Il y a encore peu de temps, la péninsule toute entière était unie, formant le royaume des Hommes avec Diantra pour capitale, sous le règne du roi Trystan Ier.
Les morts
du roi Trystan et de
la reine Lilianna dans des circonstances troubles laissèrent deux enfants orphelins, Eliam et Lyhann. Alors qu'on plaçait le premier sur le trône, un cousin éloigné de Trystan, le comte de Scylla Aetius d'Ivrey, s'empara de la régence. La personnalité sulfureuse de ce dernier lui attira nombre d'ennemis, mais il réussit néanmoins à mater la plupart des contestations pendant son « règne ».
Un incident magique entraîna d'un coup la mort d'Aetius ainsi que celles de l'enfant-roi Eliam et de la princesse Lyhann. Laissant un pouvoir vacant, et un trône vide en l'absence d'héritier direct.
C'est Arsinoé d'Olyssea, épouse d'Aetius d'Ivrey et marquise de Sainte-Berthilde, qui fut la plus prompte à réagir. Avec le soutien de Cléophas d'Angleroy, Grand Chancelier du Royaume et baron de Merval, elle profita des
funérailles royales, à l'occasion desquelles l'ensemble de la noblesse péninsulaire s'était réunie à Diantra, pour proclamer le règne de son fils Bohémond, né de son union avec Aetius - dont la parenté royale, quoique lointaine, en faisait un « prince de sang ».
Cette prise de pouvoir fut contestée par une partie de la noblesse : mais suite à l'arrestation d'Asdrubal, duc de Soltariel, qui se vit bientôt remplacer par Maciste d'Aphel (plus favorable à Arsinoé), la contestation, pendant un certain temps, se fit plus silencieuse.
La huitième année du onzième cycle sera la théâtre d'une grave crise qui ébranlera le royaume jusqu'en ses fondations : les conflits personnels et les ambitions des vassaux menacent, plus que jamais, le trône des Fiiram.Oësgard : la querelle des sermentsLes graines de la discordeLe temps passant, Arsinoé d'Olyssea organisa une expédition militaire sur les marches du Nord du royaume ; elle entendait reconquérir la baronnie d'Oësgard qui avait refusé son allégeance au marquis de Serramire et s'était érigée en royaume autonome. Le roi de Sgarde autoproclamé, Goar Ier, épousa même la baronne d'Alonna (terre historiquement vassale de Serramire, elle aussi), Constance de Loubier, représentant ainsi une menace sérieuse sur les marches du royaume.
Arsinoé commit alors une erreur politique qui allait lui coûter cher : elle
nomma à la tête de l'expédition le baron d'Etherna, Jérôme de Clairssac. Or celui-ci était lié par un serment de vassalité à deux marquis des marches du Nord : Odélian pour sa baronnie d'Etherna, Serramire pour sa seigneurie de Froissart. Deux suzerains pour un seul homme ; or, en le nommant à la tête de cette expédition, Arsinoé promettait de nommer Jérôme comte d'Oësgard, et le déclarait (au mépris des droits des deux marquis) libéré de ses serments, pour ne lui devoir fidélité qu'à elle seule.
Cela attisa les foudres de la marquise Madeleyne d'Odélian, spoliée de sa suzeraineté sur Etherna ; cela attisa également celles du marquis de Serramire, Aymeric de Brochant. L'affront à l'encontre du marquis de Serramire était double : en plus de lui retirer le serment dû pour sa seigneurie de Froissart, Jérôme s'était vu promettre le fief d'Oësgard s'il réussissait à la réintégrer au royaume, et d'obtenir pour lui-même l'hommage d'Alonna - alors même que Serramire souhaitait faire reconnaître sa propre suzeraineté historique sur Oësgard et Alonna, comme il en était ainsi avant que celles-ci ne deviennent indépendantes.
D'une pierre deux coups, Arsinoé s'attirait les foudres d'Odélian et de Serramire, éclaboussant Jérôme de Clairssac au passage.
La guerre des deux dragonsDepuis l'automne dernier, et la chevauchée de Maciste en Ydril, le comté était revenu aux mains du jeune Alastein, le fils du comte Kalgar, privé de ses terres durant des années, au gré des rivaux profitant de sa nature juvénile, tels que son oncle Diogène, ou l'Archonte Altiom. Par l'entremise de son parent, il les avait enfin récupéré, mais pas pleinement, et se trouvait encore sous la tutelle des Anoszia, la puissante famille ydrilote qui avait aidé Maciste dans sa prise du comté. Ainsi, leur patriarche, Arichis, était devenu régent au nom d'Alastein : on vit cependant ce dernier s'émanciper du premier, et ce à ses dépends.
