, elle opta pour la fuite. Il fit quelques pas, les mains dans le dos. Néanmoins, il vous faut savoir que les informations révélées par son Altesse, Dame Tibéria sont fausses: Dame Angelina s'est enfuie bien avant d'assister au concile de Diantra.

Des murmures se firent soudainement entendre dans la salle. Le Chancelier demanda alors le silence avant d'inviter les seigneurs à continuer de témoigner.

- Effectivement, dans la missive écrite de la main de l'ancien chancelier, celui-ci accuse les partisans de la Dame Angelina -et donc nous-même- d'avoir volontairement incendié le palais, or, ce n'est pas le cas: le palais a été incendié après avoir été complètement vidée de ses richesses qui ont gracieusement été distribuées aux habitants des villages alentours. Nous avons ensuite été contacté par la Dame quelques jours avant la tenue du Concile.

Le signori di Lambruzzia s'avança, vélin à la main pour le tendre au chancelier.


" Le soleil a son crépuscule s'en est allé illuminer d'autres contrées pour éviter que ne vienne son trépas. Ne reste que son fragile et tourmenté astre jumeau. Ne soyez pas les ombres qui obscurciront les cieux de Soltariel, soyez la lumière qui en chassera les nuages en n'oubliant jamais que la seule chose qui importe c'est le peuple. Ils sont le sang et le cœur de nos terres. Pour le peuple et par le peuple. Toujours. Que les dieux vous gardent. "
Angelina.


Il venait de mentir sur la date de réception de ce vélin, mais vu que le vélin lui-même n'était pas daté, il pouvait raconter ce qu'il voulait -ou plutôt, ce qui l'arrangeait-.

- Quelle ne fut donc pas notre surprise d'apprendre que Dame Angelina ne s'était finalement pas enfuie mais se trouvait aux côtés de l'ancien chancelier au concile de Diantra pour représenter un Duché qu'elle a semblerait-il trahi aux yeux de son Altesse Tibéria. Quelle logique là-dedans? Nous avons donc décidé de mener une enquête. Le Seigneur fit une pause, lançant un regard au seigneur de Lambruzzia qui s'avança une nouvelle fois pour porter un nouveau vélin, cette fois-ci plus conséquent que le précédent. Ce fut finalement Signiore di Castigliani qui nous offrit finalement des réponses à nos questions lorsqu'il nous fit part de sa rencontre avec Dame Angelina… Devenue conseillère royale à Naelis où elle a été accueillie depuis plusieurs ennéades déjà. Je vous invite, Messire Chancelier, à consulter son témoignage.


[HRP: Le témoignage écrit se base sur les informations délivrées par Angelina dans ce RP: Hier, jamais. Aujourd'hui peut etre. Et demain ?. A la fin de ce RP, Angelina a joué le fait qu'elle rédige un témoignage. Néanmoins, celui-ci n'ayant pas été posté en son intégralité, nous nous baserons sur les dialogues de ce RP]


- Comme vous pouvez le constater, Messire Chancelier, ce témoignage est authentique. Celui-ci précise bien la présence de Dame Angelina à Naelis, tout comme il fait état de certains faits incriminant Dame Tibéria… Qui était au courant de la relation qu'entretenait Dame Angelina avec l'Anoszia et ce bien avant la convocation de celle-ci à Soltariel où l'emprisonnement fut décidé. En soit, c'est l'aveu d'un hypothétique mariage célébré sur une plage oublié d'un archipel nain, sans avoir été officialisé ainsi que le refus de lever des miliciens -alors que les soldats de métier étaient déjà mis au service de la duchesse- qui a persuadé Dame Tibéria que Dame Angelina était une réelle menace.

Ce fut à nouveau au tour du signore Corelli de prendre parole.

- Dame Tibéria se défend en prétextant que la menace d'un retour des Anoszia planait sur le Sud du Royaume mais une enquête a-t-elle été menée? Où sont les preuves? Il laissa le silence s'imprégner un peu de la salle avant de reprendre. Depuis quand d'hypothétiques soupçons donne-t-il le droit à un suzerain d'enfermer son vassal dans de vulgaires geôles ordinairement réservés à la pègre ? Et comment se fait-il que l'ancien Chancelier a été dupé lors du concile de Diantra en présentant, visiblement, une dame se faisant passer pour celle qu'elle n'était pas? Nous avons entendu dire que la Marquise de Langehack elle-même a affirmé que la femme présente aux côtés du Chancelier n'était pas celle qu'elle prétendait être.

La pierre venait d'être lancée dans la mare. Les murmures recommencèrent à s'élever. Il est clair que ce qu'il serait retenu ici, ce n'est ni la manière dont à agi Tibéria envers sa cousine mais bien ce subterfuge au concile. Le regard des seigneurs se tournèrent vers la Duchesse.

- Nous suspectons donc la Duchesse d'avoir usé de quelconques subterfuges pour ainsi duper l'ancien Chancelier et avoir tout de même main-mise lors du Concile.

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MessageSujet: Re: Procès royal   Procès royal I_icon_minitimeSam 22 Sep 2018 - 1:43



Tibéria s’épuisait, mais le procès n’était pas en cause. Quelques ennéades plus tôt, elle avait donné la vie en y laissant pratiquement la sienne dans le processus. Tant de sang avait coulé et les guérisseurs l’avaient bien mise en garde : le temps de guérison sera très long avec la réelle possibilité qu’elle ne s’en remette jamais totalement. Encore à ce jour, elle s’essoufflait trop facilement. Chaque jour, elle était un peu plus forte, mais lorsqu’elle parlait beaucoup ou s’agitait trop, elle s’épuisait. À ce rythme, elle doutait d’être encore sur ses jambes à la fin de cette journée. Deux options s’offraient à elle : soit elle tenait encore, soit elle tentait de mettre un terme à ce procès d’une manière aussi fracassante que risquée. Elle en avait discuté avec les autres. Pour Tibéria, ce procès n’était rien de plus qu’un vaste coup monté. Tout cela n’était basé que sur leurs paroles, mais n’étaient-ils pas biaisés dès le départ? Évidemment que dans cette histoire, Tibéria était la méchante et eux les bons, car ils avaient créé cette charte contre elle. Aucune preuve, mais aussi aucun témoin neutre. Tous ceux qui avaient parlé jusqu’à présent étaient impliqués directement dans cette histoire d’une façon ou d’une autre. C’était sa parole contre la leur et Tibéria manquait de ce charisme qui rendait convaincant. Ils soulevaient des doutes, mais ne fournissaient aucune preuve irréfutable de ce qu’ils avançaient, signe qu’ils avaient bâclé leur enquête et qu’ils multipliaient les mensonges. Cette fois cependant, ils ne s’en prenaient pas seulement à elle, ils remettaient en doute l’intégrité d’un homme qui a fidèlement servi la couronne jusqu’à sa mort et ça, ça ne passait pas aux yeux de l’actuel chancelier. Tibéria allait jouer là-dessus.

« Ce sont là de graves accusations, Signore. Vous attaquez directement la chancellerie et remettez en cause les décisions qui ont pu être prises quant à la nomination de mon prédécesseur. Je vous prie Votre Altesse, de bien vouloir vous défendre de tout ceci. »

La duchesse acquiesça avant de se redresser sur toute sa hauteur. Depuis le début, elle attendait le bon moment, celui qui scellerait son destin pour le meilleur ou pour le pire. Elle attendait le faux pas qui lui donnait l’occasion de frapper son plus gros coup. Nullement intimidée, une lueur de défi brillait dans ses yeux. « Comment osez-vous proférer de telles insinuations à propos d’un homme qui a décidé de prendre le duché sous tutelle pour éviter la guerre civile que vous menaciez de déclarer si personne n’écoutait vos revendications? N’est-ce pas là votre argument préféré lors de vos négociations, comme un enfant qui menace de tout casser si l’on ne cède pas à ses caprices? N’est-ce pas là ce que vous menaciez déjà de faire au moment où Franco m’a imposé un mariage avec lui? » Tibéria frémissait d’indignation, mais sa voix restait sous contrôle. « Au risque de me répéter, je savais qu’il y avait des rapprochements entre Angelina et Oscario, mais je ne savais pas qu’il était venu la rejoindre pendant sa mission et encore moins qu’ils avaient continué à se revoir après la condamnation, allant ainsi à l’encontre du jugement rendu. Si je me rappelle correctement, c’est Arichis lui-même qui avait décidé de l’envoyé là-bas pour les séparer. Je ne sais pas pourquoi, mais il n’approuvait pas cette relation. Cela ne les a toutefois pas arrêtés et j’aimerais vous rappeler qu’elle a pris sous son aile sa fille. Cette enfant n’est certainement pas apparue de nulle part. Quant aux soldats, dois-je vous rappeler que même pour les soldats professionnels, je dois demander l’aval de leur seigneur pour les déployer. Solaria dispose d’un ost et c’est à Angelina de pourvoir à leur entretien, ne serait-ce que pour assurer la protection et l’ordre au sein de ses propres terres. Enfin, la rumeur du retour des Anoszia, il vous suffisait de parler à n’importe lequel marin qui est revenu d’Ydril pour confirmer ce qu’ils ont vu, mais je suppose que ça ne vous est pas passé à l’esprit. »

Tibéria avait vraiment l’impression de se répéter et sa patience s’approchait dangereusement de sa limite. « De plus, j’aimerais que vous expliquiez à cette assemblée ce qui prouve que cette lettre a bien été écrite par celle que vous prétendez. Vous présentez, en plus, un mot énigmatique qui n’est même pas datée et qui pourrait avoir été écrite n’importe quand par n’importe qui. S’il y a effectivement eu une rencontre avec Angelina, pourquoi ne pas avoir cru bon de la faire revenir sur la Péninsule pour témoigner? Après tout, ses crimes sont envers Soltariel, pas la couronne. Elle aurait pu se tenir ici sans s’inquiéter.  Signore di Castigliani estime sans doute qu'il a le pouvoir de décider si une personne est coupable ou non, qui sait? » Elle haussa les épaules. « C’est tout de même étonnant que vous soyez au courant de ce qui s’est passé à l’intérieur du concile alors qu’aucun d'entre vous n’y était invité. Plus étonnant encore, j’ai eu l’occasion de m’entretenir avec Son Altesse Renaud d’Erac ainsi que le régent en personne et aucun d’eux n’ont abordé cet incident avec moi, mais peut-être allez-vous accuser la couronne de mentir. » Elle marqua une petite pause, le temps que ses mots fassent bien leur effet avant de reprendre. « Mais bon, vous aviez un témoin, la jeune Linaëlle, pourquoi n’est-elle pas ici avec nous? Devrons-nous vous croire sur un témoignage de deuxième main? Je l’ai entendu d’un tel qui l’a entendu de quelqu’un…»

C’était tellement ridicule. Le niveau de leur argumentation ne volait pas tellement plus haut qu’au moment de leur entretien juste avant son départ pour Diantra. Elle secoua doucement la tête avant de reprendre. « Je vous ai invité à ma cour pour écouter vos revendications et tenter de trouver une solution à ce malaise qui gangrène Soltariel, mais vous avez martelé que vous n’aviez rien à faire d’une estréventine alors que je suis née à Soltariel et que mon père et mon grand-père avant lui ont fidèlement servi la couronne et certainement contribuer d’une façon ou d’une autre à chacune de vos fortunes personnelles. Vous vous êtes emmuré dans cet orgueil mal placé que vous appelez honneur. Vous avez eu l’audace de dire qu’il n’y avait aucun témoin pour prouver mes dires. Vous avez eu l’arrogance d’ajouter que j’aurais dû prendre les armes contre vous alors que je ne savais pas exactement contre qui j’allais m’opposer. Comme si j’étais fautive d’avoir voulu éviter un bain de sang! Voilà, il y avait un témoin ce jour-là, un homme que vous avez vraisemblablement oublié, car ses idées ne concordaient plus avec les vôtres. Pourtant, lui aussi est ici pour préserver une terre qu’il aime de menteurs et de félons qui osent salir les représentants de la couronne pour leur propre bénéfice. Signore Paolo di Pasi, levez-vous, je vous prie. » Paolo se leva, un sourire dansait sur ses lèvres. « Altesse? » Sans quitter les autres des yeux, elle demanda. « Pouvez-vous jurer devant cette cour que vous étiez bien présent le jour où Franco di Celini et ses compagnons ont usé de leur avantage pour négocier un mariage avec Celini. »

« Je le jure. »

« Pouvez-vous jurer que le groupe se faisant appeler les Vrais Soltarii auquel vous étiez anciennement affilié a comploté pour la prise du pouvoir du duché et que ce mariage était une façon légitime de le faire sans attirer l’attention de la couronne? »

« Je le jure. »

« Vous me soupçonnez d’avoir influencé Roderik de Wenden d’une façon ou d’une autre… Moi, je vous accuse de comploter afin de forcer ma destitution, et ce, avec les encouragements de Franco di Celini. » Elle regarda le chancelier. « Pardonnez-moi cette sortie fracassante, mais depuis le début de ce procès, j’attendais le bon moment… » Elle n’eut pas à dire un mot de plus qu’une boîte apparaissait devant Pasi accompagné d’une lettre. « Quelle ne fut pas ma surprise de recevoir cette boîte accompagnée d’une lettre scellée avec le sceau de Celini. Voici ce qu’elle contenait. » Sur un ton quelque peu théâtral, il lut le contenu de la lettre à l’assembler certainement médusé par ce revirement de situation.

A Paolo di Pasi
Vrai-Soltari, seigneur du domaine di Pasi

Mon ami,

C’est par cette lettre que je viens te donner pour la première fois des nouvelles de mon voyage vers des terres étrangères. Comme tu me connais, tu n’es pas sans savoir que je n’oublie point notre patrie. J’imagine que beaucoup d’entre vous ont eu du mal à comprendre les raisons de mon départ. Je ne vais point m’éterniser sur le sujet, tu imagines bien que j’ai mes raisons et qu’elles sont justifiées.

Quoiqu’il en soit, tu es l’un des seuls en qui j’ai confiance. Tu as été là quand j’ai appelé Soltariel à se soulever contre l’envahisseur ydrilote. Tu as répondu à mon appel désespéré afin de destituer Tibéria. J’ai confiance en toi, j’espère que tu as tout autant toujours confiance en moi.

Je t’écris depuis un comptoir en estrévent. Ce comptoir est désormais le mien. Je compte bien devenir un homme influent par-delà l’Olienne et faire profiter de mon influence à mon pays : le pays soltari. Je te joins à ce courrier plusieurs échantillons d’épices que nous produisons par ici. Je te laisse les faire découvrir aux épiciers de Boniverdi ou d’ailleurs. Si j’ai un retour positif de ta part, je peux m’organiser pour envoyer une cargaison entière d’épices vers Soltariel. Je te les vendrai à un prix d’ami, tu n’auras qu’à faire connaître les établissements Kaichi de par nos terres.

Une dernière petite chose, j’espère que tu veilles bien à ce que notre patrie reste intègre et que tu fais tout ce qui est en ton pouvoir pour freiner la prise de pouvoir de ces chiens de nordiens. Notre vraie patrie à nous, c’est Soltariel.

Ton dévoué ami,
F


« Vous comprendrez qu’à la suite de cette lettre nous pouvons nous questionner sur les motifs derrière les accusations qui ont été portées contre moi. » Reprit Tibéria. « Paolo di Pasi a longtemps été le bras droit de Celini, se faisant même passer pour le chef des Vrai Soltari à la place de Franco. C’est aussi lui qui a procédé à l’arrestation d’Arichis lorsque ce dernier a tenté de prendre la fuite peu avant son procès. Non seulement est-il présent, mais il a également pris le soin de rédiger un témoignage qui raconte les dessous du mouvement Vrai Soltari et des manœuvres qu’ils ont faites pour parvenir à leurs fins. Vous réaliserez bien assez vite que ce procès n’est qu’une manigance parmi tant d’autres. Personnellement, j’ai particulièrement aimé son dernier entretien avec Celini où plusieurs Vrais Soltarii étaient également présents...» Elle baissa les yeux sur la liasse de papier devant elle. « Cet entretien où il a menacé avec véhémence de m’enfermer dans une tour si je n’acceptais pas mon statut de duchesse d’apparat, alors que ma faute fut de rappeler nos soldats à Soltariel. Comment il a qualifié les hommes du nord de menteurs descendant des sauvages wandrais, propos qui ont été appuyés par certains des hommes qui sont ici devant vous… Peut-on accepter les témoignages d’hommes qui ont ouvertement complotés pour le pouvoir et qui n’ont jamais désavoué les agissements de Celini? Ils veulent tellement me voir condamner qu’ils ont inclus dans les accusations un point qui dit clairement que si Celini n’est pas ici pour subir son procès, c’est moi qui sera condamné. »
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MessageSujet: Re: Procès royal   Procès royal I_icon_minitimeLun 24 Sep 2018 - 16:42


Si le premier exposé de la duchesse avait été clair et concis, le second se perdait dans des accusations qui ne faisaient pas sens. La réponse des soutiens d’Angelina avait été assez incisive et avait directement accusé l’ancienne chancellerie d’avoir au mieux été assez idiot pour se laisser manipuler, au pire d’avoir participé à un coup monté par la duchesse qui devait avoir lieu au cours du concile. On questionna alors leurs connaissances à ce sujet, on accusa les Vrais-Soltarii d’avoir comploté pour destituer Tibéria et on leur présenta une missive qui situait Franco sur une des côtes de l’Olienne. Pourquoi pas en plus nous ramener son enfant pour l’introduire à tout un chacun ? Et si on se versait un petit verre pour s’excuser du dérangement, avant de rentrer tous chez soi ?

- Je crains Votre Altesse que vous ne soyez pas totalement remise de la difficile naissance de votre enfant. Avant de continuer, il me semble absolument primordial de vous rappeler ce que nous faisons ici. Les esprits s’échauffent et se perdent en élucubrations toutes plus extravagantes les unes que les autres. Si l’accusation est un des nombreux moyens de la défense pour se tirer d’affaire, j’aimerais cependant que cela n’en soit pas un pour essayer de mettre un terme à ce procès. Nous ne sommes pas réunis ici pour dissoudre l’assemblée au beau milieu de la journée. Nous irons au bout de tout ceci, que ce soit avec la volonté de tous ou sans.

Votre Altesse, si le voyage vous a épuisé, si d’avoir donné si difficilement la vie ne vous permet plus de vous exprimer et de vous défendre correctement, je vous prie de déléguer cette tâche à votre si adoré bras-droit, le signore Paolo di Pasi. Les termes de la charte sont en ce moment même entrain d’être discuté, je vous prierai donc d’attendre la suite pour donner votre opinion quant au fait qu’il ait été demandé que vous soyez jugé coupable des actes de votre mari en son absence aujourd’hui. Aucun de nous n’a la volonté de voir ce jour s’éterniser plus que de raison, aussi je vous demanderai à tous de veiller à bien garder en tête le point dont nous sommes entrain de discuter. Il me semble qu’aucun de vous n’a de chose à rajouter à propos du traitement d’Angelina par son altesse Tibéria Soltari-Beronti, ainsi nous pouvons passer à la suite.