Cela commença avec de menues rebuffades, quand,
enhardi en secret par son oncle Tancrède, le jeune Alastein
se mit à questionner les décisions de son tuteur, notamment au sujet de sa promise. Ces sursauts d'indépendance devaient toutefois céder le pas à un camouflet d'une toute autre ampleur : ainsi, quand la Princesse Kahina, l'épouse du duc Maciste,
s'en vint visiter le pays ydrilote, l'incident ne manqua de se produire.
À l'occasion d'un banquet, la duchesse désira que le vieil Anoszia gagne la cour soltariie, ce qui s'avérait être une forme de désaveu, car elle lui retirait par là même la régence ydrilote. Les Anoszia, outrés, ne manquaient de l'exprimer bruyamment, jusqu'à ce que le jeune comte ne s'ébaudisse, et ordonne derechef qu'on en embastille le patriarche.
Le feu était ainsi mis aux poudres : si Arichis fut bel et bien arrêté, ses fils, cependant, échappèrent à la vindicte du comte, pour mieux
semer le trouble dans le pays. Se repliant sur leurs fiefs,
ils s'employèrent ainsi à rassembler de nombreux partisans, en vue d'une confrontation directe avec le comte. Celui-ci, qui
espérait porter l'affaire devant la justice ducale, ou à défaut, celle du Roy, dut cependant se rendre à l'évidence, et
ce malgré l'intercession de la baronne d'Alonna, présente à ce moment en Ydril, que la guerre allait abattre sur le comté.
Ainsi, chacun levait ses ostes, cherchait ses soutiens, et le conflit déborda bientôt au delà des frontières ydrilotes. Requérant ses armées aphéloises, Alastein
se heurta en effet bien vite à la tiédeur du baron d'Ysari, qui, initialement opposé à tout mouvement de troupe sur ses terres, accepta finalement à contrecœur qu'une infime armée puisse y circuler. C'est que le baron, en parallèle,
avait été contacté par les envoyés des Anoszia, et avait prit secrètement cause pour eux. Ainsi, tandis que Soltariel, dont le duc Maciste, parent d'Alastein, était frappé d'un mal inconnu, restait de marbre,
Ysari se mettait en revanche sur le chemin de la guerre.
Les affrontements débutèrent la semaine suivante : tandis que
la marine ysaroise mettait les voiles, le comte Alastein
mit ses armées en route vers Bellocastelo, bastion des rebelles. Après le repli de ceux-ci plus à l'Est, vers les terres de Mirabello et la frontière ysaroise,
les armées ydrilotes entamèrent la poursuite : ce fut cependant avec la surprise de voir s’abattre sur eux les renforts d'Ysari que la campagne d'Alastein prit une tournure funeste. Il trouva en effet la mort durant l'escarmouche, et malgré
quelques raids menés plus tard par les troupes apheloise, le conflit connut une fin prompte. Libéré par ses fils, Arichis
installa alors Aléandra, la sœur du comte Alastein, au pouvoir, bien décidé, cette fois-ci, à exercer une régence implacable.
La guerre de Sgarde et d'AlonnaLa campagne fut lancée et connut des débuts prometteurs. Jérôme de Clairssac, assisté par un ost royal commandé par le capitaine Oschide d'Anoszia ainsi qu'une armée arétane menée par le comte Wenceslas de Karlsburg, parvint à rallier un parti de vassaux alonnais réunis autour de Desmond de Broissieux ; ensemble ils chassèrent les indépendantistes et
réussirent la reconquête d'Alonna, plaçant la maison de Broissieux à la tête de la baronnie.
Survint un premier événement imprévu : Alanya de Broissieux, après avoir prêté serment à Jérôme, revint sur sa décision et
renia la suzeraineté de celui-ci sur Alonna.
Jérôme et ses alliés
poursuivirent néanmoins la reconquête en Oësgardie ; mais cet incident ne fut que le premier d'une succession d'imprévus, qui allaient voir s'enliser la campagne. Bien que le sud de la baronnie fut peu à peu conquis par Clairssac et ses alliés, les choses commencèrent à traîner ; les alliés de Clairssac se retirèrent les uns après les autres, inquiets à mesure que des rumeurs alarmantes leur parvenaient du sud ; on disait que la rébellion grondait au sein du royaume, et notamment dans le Médian. La
mort du comte d'Arétria entraîna
le retrait de son ost ; la désertion d'Oschide d'Anoszia, capitaine royal, n'arrangera pas les choses, laissant un Jérôme de Clairssac plus isolé que jamais.
Et les grandes places du nord de la baronnie d'Oësgard, toujours aux mains des Sgardiens indépendantistes, allaient résister longtemps.
De son côté, le marquis de Serramire, longuement cloué au lit par la maladie, s'était relevé ; il réagit aux atteintes faits à ses droits féodaux en mettant une commise sur Froissart (privant Jérôme de son fief serramirois, donc) ; et
leva ses propres forces en vue de marcher lui aussi sur Oësgard, qu'il comptait bien récupérer sous sa suzeraineté.
De son côté, Madeleyne d'Odélian marchait avec ses troupes jusqu'à Diantra pour y rencontrer Arsinoé. Un accord fut finalement trouvé entre Odélian et la régente ; un accord qui rétablissait Odélian dans ses droits et qui aurait vraisemblablement entraîné la perte de Jérôme, si un événement inattendu ne s'était pas produit.
La rébellion du MédianNimmio, comte de Velteroc, et son épouse Blanche, baronne de Hautval, avaient décidé de passer à l'action ; tous deux avaient des griefs à opposer à la régente du royaume, qu'ils entendaient destituer.
Lors des funérailles royales, Blanche d'Ancenis, baronne de Hautval, avait appelé publiquement les nobles à ne pas prêter hommage au roi Bohémond. On ne sait si elle agissait par conviction ou par jalousie : elle-même avait été mariée à Aetius d'Ivrey (rappel : il s'agit du père de Bohémond, et cousin éloigné de Trystan) jusqu'à leur divorce, et leur union avait donné deux filles, Alcyne et Astrée - deux filles qui auraient pu, selon le même procédé de droit, être légitimes à occuper le trône.
Nimmio, pour sa part, avait aussi des raisons personnelles de s'opposer à Arsinoé : celle-ci n'avait pas accédé à sa demande de lui octroyer le duché d'Erac, en échange duquel il l'aurait assurée de son soutien.
Leurs forces prirent par surprise les armées royales et leurs alliés d'Odélian dans leur campement ; le massacre qui s'y déroule demeurera dans l'Histoire sous le nom de
bataille des champs pourpres.
Bientôt, le duché de Langehack et son vassal le baron de Missède joignirent leurs forces à celles des rebelles ; Nimmio marcha alors sur Diantra, sans rencontrer aucune résistance sur sa route.
La disparition d'ArsinoéArsinoé d'Olyssea prit la fuite, et l'on ne la revit jamais. Quoique les rares témoignages à son sujet soient contradictoires, il fut bientôt admis qu'elle avait trouvé la mort dans quelque naufrage. Le sort de l'enfant-roi, Bohémond, demeurait pourtant incertain.
Les
négociations s'ouvrirent entre Cléophas d'Angleroy, Chancelier du Royaume qui tenait Diantra, et Nimmio de Velteroc. Aucun accord ne fut trouvé ; le feu se déclara peu après en ville, à la faveur duquel Cléophas s'enfuit. Les causes de l'incendie demeurent à ce jour obscures, chacun des camps tenant l'autre pour responsable.
Langehack : le crépuscule des SephrenL'enfant du Sud : un roi en exil ?Le Chancelier trouva alors refuge à Soltariel, et Maciste et son épouse Kahina d'Ys lui accordèrent leur protection. La surprise de ses hôtes fut de taille lorsque
Cléophas leur présenta un enfant, qu'il affirmait être le roi Bohémond.
Alors Kahina d'Ys, faisant appel tant à son audace qu'à l'intelligence politique qui avait permit à cette estréventine de s'élever au milieu d'une cour qui persistait à la considérer comme une étrangère, déclara que Soltariel était dorénavant la capitale du royaume, et qu'elle exercerait dorénavant la régence au nom de Bohémond. Elle déclara félons Nimmio de Velteroc et ses alliés.