Il n’y avait pas besoin de plus pour faire comprendre à tous que ce qu’on attendait d’eux n’était autre que de se défendre ou d’accuser. Digresser ne ferait qu’alourdir la balance en leur défaveur. Qu’il s’agisse d’un camp ou d’un autre, le chancelier ne pouvait permettre de tels écarts. Il n’était cependant pas encore temps de trancher, ni sur la finalité, ni sur ce qui se disait au fur et à mesure. Il avait certes en travers de la gorge les accusations proférées à l’encontre de feu Roderik de Wenden. Mais il ne pouvait laisser passer non plus cette tentative ratée d’avorter le procès. Ne se rendait-elle pas compte qu’en agissant ainsi, elle plaidait un peu plus coupable ? On l’enfouissait de charges et elle se défendait en qualifiant tout ceci de mascarade. Si cela l’était, la chancellerie et le régent avaient pris le temps de la mettre en place. Si dans cette réunion il n’y avait aucun intérêt, alors la couronne n’aurait jamais dû l’organiser. Ce qu’il retenait contre une partie, il le retenait finalement aussi contre l’autre. Il voyait de moins en moins une issue positive se profiler à l’issue de ce procès.

- A présent, j’aimerais aborder l’accusation de trahison du Duc de Soltariel, Franco di Celini, et par là-même de son épouse Tibéria Soltari-Béronti, porté par la magna carta. Je vous prie, Signore Cortés di Castigliani, de bien vouloir rapporter les faits survenus à Port-Cinglant. Vous pourrez ensuite développer sur la culpabilité de son épouse, ci-présente.

Les accusation à l’encontre de Franco devraient prendre un peu moins de temps que toutes les autres. Du moins l’espérait-il très sincèrement.

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MessageSujet: Re: Procès royal   Procès royal I_icon_minitimeMar 25 Sep 2018 - 9:09



L’on sut qu’un point de non-retour venait d’être atteint lorsque la duchesse cria au complot visant sa personne.  Non seulement à cause des protestations s’émanant de la foule spectatrice, mais aussi en scrutant les visages de tous ceux qui avait pris la parole depuis le début de ce procès. En clamant haut et fort que les vrais-soltaris étaient derrière tout ce remue-ménage et qu’ils agissaient encore par… loyauté envers le duc de Celini, Tibéria venait purement et simplement se condamner toute seule comme une grande. Car si l’on prenait le rédacteur et les premiers signataires de la Magna Carta, on s’apercevait bien vite qu’il n’y avait eu aucun vrais-soltaris et que ces derniers avaient rejoint le mouvement peu après la proclamation de la charte.

C’était ce que l’on appelait un coup d’épée dans l’eau dans le jargon.

La perte de crédibilité de la duchesse était certaine. Elle venait de révéler au reste de l’assemblée son vrai visage. Celui d’une jeune femme rendu paranoïaque et incapable de se défendre. Quelle en était la cause ? Etait-elle née ainsi ? L’était-elle devenue à force de mariages forcés et d’époux ambitieux et traitres ? La chose était simple pourtant. On ne lui avait demandé qu’une chose : qu’elle se défende. Au lieu de ça, la Beronti continuait à cracher à tout va son lot d’accusations maladroites. Dès lors, il lui sembla qu’ils avaient passé plus de temps à se défendre eux-mêmes qu’à accuser. Chose complètement inimaginable qui en étonna bien plus d’un, en commençant par lui. Seul son frère ne semblait pas étonné. Pour le connaître par cœur, il comprit que ce dernier avait préféré laisser la duchesse foncer droit dans le mur plutôt que de porter une réclamation. Mais contre toute attente, ce fut l’intervention imprévue du chancelier qui remit les points sur les i et permis de retrouver un semblant d’ordre et de cohérence.  

A son tour maintenant de prendre la parole à nouveau. Il lui sembla que prouver la trahison du duc ne serait qu’une simple formalité à tel point les preuves étaient accablantes.

-Je ne reviendrai pas sur les suspicions concernant le duc de Celini avant mon départ pour l’archipel de Nelen. Mais lorsque je reçus l’ordre du chancelier Wenden d’aller défendre l’archipel*, je reçus également la directive d’éloigner tous les proches du duc exerçant des offices au sein de la Marine Royale. En ces temps difficiles, il me fallut congédier de bons marins, mais j’obéis quand même au sire de Wenden. A titre personnel, je crois que ce fut une décision bien sage qui nous permis assurément de remporter la victoire.

Il s’arrêta un bref instant afin de reprendre son souffle.

-Par la suite, le duc de Celini a été vu**, débarquant à Port-Cinglant, de manière tout à fait clandestine. L’un des hommes de sa Majesté le paya chèrement de sa vie après avoir suivi le duc jusqu’aux bas-fonds de la cité en se faisant sauvagement assassiner. Il me faut vous rappeler qu’à ce moment-là, Port-Cinglant était en proie à la révolte, dont nous savons aujourd’hui que ce courant de rébellion était appuyé par un armateur estréventin. Vous pourrez avoir les témoignages des hommes s’étant trouvés sur les quais lors du débarquement du duc.

Cela était la première partie. Suite à la deuxième !

-Après s’être soulevé contre les forces de sa Majesté qui se regroupèrent au fortin pour préparer le siège, nous attendîmes que les rebelles épuisent leur initiative afin de passer à la contre-offensive. Via une opération maritime et terrestre conjointe, et au prix de nombreux sacrifices, les rebelles et les forces estréventines se firent acculer et anéantir pour la plupart. Parmi les prisonniers que nous fîmes, certains préférèrent coopérer plutôt que de se voir passer la corde autour du cou. Dès lors, nous apprîmes que le duc avait bel et bien été vu auprès des rebelles et qu’il avait regagné sereinement l’estrévent***. Là aussi vous en trouverez le témoignage.

Depuis, le duc s’était évaporé dans la nature. Les limiers du roi continuaient à le chercher et l’on ne perdrait assurément pas l’espoir de le retrouver pour lui faire payer sa désertion et sa trahison.

-Il ne m’appartient pas de dire que la duchesse était au courant de tout cela. C’est à elle de le dire et c’est à vous d’en juger. Ce que je peux affirmer, néanmoins, c’est qu’elle fut la première à en avoir été informé via une lettre que je lui ai envoyé. Il se tourna vers la duchesse sans montrer la moindre hostilité. Vous me pardonnerez, ma dame, mais je ne possède point de copistes à mes côtés et je n’ai donc malheureusement pas la lettre sur moi. Peut-être l’avez-vous ?****

Ce chef d’accusation n’avait aucunement le but de prouver la culpabilité et la complicité de la duchesse dans les derniers crimes connus de son mari. La faute seule que l’on prouverait peut-être ici serait que la duchesse n’avait pas été en mesure d’assurer son rôle et d’empêcher son époux de trahir le Royaume. Bien sûr, elle mettrait de nouveau en avant sa grossesse difficile, son isolement, le manque de conseil de ses vassaux. Il était à espérer pour elle, que l'ancien fidèle bras-droit du duc, devenu désormais son confident repenti, vole à son secours pour déculpabiliser sa protégée-protectrice. Qu'elle le fasse, seul le duc était réellement accablé ici.

Il ne restait plus qu’à attendre la suite.

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MessageSujet: Re: Procès royal   Procès royal I_icon_minitimeVen 28 Sep 2018 - 1:14


Tibéria résista avec difficulté à l’envie de demander au chancelier s’il prenait vraiment la peine de l’écouter. Elle venait de présenter à cette cour une lettre authentique où Franco parlait d’une conspiration pour la chasser du pouvoir et il la balayait de la main comme si ce n’était rien? Il lui fallait quoi de plus? Tibéria et Pasi échangèrent un regard perplexe. Naturellement, le clan adverse ne pouvait être ravi de cette apparente déconfiture, mais Tibéria n’allait pas lâcher prise aussi facilement.

« Oui, j’ai bien reçu cette lettre, la voici. Vous, vous avez sans doute la réponse que je vous ai envoyé. Ça m'étonne que vous ne l'avez pas encore présentée, à moins que votre idée est de prétendre qu'elle n'existe pas! » Quelqu’un derrière fouilla dans la masse de documents et en sortit une lettre qu’il donna à Tibéria.«  Toutefois, avant de poursuivre, j’aimerais revenir sur la missive de Franco. Chancelier, cette lettre dit clairement qu’il y a un complot pour ma destitution sur les terres Soltarii. Je ne sais pas si vous voyez à quel point ça ne fait aucun sens que je sois ici tandis que Celini se trouve en Ithri’Vaan? Il est le vrai coupable dans cette histoire, pourtant je suis celle qui prend le blâme. »

« Voyez-vous, l’attaque en Ydril fut une mise en scène idéale pour Franco. Il pouvait mettre en place son plan alors que ses compagnons s’occuperaient de jeter, d'une façon ou d'une autre, la faute de son inaction sur moi. Tous les regards se retrouvaient braqués sur moi, je devenais la fautive toute désignée et lui il pouvait fuir. Je ne dis pas que je n’ai pas une part de responsabilités, surtout pour le blocus, mais de là à m’accuser d’avoir ignorer un avertissement alors qu’ils sont incapables de prouver qu’il y en a bel et bien eu un ou d’affirmer que j’ai fait fi de leur conseil alors qu’ils n’en ont donné aucun… Il fallait trouver quelque chose de concret à me reprocher, car les crimes sont les faits de Franco, mais c’est moi qui devais disparaître et ils le veulent à tel point qu’il est dit dans la charte qu’en absence de Franco, je vais être jugé à sa place. Là, vous vous dites que ça ne fait pas de sens, car si Franco avait vraiment organisé tout cela, pourquoi l’accuser de trahison? La réponse est simple. Voyez-vous, pendant que je suis ici à la place de Franco, ce dernier est en train de s’installer en Ithri’Vaan et d’y faire sa marque. Plus le temps passe, plus il sera difficile de le récupérer sans s’exposer à des problèmes bien plus importants pour la Péninsule. Nous avons des échanges commerciaux substantiels avec cette partie du monde, nous y possédons des comptoirs où nous importons et exportons des biens et des ressources en importante quantité. Si nous rentrons en conflit ouvert avec les Princes Marchands, c’est toute l’économie de la Péninsule qui risque d’en souffrir. Prenons l’exemple d’Ydril dont l’économie dépend presque entièrement du commerce, qu’est-ce qui adviendrait de sa population si les bateaux estréventins cessaient du jour au lendemain de circuler? Je vous rassure tout de suite, ils n’ont pas plus intérêt à partir en guerre contre nous, car avec qui feraient-ils des affaires sinon? Les elfes, les drows? Naélis? Franco c’est donc placé à l’abri en s’exilant là-bas. C’est du moins ce qu’il croit. » Tibéria fixait le chancelier en espérant qu’il saisisse enfin l’ampleur de la situation et qu’une lumière s’allume dans son esprit. Peut-être que le Régent, lui, comprenait…

« Ithri’Vaan, c’est aussi l’endroit où se retrouvent nos exilés. Nous avons là-bas une population difficilement quantifiable de nobles dépossédés et frustrés qui attendent certainement le jour prochain de leur vengeance. Maintenant, Franco, un homme charismatique au point d’avoir unifié une partie de la noblesse soltarii sous le nom des Vrais Soltarii se retrouvent parmi eux. Imaginez un peu ce qu’il pourrait faire avec ses belles paroles. Comme cette lettre l’indique, il vient de fonder un comptoir là-bas et il compte bien faire profiter de son influence là-bas à Soltariel. S’il devenait Prince Marchand et se faufilait jusqu’au conseil, autant dire qu’il tiendrait la Péninsule tout entière par les couilles. »
Image vulgaire, mais criante de vérité. Si Franco devenait Prince Marchand, certaines personnes deviendraient certainement très riches et ils seraient probablement tous des Soltarii…

« Maintenant, il faut déterminer ce qu’il a promis à ses gens fidèlement restés ici pour remplir la seconde partie de son plan qui est ma destitution. Si cela venait qu’à arriver, la place serait libre pour le prochain prétendant. Qui pourrait être intéressé par le titre? Honnêtement, je suis certaine que c’est déjà décidé et qu’il ou elle est parmi nous en ce moment pour s’assurer que ça fonctionne. Cela dit, pour devenir Duc, il a besoin du soutien des grands vassaux et c’est là que Sybrondil entre en piste. Pour prendre le titre, il faut des appuis de la part des vassaux et Sybrondil est l’une des terres les plus puissantes du duché. Comme par hasard, c’est aussi le seul grand vassal à avoir signé. En apportant sa voix à cette charte, Victoria donne son aval au prochain candidat. À moins, bien sûr qu’elle se désigne elle-même pour la fonction. Après tout, elle est la sœur de Maciste, anciennement duc de Soltariel. Ça lui fait une excellente raison de me détester et de vouloir comploter contre moi, ne serait-ce que pour restaurer le lustre qu’avait sa famille lorsque son frère était au pouvoir. Que ce soit les Vrai Soltarii qui ont promis quelque chose à Victoria ou Victoria qui s’est engagée à soutenir le candidat des Vrais Soltarii, le résultat reste le même : une collusion afin de me destituer. En justifiant sa signature avec une accusation contre moi, personne n’allait poser de question. En soi, ce n’est pas de la trahison, mais de la manifestation d’un droit sacré, mais c’était sans cette lettre…

En effet, s’il y avait véritablement un problème, pourquoi attendre au procès pour en parler? Dans toute cette jolie correspondance qu’elle nous a présentée, elle ne dit pas un mot à propos de ses griefs. Pourtant, il aurait été bien plus simple et efficace de m’en parler directement. Nous aurions pu travailler à trouver une solution. Ma porte n’a jamais été fermée et je n’ai jamais ignoré les demandes qui me sont adressées. C’est fort heureux hasard n’est-ce pas que c’est aujourd’hui que le chat sort du sac, mais je suis convaincu qu’elle a une explication tout à fait cohérente à son silence, aussi logique que celle qui justifie son incapacité à se rendre à Soltariel à ma demande. La guerre en Ydril n’a pas été un prétexte uniquement pour Franco. »

« Après si vous vous interrogez sur le silence d’Ysari, inutile de chercher bien loin. Je doute que le comte et la comtesse soient impliqués dans ce stratagème, mais la famille di Maldi a de nombreux membres en son sein, dont un proche conseillé à Ysari. Son nom est Zuane di Maldi qui jouit d’une place de premier plan au sein de la cour, assez pour parler en leurs noms comme le prouve cette lettre, et qui saura, j’en suis certaine, se montrer de bon conseil au moment où un nouveau duc sera nommé et qu’Ysari devra l’appuyer. Il est possible aussi qu’il n’ait rien à voir avec tout cela, mais la comtesse nous a prouvé qu’elle est prête à jouer double jeu comme le démontre l’étendue de ses machinations en Ydril. L’énergie qu’elle a déployée dans l’élaboration de son plan peut facilement être vue comme une démonstration de force : je suis prête à prendre le titre et je suis capable de tout pour le faire. Une occasion pour bien paraître devant la couronne et s’attirer sa sympathie en cas de prise du pouvoir, mais que vaut les paroles d'une femme qui use ouvertement de mensonges et de tromperies avec sa propre famille pour parvenir à ses fins? Maintenant, chancelier, comprenez-vous l’importance de cette lettre? »


Cette fois, on allait peut-être l'écouter et la prendre au sérieux. Son raisonnement était parfaitement articulé. Une fois encore, elle écorchait la comtesse, mais elle usait de ses propres déclarations à la cour. Même si elle s'insurgeait en affirmant que les propos de Tibéria sont faux, Victoria venait elle-même d'admettre qu'elle avait trompé sa cousine par des mensonges pour attirer sa confiance. Qu'est-ce qui prouverait qu'elle n'usait pas de ce même stratagème devant cette cour? Quant à Francesco et Felipe, leur incapacité à prouver par des preuves tangibles ou des témoignages de personnes fiables qui ne sont pas directement liés à eux donnait aussi du poids aux déclarations de Tibéria.
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MessageSujet: Re: Procès royal   Procès royal I_icon_minitimeDim 30 Sep 2018 - 14:44

Francesco avait pu exposer les faits de manière très satisfaisante. La culpabilité de Franco n’était plus à prouver, ses actions parlaient d’elles mêmes. Ce qu’il apprécia moins cependant, fut la prise de parole de Tibéria Soltari-Béronti qui, comme à son habitude, la desservait à ses yeux. Elle pouvait bien compter sur le régent pour sauver ce qui pouvait l’être, parce qu’à ses yeux, elle n’était plus seulement une jeune femme maladroite éprouvée par la naissance de sa fille, mais belle est bien le pantin de son bras droit. Cette lettre qu’elle avait jeté dans l’arène sans attendre son heure, qu’elle avait essayé de brandir comme preuve de l’absence de nécessité de sa présence, ne faisait aucun doute sur la position du signore Paolo di Pasi quant au traître à la couronne.

- Ce que je vois votre Altesse, pour répondre à votre prime question, n’est autre que le collaborateur de votre époux Franco di Celini, vous servir de bras droit et de témoin quand il était le premier à soutenir ce dernier dans un complot pour votre destitution. Peut-être ne comprenez-vous pas en quoi cela m’interpelle, tout comme vous ne semblez pas avoir compris mes propos ultérieurs. Mais de cela je ne peux en débattre dans l’heure, je vous remercie donc de votre témoignage. Et puisque tout repose sur l’importance de cette lettre, que j’ai parfaitement saisi ainsi que tout un chacun présent ici, je vous demanderai de rejoindre votre place pour que nous puissions avancer.

Chacun s’insurgeait de ne pas être entendu mais personne ne faisait l’effort de réellement comprendre autrui. Tout ce processus était épuisant. Emotionnellement parlant, il mobilisait des ressources énormes. Les enjeux étaient de taille et il était facile de se laisser submerger. Si l’accusation se lançait à corps perdu dans ce procès, Tibéria avait elle gros à perdre et se laissait déstabiliser chaque fois un peu plus. Elle avait des cartes en main mais ne les utilisait jamais. Elle avait les moyens de répondre correctement et elle dérapait toujours, quand elle ne se lançait pas carrément dans des tirades qui la desservaient. Quel intérêt de se défendre chaque fois de la même manière ? Pourquoi répondre à des questions qui n’étaient plus d’actualité dans la temporalité de tous ? Si à l’issue de ce procès une chose devait ressortir de la défense à ses yeux, ce n’était ni plus ni moins que l’incapacité de Tibéria Soltari-Béronti à assumer une place aussi importante que celle de Duchesse.