Le comté de Scylla, appartenant à Bohémond (par héritage de son père Aetius), ainsi que la baronnie de Merval, appartenant à Cléophas, se rallièrent ainsi à Soltariel. Ces deux fiefs, pourtant, étaient historiquement des vassaux du duc de Langehack. Mais le duc de Langehack, Oschide d'Anoszia, avait appuyé la rébellion, aussi devenait-il un ennemi.
Langehack réagit à la défection de ses vassaux de jure ; il rassembla une flotte et recruta des compagnies de mercenaires pour
annexer l'archipel de Nelen, qui jusqu'alors appartenait au comté de Scylla.
Ainsi le sud de la péninsule accueillit la cour de l'enfant-roi et un conseil de régence formé autour de la duchesse de Soltariel assura la continuité du vieux royaume péninsulaire ; si son emprise était pour l'heure limitée au sud, le parti de Bohémond se revendiquait de l'ensemble de la péninsule.
Il va sans dire que dans le reste du royaume, nombreux furent ceux qui doutèrent que l'enfant fut véritablement le roi Bohémond. La vérité, probablement, ne pourra jamais éclater au grand jour ; elle s'adaptera au fil du temps dans l'esprit des hommes, se muant à la faveur des intérêts antagonistes qu'ils poursuivent.
La LigueN'accordant que peu de crédit à la prétendue survivance d'un roi dont il contestait de toute façon la légitimité, Nimmio s'empara de Diantra, dont il confia la garde à son allié le duc de Langehack. Il soumit bientôt les anciens domaines royaux, et proposa à ses alliés la tenue d'un grand conseil au sein duquel on discuterait de l'avenir du royaume, afin de poser les bases d'une nouvelle dynastie qui serait reconnue par tous.
Cela lui attira les foudres de sa propre épouse, Blanche d'Ancenis, mère de deux princesses issues de son premier mariage avec Aetius : Alcyne et Astrée. En effet, en rejetant la légitimité royale de Bohémond, Nimmio rejetait du même coup la légitimité de ses belle-filles. Le comte de Velteroc demeura sourd aux protestations de son épouse ; il voulait poser les bases d'une nouvelle dynastie et laisser se consumer les cendres de l'ancienne.
Mais il apparut bientôt que le comte de Velteroc, autoproclamé duc du Médian après avoir soumis le duc d'Erac, s'était bercé d'une douce utopie. Car il avait cru que ses actions emporteraient l'adhésion du plus grand nombre, et que chacun s'accorderait à reconnaître la légitimité et la nécessité de ses actions. Mais tout le monde n'était pas prêt à cela.
Et alors qu'encouragé par ses conseillers, il se proposait de prendre le trône pour lui-même, un rival inattendu se présenta en la personne d'Harold du Lyron : fils du duc d'Erac Léandre, il entendait bien tirer son épingle du jeu et ravir la mise à l'homme qui avait défait son père.
Aux champs de bataille se succédaient un nouveau combat, un combat politique fait de négociations, de compromis, que Nimmio était bien moins certain de remporter.
Mais le triomphe d'Harold fut de courte durée. Il tirait une grande partie de sa légitimité d'un curieux soutien de la Haute-prêtresse de Néera ; les choses changèrent radicalement lorsque celle-ci fut désavouée en public par la Gardienne de la déesse, venue rappeler à tout ce beau monde que la Damedieu ne prend pas parti dans les querelles de pouvoir des Hommes.
On ne tarda pas à renoncer à se doter d'un nouveau roi, et les forces en présence se rassemblèrent plutôt autour d'une charte établissant le projet d'une Ligue, permettant aux duchés signataires d'organiser leurs relations mutuelles tout en jouissant d'une relative indépendance. Les signataires se
réunirent à Diantra ; l'événement fut marqué par le départ du duc de Langehack qui, refusant de signer et d'intégrer la Ligue, tourna le dos à ses anciens alliés.
La Ligue se forma autour du nouveau duché du Médian (constitué par l'ancien comté de Velteroc, avec la suzeraineté sur les anciens vassaux d'Erac ainsi que de nouvelles baronnies issues des anciens domaines royaux), le duché du Garnaad (constitué par de nouvelles baronnies issues des anciens domaines royaux, les baronnies élisant leur duc) ainsi que le duché d'Erac (privé de ses vassaux historiques, mais demeurant l'un des piliers de la Ligue malgré tout).