- Il me semble désormais logique de me pencher sur un point plus obscur, qui n’est pas une accusation mais plutôt une suspicion. Celle d’escroquerie à la couronne, mais également aux vassaux Solarii ainsi qu’au Comté de Sybrondil par les ducs de Soltariel. J’appelle par conséquent sa grandeur Victoria di Maldi pour éclairer ceci.

Il savait qu’une enquête avait du être menée par Roderik de Wenden. La chancellerie avait hérité de cette affaire, mais il ne lui appartenait pas en cet instant de prendre la parole pour éclaircir ce point. L’accusation se devait d’expliquer ses suspicions avant qu’il ne divulgue quelque infirmation qu’il soit.

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MessageSujet: Re: Procès royal   Procès royal I_icon_minitimeDim 30 Sep 2018 - 20:52


Victoria était restée de marbre une bonne partie du procès mais la dernière prise de parole de la Duchesse avait fini par faire réagir la Comtesse qui amena ses fins doigts quérir le haut de son nez tandis que son regard se ferma, soupirant de plus belle.

Il y avait décidément plus de limites à la connerie, semblerait-il.

La Sybronde se demandait à quel point Tibéria devait se sentir mal pour ainsi constituer sa défense. Était-elle malade ? Ou tout simplement idiote ? La question méritait réellement d’être posée car si la réponse était la deuxième option, allait-on vraiment laisser l’une des plus grandes puissances économiques du Royaume aux mains d’une oie débile ?

Il est vrai que l’attaque pouvait sembler être la meilleure défense mais si l’on devait imager celle de la Duchesse, celle-ci ressemblait plus à la défense d’une enfant prise la main dans le sac. « Ce n’est pas moi, c’est lui. Ce n’est pas moi, c’est eux. Ce n’est pas moi, c’est la vilaine Victoria qui est juste jalouse de mes possessions, de mes titres et de mon cul. » résumerait plutôt bien l’ensemble de ses interventions actuelles.

Fort heureusement, le chancelier la recadra une seconde fois: deux fois de trop. Il ne restait plus qu’à espérer que l’expression « jamais deux sans trois » ne soit pas une nouvelle fois confirmée durant ce procès.

Victoria s’avança alors, faisant à nouveau face au Chancelier ainsi qu’au Régent.  

- En effet, Messire Chancelier, il est important de préciser que ceci n’est que suspicion. Le flou ici présent réside sur un entretien qu’aurait eu le couple ducal avec Feu Cléophas d’Angleroy. Celui-ci aurait alors confié la charge d’Amirauté à Messire Celini tout en lui assignant une première mission: celle de remettre sur pied la flotte Royale affaiblie depuis plusieurs années déjà. Pour mener ce projet à bien, le Régent aurait alors confié la totalité de la fortune des Anoszia, cette information fut confirmée par l’ancien Chancelier lui-même.

Victoria tendit la lettre écrite de la main de Franco au Chancelier.

- Nous sommes alors plusieurs à avoir reçu une missive du Duc, tant à Sybrondil qu’à Soltariel où celui-ci nous ordonne de contribuer gracieusement à la construction de cette nouvelle flotte, ordre qui aurait été directement émit par Messire Angleroy et donc, de sa Majesté. Pour Sybrondil, il était question de la fourniture de la matière première: entre autre, le bois.

Quant aux Soltaris, Victoria avait entendu parler de financements et de main d'oeuvre gracieusement offerte mais elle laisserait le loisir à ceux-ci de plaider leur causes.

- Je tiens toutefois à préciser que dans notre cas, à Sybrondil -et je puis aisément affirmer sans aucun doute que cela en va de même pour nos voisins Soltaris-, ce qui nous pousse à ainsi suspecter le couple ducal et plus particulièrement Messire di Celini, c’est que celui-ci usa de la parole de l’ancien Régent pour obtenir gracieusement ce dont il avait besoin, gardant ainsi les ressources financières des Anoszia pour son compte personnel.

De plus, Dame Tibéria vient de nous révéler que son époux s’en était aller monter son propre empire commercial en Estrévent avec, semblerait-il, des grandes ambitions. Nous nous demandons donc si celui-ci n’aurait point usé de duperie non seulement à l’égard de sa Majesté en lui livrant des bateaux défectueux qui auraient pu coûter la vie à de nombreux marins, mais également à l’égard de ses vassaux pour ainsi se permettre de gros investissements personnels en Estrévent.  Ce qui nous révolte néanmoins le plus, car ici, ce n’est point l’argent qui nous intéresse réellement, c’est la façon dont Messire di Celini a usé de l’autorité royale à ses fins personnelles. Nous avons donc demandé à votre prédécesseur d’enquêter à ce sujet.


La chancellerie comprendrait-elle bien que ce genre de situation n’aidait en rien à ce que les loyaux sujets de sa Majesté en viennent à avoir confiance en ceux qui sont censés représenter son « pouvoir »

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MessageSujet: Re: Procès royal   Procès royal I_icon_minitimeMer 3 Oct 2018 - 12:49

La comtesse avait énoncé les suspicions qui étaient nourries par l’accusation. Et par là-même, la couronne. En effet, cette suspicion avait été portée aux oreilles de Roderik de Wenden, son prédécesseur. Une enquête avait été mandée. L’utilisation de la fortune des Anoszia restait flou jusqu’à en être peu probable. L’absence de paiement dénonçait un abus de pouvoir qui ne pouvait décemment exister. Le concours de circonstances avait empêché Roderik de Wenden, qui n’était pas très appliqué à sa tâche par ailleurs, de rendre compte des résultats de cette enquête. Lui-même n’avait été nommé à la tête de la chancellerie que très récemment et ce procès était la première de ses actions en tant que tel.

- Je vous remercie de nous avoir exposé les faits de manière complète. Effectivement pour ce qui suit, vous ne pouvez continuer. Les résultats de l’enquête ne sont connus que de la chancellerie et de ceux qui ont été directement sur le terrain.

Le régent n’avait aucune idée de ce qui allait être dit. Lui-même n’avait été au courant de tout ceci que la veille et il n’avait pu trouver la régence pour lui transmettre les résultats de l’enquête. Cette dernière avait été assez pénible, parce que tous les moyens n’avaient pas été mobilisés à leur maximum. Sans doute parce que Roderik de Wenden n’avait pas jugé, à tort ou à raison, que cette enquête était de prime importance. Mais aujourd’hui, les résultats étaient là.

- Je tiens d’abord à préciser que lorsque feu mon prédécesseur a ouvert l’enquête, il était acté que si preuves concluantes étaient trouvées, le remboursement des parties flouées devrait être effectué. Suite à une enquête aussi minutieuse qu’on lui a donné d’être, des témoignages ont été recueillis et des extraits de livre de compte ont été compilés. J’ai avec moi ces relevés, ainsi que les citations les plus importantes de ces-dits témoins. Tous ont reçu, de la part de son altesse di Celini, le même discours. La flotte devait se construire et pour la couronne aucun ne devait être réticent à débourser ce qui était nécessaire. Il apparaît donc que la fortune des Anoszia a été gardée soigneusement par le duc di Celini et donc le couple ducal.

De ceci, nous ne pouvons douter. Son Altesse Tibéria Soltari-Béronti nous a d’ailleurs bien rappelé précédemment que son époux était parti en estrévent pour y construire un empire. Comment peut-on fuir avec le projet de construire un empire sans aucun fond ni aucune ressource ? Dans sa lettre adressée au signore di Pasi, nous pouvons lire qu’il a pour projet de fonder un empire non pas pour son profit mais pour celui de Soltariel. Après des preuves accablantes de culpabilité de traîtrise envers la couronne, tout commerce avec Franco di Celini ne saurait être considéré autrement que comme de la traîtrise envers la couronne.


Il était certain que Tibéria Soltari-Béronti voudrait s’exprimer à la suite. Il espérait seulement qu’elle saurait se sortir de cette situation dans laquelle elle n’était que très peu empêtrée.

- Conformément à la promesse de feu Roderik de Wenden et face à des preuves évidentes, un remboursement des frais qui auraient dû être couverts par la fortune des Asnozia ne pourra qu’être qu’imposé au couple ducal de Soltariel. Je tiens à préciser qu’aucun témoignage n’implique directement son altesse Tibéria Soltari-Béronti. Nous pouvons décemment nous poser la question de son implication et par là-même de ses capacités à gérer un duché. Je vous laisse, votre altesse, nous éclairer sur ces points.

Ils n’en étaient pas encore au jugement rendu mais de cette enquête émergeait une vérité. Franco était traître à la couronne, le point précédent était tout aussi clair là-dessus. Quel était alors le rôle de Tibéria dans tout cela ? Une complicité la rendait traîtresse et ne pas avoir fui avec son mari relevait d’une certaine stupidité. Mais à l’inverse, un total désintérêt et une absence d’opposition n’étaient autre que les signes d’une inaptitude à diriger un duché.

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MessageSujet: Re: Procès royal   Procès royal I_icon_minitimeJeu 4 Oct 2018 - 22:50

La responsabilité de la flotte revenait à l’amirauté. Soltariel avait fourni les ouvriers, mais Franco aurait pu décider de faire construire les bateaux dans n’importe lequel arsenal d’importance en Péninsule. Aurait-on alors rejeté la faute du dérapage de Franco sur le seigneur des lieux? Le chancelier avait un propos de plus en plus partial et cela n’échappait pas à Tibéria. Au lieu de s’assurer que chacun s’exprime à tour de rôle, il y allait de sa propre opinion, ce qui était un mauvais signe. La jeune femme garda le silence malgré tout et tenta plutôt de trouver du sens dans les propos de chacun des convives. D’abord, elle trouva fort étonnantes les affirmations de Victoria sur le bois qui n’aurait pas été payé. Tibéria trouvait cela difficile à croire. Elle n’avait peut-être pas le plus grand esprit de stratège, mais elle avait une bonne connaissance des chiffres et du fonctionnement des guildes d’artisan. Elle connaissait aussi assez bien la nature humaine pour savoir que jamais les ouvriers n’auraient coupé tout ce bois sans être payés. Qu’avançait-elle comme preuve? Une lettre, mais cette lettre ne demandait pas que le bois soit donné gratuitement. Il demandait à Sybrondil sa contribution en permettant l’utilisation de leur ressource en bois, mais ça n’impliquait pas qu’il serait pris sans être payé en retour...

Quant au travail des ouvriers, l’argument de la couronne n’aurait jamais suffi à motiver les guildes d’artisan à fournir un tel surplus de travail. Les guildes auraient assumé seules les coûts et personne ne serait venu se plaindre? Ces hommes avaient des familles à nourrir et ils se seraient révoltés avant longtemps. L’une des explications serait le recours à des esclaves plutôt qu’à des professionnels, mais, une fois de plus, les guildes n’auraient jamais accepté que ce contrat passe dans les mains d’ouvriers non formés. C’était une trop belle publicité et c’est sans doute pour cette raison que Franco a utilisé Boniverdi plutôt que Port-Royal comme l’a proposé Cléophas. Du coup, comme ils n’auraient jamais travaillé gratuitement et qu’aucun problème indiquant le contraire ne fut signalé, les ouvriers Soltarii ont donc effectivement été payés, mais par qui? Si Franco était parti avec un trésor, ça devait être celui de sa propre famille, pas celui des Anoszias. En fait, la couronne semblait totalement ignorer que Franco était issu d’une riche famille de commerçants, possédant non seulement un domaine, mais également des navires. Il lui aurait donc été nettement plus facile de faire embarquer sa fortune sur l’un de ses bateaux que de faire passer l’argent Anoszia. Du coup, d’où venaient les preuves de la couronne et comment l’enquête fut-elle menée?

« Franco di Celini refusait toute implication de ma part dans ce projet sous prétexte qu’à titre d’amiral de la couronne, la flotte et sa réfection relevaient de sa responsabilité ainsi que de celle du vice amiral. Il aurait pu choisir tout arsenal digne de ce nom en Péninsule pour y mener à bien son projet. Est-ce que cela signifie que le seigneur des lieux aurait été tenu responsable des actes de Celini? Je vous rappelle également que c’est aussi l’homme qui a affirmé très clairement et devant de nombreux témoins que si je n’acceptais pas ma condition de duchesse d’apparat, il m’aurait fait enfermer. Ces propos ont été rapportés par Pasi sous serment. En sachant cela, croyez-vous qu’il aurait partagé avec moi ses projets autrement que dans les grandes lignes et en évitant les détails? C’est facile de penser que je suis coupable simplement parce que je suis marié à lui. Je ne le suis pas. Je ne suis pas non plus responsable de ses décisions, mais je vais être responsable d’annoncer à sa fille lorsqu’elle sera grande que son père est un traître. C’est pour elle que je suis ici, pour clamer que je ne suis pas comme son père et que je n’ai jamais trahi le serment que j’ai fait à notre roi lorsque je me suis agenouillé devant lui deux fois plutôt qu’une.

Quant à savoir si je suis capable de gouverner... Oui, je le suis. Ai-je fait des erreurs? Oui! Qui ici n’en a jamais fait? J’ai réussi à réorganiser les mages de Soltariel qui n’en faisaient qu’à leur tête depuis trop longtemps. J’ai jeté les bases d’une future Académie où non seulement l’Art serait mis en valeur, mais également les sciences de la nature, la littérature, l’histoire et les mathématiques. Vous allez me dire que ce n’est pas grand-chose, mais c’est tout ce que j’ai réussi à faire sans que Franco n’y mette son nez. J’ai également l’intention de travailler avec les guildes d’artisan de Soltariel pour mettre en valeur leur savoir-faire et les aider à moderniser leur équipement s’il le faut. Je souhaite également renforcer nos liens commerciaux en misant sur nos ressources naturelles et sur notre capacité de transformation des produits en mettant justement à contribution nos guildes pour que notre savoir-faire dépasse nos frontières. Si Franco a fait quelque chose de bien, ce fut la restauration de la route de l’Or. J’ai, au début du mois, réussi à conclure une alliance et un partenariat avec Erac qui souhaite utiliser notre savoir-faire maritime. Vous avez sans doute entendu parler des fiançailles entre ma sœur Antonia et le duc? Il souhaite la mise en place de comptoirs et possiblement d’un chantier naval en Erac. Ce sont des projets à très long terme qui demanderont beaucoup de temps et qui offrira des opportunités en or pour beaucoup de gens à Soltariel, mais dans un avenir plus immédiat, ce projet offrira une nouvelle escale à nos bateaux sur l’Eris qui est, vous le savez tous, dangereuse à naviguer. Je suis certaine que nos spécialistes à Soltariel seront ravis de partager leur savoir-faire, sans parler de nos marchands qui pourront étendre leur influence, mais les impacts toucheront bien plus que Soltariel. »


Tibéria se garda de dire que si elle perdait son titre, ce partenariat ainsi que ses possibilités d’enrichissement tombaient à l’eau et Erac le savait très bien. Même si Soltariel tentait plus tard de raviver ce projet, la jeune épouse du duc risquait de mettre un frein brutal à leurs ardeurs.

« Mais plus important encore, je vais retrouver Franco et l’amener devant le roi. »

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MessageSujet: Re: Procès royal   Procès royal I_icon_minitimeDim 7 Oct 2018 - 14:42

Pour la première fois du procès, Tibéria se défendait vraiment. Elle n’était pas impliquée tout simplement parce qu’elle n’était pas elle même amiral de la flotte royale. Cependant, un remboursement se devait d’être effectué. Les responsabilités de son mari retombaient, d’une manière ou d’une autre, sur elle. La duchesse ne comprenait pas pourquoi elle était ici. Elle était, pour elle, non coupable et le seul qui se devait de payer était Franco. Qu’en était-il de Soltariel ? En réalité, elle ne comprenait pas ce qui lui tombait dessus alors qu’elle était responsable du duché. Si Franco l’avait laissé duchesse d’apparat, devant la couronne elle n’avait rien de tout ceci. Et si elle se défendait de ne pas avoir les capacités de diriger ses terres, elle ne montrait que le contraire. Que ce soit de son fait ou non, que ce soit une succession d’événements infortunés ou des actions volontaires les faits restaient les mêmes : elle avait pris des décisions discutables à propos de certaines choses et avait complètement fermé les yeux sur d’autres. Elle n’avait rien vu, avait laissé Franco diriger, sans doute à cause de l’échec de son mariage précédent. Tibéria avait ramené sa fille dans l’équation, disant à tout un chacun que le plus difficile serait d’annoncer la traîtrise de son père à cette dernière.

Dans la suite de sa défense, elle énonça tous les projets qu’elle avait développé pour son duché. L’académie d’Art, les guildes d’artisans et enfin l’alliance avec Erac. Le développement de comptoirs en Erac profiterait alors à Soltariel, suite aux fiançailles du duc et d’Antonia Soltari-Béronti. Mais quid de la guerre en Ydril ? Quid de la couronne, de ses propres vassaux ? Elle finit en disant vouloir ramener Franco ici, devant eux, pour qu’il soit jugé convenablement. Comment comptait-elle réussir quand la couronne, qui le cherchait elle-même depuis le soupçon de traîtrise, n’avait pas encore pu le ramener ?

- Je vous remercie de votre réponse, votre altesse. Je crois qu’elle se suffit à elle-même. S’il vous est donné l’opportunité de ramener Franco devant la couronne, il est évident que cela sera apprécié.

Cependant, tout venait à point à qui savait attendre. Franco finirait par payer en personne le prix de ses actes. D’une manière ou d’une autre, le chancelier savait qu’il serait puni.

- Puisque nous avons conclu sur ce point, nous pouvons passer au point suivant qui sera le dernier. Ce chef d’accusation provient de Sainte-Berthilde. Ce marquisat accuse les ducs de Soltariel de félonie, de traîtrise, de lèse-majesté, de sabotage et de tentative de meurtre des soldats qui constituaient l’armée coalisée du Berthildois et de l’Eraçon. Nous avons sans aucun doute précédemment éclairé certains de ces points. Je prierais tout de même Son excellence Louis de Saint-Aimé de présenter et expliciter ce chefs d’accusation dans les détails.

Celui qui n’avait pas parlé depuis le début du procès se devait désormais de prendre la parole pour développer ce qu’il reprochait aux ducs de Soltariel. La réponse de Tibéria Soltari-Béronti suivrait et terminerait sans aucun doute ces échanges houleux et pénibles, pour laisser place au jugement.