Le duché de Langehack, dont les forces occupent Diantra ainsi que le domaine royal d'Edelys, se trouve alors isolé entre Soltariel au sud-ouest - qui défend un enfant-roi dont il n'a pas reconnu la légitimité - et la Ligue au nord-ouest - qu'il a refusé de rejoindre.
Dans les marches du NordSainte-Berthilde : la successionLes événements du Sud et du Médian, avec la chute de la régence et l'incertitude autour du roi Bohémond, n'entraînèrent pas de réaction immédiate dans le nord du royaume, où la noblesse avait ses propres chats à fouetter. Excepté dans le marquisat de Sainte-Berthilde, appartenant à Arsinoé d'Olyssea, et dont l'héritier était le roi Bohémond. Dans le laps de temps qui suivit la disparition d'Arsinoé, un cousin de celle-ci, Godfroy de Saint-Aimé, s'imposa comme gouverneur temporaire de Sainte-Berthilde. Il déclara peu de temps après que l'on avait retrouvé le petit roi Bohémond suite au naufrage d'un navire, mais que
l'enfant était mort d'une pneumonie.
Cette annonce, en contradiction totale avec ce qui se racontait dans le sud du royaume (où le conseil de régence gouverne encore au nom de Bohémond), permit à Godfroy de Saint-Aimé de revendiquer l'héritage et d'être reconnu comme marquis de Sainte-Berthilde.
Le péril drow : l'union sacrée du NordPendant ce temps, la situation en Oësgardie était toujours la même que celle que nous évoquions plus haut : un incommensurable bordel. Lâché par ses soutiens et désormais menacé par le marquis de Serramire, Jérôme de Clairssac s'efforçait de tenir les places qu'il avait pu arracher aux indépendantistes de Sgarde, tout en négociant avec Serramire.
Puis survint une horde de fanatiques drows qui, profitant des divisions péninsulaires et du climat ambiant de guerre civile, ravagea la campagne d'Oësgard. Involontairement, les drows allaient bouleverser le jeu et permettre à tous ces seigneurs de mettre au moins un temps de côté leurs rivalités, pour lutter contre un ennemi commun. Mieux, cela allait considérablement favoriser la "reconquête" d'Oësgard : les sgardiens indépendantistes, affligés par les méfaits des drows sur leurs terres, n'eurent bientôt pas d'autre choix que de négocier avec le marquis de Serramire, qui avait profité des difficultés de Jérôme pour reprendre la main. Et les indépendantistes promirent au marquis leur soutien, s'il les sauvait de la menace noirelfique.
La rumeur des incursions drows se propagea dans tout le nord, et une formidable coalition se réunit ainsi en Oësgard. Des osts venus de Sainte-Berthilde et d'Arétria, de Serramire, d'Etherna, d'Odélian, et même d'Alonna, se regroupèrent pour chasser les drows du pays.
Cette union temporaire favorisa les discussions ; Jérôme de Clairssac renoua son serment brisé à l'égard du marquis d'Odélian (qui tenta dans un premier temps d'en profiter pour s'accaparer lui-même Oësgard, au mépris de Serramire, avant d'y renoncer) et obtint le pardon du marquis de Serramire. De son côté, Alonna, qui avait tourné le dos à Jérôme, prêta serment à Serramire, renouant avec la tradition ancestrale.
La bataille de Nebelheim, suivie du
siège d'Amblère, marquèrent la fin de l'incursion noirelfique, mais également de la campagne de reconquête ; cela mit aussi fin à la querelle des serments : Serramire fut rétablie dans sa suzeraineté sur Alonna et Oësgard, Odélian dans sa suzeraineté sur Etherna. La réconciliation de Serramire avec Jérôme de Clairssac alla jusqu'à proposer à celui-ci d'assurer l'ordre au sein de la baronnie d'Oësgard au nom du marquis, jusqu'à la majorité du jeune baron. Aymeric de Brochant y mit néanmoins une condition :
Jérôme de Clairssac devait lui prêter hommage-lige ; ainsi, Serramire resserrait plus étroitement ses liens avec le baron d'Etherna - au grand dam d'Odélian.
Alors que l'année arrive à son terme, les grands seigneurs des marches du Nord doivent décider quelle conduite adopter face aux événements qui ont secoué le reste de la péninsule, et dont ils furent tenus à l'écart pendant la guerre d'Oësgardie.