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MessageSujet: Re: Procès royal   Procès royal I_icon_minitimeMar 9 Oct 2018 - 18:38






Lorsqu’on y pense bien, à plusieurs égards, une partie d’échec saurait faire jolie analogie au procès. Aux deux, il est de bon goût de donner le meilleur d’eux-mêmes afin de remporter la victoire sur son adversaire, même si ce dernier fût le premier à frapper. Dans l’un comme dans l’autre, les partis s’analysent et sont soumis à réagir en fonction des coups portés. À terme, il faut espérer obtenir sur l’autre un coup d’avance, afin de préserver l’avantage sur tous les plans. Ces techniques, souventefois plus fourbes que nettes, vous tractent ou vous éloigne inévitablement de la déchéance. Alors, après un moment, la table est truffée de pièges et de remous. Des pions et des fous arpentent le jeu dans l’espoir d’attirer l’adversaire dans un guet-apens. Qu’à cela ne tienne, le joueur clairvoyant –préparé à ces éventualités- ne saurait s’y faire prendre! Hélas pour Tibéria, qui vraisemblablement devait apprécier la souffrance, mordait à chaque coup à l’hameçon. La ressemble ne vous convainc toujours pas? Eh bien, l’accusation tentait d’abattre la Reine pour atteindre le Roi, n’est-ce là guère preuve suffisante pour vous satisfaire ?

Alors bon, oui effectivement, ces deux choses divergent carrément sur un point en particulier. Aux échecs, on ne perd ni ne gagne car nous le méritions, seul le talent compte dans la balance. Fort heureusement pour l’accusation, le talent n’avait rien d’une denrée rare ; autant fusse la Comtesse ou l’Amiral, tous deux trouvèrent les mots justes pour faire l’exposition des fautes commises par Soltariel. Maintenant, c’est au Marquis de Sainte-Berthilde qu’on octroya parole, pour qu’à son tour, il puisse emprunter le chemin battu de ses « homologues » afin de faire lumière sur les différents griefs qu’il tint envers le couple Ducal. Afin de mettre le Roi en échec, il serait le dernier coup et espérait cœur et âme qu’il sache mettre en déroute la Reine au passage.

Louis s’octroya une lampée de flotte avant de s’engager dans une logorrhée qu’il envisagea aussi interminables que les précédentes avant lui, puis se redressa de tout son long dans un craquement des genoux, tant l’homme du Nord s’était retrouvé comprimé dans le banc qu’on lui avait intimé de coller le séant. Ses yeux d’un bleuté assombri par l’agacement firent un tour de salle, alors que ceux de l’assemblée en firent tout autant de lui. Toute suite, on le devina ses origines à des lieux de celles de l’assemblée. Son teint pâle, ses poils foncés et sa charpente plus généreuse que la moyenne trahissaient évidemment sa provenance du septentrion. Ainsi, Louis se présenta humblement devant eux, de même qu’il en fit autant devant le Régent du Royaume ainsi qu’au Chancelier.


« Mes Seigneurs Régent et Chancelier du Royaume, comme j’ai soumis à la Couronne nombres d’accusation envers le Soltar et comme ceux-ci ne concernent que de loin les principaux événements qui nous ont menés ce jourd’hui à la tenue d’un procès, je me dois de vous remettre en contexte. C’est sous l’appel du Roi, que l’ensemble de ses vassaux eurent à se préparer afin de lever les armes contre ceux qui, depuis trop longtemps, occupaient ses terres. À la fin d’un hiver particulièrement rude et éprouvant, c’est aux premières fontes que l’armée coalisée du Nord marcha en direction des terres du milieu. À notre passage, villages et bourgades ployèrent de grés ou de force le genou envers notre Roi, nous laissant le loisir de nous frayer un chemin, toujours un peu plus chaque jour, vers la racine du mal. »

Louis balaya l’assemblée d’un regard bref, mais s’attarda plus longuement sur une personne en particulier. Un homme qui s’avéra dans cette longue affaire armée, comme étant un allié de choix. Un homme honnête et intègre, qui gagnait à être connu! Du moins crut-il, avant qu’il n’apprenne sa trahison en plein procès. Renaud allait devant la Damedieu, prendre pour femme la sœur de la principale accusée … Plus il le regardait, plus le cœur lui levait. Il regretta ne pas avoir traîné avec lui sa flotte, qu’il puisse au moins s’inonder le gosier et espérer s’ôter le goût de bille qui harassa ses papilles. À tous les coups, il aurait désormais bien du mal à s’exprimer clairement, maintenant que la douleur du poignard qu’il avait dans le dos se manifesta.


« Nous en venons désormais au vif du sujet : Beltrod la belle. » Dut-il taire le sobriquet qu’il avait affublé avec son connétable à cette citée qu’il n’aurait sût. Cette citée fût la première conquise et la cause de maux qui encore, empêchaient bien trop de bonnes âmes à trouver le repos. « Bien que revêche, Beltrod fût la première de plusieurs à courber l’échine devant notre bon Roy, nous encourageant comme je le dis plus tôt, à enchaîner sur la suite de notre montée. Et la chose nous aurait été forte aisée, si les deux ponts nous permettant à franchir le Mélian ne furent sabotés, pour ne pas dire, complètement détruit. Nos deux seules accès vers le Médian nous furent enlevées. Sitôt la nouvelle sut, l’ensemble de nos limiers furent relâchés afin traquer les fautifs de ce mauvais coup. Seuls quelques gros bras à la solde de leurs besaces nous furent ramenés et d’eux, rien de très précis ne fût relevé. De leurs témoignages, deux choses étaient certaines ; un espion dirigea l’affaire et qu’icelui, en plus de posséder un fort accent du sud, œuvra pour des seigneurs qui exécraient le Nord. »

Cette fois il déposa son regard vers Tibéria, pinçant les lèvres de dégoût. Il avait une fois, entretenu la conversation avec elle au court d’un échange épistolaire et s’était fait une idée tout autre d’elle. Il la voyait plus grande, plus affirmée et moins … sèche. Petite, le teint aussi basané qu’un rôti laissé trop longtemps à la broche et, parsemée de quelques mouches noires collées à son derme, Louis s’en voulut d’avoir entretenu pour elle, l’espace d’un moment, quelques lointains fantasmes. Après, son avis était peut-être biaisé du fait qu’il aurait bien voulu lui-même allumer le bûcher avec elle en son centre, mais cela n’en restait que du détail.

« Dans l’obligation, nous empruntâmes un chemin qui non seulement nous rallongea considérablement, mais également qui exposa nos ost à l’ennemi. Valdrant fût notre itinéraire alternatif. Et comme nous nous y attendions, les loups blancs de Velteroc, l’élite de leur troupe, nous attendaient de pied ferme. » Louis s’humecta les lèvres, comme si ce souvenir l’agaça plus que les autres compte tenu du fait que c’est durant cette bataille qu’il écopa de la pire de ses blessures. Cette fois il ne regarda plus ni le chancelier, ni le régent, et préféra donner son attention à la mochetée de Duchesse. « Dans une atroce et douloureuse agonie, c’est par centaine que nos hommes poussèrent leur ultime souffle sur le champ de bataille. Une bataille évitable, eut été des sabotages de ces deux ponts. » Louis coupa court à la description de la boucherie, supposant que le chancelier autant que le régent, étaient à même de comprendre les enjeux d’un tel affront.

« Enfin, si je suis ici devant vous, c’est que nous avons sût nous relever de cette épreuve pour le moins pénible et marquante. Le plus triste, c’est que maintenant que tout ceci est derrière nous, que nous avons terminé l’enrayement de la félonie au travers le Médian, que la guerre s’est achevée d’une réussite des plus totale, nous ne pouvions encore fermer l’œil. Nos limiers ont poursuivis leurs recherches et d’arrache-pied, ont finalement dénichés l’os qu’ils avaient pour mission de ramener. » Louis hocha très légèrement du chef envers l’un des siens qui se retourna dare-dare, s’en allant en dehors de la salle pour chercher leur prise. L’homme en question avait du sud dans le teint, cela, personne ne pouvait le contredire. Par contre, pour le reste de l’allure … Il possédait des cernes qui lui descendaient jusqu’aux joues, celles-ci d’ailleurs parsemées de peau ondulée et séchée, comme d’anciennes brûlures qui avaient mal guéries. Ce qui frappait, ensuite, était que le bonhomme avait une manche plus longue que l’autre, ou une main plus courte que l’autre … En vrai, on lui avait privé de sa main dextre. Plus maigre encore qu’un enfant souffrant de disette, le pauvre hère peinait à tenir en équilibre sur ses guiboles.

« Nous avons ici devant vous la preuve de la culpabilité de Soltariel quant aux ponts de Beltrod et, indirectement, de la mort de tous les hommes de Sainte-Berthilde, d’Arétria et d’Érac durant la grande bataille de Valdrant. Cet homme nous a affirmé être celui qui engageât les mercenaires chargés de mettre en déroute notre marche vers le Médian. Que ce dernier a été engagé par le couple Ducal et qu’icelui avait en sa possession tous les moyens du monde pour parvenir à ses fins. » Louis se retourna vers le chancelier et le régent de sorte à marquer une menue pause. « De surcroît, cet homme s’est avéré être une perle pour nous, car il également arboré le rôle de coursier pour le Duc di Celini. Avant l’arrivée du Nord à Hautval, le Duc demanda à cet homme de ramener au plus preste à Soltariel un échange épistolaire qu’il eut avec nulle autre que Blanche d’Ancenis. Nous ne pouvons être certain de ce que traitait la lettre, mais à coup sûr, maintenant que nous savons qu’iceux étaient derrière le coup des ponts, nous ne serions pas étonnés qu’iceux aient tenté l’alliance avec Hautval. »

Louis s’octroya une dernière pause, s’humectant les lèvres pour achever sa plaidoirie.