Soltariel : la chute de l'estréventineA Soltariel,
le duc Maciste meurt dans des circonstances suspectes. Kahina d'Ys, son épouse estréventine qui, depuis longtemps, gouvernait par la négociation en usant de la légitimité de son époux pour dominer une noblesse haïssant ses origines, perd ainsi son principal protecteur. Le conseil de régence, avec l'aide de Camille d'Aphel - une cousine éloignée de Maciste - chasse alors Kahina, qui s'exile. L'enfant de Maciste et de Kahina, héritier présomptif de Soltariel et de Sybrondil, est enlevé.
Camille d'Aphel et Victoria di Maldi - soeur de Maciste - se disputent alors Sybrondil ; Victoria sortira gagnante de l'affrontement. Néanmoins Soltariel semble leur échapper ; l'intrigant régent d'Ydril, Arichis d'Anoszia,
s'empresse d'épouser Tibéria de Soltariel, une parente de l'ancienne famille ducale, les Soltarii-Berontii, en vue de s'emparer du duché.
Mais un parti de vassaux, hostiles à l'idée de voir un ydriain leur dicter leur conduite, s'oppose à l'ascension du couple : on les appelle les
Vrais Soltaris. Ces hommes veulent voir le duché revenir, comme leur nom l'indique, à un véritable duc issu de la noblesse de Soltariel, non plus à un étranger. Profitant de leurs appuis dans le nord du duché, notamment dans la cité côtière de Boniverdi, ainsi que du contrôle de la marine, les Vrais Soltaris allaient s'imposer sur l'échiquier soltarii.
L'enfant-roi, quant à lui, demeure sous la protection du Chancelier du Royaume, Cléophas d'Angleroy, devenu prince de Merval.
Bilan :Plusieurs tendances sont à distinguer, selon les régions de la péninsule :
- Au sud, le conseil de régence (duché de Soltariel & vassaux, comté de Scylla, principauté de Merval & baronnie de Caïssa), qui considère Bohémond vivant, assurant la continuité du règne d'un enfant-roi en exil ; le duché de Soltariel quant à lui fait l'objet d'une lutte de pouvoir acharnée ;
- Au centre, la Ligue (duché du Médian, duché du Garnaad, duché d'Erac), qui considère que la dynastie est éteinte depuis la mort d'Eliam et que Bohémond n'était pas légitime, et forge ainsi une alliance pour gouverner en l'absence d'un pouvoir centralisateur ;
Note : les duchés du Médian et du Garnaad n'ont d'existence qu'aux yeux de leurs partisans et alliés ; le Garnaad s'est formé sur d'anciens domaines royaux conquis par les troupes de Nimmio ; le "duché du Médian" est en fait le comté de Velteroc, et a également sous sa suzeraineté les anciens domaines royaux de Christabel et d'Esteria - suzeraineté illégitime du point de vue des royalistes, pour-lesquels les duchés du Médian et du Garnaad n'existent pas.- le duché de Langehack, qui après avoir œuvré aux côtés du Médian, a refusé d'intégrer la Ligue, et se trouve à ce moment isolé, mais détient toujours les clés de la cité de Diantra ;
Note : les baronnies de Nelen et d'Edelys, érigées par le duc de Langehack, sont des terres conquises dont le propriété légitime revient à Bohémond, si celui-ci est encore en vie.- Au nord, le nouveau marquis de Sainte-Berthilde, Godfroy de Saint-Aimé, a succédé à sa cousine en prétextant de la mort de Bohémond (car celui-ci aurait dû hériter du marquisat) ; il souhaite désormais réunifier le royaume et rassembler la noblesse autour d'un candidat à la royauté, tout en rejetant l'hypothèse de la survie de Bohémond qui contredirait ses propres droits.
Aymeric de Brochant, marquis de Serramire, quant à lui, consolide sa position de grand vainqueur de la guerre d'Oësgardie, tout en gardant un œil attentif sur la situation du royaume ; il reconnaît la légitimité royale de Bohémond, mais ne sait pas encore si l'enfant-roi en exil dans le sud est véritablement celui qu'on prétend être.
Gaston Berdevin, marquis d'Odélian, s'est retiré dans ses terres et rumine ses échecs ; s'il fait partie des "libérateurs" d'Amblère, il a échoué sur le plan politique en laissant Jérôme de Clairssac se rapprocher de Serramire.