« Maintenant, je vous demande humblement, mes seigneurs chancelier et régent, de prendre ceci en considération : que Tibéria, bien que ce fût malgré elle, s’est unie au Duc Franco devant nulle autre que la Damedieu, notre bienfaitrice à tous ! Et bien que pour certain cette union est souventefois désirée, voir même souhaitée, c’est d’avantage une promesse devant la Déesse Mère que l’on prononce ces mots sacrés : " Et devant tous les dieux, je fais le serment de le protéger, de l’honorer, de lui rester fidèle, de faire de son malheur, mon malheur, et ses intérêts, mes intérêts. Deux Souffles, une seule vie." Rejeter la faute sur son mari et tenter de s’en esquiver alors que devant la Dame-Dieu elle fit promesse de partager autant ses réussites que ses fautes, démontre à nouveau le peu de considération qu’icelle entretient envers nos Dieux Pentiens. Et par de nouveau, j’entends qu’icelle semble trouver ses aises aux côtés de traîtres, puisqu’icelle en est à son deuxième. »

Louis accorda une dernière œillade vers Tibéria, toujours aussi méprisant dans sa manière de la dévisager, puis revint vers le chancelier puis le régent, auxquels il remercia leur écoute avant de retourner poser son séant dans l’étroite assise qu’on lui avait réservé. Là, enfin, certain comprirent pourquoi le Nord trouvait plus d’aisance à guerroyer qu’à parlementer. Louis n'avait certes pas l’éloquence de ses compatriotes à l’accusation, mais au moins son témoignage avait pour qualité d’être plus intègre et véridique qu’aucun autre.


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MessageSujet: Re: Procès royal   Procès royal I_icon_minitimeMer 10 Oct 2018 - 1:17


Lorsque Tibéria découvrit la supercherie de Franco, l’une des premières pensées qui lui vinrent à l’esprit fut à propos des choses qu’il aurait faites et qui n’attendaient que le bon moment pour éclater au visage de tout le monde sauf du principal concerné. Malheureusement, elle avait eu raison de s’inquiéter. La plupart des suderons ont toujours entretenu une certaine méfiance envers le nord, principalement motivée par la différence de culture. En général, ça n’allait pas plus loin que des commentaires lâchés lors de discussion autour d'une table, mais ce que Franco a fait… C’était un tout autre niveau. Que pouvait-elle dire à  ça?

Rien… Il n’y avait rien à dire. Elle ne le savait pas, évidemment, mais quelle importance ça avait maintenant? Elle était l’épouse de cet homme et, par conséquent, elle allait payer pour lui. Elle devait prendre ses fautes, mais Franco n’avait-il pas fait le serment. Pourquoi n’était-il pas là pour prendre celles de Tibéria. Il avait prononcé le même serment qu’elle. Il risquait très certainement de s’en sortir sur toute la ligne, alors qu’elle…

Tibéria savait. Elle en était convaincue maintenant et les gens autour d’elle aussi. Pendant un bref instant, elle aurait aimé elle foudroyée juste pour ne pas entendre la suite. Elle avait fait des choix, c’est vrai, mais aucune de ses décisions n’était vraiment mauvaise au départ. Elle avait fait au mieux selon les circonstances, mais les conséquences sont parfois difficiles à prévoir. Tibéria regarda le pauvre homme présenté comme témoin. Torturé. Un homme habile peut faire dire n’importe quoi à quelqu’un s’il sait s’y prendre. On ne torture pas quelqu’un pour découvrir la vérité, mais pour entendre ce que l’on veut des lèvres de l’autre. Tibéria ouvrit la bouche, mais s’arrêta avant qu’un mot ne franchisse ses lippes. À quoi bon, ça n’allait rien changer. Il y eut un moment de silence, puis on l’invita à parler.

« Je ne savais pas… Lorsqu’il a fui, je me doutais que des choses allaient sans doute être découvertes avec le temps. Après tout, un homme ne part pas sans raison. Il ne cachait pas son aversion pour le nord. » Elle prit la lettre de Franco, le papier tremblait dans ses mains. « Les paroles de son Excellence sont vraies, ce sont bien les mots qui sont prononcés lors des mariages, mais j’aimerais faire remarquer quelque chose. Je suis là. Pas Franco. Je devrais prendre ses fautes, mais il n’est pas là pour prendre les miennes. Qui, de nous deux, a brisé le serment? Celle qui se tient devant vous ou celui qui a fui? Je l’ai épousé dans l’espoir d’apporter la paix à Soltariel. Cela me semblait être le bon choix pour Soltariel. Comment aurais-je pu deviner que ça se passerait ainsi? »

Peut-être qu’elle était maudite. Peut-être que les dieux étaient vraiment fâchés contre elle pour connaître autant de malheurs. Jamais ses décisions n’avaient été motivées par de mauvaises intentions, mais parfois, même les meilleures intentions du monde ne suffisent pas.
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MessageSujet: Re: Procès royal   Procès royal I_icon_minitimeDim 14 Oct 2018 - 11:17

Le procès touchait à sa fin et tout le monde le savait. Il régnait dans la salle un silence de plomb. La dernière prise de parole de la duchesse avait été brève et transmettait toute sa détresse. Peut-être n’était-elle pas encore résignée, puisqu’elle tentait tant bien que mal de crier l’injustice dont elle était victime. La prise de parole du Marquis de Sainte-Berthilde avait achevé l’accusation en beauté. On sentait tout de même tout le mépris qu’il avait pour Tibéria et tout le dégoût qui l’habitait. Peut-être y avait-il là un brin de déception. Mais il n’était pas là pour tergiverser à ce sujet.

- Nous avons tous pris bonnes notes des arguments qui ont été avancés, non seulement par l’accusation mais aussi par la défense. C’est sur cette prise de parole que se termine l’affrontement des parties et que commence la délibération qui précédera le verdict. Nous avons besoin de nous consulter, si ce n’est d’une pause pour y voir un peu plus clair. Je vous prie de ne pas quitter la salle pendant que le régent, ses conseillers et la chancellerie débattent de ce qui a été entendu. Nous revenons sous peu.

Sur ces mots, il quitta la salle et en rejoignit une autre, adjacente à la première, où à boire les attendait. Il se servit un verre d’eau qu’il but en entier et qu’il remplit de nouveau avant de commencer.

- Votre altesse, je me permets de prendre la parole en premier lieu. De ce que j’ai pu entendre et de mon franc avis, la duchesse de Soltariel s’est piètrement défendue. Elle a avancé des arguments illogiques et jusqu’au dernier point, s’est indignée du déroulé du procès et du fait que son époux aurait dû être présent puisqu’il serait le seul à devoir être blâmé. Il est vrai que l’absence de Franco di Celini à son propre procès ne joue ni en la faveur de son épouse, ni en la sienne si on le retrouve un jour. A titre de chancelier du Royaume et donc gardien de la justice, il me revient de prononcer le verdict concernant les ducs de Soltariel.


Ses assistants étaient autour de lui et avaient regroupés les preuves présentées lors du procès. Elles pouvaient être reconsultées si un doute persistait et ce serait sans doute le régent qui en ferait la demande. Lui-même avait été au cœur du sujet et n’avait pas besoin de réviser un document pour se rappeler à la mémoire un fait quelconque. Finissant son verre d’eau, il répondit aux questions du régent s’il en formulait et ils purent rejoindre la salle. Finalement, ce dernier ne prendrait pas la parole.

Lorsque la porte s’ouvrit à nouveau sur eux, le public se fit complètement silencieux. Il pouvait sentir l’ambiance s’alourdir encore, à mesure qu’il reprenait sa place en silence. Ses assistants reprirent la leur. Leur absence n’avait pas été si longue mais elle avait sans doute durée une éternité pour ceux que le procès opposait. Ils avaient pris une décision concernant le couple ducal et ils allaient la rendre. En ce qui concernait les retombées sur l’accusation, elles viendraient juste après.

- Ce procès s’est déroulé sans accros jusqu’à présent et j’en remercie ses acteurs. Le jugement concernant les ducs de Soltariel a été rendu, le voici.

Franco di Celini, Duc de Soltariel, est démis de tous ses titres et de toutes ses fonctions. Il est reconnu comme traître à la couronne et ne peut plus, par conséquent, poser un pied sur le territoire péninsulaire sans être immédiatement emprisonné pour y être exécuté. Ses possessions reviennent à la couronne et il lui reviendra de les redistribuer. Toute personne lui portant assistance tombera sous le coup des mêmes charges.

Tibéria Soltari-Beronti, Duchesse de Soltariel et épouse de Franco di Celini, est dégagée de toute accusation de trahison. Cependant sa passivité et son manque de discernement ont permis à des félons de proliférer sous sa garde. La couronne lui retire tout titre foncier ainsi que ses droits et devoirs de Duchesse. Déchue de son titre, les terres de Soltariel sont dès à présent placées sous la garde de la couronne jusqu'à ce qu'un Conseil de pairs soltari ait décidé de son avenir.

La famille Soltari-Béronti ayant déjà failli au point de quitter notre bon royaume, aucun de ses membres ne pourra plus prétendre à aucun titre ni à aucune terre. Ils gardent cependant leur qualité de noble ainsi que le droit de résider et de faire commerce dans les frontières du Royaume. Seules leurs possessions personnelles non associées aux droits seigneuriaux leur seront laissées et toute ascension dans la noblesse leur sera interdite.


Ce conseil ne se déroulerait pas si bien que tous pouvaient aujourd’hui le penser. Les nobles seraient réunis sous peu et la couronne serait présente aussi. Mais maintenant que le verdict était rendu, la salle s’agitait. Des insultes et des pleurs ne tarderaient sans doute pas à apparaître mais toute effusion de ce genre se ferait hors d’ici. Beaucoup sortaient déjà et la chancellerie et la régence ne tardèrent pas à faire de même. La suite des événements dépendait désormais de tout un chacun.

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